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JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
ET DES ARTS,
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
Par m. H.-M. DUCROTAY de BL AIN VIL LE,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris , Professeur de Zoologie, d'Ana-
•tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole
normale; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi etau Collège de France,
Membre et Secrétaire de la Société Philomathique', Membre de la Société
Vemérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin ^ etc.
JANVIER AN 1819.
TOME LXXXVIII.
A PARIS,
CHEZ M"' V"' COURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
nie du Jardinet, quartier St.-André-des-Arcs.
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DE PHYSIQUE.
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JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
ET DES ARTS,
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
Par m. H.-M. DUCROTAY de BLAINVILLE,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Professeur de Zoologie, d'Ana-
tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole
normale", ex-Suppléant de M. Cuvierau Jardin du Roi et au Collège de France,
Membre et Secrétaire de la Société Philomathique , Membre de la Société
yernérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de DublijJ , etc.
JANVIER AN 1819.
TOME LXXXVIII.
A PARIS,
CHEZ M"^ V eOURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
rue du Jardinet, quartier St.-Aodré-des-Arcs.
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JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
JANVIER AN 1819.
RESUINIE DES PRINCIPAUX TRAVAUX
DANS LES DIFFÉRENTES SCIENCES PHYSIQUES
PUBLIÉS PENDANT L'ANWÉE 1818;
Par m. DUCROTAY de BLAINVILLE.
ASTRONOMIE.
Vgf uoiQu'iL nous semblât réellement préfe'rable de traiter des
travaux qui ont eu pour objet cette science d"ol)servalions ,
après l'analyse de ceux qui regardent la Physique proprement
dite, puisque celle-ci lui fournit réellement ses moyens les plus
exacts, et l'avertit, pour ainsi dire, des précautions qu'elle
doit prendre; cependant, comme la facilité qu'on a d'appliquer
à la plupart des phénomènes dont l'Astronomie s'occupe , le
calcul d'une manière rigoureuse, très-probablement à cause de
la distance immense où nous en sommes, ce que l'on peut de
moins en moins, à mesure que l'on s'approche davantage des
sciences d'application , nous suivrons cependant la marche la
plus généralement reçue, en plaçant l'Astronomie à la tète des
Sciences naturelles, dont celte espèce d'analyse doit seulement
traiter. Nous suivrons, du reste, l'ordre que nous avons adopté
l'année dernière, c'est-à-dire que nous parlerons successivement
O JOURNAL DE PHYSIQUE, DE ClIIMIS
des observations et des perfeclionnemens qui ont pu être ap-
portes aux iiistrunieiis d'optique ou de mesure du temps.
La fameuse question de l'existence d'une parallaxe dans les
étoiles fixes , dont nous avons déjà eu l'occasion de parler l'anne'e
dernière, malgré quelques objections que M. Brincldey a voulu
laire à la certitude des résultats obtenus par M. Pons, paroît
avoir ete résolue d'une manièrenégative par ce dernier astronome,
auquel l'Académie des Sciences de Paris a décerné la médaille de
Lalande; et en efl'et, dans une Lettre adressée à M. Biot, il
annonce s'èlre de nouveau assuré que la double parallaxe an-
mielle d'Arcturus et de la Lyre, n'excède pas un quart de
seconde en arc. Mais si l'on peut en conclure que ces corps
sont à une distance de nous tout-à-fait incommensurable, il est
possible au moins de connoître les distances relatives de ces mêmes
étoiles; c'est probablement dans ce but que M. W. Herschel
a lu, le 1 1 juin 1818, à la Société royale, un Mémoire intitulé:
Observations et expériences choisies pour déterminer la distance
relative des amas d'étoiles , et recherclicr jusqu'où l'on peut es-
pérer de pénétrer dans l'espace au moyen des télescopes di-
riges sur des objets dont la nature est inconnue ou équivoque;
mais malheureusement nous ne connoissons que le litre de ce
travail.
Kous avons eu également occasion, l'année dernière, de
rendre compte de plusieurs observations , qui avoient eu pour
objet de déterminer si les taches nombreuses remarquées sur
le soleil en 1816, avoient pu être la cause du refroidissement
et surtout de l'abondance des pluies de cette année; M. Flau-
gergues envisageant la chose d'une manière plus utile, et pen-
sant, avec juste raison , que l'observation assidue de ces taches ,
outre son utilité générale pour la détermination des élémens
de la rotation de cet astre, et pour décider si elles sont fixes
ou produites spontanément, et par conséquent adopter l'une ou
l'autre des hypothèses admises sur leur nature, peut encore
conduire à la découverte de petites planètes qui pourroient exister
entre le Soleil et Mercure, ou des comètes dont le périhélie,
seroit très-près du soleil, a imaginé un nouveau réticule rhombe,
3ui diffère de celui de Bradley, en ce qu'au lieu que la grande
iagonale soit double de la petite , il est composé de deux
triangles équilatéraux opposés et décrits sur une même ligne
qui devient alors la petite diagonale du rhombe. Cet instrument
permet de faire ces observations avec beaucoup plus de facilité
et d'exactitude, en sorte «^ue l'on peut s'en servir à déterminer
ET d'histoire naturelle.' 7
la posilion d'un astre dont on ne peut voir qu'un seul bord ,
et même pour la lune, les jours d'opposition exceptes. C'est,
au reste, ce que l'on trouvera avec détails dans le Mémoire
3u'il a insère' à ce sujet dans la Correspondance (islroiioinu/ue
u baron de Zach, pag. 35 1.
Sur les Planètes. Mars. M. Flaugergues , dans l'inlention de
donner une suite au Mémoire qu'il a inséré dans le tome LXIX,
p. 293 du Journ. de Plijs., a continué ses observations sur celle
planète, pour en dessiner les taches, et les variations continuelles
et singulières qu'elles présentent. Il a publié eu effet, dans la
Correspondance de M. de Zach , des observations sur sou
opposition en mars i8»3 , et sur le contact de cette planète avec
/3 du Sagittaire, le 18 avril 1796. U remarqua en i8i5, sous
le pôle austral, une tache blanche, ovale, et si brillante, qu'elle
sembloit dépasser le disque de la planète par une illusion op-
tique ; elle fut surtout très-brillante la nuit du 3i juillet, jour
de son opposition ; depuis, elle diminua graduellement de gran-
deur, _en sorte que le 12 aoîit suivant, elle étoit à peine sen-
sible. M. Flaugergues en avoit vu une semblable en 1798,
mais moins éclatante. Pour l'explication de ce phénomène, las-
tronome de Viviers admet l'idée d'Herschel , qui pense qu'il
est produit par des calottes de glace ou de neige qui entourent
les pôles de cette planète, et qu'elles se fondent plus rapide-
ment à cause de ses rapports avec le soleil. Il en conclut que
Mars a beaucoup d'analogie avec la Terre, par l'existence d'une
atmosphère dense composée d'un fluide qui réfléchit les rayons
lumineux, par les grandes taches irrégulières qu'on voit à sa sur-
face, et enfin parles calottes de glace qui entourent ses pôles.
Si nous pouvons encore établir une certaine analogie entre
quelques planètes et la nôtre, elle devient beaucoup plus dif-
ficile pour d'autres, et surtout pour Saturne; en elTet , il est
assez ditlîcile de nous faire une idée bien juste de ce qu'est son an-
neau, et surtout en admettant, comme M. de Laplace est
arrivé à le déterminer à priori, c'est-à-dire par des moyens de
haute analyse, qu'il est formé de plusieurs anneaux concen-
triques. Aussi, malgré cette grande autorité dans un sendilable
sujet, M. Plana, astronome royal de Turin, a cherché, dans
un Mémoire inséré dans le 4* Cahier de la Correspondance de
M. de Zach, s'il étoit possible de résoudre cette question à
j)riori, c'est-à-dire par des moyens d'analyse mathématique , et
il conclut que non.
Si la ihéorie des plauèles aucienaemeut connues n'est pas eu-
8 Jour.NAr, de physique, de chimie
core complèlc, on conçoit qu'elle doit rèlreencorebeaucoupmoîas
pour celles qui ont ele clccouverles presque de notre temps; c'est
ainsi que pour V'esta, dont M. Santini paroît s'être beaucoup
occupe' depuis long-temps, les observations s'accordent assez
bien avec les eicmens et les tables de perturbation publie'es par
ce savant astronome, dans le tome XVII des Mémoires de la
Société iialtcnne. L'erreur moyenne pour les années 1808 à 1814,
n'ëtoit eu effet que de o",9 en longitude géocentrique, et de8",6
en latitude géocentrique. Mais les observations des années 181 5
à 1818 s'écartent de ces mêmes tables de 10' en ascension droite,
et de 4' en déclinaison, en sorte que l'erreur semble aller en
augmentant. Aussi M. Ganss a-t-il proposé de corriger de temps
en temps les élémens de l'orbite de cette planète pour ne pas
la perdre de vue.
Ce que nous venons dédire pour la planète /^"e^/^j est vrai jusqu'à
im certain point pour Uraiius ; aussi les astronomes, dans l'inten-
tion d'en Calculer l'orbite, recherchent-ils avec beaucoup de soin
dans les observations laissées manuscrites par les observateurs du
siècle dernier, s'il n'y en auroil pas quelques-unes qui pourroient
appartenir à cette planète. C'est cette intention qui peut rendre
raison de la peine que M. Bouvard a prise de compulser tous
les registres de Lemonier, ce qui l'a conduit à découvrir que
cet astronome avoit observé douze fois cette planète entre le i4
octobre lySo, et le i" décembre 1771. Les résultats en sont
consignés tome IX, pag. io4 des Annales de Phjsique et de
Chimie.
Sur les Comètes. L'infatigable M. Pons, de Marseille, auquel
la science doit la découverte de vingt-deux comètes en seize
ans, en a encore découvert denx celte année; la première le
26 novembre dans le cou de Pégase, et enfin la seconde le 28
du même mois, entre la queue de l'Hydre et le Corbeau. Nous
"en avons publié successivement les élémens qui ont été calculés
par M. Bbnpain, ainsi que de celle du 27 décembre 1817.
M. le capitaine Laft , dans une Lettre insérée dans le Journal
de rinstilnt vojal, n° 9, pag. 117, décrit un corps passant sur
le disque du soleil, et qu'il pense avoir été une comète. Ce
fut le 6 janvier, environ à n* A. M., qu'il vit, à 5 environ
du bord est du soleil, un petit corps de 6 à 8" en diamètre,
subelliptique, uniforme et opaque ; à 7'' i P. M. , il étoit fort avancé
et un peu à l'ouest du centre du soleil. Sa marche paroissoit
opposée à la rolatioa de cet astre. Sous le rapport de sa figure,
de
N^
ET d'histoire naturelle. Ç)
de la densité, de la re'gularilé de sa niarcLe, ce corps éloit
entièrement didléieut d'une scorie flottante.
Il est aussi question dans le Philosophicnl Magazin de M. Til-
loch, avril, pag. 3i6, de la marche de la comète découverte
le 26 décembre 1817, par M. Pons, et qui sembleroit faire
présumer que ce pourroit bien être celle de iGGi.
Malgré le nombre assez considérable de ces comètes qui ont
été découvertes dans diflL^renles parties du ciel, et dont on
possède les observations de leur apparition, géaéralement assez
courte, il n'y en a réellement encore qu'une seule dont on eût
pu prédire le retour, au moins avec succès; c'est celle de i75g,
à l'histoire de laquelle le nom du géomètre François Clairaut est
attaché d'une manière bien glorieuse. L'Académie de Turin avoit
proposé, pour sujet du prix de 1812, de calculer le retour de
cette môme comète de lySg, en ayant égard aux perturbations
que cet astre doit éprouver dans sa course par les actions com-
binées de Jupiter, de Saturne, et d'IJranus qui u'cloil pas connu
à l'époque (le Clairaut. Le travail qui a remporté le prix est
de M. Damoiseau , ofllcier d'artillerie. Quoique Jes détails né-
cessairement immenses de son ouvrage ne soient pas encore con-
nus , le résultat du calcul tel qu'il a été publié dans les An-
nales de Chimie et de Physique, tome IX, pag. igo, est que,
l'intervalle entre le passage au périliélie en lySg, et le prochain
passage par ce point sera de 28,007 lows» ce qui, à compter
du 12 mars i75g, origine de celte période, répond au 16 no-
vembre i835.
Si nous connoissons encore si peu la marche des comètes ,
que doit-ce être de leur nature? A ce sujet nous avons inséré
dans notre Journal, la dernière partie du savant Mémoire de
M. Flaugergues, sur l'explication du phénomène connu sous le
nom de queue ou chevelure des comètes , dans lequel , après avoir
analysé avec autant de franchise que d'impartialité, toutes les
explications plus ou moins plausibles que les astronomes les plus
célèbres ont données de ce phénomène, il arrive à une con-
clusion qui annonce à la fois, et l'époque de la science et la
maturité du savant qui la professe. En effet, il aime mieux
avouer franchement «on ignorance à ce sujet, que de proposer
une de ces explications nouvelles dont personne ne connoît en
général mieux la foiblesse que celui qui la propose.
Des Satellites. De la Lune. On s'est assez occupé de mesurer la
hauteur des montagnes de la lune, et tous les ouvrages d'As-
tronomie donnent ces mesures d'une manière peut-être plus
Tome LXXXFIII. JANVIER an 1819. B.
JO JOURNAL DE PHYSIQUE, DE C H I I\î I E
certaine que si c'ëtoil celle de montagnes de la terre elle-même;
mais jusqu'ici on ne s'étoit pas occupé de rechercher la pro-
fondeur des cavités qu'on aperçoit à la surface de ce corps
céleste. Un Correspondant de M. Tilloch, voulant remplir celle
lacune, a publié, dans le Philosopliical Magazin, vol. LU,
pag. 021 , une méthode pour obtenir cette mesure; mais comme
uous aurions besoin de ligure pour la faire comprendre, nous
nous bornerons à cette seule annonce.
Nous rappellerons aussi, que l'Académie des Sciences de Paris
a proposé, pour l'un des sujets des prix qu'elle distribuera
en 1S20, de former, par la théorie seule, sans recourir aux
observations, et seulement avec des élémens arbitraires, des
tables des mouvemens de la lune, aussi exactes que les meil-
leures qui existent actuellement.
ObserviilLoits dwerses. M. Flaugergues a inséré dans l'ouvrage
périodique publié à Gênes par M. de Zach, un grand nombre
d'observations faites ij Viviers depuis 1787 jusqu'au iSnov. 1S17,
et même jus(|u'en 1818. Il en a formé un catalogue qui con-
tient les éclipses du soleil et de la lune , les occultalions d'étoiles,
de planètes qu'il a pu observer dans celle longue suite d'années,
et qui ne sauroit manquer d'oflrir aux astronomes futurs, des
matériaux importans aux progrès de la science qu'il cultive avec
une sorte de passion. Ces sortes de catalogues d'observations
sont en effet tôt ou lard recherchés, comme nous l'avons vu
plus haut en parlant d'Uranus, soil pour connoitre l'état du
ciel à une époque déterminée, soit pour la détermination des
longitudes; aussi voyons -nous que jM. Bcssel a publié cette
année à Rœnisberg , sous le litre de Fundamenla Astronomiœ
pro anno lySS, les observations du célèbre Bradley, r.estées
jusque ici manuscrites,' et que M. le baron de Zach , qui sait
par expérience que les observations les plus inutiles en appa-
rence aujourd'hui, peuvent avoir tôt ou tard quelque usage im-
prévu , fouille de toutes paris dans les porle-feuilles de ses
correspondans ; c'est ainsi que M. Flaugergues lui a fourni plu-
sieurs observations inédiles de M. de Ratte , Taudii , Romieu ,
Brun , Poitevin, du Bousquet, tous Membres de la Socité royale
de Montpellier, comme le passage de Vénus, le 5 janvier 1761 ;
quelques observations d'Alphée au i"" avril 17G4, 7 mars 1799,
28 avril 1801 , et de plusieurs occultalions d'éloiles de 1S04
à i8o5. M. Plana a aussi publié des observations d'étoiles
derrière la lune depuis 1812 jusqu'à 1817. Ces sortes d'ou-
vrages élaat , comme oa le pease bien, fort peu susceptibles
ET D HISTOIRE NATURELLE. It
d'exirail, nous nous coiUenlerons de les avoir seulement pour
ainsi dire annoucés.
Nous en ferons à peu près autant des occultations de dif-
férentes petites étoiles derrière la lune pour iSig, faites par
les élèves des écoles Pie de Florence, sous la direction du
père Ingbirami , et qui ont également été publiées dans le Recueil
périodique de M. de Zach. Ces observations, fort nombreuses,
et qui sout d'une grande ulililé pour trouver les longitudes en
mer, au point que \ Annuaire du Bureau des Longitudes en a
long-temps publié de semblables , ne prédisent que ce qui aura
lieu sous le méridien et à la latitude de Florence, et à 2 ou 3
minutes de temps, et seulement pour les étoiles de septième
grandeur, comprises entre les quatre premiers cl les quatre
derniers jours de lunaison.
iNous rappellerons aussi aux personnes qui peuvent se trouver
à portée de faire des observations astronomiques, que M. Barcluy,
astronome anglois , dans l'intenlion d'inviter les observateurs
à y apporter toute l'attenlion nécessaire, et à prendre toutes
les précautions possibles pour bien observer, a publié un Mé-
moire détaillé sur l'éclipsé annulaire du soleil qui doit avoir
lieu le 7 septembre 1S20, dans lequel il eu donne les élémcus
pourGreenwick, calculés d'après les Tables de la lune de M.Bnrc-
l^ljurdt , et celles du soleil de M. Delambre, et ensuite l'heure
à laquelle ses différentes phases auroient lieu dans les différens
points de la terre où elle sera visible. Nous n'essaierons pas de
donner une analyse de ce travail , et nous renvoyons les per-
sonnes qui desireroient avoir plus de détails, au Journal de
Physique de M. Thomson, avril 1818.
Le même père Inghirami , dont nous venons de parler, nous a
fait aussi connoîlre dans le Recueil de M. de Zach, l'observation
qu'il a faitedu solstice d'été pour i8i5, à l'Observatoire des Ecoles
pris à Florence, La moyenne de dix observations lui a donné,
longitude , 20° i8'52",02; latitude, 45°46'4i"; obliquité appa-
rente, 25° i6'48'',g8; nutation lunaire, +o,65; nutation solaire,
-f-0,43; obliquité méridionale, 3o° 17' 5o",o6.
Ces dilTérentes observations astronomiques, dont on sentions
les jours le besoin dans certaines parties de la science , et pour
des époques plus ou moins reculées, perdent souvent de leur
valeur, au point quelquefois d'être presque inutiles, parce qu'on
ignore au Juste la position dans laquelle elles oui été faites. Il
est donc de la plus grande importaivce de déterminer d'une
manière rigoureuse, fa latitude et la longitude des diflërens ob-
B 2
13 JOURNAL ÏJK PHYSIQUE, DE CimtlE
servaloires, et c'est en eiret par où chaque asiroiiome commence
ordinairement la série de ses observalioiis. Mais il faut que la chose
ne soit pas aussi aisée qu'on le pense communément, puis-
qu'on trouve souvent des erreurs assez considérables à ce sujet,
erreurs qui dépendent ou des méthodes , ou des instrumens em-
ployés. M. le baron de Zach s'est appliqué, dans le Journal
qu'il publie sur la Science astronomique, à recueillir et à établir
lui-même ces sortes de déterminations; ainsi:
La longitude en temps de l'Observatoire de Turin est, d'après
M. Plana, de 2i'25",i8 à l'est de Paris. hm:- i ..
La latitude de celui de Manheim , sur laquelle on a tant varié,
a été définitivement fixée à 49°29' i5'',7o, au moyen du quart
de cercle muraF et du secteur zénilal, par M. Schumacher-,
dans nn ouvrage publié eu 1816 à Copenhague, sous le litre:
De LaliUidine specidœ Manhemiensis , el(;.
La latitude de l'Observatoire de Viviers est, d'après les nou-
velles observations de M. Flaugergues et par la méthode d'Hor-
rebow, de /|4°29'2", ce qui fait une différence de 12 à i5",
avec celle qu'il avoil déterminée précédemment avec Je cercle
répétiteur, ce qui le porte à faire observer que l'emploi de cet
instrument est fort délicat. 11 pense que celle détermitialion
est bonne, parce qu'elle s'accorde à i",8 de différence avec la
latitude donnée par les mesures géodésiques.
La latitude de l'Observatoire de Montpellier est, suivant M. d»
Zach , de 43" 3G' i5",47, ^^ '''^'^ ^^ 43° 5o' 29" que donne la Coif
naissance des Teins.
Mais la détermination nouvelle , ou la rectification do la po-
sition géographique de ces points d'observalions, offroil assez
peu de dillicullés , puisqu'ils éloient encore exislans ; il n'en
éloil pas de même, à ce qu'il paroit, de la détermination de
rObservâtoiie de Gabriel Mouton, célèbre astronome du XVI^
siècle, qui observoit à Lyon, et auquel on doit, outre un Irès-
prand nombre de bonnes observations de toute espèce, l'initia-
tive de la proposition d'une mesure invariable prise dans la
nature, sous le nom de virgida geometrica. Vers la moilié du
dernier siècle , M. le Gentil s'est occupé de celle détermina-
tion , mais, à ce qu'il paroît, avec peu de succès; M. de Zach
a employé pour y réussir, des moyens plus efficaces ; il a com-
inencé par déterminer avec soin, la latitude des points les plus
remarquables de la ville de Lyon, en se servant d'une base
de 2o8G,C8°', mesurée par M. Colliet, ingénieur-géographe, et
en embrassant Lyon dans uu réseau de 19 triangles. En sou-
ET D HISTOIRE NATURELLE. Ij
meltant ensuite toutes les observations de la polaire par Mouton,
à un nouveau calcul , il a trouvé 45°45'35",'i pour la lalilude
de son observatoire , d'où il a conclu que ce ne pouvnil être
à Saiul-Paul, comme le pensoil Legenlil, parce que sa lalilude
est Irop petite de 33",5 , ce qui lui fait supposer que c'etoil plutôt
à l'Archevéclié.
C'est une cause à peu près semblable , qui avoit fait accuser
le célèbre Tycho-Brahé de n'avoir pas su tracer une méridienne,
parce que Picard, lorsqu'il fut visiter le théâtre des observa-
tions de cet illustre astronome, avoil pointe sur une autre tour
que celle employée par Tjclio, celle-ci ayant été détruite. Cette
erreur a depuis été reconnue, comme on pourra le voir dans
la Correspondance astronomique du baron de Zacli.
Des moyens d'observations et des précautions à prendre.
Nous avons eu déjà l'occasion de parler plus haul des perfec-
tionnemens que M. Flaugergues a apportés au réticule rlionibe,
et des usages qu'on en peut faire. Nous avons également fait
observer, d'après le même astronome, que l'emploi du cercle
répétiteur demandoit de grandes précautions. Au sujet de cet
instrument, il paroîl que la grandeur n'est pas toujours un
grand avantage, et ]\I. Gauss même, d'après ce qu'en rapporte
RI. le baron de Zacli , paroîl préférer les petits aux grands.
Nous ignorons la raison sur laquelle cette préférence est basée.
Mais la grande perfection à laquelle les instrumens d'astro-
nomie son parvenus, ne suffiroit pas encore pour rendre les ob-
servations exactes, si les astronomes ne faisoient une grande
attention à la réfraction dite astronomique , qui est due, comme
chacun sait, à la déviation qu'éprouvent les rayons lumineux
en traversant les diflei'entes couches de l'atmosphère; aussi depuis
Newton elBradley jusqu'à ces derniers temps, s'cst-oa beaucoup
occupé de déterminer la loi que cette réfraction suit depuis le
zénit, où elle est nulle, jusqu'.i So°, admettant qu'au-dessous
les causes de variation deviennent liop nombreuses et trop
inconnues, pour qu'on puisse arriver à quelque chose de sa-
tisfaisant. En général, les astronomes emploient les tables fran-
çoises , qui ont pour base les oliservalion" d'étoiles circum-
polaires. M. Brinckley, astronome de Pnhliii , s'est proposé
dans un travail intitulé : Recherches anal tiques sur les Réfrac-
tions astronomiques , résultat d'observalinns tendant à i^claiii'r la
théorie des réfractions , insérées dans les Mémoires de l'Académie
royale de Dublin, et extrait dans la Bibliothèque universelle
tome VllI, pag. 104, de vérifier si les tables françoises étoienj
I 4 JOURNAL 11 E m Y S 1 Q U E , n E C II 151 1 E
cxaclcs; d'abord par la llieoric, et cnsiiile par l'expérience. H
a d'abord obtenu Ja didéienlielle de SI. de Laplacc , d'une ma-
niéré très-simple, en parlant du principe ordinaire d'un rapport
donne entre le sinus d'incidence et de réfraction, indépendam-
ment de toute hypollièse sur les rayons lumineux, et l'intégra-
lion de cette difTérentielle par une mclliode particulière j il
montre qu'à 80° 4^' du zénit, l'erreur de la formule ne peut
s'élever à une demi-seconde, quelles que soient les variations
de l'almosphère ; se servant ensuite des observations de MM. Biot
et Arago surla force réfringente de l'air, et decelles de MM. Dal-
ton et Gay-Lussac, sur les effets des cbangemens de tempéra-
ture sur la densité , il obtient une progression générale de la
réfraction à toute dislance du zénit moindre que 80°, indépen-
dante de toute observation astronomique , et ne reposant que
sur des expériences physiques relatives aux modifications de l'air
par la pression et la chaleurj il s'en sert pour former deux tables
au moyeiT desquelles on peut calculer fort commodément toute
réfraction astronomique moindre que 80°.
11 a ensuite confirmé ce que la théorie lui avoit fourni par
des observations nombreuses d'étoiles circompolaires j et il a
trouvé qu'il n'y avoit aucune différence notable entre les ré-
sultats qu'il a obtenus et ceux de M. Delambre, indiqués dans
les tables françoises , qui lui paroissent autant exactes qu'on
peut le désirer, et sont moins empiriques que les autres, parce
que dans l'intervalle 74° de zénit, elles sont déduites d'une for-
mule de M. de Laplace; d'oi^i il émet le \œu qu'elles soient
adoptées par tous les astronomes, cependant avec quelques mo-
difications qu'il propose dans les siennes, pensant qu'elles pour-
ront être plus commodes pour l'usage, surtout pour les obser-
vations du soleil, de la lune et des planètes, et cela parce
qu'elles permettent plus de facilité de calcul, à l'aide des tables
de logarithmes et des tangentes de logarithmes à 4 ou 5 chifl'res
seulement.
JNons terminerons cet extrait de ce que nous savons avoir
été fait celte année en Astronomie, par l'indication des Traités
généraux ou abrégés qui ont été publiés récemment sur cette
science. Nous rappellerons d'abord Y J stiononne théorique et pra-
tique, 5 vol. in-4% par M. Delambre. Ce Traité , le plus moderne et
le plus complet, est aussi le plus méthodique qui existe en aucune
langue. L'auteur s'est attaché à montrer comment l'Astronomie
a pu naître, se développer et arriver progressivement au
point où elle est parvenue aujourd'hui; à donner la filialioa
ET d'histoire naturelle. i5
des découvertes, des méthodes et des théories, et les descrip-
tions de tous les inslruniens d'une si grande imporl.ince d.iiis
celle science. Aux mélhodes plus ou moins incomplètes em-
ployées avant lui, partout il a subsiilué des formules cxatlcs
et directes , et tout aussi faciles. Cependant à ses propres so-
lutions , il a joint celles des plus célèbres astronomes, toutes
les fois que les problèmes ont quelque importance. Quoique
ce Traité ne suppose que les connoissances les plus élémen-
taires d'Arithmétique, d'Algèbre et de Géométrie, M. Delambre
a cru cependant utile d'en publier en même temps un abrégé,
qui offre tout-à-fait le môme plan et la même marche avec
moins de détails; mais ici il s'est borné le plus souvent à ses
propies méthodes, dont une longue expérience lui a démontré
la facilité et Texaclitude. Comme dans le Traité, il n'a pas né-
gligé d'y faire entrer toutes les notions historiques qui pouvoienl
ajouter à la clarté des descriptions cl des denionslralions.
Dans les deux ouvrages de M. Delambre, dont nous venons
de faire sentir l'importance, la partie historique de l'Astronomie
n'est pour ainsi dire qu'accessoire, la dogmatique devoit être
nécessairement prédominante; il n'en est pas de même dans les
deux autres, dont il nous reste à dire quelque chose et qui,
réunis à un troisième qui paroîtra incessamment , formeront un
cours complet d'Astronomie , depuis les temps les plus anciens
jusqu'il nos jours, dans lequel le lecteur à mesure qu'il avan-
cera se trouvera partout au niveau de la science, au temps
dont il étudiera Ihisloire. Le premier de ces ouvrages, intitulé:
Histoire de l'astronomie ancienne, 2. vol. in-4°, remplacera avec
avantage celui que le célèbre et malheureux Bailly a publié
Sur le même sujet, et dans lequel, il faut l'avouer franchement ,
on trouve plus d'esprit que de science. Dans l'ouvrage de
M. Delambre, on trouve réunies, analysées et discutées , toutes
les notions qui nous restent de la science astronomique des
Chaldéens, des Egyptiens , des Chinois et des Indiens, et surtout
des Grecs, chez lesquels seuls, se trouve la véritable science
dont Hipparque est le fondateur. Apres les extraits raisonnes
des auteurs qui, sans être véritablement astronomes, nous ont
cependant transmis quelques idées astronomiques , on trouve
l'analyse complète de Ptoléinée, et celle de Théou, son com-
mentateur, dont l'ouvrage n'a jamais été traduit, même en latin.
Celle analyse ofl're des Traités entiers d'Arithmétique, de Tri-
gonométrie, d'Astronomie, d'Optique, de Projection , de Gno-
monique avec la description des cadrans d'Athènes. L'auteui'',
iG JOURN AL DE PIIYSIiJUE, DE ClIIM îE
examine les melliodes grecques , les compare aux nôtres , les
tlc'gnge des longueurs qui les rendent obscures el en donne des
«iquivalens commodes, en sorte que le lecteur peut avec beau-
coup moins de peine, suivre dans tous leurs détails les plus
longs calculs de Plolémée , et par conséquent mieux sentir
l'esprit de ces méthodes anciennes.
Les Arabes devenus possesseurs des écrits des Grecs, s'ap-
pliquèrent principalement aux observations pour reconnoitre et
corriger les erreurs des Tables de Plolémée; par l'introduction
des sinus qu'ils substituèrent aux cordes d'Hipparque, par l'in-
vention des tangentes et des sécantes , ils changèrent ealière-
ment le calcul astronomique; mais ils conservèrent, avec un
respect superstitieux, toutes les théories grecques , qu'ils trans-
mirent aux Persans, aux ïartares et aux Européens : c'est ce
que l'on peut voir dans YExposition générale du Tableau de la
Science el de ses progrès, servant de discours préliminaire au
quatrième ouvrage publié par M. Delambre , sous le titre à' His-
toire de l' Astronomie du moyen âge , i vol. in-4°. Ce volume
comprend la notice des travaux des Arabes jusqu'ici peu connus,
et de tout ce qu'ils ont fait pour l'Astronomie, et surtout pour
la Trigonométrie et la Gnomonique. Ou y voit que les premiers
astronomes d'Europe n'ont été que leurs commentateurs, comme
cela a eu lieu en Médecine. Les extraits raisonnes de tous les
ouvrages arabes sont suivis d'extraits pareils de tous les auteurs
européens , depuis Sacrobosco jusqu'à Viète. A cette époque
surtout, la Gnomonique étoit une partie intégrante de l'Astro-
nomie. Nos plus anciens auteurs en ce genre, ne démontrent
rien , sont obscurs et souvent inintelligibles. Pour les éclaircir
et démontrer leurs pratiques, il a fallu que M. Delambre donne
une théorie complète qui renferme tout ce qui se trouve dans
nos Guomoniques , et beaucoup de choses dont elles ne parlent
pas, notamment plusieurs méthodes nouvelles et faciles pour la
construction des cadrans de toute espèce, et pour la description
des arcs de signes.
On trouvera en outre dans le discours préliminaire de ce
dernier ouvrage , quelques réflexions nouvelles sur les Indiens,
les Egyptiens, sur les zodiaques d'Esné et de Denderach, et sur
la théorie des paranalellons.
GÉOGRAPHIE.
Les astronomes n'ayant plus de grandes découvertes à es-
pérer dans le ciel, qui devient pour ainsi diie de plu3 eu plus
stérile
ET u'inSTOIRE NATURELLE. 1/
sleiile pour eux, coiitiniicnl plus que jamais à employer les pro-
ce'clës, et les inslrumens pert'ectionnés à la connoissance plus
complète de la terre, en déterminant ses rapports avec l'ensemble
de l'univers; aussi peut-on dire que jamais la Géographie vé-
ritable, ou la Géograpliie physique, n'a clé ■aussi cultivée et
surtout aussi bien cultivée qu'elle l'est aujourd'hui. On en peut
dire autant de la navigation ; aussi voyons-nous que la plupart
des gouverneroens de l'Europe, à l'instar de la France qui a
évidemment l'initiative sous ce rapport comme sous bien d'autres,
ont ordonné des travaux géodésiques plus ou moins étendus.
La forme générale de la ten-e est évidemment la première
chose à déterminer. Elle peut l'être de deux manières, c'est-à-
dire par la longueur du pendule dans difl'érens lieux , et par
la mesure d'arcs méridiens plus ou moins étendus. Viennent
ensuite les mesures de l'élévation des continens au-dessus de
la Surface de la mer. Mais avant de marcher plus loin dans
les expériences desquelles cette forme pourra être déduite, il
étoit utile que, comme dans toute vcrilablc science parvenue
à une certaine époque, la théorie établie sur un certain nombre
de faits primaires, vînt, à priori, envisager le phénomène et
avertir, pour ainsi dire, oii et comment les expériences doivent
être faites. C'est ainsi, ce nous semble, qu'il faut juger de l'im-
portance du Mémoire de M. de Laplace sur la figure de la terre,
dont les principales conséquences, d'un très-grand intérêt, ont
été insérées dans la plupart des journaux scienliliques françois;
on y verra que l'expression de la loi que suit la pesanteur stir
chacune des suifaces de la mer ou du sphéroïde, est du même
ordre que celle du rayon terrestre, et il en résulte ce théorème
général, quelle que soit la densité de la mer; la pesanteur à
Ja surface du sphéroïde , réduite au niveau de la mer, en n'ayant
égard qu'à la hauteur au-dessus de ce niveau , suit la même loi
qu'à la surface de la terre. Quand cette loi aura été bien dé-
terminée par les observations du pendule, on pourra connoître
la figure de la mer, comme par les observations barométriques
on aura celle du continent.
M. Kater a fait des expériences nombreuses, au moyen d'un
appareil fort ingénieux de son invention , pour déterminer la
longueur du pendule ballant les secondes à liOndres, et il a
trouvé que dans le vide, et au niveau de la mer, il étoit égal
à 39,i58o pouces de l'échelle de sir Georges Shuckburgh; l'é-
chelle étant à 62°, et la latitude de la place 5i°5i'8",3. Lç
Tome LXXXFIII. JANVIER an 181 9. C
l8 JOURNAL DE PIIYSIQUT:, DE CHIMIE
Mémoire dont ce résultai principal est tiré , est insc'ré dans
le Pliilosopliical Magazi/ij vol. LU, pag. 182 et 564.
Des savons françois et anglois réunis ont fait également des
reclierclies de mûme nature au nord de l'Ecosse, savoir, dans le
forl de Leilh au moyen de l'appareil employé par Borda, avec de
légères modifications, ensuite dans l'ile de Balta au Go° i5' de la-
titude , et dans celle d'Unst , la plus septentrionale des îles
Shetland. MM. Biot et Arago en ont fait aussi à l'Observatoire
royal de Grunwich; mais les résultats de ces expériences, faites
avec tons les soins que demandent l'état actuel de la science
cl la juste réputation des savans qui en étoient chargés , ne
sont pas encore connus, M. Biot a seulement publié une des-
cription forl intéressante de son voyage aux îles Shetland, dans
laquelle il en expose clairement le but, ainsi que les obser-
vations morales qu'il a eu l'occasion de faire. Nous nous
J)Ornerons à rappeler seulement l'accueil vraiment fraternel
qu'il a reçu de Ions les savans physiciens anglois , parce que
nous pouvons aussi le confirmer par ce que nous avons éprouvé
iious-niême dans notre voyage à Londres (i); mais nous rap-
porterons en propres termes, ce qu'il dit sur l'honorable sir
Jos. BaiiLs, parce qu'il nous sembleroiî dilllcile de mieux ex-
primer ce que tout homme de bien, s'inléressant aux progrès
de l'esprit humain, éprouve à la vue de ce respectable vieillard.
« Que ne puis-je peindre, dit M. Biot, ce que je sentis en
voyant pour la première fois ce vénérable compagnon de Cook!
illustre par de longs voyages (2) , remarquable par une éléva-
tion de sentimens qui le fait s'intéresser également aux progrès
de toutes les connoissances humaines ; possesseur d'un rang
élevé, d'une grande fortune, d'une considération universelle,
sir Joseph a fait de tous ces avantages le patrimoine des sa-
vans de toutes les nations. Si simple, si facile dans sa bien-
veillance, qu'elle semble presque, pour celui qui l'éprouve,
l'efl'et d'un droit naturellement acquis, et en même temps si
(1) Delà part de sir Everard Home , de sir William Blizzard , de MM. Brodie,
Brown, et surtout de l'excellent D'' Leach.
(2) Je me permettrai d'ajouter, par ses travaux en Botanique et s«s con-
noissances en Zoologie. En preuve de cette dernière assertion, je citerai que
lorsque j'eus l'avantage de lui être présenté , il me parla du peu que j'avois
fa'it, se fit apporter les ouvrages qui contenoient mes Mémoires, et de suite
fit mettre à ma disposition tout ce qu'il avoit d'ornilhorliinques, sachant que
c'étoit sur cet animal que je desirois davantage étendre mes recherches.
ET u'iIISTOlRE NATURELLE. IQ
ÎDon , qu'il vous laisse tout le plaisir, toute l'individualité de la
reconnoissance. Noble exemple d'un protectorat dont toulc
l'autorité est fondée sur l'estime, l'altaclicment , le respect , la
confiance libre et volontaire, dont les titres consistent unique-
ment dans une bonne volonté inépuisable , et dans le souvenir
des services rendus, et dont la possession longue et non con-
testée, fait supposer de rares vertus et une exquise délicatesse,
quand on songe que tout le pouvoir doit se former, se main-
tenir et s'exercer parmi des égaux. »
Nous venons de voir que pour déterminer la figure de la
terre au-dessus des mers , il falloit avoir recours à un grand
nombre d'expériences faites sur la longueur du pendule , dans
le plus grand nombre de points possibles, et surtout d'une ma-
nière comparative; celle des continens ne pourra également être
obtenue que par les mesures barométriques, qui deviennent en
■outre de la plus grande utilité pour la Géologie, la Botanique
et même jusqu'à un certain point pour la Zoologie. Quoique les
mesures de hauteurs par ce moyen paroisseut sujettes h quelques
erreurs, dont on ne connoît pas bien la cause, et qui peuvent
dépendre des imperfections du baromètre, sur lesquelles M. J.
Bostock a publié un Mémoire, Jnnals of Philosophj , vol. XI,
pag. 198, mais qui ne nous paroit pas bien concluant, parce
que les instrumens n'ont pas été comparés dans leur marclie,
il paroit cependant certain que ces erreurs peuvent être moindres
que lorsqu'on emploie les méthodes géodésiques ou de ni-
vellement, comme M. Delcross, qui paroit s'être beaucoup
occupé de ce genre de recherches, le montre dans un Mémoire
sur le nivellement barométrique de la ligne du Jura , inséré
dans la Btbliolh. universelle^ t. VII, p. iG4- Si l'on joint à cela ,
la facilité bien plus grande d'employer le baromètre , surtout
depuis qu'au moyen de formules rédigées eu tables, on peut
obtenir les corrections désirées, au lieu que dans les uivellemens
géométriques, il faut un appareil beaucoup plus considérable,
des observations réciproques et multipliées faites avec d'excellens
instrumens et par des personnes très-expérimentées , tous les
observateurs voyageurs s'empresseront de multiplier ces sortes
d'observations, partout où l'amour de la science les portera.
Mais il y a deux méthodes d'obtenir des uivellemens baromé-
triques, l'une par un système d'observations correspondantes
simultanées, ce qui suppose, par conséquent, des observations
correspondantes faites dans des lieux préalablement déterminés,
et avec des baromètres comparés, conditions qui sont souvent
C 2
20 JOURNAI, DE PHYSIQUE, DK CIIIMIî:
difficiles à obtenir; au lieu que dans la seconde, où l'on em-
ploie des suites d'observations successives non inslantanées, mais
assez raiiproclie'es pour être regardées comme telles, l'obscrvaleur
est bien plus indépendant , ses opcralions sont bien plus ra^
pides, et leur exactitude est bien suflisante, malgré la non cor-
respondance des observations successives, surtout si l'on s'abs-
lient d'observer au milieu de circonstances trop perturbatrices,
lors des grands mouvemens du baromètre, et en multipliant les
observations, et en outre en faisant une plus grande attention
qu'on n'a fait jusquicià linfluencedeslieures, qui, suivant M.Del-
cross , modifient tous les phénomènes atmosphériques, le ba-
romètre, le thermomètre, 1 hygromètre, l'électromèlre, l'aiguiiie
aimantée et les réfractions terrestres ordinaires, comme M. Del-
cross à eu l'occasioa de s'en assurer lors de la mesure de la
base d'Eiisislieim en Alsace.
Quoiqu'il soit assez généralement convenu que le baromètre
a cuvette est préférable à celui dit à siphon^ cependant M. Del-
cross a cru devoir le démontrer de manière à ne plus laisser
de doute à ce sujet. Dans un deuxième Mémoire sur le nivel-
lement barométrique , inséré dans le même Recueil, tome VllI,
pag. 5, il montre que le baromètre à siphon est évidemment
le plus mauvais de tous, parce que la dépression de la colonne
de mercure due à la capillarité, n'est pas la même dans les
deux branches, etqu'en outre il y aune variation continuelle dans
cette différence , au lieu que dans celui à cuvette la dépression
du mercure dans celle-ci est presque insensible, et est con-
stante dans le tube. Cependant, comme il seroit possible que
l'on ne possédât qu'un baromètre à siphon , MM. Eckardt et
Schleyermachcr ont déduit d'un travail analytique, une table de la
dépression mercurielle, au moyen de laquelle on peut- aisément
calculer séparément les dépressions des deux branches du siphon ;
la différence donnera la correction à appliquer à la différence
de niveau du sommet des deux colonnes, qui par là est rendue
proportionnelle à la pression atmosphérique. Cette table peut
aussi cli-e employée pour le baromètre à cuvette.
— — . — ^...^ „„ j — . .„ „„.„.,.^..„ „ — ,
M. le D"" Michèle Bertini, dans le fascicule VII, pag. g, des
Opiiscoli scieur i/ici de Bologne, s'est aussi occupé du perfec-
tionnemeut du nivellement barométrique, et cela en simpli-
fiant et rendant plus commode la formule de correction, dans
laquelle, en outre, il a fait entrer celle dépendante de l'état hy-
grométrique , qu'on n'avoit pu jusqu'ici prendre en consi-
dération
ET d'histoire naturelle. 21
Outre les considuralions ge'nérales d'une grande importance
dans celle matière, qui font partie des deux Mémoires cités
plus haut de M. Deicross, on trouvera les hauteurs définitives
de plusieurs points an-dessus du niveau de la mer,
Avignon, au-dessus delà Méditerranée. . . 28"',o5
Paris 71 j94
Strasbourg i5i ,52
et en outre un tableau Comprenant le nivellement du profil du Jura
dans la direction de Genève à Lons-le-Saunier, dont il ne nous est
guère possible de donner l'extrait, et que l'on trouvera dans
le Recueil périodique que nous avons cité tout à l'heure.
M. le baron de Zach sentant bien l'importance dont ce*
sortes d'observations de nivellement barométrique peuvent être
à la Géographie physique , a pris la peine de calculer lui-même
un grand nombre de celles que M. le D"" Show a faites eu des-
cendant en Italie parle Tyrol, c'est-à-dire dans la Lombardio ,
le Piémont et la Savoie, depuis le lac de Cùme jusqu'au INIont-
Cenis. Quelques-unes de ces hauteurs étoient déjà connues, mais
la plus grande partie sont entièrement nouvelles. Il a rectifié,
par exemple, la hauteur du passage du Splugen , que l'on disoit
de igaS" ou SgaS'', et qu'il s'est assuré être de G45i pieds,
c'esi-à-dire 4G7 pieds de plus, ce qui a été à peu près confirmé
par M. de Schuz, qui l'a trouvée de GSga pieds.
Nous devons au même D"" Schow, une comparaison utile
de la hauteur des montagnes les plus remarquables de la La-
ponie, de la Suède et de la Norwège. En Laponie, le mont
Siiliclelma est, d'après Wahlenberg, le plus élevé; en eflet, il
a 579G pieds de haut, tandis que les montagnes de Ljngen n'ea
ont que l^ooQ. En Norwège, la plus haute montagne du pays,
est le Sneehàlten ( nom qui veut dire bonnet de neige ) , près
Dovrefield , entre le 60° et le 63° de latitude boréale. D'après
la mesure qu'en a donné le professeur Esmark qui, le premier,
est arrivé a son sommet, elle a C720 pieds, tandis que le
Gousla en Telle-Marken n'a que G080 pieds, d'après l'obser-
vation du professeur Smith et du D^Show, et que le Suletend prhs
Sile/ield, a 5524 pieds, d'après M. de Buch ; et le Harleng dans
le Hardanger, seulement 5224- En Suède, la pins haute mon-
tagne QS\.YOresknute?i en Sameteland (latitude 63°) : elle a 485o
pieds, d'après Wahlenberg, et seulement 4^57, suivant Ilar-
lamann.
Des positions géographiques et astronomiques. Nous venons
^2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE."
de voir que malgré tous les soins que les observateurs appor-
tent dans la mesure des observations des hauteurs des difl'crens
lieux, il y avoit des diflerences dans les résultats , non-seu-
lemeat suivant que l'on employoit pour les obtenir les mé-
thodes géométriques ou barométriques , mais encore en se ser-
vant de la même méthode; d'après ce qu'en dit M. le baron
de Zach, dans différentes Lettre de sa Correspondance astrono-
miijue, il paroît qu'il en est à peu près de même pour les po-
sitions géographiques obtenues par la méthode astronomique,
pu par le procédé géodésique , et sans que l'on soit parvenu à
en découvrir la raison. Ainsi les observations de Strasbourg, de
Manhuini , de Florence, de Pise , de Barceloune , de Mont-
Jouy, d'Evaix, de Dunkerque , de Cliston, deDunnose, de
Marseille, du mont Saipte-Victoire, de Wendelstein, présentent
toutes des différences plus ou moins considérables entre les rér
sullals astronomiques et géodésiques. Aussi M. le baron de Lindau
en conclut-il, après avoir cherché les causes de ces diflerences,
ainsi que M. le baron de !iach , que dans l'étal actuel de l'As-
tronomie pratique, il faut renoncer à une précision extrême,
qu'il regarde comme presque impossible à atteindre. Cette in-
exactitude dans les observations de latitude astronomiques lui
paroît si grande, qu'il établit en principe que rexaclilude à
laquelle on peut arriver en Géodésie , est à celle que l'on peut
espérer en Astronomie, comme i:i5; en sorte que, ajoule-
t-il, toute la partie astronomique de toutes les mesures des
degrés du méridien , me semble à refaire.
M. le baron de Lindau a été conduit à émettre celte opinion ,
en comparant la latitude que M. de Zach avoit obtenue de Pise
par des observations astronomiques faites avec le plus grand
soin, avec celles que le père Inghirami avoit déduites de sa
triangulation de la Toscane. En effet, le premier avoit trouvé
par 5o4 observations de hauteur circonipolaire de a et ^ de la
petite Ourse, prise avec un cercle répétiteur, la latitude de
Pise de 43° 4^' 1 1",77; tandis que le père Inghirami, dans sa
triangulation de la Toscane, en se servant d'une petite base
niesuiée par M. le baron de Zach dans la ville de Florence,
sur laquelle il fonda une chaîne de triangles étendue de l'est à
l'ouest de Corlone à Livourne , et du nord au sud de Pisloie
à l'île d'Elbe, embrassant toute la côte Thyrrénienne eu se
prolongeant jusqu'aux îles de Gorgone et de Capraia , l'avoit
établie géodésiquement de 4^° 4 5' i9",4 seulement. Cette diffé-
rence de 7",63 étonna d'abord le père Inghirami , en sorte
ET d'histoire naturelle. 25
<|u'il crut devoir recommencer son opëralion, en mesurant une
hase beaucoup plus étendue de 44o8 toises; mais il trouva exac-
tement la même différence , ce qui lui fait douter, en passant,
si les bases extrêmement étendues eu (Jréodésie sont beaucoup
préférables aux petites. Quoi qu'il en soit de cette dernière opi-
nion, il éloit important de rechercher à quoi tenoil une dif-
iérence aussi considérable entre les positions géographiques ob-
tenues par ces deux méthodes, et c'est ce que fait M. de Zach
dans la 5' Lettre de sa Correspondance, où il moulrc qu'il est
impossible que la véritable latitude de Florence et la sienne ,
diflèrent de plus d'une seconde. Le père Inghirami , d'une autre
part, confirme de nouveau la bonté de sa triangulation , au moyen
d'une nouvelle base qui, rapportée à l'aide de triangles mesurés
avec soin à sa grande base , lui a donné un accord remar-
quable; en sorte que M. le baron de Z-ach faisant l'observation ,
que l'on a trouvé des diflércuces de même nature à Bnde, a
Âgria, à Berlin, à Pvatisbonne , en conclut que cela dépend
très-probablement de ce qu'an lieu de régler les pendules par
des hauteurs correspondantes, ou par des lunettes méridiennes
bien placées , on le fuit sur des observations par des cercles
muraux ou des lunettes de passage. C'est alors que M. deLindau,
en réponse à M. de Zach , cherche à établir que ces différences
ne peuvent être expliquées d'une manière suÙisanle dans l'état
actuel des connoissances , qu'elles ne peuvent venir des mesures
géodésiques, ni de la conformation irrégulière de la terre en
sorte qu'il lire les conclusions rapportées plus haut.
Nous venons de dire que le père Inghirami avoit été conduit
à douter si , en Géodésie , les grandes bases si difficiles à me-
surer, étoient beaucoup plus préférables que les petites; M. le ba-
ron de Zach a repris cette question dans un article de son Journal.
Les bases mesurées jusqu'ici, sont celles
De Munich m 08""
De Einsisheim, en Alsace 97/1
De Melun 6076
De Perpignan 6006
De Houns Lowheath, en Angleterre 4286
De Romuey Marslh, dans le même pays. . . . 44*^2
Du major Lambtou dans les Indes orientales.. . 6256
De M. Svanberg, en Suède 74' ^
De Florence, par M. le baron de Zach 4'^
En faisant l'observation que les deux plus grandes, savoir.
^4 JOURNAL DE PIlVStQUE, DE CHIMIE
celles de Munich el d'Alsnce ont donné le môme accord que
les deux plus peliles d'Anglelcrre , en sorte que les difTe'rences
dans les unes comme dans les autres, n'alloieul pas au-delà de
4 pouces , et que la sienne s eloit trouvée d'accord avec une
deux fois plus grande , d une manière remarquable , M. de Zach
parolt arriver à la conclusion, que la grande étendue des bases
geodésiques est moins nécessaire qu'on le croit.
Quoi qu'il en soit de cette opinion, il seroit bien à désirer
cependant qu'elle fût vraie, tant ces sortes de bases olTrent de
dillicullcsdans leur mesure. On trouvera, en outre, dans leRecueil
périodique de M. de Zach, un grand nombre de positions géo-
graphiques, qu'il seroit trop long et à peu près inutile de rap-
porter , mais qui devront être recueillies avec soin par les
géographes. Le père Inghirami a rectifié beaucoup d'erreurs
dans celles des principales villes de laToscane; ainsi , par exemple,
il fait voir que Prato et Pistoie sont au nord de Florence et non
au sud.
M. le baron de Zach a calculé la latitude et la longitude de
Florence, de Pise, de Padoue, de Bologne et même de Pom-
peia , ainsi que celle de Palme , petite ville de Sicile remar-
quable, parce que c'est là qu'Hodierna a fait les premières ob-
servations des éclipses des satellites de Jupiter.
A la suite d'une Lettre du capitaine Smith de la marine an-
gloise, qui donne la détermination géographique de diflérens
points de la cùte d'Afrique et de la Sicile , M. le baron de
Zach en joint beaucoup d'autres, extraites d'une excellente carte
de la côte d'Afrique, par don Dionis Galiano, publiée en es-
pagnol en 1804, et peu connue en France, puisque nos cartes
les plus récentes sur la Méditerranée, par exemple, celle de
Lapie contiennent encore de graves erreurs.
Nous nous contenterons également d'annoncer un grand nombre
de ces positions géographiqiies fournies par le même capitaine
Smith, et obtenues ou par les montres marines, ou par la di-
stance lunaire de diflérens points de l'archipel de la Grèce, de
la Méditerranée, de Malle, des îles Ioniennes.
M. le colonel D. a également communiqué à M. de Zach,
une assez grande quantité de positions géographiques faites en
France, eu Suède, en Allemagne, par les ingénieurs-géographes
du Bureau Topographique de Paris, et enfin M. Rumker a aussi
publié dans le Journal de M. de Zach, plusieurs observations
de même nature, c'est-à-dire la latitude el la longitude de dif-
férons lieux , comnia de Livoume, de l'île d'Elbe, de Fimmi-
cino
ET d'histoire naturelle. 25
einojlour à l'cnlree du Tibre, de Naples , des ilesUrlica, Ma-
rilima , Favignano , GirgetUi donl la position géographique donnée
pour la première fois est, latitude 37° iS'Sa", longitude Si'n'aa".
Toutes ces nouvelles déterminations ne tarderont sans doute
pas à être employées dans les nouvelles caries que la plupart
des Souverains font faire de leurs Etats, afin sans doute d'ar-
river à une meilleure administration, et surtout à une plus
juste répartition d'impôts. Mais pour que ces cartes soient au-
tant exactes que possible, il faut qu'elles puissent se rattacher
à de grandes triangulations qui, elles-mêmes, doivent partir
de mesures de degrés considérables. C'est pour cela que le Roi
de France , sur la demande d'une Commission présidée par
M. de Laplace , et du Directeur du dépôt de la guerre, vient
d'ordonner que la perpendiculaire tirée de Strasbourg à Brest,
sera mesurée, et qu'une nouvelle carte de France sera exécutée
et mise en rapport avec les travaux du Cadastre entrepris depuis
plusieurs années.
Le Jloi de D.innemarck a fait aussi entreprendre la mesure
des quatre degrés et demi de latitude , depuis Lanenbourg , ville
de Hanovre, jusqu'à Slagen dans le Julland, et autant de lon-
gitude depuis Copenhague jusqu'à Blaahurg, sur la côte occi-
dentale de Jutland. L'arc céleste des trois degrés et demi de
parallèles , sera déterminé par des signaux qu'on fera sur ua
seul point, au moyen de grandes fusées plus parfaites que celles
à la Congrève, imaginées par le frère du professeur Schuma-
cher. Ces fusées montent à une hauteur prodigieuse , et alors
un feu éclate et jette un trait de lumière si instantané et si
vif, qu'on peut facilement le voir à une distance de 17 à 18
milles d'Allemagne. M. le professeur Schumacher, chargé de
cette grande opération , emploie dans ses triangulations , uu
théodolite répétiteur de Reichenbach de i5 pouces et divisé de
4 en 4 secondes, instrument que M. Pictet a beaucoup recom-
mandé dans ces sortes d'observations , d'après sa propre expé-
rience , et celles de plusieurs savans de sa connoissance.
INous avons déjà eu l'occasion de citer plus haut, la trian-
gulation de toute la Toscane portée jusqu'à LucqueSj, entreprise
par ordre du souverain de ce pays, par le père Inghirami ,
directeur de l'Observatoire des écoles pies à Florence; d'où il
a déduit, comme nous l'avons rapporté plus haut, uu grand
nombre de corrections à faire dans la position de beaucoup de
villes de la Toscane.
• Des résultats de ces différens travaux, s'ensuivront nécessai-
Tome LXXXFJII. JANVIER an 1819. D
^6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
remenl des cartes, et surtout des cartes marines beaucoup plu»
exactes que celles que nous possédons. L'une des plus néces-
saires éloil , à ce qu'il paroit, celle de la mer Adriatique, niei*
dans laquelle la navigation est très-diÛicile , et accompagnée de
dangers nombreux. Le Gouvernement autrichien y fait travailler
avec suite, et l'on annonce qu'elle va paroîlre incessamment,
projetée en 20 grandes feuilles, par l'instilut géographique de
Milan. Les bases de celte carte sont des matériaux topogra-
pliiques de Dalmatie , d'isirie, ainsi que de Venise et de l'Etat
romain; un travail commun aux officiers ingénieurs de l'élat-
jnajor autrichien et napolitain , et comprenant le relèvement
des côtes du royaume de Naples, depuis la rivière de ïronto
jusqu'au cap Sanla-Maria de Leucca; enfin, les côtes de Dal-
matie ont élé relevées par le capitaine Smith.
Ce même officier anglois se propose de publier très-inces-
samment un grand ouvrage sur la Sicile, pays si important, et
cependant encore si mal connu ; il est composé de trente-deux
planches gravées, dont une partie est consacrée à l'hydrogra-
phie , et le reste à des dessins explicatifs et aux antiquités, et
d'un livre d'instructions nautiques, d'une description générale
de l'ile.
Dans l'intention de servir de guide aux vaisseaux anglois qui
composoient l'expédition h la recherche d'un passage au nord,
pour aller de lOcéan atlantique dans l'Océan pacilicpie, l'Ami-
rauté de Londres a publié une boll-e carte des régions arctiques,
ainsi qu'une instruction détaillée faite par les ordres de M. Barrow,
promoteur de celle expédition. Cette entreprise, quoique par-
faitement bien conçue, n'a pas eu de succès sous le principal
but qu'elle se proposoit; mais on ne peut pas dire qu'elle ait
clé inutile aux progrès de la science , par le grand nombre
d'observations faites sur diflérens points de Géographie , de
Pliysique ou d'Histoire naturelle, et dont on connoît déjà quel-
ques résultais que nous aurons soin de rappeler îi leur place.
M. le capitaine Freycinet, qui a élé envoyé par le Gouver-
nemenl françois à la Nouvelle-Hollande , et qui a reçu de l'Aca-
démie des Sciences des instructions sur toutes les parties des
connoissances dont elle s'occupe, doit surtout faire des obser-
vations qui ont trait h la figure de la terre et à la Géographie.
MÉTÉOROLOGIE.
L'étude des phénomènes atmosphériques connus sous la dé-
nomination générale de nie'/e'o/f 5^ devient de plus en plus étendue.
ÏT D HISTOIRE NATURELLE, 2J
el surtout est beaucoup mieux faite, parce que d'abord les mé-
thodes d'observations sontbeaucoiipmeiileurcs, qu'elles sontfaites
avec des instrumens de plus eu plus comparables, et que l'analyse
mathématique a fourni quelquefois des formules de corrections
d'une facile application. Cependant, il faut l'avouer, la plupart
de ces phénomènes sont jusqu'ici envisagés d'une manière presque
locale, et souvent mallieureusement d'après ua système parti-
culier d'observations; aussi ne fait-on que commencera donner
une explication plausible de quelques-uns, et leur retour est-il
encore bien loin de pouvoir être prévu d'avance.
l}es Aérolithes. L'un des plus singuliers de ces pliénomènes,
et celui dont l'explication est le plus loin d'être même pré-
vue, est, sans aucun doute, la chute des diverses substances
qui tombent de l'atmosphère sous forme de pierre, de pou-
dre, et dont fli. Chladui a publié, dans notre Journal, un
Catalogue historique fort curieux. On peut y voir que ce phé-
nomène a eu lieu fort anciennement, et beaucoup plus fré-
quemment qu'on ne pense ordinairement. On a pu également
faire l'observation, que ce n'est pas seulement à l'élat concret
■que ces corps tombent, mais aussi à celui de poussière, etc.;
on pourra ajouter à ce Catalogue les trois nouveaux foits que
nous avons rapportés; l'un ancien tiré d'une histoire manuscrite
de Florence , et les deux autres loul-à-fait récens, le premier,
d'une pierre tombée à Slobodka en Piussie, et l'autre d'une terre
rouge tombée à Gcrace dans laCalabre, et dont M. Senienlini a
fait l'analyse, comme nous l'avons rapporté dans notre Journal,
d'après celui de M. Brugnatelli.
Nous rappellerons aussi l'histoire d'un aérolithe donnée par
M. Maxwell dans une Lettre à M. Higgias , insérée dans le
Pliiloso])hical Magazine de mai, pag. 355, parce qu'elle a fourni
à ce dernier l'occasion de proposer une théorie de plusieurs
phénomènes que présentent ces corps. Le lo septembre i8i3,
dit M. Maxwell, vers g heures du malin, le temps étant clair,
un nuage parut à l'est, el bientôt après on entendit un bruit
semblable à celui d'une décharge d'artillerie, et ensuite à un
roulement de tambour. Le ciel , à l'endroit d'où paroissoit venir
ce bruit, devint noir, et de ce point, il sortit avec une grande
violence différentes masses de matière qui se dirigèrent ho-
rizontalement vers l'ouest. On o])serva la chute d'une seule
de ces masses qui s'enfonça à plus d'un piod et demi de pro-
fondeur dans la terre, près de Pobuk's Well, comté de Lijneril.
Presqu'aussilôt retirée de terre, on la trouva chaude et exhalant
D 3
28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
une odeur de soufre. Elle pesoit 17 livres, et ne paroissoil pas
avoir ële' fraclurce, car toute sa superficie ëloil lisse et noire.
Plusieurs autres morceaux tombèrent dans les environs, et cela
dans près d'un mille d'étendue. Le reste du jour fut du reste serein,
et l'on ne vit pendant la chute de l'aérolithe , aucune trace de
lumière.
Au sujet de cette histoire assez circonslancie'e, M. Higgins
revient sur les difl'èrentes the'ories proposées , et il lui semble
que celle de M. Chiadni est la plus probable; mais quant à la
chaleur que les aérolithes ont presque toutes au moment de leur
chute, et aux météores dont elles semblent sortir, voici com-
ment il les explique. Ces masses contiennent, comme toute ma-
tière, une chaleur spécifique ; en se mouvant dans l'atmosphère,
elles recueillent l'électricité qui s'accroît continuellement, parce
que dans les hautes régions de l'air , aucun autre corps ne peut
prévenir cette accumulation. Quand elle est en suffisante quan-
tité , il y a une quanlilé plus ou moins considérable de la chaleur
spécifique mise en liberté, et beaucoup de celte électricité reste
à la surface; c'est ce qui donne à la masse un aspect lumineux.
Comme elle contient beaucoup de soufre et de fer, une portion
d'oxigène s'unit à la partie extérieure, d'oii provient celte es-
pèce de croule qui existe à la surface de toutes les pierres mé-
téoriques. 11 est en outre probable qu'une quantité d'électricité
se réunit autour de la niasse, de manière à former une sorte
d'atmosphère dense et considérable, et qui lient l'air en contact
avec elle à l'état de flamme. Ces pierres électriques en descendant
vers la terre, lorsqu'elles rencontrent un nuage comparative-
ment négatif, perdent une porlion d'éleclricilé qui éclate avec
une grande force, et imite les phénomènes du tonnerre et de
la lumière ; c'est ordinairement h cette époque que les aérolithes
sont brisées en pièces ; mais alors toute apparence lumineuse
cesse; la chaleur spécifique reprend son état primitif, et lorsque
la pierre est précipitée vers la terre, elle relient encore un degré
considérable de chaleur.
M. Capel Laft, dans une Lettre à M. Acton, insérée dans le
mois de février du même Recueil périodique, avoit donné aussi
plusieurs raisons pour prouver que les pierres météoriques ne
peuvent venir de la lune, et qu'il est beaucoup plus probable
qu'elles se forment dans notre atmosphère, ce qui semble être
aussi l'opinion de M. Acton ; l'électricité lui paraissant un des
plus puissans agens de la nainre, et l'ammoniaque pouvant en
iTei être convertie en un métal par l'action de la pile galvanique.
F.T DIIISTOIBE NATUnELLE. 2Q
De la Pluie. La source des pluies qui tombent à la surface de la
terre, souvent d'une manière irre'guiière, mais aussi quelquefois
périodiquement, est sans doute beaucoup mieux connue, et la
théorie de leur formation à peu près satisfaisante; mais pour
parvenir à quelque chose de plus complet, il est de la plus
grande importance que les observateurs en étudiant la quantité
de pluie qui tombe annuellement dans chaque pa^s, aient grand
soin d'observer les différentes causes de variations, afin qu'il soil
possible d'arriver à une sorte de moyenne. On trouvera toutes ces
conditions parfaitement remplies, dans un Mémoire intéressant
sur la quantité de pluie qui tombe annuellement à Viviers, par
M. Flaugergues. On trouvera que dans le cours de quarante années
d'observations, depuis 1777 jusqu'il 1818, il est tombé ii3 pieds
2 pouces et 4 lignes d'eau, ce qui fait 34 pouces, à très-peu
de chose près, pour chaque année; la plus pluvieuse, celle
de 1801, a fourni 48 pouces d'eau, et la plus sèche, 1779,
n'en a donné que 20 pouc.7 lig. La répartition de la pluie an-
nuelle sur chaque mois , est renfermée dans la table suivante :
Lig- Lig.
Janvier. . . . 29,73 Juillet. . . , 22,59
Février. . . . 20,46 Août 28,17
Mars 25,1 3 Septembre . . 49,68.
Avril 32,25 Octobre.. , . 66,89
Mai 35,17 INovembre.. . 5o,2^
Juin 3o,75 Décembre, . . 28,76
C'est donc en octobre que tombe la plus grande quantité de
pluie; mais, d'après l'observation, c'est en novembre qu'elle a
tombé leplus fréquerameul pendant ces 40 ans, et en septembre
que sont arrivées les plus fortes averses , c'est-à-dire qui donnent
la plus grande quantité d'eau dans un temps donné. Ainsi le 6 sep-
tembre 1801, il tomba à Viviers i5 pouces 2 lignes d'eau en
18 heures, la plus forte pluie que M. Flaugergues ail observée, et
qui est plus considérable que celle qui est tombée le 21 oc-
tobre 1817 à l'île de la Grenade, le vent ouest, le baromètre
à 29,40, puisqu'elle ne s'est élevée qu'à 8 pouces d'eau en 21
heures. Du 20 octobre au 20 novembre il en a tombé 7,o5.
Mais un résultat beaucoup plus piquant, auquel M. Flau-
gergues est arrivé en comparant la quantité moyenne d'eau
tombée pendant chacune des quatre décades d'années qu'il a
coulitiué ses observations, et qui est, de 1777 à 1787, de 3i
pouces I ligne f: de 1788 à 1797, 53 pouc. 2 lig. |; de 1798
oo JOURN.lL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
à 1S07, 54 poiic. 2 lig. w, et de 1808 à 1817, 67 pouc. 4 lig. |j
c'est qu'il y a une augmenlalion sensible dans la quantité moyenne
annuelle d'eau de pluie, à mesure qu'on s'éloigne de 1778,61
surtout dans la dernière décade, remarque qui ne s'accorde
pas avec ce qu'on croit communément, que les pays boisés sont
ceux où il pleut davantage, puisque depuis le commencement
de ces observations, et surtout dansées six dernières années,
on n'a cessé de détruire des forêts, tant sur le territoire de
Viviers que dans tout le département de l'Ardèche.
M. Th. Thomson a donné, dans le mois de novembre de
son Journal, pag. 376, un tableau comparatif de la quantité
de pluie qui a tombé dans les 16 dernières années à Glasgow,
latitude N. SS'Si'Sa", longitude 4" 16' ouest de Greenwicb, i5
pieds à peu près au-dessus du niveau de la mer, pour chaque
année. Nous en rapporterons le total pour chaque aimée ,
Années. . . .
Pouces angl.
i8oa i8o3
'9.757 '4,468
1804
22,282
i8o5 180S
15,78223,862
1807
22,244
1808 1 18ÔQ
31 ,7f)5|25, 18a
Années. . . .
Pouces angl.
1810 1811
ai ,433 27,801
1812
22,810
i8i3 1814
i8r868 19,52a
i8i5
22,344
1816 1817
23,79922,420
d'après lequel on voit que l'année 181 1 a été beaucoup plus pIu'?
vieuse que 1816. Nous rapporterons aussi la quantité d'eau qui
a tombé à Corbelh, 12 milles nord-ouest de Glasgow, près des
monis Campsie , h 466 pieds { plus haut que Glasgow, pour
montrer combien les localités influent sur cette quantité; en
effet, en i8i5 elle a été à 41,722 , en 1816 à 5g,58g , et en 1817
à 44,965.
Ou trouve aussi dans le annales de Physiijue de Thomson,
un Recueil utile, sans doule, des observations météorologiques
qui ont été faites dans le iiord de l'Irlande , depuis le mois
de juin 181 1 jusqu'en juin 181 5, par le capitaine Van-Scheels,
et ftlM. Gladstone et Park, mais qui n'offre aucun de ces rap-
prochcmens intéressans que nous venons d'observer dans Je
travail de M. Flaugergues.
• ]Vr. d'Hombres-Firmas a publié , dans les J anales de Chimie,
tome VIII 5 pag. 70, les résultais de ses observations météoro-
logiques faites à Alais, longitude, i°44'i8" est de Paris; lati-
tude , 44°?' 18"; élévation au-dessus de la Méditerranée, 129"", dé-
partement du Gard, en 1817, avec des inslrumens comparables,
et avec toutes les précautions indiquées. La moyenne du baro-
mètre à midi a été de 75i,25 ; le thermomètre centigrade, 17,7
à midij le maximum, 24,4; 'e minimum^, -|-G,5; l'hygromètre
ET d'histoire naturelle. ûl
n'a pas passé 80,0 en novembre et 52°,o en avril ; enfin la quan-
lilé d'eau a ûtt; de ']Q2,go"""i\)^,io le jour et 367,80 la nuit.
Nous voyons au.ssi dans le Journal de Thomson, le résultat
des observutions niétéorologiqucs faites en 1817,3 l'Observatoire
de l'Académie de Gosport, lalilude, 5 0° 47' 58" nord, et lon-
gitude , i°6' 4" W, à P«iew-Mallhon eu York^Shirc , dans la cité
de Corck.
Les Recueils périodiques ont en outre continué de publier
cbaque mois, les observations météorologiques qui ont été faites
dans les dilférens lieux oîi ils paroissenlj ainsi le Journal de
Physique et les Annales de Chimie ont donné celles qui sont
faites, comme on le pense bien, avec toutes les précautions
convenables , à l'Observatoire de Paris.
La Bibliotheijue universelle , dont l'un des principaux ré-
dacteurs a beaucoup contribué à l'avancement de la Météorologie,
a donné également tous les mois, non-seulement le tableau des ob-
servations météorologiques faites à Genève, ogS'^S au-dessus du
niveau de la mer, mais encore un extrait de celles que M. Pictet
a eu l'heureuse idée d'engager les religieux du mont Saint-
Bernai'd à faire, depuis quelques années, à 1246 toises au-
dessus de la mer.
Les Annales de Phfs. de M. Thomson ont continué de publier
les observai ions météorologiques mensuelles faites à Buschey
Aeath, près St.TJmore, par le colonel Beaufoy, et celles faites
il Londres, par M. Howard, auquel la Science doit la nouvelle
nomenclature des nuages , adoptée assez généralement en An-
gleterre, et même déjà employée dans quelques endroits en
Allemagne , mais presque entièrement inconnue en France.
Le Magazin de M. Tilloch , le Journal de Plijsujue allemand
de Schweiger, ainsi que les Annales de Gilbert, ont également
continué de publier des observations de ce genre, sans doute
intéressantes, mais dont nous ne pourrions donner ici un extrait
raisonné, sans nous étendre beaucoup plus que la nature de
cette Introduction ne peut le permettre. Nous nous contenterons
de faire observer à toutes les personnes qui s'occupent de Mé-
téorologie, combien il seroit important de s'entendre sur le
mode, l'heure des observations, et surtout sur la comparaison
des inslrumens qu'on emploie; an point que, comme le pro-
pose M. Piclel, il seroit presque nécessaire d'établir une sorte
de congrès pour se décidera ce sujet, à moins qu'il ne vînt à pa-
roîlre un ouvrageélémenlaire traitant de toutes les parties dont s'oc-
cupe la Bléléorologie, et qui ail le rare avantage d'emporter tous les
02 JOURNAL nE PHYSIQUE, CE CHIMIE
SiiflVages, c'esl-à-diie de vaincre non-seulementramour-propredes
individus, mais encore celui des Sociétés savantes et des nations.
Si le monde savant doit espérer ce Traité, il paroit que c'est
de M. Howard dont nous avons parlé plus haut; ea effet, il
vient de publier dans le courant de cette année, sous le titre
de Climat de Londres j déduit d'observations météorologiques
faites en différens lieux dans les environs de la métropole , le
premier volume d'un ouvrage qui paroît pouvoir remplir ce but.
Ce ne sera qu'après une longue suite de ces observations faites
dans des lieux très-différens de la terre, en ayant bien égard
aux circonstances locales, que l'on pourra espérer une théorie
plus ou moins complète des météores. Les difficultés sont évi-
demment extrêmement considérables , surtout dans nos pays,
où l'on n'aperçoit encore aucun indice de périodicité ; peut-
être y arrivera-t-on plutôt dans les régions où ces grands phé-
nomènes atmosphériques semblent presque réguliers , et per-
mettront par conséquent de mieux analyser les phénomènes;
C'est encore à M. de Humboldt que nous devons l'initiative
sous ce l'apport. 11 a en effet cherché , dans un travail qui a
été lu à l'Académie des Sciences, et dont un extrait a été inséré
dans les annales de Chimie ^ tome VllI, pag. l'-g, quelle pou-
rvoit être l'influence de la déclinaison du soleil, sur le coni-
xnencemenl des pluies équatoriales. On sait depuis long- temps
que l'époque des pluies si régulières de la zone torride , est
liée avec le cours du soleil, et qu'elles tombent en plus grande
abondance au nord de l'équateur , quand cet astre est parvenu
au tropique du Cancer. Ce commencement des pluies coïncide
avec la cessation des brises , et avec une distribution inégale
de la tension électrique de l'air. Comme les vents alises sont dus à
la chaleur solaire combinée avec le mouvement de la terre,
c'est dans l'inégale distribution de la chaleur, qui varie suivant
le changement de déclinaison, que M. de Humboldt voit lai
cause du phénomène des pluies équatoriales.
Sur les Vents et les Ouragans. La théorie d«s vents ou des
courans aériens, quoiqu'un peu plus avancée que celle des courans
{iroprement dits, ou sous-marins, est bien loin d'avoir atteint
e but auquel elle devra arriver pour que l'art de la Naviga-
tion puisse en retirer les grands avantages qu'il est en droit
d'en attendre. On commence cependant à voir que les physi-
ciens fixent leur attention sur ce point important de la Météo-
rologie, et qu'ils cherchent à expliquer les anomalies. Il faut
pourtant avouer que nous ne pourrons que difficilement connoîire
quelque
ET d'uistoire naturelle. 53
quelque chose à ce sujet, parce que nous n'apercevons guère
que les phénomènes qui se passent au foud de celle sorte
de mer aérienne; aussi doil-on regarder comme pouvant être
utile , l'application que T. Forster propose de faire des ballons
à la Météorolo<!;ie , et surtout à la connoissance des courans
aériens; il montre en efTet , dans une Lettre adressée à M. Til-
loch , insérée tome Ll, pag. g, de son P lit losophical Magazine ,
ce que l'on savoit en eflet déjà par l'élude des nuages, qu'il
peut y avoir deux ou trois courans dans l'atmosphère et avec
des directions opposées.
MM. les Rédacteurs des Annales de Physique ont en effet,
par un rapprochement ingénieux des circonstances malheureuses
qui accompagnèrent le fameux ouragan qui eut lieu dans le
mois de décembre 1811, sur les côtes des Etats-Unis, fait voir
que la marche successive de l'ouragan fut du sud au nord,
quoique le vent soufflât évidemment du nord-esf, c'est-à-dire
fût presque entièrement opposé, et que ce fait, si singulier, avoit
déjà été remarqué par Franklin dans le même pays , et e'toil de
la même nature que celui observé par VVargentin qui a vu que,
Jorsque dans le nord de l'Europe le veut passe à l'ouest, il se
fait sentir à Moscou plutôt qu'à Abe, qui est de iS" plus oc-
cidental, et qu'il ne parvient eu Suède qu'après avoir préala-
blement soufilé en Finlande. Cela lienl-i! an mode général de
propagation du vent ou bien à quelque anomatic'
M. de Jonnès a également fait connoitrc une autre anomalie
offerte par l'ouragan qui a désolé les AnlilKs dans la nuit du,
20 au 21 octobre 1817, et il paroît porté à penser qu'il pourroit
y avoir quelques rapports de causes entre les désastres de l'Ar-
chipel et la fonte d^'s glaces boréales.
Di's Trombes. Quoique ce méléon; soit malhcurcusemenl trop
fréquent , parce qu'il en résulte souvent des dommages fort
considérables , les physiciens ne sont pas encore d'accord sur
la théorie de sa formation. Les uns pe-tseut qu'ils dépendent
de tourbillons, résultats de courans opposés, d'autres d'espèces
d'éruptions de vapeurs volcaniques, et enfin quelques-uns Croient
que ce n'est qu'un phénomène d'électricité. Telle pnroit être
l'opinion de M. Th. Lindsay qui, dans \c Naval Clironicli', étublit
que dans les trombes d'eau, le fluide se porte en colonnes des
nuages sur la terre, et non pas, comme on le pense assez or-
dinairement, de la surface de la mer vers le nuage; il semble
même qu'il comoare le phénomène à ces énormes averses qui
surviennent lorsque dans un temps orageux, des nuages con-
Tome LXXXFIII. JANVl&R api iSjq. E
34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
tenant beaucoup d'humidilé viennent à se trouver à perlée du
sommet de quelques montagnes alpines. Un anonyme, dans le
Journal astalif/ue, n° 23 , oppose à celle lliéorie des observations
curieuses, et cherche à démontrer que les trombes d'eau ue
sont rien aulre chose que des trombes de vent; il cite à l'appui
de cette opinion , plusieurs faits fort curieux , de deux desquels
nous allons donner l'extrait. Un jour où des nuages épais vin-
rent à s'approcher des vaisseaux qui éloient dans la rivière de
Canton, il s'établit une trombe d'eau bien régulière, par un
tube descendaiil des nuages, à la manière ordinaire, el le lour-
Lillon de vent tournant autour des amarres d'un de ces vaisseaux,
en passant à travers une île qui étoit dans sa direction , ren-
versa plusieurs maisons, dépouilla les arbres de leurs feuilles,
qli'il enleva fort haut dans l'atmosphère ; mais lorsqu'il eut dé-
passé la terre, et qu'il fut en contact avec l'eau de la rivière,
le tnbe blanc (while tube) commença à paroilre dans le tour-
billon de vent, et l'eau sembla être comme tordue de dessus
la surface de la rivière , et enlevée en petites parties par le
tourbillon. Une autre fois, une trombe d'eau également bien
formée, fut chassée par le vent jusqu'à ce qu'elle touchai presque
le bâtiment où éloil l'observateur, el il vit dislinciemenl l'eau
se dégager de la surface de la mer avec un bruit d'ascension,
et enlraînée en haut sous forme gazeuse par le tourbillon de
vent ascendant; on apercevoil distinctement le vide ou la ca-
vité qui étoit dans son centre, avec de grosses gouttes de pluie
tombant à l'extérieur et à l'intérieur de la spirale ascendante;
ce qui prouve évidemment, dit-il, que la force du tourbilloa
de vent n'avoit pas été capable de transporter toutes les par-
ticules gazeuses dans le nuage. Quand le vaisseau fut entière-
ment dans la trombe, on ne vit plus la colonne blanche, mais
seulement une grande cavité. Dans le détroit de Malacca,
il a vu quelquefois jusqu'à une douzaine de ces trojnbes à
]a fois. Quoiqu'il admette des tourbillons de vent lorsque les
nuages sont élevés, le soleil brillant, et le vent peu consi-
dérable, cependant ils sont bien plus dangereux quand ils sont
accompagnés de nuages épais el orageux. Il cite en effet une
trombe qui eut lieu sur la côte de Coromandel , pendant un
jour chaud , presque sans vent et sans nuage , qui enleva une
colonne de poussière.
Ne faut-il pas regarder comme une espèce différente de celles
qui ont servi de base à la théorie dont nous venons de parler, les
trombes qui ont eu lieu, l'une à Auxerre le i8 juin, et qui a produit
ET D HISTOIRE NATURELLE. 35
lant de degâls dans larrondissement de cette ville ; la pluie
accompagaee de grosse grêle y est lomhe'e en torrens pendant
trente minutes, et s'est élevée dans quelques endroits jusqu'à
lo pieds, et l'autre, le 7 mai, à Stenbury près WhilwilLe, dans
l'ile deWight. Le temps, avant la chute de celle-ci, éloil ex-
trêmement orageux, et pendant une demi -heure d'un aspect
véritablement effrayant. La quantité d'eau qui est tombée, a
été comparée au flux de la mer , tant elle a été consi^^érable.
Des Tremhlemens de terre. Nous devons à M. Piloreau de
Jonnès, que dans plusieurs îles de l'archipel des Antilles , il y a
eu huit tremhlemens de terre depuis le mois de décembre 1817
jusqu'à la fin de mai, et qu'ils se sont fait sentir le soir de g
à II heures ; l'Europe n'a pas été non plus épargnée sous ce
rapport. Ainsi on a ressenti des tremblemens de terre dans le voi-
sinage de Hayfield en Ecosse, le 9 janvier à 2 heures 20 minutes;
à Conningby dans le l_,incoln-Shire , le 6 février, et dans le
même temps à l'extrémité est d'Iîoldernos , avec un bruit sem-
blable à des coups de canon h la distance d'environ une se-
conde ; à Roffach Soielz et Béfort , dans le Haut-Rhin, le ig
février; à Marseille, ainsi que dans le département du Var,le
25 février à 7 heures du matin, et le 24 à ii heures du soir;
à Latour, province de Pignerol, le 7 avril; à Niverness et dans
les environs, à minuit un quart environ, le ii novembre, le
ciel étant parfaitement serein, et le vent presque nul à la surface
de la terre , mais poussant violemment les nuages qui éloient dans
la partie supérieure de l'atmosphère dans la direction du sud au
nord. Y auroit-il quelques rapports entre les tremblemens de terre
et les ouragans nombreux qui ont tourmenté ces malheureux pays
dans cette année .'' c'est ce que nous n'osons assurer; mais il est à
remarquer que vers la fin de février et le commencementde mars,
la plus grande partie de l'Europe a été tourmentée par des ou-
ragans désastreux ; et , d'après les rapprochemens que M. Pictet
en a faits dans le tome VII, pag. 245 de la Bibliothèque wiii'er-
selle, il est évident qu'il y avoit en même temps des modifi-
cations dans les phénomènes électiiques ; en sorte qu il eu con-
clut qu'il est impossible de se refuser à admettre que ces deux:
modifications de l'atmosphère sont liées par quelques rapports
de causes et d'effets. Si l'on se rappelle en même temps, qu'il
y a eu les 23 et 24 février des tremblemens de terre, depuis
la côte de la Méditerranée jusqu'au mont Saint-Bernard , dans
le nord de l'Italie , ainsi que dans toute la Provence , et sur-
tout à Antibes, et trois jours avant ces secousses, un autre
E 2
36 JOURKAL DE PIIYSIQUTÎ, DE CnilHIÏ
extrêmement violent en Sicile, et qui a presque détruit la ville
de Catane, et que l'Etna sembloit être en travail, on pourra
penser que ces derniers phénomènes peuvent être l'explication
des premiers, ce qui n'est rien moins qu'invraisemblable.
Sur Félectricité atmosphérique. On trouvera dans les recueils
généraux de Météorologie qui comprennent ordinairement les
observations barométriques, thermomélriqucs, hydromélriques,
hygrométriques , anémomélriques , etc. , un certain nombre
d'observations d'électricité atmosphérique-, mais sauf celles notées
tout à l'heure par M. Pictet, et qui prouvent que vers la fin
de février et le commencement de mars, il y a eu dans l'atmo-
sphère beaucoup plus de tension électrique , qu'il n'y en a ordinai-
rement à cette époque, je ne counois aucun travail spécial sur
cette partie de la Météorologie.
Sur le Magnétisme. 11 n'en est pas tout -à -fait de mêmfr
de celle-ci ; en effet , on a déjà publié des observations sur
l'aiguille aimantée faites par les officiers de l'expédition angloise
au nord , parmi lesquelles on remarquera les plus fortes décli-
naisons et inclinaisons qui aient encore été observées. On y
verra qu'à mesure que les vaisseaux se sont élevés à de plus
hautes latitudes , on a remarqué une influence plus grande
exercée sur les aiguilles horizontales des boussoles, par les forces
magnétiques propres au corps du vaisseau , et provenant des
masses de fer qu'il pouvoit renfermer. Jusqu'ici on avoit été
porté à croire que la loi à laquelle étoil arrivé le capitaine Fliuders,
que pour chaque latitude la force perturbatrice est sensiblement
proportionnelle à l'inclinaison magnétique comptée de l'horizon,
pouvoit donner la cause du phénomène, M. Biot , dans des
observations à ce sujet , insérées dans le Bulletin de la Société
Philomathiqite , 1818, pag. 172, a fait voir que l'hypothèse qui
se présente le plus naturellement pour expliquer cette relation,
et qui consiste à considérer la force magnétique du vaisseau,
comme ayant une énergie constante qui se transporte a diverses
latitudes, ne peut être conforme à la vérité, même pour les ob-
servations de Flinders ; il est porté à penser que la force dont
il s'agit, lient plutôt à l'ainiautalion instantanée que le globe
terrestre imprime, suivant les résultats des forces magnétiques,
à toute masse de fer; et en effet, les déclinaisons observées à
bord de l'Isabelle, en plaçant l'axe du bâtiment à divers azimuts,
présentent entre elles des différences énormes, et font des écarts
considérables autour de celles faites dans le même lieu, mais
ET d'iiistoirf. naturelle. 37
dans une position non influencée par le fer du navire, par
exemple, sur la glace.
D'après le résultai principal d'un Mémoire lu le 27 mars à
la Société royale de Copenhague, par M. Vlungel, contenant
des observations nombreuses sur l'aiguille aimantée, il semble
probable que la variation ouest est déjà arrivée h son maximum.
il nous paroît même qu'elle est réellement déjà rétrograde,
puisque l'état de l'aiguille aimantée à Paris é toit, le 10 février 1817,
de 22°,\j ouest, et le 12 octobre 181G, 22° 25'. L'inclinaison ,
pour 1817, éloit, le 14 mars, de 68° 38', et en 1810 de 68' 5o'.
Malgré le nombre assez considérable d'observations magné-
tiques faites dans un grand nombre de points de la surface des
raers, et dont on sent de plus en jdus l'importance pour le per-
fectionnement du compas des marins, et par conséquent de la
navigation , on n'est pas encore parvenu à trouver la loi empi-
rique des variations de l'aiguille, et encore moins une théorie
générale. M. Th. Yeates a cependant publié quelque chose à
ce sujet dans le Plulosophical Magazine, vol. LU, pag. 2g5.
Admettant avec quelques personnes que la terre a eu primiti-
vement une forme sphérique régulière, on peut, suivant lui,
regarder comme probable, qu'a celle époque le pouvoir ma-
gnétique avoit ses pôles correspondans à ceux du globe, et qu'il
n'y avoit pas de variations de l'aiguille; mais, comme il est
démontré que la terre est maintenant un sphéroïde aplati vers
les pôles, et que cela a été graduellement en croissant par le
pouvoir de l'action de la gravité sur les surfaces polaires, il
est possible que la variation des pôles magnétiques ail aussi la
même cause, et qu'aussi long-temps que la terre aura la forme
actuelle, et que son obliquité s'accroîtra, la variation des pôles
magnétiques continuera à augmenter dans toutes les parties de
la terre, comme on le voit acluelleraenf. D'après cette hy-
pothèse, M. Yeates ne voit pas qu'il soit impossible de tracer
les ligues de la sphère magnéiique sur un globe, et c'est en
effet ce qu'il exécute d'après les observations récentes, ce qui
lui semble confirmer sa théorie.
Des Météores lianineux. Quoiqu'on soit encore fort éloigné
d'avoir une idée un peu suffisante de ces sortes de phénomènes,
parce que leur apparence est ordinairement si s;ibite , leur
mouvement si rapide , et leur durée si couii;, que ion ne peut
souvent saisir que leur forme et leur diri-ctKjn , les observateurs
ne manquent cependant pas de consigner I histoire de ceux qu'ils
ont aperçus; on peut même dire qu'en général ils ont été foit
58 JOURNAL DE niTSIQrE, DE CHIMIE
rioiiiLreux celte année; c'est ce qui, très-probablement, aura
déterminé M. H. Clarlie à publier de nouveau , Philoso^
p/iical Magazine j vol. Ll , pag. i3o, l'excellent plan à suivre
dans ces sortes d'observations faites il y a une vingtaine d'années
par le D"" Maskclinc. Quoi qu'il en soit, M. le D'' Th. Young
a communiqué à MM. les Rédacteurs des jéhnales de Chimie,
l'observation d'un de ces météores qui est resté sans mouve-
ment plus d'une minute , comme une comète; le nucleus étant
au point de départ, il éloit très - lumineux. Il a été vu le 3
août 1818 , à II heures un quart, à Worthing, près de Cassiopée.
A propos de cette observation , le Rédacteur rapporte l'his-
toire d'un météore à peu près analogue, extraite par M. Bur^
Idiardt du registre original de Rirch; c'étoit une grande masse
de feu, plus claire et plus blanche que Vénus, et égale à peu
près à la moitié de la lui\e ; elle avoit une queue au-dessus et
au-dessous, et restoit immobile. Elle devint peu à peu plus pâle,
et disparut lout-à-fait, un demi-quart d'heure environ après son
apparition, le g juillet 1686, à une heure vingt minutes du matia
vers le midi.
M. Bened. Prévost a aussi consigné dans la Bibliothèque univer-
selle f tome VII, pag. i45, l'observation d'un autre météore qui
avoit, au contraire, un mouvement assez rapide du sud-ouest
au nord-ouest, et un éclat remarquable: il a été vu à Montauban,
le i5 février à 5 heures Sy minutes du soir, temps vrai, par
un grand nombre de personnes; il descendoit très-obliquement
de la hauteur de /^o à 45°; sa forme éloit arrondie, sa grandeur
plus considérable que celle de la lune; son apparition ne dura
que 5 à 6 secondes, et elle se termina par une traînée de feu;
en sorte qu'il se pourroit, comme le fait observer M. Prévost,
que ce fût un météore d'aérolithes , d'autant plus que 5 à Gminutes
après son apparition, on a entendu une délonnalion considérable.
Nous noterons encore le grand météore très-lumineux dont
M. Clarke a doimé l'histoire, ïhomson , Annals ofPliilosophj,
avril, p. 273. Il le vit le 6 février à Cambridge, à 2 heures environ,
au nord, descendant verticalement et très-rapidement, en in-r
diquanl la chute d'une matière en combustion, jusqu'à i5° de
l'horizon, où il disparut subitement. L'atmosphère éloit parfai-
tement serein, et le soleil très-brillant.
Ce même météore fut vu pendant quelques secondes àSwasfTham
dans le Norfolk, et à la même heure, sous la forme d'un corps
parfaitement rond de lumière blanche, donnant issue eu dessous
à une sorte de flamme.
ET d'iiistoif.e naturelle. ^9
Il parolt qu'il fut également en rapport avec le Ircmblemcnt
de terre du Liiicoln-Shire , dont nous avons parlé plus haut,
et qui fut accompagné d'un sifflement , bruit qui accompagne
la chute des aéroiilhes.
Il est fort probable que le bolide que le Moniteur A\i 24 février
dit avoir clé observé à Agcn en France le i5 février à 6 heures
du soir, par un beau ciel, et qui fut accompagné de tous les
phénomènes qu'on remarque dans la chute des aéroiilhes , éloit
dû également à une chute de pierres; mais c'est ce qu'on ne
peut assurer.
On a aussi observé un très-beau météore lumineux avec une
longue traînée dans la direction plein ouest, le 28 janvier à
6 heures du soir, à Compel Toivn, près le fort Saint-Georges.
Le corps du météore parut, à la vue simple, avoir un pied et
la queue six.
Quoique les aurores boréales soient évidemment des phéno-
mènes d'une nature diftërente, nous dirons cependant ici que
M. J. Hoy, Tilloch, Plulosophical Magazine ^\o\. IJI,pag. 422,
ayant pu. avoir des observations faites dans deux endroits dif-
férens, c'est-à-dire à Glasgow et à Gordon Caslle , d'une même
aurore boréale qui eut lieu l'année dernière, le 5 mars 1817,
a pu eu conclure sa distance de la terre de près de i iS milles.
Le même observateur donne les détails d'une antre aurore
boréale , qu'il a vue à Gordon Castle , le 5 février de celte année;
mais elle n'ofî're rien de bien remarquable.
" De la chaleur à la surface de la terre. C'est une des choses
les plus généralement connues, que la différence de tempéra-
ture que l'on observe sur deux thermomètres qui ne diffèrent
que par leur position, l'un au soleil et l'autre à l'ombre, et
tous les météorologistes ont bien soin de noter cette différence.
Personne ne s'étoit cependant encore imaginé de chercbor si
cette différence suivoit une loi quelconque , et qu'elle en éloit
au juste la cause. M. Flaugergues a entrepris une série d'ob-
servations a ce sujet, ^omme on a pu le von- dans son Mémoire
inséré, t. LXXXVII, pag.aSôde notre Journal. Après avoir pris
toutes les pj-écau lions convenables pour éviter toute espèce d'er-
reurs, comme d'employer un thermomètre à boule isolée, placé
à Tabri de toute réverbération du sol ou d'un corps voisin ,
de faire tomber les rayons solaires perpendiculairement sur une
moitié de la boule de l'inslrument ; il fut fort étonné de voir
que la différence entre les deux thermomètres, l'un exposé au
soleil et l'autre à l'ombre , varioil tous les jours, rarement de 3°,
4<> JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
communément de 4 à 5% et quelquefois même de 8 à g*; ce
qui le porla à penser qu'il y avoit quelque autre cause qui
exerçoit une influence dans ce phénomène. En efl'et, après une
série de près de io,ooo observations faites depuis le mois de
décembre i8i4 jusqu'en janvier i8i8, il est arrivé à ces corol-
laiies : i°. la difl'erence est en rapport inverse de la vitesse
du vent, 2°. quelle que soit d'ailleurs sa direction, 5°. la quantité
de chaleur que les rayons solaires peuvent produire à la surface
de la terre, est égale à 8',5j", et enfin quelque singulier que cela
Faroisse, en été comme en hiver; ce qui lui semble conflrmer
hypothèse de Deluc, que les rayons du soleil ne sont pas chauds
par eux-mêmes , mais la cause du développement du calorique
dans l'atmosphère ; et comme on pourroit penser que la dimi-
nution de la chaleur solaire, lorsque l'air est agité, ne vient
pas de ce que les rayons du soleil, dans cette circonstance,
produisent moins de chaleur, mais de ce que l'air continuelle-
ment renouvelé enlève plus de calorique au thermomètre, il
prouve rationnellement et expérimenlalemeat, que l'air, par son
agitation , ne devient pas un meilleur conducteur du calorique ,
que lorsqu'il est en repos, en sorte qu'il regarde comme évident,
que c'est par une modification particulière que l'agitation de
l'air occasionne dans raclion des rayons du soleil productive de
la chaleur, que ces rayons ne produisent pas autant de chaleur
lorsque l'air est en mouvement que lorsque ce fluide est en
repos. Quant à la nature de cette cause, il avoue franchement
qu'il n'a pas encore assez d'expériences pour se permettre seule-
ment de la soupçonner.
On ne trouvera pas des conclusions aussi évidemment con-
tradictoires avec ce qu'on avoit cru jusqu'ici dans les obser-
vations de M. Léan , sur la température des mines de Cornouailles,
que nous avons fait connoilre tome LXXXVII , p. 5o4-, en efl'et,
on y voit que la température augmente considérablement à me-
sure qu'on descend plus profondément, et cela, en été comme
en hiver, puisque le 9 juin i8i5, la température extérieure à
l'ombre étant de i5° centigrades, à 548"" elle étoit de 26,1 , et le
i5 décembre de la même année, le thermomètre extérieur
étant 10°; il a monté à 566'" de profondeur jusqu'à a5,5. La
température de l'eau existant dans cette mine, augmentoitégar
lement avec la profondeur, ainsi que dans les lieux où les mi-
neurs Iravailloient, et cela éloignés des puits et des courans
d'air.
Quaut aux expériences qui ont été faites en Ecosse, sur les
variations
T.T d'histoire NATURET.T.E.' 4'
variations de lempcralure observées dans le même lien et à dif-
férentes profondeurs au-dessous du sol, dans un jardin situe à
ALborshal, à 56° lo' de latitude noi'd, 5o pieds au-dessus de
la mer, et à uu demi-mille de la côte, il nous semble qu'où
ne peut en tirer des conclusions bien rigoureuses, parce qu'elles
ont été faites en 181G et 1S17, années où l'été fut extrêmement
froid. Aussi est-ce à cette cause que M. Leslie lui-même attri-
bue que la température moyenne du sol parut diminuer à me-
sure que l'on pénétroil plus avant dans la terre. On peut ce-
pendant y voir qu'aux quatre profondeurs où l'on a expérimenté',
c'est-à-dire à 1, 2, 4 et 8 pieds, la température augmente jus-
qu'au mois de juillet , pour redescendre ensuite jusqu'en janvier
ou février, et que les variations sont moindres lorsque la pro-
fondeur est plus grande; qu'en Ecosse, à la latitude de 5o' la
gelée ne se fait pas sentir à un pied anglois de profondeur,
et enfin que c'est avec une grande lenteur que les variations
de température se font sentir dans une masse terreuse.
Uu des phénomènes qui a continué à occuper encore les
savans dans le cours de cette année, est la grande quantité
de glace que l'on a rencontrée à des latitudes plus ou moins
élevées, en 1816, 1817 et 181S. D'après le récit de plusieurs na-
vigateurs, 45oo milles carrés de glace auroient quitté, en 1S17,
la côte orientale du Groenland et les régions voisines du pôle,
en sorte que l'on a pu pénétrer jusqu'à 83° de latitude nordj on
a remarqué que quelques-unes de ces îles de glaces de plusieurs
milles de long et de 4 à 5oo pieds de haut, entraînoient avec
elles des roches et des troncs d'arbres; et bien plus, le lieutenant
Kotzebue, de la marine russe, en a rencontré dont une partie de
la surface étoit couverte de terreet de terreau, et quiporloicntdes
arbres et d'autres végétaux. Nous avons rapporté plus haut,
que M. Moreau de Jonnès paroît porté à penser que le grand
ouragan des Antilles d'octobre , pourroit avoir des rapports
d'effets avec cette fonte de glaces dans nos climats. On a éga-
lement pensé qu'il en pourroit être de même des tempêtes con-
tinuelles du sud-est, accompagnées de chaleur, de pluie, d'orage
et d'un état très-électrique de l'atmosphère, qui ont eu lieu vers
la fin de février et au commencement de mars dans presque
toute l'Europe; enfin on veut encore que ce soit à ces im-
menses glaçons qui sont venus se fondre dans nos mers,
qu'aient été dus les saisons humides et froides que nous avons
eues en 1816 et 1817. Peut-être enfin se trouvera-t-il quelques
personnes qui, raisonnant toujours un peu d'après leposl hocergo
Tome LXXXVIII. JANViER an 1819. F
42 JOUUNAL DE TIIYSIQUE, DE CHIMIE
propter hoc, attribueront la grande sécheresse qui a été si re-
marquable celle année , et qui existe encore , à la même
cause. C'est Irès-probablement celte manière trop commune de
raisonner, qui a conduit un des Rédacteurs An Journal de l'in-
slilution rojale, à renouveler cette fameuse question de la dé-
térioration de nos climats. Regardant comme indubitable qu'en
Angleterre, depuis un certain nombre d'années, le printemps
vient plus tard, que l'été est plus, court , et qu'en général ces
saisons sont plus froides et plus humides, ce qu'il prouve encore
en faisant observer que la vigne a été cultivée autrefois dans
ce pays; il en trouve la cause dans l'accumulation des glaces
dans les régions boréales, qui lui semble avoir été considérable
et rapide. Mais le mal ira-t-il toujours en croissant , ou le
climat de celte partie de l'Europe reviendra-t-il à son premier
étal? Cela lui paroît fort improbable, parce qu'il pense que la
masse de glace qui obstruoil la côte Est du Groenland, depuis
plusieurs cenlaines d'années, n'en a été détachée que par quel-
que grand courant du détroit de Davis, et non pas par une
augmentation de température à la surface de la terre. Il croit
donc que les régions boréales vont retourner à leur premier état,
€t il s'appuie sur ce que la variation occidentale de l'aiguille
aimantée commence à décliner, et a déjà rétrogradé de quelques
degrés au vrai nord.
Malgré ces assertions alarmantes, et quipourroient encore être
appuyées sur les observations indubitables de l'accroissement
des glaciers des Alpes , comme de ceux tl'Aster dans le voisinage
de Chiavenlia dans le Tyrol , de la vallée de Nandisberg, et
surtout de celui de Boscone, que M. Pictet assure s'être dernière-
ment avancé de 5o pieds, malgré la douceur de l'hiver dernier,
MM. les Rédacteurs des Jlnnales de Chimie et de Physique ,
tome IX, pag. 292, ont réfuté d'une manière tout-à-fait pé-
remploire , l'hypothèse de la détérioration de nos climats, en
prouvant d'abord par des rapprochemens historiques, jusqu'en 1774
environ , où commencent les bonnes observations thermomé-
triques, qu'il est souvent arrivé de très -grands froids,' même
dans les contrées les plus méridionales de l'Europe, comme
en Italie, ce dont ils donnent des exemples nombreux tirés d'un
extrait de l'ouvrage de Pilgram, publié par M. Leslie dans
VEdiinlmrgh Review. Mais depuis 1774, ils ont pu former, d'après
les Transactions philosophiques, des tableaux qui montrent évi-
demment qu'on n'a réellement aucune raison de penser que le
climat de l'Europe s'est détérioré. C'est ce dont on peut se cou-
ET d'histoire naturelle. 45
vaincre par les deux tableaux suivans, donnant les moyennes
par période de 10 ans à Londres et à Slockolm, les degrés
Minimum moyen.
— 6°5
— 7,1
étant centigrades
i.
Moyenne par
P'
triode de lo
ans
à Londres.
Anncps.
1774 à 1789
1790 17'J9
iSoo 1809
1808 1817
TciupiT.ilurc moyenne.
+ io°9
4- 10,1
+ >o,8
+ 10,5
Maximum moyen,
-f- 28° I
+ 28,5
+ 27,5
+ 25,5
— ^,7
-5,8
Moyenne par période de lo ans à Stockolm.
Années. Tempe-rature moyenne.
1758 à
1767
+
5'7
1768
1777
+
5,7
1778
1787
+
5,7
1788
1797
+
6,4
1798
1807
+
5,0
D'après cela, il est aise' de voir que la tempe'rature moyenne
est à peu près la même depuis 40 aus. M. Z. A., Philosophical
Magazine , -vol. LI, pag. 199, nous semble même aller plus loin,
en montrant que la formation de la glace doit tendre à adoucir
la température des lieux où elle s'exécute, du moins en appliquant
à l'influence des glaces polaires sur les autres climals, la théorie
généralement admise, qu'un corps passant à l'état concret doit
dégager du calorique dans l'air environnant.
Quoi qu'il en soit, c'est à celte débâcle des glaces boréales qu'est
due l'entreprise d'un grand voyage de découvertes au nord de
l'Europe, dont nous avons déjà eu occasion de parler. Malgré
la facilité que l'on supposoit h remonter à peu de distance, et
peut-être jusqu'au pôle, les vaisseaux de l'expédition n'ont pas
même été jusqu'à 80°, et n'ont pu déterminer si le Groenland
est une île ou non. Aussi annonce-t-on déjà qu'une nouvelle
expédition angloise sera envoyée cette année pour celle dé-
termination , et surtout , sans doute , pour la recherche d'un
passage au nord-ouest de nos mers, dans celle de l'fude , qpe
l'Angleterre suppose devoir lui être si avantageux.
PHYSIQUE.
Les deux parties de la Physique dont on s'est encore le
plus occupé dans le cours de celte année, sont évidemmeut
F 2
44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE C1UM(E
celles qui traitent des phe'noniènes de la lumière et de la
chaleur.
De la Lumière. M. Arago ayant de'monlre que le mouvement
du globe terrestre n'a aucune influence sensible sur la réfraclion
des rayons qui émanent des étoiles , avoit bien senti que ce
résultat ne pouvoit être explique dans le système de l'e'mission ,
qu'en supposant que le corps lumineux imprime aux molécules
de lumière, une infinité de vitesses différentes, el que ces
molécules n'aflectoieut Porgane de la vue , qu'j^vec une seule
de ces vitesses, on du moins entre des limites très-rapprochées,
et telles, qu'un dix-millième en plus ou en moins est plus que
suffisant pour empêcher la sensation ; mais s'apercevant que la
nécessité de cette hypothèse n'étoit pas une des moindres dif-
ficultés du système de l'émission , il crut devoir engager M. Fresnel
à examiner si le résultat de ces observations pouvoit plus ai-
sément se concilier avec le système d'Euler, qui fait, comme
on sait, consister la lumière dans la vibration d'un fluide uni-
versel , qu'il nomme élher. Le résultat de celle recherche est
le sujet principal d'une Lettre de M. Fresnel, sur l'influence
du mouvement terrestre dans quelques phénomènes d'optique,
insérée dans les annales de Chimie j tome IX, pag. 57; ce pliy-
sicien suppose d'abord que l'élher passe librement au travers
du globe, et que la vitesse communiquée à ce fluide subtil,
n'est qu'une petite partie de celle de la terre, hypothèse nu
premier abord, assez extraordinaire, mais sans laquelle il lui
semble impossible d'expliquer l'aberration des étoiles; mais alors
ce phénomène lui paroît aussi aisé à concevoir dans les deux
théories de la lumière, en ce qu'il résulte du déplacement de
la lunette pendant que la lumière la parcourt; il démontre en-
suite, par l'analyse, comment dans la même hypothèse, la ré-
fraction apparente ne varie pas avec la direction des rayons
lumineux, par rapport au mouvement terrestre, et il en conclut
que le mouvement de notre globe ne doit avoir aucune influence
sensible sur la réfraction apparente, lors même que l'on sup-
pose qu'il ne communique à l'éther qu'une très -petite partie
de sa vitesse, et qu'il doit en être de même de la réflexion.
La même théorie qui l'a conduit à ce résultat, appliquée à l'ex-
périence proposée par Boscovich, consistant à observer le phé-
nomène de l'aberration avec une lunette remplie d'eau, ou d'un
fluide beaucoup plus réfringent que l'air, démontre également
que dans le système d'émission comme dans celui des ondula-
ET d'histoire NATUPvELLE. /^5
lions, le mouvement terrestre ne doit rien changer aux appa-
rences des phénomènes.
De la Polarisation de la Lumière. M. Biot, auquel nous devons
un si grand nombre de faits dans celle nouvelle branche de la
Physique , a continué avec une persévérance bien digne de la
reconnoissance du monde savant, les recherches qui lui per-
mettront, sans doute incessamment, de donner une théorie gé-
nérale de ces phénomènes déjà très-nombreux. C'est ainsi quil
est arrivé à déterminer les lois suivant lesquelles est, pour
ainsi dire, réglée la rotation d'un rayon blanc qui, primitive-
ment polarisé en un seul sens par la réflexion , est transmis à
travers diverses substances, tant solides que fluides; ces lois
sont : 1°. que dans chaque substance, l'axe de rotation décrit par
le plan de polarisation d'une même molécule lumineuse, est
proportionnel à l'épaisseur de cette substance; 2°. pour une
même substance et une même épaisseur, les arcs de rotation
des molécules lumineuses de réfrangibilité diverse, sont récipro-
quement proportionnels aux carrés des longueurs de leurs accès.
Au moyen de ces lois , on peut calculer la distribution des
plans de polarisation, en déduire la proportion de chaque rayon
simple, et de celle-ci calculer la teinte composée qui résulleroit
de leur mélange. Les résultats obtenus de cette manière , se
trouvent minutieusement conformes à l'observation. Quant à la
cause physique de celle rotation, on peut, dit-il, prouver par
des expériences, 1". qu'elle tient aux particnles mômes des sub-
stances indépendantes de leur état d'aggrcgation ; 2°. que les
particules douées de cette propriété, ne la perdent pas en passant
par les divers étals de solide, de liquide et de gaz, et qu'elles
la conservent, même sans altération, dans des combinaisons
fort énergiques où on les engage, en sorte qu'on ne peut la
leur ôter qu'en les décomposant.
Quoique les sciences doivent être considérées d'une manière
indépendante de toute application , il n'est pas moins utile, pour
en faire sentir l'importance, de montrer, lorsque l'occasion s'en
présente, qu'elles peuvent être employées avec plus ou moins
d'avantage, soit au perfectionnement d'une autre science, soit
même à un usage direct. C'est ainsi que déjà M. Biot avoil ima-
giné un colorigrade , propre à comparer les couleurs fiictices
ou naturelles, à une mesure prise pour ainsi dire dans la na-
ture, c'est-à-dire aux teintes des anneaux colorés. Cette année
il a ajouté un perfectionnement à ce colorigrade, en substituant
aux deux lames de mica collées l'une à l'autre, et dont les axes
4^ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
plans sont croises reclangulaireinent , une seule lame de mica
de Sibérie, bien transparente, et telle que sous l'incidence per-
pendiculaire elle enlève à la polarisation primitive le blanc du
premier ordre. Cette lame adaptée dans le colorigrade, de ma-
nière que son axe plan soit perpemliculaire à la lige de rota-
tion qui fait tourner Ja lame, donne toutes les teintes comprises
depuis le commencement des anneaux jusqu'au jaune du second
ordre. Les autres teintes sont obtenues avec d'autres lames pré-
parées de même, placées séparément ou ensemble dans le trajet
du rayon limiineux, et dans des coulisses qu'offre l'instrument;
mais toujours sous l'incidence perpendiculaire. De cette manière
l'instrument est beaucoup plus aisé à construire , et la beauté
des couleurs est telle , qu'il seroit presque impossible de rien
trouver dans la nature de comparable, parce que dans les corps
colorés, il se mêle toujours à leur couleur propre, une plus
ou moins grande quantité de lumière blanche. Pour remédier
pour ainsi dire à ce trop de perfection, M. Arago a suggéré
à M. Biot, de rendre le verre polarisant du colorigrade mobile
dans son inclinaison; alors il n'exerce plus la polarisation com-
plète, et par conséquent il mêlera de blanc la couleur pure
des anneaux donnée par la lame de mica intérieure, et la com-
paraison pourra être plus parfaite.
Une autre application de la polarisation faite par M. Biot, est
la distinction des différons corps minéraux connus sous le nom
de micaj et dont il nous paroît plus convenable de parler à
l'article de la Minéralogie.
M. Dan. Brewster, auquel cette partie de la Physique doit
aussi un grand nombre de faits curieux , a publié cette année
dans la seconde partie du 8^ volume des Transactions de la Société
royale d'Edimbourg, deux Mémoires importans , dont nous avons
déjà dit quelque chose dans notre Journal; l'un, sur les elfets
de la compression et de la dilatation , pour altérer la structure
polarisante des cristaux à double réfraction, et l'autre, sur les
lois régulatrices de la distribution des forces polarisantes dans
les lames, tubes et cylindres de cristal qui ont reçu les forces
polarisantes; et dans la première partie des Tratisanct. plulosoph.
de Londres pour i8i8, il a donné une sorte de théorie gé-
nérale sur les lois de la polarisation et de la double réfraction
dans les corps cristallisés régulièrement; mais nous n'avons pu
encore nous procurer ces Recueils pendant assez de temps, pour
que nous puissions faire autre chose qu'annoncer ces différens
travaux.
ET d'histoirk naturelle. 47
Dans les expériences sur la polarisation, on emploie très-
souvent des prismes à double réfraction, et il est très-important
qu'ils soient parfaitement achromatiques. Jusqu'ici ceux dont ou
se sert sont entièrement formés de spath calcaire. Mais M. Brews-
ter, qui leur a reconnu le défaut de laisser incorrecte une por-
tion considérable de la couleur d'une des images, a publié,
dans les annales de Thomson, mars, p. lyS, la manière d'en
faire un qui est complexe, mais qui est parfaitement achro-
matique , et dans lequel la disposition des deux images est cor-
rigée d'une manière simultanée. Comme il seroit difficile d'en
donner une jdée suffisante sans figure, nous nous contenterons
de dire qu'il se compose d'un prisme triangulaire de spalh
calcaire, et de deux autres de cristal appliqués contre le grand
côté de celui-ci, et tellement construits, que l'un peut cor-
riger la couleur de l'image la plus réfractée, et l'autre, celle
de la moms rétractée; au point de reunion, et a la surtace
d'entrée et de sortie, il applique en outre un cément d'un pou-
voir réfringent différent, suivant qu'il désire que les deux images
soient également ou inégalement parfaites.
Du Kaléidoscope. Nous passerions presque sous silence l'in-
strument, ou mieux, le joujou d'optique qui a été si à la mode
chez les anglois comme chez nous, pendant les deux premiers
tiers de cette année, et que l'on a décoré du beau nom grec
de Kaléidoscope, s'il ne nous donnoit l'occasion de faire la ré-
flexion , que, quoi qu'on en ait dit, lorsqu'il s'est agi de dé-
nommer les nouvelles mesures, il éloit très-possible de faire retenir
les noms malheureusement gallo-grecs qu'on leur avoit donnés,
puisque celui de Kaléidoscope a été parfaitement et promplement
prononcé, et retenu par les ignorans comme par les gens instruits,
par les jeunes comme par les vieux , parles femmes comme par les
hommes. Du reste, la composition ordinaire de cet instrument
est bien simple, puisqu'il consiste en un tube de matière quel-
conque, dans toute la longueur duquel sont deux miroirs pl.ins,
inclinés l'un à l'au'.re sous un angle de 5o°; à l'une de ses ex-
trémités sont deux .verres plans, l'un extérieur dépoli, l'autre
intérieur transparent, dans l'intervalle (environ d'une ligne)
desquels on met toutes sortes de petits fragmens de verre et de
pierres colorés; à l'.intre extrémité du tube est un diaphragme
percé d'un trou rond; c'est par là que l'on regarde vis-à-vis d'un
corps lumineux, et eu tournant l'instrument lentement sur son
axe, ou voit se succéder des figures régulières symétriques ex-
4S JOURNAL DE PÏIYSIQUE, DE CHIMIE
trômement variables, et souvent d'une élégance tout-à-fait re-
marquable.
La tlieorie montre aisément que pour que tout le champ du
Kaléidoscope soit rempli par des figures qui se joignent, et
qui soient d'une même intensité de Jumière, ou ne peut employer
des polygones à angles obtus, et par conséquent que le plus
grand nombre de glaces qui puisse entrer dans la composition
d'un Kaléidoscope, est de quatre, et disposées en carré ou en
reclangle. Celte espèce de Kaléidoscope ne produit pas de$
figures aussi agréables que les triangulaires qui peuvent être
de trois sortes; la première, dont les glaces font un triangle
équilaléral , produit des images très-régulières sur trois lignes,
qui se coupent sous des angles de 60" et de 120% et forment
ainsi des triangles enchaînés ; la seconde , en triangle rectangle
isoscèle, partage le champ du Kaléidoscope en carrés réguliers,
dont la symétrie produit des combinaisons fort agréables; enfin
la troisième, dans laquelle on prend pour base la moitié d'un
triangle équilatéral , partagé par une perpendiculaire du sommet
sur la base, produit des images d'une grande beauté, qui se
groupent en compartiment au nombre de six.
Nous ne nous arrêterons pas à discuter si l'on trouve dans
des auteurs plus ou moins anciens, des inslrumens qui ont quel-
ques rapports avec le Kaléidoscope, parce que cela est évident;
mais il ne l'est pas moins que le D"" Brewsler doit être regardé
comme le véritable inventeur du Kaléidoscope proprement dit,
et que dans le cours de ses recherches sur la lumière, il a pu
y arriver directement sans connoitre ce qui pouvoit avoir été
fait avant lui.
De V Electricité et du Galvanisme. \\ n'est arrivé à notre con-
noissance sur ces deux parties si intéressantes de la Physique,
qui ont occupé successivement un grand nombre de savans de
l'Europe , mais qui semblent aujourd'hui un peu négligées,
qu'un assez petit nombre d'observations. La plus curieuse est
celle de M. J. Tatum , Plulosoplucal Magazine , vol. LI, p. 438,
qui a prouvé par des expériences, que les métaux que l'on re-
garde ordinairement comme an - électriques, sout réellement
doués de toutes les propriété* électriques des corps vitreux et
résineux, et que l'on peut faire produire au même corjjs mé-
tallique ou non, une électricité négative ou positive à volonté;
d'où il conclut que la division des corps eu électriques et an-
électriques , de même que celle en négatifs et positifs reposent
entièrement sur une erreur «t sur le mode d'expériences. M. H.
Upingloq
ET d'histoire naturelle. 49
Upinglon a publié dans le même Journal, tome Llf , pag. 4?»
la description d'uu condensateur électrique qu'il avoit imaginé
dès i8jo. Comme il scroit fort difficile d'en donner une idée
suffisante sans figure, nous nous bornerons à dire, qu'il paroU
devoir bien remplir le but proposé, c'est-à-dire de rendre sen-
sibles les plus petites portions d'électricité , et qu'il consiste en
une capacité divisée en trois; la première, sur laquelle on ap-
plique le corps à examiner, est la source; c'est une plaque de
cuivre d'un pouce | de diamètre, portée sur un pied de cristal
verni; la seconde , qui sert de moyen de transport, est de même
matière et de même diamètre; elle peut tourner; enfin, la
troisième est formée de deux condensateurs combinés, l'un d'un
pouce I de diamètre, et l'autre de six, servant de réservoir.
D'où l'on voit qu'il est assez compliqué. Enfin , le professeur
Zamboni a apporté un petit perfectionnement à l'appareil au-
quel on a donné son nom, peut-être à tort; on a pu voir
qu'il consiste à transformer l'enveloppe de la pile proprement
<îite, en une bouteille de Leyde , de manière à ce que la tension
électrique soit toujours considérable.
De la Chaleur. M. Fourier, dans un Mémoire dont un extrait
a été publié dans le numéro de janvier du Bullelin de la So-
ciété Philomalhique , a traité de la température des habitations
et du mouvement varié de la chaleur dans un prisme rectan-
gulaire. Cette seconde question tenant entièrement à la théorie
analytique de la chaleur, nous n'essaierons pas d'en donner ici
un extrait, mais nous allons le faire pour la première, qui offre
une application de la théorie aux applications civiles, et qui
intéresse par conséquent les arts et l'économie. Pour découvrir
les lois simples et constantes du phénomène, l'auteur suppose
qu'un espace de figure quelconque et fermé de toutes parts,
est rempli d'air atmosphérique ; que l'enceinte solide qui le ter-
mine est homogène, et partout de même épaisseur, et que
ses dimensions sont assez grandes, pour que le rapport des deux
surfaces diffère peu de l'unité; que l'air extérieur conserve une
température fixe et donnée , et enfin que l'intérieur est exposé
à l'action constante d'un foyer dont on conuoît l'intensité; en
sorte que la température de l'air intérieur soit partout uniforme,
en faisant alors abstraction de l'introduction d'un nouvel air
par les issues, etc. Il réduit ensuite la question à une question
d'analyse ordinaire, la résout, et arrive aux résultats suivans;
1°. le degré de réchauffement ne dépend pas de la forme de
l'enceinte, ni du volume qu'elle forme, mais du rapport des
Tome LXXXriII. JANVIER an 1819. G
5o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
deux surfaces et de son e'paisseiir; 2°. la capacité de chaleur de
l'enveloppe solide et celle de l'air n'entrent pas dans l'expression
de la lempërature finale , mais influent seulement sur réchauffe-
ment variable; 5°. le degré de réchauffement augmente avec
l'e'paisseur de î'enceinle, et il est d'autant nioindre, que la con-
ductibilité de l'enveloppe solide est plus grande; 4°- la qualité
des superficies ou de l'enveloppe qu'elle couvre procure le même
résultat final; 5°. le degré de réchauffement ne devient pasnuly
lorsqu'on rend l'épaisseur infiniment petite; 6°. on peut aug-
menter le degré final de réchr.uflement , soit en donnant une
plus grande épaisseur à l'enceinte, soit en le formant d'une sub-
stance moins conductible, soit en changeant l'état des surfaces
par le poli ou lus tentures.
Si le même espace est chaufle par deux ou un plus grand
nombre de foyers de même espèce, ou si la première enceinte
est contenue dans une autre séparée de la première par une
masse d'air , M. Fourier, détermine d'après les mêmes principes,
le degré d'échauffement et les températures des surfaces. On voit,
par exemple, que des enveloppes solides séparées par l'air,
quelque petites qu'elles soient, doivent contribuer pour beau-
coup à l'élévation de température; en sorte que si l'on divisoit
l'enceinte en plusieurs autres qui n'auroient en totalité que son
épaisseur, on obliendroil par cette seule séparation des surfaces
et avec le même foyer, un très-haut degré d'échauffement.
Le travail de M. Fourier, dont nous venons de donner une
idée, nécessairement fort incomplète, offre cependant un vé-
ritable intérêt, même pour les personnes hors d'état d'en suivre
les développemens mathématiques , parce qu'il est curieux de
voir que la théorie peut aussi ramener les résultats à un même
principe, et en donner la mesure exacte; mais le plus im-
portant, sans doute, des travaux qui ont été encore publiés
sur la théorie de la chaleur, et même depuis long-temps dans
les diverses parties de la Physique, est celui de MM. Petit et
Dulong, intitulé : Sur la mesure des Températures et sur les Lois
de la communication de la chaleur. On y recoisnoîl en effet, cette
heureuse association de l'art si difficile de faire des expériences
avec celui de rendre les résultats plus évidens , plus généraux,
en leur appliquant l'analyse mathématique. Aussi , dans cet ou-
vrage, la marche logique au moyen de laquelle l'utilité, l'espèce
d'expérience ont été déterminées, est- elle au moins aussi ri-
goureuse que le soin avec lequel les expériences ont été faites, eiv
prévenantou en tenant compte d'erreurs souvent inévitables.
ET d'iiistoii\e naturelle. 5l
C'est rimpoiiance de ce beau travail, et surtout rinfluence
qu'il nous semble devoir exercer sur la manière dont les recherches
physiques doivent être faites dans letat actuel de la science,
qui nous a déterminés à l'insérer en entier dans notre Collec-
tion. Ce seroit donc un véritable double emploi d'en donner ici uq
extrait un peu détaillé, nous allons nous contenter d'analyser
la marche des auteurs, et de rapprocher les résultats principaux
auxquels ils sont parvenus.
Pour déterminer les lois de la communication de la chaleur,
il falloit évidemment commencer par rechercher les moyens de
mesurer les températures, et c'est en effet ce qui forme la pre-
mière partie du travail de MM. Petit et Dulong; mais on me-
sure les températures ou les degrés de chaleur au moyen du
thermomètre, c'est-à-dire d'un instrument qui, s'il é toit parfait,
seroit un corps dont les dilatations seroient constamment en
rapport avec l'augmentation de chaleur ; mais ce corps est en-
core à trouver, et tous ceux qu'on emploie pour faire des
thermomètres ', solides , liquides ou gazeux , sont plus ou
moins éloignés de ce degré de perfection. Il falloit donc com-
mencer par constater si la capacité d'un grand nombre de
corps prise avec une même échelle, varie de la même manière,
ou si les dilatations des substances qui diffèrent le plus par leur
nature, sont soumises aux mêmes lois. Comme cette dernière
question est beaucoup plus susceptible de rigueur que la pre-
mière, c'est sur elle que ces Messieurs ont le plus appuyé. Ils
ont pris pour point de comparaison, le thermomètre à mercure,
et ils lui ont successivement comparé la dilatation des gaz. Ils'
ont pu aisément le faire dans les températures depuis celle de
l'eau bouillante jusqu'à la glace fondante, e^ même jusqu'à 3o
et 36' au-dessous, c'est-à-dire dans une étendue de plus de
100* de l'échelle; mais au-delà du terme de l'ébullition , cela
a été beaucoup plus difiicile à déterminer, et ils ont été obligés pour
cela, d'imaginer des procédés fort ingénieux et assez compliqués
au moyen desquels ils sont arrivés à établir en principe, que tous
les gaz se dilatent absolument de la même manière ^ et de la même
quantité pour des chaugemens égaux de température ; mais comme
leur but principal de comparer la marche de dilatation du mer-
cure et de l'air, n'éloit pas tout-à-fait atteint de celle manière,
parce que dans le thermomètre il y a une enveloppe qui peut
ne pas avoir une dilatabilité semblable à celle du mercure, il
a fallu chercher quelle est réellement la dilatabilité absolue du
mercure, ce qui est d'une grande importance, non-seulement
Ci 3
53 JOURNAL Dr PHYSIQUE, DE CHIMIE
dans les reclierches de physique , mais eacoie dans le nivelle-
ment barométrique; c'est ce qu'ils ont obtenu au moyen d'un
procède de leur invention , et ils ont montré que la dilatation
de l'enveloppe de l'instrument et celle du liquide contenu sont
très-diffe'rentes; et en effet, le thermomètre à air marquant Soo'
sur son e'chelle, le mercure pris isolément en indiquoit 3i/,,
tandis que dans le thermomètre ordinaire il ne monloitqu'à 307,64.
Ils sont ensuite partis de là pour avoir une connoissance fort
exacte de la dilatation de plusieurs corps solides, puisqu'il suf-
fîsoit, pour y parvenir, de mesurer la différence d'expansion
du mercure, et de chacun de ces corps. Ils ont opéré successi-
vement sur le verre, dont la dilatation est bien loin d'ôlre uni-
forme, puis sur le fer, le cuivre et le platine. En rapprochant
les résultats obtenus, ils ont prouve, contre l'opinion généra-
lement reçue, que la dilatabilité des solides rapportés au ther~
momètre à air est croissante _, et (Qu'elle est différente pour chacun
d'eux.
D'après le résultai de ces recherches, on voit qu'en rapportant
une série de phénomènes successivement à des thermomètres
gazeux, liquides ou solides, on a autant de lois particulières;
alors pour se déterminer dans le choix, il falloit encore savoir
comment varie la capacité de tous les corps de chacune de ces
échelles ihermométriques; c'est ce que MM. Petit et Dulong re-
cherchent ensuite dans des expériences faites dans un intervalle
de 100 à 350°, et ils montrent que les capacités des corps solides
croissent avec les températures mesurées avec le thermomètre à air.
Après avoir ainsi constaté par l'observation , ces différens phé-
nomènes, ils cherchent si l'échelle thermoméirique proposée par
M. Dalton , jouit de tous les avantages qu'on lui attribue, et
ils montrent que les quatre lois établies par ce physicien, ne re-
présentent nullement les phénomènes.
D'après ce qu'il vient d'être dit sur les variations de capacité,
il est évident qu'aucune échelle thermoméirique ne peut in-
diquer immédiatement les accroissemens de chaleur correspon-
dans a une élévation déterminée de température; qu'il n'existe
aucune échelle thermométrique dans laquelle la dilatation de
tous les corps se laisse exprimer par des lois simples; cepen-
dant quoique dans l'état actuel de la question , on ne puisse
donner aucune raison péremploire pour adopter exclusivement
l'une de ces échelles plutôt que l'autre, d'après l'uniformité
bien connue dans les principales propriétés physiques des gaz,
et surtout ndenlllé parfaite dans la loi de dilatation, il est pro-
ET d'uistoire naturelle. 55
bable que le plus grand nombre des phénomènes relalifs à la
chaleur, doit se présenter d'une manière plus simple daus les ther-
momètres à air. Aussi MM. Petit et Dulong s'en sont-ils servis
exclusivement dans la seconde partie de leur travail sur les lois
de refroidissement; ils traitent successivement du refroidissement
en général daus le vide, dans l'air et les gaz, en réfutant au
fur et à mesure les théories admises avant eux, et ils arrivent
aux sept lois suivantes.
« 1°. Si l'on pouvoit observer le refroidissement d'un corps
placé dans le vide terminé par une enceinte absolument dépourvue
de chaleur, ou privée de la faculté de rayonner, les vitesses
de refroidissement décroîlroient en progression géométrique,
lorsque les températures dlminuerpient en progression arith-
métique.
» 2*. Pour une même température de l'euceinte vide dans
laquelle un corps est placé , ses vitesses de refroidissement, pour
des excès de température en progression arithmétique, décroissent
comme les termes d'une progression géométrique diminués d'un
nçmbre constant. Le rapport de celte progression géométrique
est le même pour tous les corps, et égala 1,0077.
M 5'. La vitesse du refroidissement dans le vide, pour un
même excès de température, croît en progression géométrique,
la température de l'enceinte croissant en progression arithmé-
tique. Le rapport de la progression est encore 1,007c pour tous
les corps,
» 4°- La vitesse du refroidissement , due au seul contact d'un
gaz , est entièrement indépendante de la nature de la surface
des corps.
M 5°. La vitesse de refroidissement, due au seul contact d'un
fluide, varie en progression géométrique , l'excès de température
variant lui-même en progression géométrique. Si le rapport de
celte seconde progression est 2, celui de la première est 2,55,
quelle que soit la nature du gaz et sa force élastique.
» Celle loi peut encore s''énoncer en disant que la quantité
de chaleur enlevée par un gaz est, dans tous les cas, propor-
tionnelle à l'excès de la température du corps élevé à la puis-
sance 1,233.
» 6°. Le pouvoir refroidissant d'un fluide élastique diminue
en progression géométrique, lorsque sa tension diminue elle-
même en progression géométrique. Si le rapport de celte se-
conde progression est 2, le rapport de la première est jJ>6fi
54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
pour l'air, i,3oi pour riijdrofjcne, i,43i pour l'acide carbo-
nique, i,4i5 pour le gaz olcfiant.
» On peut encore présenter celle loi de la manière suivante.
» Le pouvoir refroidissant d'un gaz est, toutes choses égales
d'ailleurs, proportionnel à une certaine puissance de la pression.
L'exposant de cette puissance qui dépend de la nature du gaz,
est 0,45 pour l'air, o,5i5 pour l'hydrogène, 0,517 pour l'acide
carbonique, o,5oi pour le gaz oléfiant.
» 7°. Le pouvoir refroidissant d'un gaz varie avec sa tem-
pérature de telle manière que, si ce gaz peut se dilater, el
qu'il conserve toujours la même force élastique, le pouvoir
refroidissant se trouvera autant diminué par la raréfaction du
gaz, qu'il est augmenté par son échauffement, en sorte qu'il
ne dépend en définitif que de sa tension. »
Quant à la loi totale du refroidissement qui se compose
de toutes les lois précédentes, on conçoit qu'elle a dû être ex-
trêmement compliquée ; aussi MM. Dulong et Petit l'ayant
donnée sous forme mathématique dans le cours de leur travail,
n'essaient-ils pas de la traduire dans le langage ordinaire.
Des ouvrages qui embrassent une partie plus ou moins con-
sidérable de la théorie de la chaleur, nous passons aux faits
particuliers. Depuis assez long-temps M. Achard avoit fait des
expériences pour s'assurer si le degré de chaleur de l'eau pure
bouillante est fixe et invariable, indépendamment de toute autre
cause que de la pression de l'atmosphère ; mais ses expériences
avoient été faites avec trop peu de précautions^ pour qu'où
pût admettre les deux conséquences principales assez singulières,
auxquelles il étoit arrivé. Plusieurs années après, M. Gay-Lussac
s'aperçut qu'un thermomètre qui marquoit 100° dans de leau
bouillante dans un vase de fer-blanc, s'arrêtoil à plus d'un degré
au dessous dans un vase de verre , toutes les autres circonstances
étant d'ailleurs égales; d'où il avoit été conduit à conclure que
l'eau bout plutôt dans un vase métallique que dans un vase de
verre. Cette année, M. le professeur Muncke d'Heidelberg a
cherché, par des expériences faites conjointement avec M. Gmelin,
à constater ce fait, et l'on pourra voir dans l'extrait que nous
avons inséré de ce travail dans le tome LXXXVI, pag. 245,
que, suivant lui, les résultats qu'il a obtenus ne sont pas fa-'
vorables à l'observation de M. Gay-Lussac ; mais il est réellement
évident , comme le prouve celui-ci dans un article en réponse
à M. Muncke, inséré dans le tome VII, pag. 57 des J anales
(le Chimie^ que la moyenne des résultats obtenus par ce dernier
i
ET d'uistoire naturelle. 55
physicien , confirme au contraire robservalioii de M. Cay-
Lussac, qui au reste a eu depuis l'occasion de la constater plusieurs
fois , et même d'en faire des applications. Celte réplique lui
fournissant l'occasioa de développer sa pensée, il montre que
le point d'ébuUitioa de l'eau et des autres liqueurs , vai'ie indé-
pendamment de la pression atmosphérique, et que les circon-
stances qui semblent avoir de Tinfluence , paroissent être la na-
ture du corps en contact avec le fluide bouillant , la cohésion
du fluide, et la résistance qui est opposée au changement d'état
comme dans le cas de tout autre équilibre de forces. A ce
sujet il donne la théorie de ce qu'on nomme soubresauts^ dans
un liquide que l'on soumet à l'ébullilion , et il en déduit un
procédé très-simple pour les é\iter, par exemple, dans la dis-
tillation de l'acide sulfurique où ils peuvent être dangereux , en
mettant dans la cornue quelques petits morceaux de fil de
platine.
Sur la formation de laglace. Un correspondant , dans une Lettre
insérée dans la Bibliothèque universelle du mois d'avril, p. 3o4,
ayant eu l'occasion d'observer avec soin la manière dont la
glace se foi'me dans le Rhin, a confirmé que c'est au fond,
et que ce sont les pointes et saillies qui s'y trouvent qui dé-
terminent cette formation, ce qui l'assimile à la cristallisation
des sels.
M. Leslie , qui s'est beaucoup occupé de la formation arti-
ficielle de la glace par l'évaporalion et l'absorption , a réuni
tout ce qu'il a fait à ce sujet , et dont nous avons parlé au
fur et à mesure que chaque partie a été publiée, dans un ar-
ticle fort intéressant inséré dans le Magasin de Physique de
Tilloch, vol. LI, pag. 4ii-
Des mouvemens des fluides pour produire le son. M. Poisson ,
dans un Mémoire dont un extrait a été donné dans les Annales
de Chimie j tome VII , pag. 208 , et Bulletin de la Société Phi-
lomathique , pag. 45 , a appliqué l'analyse mathématique, 1°. au
mouvement de l'air dans un tuyau cylindrique; 2°. au mou-
vement de l'air dans un tnyaucomposé de deux cylindres de dif-
férens diamètres; 5°. à la détermination des mouvemens de l'air
et d'un corps pesant, contenus l'un et l'antre dans uu même
tuyau cylindrique, vertical ou incliné, à celle d'un mouvement
d'un corps pesant suspendu à l'extrémité d'un fil extensible et
élastique, attaché par son autre bout à un point fixe; 4°- 'i '^
détermination des vibrations d'une corde composée de deux
parties d'inégales densités ; et enfin le troisième paragraphe
SB jornxAT. PF rnYSTiji'r, nr rinniiE.
de son ]\Icn>oiro osl ciitièromcnl employé à la solution d'un
pioMôme , dont il lu' p.iroil pus qu'on se soil ciieore oecupé.
Il s'iiijil de déterminer le mouvement de deux fluides élastiques,
contenus dans un mj-me tuyau eyliiulrique , et sépares l'un do
l'autre par un seeteur perpendieulaii-e à son axe. JM. Poisson
\ lait voir que ehacune des ondulations produites dans l'un
des deux lluides, parvenus à l'endroit de leur jonction , se divise
en deux autres, dont l'une csl réfléchie dans le premier fluide,
et l'autre transmise dans le second . et que leurs vitesses en
sonnue reproduisent les vitesses qui avoient lieu dans l'onde
primitive, etc. (Quelle que soil la dilVerenee de densile des deux
iUiides, et la louijuenr proporlioniielle du tuyau qu'ils oceupeni,
le tnvau peut toujours l'aire entendre des sons rei;nliers et ap-
préciables. M. Biot a clierclié dans ini Mémoire qui l'ail suite
a celui de M. Poisson, à déterminer ces tons par l'expérience
dans le cas d'un tuyau bouche; il n'a employé que l'an", l'iiy-
dro'^ène et l'acide carbonique. Des tableaux comparatifs des
résultats donnes par la théorie et par l'expérience, on voit que
les ditVerences ne sont pas considérables, mais qu'elles sont plus
grandes quand les gar superposes sont l'air et l'iiydroj^ène , car
alors les tons observés sont sensiblement plus bas que ceux qui
résultent de la théorie.
On connoit depuis long-temps, une expérience qui se fait
dans la plupart des cours de (.Chimie et de Physique, et qui
consiste a produire des sons en bridant un jet de gaz hydro-
oènc dans im tube ou une jarre de verre. On croyoit assez
««éneralement que cela etoit du , ou à l'expansion et à la cou-
traction alternative des vapeurs aqueuses, comme l'avoit pro-
posé M. de l.arive, on aux vibrations des parois même du tube.
Af. l'aradav avant eul'oeeasioti de répeter cette expérience, montre
d'uue manière évidente, dans son ^Iémoire insère dans le Jounttjl
dif tlnstitutioH roralf. vol. \'. pag. 374, que ce phénomène ne
peut être dû à l'action de la vapeur aqueuse, puisque les sons
sont e:;alement produits en se servant d'un tube chantle au-dessus
de lo'o'', et bien plus en emplovant un jet d'oxide do carbone;
il ne l'est pas davantage par les vibrations du tube, puisque
rex]>érieuee réussit aussi bien avec des tubes fêles, enveloppés
de drap el même de papier; mais il dépend seulement de la
résonnance d'uue suite non interrompue d'explosions, ce qu'il
compare au bruit que produit la flamme d'un foyer animé par
un courant d'air vif; cela ne peut pas non plus dépendre de
la nature du gaz, puisqu'on peut obtenir également des sons
avec
57
ET DIIISTOII^Ï NATUBEr.r.r.
avec de l'oxlde de carbone, du f;az oléfiant, le f»az proto-
carhuré, celui retiré du cliarijon de terre, l'hydrogène sulfuré
el l'iiydrofjènc arsenicjué; et si l'iiydrogcne réussit mieux , cela
dépend de la basse lenipéralure à laquelle il s'enflamme, de
l'intcnsilé de chaleur qu'il produit dans sa combustion , et de
la petite quantité d'oxigene qu'il exige pour un volume donné.
La vitesse du Son se mesure , comme peu de personnes
l'ignorent, par la dirtcrcnjce de l'heure à laquelle on perçoit la
detontiation d'une masse inflammable, placée à une distance dé-
terminée el la lumière qu'elle produit. Quoique sur ce sujet les
physiciens soient assez d'accord , il n'en étoit pas moins important
de reprendre avec toute l'exactitude que Ton met actuellement dans
la Physique , les expériences qui ont fixé celte vitesse à ly^' par
secondes, et d'ailleurs il étoit bon de voir si elles diflèrent d'une
manière régulière suivant la température. M. D. .Josef de Espinosa
et D. Felipe Bauza, ont en efl'et entrepris des expériences à ce
sujet, à San - lago du Chili. On trouvera leur travail traduit
dans les Annales de Chimie , tome VII , pag. r)3. Nous nous
hornerons à donner le tableau du résultat principal de leurs
expériences :
Observât.
Distances.
Temps écoulé.
Vitesse par seconde.
Baromètre.
Thermom,
I
u
3
4
43 365
5o 3 1 6
29558
i5 84i
38"o
43,3
26,0
12,3
1 qo '2 OU 270'"7
.93,6=377,3
i8q,5=^3fiq,3
189,1 =368 ,6
o'»697
Idem.
Idem-
Idem.
2I°3
25,0
Idem,
22,5
ce qui donne pour la moyenne i90',G ou 57i'",3à 23°, 5, ou, en
se bornant aux deux premières observations, qui doivent être
les plus certaines, parce qu'elles sont déduites d'un temps plus
long igi',Q = 574'",o à la température de 25%o centigrade. Ce qui
difl'cre beaucoup des résultats obtenus parrAcadémie des Sciences
en 1758.
Mécanique. Nous dirons peu de chose sur ce qui est venu
à notre connoissance , des travaux publiés sur cette partie de
la Physique, parce qu'excepté le Mémoire fort intéressant de
M. Petit sur l'emploi des forces vives dans les machines, inséré
dans les Annales de Chimie , tome IX, pag. 287 , auquel M. Navier
a ajouté, dans le même Recueil périodique, des détails histo-
riques curieux, el dont il nous seroil difficile de donner un
extrait suffisant pour mettre nos lecteurs en étal d'en tirer un
Tome LXXXFIII. JANVIER an 1819. H
58 JOURKTAt, DE PHYSIQUE, Dt CHIMIE
parli utile, nous ne Voyons rien qui exige ne'cessairemcnl d'être
détaille. Nous citerons cependant volontiers le travail de M. G.
Reunie , sur la force des matériaux employés dans nos con-
structions , publié dans le premier volume des Transactions phi-
losophiques pour 1818, et traduit avec des notes par M. Dupin ,
dans les Jnnales de Chimie, tome IX, pag. 35, parce qu'il
nous a semblé contenir des faits fort curieux; mais il paroît
d'après la réclamatiou d'un ingénieur françois , insérée dans le
Journal que nous venons de citer, que d'abord les expériences
j>e sont rien moins que neuves , puisque MM. Gauthey, Sou-
flot , Perronel et Rondelet en ont fait depuis long- temps de
semblables en France; que la machine employée pour les faire,
est tout-à-fait semblalile à celle de M. Perronet qui existe en-
core aux Ponts et Chaussées de France, et surtout qu'elles sont
peut-être encore moins concluantes que celles des ingénieurs
françois, parce qu'elles ont été faites sur des échantillons trop
petits. Il est probable qu'on peut faire, jusqu'à un certain point,
le même reproche aux résultats sur la force transversale et la
résistance des bois, donnes par M. Th. Tregold et publiés dans
le Philosophical Magazine, tome LI , pag. 3 14, parce qu'il n'a
employé, dans ses expériences, que des pièces d'un pouce carré,
Jl en conclut que le mélèze est supérieur au chêne en force,
en roideur et en élasticité, c'est-à-dire en pouvoir de ré-
sister à un corps en mouvement. Nous nous contenterons
également de rapporter que M. Patlu a proposé dans un Mé-
moire, Annales de Chimie, tome IX, pag. go, d'employer
comme nouveau moteur, la dilatation de l'eau produite par son
élévation de température, d'après l'observation bien connue des
physiciens, que ce fluide en passant de la température de i3'
à celle de 80, augmente de 0,037, pa'"ce que M. Petit a dé-
montré d'une manière évidente, dans le tome IX , pag. 196 du
même Journal, où est inséré le Mémoire de M. Paltu , que
ce nouveau moteur, supposé qu'on pût l'appliquer à une ma-
chine commode, ne pouvoit produire que des efTels extrême-
ment peu considérables, ou qu'il faudroit que les parois du
réservoir dans lequel l'eau seroit chauffée, fussent d'une épaisseur
si considérable, que l'appareil deviendroit fort embarrassant, et
surtout qu'une grande quantité de calorique seroit nécessaire
pour les échauffer avant d'arriver au fluide.
Nous n'avons également besoin que de faire men lion du Mémoire
de M. Hachette , sur la mesure de l'eflbrt journalier d'un moteur
animé, parce qu'il fait partie de notre collection; ainsi nous pas-
ET d'histoire naturelle.' 5g
serons de suite à l'histoire des progrès de la Chimie dans le cours
de cette année.
CHIMIE.
La Chimie, la science la plus profonde, sans doute, mais
aussi la plus rebelle , pour ainsi dire , dont s'occupe l'esprit
humain, puisqu'elle s'obstine à connoîlre la nature même des
corps, par la manière dont ils agissent les uns sur les autres,
quand on les met dans telle ou telle circonstance déterminée,
avance toujours dans la découverte de ce qu'elle nomme de
nouvelles substances simples ou composées , et par conséquent
elle perd de jour en jour de cette simplicité, de cette unile
qu'offroit le système antiphlogistique, et qui avolt permis dy
établir cette nomenclature rationnelle, qui lui a valu tant de
partisans dans toutes les classes de la société. Mais ce qui doit
lui en consei'ver encore une grande partie, et continuer de lui
mériter la protection des gouvernemens , c'est que dans ses essais
(car peut-on nommer autrement les faits dont elle se compose.)
elle prévoit quelquefois et rencontre souvent , comme elle a
toujours fait, même à l'état d'alchimie, des applications usuelles
d'une plus ou moins grande importance. La théorie des propor-
tions définies paroît cependant être pour elle un puissant moyen
d'avancement comme science , mais seulement peut-être quand
on la considère comme une sorte de statique; aussi celte théorie
nous semble-t-elle devoir être encore bien plus importante pour
la Minéralogie. Mais dans les lois qui président à la décompo-
sition et à la composition des corps, dans leur conversion en
de nouveaux corps jouissant par conséquent de propriétés nou-
velles, la Chimie n'est-elle pas dans le cas de la Zoologie, par
exemple, qui peut bien espérer de connoilre tous les corps
organisés , en tant qu'ils sont une certaine combinaison d'or-
ganes affectant une forme déterminée, et même exerçant des
actions également déterminées , mais qui ne peut savoir com-
ment ces combinaisons, ces formes s'entretiennent, se déter-
minent , se détruisent et surtout se reproduisent. Ainsi de même
que les zoologistes cherchent à établir une Physiologie , les
chimistes s'efforcent d'arriver à une théorie générale ; mais
cette théorie ne peut être conçue qu'en y comprenant tous
les agens qui, dans la nature , peuvent venir modifier les cir-
constances dans lesquelles sont les corps qui doivent réagir
Jes uns sur les autres. On ne pourra donc l'établir qu'en con-
iioissant par avance les lois générales de l'action de la lumière,
H \
6o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
du calorique, et surtout de releclricité et du galvanisme. On
voit en eftet que M. Thenard, dans ses curieuses expériences
sur les corps oxigénë^, est oblige d'avouer que certains faits
de décomposition ne peuvent être expliqués par la Chimie or-
dinaire , c'est-à-dire par la théorie des affinités, et dépendent
très-probablement de l'électricilé. On arrive donc à sentir de
plus en plus cette identité des forces chimiques et électriques,
sujet sur lequel M. (Ersted a depuis long-temps appelé l'atten-
tion des chimistes, mais qui paroît être resté presque inconnu.
Il nous semble, cependant, que c'est dans une manière de
Toir assez analogue, que M. Allen se propose de traiter de la
théorie chimique. L'année dernière , il avoit déjà commencé à
en publier les premiers linéamens , et cette année il a insère
dans le Philosophical Magazine , plusieurs articles qui donnent
le développement de certaines parties; mais comme la totalité
de son travail n'est pas encore publiée, nous aimons mieux en
remettre l'analyse à l'année prochaine , époque oîi très-proba-
blement elle le sera , pour ne pas la tronquer.
Quoique moins ambitieuse qu'une théorie chimique générale,
la théorie des atomes ou alomistique qui fournit les moyens
d'expliquer la composition et la décomposition des corps chi-
miques , en considérant leurs derniers atomes et particules comme
des solides particuliers , distincts et élémentaires, ne changeant
jamais de figure, de poids, de volume, dans quelque circon-
stance que ce soit, cherche toujours à se perfectionner, du
moins en Angleterre oix elle a pris naissance. M. W. Higgins,
qui paroît réellement en êlrerauleur, qui au moins l'a Is premier
entrevue , dans un ouvrage publié il y a plus de 20 ans, contre
la théorie du phlogislique, a publié nouvellement, dans le Phi-
losopltical Magazine j quelques nouveaux Mémoires , soit pour
réclamer contre plusieurs chimistes anglois qui veulent attribuer
à M. Dalton l'invention de celle théorie, soit pour ajouter quel-
ques considérations nouvelles qui peuvent servir à l'appuyer.
M. le D*" ïhomson a aussi beaucoup augmenté et reclifië ce
qu'il avoit donné sur le poids des atomes des corps chimiques;
en eflèt, il a publié dans le mois de juillet des Annals of Philo -
soplij, pag. 53, une table fort étendue sur les corps simples,
et leurs combinaisons avec l'oxigène , d'après les recherches
des chimistes les plus célèbres, et surtout de MM. Wollaslon et
Berzelius. Il promet de donner successivement des tables sem-
blables pour les corps combinés les uns avec les autres; mais
elles ne peuvent être susceptibles d'extrait.
ET D'ilISTOIRE NATURELLE. 6l
Nous avons donne, dans le l. LXXXVII , p. 462 de noire Jour-
nal , un exirail des observations de M. Berzelius sur les com-
binaisons qui dépendent des affinités foibles , d'après laquelle
on a pu voir que les substances douées d'affinités chimiques
foibles , sont celles qui offrent les combinaisons les plus variées;
aussi la silice produit-elle un grand nombre de siliciates à dif-
férens degrés de saturation ^ et des siliciates doubles et triples
qui n'ofii-ent pas d'analogues dans les autres sels. Il montre ce-
pendant que dans nos laboratoires on peut trouver de ces sortes
de combinaisons, par exemple, dans la classe des carbonates et des
hydrates qui, par la foiblesse de leurs affinités, se rapprochent
des siliciates; et eu effet, il en donne plusieurs exemples,
comme d'un nouveau sel formé d'une molécule de bicarbonate
de potasse combiné avec deux de carbonate de magnésie et
dix-huit molécules d'eau , etc.
L'une des découvertes les plus intéressantes qui aient été faites
cette année en Chimie, est cette nouvelle classe de composés que
M. Thenard produit en faisant absorber aux acides, et à beau-
coup d'autres corps , une plus ou moins grande quantité d'oxi-
gène. Nous avons rapporté avec grand soin ces nouveaux faits
à mesure qu'ils sont arrivés à notre connoissance. On a pu re-
marquer, dans la série des travaux entrepris par M. Thenard
à ce sujet, une marche rigoureusement logique, qui donne un
nouvel exemple de la manière de se diriger dans la recherche de la
vérité, de telle sorte, que d'un fait d'abord isolé, il s'est trouvé ar-
river à cette découverte inattendue , que la théorie ordinaire des
affinités ne pouvoit plus suffire pour expliquer le fait le plus cu-
rieux de tous ceux qu'il a observés, c'est-à-dire que l'oxide
d'argent mis dans de l'eau oxigénée, dégage non -seulement
l'oxigèue de celle-ci, mais encore le sien même; et ce qui paroit
encore plus singulier, c'est que dans le moment de ce déga-
gement, il se produit une grande quantité de calorique, comme
il l'a montré à l'Académie, dans sa séance du 18 janvier 1819; en
sorte que quelques personnes ont pensé très-probablement pré-
maturément que cela renversoit la théorie généralement ad-
mise sur la chaleur, parce que dans celte expérience, où il se dé-
gage une grande quantité de gaz, il y a de la chaleur rendue
sensible , tandis qu'au contraire il sembleroit devoir y avoir
du froid de produit. M. Thenard pense que ce phénomène ,
quelle qu'en soit la cause, est analogue à celui qu'offrent l'argent
fulminant, le chlorure d'azote ou liquide détonnant de M. Dulong,
l'iodure d'azote, et plusieurs autres composes délonnans.
62 ^ JOURKAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Un autre fait cgalenienl observé cette année, mais qui n'est
qu'une application des rerlierches classiques de M. H. Davy,
sur la flamme, est la découverte de cette sorte de lampe, que
l'oa a désignée sous le nom de Lampe sans flamme, de Lampe
aphlogistique. Nous avons donné, tome LXXXVl, pag. 58, la
manière de la construire; on a vu qu'elle oflre le phénomène
de continuer la combustion de la vapeur d'alcool au moyen
d'un fil de platine roulé en spirale. Quant aux phénomènes ré-
sultans de cette combustion , M. Dalton , qui d'abord avoit été
porté à croire qu'il se produisoit de l'oxide de carbone au lieu
d'acide carbonique, s'est assuré par expérience qu'il n'en est
pas ainsi , et qu'il y avoit production d'acide carbonique et
absorption d'oxigène , mais en plus grande quantité que dans
la combustion ordinaire , de manière à ce que la lampe sans
flamme brûle dans des milieux où celle-là ne peut avoir lieu.
Quant à l'emploi de cette lampe, que M. Lerebours con-
struit maintenant à Paris, il nous a paru offrir un inconvénient
assez grave, c'est une odeur désagréable d'alcool répandue dans
l'appartement où elle brûle.
Après avoir parlé des travaux qui ont trait à la théorie gé'
nérale et aux phénomènes généraux de la Chimie, nous allons
nous occuper de phénomènes plus spéciaux, et cela en les se-»
parant en trois grandes sections, suivant qu'ils appartiennent
aux corps minéraux, végétaux ou animaux, quoiqu'il soit evi»
dent que celle distribution est véritablement artificielle.
Des corps réputés simples non métalliques. Du Lithion. Nous
avons donné, t. LXXXVl , p.aSoet 384, la description des pro-»
priétés principales de cet alcali, que M. Arfredson a nommé
lithion;, parce qu'il a été découvert pour la première fois dans
une pierre décrite par M. Dandrada, sous le nom de pétalite,
•M. Arfredson fut conduit à cette découverte par l'excès que
donnoit l'analyse , en considérant le sulfate à base d'alcali comme
du sulfate de soude. 11 se trouva qu'il contenoit un nouvel al-
cali dont la capacité de saturation est plus grande que celle de
la soude , et que par conséquent son sulfate contenoit beaucoup
moins d'alcali que le sulfate de soude ne contient de soude.
M. Arfredson a trouvé que le sulfate de lithion est composé
d'acide sulfurique , 68,65, et de lithion, 3i,35; le muriale de
lithion, d'acide muriatique, 6o,o6, et de lithion , 55,35; d'après
cela, il a calculé que le lithion est composé de 56, 117 de li-
thium et de 43,883 d'oxigène.
M. Ure de Glasgow ayant fait plusieurs travaux sur h nature
ET d'histoire . NATURELLE. , 63
du chlore ou de l'acide murialique oxigéné , et ayanl prétendu
que l'eau forme une partie essentielle du gaz acide murialicjue,
parce qu'en faisant passer ce gaz dans des lubes contenant du
fer, on obtenoit de l'eau et du niuriate de ce métal, M. H. Davy
a repris contradicloirement ces expériences, et il a montré que
cette eau éloit un produit accidentel; et en effet, plus on prend
de précautions daus l'expérience pour en écarter les sources
d'oxigène, et moins on obtient d'eau.
Il paroît qu'il en est à peu près de même des expériences de
M. Ridolfi, surla même matière. Cecliiraiste avoit assuré, en 1817,
qu'en faisant agir du phosphore sur du chlorure de soufre , on
obtenoit du gaz acide muriatique, et de l'acide phosphorique,
d'où il conclut que le chlore contenoit de l'oxigène; M. Gaultier
de Claubry a répété ses expériences avec soin, et il n'a pas du
tout obtenu les mêmes résultats que M. Ridolli; en sorte que
sans trop chercher la cause d'erreur des résultats de ce chi-
miste, il conclut que ses expériences sont inexactes , et par con-
séquent ne peuvent servir en rien à remettre en vigueur la
théorie de l'acide murialique oxigéné.
Puisque nous en sommes sur cet article, nous dirons qu'il
paroit beaucoup plus indifférent qu'on ne le pense ordinaire-
ment , que l'acide murialique oxigéné soit un corps simple ou
un corps composé, puisque tous les phénomènes sans exception,
s'expliquent également bien, ou avec la même difficulté, dans
l'une des théories comme dans l'autre; c'est du moins ce que nous
tenons de M. Berzelius, bon juge eu cette matière, qui a
publié un Mémoire à ce sujet, dont il a bien voulu nous pro-
mettre la traduction pour enrichir notre Journal.
Des Substances métalliques. Le cours de cette année a va
augmenter la liste des métaux de deux nouvelles substances
qui en offrent tous les caractères. La première , et sans aucun
doute la plus remarquable, parce qu'elle a réellement quelques
rapports avec le soufre, est celle dont nous devons la décou-
verte à M. Berzelius, et qu'il a nommée Sélénium, et dont
nous avons fait connoître les principales propriétés, t. LXXXVI,
pag. 470 de notre Journal. Le Mémoire qui renferme le travail
de M. Berzelius , se trouve dans le VI' volume des Jfhand-
lingar, Phisik^ Kemi och Mineralogi , par une société de savaus
suédois, en ;8i8, et la traduction en a été donnée dans les
Annales de Chimie, t. IX, p. Go, 223 et 537. Kous ajouterons
seulement que M. Berzelius étant au moment de publier son
Mémoire sur le Sélénium, découvrit deux minéraux qui en con-
64 J O U n N A L D E 1> Il Y s I Q U E , D E C H I AI 1 F,
tiennent une grande quanlilé, et dont nous parlerons à l'arlicle
Minéralogie.
Le Cadmium est le second me'tal découvert celte année ; il
paroîlbien évident que nous en devons la découverle à M. Slro-
meyer, comme on a pu le voir dans l'arlicle de ce chimiste
que nous avons inséré dans notre Journal, tome LXXXVII ,
pag. 287. Ce métal semble être, pour ainsi dire, intermédiaire au
zincavecl'oxide duquel on la jusqu'ici presque toujours rencontré
et à l'élain. Sa couleur est d'un blanc clair tirant sur le gris;
son éclat métallique très-vif, son grain Irès-serré ; sa pesanteur
spécifique est de 8,76; il est très-ductile et aisément laminable
tant à chaud qu''à froid; sa cohésion est beaucoup plus grande
(jue celle de l'étain; il se fond très-aisément et est très-volatil;
il est permanent à l'air, mais par l'action de la chaleur, il se
change en un oxide coloré en jaune, qui paroît être la seule
combinaison qu'il puisse former avec l'oxigène, et qui est ex-
trêmement réfractaire. Il se dissout facilement dans les acides
nitrique, sulfurique et muriatique. Ses dissolutions sont inco-
lores et ne précipitent pas par l'eau. Les sels qui se forment
sont presque tous incolores. Les sulfates, nitrates, muriates, acé-
tates sont très-solubles, les phosphates, carbonates et oxalates
sont au contraire insolubles ; il est précipité de ses dissolutions
acides, en blanc par la lessive de sang, et en jaune par l'acide
hydro-sulfurique.
Il paroit que la substance qui contient le plus de ce nouveau
métal , est une mine de zinc de Silésie qui en renferme trois
pour cent.
On a parlé plusieurs fois dans les journaux de cette année ,
d'un nouveau métal découvert par M. West , professeur de
Chimie à Gralz, dans la mine de nikel de Schiadmig en Slyrie,
tantôt sous le nom de Sirium, que lui avoit donné son inven-
teur, tantôt sous celui de Vestium que M. Gilbert avoit proposé
comme plus convenable, parce qu'il rappeloit à la fois le nom de
M. West, et celui d'une divinité milhologique. Nous en avons
donné les principales propriétés dans notre Journal , t. LXXXVlf,
pag. 3o6; mais il paroît que le doute qu'avoit émis sur la réa-
lité de ce nouveau métal M. Gay-Lussac, est converti en cer-
titude; et en effet , on lit dans le Journal de l'Institution royale ,
n° XI, p. 112, que M. Faraday, qui a eu l'occasion d'en exami-
ner /„ de grain et défaire quelques expériences dessus, s'est assuré
positivement qu'il n'offre aucun caractère d'un métal particulier,
mais que ce n'est qu'un mélange impur. Il contient, dit-il, du
soufre,
ïT d'histoire natueei.li:. 65
soufre, du fer, du uikel et de l'arsenic. Le D"" Wollaston , qui
a aussi examiné ce prétendu métal, assure également que c'est
un sulfure principalement de nikel avec de petites portions de
fer, de cobalt et d'arsenic.
Sur les Corps composés. Les travaux les plus considérables
qui ont eu pour objet ces sortes de combinaisons acides ou
non, sont dus à M. H. Davy. On trouve, en effet, dans la
seconde partie des Transactions Philosophiques, ua Mémoire
étendu sur quelques combinaisons de phosphore, dans lequel,
à la suite d'expériences nombreuses et faites avec d'autant plus
de soin, qu'elles se trouvent en contradiction manifeste avec
celles de MM. Berzelius et Dulong, qui se sont occupés de
la même matière, il conclut , en admettant que dans l'eau, l'oxi-
gène est à l'hydrogène en poids comme deux est à quinze, que
dans les acides hypophosphorique, phosphoreux et phospho-
rique, le rapport du phosphore à l'oxigène est de 45 à i5 dans
le premier, de 45 à 3o dans le second, et de 45 à 6o dans le
troisième. Quant à l'acide hypophosphorique de M. Dulong,
M. H. Davy au Jieu de le regarder, ainsi que M. Dulong , comme
un triple composé d'hydrogène , d'oxigène et de phosphore ,
paroît plus porté à penser que c'est un composé d'acide phos-
phorique et d'hydrogène perphosphuré, contenant dans 263 parties
deux proportions d'acide phosphorique, 210, et une proporlioa
d'hydrogène phosphuré , 53.
M. Dalton , qui paroît aussi s'occuper de recherches sur les
combinaisons de phosphore, a annoncé, dans une Lettre adressée
à l'Académie royale des Sciences , Annales de Chimie , tome VII,
pag. 5, qu'il a tout lieu de croire que tout ce qu'on a dit sur
le gaz hydrogène phosphuré est erroné ou défectueux , et qu'il
n'y a qu'une seule espèce d'hydrogène phosphuré qu'on peut
obtenir très-pur par le procédé de Thomson , c'est-à-dire en rem-
plissant une petite cornue d'eau acidulée par l'acide hydro-
chlorique, et en y projetant du phosphuré de chaux. Toutes les
autres variétés de ce gaz sont produites par une plus ou moins
grande quantité d'hydrogène libre mêlé avec lui.
M. Faraday, Journal de l'Institution royale, n° 8, pag. S61 ,'
a découvert un sulfure de phosphore cristallisé, composé de
quatre parties de soufre et de huit de phosphore, en combinant
ces deux corps dans ces proportions , ou en traitant par l'anj-
moniaque le composé qu'on obtient en chauffant du soufre et
du phosphore dans un tube , et en l'abandonnant quelque temps
à lui-même sous l'eau.
Tome LXXXFHI. JANVIER an 18 19. I
66 JOURNAL DE PirYSIQUK, DE CHIMIE
Si les cliimisles les plus distingués ne sont pas d'accord sur
les principes conslituans des composés de pLospliore , il paroît
qu'ils ne Je sont pas beaucoup plus pour ceux d'azole et d'oxi-
gène. Dans notre Résumé de l'année dernière , nous avons
rapporté les principaux résultats auxquels est parvenu M. Dallon
qui s'en est beaucoup occupé, dans les deux appendices qu'il
a ajoutés à son travail, et publiés dans les Aiinals of Philo-
sophj: on voit que ses nouvelles expériences le confirment dans soa
opinion, que le gaz ammoniac est composé de 52 parties d'azote
et de i35 d'hydrogène; le protoxide d'azote, de 99 d'azote et
de 58 d'oxigène ; le deutoxide d'azole , de 46 d'azole et de
55 d'oxigène; l'acide nitrique, de 180 de deutoxide d'azote et
de ICO d'oxigène; et enfin Tacide nilreux, de 56o de deutoxide
et de loo d'oxigène. Il paroit cependant que ces nouvelles re-
cherches n'ont pas convaincu M. le Rédacteur des Annales de
Chimie , puisqu'à la fin de sa traduction du travail de M. Dalton,
il lui fait plusieurs objections, et entre autres, que c'est avec
un composé qu'il ne connoît pas, l'ammoniaque, qu'il analyse
les oxides d'azote qu'il ne connoît pas davantage.
Dans le but d'éclaircir les raisons qui font diflërer autant des
chimistes aussi distingués que MM. Gay-Lussac et Dalton , sur
la composition de l'acide nitrique, M. le D' Ure a fait une
série d'expériences pour déterminer la constitution de l'acide
nitrique, et les lois de sa deusilé à chaque terme de sa di-
lution. C'est un travail analogue à ceux qu'il a publiés sur les
acides sulfurique et murialiqne, et dont Jts résullats, mis sous
forme de labiés, ne sont guère susceptibles d'extrait.
C'est encore un sujet de lilige entre les chimistes, que la
nature du chlore, comme nous avons eu l'occasion de le faire
observer pi s haut : il paroit cependant qu'en Fiance et en An-
gleterre, on le regarde assez généralemenl c<imme un corps
simple. La découverte de M. le cnnile de Stadioii, d'un acide
chioricjue oxigéné, ne pourra-t-elle pas servir à se déterminer?
Il l'dblient , y/««rt/f.v de Gilbert , lome LII, pag. 197, et Annales
de Chimie, lome VIII, pag. /^oG , en décomposant le chlorate
de potasse par l'acide sulfurique. Cet acide chlorique oxigéné,
ne paroît pouvoir exister qu'en combinaison avec l'eau ou avec
une base; il est incolore, n'a pas d'odeur remarquable, rougit
la teinture de tournesol , et ne détruit pas la couleur. Il n'est
pas décomposé par la lumière ou à utie température de 140*
environ. Avec la potasse, il forme un sel soluble à froid. Il
n'est décomposé ni par l'acide hydro-chlorique, ni parles acides
ET d'histoire naturelle. 67
sulfureux et Lydro-sulfurique , ce qui le dislingue de l'acide
chlorique. Les sels qu'il forme se décomposent à une tempéra-
ture d'environ 3oo° en oxigène et en chlorure; ils ne détonnent
que foiblement avec les corp3 combustibles, et ne sont pas dé-
composés par les acides les plus puissans à la température de
l'eau bouillante. D'après la composition du chlorate oxigéné de
potasse, l'acide chlorique oxigéné est formé de 44 ^^ chlore
et de 68,9 d'oxigène.
Dans l'opération où l'on se pi'opose d'obtenir ce nouvel acide,"
lise dégage un gaz également nouveau, que M. Stadion nomme
deutoxide de chlore. 11 paroît avoir beaucoup de rapports, pour
les caractères extérieurs, avec celui que M. Davy a obtenu en
employant l'acide hydro-chlorique , et qu'il a nommé euchlorine;
mais il en diffère essentiellement par la proportion de ses priri-
cipes. Suivant M. Sladion, il est composé d'un volume d'oxi-
gène égal au sien , et d'un tiers de son volume de chlore ;
mais , suivant M. Gay-Lussac , l'oxigène est au chlore comme
67,1 : 32,9, ou à peu près comme 2 : i. 11 est plus jaune que
le deuloxide; son odeur est très-différente. 11 n'agit que sur
les papiers colorés , et n'a pas, en général, les propriétés acides,
et ne se combine que foiblement avec les bases. 11 se décom-
pose à la lumière solaire, par une douce chaleur et par l'étin-
celle électrique , et dans ce dernier cas il y a explosion. L'eau
peut en absorber plus de sept fois son volume.
Un autre gaz composé et inflammable, est celui dont on doit
la découverte à M. Thomson, armais of Philosophy, août , et
qu'il nomme oxide carbonique oxigéné ; c'est un composé d'oxi-
gène , d'hydrogène et de carbone, trois volumes d'oxide car-
bonique et un d'hydrogène condensés par la combinaison eu
trois volumes. Sa pesanteur spécifique est 0,995 , celle de l'eau
étant I. 11 n'est point altéré ni absorbé par l'eau. Il brûle avec
une flamme bleue, et détonne quand il est uni avec de l'oxigène
et chauffé.
On doit au même chimiste que nous venons de citer, la dé-
couverte d'un nouvel acide qu'il propose de nommer acide hy-
dro-sulfureux, Jnnals ofPhilosophj, décembre , 44i- Pour l'ob-
tenir, il suffit de mettre en contact trois volumes d'hydrogène
Sulfuré, et deux volumes de gaz acide sulfureux. H y a une con-
densation subite et complète. IjC corps qui en résulte est d'ua
jaune orangé; il a un certain goût acide, et cependant n'a pas
d'action sur les couleurs bleues végétales, à moins que le papier
n'ait été mouillé auparavant; il ne se combine pas sensible-
I 2
68 JOURNAt DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ment avec les bases salifîables. Il est de'composé par un grand
nombre de liquides, et même par l'caii et ralcool. Il demande,
pour être fondu, un pins haut degré de chaleur que le soufre.
On peut regarder comme pouvant élie de quelque impor-
tance pour la théorie des proportions définies , la loi à laquelle
est arrivé M. Frère de Montizon, en faisant des recherches sur
la cause de l'affinité moléculaire. Celle loi est, que les métaux
absorbent pour loo de masse, des quanlités d'oxigcne simples,
multiples ou fractionnaires de leur densité; et eu effet, dans
le tableau qu'il eu donne , Annales de Chimie, tome VU, p. 7,
on voit qu'il y a peu de difl'éreace entre les résultats et la
théorie.
M. Faraday, Institution royale, n° 9, pag. 74, a fait voir
^ue plusieurs chlorures éloienl susceptildes d'absorber une grande
quantité de gaz ammoniac, et de former avec lui des espèces
de combinaisons, mais très-peu fortes, puisqu'elles sont dé-
truites par l'attraction seule de l'eau pour l'ammoniaque, et à
plus forte raison par la chaleur. De tous les chlorures qu'il a
successivement essayés , ce sont ceux d'argent et surtout de
chaux qui en absorbent le plus, puisque 19 grains d'un composé
de celui-ci ont fourni 19,4 pouces cubes de gaz ammoniac, ce
qui lui fournit l'idée qu'on pourroit aisément se servir de ce
moyen pour connoîtrela pesanteur spécifique de l'ammoniaque.
liCS chloriu'cs de cuivre, de nickel, le proto-chlorure de fer
en absorbent aussi une assez grande quantité, et au conU-aire
ceux de barium, de strontium, de sublimé corrosif, de plomb,
de bismulli en absorbent extrêmement peu.
M. Faraday, dans le même Journal, pag. 368, a fait voir
qu'au bout de 3 à 4 mois, l'oxide d'argent pouvoit décom-
poser l'ammoniaque, et se réduire au moins en partie, sans
qu'il se déposât dans la liqueur ni oxide d'argent, ni composé
fulminant.
M. Thenard, dans le cours de ses recherches sur les acides
oxigénés , a annoncé l'existence de deux nouveaux oxides, l'un
de calcium et l'autre de strontium , qu'il obtient en versant
de l'eau de cliaux ou de strontium , dans l'acide hydro-chio-
rique oxigéné.
M. Donovan, dans nn grand travail lu devant la Société royale
de Londres, sur les oxides de mercure, n'en admet que deux,
l'un, le proloxide ou oxide noir, et l'autre, le peroxidé ou
oxide rouge; le premier ne couteuant que 4,i2 d'oxigène, et
le second 7,82.
ET d'histoire naturelle. Gg
M. Berzelius, VI° vol. des Annales de Physique, en snéclois,
après un examen critique des analyses données de l'oxidc de
cuivre , donne le résultat de celle qu'il a faite en faisant passer
du gaz hydroeène sur de l'oxide de cuivre: d'après celte ana-
Jyse, 100 parties de cet oxide contiennent 20,17 cl oxigcne.
Sur les Sels. Dans les cours de Chimie, on fait souvent une ex-
périence qui consiste à déboucher une fiole remplie d'une dissolu-
tion de sulfate de soude saturée, et que l'on avoit préalablement
exaclementferniée avec un bouchon de licge, etaprèsl'avoir laissé
Quelque temps en repos, toute la dissolution se prend en peu
e secondes en une masse cristallisée confusément, et il se
développe 3o à 40° de chaleur; on a attribué ce phénomène à
différentes causes, mais qui n'ofi'roient rien de bien satisfaisant.
M. le D' Ure voulant éclaircir ce point, a fait un certain nombre
d'expériences , dont le détail a été publié dans le Journal de
l'Institution rojale , n° 9, pag. 106, desquelles il conclut que le
phénomène n'est dû ni aux propriétés chimiques, ni à la pres-
sion de l'atmosphère, et que l'éleclricilé négative lui semble
être un agent nécessaire pour déterminer la cristallisation des
matières cristallines, que c'est peut-être le moyen qu'emploie
la nature dans ce cas.
Un point plus important de la théorie des sels, est celui
qui s'occupe de leur action mutuelle. On sait depuis long-temps,
qu'une eau saturée d'une espèce de sel, par exemple, de ni-
trate de potasse, peut en dissoudre une nouvelle quantité con-
sidérable, si l'on y ajoute un autre sel, comme, par exemple,
du chlorure de sodium. On admeitoil qu'en général cela tenoil
à l'action mutuelle de ces sels les uns sur les autres; mais la
preuve qu'il n'en est pas ainsi, comme le démontre M Lonchamp
dans son Mémoire sur ce sujet, Annales de Chimie, tome IX,
pag. 5, c'est que dans l'exemple cité , l'inverse n'a pas éga-
lement lieu, c'est-iî-dire que le nitrate de potasse n'augmente
que Ivès-peu la dissolution du chlorure de sodium. Il falloit donc
chercher une autre raison de ce phénomène , et M. Lonehamp'
a mis hors de doute que cela dépendait de ce qu'il y a dé-
composition réciproque des deux sels ; et en effet, en mettant en-
semble 53 parties de nitrate de soude et autant de chlorure de
potassium , il a obtenu 28 parties de nitrate de potasse. Ces
résultats l'ont conduit à proposer dans l'art du salpêtrier, un
perfeclioimement important, qui pourra le rendre moins cher;
c'est d'employer le chlorure de potasse pour décomposer le ni-«
trate de soude, qu'on auroit oblçuu, par exemple, en traitant»
70 JOUUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
les matériaux salpclres par le sulfate de soude au lieu de sels
de potasse en usage.
M. Lampadius a découvert un nouvel alun à base de magnésie ,
mais cela ne doit pas étonner, puisqu'on en connoissoit déjà
à base d'ammoniaque et de soude.
M. Houton I^abillardière a montré. Journal de Pharmacie ,
lome III, pag. 555, que le protoxide de plomb qu'il a obtenu
en abandonnant à elle-même une dissolution de litharge dans
la soude, cristallise en dodécaèdre régulier de la grosseur d'une
tète d'épingle.
M. Richard Philips a publié dans le Journal de l'Inslitution
royale , Xome VIII, pag. 275, l'analyse comparative des car-
bonates vert et bleu de cuivre. Le premier est formé de per-
oxide de cuivre , 72,2; d'acide carbonique, i5,5 , et d'eau, g,3,
tandis que le second Test de 69,08, 25,46 et 5,56 des mêmes
substances. Les cendres bleues artificielles sont formées de 67,6
de peroxide de cuivre; d'acide carbonique, 24,1; d'eau, 5,g,
et d'impuretés, 2,4.
M. Thomson a découvert un nouveau sel de fer qu'il nomme
perquadrisulfale de fer; il l'obtint en versant dans une disso-
lution de proto-sulfate de fer exposée à l'air depuis long-temps,
de l'acide sulfurique, en faisant évaporer jusqu'à moitié ; il se
forme par le repos des cristaux de sulfate de fer, et dans la
liqueur mère on voit se former d'autres petits cristaux demi-
transparens à quatre pans, de saveur acide astringente, déll-
quescens , solubles dans l'alcool, très-lentement solubles dans
l'eau, à moins qu'aidée de la chaleur, et composés de quatre
atomes d'acide sulfurique, et d'un atome de peroxide de fer.
Procédés chimiques, etc. On est quelquefois fort embarrassé de
déterminer si le changement de couleur en rouge du papier de cur-
cuma,a été le produit de l'action de l'acide muriatique, onde tout
autre acide, ou du gaz ammoniac; mais dans le premier cas, l'eau
même en petite quantité restaure la couleur primitive, ce qui n'a
pas lieu dans le second. Journ. de VInstit royale j, t. IX , p. laS.
M. Thomson , Jnn. ofPhil., nov., SgS, confirme la bonté du
procédé de Pfafl' pour séparer la magnésie de la chaux.
M. Arfwedson a donné un nouveau moyen de réduire le chlo-
rure d'argent par l'hydrogène, en dégageant de l'hydrogène en
contact avec le chlorure , en mêlant ensemble le chlorure , du
zinc, de l'acide sulfurique et de l'eau; le zinc est aisément
dissous par l'excès d'acide, et l'on obtient le métal pur en le
lavant.
ET d'histoire naturelle. 71
M. Gny-Lxissac , Jnnales de Chimie, lome VIII, pag. gq, ayant
reconnu que la variation du grain el de la couleur du per-
oxide de mercure du commerce, dépend de l'état cristallin du
nitrate de mercure que l'on décompose par le feu, a publié
quels sont les moyens que Ton doit employer pour obtenir de
l'oxide rouo;(> île mercure semblable en couleur, en fjrain et en ap-
parence criilalline; suivant que l'on emploie du nitrate bien broyé,
ou en gros cristaux, ou en petits grains cristallins , on a un oxide
jaune oranj^e en poudre, ou un oxide orange foncé, ou enfin
un oxide cristallisé d'un rou^e orangé.
On trouvoit bien dans les^ auteurs qui se sont occupés de
l'art d'essayer l'or et l'argent, que le bismuth pouvoit être em-
ployé dans la conpellalion , mais cela éloit assuré d'une ma-
nière vague ; M. Cliaudet , Annales de Chimie, lome VIII, p. 1 1 3 ,
s'est occupé de faire des expériences à ce sujet, et ses con-
clusions principales sont que le bismuth du commerce ne peut
être employé à cause de l'arsenic qu'il contient, que le bismuth
pur ne peut pas non plus servir, parce qu'il donne à ses al-
liages une grande fluidilé , et qu'alors il faudroit employer des
coupelles moins perméables , enfin qu'il faudroit moins de bismuth
que de plomb pour un afiiage complet. Enfin, M. Chaudel ter-
mine son Mémoire par l'exposilion des diflérences que présente
le bismuth dans la coupellation en petit, comparativement avec
ce qui a lieu quand on emploie le plomb.
Le même M. Chaudel, Annales de Chimie , tome VIT, p. 275,
a publié quelques expériences sur l'action de l'acide hydro-
chlorique , sur les alii.iges de cuivre et délain; d'où il résulte
que cet acide est le meilleur réactif qu'on puisse employer pour
découvrir les plus petites traces d'anlimoine, de bismuth el de
cuivre alliés à l'ëtain , et même de l'arsenic insoluble dans cet
acide.
M. Wheeler sentant l'importance dont l'acide fluo-silicique
doit être comme précipitant de la potasse à l'état libre ou com-
biné , a recherché les moyens d'obtenir cet acide d'une force
constante, et en outre, il a fourni le procédé suivant pour
obtenir l'acide chlorique. On met une dissolution chaude de
chlorate de potasse avec une de fluo-silicique obtenue par les
procédés ordinaires. On chauffe un peu en ajoutant un petit
excès d'acide, pour obtenir une décomposition complète du sel.
Le fluo-siliciate de potasse se précipite sous forme d'une ma-
tière gélatineuse. Le liquide surnageant ne contient plus que
de l'acide chlorique sali d'un peu d'acide fluo-silicique. On
s
72 JOURNAt DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
filtre et Ton neutralise ces .acides par du carbonate de baryte,
et le chlorate de celte terre est obtenu en cristaux, en éva-
porant et en filtrant. On ajoute de l'eau à la dissolution et on
la décompose en y ajoutant, avec pre'caution, de l'acide sulfu-
rique, suivant le procédé de M. Gay-Lussac.
flIM. Brugnatelli et Flanche , Journal de Pharmacie, tome III,
pag. 425, avoient donné, surtout le premier, comme un nouveau
nroyen de former les alliages métalliques, de plonger un métal
dans la dissolution de celui avec lequel on le veut allier, quand
la précipitation est possible; mais M. Gay-Lussac, Jimales de
Chimie, tome VU, pag. 21g, a démontré par des expériences,
que la précipitation, quand elle a lieu, n'est bien certainement
formée que de métal pur et nullement d'un alliage.
^ Chimievégéiale. Nous avons eu l'occasion de parler , l'année der^
mère, de ce singulier produit immédiat des végétaux qui pouvant
neutraliser les acides, a été regardé comme une sorte d'alcali
végétal. Nous croyons que les François n'avoient fait qu'ajouter
plusieurs faits intéressans à son histoire, mais que la décou-
verte en étoit entièrement due à M. Serturner. Il se pourroit
qu'il n'en fût pas réellement ainsi ; en effet, M. Vauquelin a
montré dans les jinnales de Chimie, tome IX, pag. 282, que
M. Séguin, dans un Mémoire lu à l'Institut, le 24 décembre
an 1804, avoit parfaitement défini la morphine et l'acide mé-
conique, et c'est en eflet ce dont on ne peut douter en lisant
les conclusions de son Mémoire. Cependant, comme il y a
déjà un assez grand nombre d'années que M. Serturner avoit
fait un premier travail sur le même sujet, il est juste de s'abs-
tenir de prononcer jusqu'à ce qu'on connoisse la date de ce
travail.
Quoi qu'il en soit du véritable inventeur de la morphine,
il paroit qu'il existe plusieurs espèces de substances végétales
de cette nature. Ainsi M. Boulay en a découvert une à laquelle
il donne le nom de Picrotoxine; c'est à elle qu'est due la qualité
vénéneuse de la coque du Levant, Menispermum coccidus, dont
on l'extrait en traitant une forte infusion de cette graine par
de l'ammoniaque eu excès. Elle se précipite sous forme d'une
poudre blanche, grenue et cristalline. Cette picrotoxine n'a qu'une
foible action sur les couleurs végétales , mais elle se dissout promp-
tement dans les acides , et forme avec eux des composés salins.
Dans le même temps où M. Boulay faisoit sa découverte ,
MM. Pelletier et Caventou , qui depuis plusieurs années pour-
suivent avec beaucoup de persévérance l'analyse des substances
médicales
ïT d'iiistoiee naturelle. y5
médicales qui les a déjà conduits à découvrir VEmetine, ont fail
coniioître à l'Académie des Sciences la découverte d'une sub-
stance pour ainsi dire intermédiaire à la morphine et à la picro-
toxine. Ils l'ont retirée de la fève de Saitil-lj^nace, el de la noix
vomique, et lui ont donné d'abord le nom de V^aucjueline , que
sur l'observation générale , ils ont changé depuis en celui de
Telanine. Nous en avons rapporté les piincipaux caractères dans
notre Journal, et nous en dirons davantage quand ces chimistes
auront publié leur travail, qu'ils ont lu en entier à l'Académie
des Sciences dans le mois de novembre dernier.
Nous serons obligés d'en faire autant d'une autre espèce du
même genre, que nous avons annoncée avoir été découverte
par les mêmes chimistes dans la fausse angusture, mais sur laquelle
leur travail n'est pas encore terminé.
Nous devons encore aux deux chimistes que nous venons de
citer, quelque chose de positif sur la matière verte des feuilles,
a laquelle ils ont donné le nom de Chlorophile , Journal de
Pharmacie, tome III , pag. 4^6; celte substance improprement
appelée yè'cM/e ou résine, est, suivant eux, une matière parti-
culière très-hydrogénée, bien distincte des résines et rapprochée
de plusieurs matières colorantes végétales; ils l'ont obtenue eu
traitant par de l'alcool concentré, le marc bien lavé et biea
exprimé de plantes herbacées, et en faisant évaporer et traitant
la substance d'un vert foncé et d'apparence résineuse^ réduite en
poudre qu'ils ont obtenue par de l'eau chaude.
M. le D' Clarke a été moins heureux dans l'analyse qu'il a
faite du principe colorant des roses ; et en eft'et, la grande quan-
tité de fer qu'il a trouvée dans leurs pétales, lui fait encore
attribuer leur couleur à la présence de ce métal.
Nous avons, dans notre analyse des travaux publiés l'année
dernière sur la Chimie végétale, parlé d'un nouvel acide,
nommé iSorè/'i^Me par M. Donavan, q\ii l'avolt découvert, décou-
verte qui avoit été confirmée par des chimistes distingués , et
entre autres , par M. Braconnot. Il paroît cependant certain ,
d'après le travail même de celui-ci, sur la nature de l'acide
malique. Annales de Chimie, tome VIII, pag. i^g, que cet
acide sorbique el celui de la joubarde, ne sont autre chose
que l'acide malique de Scheele, que M. Donavan et M. Bra-
connot ont beaucoup mieux séparé d'une matière muqueuse
abondante qui lui en avoit caché plusieurs propriétés. M f^outoa
Labillardière est arrivé au même résultat, dans un Mémoire qu'il
a lu à la Société de Pharmacie, le i5 mars 1818. '
Tome LXXXFUL JANViliR an 1819. «.
^4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
M. Lassaigne a aussi démontre, annales de Chimie, tome VllI,
pag. 214, que l'acide que M. Henderson avoil retiré de la lige de
la Rhubarbe , Rheiiin palnmtuin, et qu'il avoil nommé Eheutnique,
n'est réellement que de l'acide oxalique.
Enlin, cet autre acide que M. Bracounot supposoit se déve-
lopper par la fermentation de l'eau, contenant du riz ou du,
gruau, et qu'il avoil dédié, il y a quelques années, à la ville
qu'il habite, sous le nom de N ancéique , que M. ïhomson avoit
cru devoir changer en celui de Z^umique , a été aussi ramené
par M. Vogel, à n'être que de l'acide lactique de Scbeele et
de Berzelius. D'après cela , il nous semble que dans ces sortes
de découvertes de produits immédiats dans les végétaux , on
ne sauroit apporter trop de circonspection. M. Houton La-
billardière vient cependant encore de trouver un nouvel acide
Tegctal qu^il nomme Pjromucique, parce qu'on l'obtient en cal-
culant de l'acide mucique ou sac-lactique, Annales de Chimie,
tome IX, pag. 5G5. H est blanc, inodore, assez acide, fond
à la température de i5o°,5; se volatilise au-dessus; il n'est pas
déliquescent , est beaucoup plus solnble dans l'eau bouillante que
dans l'eau froide, et plus dans l'alcool que dans l'eau. Analysé par
l'oxide de cuivre , il est formé en volume, de 5 parties de car-
bone , de 5 d'oxigène et de 2 d'hydrogène , et forme avec le
plomb, un sel loul-h-fait singidier.
Des analyses de Substances végétales. M. Vauqnelin ayant eu
l'occasion d'analyser une certaine quantité d'opium indigène, s'est
assuré qu'il contient absolument les mêmes substances, et ab-
solument dans les mêmes rapports que l'opium du Levant.
M. Gautier nous a fait connoître les principes constituans de
la l'acine de pyrètre {^Anthémis pyrethruni , L.), et surtout sou
principe actif qui est renfermé dans l'écorcej c'est , à ce qu'il
paroît, une huile très-odorante, plus légère que l'eau, conge-
iable par le froid, et se saponifiant très-bien avec les alcalis.
Elle y entre pour 5 parties seulement, les autres principes sont
14,01 d'un principe colorant jaune, i4j'I <le gomme, 11, 53
d'inuline , 53,35 de ligneux , cl des traces de chlorure de
calcium.
Nous devons à M. Braconnol un examen chimique de la
gesse tubéreuse (Lathjnii Inherosus'), Annales de Chimie, t. VIII,
pag. 241, d'après lequel il résulte que ce tubercule, qui est
quelquefois employé à la nourriture de l'homme , et surtout
dans les momens de disette, est composé d'un très-grand nombre
de substances, cl entre autres, sur 5oo grammes, de Say,^
ET d'histoire naturelle. ^5
d'eau, de 84, oo d'amidon, de 5o,oo de sucre de canne, de
j5,oo de malière animale, de 14,00 d'albumine, de 25,20 de
filire ligneuse , el en outre dune petite quantité de difTérens sels ,
d'une huile ran«e , d'une matière analogue à Tadipocire, et
d'un principe odorant.
M. Peschier, dans l'analyse malheureusement incomplète qu'il
a publiée des fruits du Gingho biloba , dans la Btbliothèc/ue
universelle j tome VII , pag. 29 , pense que le suc du drupe
de ce fruit, est composé d'un principe différent du principe
gommeux et résineux , et d'un acide qu'il compare avec soia
■avec l'acide gallique, dont il est évidemment le plus rapproché,
mais qui en diffère cependant assez pour en être séparé; il
propose de le nommer Gingoïque.
Puisqu'il vient d'être question de l'acide gallique, nous devons
aussi rapporter ici queM.Braconnola publié, y/««. ^f Cliim., t. IX,
p. i8i, des recherches sur cet acide , pour l'extraction duquel il a
donné un procédé de moins longue durée, et dont le produit
est à la fois beaucoup meilleur et plus abondant que celui de
Schcele. Il consiste à exposer des noix de galle entières à 20
à 25", pendant une mois environ, en ayant soin de les hu-
mecter de temps en temps; lorsqu'elles sont réduites en une
bouillie blanchâtre, on presse celles-ci dans un nouet de toile,
et il reste une masse qu'il ne s'agit plus que de traiter par l'eau
bouillante pour dissoudre tout l'acide; mais cet acide n'est pas
seulement de l'acide gallique que BI. Braconnot parvient à pu-
rifier complètement avec du charbon animal bien lavé, quoiqu'il
en forme une grande quantité. On y trouve aussi un autre acide
qui se dépose comme de l'amidon , en poudre jaune insoluble,
insipide. Ses principales propriétés sont de saturer complète-
ment les bases alcalines, et de former avec elles des combi-
naisons neutres el insolubles même dans l'eau bouillante; il se
comporte au feu comme l'indigo; ne rougit pas sensiblement ]%
teinture de tournesol. M. Braconnot propose de le nommer
Egallique.
Cet acide, comme nous l'apprenons d'ime réclamation faite
par M. Chevreul dans le tome IX, pag. Sar), des Annales de
Chimie, avoit déjà été décrit depuis long-temps dans l'article
Tannin du G* volume de Y Encyclopédie mêlhodique , publié
en i8i5. Ce chimiste avoit trouvé qu'il est composé, 1°. d'un prin-
cipe colorant jaune volatil, 2°. d'iicide gallique, 3". d'un prin-
cipe colorant rouge, 4°- d'une malière azotée, 5°. de i,t4 de
chaux et de fer pour iqo d'acide égallique. Il avoit également
K 2
fjG JOUnWAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
observé qu^il rougissoit la Itiiiluie de tournesol ; mais comme
il ne l'avoit pas obtenu pur, il n'avoit pas voulu lui donner
de nom.
S'il eût été vrai que la pomme de terre ne contînt pas de
nialière sucrée, il eût été fort difficile d'expliquer la cause de
sa fermentation alcoolique; mais M. Pescher a fait voir. Aimais
of Philosopliy , novembre, pag. 53(j, qu'elle contient 64 grains de
niucoso-sucré , et 220 grains de gomme par livre, et par con-
séquent que la théorie reçue de la fermentation n'est pas in-
firmée.
JNousavons rapporté plus haut le perfectionnement que M. Bra-
connot a apporté à la préparation et à la purification de l'acide
gallique.
M. Peschier, Annales, de Chimie, tome IX, pag. 99, a donné
comme moyen do mettre à nu la potasse contenue dans les
sucs ou décoctions des végétaux , de les agiter ou de les faire
bouillir avec une quantité de magnésie pure, capable de sa-
turer, soit l'acide libre, soit la partie de l'acide combinée avec
la potasse.
M. Dobereiner doime , comme un moyen de reconnoilre les
plus petites parcelles de sucre qui peuvent exister dans un li-
quide, d'y ajouter quelques grains de ferment , et de renfermer
le tout dans un vaisseau renversé sur le mercure ; de la quantité
de gaz acide carbonique dégagé, on déduira la quantité de
suci'e.
M Holt, Annales de Chimie, tome VIII, pag. ^^y. , dit qu'on
décolore très-bien une dissolution d'indigo dans l'acide sulfuriqne,
en y ajoutant de la limaille de zinc ou de fer, effet produit
par l'hydrogène,
MAI. Robiquet et Marchand ont publié dans le Journal de
Pharmacie , tome IV, pag. 98, un procédé pour enlever au
borax brut du commerce, la matière grasse qui le rend beau-
coup moins soluble , et l'empêche de cristalliser régulièrement.
Il est fondé sur l'emploi de la chaux ou d'un sel calcaire qui
convertit la matière grasse en matière insoluble. Il consiste à
laver à différentes reprises les cristaux de borax, iusqu'à ce que
l'eau soit sensiblement claire; à les dissoudre ensuite dans deux
parties et demie d'eau, dans laquelle on ajoute un kilogramme
de muriate de chaux par quintal ; à filtrer, concentrer la liqueur
jusqu'à 18 à 20°, et à faire cristalliser dans des vases de bois
blanc ou de plomb, en ayant soia que le refroidissement soit
le plus lent possible.
ET D HISTOIRE NATURELLE. 7^
Chimie animale. D'après les travaux réunis de MM. Porrct,
de Cirolliuss , el snriout de M. Gay-Lussac , il éloit à croire
qu'il y avoil peu de chose à faire sur le corps composé qu'on
a loiif^-teiiips connu sous le nom vague à\icideprussique. M, Vau-
quclin a cependant encore trouve plusieurs faits intéressans à
ajouter à son histoire, comme on peut le voir dans le Mémoire
fort curieux qu'il a publié dans les Annales de Chimie, tome IX,
pa.e;. 11,^, sur le cyanogène el l'aciclc liydro-cyanique. Nous ne
chercheions pas à donner une analyse détaillée de ce travail,
parce que venant d'une telle main , il doit être étudié dans
son entier par les cliiniislcs , et nous nous bornerons à en rap-
porter les principaux résultats qui , comme l'annonce modestement
M. Vauquelin , confiiment ceux obtenus par M. Gay-Lussac ,
et en étendent les conséquences. En voici les principaux:
1°. I^e cyanogène dissous dans l'eau, se convertit en acide
carbonique, en acide hydro-cyanique , en ammoniaque, en
lin acide particulier qu'on pourra appeler acide cyanique, cl en
une matière charbonneuse, et cela, en vertu des élémens de
l'eau qu'il décompose. L'ammoniaque salure les acides, d'où il
ré'ulte des sels solubles , et la matière charbonneuse insoluble
se dépose; 2°. l'alléralion que les alcalis proprement dits ap-
portent dans la constitution du cyanogène, est absolument de
la même nature que la précédente; mais l'ammoniaque devient
libre .i cause de la présence des autres acides ; 3°. les oxides
métalliques produisent les mêmes efl'ets que ceux-ci, mais avec
des vitesses diflérenles, suivant leur allinité avec les acides qui
se développent, et il se forme trois sels ou des sels triples;
en sorte que le cyanogène, comme le chlore, peut se com-
biner directement aux oxides métalliques, et il se forme un
acide hydrogène et des acides oxigénés, parce qu'il est com-
posé et que le chlore est simple; 4'- le cyanogène peut dissoudre
le fer sans qu'il se forme de bleu de Prusse , et sans qu'il y ait
dégagement d'hydrogène. Mais comme dans la portion de fer
non dissoute on trouve du bleu de Prusse, il n'est pas bien
certain que le fer soit dissous par le cyanogène; il est même
plus vraisemblable que c'est par l'acide cyanique; 5°. l'acide
hydro-cyanique forme directement, soit avec le fer, soit avec
son oxide, du bleu de Prusse sans le secours des alcalis et
des acides; en sorte que le bleu de Prusse paroit être un hydio-
cyanique de fer; 6°. toutes les fois que le cyanure de potasse
est en contact avec l'eau, il se produit de l'ammoniaque qui
se combine avec l'acide carbonique formé en même temps;
78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
7". enfin , M. Vauqnelin ajoute qu'il paroit résulter de ses expe'^
riences, que les niclaux qui, comme le fer, oui la propriété
de décomposer l'eau à la température ordinaire, ne forment que
des iij(lro-c^ anales, el que ceux qui ne la décomposent pas,
comme l'arf^tiil, le mercure ne forment au contraire que des
cyanures, il est cependant possible que le cuivre fasse exception.
M. (_»ay-Lussac s'est assuré, Annales de Chimie, tome VllI,
pag. 44^» qu'en calcinant la potasse avec une matière ani-
male, ou obtient un cyanure de potassium et non un cyanure
de potasse, comme il l'avoit cru d'après des expériences rap-
portées dans ses recherches sur l'acide prussique.
M. Porrell, à la fin d'une note sur le triple prussiate de
potasse, dans laquelle il cherche à confirmer si l'analyse qu'il
a donnée de ce sel, est plus exacte que celle que M. Thomsou
a publiée, ^««. of Philos., septembre, pag. 214, donne un pro-
cédé pour obtenir cristallisé son acide chyazique ferrure (hydro-
cyanate de fer); il consiste à dissoudre 58 grains d'acide tar-
tarique cristallisé dans de l'alcool , et à verser cette dissolution
dans ime fiole conlenant 60 grains de chyazate de potasse dis-
sous dans 2 ou 5 gros d'eau chaude. En filtrant el faisant évaporer
spontanément, on obtient de petits cristaux généralement assea
semblables à des cubes.
Le 12 mars 1818, M. le D'' Brugnalelli a communiqué à
l'Institut de Milan, la découverte d'un acide qu'il avoit obtenu
en traitant l'acide urique par l'acide nitrique, et il en a publié
tous les détails dans le Journal de Physique iuilien, 1' décade,
tome I, pag. 117. Mais il paroît fort probable que ce que
ce chimiste crut être un acide distinct, n'étoit qu'un composé
d'un acide évidemment nouveau et d'un alcali , peut-être d'am-
moniaque ; c'est du moins ce qui semble probable depuis la
séparation que M. le D"" Proust a faite d'un acide qu'il a éga-
lement obtenu en traitant l'acide urique par l'acide nitrique,
et qu'à cause d'une de ses plus remarquables propriétés de
former avec les alcalis des dissolutions d'une belle couleur
pourpre , il a nommé acide pwpurique. Comme nous avons donné,
tome LXXXVII , pag. 78 , la traduction de tout ce que le l)r
Pi'ousta publié sur sa découverte, Annals of Philosophj , juillet,
nous nous bornerons à rappeler les principales propriétés de
ce nouvel acide, qui se présente sous forme d'une poudre d'un
jaune clair; il est entièrement Insoluble dans l'eau el dans l'al-
cool, insipide; ne rougit pas la teinture de tournesol; exposé à
î'air, il prend une couleur pourpre; à la chaleur il se décora-
ET d'histoire N ATURrr.T.I!:. 79
pose el donne du carbonate d 'ammoiiiar|ue , de l'acide prussique
et un peu de liqueur d'apparence liuileusc. 11 se combine avec
les alcalis, les lerres alcalines el les oxides mélaliiques. Tous
les piirpurates alcalins forment des dissolutions d'une belle couleur
pourpre , el les cristaux qu'ils donnent oflVenI des propriolés re-
marquables. Les purpnrates métalliques sont en général remar-
quables par la beauté de leur couleur et leur solubilité.
M. Pelletier a fait quelques retberchcs sur la malière acre
qui sort de la peau de cerlaines espèces de crapaud; mais mal-
heureusement il n'a pu s'en procurer qu'une fort pelile quan-
tité. Il croit cependant pouvoir en conclure, que le venin du
crapaud, qui est exlrêmement acre, el même caustique, rou-
gissant fortement la teinture de tournesol , el formant une émul-
sion avec l'eau, contient, i°. un acide volatil, en partie uni
à une base et formant la vinglième partie du loul ; 2°. une ma-
tière grasse; 3°. une substance animale ayant quelque analogie
avec la gélatine, mais en différant sous cerlaiiis poinl<!.
M. tlievreul, qni continue avec cette persévérance raisonnée,
quidoil nécessairement leconduireà desdecouverles du plus grand
intérêt pour la Chimie ella Physiologie, ses recherches surles corps
gras, a publié celte année , dans \esMcin. du Mus., et dans les Ann.
de Chim., sou septième Mémoire sur celte malière. Dans la pre-
mière partie , il montre que l'acide qu'il avoit cru reconnoilre
dans la céline el auquel il avoit donné le nom de célique, n'est
réellement que <le l'acide margarique utii à nue matière grasse
non acide. Il a Lit en outre l'observation curieuse qu'en f.isanf
cbaiiffiT dans certaines proportions l'acide margarique, la cétiiie ,
la potasse et l'eau , la liqueur qui étoit trouble h 66* et au-
dessus, est transparente à 60', ,ct à partir de 56° elle se trouble
de nouveau , en produisant un dépôt floconneux.
La seconde partie du Mémoire de M. Chevreul est consacrée
à l'histoire de l'huile de Dauphin, qni paroit avoir beaucoup d'à.
Balogie avec l'huilo du beurre; sa pesanteur spécifique =0,9178;
elle est lrès-st)luble d;ms l'alcool , n'a pas d'action sur le tournesol,
erisl.-dlise à — 5', se saponifie fort bien , et forme, par sa sa-
ponification , les acides margarique el oléique.
En Iraitaul ce savon p»r l'acide l.-iriarique , M. Chevreul a
obtenu un nouvel acide qu'il nomme Delphinn/ue , et qui paroit
He pas exister tout formé dans Ihuile de Dauphin , puisque
par la magnésie, on n'en obtient pas de delphiualc. Il a une
odenr aromatique très - forte , ayant de l'analogie avec l'acide
Jwjlirique, «oe «aveur acide Irès-piqoante , rougit la leiulure
^O JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de tournesol; sa pesanteur spécifique est de 0,941 ; il est tiès-
soluble dans l'alcool et peu dans l'eau; avec la cbaux , la bar^-le
et la strontiane , il forme des sels prismatiques ; par ses sels
et ses autres caractères, cet acide, aiusi que l'acide butirique,
a de l'analogie avec l'acide acétique.
Enfin, la troisième partie du Mémoire de M. Chevreul est
consacrée à l'examen de l'huile de poisson du commerce, d'après
lequel il conclut que cette huile se rapproche de celle du Dau-
phin par son odeur, mais qu'elle en difl'ère, 1°. en ce qu'elle
ne donne que des traces d'acide delphinique \olalii par la saponifi-
cation ; 2°. en ce qu'elle 11e fournit pas de substance cristallisée
analogue à la cétine; 5". en ce qu'elle se saponifie plus facile-
ment qu'elle,- et sans produire de substances acides en quantité
notable; 4°. en ce qu'elle contient beaucoup plus de principe
colorant.
M. Chevreul , dans la lecture qu'il a faite de ce travail à
1 Académie des Sciences, a terminé, ^ par une nouvelle clas-!
sification des corps gras qu'il divise, 1°. en ceux qui ne s'u-
nissent pas à la potasse, comme la cholesterine; 2°. en ceux qui,
par la potasse, se convertissent en stéarine et en acides mar-
gancjue et oléique; 3°. en ceux qui ne se saponifient qu'en
partie, comme la cétine; et enfin 4°- en ceux qui donnent de
l'acide delphinique; B par quelques aperçus sur un groupe
d'acides organiques, volatiles, odorans , formés par les acides
acétique, formique, delphinique, butirique, un acide trouvé
dans le suif, un autre acide qui se développe dans la décompo-
sition spontanée que plusieurs matières azotées éprouvent dans
1 eau ; et C enfin , par une formule d'analyse qui représente
toutes les opérations qu'il faut exécuter pour connoîlre les ré-
sultats de l'action de la potasse sur les corps gras; mais ces
trois sujets ne sont pas encore publiés.
Nous devons aussi à MM. Pelletier et Caventon, Journal
de Pharmacie, un travail fort intéressant sur l'analyse de la Co-
ctienille, Cocciis cacti, aiusi que sur la théorie de son emploi
dans la teinture; ils en ont séparé, 1°. au moyen de l'clher
«ne matière grasse qui est composée, comme celle des mammi-
fères , de stéarine , d'élaïne et d'un acide volatil auquel la dé-
coction de Cochenille doit son odeur; 2°. et ensuile à l'aide
de l'alcool, un principe colorant rouge qu'à cause de ses pi o-
priétés, ils ont nommé Carminé; il est en effet d'un ronge
pourpre éclatant, son aspect est grenu et cristallin ; il n'éprouve
aucune altération à l'air; il fond à +5o* et se décompose à
une
ET D HISTOIRE NATURELLB, 8l
«ne température plus ëleve'e, il est soluble dans l'eau, l'alcool.
Tous les acides le dissolvent et en avivent fortement la couleur,
qui de rouge passe à l'écarlale, à l'orangé, puis au jaune ; mais
dans ce cas, la couleur n'est pas altérée, et on peut la faire
reparoître par un alcali. Les alcalis agissent en sens inverso des
acides, et font passer la couleur rouge au cramoisi. L'alumine
en gelée sépare totalement la carminé de ses dissolutions aqueuses,
et forme une laque d'un rouge vif. Les métaux susceptibles de
plusieurs degrés d'oxidatiou, agissent comme les acides quand ils
sont au maximum d'oxigénalioii , et comme lesalcalis au-dessous;
3°. enfin, la cochenille épuisée de ces deux principes, donne
une matière animale particulière et du phospbale de chaux et
de potasse, du carbonate de chaux, de l'hydro-chlorate de po-
tasse et de la potasse unie à un acide organique. MM Pelletier
et Caventou appliquent ensuite ces coniioissances à la théorie
de la teinture en cochenille, et à la préparation du carmin et
des laques carminées. Le carmin, proprement dit, est une com-
binaison triple de matière animale, de carminé et d'un acide;
On peut en préparer eu faisant une décoction de cochenille,
dans laquelle on a mis un peu de sous-carbonate de soude ,
et en y versant un acide en excès; on obtient un précipité flo-
conneux qui est d'un très-beau rouge. Les carmins du com-
merce sont des mélanges de véritable carmin et de laque
carminée, qui n'est qu'une combinaison de carminé et d'alu-
mine; on les sophistique en outre par o, i5 de leur poids de
vermillon. Quant à la théorie de la teinture en cochenille par
laquelle ils terminent leur Mémoire, elle se déduit aisément
de cette analyse; si on emploie le surtartrale de soude et le
pro-chloru^e d'étain , comme dans la teinture en écarlate, on
voit que ces deux sels agissent par leur excès d'acide qui avive
la carminé et précipite la matière animale; l'oxide forme une
combinaison triple avec la carminé et la matière arn'male qui
se précipite et se fixe sur la laine. Si, au contraire, on a em-
ployé l'alun comme dans la teinture en cramoisi, il fait passer
le oain à cette coulenr.
MINÉRALOGIE et GÉOLOGIE.
Convaincus de l'influence extrêmement utile que doit avoir sur
l'avancement de la Minéralogie considérée comme science ,
l'emploi de la théorie des proportions définies , puisqu'il est
évident qu'on peut la considérer comme une sorte de nouveau
moteur analogue à la Cristallographie , et qui doit produire
Tome LXXXFUI. JANVIER an 1819. L
82 JOrUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
des résultats de même nature, pour la détermination des vé-
ritables espèces miuéralcs, et la coiifiiniation , à priori, des ana-
lyses obtenues à posteriori , nous avons cru devoir, dans l'iutérèt
de la Science, publier une traduction littérale de l'ouvrage de
M. Berzelius, sur un système de Minéralogie entièrement chi-
mique. D'après cette heureuse idée, dont les conséquences seront
aisément aperçues par toutes les personnes qui envisagent la
Science d'une manière philosophique , il nous semble que la
Minéralogie scientifique seroit réellement plus avancée qu'aucune
autre branche de l'Histoire naturelle, si les lois que suivent les
minéraux dans leurs formes extérieures, ou cristallines, se trou-
voient concorder constamment avec la composition chimique.
Cela est au moins fort probable pour les véritables espèces mi-
nérales; mais en est-il de même pour les vai-iétés cristallines
de ces espèces? Y a-t-il quelque cause appréciable physique
,ou chimique, qui les détermine à prendre telle forme plutôt
que telle autre? Ce sujet, d'une grande importance, et qui nous
.semble conduire à réunir les deux théories cristallographique
et chimique , a été traité par M. Beudant avec beaucoup de
soin , dans un Mémoire qui a été inséré dans les deuxième et
troisième livraisons des Annales des Mines. M. Beudant a com-
mencé par examiner si les variétés d'une même espèce se trou-
voient dans la nature accompagnées des mêmes circonstances;
et quoiqu'en général il soit presque impossible de rien assurer
à ce sujet, à défaut d'observations précises, on reconnoît cepen-
dant assez fréquemment, que les formes cristallines d'une sub-
.Stance déterminée sont semblables lorsqu'elles se trouvent dans
des gissemens et des associations semblables , et vice versa. La
.chaux carbonatée, l'arragoniie , la chaux phosphatée, le py-
roxène , l'amphibole, le feld-spath en fournissent des exemples
-frappans; mais pour analyser les causes de ce phénomène,
l'expérience seule pouvoit les faire entrevoir. Aussi M. Beudant
a-t-il consitlérablemenl multiplié et varié les siennes , sur le
.sulfate de fer, le sulfate de cuivre, l'alun, la soude muriatée ,
l'ammoniaque muriatée, le sulfate acide de potasse, le sulfate
double de potasse et de magnésie , et le sulfate double de
potasse et de cuivre. Les principaux résultats auxquels elles l'ont
conduit, sont : i°. que la température, l'état barométrique et
l'élecli-icité de l'atmosphère, la température et l'état de con-î-
eenlralion de la solution , la forme et la nature des vases n'onl
aucune influence pour faire varier la forme cristalline des sels;
3°. qu'il existe quatre causes fondamentales qui peuvent donner
ET d'histoire NATURELLE. 85
lieu à des variations ; savoir : a) les mélanges me'caniques de
matières étrangères qu'un sel peut enlraîoer dans sa cristalli-
sation; b) l'influence des corps étrangers qui se trouvent en
solution avec un sel, sans que les cristaux qui se précipitent
en soient mélangés en aucune manière ; c) les mélanges chi-
miques de matières étrangères qu'un sel peut entraîner avec lui
dans sa cristallisation ; d) la surabondance d'un des principes
constituans d'un sel dans sa solution. Comparant ensuite les
résultats de ses expériences avec ce qu'on peut apercevoir des
causes nombreuses qui modifient les cristaux dans la nature,
il trouve dans l'un et l'autre cas, que i°. les mélanges méca-
niques simplifient la forme cristalline, comme le montrent l'axi-
nile chlorifêre, la chaux carbonatée quarzifère; 2°. les différens
corps dissous dans le même liquide, ont dû s'influencer mutuel-
lement sous le rapport de leur cristallisation ; ainsi l'arragonite
des masses argileuses mélangées de chaux sulfatée , diffère par
là cristallisation de celle des minerais de fer et de celle des
volcans ; 3°. les mélanges chimiques qu'un corps naturel peut
avoir enlrainés dans sa cristallisation, paroissent produire des
eÔets analogues à ceux que présentent les sels dans le même
cas; en effet, la chaux carbonatée mélangée de fer et de man-
ganèse, tend toujours à prendre le rhomboïde primitif, dont
les cristaux sont très - contournés et groupés irrégulièrement.
Quant aux modifications occasionnées par les variations entre les
proportions d'acide ou de base , M. Beudant convient qu'il faut de
nouveau recourir à de nouvelles analyses faites avec tout le
soin qu'un sujet d'une aussi grande importance, pour la Mi-
néralogie, et même pour la Géologie , mérite. C'est surtout dans
ces analyses que la théorie des proportions défîuies nous semble'
devoir être d'une grande utilité.
Malgré ce que nous venons de dire sur l'importance de l'ap-
plication de cette théorie à la classification des substances mi-
nérales, et sa comparaison, sous ce rapport, avec la théorie
des formes cristallines , il ne nous semble pas moins hors de
doute, que celle-ci, très-probablement aussi sûre, car une forme
déterminée nous semble entraîner également une composition
déterminée, sera toujours d'une application beaucoup plus facile,
et par conséquent doit avoir encore la préférence. Les miné-
ralogistes verront donc avec le plus grand intérêt, que M. Haiiy
continue, par la persévérance de ses recherches, à réfuter les
objections que l'on peut faire à sa méthode, et à remplir les la-
cunes quipeuvent eticorey exister. C'est ainsi que dans un Mémoire
L 3
84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE."
sur la mesure des angles des crislaux, que nous avons inséré,
tome LXXXVII, p;ig. 255, de notre Journal , il montre d'une
manièie évidente, sur trois exemples bien choisis, que, quoi-
qu'il soit indubitable que le goniomètre à reflexion doit donner
une précision plus satisfaisante dans la mesure des angles des
cristaux que le goniomètre ordinaire, celles qui sont données
par celui-ci comme plus directes, et yjliis expédilives, sulTisent
dans le plus grand nombre de cas, et que quant à la théorie,
les nouvelles tentatives qu'il a faites successivement pour la
perfectionner, ne peuvent faire naître aucun doute sur la justesse
des résultats qui s'en déduisent; que les déterminations des
formes primitives auxquelles il s'est arrêté, conduisent, à l'égard
des formes secondaires, aux véritables lois de décroissemenl
dont ces formes dépendent, et que les mesures mêmes qui
ont été prises au moyen de la réflexion, confirment l'existence
de ces lois. Dans un autre Mémoire, Annales de Chimie,
tome Vlll, pag. 60, M. Haiiy fait counoîlre la véritable struc-
ture des cristaux de mercure sulfuré, sur laquelle les auteurs
de Minéralogie ont jusqu'ici considérablement varié , en sup-
posant même quelquefois des formes qui sont incompatibles.
Il regarde comme forme primitive de ce minéral , celle d'un
rhombo'ide aigu dans lequel la plus petite incidence des faces
est de 71'^ 4^1 ^^ '^ P'"* grande de 108' 12', et comme forme
secondaire, les variétés qu'il nomme prismatique , octo-duodé~
citnnl , progressif, mixti- unibinaire et bibisallerne , et dont il
donne la description suivant sa méthode.
Le même savant minéralogiste a encore inséré dans les Ânn.
des Mines, t. 111, p. 209, un Mémoire fort intéressant dans lequel il
considère toutes les substances minérales sous le seul point de vue
de leur électricité produite par le frottement; et ce qu'il y a
de fort remarquable, c'est que, sauf quelques exceptions, il
est arrivé à trouver que les diverses manières dont les élec-
tricités vitrée et résineuse s'unissent aux facultés isolante et con-
ductrice , présentent quatre combinaisons dift'érentes, d'après
lesquelles il lui a été possible de subdiviser l'ensemble des mi-
néraux en autant de classes distinctes , et cette distribution se
rapproche, en grande partie , de l'ordre méthodique adopté par
les minéralogistes, comme on peut le voir dans le Tableau que
M. Haiiy en a donné, mais qui n'est pas susceptible d'extrait.
M. Haiiy a encore publié celte année , des observations sur
l'emploi de l'aiguille aimantée , pour reconnoitre la présence
du fer dans certains minéraux.
ET d'uistoike naturelle. 85
De l'Analyse chimique des minéraux. Les chimistes allemands
sont ceux qui ont publié le plus grand nombre de recherches
sur ce sujet. INous en avons rapporté successivement la plus
grande pailie, que nous nous bornerons à ciler dans ce résumé.
Ainsi nous avons itiséré dans les deux volumes de cette année,
la description el l'analyse chimiques de la Léelile, par M. Clarke;
du Tiiphane du Tyiot par M. Vojjel; àc\ Egevan , par M. Bor-
kovvsky ; de la Teiiudile de Bavière, par le même; de la Méio-
nile, par le même ; de XAlbile, par M. Gillet de Laumont; de
la Lenzinite, par M. John; de la Par^nsUe, par un anonyme;
d'une nouvelle variété à' Alumine lijdralée silicijere, par M. Léon
Dufour; du Kiesel paih , par M. Haussman.
Nous allons ajouter à ce que nous avons publié sur ce sujet,
quelques autres notes que nous ne connoissions pas.
L'aluminile de Newhaven , près Brighton , coniieut, d'après
M. Slromeyer, Journal de Schweiger, tome XIX, pag. 424»
alumine, 29,868; acide sulfurique, 23, 070; eau, 46,762; l'alu-
mine de Halle, et celle de Morel près Halle, n'en diffèrent
que très-peu; c'est donc un sous-sulfate d'alumine, qui doit être
placé près de l'alun.
Le D' Henry de Manchester a décrit el analysé une nouvelle
substance qu'il nomme un sous-sulfate d'alumine^ et qui a été
trouvée dans une ancienne excavation d'une mine de charbon-
elle contient 88,1 d'eau, 6,5 d'alumine, 3,o d'acide sulfurique
et 2,4 d'eau.
M. Vogel a trouvé que la tourmaline et l'axînite contiennent
de l'acide boracique. Le même chimiste a publié dans les An'
nales de Chimie de Schweiger, une analyse de la tanlalite de
Bodemnois en Hongrie, qui diflèrepeu de celle donnée par M. le
comte Borlowsky.
MM. Bucholz et Keferstein ont publié dans le Journal de
Phjsique de Schweiger, l'analyse de différentes espèces de ser-
pentine.
UEnkairite, du mot Eixaipoç, qui vient à temps. M. Ber-
zelius a donné ce nom à un minéral qui contient une grande
quantité de Sélénium; il a été trouvé avec un Séléniure de cuivre
dans une mine de cuivre abandonnée à Sckriclerenne en Smo-
lande; mais il paroit que depuis la découverte de M. Berzelius
on a fait des fouilles infructueuses pour retrouver ces minéraux.
La couleur de l'Enkairite est d'un gris de plomb, et d'un
brillant métallique; sa cassure est grenue, sous-cristalline, san»
S6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
autre signe d'une véritable ciisiallisation ; il est mou, se laisse
couper par le couteau, et sa coupure a léclat de l'argent. Il se
fond à la flamme du chalumeau , el exhale une très-forte odeur
de radis, el laisse un petit houton métallique gris. Avec le borax,
celui-ci se colore en vert, et il s'en sépare un boulon métal-
lique cassant qui est du séléuiure d'argent. Ce minéral est enlre-
môlé de chaux carbonatee et de parties noires qui paroissent
être de la serpentine imbibée de séléuiure de cuivre. L'Enkairite
est composé de 28,9 d'argent, 23,o5 de cuivre, de 26,00 de
sélénium , de 8,90 de parties étrangères, et la grande perte de
5,12, paroîl élre due à de l'acide carbonique uni à de la chaux.
Sa formule est 2CuSc-{- AgSc'.
Quant au séléuiure de cuivre , il a presque l'apparence de
l'argent natif. Il est mou, se laisse applalir et polir, et prend
alors la couleur de l'étain ; chauffé dans un appareil convenable,
il ne donne pas de sélénium. Sa formule est CuSc.
Cloiophacitc. Ce minéral, qui a été trouvé par M. le D*" Mac-
Culloth , dans les cavités anijgdaloïdes des roches de trapp en
Ecosse, est assez semblable à la serpentine noble; sa couleur
est verte, presque noire dans «ne fracture récente, eu sorte
qu'il est alors assez difficile à distinguer du jayel.
Conile. Le même minéralogiste désigne sous ce nom, une
substance minérale du même pays, trouvée dans les mêmes
cavités, et qui esl sons forme de poudre blanche, rude au
toucher, mais incapable de rayer le verre, presqu'aussi fusible
que lui eu un globule transparent et incolore.
Knéblile. Cette nouvelle substance minérale, opaque, dure,
dont la principale couleur esl grise, tachée d'un blanc sale,
d'un rouge brun, brun ou vert, la surface inégale, pleine
de trous, le lustre intérieur et extérieur éclatant, la cassure
imparfaitement couchoïdale, les fragmens indéterminés, à bords
Iranchans, la pesanteur spécifique de 5,714, el qui se fond au
chalumeau à l'aide du borax en un verre olive foncé, con-
tient, suivant M. Dobereiner, 5,25 de silice, 32,o de protoxide
de fer, et 55, o de protoxide de manganèse.
Skorodite. M. Breithaupl 9 donné ce nom à une substance
minérale provenant de Stœmnasser, près Schneeberg en Saxe,
et qui fortement chaufTée au chalumeau, se fond en un globule
d'un brun rouge qui agit sur l'aiguille aimantée. D'après ses ca-
ractères extérieurs , M. Heuland pense que c'est un arséniate
de fer cuprifère.
fSantilite. M. le D' Clarke , Aimais of Philosophj, décembre.
ET d'iiISTOIR* naturelle. 87
peg. 4^^> propose de damier ce nom à la belle espèce d'hy-
drate de silice, nommé communément Peaii sinlei-j dont la dé-
couverte est due au professeur Sanli de Pise, qui dans ses
yoyages l'a nommée AmiatUi, et que le D' W. Thomson de
Waples , s'en attribuant à tort la découverte, a désignée sous le
nom de Fionle.
Polyhalue. M. Stromeyer a donné le nom de Poljhalite à un mi-
néral trouvé dans la couche d'une roche de sel à Iscliel en Au-
triche; il est formé de 28,74 de sulfate de chaux , de 22,30 de sul-
fate de chaux anh)dre, de 27,40 de sulfate de potasse, de 20,1 1
de sulfate de maj^nesie anhydre, de 0,19 de chlorure de sodium
mélangé et de o,32 d'oxide de fer.
Edinite. Un anonyme , Philosophical Magazine, tome LU,
pag. 66, propose de désigner ainsi un minéral que le D'' Ken-
nedy a décrit dans le 5* vol. des Transactions dEdimbourgj
et qu'il a trouvé dans une masse de prelmile des roches ba-
saltiques, sur laquelle le château d'Edimbourg est bâti. 11 prouve
par l'analyse même qu'en a donnée M. Kennedy, que ce ne
peut être une zéolite, parce qu'elle ne contient que — ^ d'alumine,
tandis que toutes les zéolites connues en ofl'rcnt au moins -'„ ,
et que ce n'est pas un trénioltte, comme le pense M. AUou ,
parce que la magnésie, qui est un des ingrédiens nécessaires de
celte espèce, est inappréciable dans l'iidinite. Sa composition
chimique est 5i,5o de silice, 52,oo de chaux, o,5o d'alumine,
o,5o d'oxide d'élain, 8,5o de soude et 5 d'acide carbonique, avec
quelques traces de magnésie et d'acide muriatique.
M. Cordicr, annales de C/iiniie, tome iX, pag. 88, a en-
visagé la brèche siliceuse du JMont-d'Or, sous les deux rap-
ports scientifique et écon«miique ; sous le premier, il conclut
que celte brèche est composée d'un sous -sulfate d'alumine et
de potasse silicifère, analogue aux sous-sulfates de Montions et
de la Tolfa, comme presque tontes les laves altérées par des
vapeurs acido-sulfureuses des volcans, et que comme toutes
ces substances , avec un aspect assez diflérent, offi-ent cependant
une composiiion chimique analogue, on devra en former une
espèce minéralogiqne , "parmi les sels insolubles. On pourra
ensuite la diviser en deux variétés, le sous- sulfate pur et le
sous-sulfate silicifère, et diviser chacunt de ces variétés en deux
sous-variétés, l'une massiie et l'autre poreuse. Quant an point
de vue économique , il lui paroîl probable qu'on pourroit en
tirer un pai-li avantageux.
M. Biot, comme nous l'avons annoncé plus haut, a appliqué
S8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CBIMIE
la polarisation de la lumière à la de'lerminalioa des differenles es--
pècesde mica. D'après la manière dont elles agissent sur la lumière
polarisée, il en trouve deux; dans l'une, les anneaux colorés sont tra-
versés par deux axes', en forme de croix noire, tandis que dans
l'autre, ils sont traversés par un second axe, ou bande noire qui
passe par le centre; et ce qu'il y a de remarquable, c'est que ces
diflérences intei ieures sont traduites par des caractères extérieurs;
la première variété ayant sa surface lisse et brillante, et la
seconde étant rude et finement sillonnée, et que M. Vauquelin
a trouvé qu'elles correspondent à des différences dans la com-
position chimique.
M. Cordier a publié dans les Annales des Mines, tome III,
pag. 3, des notices, d'où il résulte que V Albin de Werner n'est
qu'une variété de mésolype. ( M. Heuland pense que ce n'est
qu'une variété d'apophyllite); (^ntYEgeran est un Idocrase ; que la
Gehlenite n'est aussi qu'un idocrase; que VHelvin doit au con-
traire former une espèce nouvelle ; que le Pelium a tous les
caractères de la Dichro'ite; que le Pirgoni de Werner, n'est
autre chose que la variété de pyroxène que les minéralogistes
italiens ont tiommé Fassaite.
Le Spath-Fluor a été découvert en Ecosse, et eu très-grande
abondance, près Shawnu-Town , dans le territoire des Illinois,
formant la gangue d'une veine de galène; le Chromale de fer ^
dans l'Ile Schettland; la Plombagine, dans le comté dYvernois;
la Tourmaline et YApalite, dans le Dewonshire; le Zircon, par
le D' Neac Culloch en Sutherland ; YHaujne, dans l'île de Thyrée,
et dans un calcaire primitif; une mine de sulfure d'antimoine
dans le Banffschire; le Prase, en Ecosse dans le Loch Hourn,
et formant des veines dans un gneiss qui contient de l'acli-
uolite ; la Prehnite, par M. J. Finch avec la mésolype et le
sulfate de baryte dans un basalte en décomposition à Pouck-
Hill , près Walsalle. M. James Pierce a trouvé la magnésie car-
bonatée formant des veines horizontales de près de 2 pouces
d'épaisseur, dans la serpentine d'Hoboken près de New- York,
où le D'' Bruce avoit découvert la magnésie hydratée. Il a égale-
ment recueilli dans le même lieu, des échantillons d'amiante,
dont les fibres fines et flexibles comme des cheveux, ont 12 à
i5 pouces de long.
On a découvert dans le district de Gracios^rde-Dios, dans
l'intérieur de la province de Honduras, royaume de Gualimaia ,
dans le Mexique, deux mines d'opales précieuses; elles sont
dans uu« terre à porcelaine, et accompagnées de toutes les autres
^ varié te's
ET d'iiistoirk naturelle. Sg
variétés d'opale, et entre autres du girasol bleu de ciel, et de
l'opale soleil de Sonnens Chmidt.
Il existe dans le cabinet de Madrid , une pépite de platine
à peu près ovale , qui a 2 pouces 4 lignes dans S'jn plus grand
diamètre , et 2 pouces dans le plus petit, sur 4 pouces 4 lignes
d'épaisseur; elle pèse i liv. g onc. i gros. Sa couleur est celle
de l'argent natif. Sa surface est rude et marquée de quelques
lâches d'oxide de fer. Elle a été trouvée près d'une mine d'or,
dans le Guebrada de Apoto, province de INotiva, gouvcrnemeut
de Choco.
A 12 milles de New-Haven, on a découvert un morceau de
cuivre natif de 6 livres pesant, offrant à sa surface des rudir-
mens de larges cristaux octaèdres , et plus ou moius eacroûtés
de carbonate \ert de cuivre et d'oxide rouge.
GÉOLOGIE.
Les Sociétés qui s'occupent presque spécialement de cette
belle science en Angleterre, paroissent avoir produit dans ce
pajs, une impulsion qui doit contribuer puissamment à son
avancement ; aussi le plus grand nombre de travaux géognos-
liques publiés cette année, viennent-ils des Anglois et des Amé-
ricains septentrionaux.
M. W. Maclure a donné, dans le Journal des Sciences na-
turelles de Philadelphie, une Table synoptique de la formation
de toutes les roches, dans laquelle il se propose de rechercher
l'origine probable de leur forme et de leur état actuel. Aussi
son ordre dans la classification des roches, est-il inverse de
celui admis assez généralement; il marche en efl'et du plus connu
au moins connu ; il divise , par exemple , toutes les roches en trois
classes , suivant que leur origine est aqueuse, volcanique ou
presque douteuse.
Dans la première , il place les terrains meubles ou de dépôts,
el ceux de transition ; dans la seconde , les produits volcaniques
actuels, anciens ou fort anciens; enfin, la troisième classe
contient dans deux ordres, les roches dites généralement pri-
mitives. Comme nous nous proposons de donner une traduction
de ce travail iotéressant , nous nous bornerons à cette simple
annonce.
M. Th. Tregold, Philosophical Magazine , janvier, pag. 36,
dans des remarques sur les principes géologiques de Werner,
et de ceux de M. Smith, quoique convaincu que la doctrine
de celui-ci est très-voisine de la théorie desjormations de Werner,
Tome LXXXFUI. JANVIER an 18 19. M
ÇO JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
cherclie cependant à prouver que les lois de succession des
couciies quiies composent, sonl purement hypotliéliqucs chez le
premier, et au contraire, le résultat d'observations multipliées
chez M. Smith. Quant à celui-ci qui s'occupe depuis fort long-
temps, et d'une manière spéciale, de la Géognosie de l'Angle-
terre, il paroîl qu'il est toujours en discussion de priorité de
découverte avec M. John Farey; discussions qui sont insérées
dans le Philosophical Magasine, mais qui n'ont diutérêt que
pour les contendans et leurs amis.
M. W. Phillips a ludevanl la SociétéGéologique, un Mémoire
étendu contenant des remarques sur les collines calcaires des
environs de Douvres et sur la terre verte qui s'y trouve.
M. J. F. Danielle a fait aussi connoître dans le n* VIII,
pag. 227 du Journal de V Instilulion royale, une formation cal-
caire fort remarquable des environs de Brighton et de Rol-
tingdean. _ v , .
M. le D'' Berger a traité, avec tous les détails nécessaires,
dans le 3* volume des Mémoires de la Sociélé géologique de
Londres, de la Géologie du nord de l'Irlande.
Nous devons également à un anglois, M. Allen, un Mémoire
étendu sur la Géologie de Nice, mais qui ue paroit pas con-
tenir d'observations bien nouvelles.
Nous avons publié dans notre Journal quelques noies sur la
structure du pic d'Adam, par M. le D'' J. Davy, d'après les
observations duquel il seroit entièrement formé de gneiss,
formation où se trouvent la plupart des pierres gemmes de
Ceylan ; sur la nioiilague de la table, qui paroît être entiè-
rement composée de granité; sur la Géologie de l'ile de J.
Mayen, qui prouveroit qu'elle est entièrement volcanique ; sur
le Groenland, qui montre que, dans ce pays, le gneiss manque
loul-à-fait, que les basaltes se trouvent en stratifications im-r
inenses entre le 70° et le 77° de latitude N., et que dans celle
partie il n'y a pas de calcaire coquilier.
M. Farzer, ^nnal. de Philosopk., juin, et Journ. de Pjijsiq.,
tome LXXXVIl, pug. 22g, a fait connoître, sur la structure
des monts Hymàlà, quelques détails qui font vivement désirer
la publication complète de ses observations.
Nous rappellerons d'autant plus volontiers la note de M. Baillet
sur la nature de la roche où se trouve la mine d'Heulgoel ,
dans le département du Finistère, que nous avons commis une
erreur grave, enimpiimanl, tome LXXXVI, pag. 167, qu'elle est
dans ua t«rraia secondaire au lieu de lerraiu de trausition.
ET d'iUSTOIUE naturelle. QI
Les Américains du Nord paroissenl surtout beaucoup s oc-
cuper de la Minéralogie et de la Géologie de leur pays. Ainsi
M. 3. H. Rain nous a fait voir, par le Mémoire qu'il a inséré
dans le Journal des Sciences de M. Silliman , de quel intérêt
pouvoil être la Minéralogie et la Géologie d'une partie nord-ouest
de la Virginie, et de l'est du Tennessee. Il y décrit les substances
minérales les plus intéressantes qu'il a rencontrées, et se rat-
tache au travail général et à l'excellente carte que M. Maclure
a publiés dans le volume dernier des Mémoires de la Société de
New-Vork, sur la Géologie des Etats-Unis.
On trouvera une description fort intéressante de diverses for-
mations d'eau douce dans le midi de la France , dans le Mé-
moire de M. Marcel de Serres , que nous avons inséré dans
le t. LXXXVII, p. 3i et suiv. de notre Journal. On y verra qu'il
y a de ces terrains d'antiquité fort dilTérente, et combien l'étude
des corps organisés fossiles est surtout utile dans les recherches
sur ces sortes de terrains.
Mais les géologisles ne se bornent pas à l'élude de la stratifi-
cation de certaines parties delà terre; il en est a qui leur grande
expérience permet de hasarder l'explication de ces grandes ano-
malies locales, pierre d'achoppement ordinaire de la Géognosie,
C'est ainsi que M. de Buch, peu satisfait des explications qu'on
a données jusqu'ici de la présence des blocs de granité, souvent
fort considérables , épars sur le Mont-Jura qui est entièrement
calcaire, a cherché à résoudre cette grande difficulté dans un
Mémoire dont M. Brochant a donné un extrait dans les jifi-
nales de Chimie, tome VII, pag. 28. Il a commencé par ana-
lyser le fait avec beaucoup de soin, et sous ce rapport, son
Mémoire paroil renfermer des observations fort intéressantes,
après quoi il conclut, 1°. que ces blocs proviennent de la chaîne
des Alpes, et surtout de l'extrémité nord-est de la chaîne du
Mont-Blanc, parce qu'ils sont formés de la même variété de gra-
nité; 2°. que leur dispersion est due à une sorte de projection
violente, parce que le dépôt de ces roches forme une espèce de
cône, dont le point culminant est au centre de l'embouchure
du Valais; 3°. que celte dispersion a dû se faire d'un seul coup,
parce que les montagnes des Alpes, d'où ces blocs proviennent,
étoieiit beaucoup plus élevées que le Jura ; 4°- que la force de
projection étoit immense, puisqu'il a fallu que des blocs qui
ont quelquefois 40 pieds de haut sur 5o de long et 20 de large,
aient pu traverser tout le pays de Vaud qui les séparoil du
Jura, sans y tomber. Mais quelle a dû être celle qu'il a fallu
M 2
92 JOURNAL DK PHYSIQUE, DE CHIMIE
pour transporter des monlagnes Scandinaves, par dessus la mer
Baltique, les blocs primitifs qui sont épars sur toutes les plaines
du nord de l'Europe, jusqu'à Anvers et à Bruxelles? M. de
Buch employant la même sorte de preuves , arrive cependant à
croire, ou mieux peut être, à proposer de croire que leur transport
est évidemment le résultat d'une révolution du même genre,
mais beaucoup plus étendue. Aussi M. J. A. Deluc de Genève,
sentant avec raison quelles grandes difficultés on peut trouver
dans ce système de M. de Buch, a l-il publié, Jnn. de Chim. ,\.Y\\l,
p. i34,un Mémoire contradictoire, dans lequel après avoir rap-
porté plusieurs faits inaperçus par M. de Buch, il cherche à relever
l'opinion établie par son oncle M. A. J. Deluc, le célèbre phy-
sicien , et qui consiste à admettre que ces pierres sont sorties
de l'intérieur de la terre, par le refoulement des fluides élas-
tiques comprimés et des eaux de la mer, lors du bouleversement
des couches minérales.
Quoi qu'il en soit de ces deux opinions, qui Sont au moins fort
hypothétiques, quelques personnes ayant pensé que ces roches ont
pu être transportées par des amas considérables de glaces, ana-
logues à ceux détachés du Groenland, dont nous avons parlé plus
haut, on a dû recueillir avec soin l'histoire de débâcles plus
ou moins analogues, qui sont arrivées cette année dans nos
pays. C'est ainsi que nous avons inséré, t. LXXXVII, p. 353,
de notre Journal, le rapport intéressant que M. Duhaldata fait
des éboulemens qui ont eu lieu dans le mois de mars dernier,
dans la commune de Norroy, située à trois quarts de lieue au
nord de Pont-.î-Mousson, après la nuit très-orageuse du 1 1 au
12 de ce mois. On a pu voir qu'à la suite des pluies presque
continues des années précédentes, et peut-être par l'ébranle-
ment communiqué au sol par les vents violens qui onteu lieu dans
les jours qui ont précédé le bouleversement , la couche végétale du
canton de Norroy a glissé sur la couche argileuse humectée,
et a entraîné avec elle les arbres et les corps qui lui éloient
superposés à une distance plus ou moins considérable , de telle
sorte que le terrain sembloit avoir été bouleversé par l'explo-
sion d'une mine.
Nous mettrons au rang des phénomènes analogues, la chute
d'une grande portion de montagne couvertes de roches et de
bois qui , le 4 avril , près du village de Sonubos dans la vallée
de Sainl-lmier, en Suisse, s'est séparée des hautes régions,
et qui a couvert de ses immenses débris, plus de 5oo pas de
la route de Brienne,
ET d'histoire naturelle. C)5
Mais une cafasiroplie dont les efï'els ont été beaucoup plus perni-
cieux, et dont la connoissance pourra êlre plus utile en Géologie,
est celle qui a ravagé le val de Bagne dans le Bas-Valais, et
dont M. Escher nous a donné un excellent récit dans la Biblio-
thèque universelle, tome VIII, pag. 291. A la suite d'énormes
quartiers de glace tombés du glacier de Getro dans le lit de
la Dranse , petite rivière qui occupe le fond du val de Bagne,
le cours de celle rivière qui est fréquemment resserré par dus
saillies de rochers dont la hauteur va quelquefois jusqu'à 100
pieds, s'éloit trouvée obstruée , et avoit formé une retenue d'eau
ou une sorte de lac de 10 à 12,000 pieds de longueur, sur
une largeur moyenne de 4^0 pieds, et de 200 pieds de pro-
fondeur; en sorte qu'il conlenoit au moins 800,000,000 de pieds
cubes. Pour éviter les ravages dont la débâcle d'une aussi grande
quantité d'eau menaçoit le reste de la vallée, on creusa dans la
glace même une galerie d'écoulement qui avoit déjà produit une
diminution de 3 à 4 pieds de haut, lorsque tout à couple 16 juin
à 4 heures du soir, l'eau rompit la barrière de glace , et s'écoula
en une demi-heure de temps, avec la vitesse énorme en quel-
ques endroils de 55 pieds par seconde; tout ce qui se trouva
sur le passage d'une masse aussi considérable d'eau, et animée
d'une si grande vitesse, fut détruit ou entraîné, et toute la
vallée, jusqu'à son embouchure dans le Rhône, fut couvcrle
d'une couche considérable de roches brisées , de cailloux , de sable
et de terre, enveloppant toutes sortes d'objets produits de l'in-
dustrie humaine.
Si les géognostes peuvent trouver à employer oes résultats
d'accidens locaux, arrivés sous nos yeux, pour l'explication d'ac-
cidens anciens, il se peut aussi qu'ils trouvent dans le résultat
de produits pour ainsi dire arlificiels , quelque utilité. Aiusi
nous devons rappeler que M. le D"^ Paru , a donné dans le der-
nier volume des Transactions de la Société géologique de Corn-
wall, la description d'une sorte de roche artificielle formée au
fond d'une chaudière de machine à vapeurs, employée à l'ex-
ploitation d'une mine, et qui avoit une telle ressemblance avec
le gneiss, que beaucoup de géologistes y ont été trompés. Un
anonyme a aussi prévenu les minéralogistes de se tenir en garde,
lorsqu'ils pourront visiter une sorte de pseudo-volcan qui existe
dans le Staffordshire , et qui est formée par la combustion d'une
mine de houille qui étoit déjà en feu en 1686. En effet, il paroit
que la vue extérieure des couches qui s'y trouvent exposées,
g4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
oflfie l'afpecl tle minéraux travailles par le feu, et surtout les
cuuluurs porplijritiques à un baut degré.
Depuis la découverte de Pompeia et d'Herculanum, il éloit
assez giiiiéralemetU admis que ces deux villes avoient été en-
sevelies sous les cendres volcaniques du Vésuve, dans l'éruption
de ■'m; mais il paroît, d'après les observations de M. Tondi,
qu'il n'en est pas ainsi , et que Pompeia est couverte par un lit de
peli.es pierres, de la même nature que celles qu'on observe tous
les jours formées par l'aclion de l'eau, sur le rivage de Naples;
et qu'Herculanum l'est par une série de couches, formant en*
semble une épaisseur de 60 pieds, composées d'un tuf ayant
tous les caractères d'un tuf formé par l'eau; en sorte que M. Tondi
qni a été conduit à celle idée, en trouvant des vases renversés
et pleins de la matière des couches , pense que la destruction de
ces villes est due à une irruption aqueuse.
De la Paloœosomiologle , ou de l'histoire des corps organisés
fossiles.
L'utilité dont cette partie de l'Histoire naturelle peut être à
la Géologie, lait que les naturalistes s'en occupent avec beaucoup
de soin.
Les deux gissemens les plus remarquables d'ossemens fossiles
d'animaux mammifères sont, sans aucun doute , ceux de Tiède
et de Carisladl. Nous avons rapporté ce que les journaux alle-
mands en ont dit; on a pu voir que dans une étendue extrê-
mement peu considérable, et presque à la superficie delà terre,
dans un terrain meuble, des ossemens pour la plupart en tres-
hon élat de conservation , et provenant d'un assez grand nombre
d'espèces de mammifères, ont été entassés en quantité presque
incroyable; en sorte qu'il est vraiment assez difficile d'imaginer
la cause qui a pu ainsi les réunir.
On a trouvé dans la paroisse de Motlerton, dans la partie sud
de l'île de Wight, plusieurs ossemens, et entre autres, des
vertèbres de plus de 36 pouces de circonférence, et qui ont
bien certainement, dit-on, appartenu au Mastodonte de TOyo.
Ces os contiennent du fer.
Dans la paroisse de Rilmaurs , en Ayrshire , M. Hood a trouvé
dans une argile d'alluvion à 17 pieds de profondeur, quatre
grandes défenses semblables à celles de l'éléphant, dont la plus
grande avoit /^o pouces anglois de long sur 12 i- de circonfé-
rence à sa base, et 8 ^ à l'extrémité, avec les côtes de quelque
grand animal, et quelques coquilles.
Un graud nombre d'ossemens fossiles, parmi lesquels oq ea
ET d'iiistoiiïe naturelle. Ç)5
a reconnu, dil-on, ^i-léphatis, de lion cl de diffcrentes espèces
d'oiseaux, ont été d .ouverts à Mngnf'iiauO près Viterbe.
Le Plulosophical Magazine, juilict , pag. 85, rapporte aussi que
dans ia partie septentrionale de la même ilc de Wigiit , île qui pa-
roit en général t'orl riche en toutes ces sortes de fossiles, IM. Hu-
ghes de Newport a trouvé des os de crocodile , dont la nature
calcaire n'est pas altérée.
Un pêcheur de Philisbourg, a retiré du Rhin dans ses filets,
un pied et un omoplate d'éléphant: mais éloient-ils réellement
fossiles? On peut élever le même doute sur la partie de mâ-
choire de 20 pouces de circonférence, provenant d'une haleine
€t qu'on a trouvée dans la fosse sablonneuse de Roydon , près
Diss. En eftet, il paroit qu'elle a été roulée.
M. Sowerby, qui poursuit avec beaucoup de zèle l'ouvrage
qu'il a entrepris depuis plusieurs années sous le nom de Minerai
(7o«c7io/o^)_, mais entièrement consacréà l'Angleterre, a termine
cette année le second volume de son ouvrage ; il y décrit et figure
184 espèces de coquilles fossiles, ou 222, en admettant avec
M. J. Farey, que plusieurs variétés sont de véritables espèces;
il arrive à ce résultat , que toutes ont appaitenu à des espèces
qui n'ont point d'analogues dans aucune partie du monde connu,
conclusion qui nous semble au moins prémaluiée ; peut-on dn-e,
en efl'et, que nousconnoissions toutes les coquilles actuellement vi-
vantes? Quoi qu'il en soit , M. J. Farey ayant fjji l'observation que
les déterminations de localités et de positions de plusieurs de ces
coquilles, ne se Irouvoient pas toujours concorder avec ce que
dit M. Smith dans la première partie de son système de stra-
tification , ouvrage également nouveau, dans lequel il décrit ou si-
gnale 1 1 55 espèces de coquilles ou de coralliles , trouvées en An-
gleterre dans les couches a\i-di'ssus du Lias (1), ou dans les trois
Siémoires de ses Strnla idenlifwd , qui traitent des ("ossiles supé-
rieurs au calcaire Corn brasli , M. J. Farey a enirepris de rectifier
avec soin ces errems, el c'est le sujet d'une sorte de concordance
qu'il a publiée dans le Pitilonophtcal Magazine , vol. LI[, p. 548,
mais dont nous n'essaierons pas même de donner un extrait.
Nous cioyons devoir encore rappeler ici le travail important
de M. Marcel de Serres sur les terrains d'eau douce, et sur les
animaux qai vivent alternalivement dans l'eau douce et dans
l'eau salée, parce qu'il contient des choses tort curieuses, mais
qui sont assez peu susceptibles d'extrait.
Nous devons aussi noter comme un fait assez singulier, l'exi-»
(i) Marne argileuse feuilletée de la formation des calcaires oolithiques.
9^ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIBIK
S lence d'un arbre pétrifié, et encore debout, qu'on a trouvé
converli en grès avec un peu d écorce en houille , près du
village de Peunicuik , à lo milles d'Edimbourg; il existe au
bord d'une rivière j sa hauteur est de quelques pieds au-dessus du
niveau du sol , mais dont il paroîl avoir été dégagé ; son diamètre
est d'environ 4 pieds. On voit encore ses racines qui pénètrent
dans dilT'érentes directions , le schiste argileux mêlé d'un peu
de mine de fer qui accompagne ordinairement la couche de
houille dans cette partie de l'Ecosse j en sorte qu'il parolt avoir
vécu dans le lieu où il se trouve.
Celui que M. Winch a trouvé dans un lit de charbon de
lerre à High-Heworlh, près Newcastle, dont le tronc et les grosses
branches sont siliceuses , tandis que les petites, l'écorce et les
feuilles sont de charbon, est, sans aucun doute, de même na-
ture ; mais on ne peut pas en dire autant du bois fossile de
Lichfield , et surtout de ceux d'Anligoa, qui sont entièrement
silicifics. Le premier éloit dans un banc de sable mêlé d'une
grande proportion d'argile , à 3 pieds de profondeur au-dessous
d'un lit de glaise, et les autres se trouvent à la surface de
l'île d'Antigoa, au moins en aussi grande profusion qu'HornC':^
mann en a trouvé dans la partie Est du grand désert d'Afrique.
BOTANIQUE.
Nous ne trouvons guère celle année de travaux qui em-
brassent, ou la théorie générale de l'organisation des plantes,
ou l'ensemble de leur classification; mais seulement des obser-
vations particulières qui , moins ambitieuses, conservent aussi
plus long-temps leur valeur intrinsèque.
Nous avons publié, tome LXXXVII, pag. aSo, de notre
Journal, un extrait des observations de M. Gazzi , sur la circu-
lation que M. Tabbé Corti admeltoit dans les liges de la
Charagne , et dans lesquelles il montre d'une manière évidente ,
que c'est plutôt une oscillation des fluides qu'une véritable cir-
culation.
M. Cassinia publié, tome LXXXVII, p. 285, des observations
fort curieuses sur le mode de fécondation de la campanule à
feuilles rondes; s'étant assuré que dans cette plante les trois stig-
mates qui terminent le style restent collés l'un avec l'autre, pen-
dant toute la durée de l'anthèse, et que ce n'est qu'après que le
pollen est entièrement tombé, qu'ils se séparent, a pensé que dans
cette plante, et peut-être dans beaucoup d'autres, on peut ad-
inettre que la fécoudation peut se faire , non-seulement par le
stigmate
ET D HISTOIRE N ATU H ELLE.', „ ,-, ^ §7
Stigmate, mais encore par toute la superficie du pistil; mais si
cela peut être soupçonne pour la campanule à feuilles rondes,
il paroît qu'il n'en est pas ainsi d'autres espèces observées par
M. Dupelit-Tliouars , qui a inséré une note contradictoire à celle
de M. Cassini, dans le Bulletin de la Société Philomathiqite ,
pag. 1 17. En effet, il pense que même dans la campanule à feuilles
rondes, les trois stigmates sont entr'ouverts à l'époque de la
préfleuraison , que c'est à ce moment que l'action du pollen
a lieu, et cela, parce que dans ce groupe de plantes les anthères
s'ouvrent avant l'épanouissement de la fleur.
M. de France a fait une observation moins sujette à contesta-
tion , c'est que dans Ténotlière à fleurs blanches , Touverture des
valves de la capsule, au lieu d'être favorisée par la sécheresse,
comme cela se voit dans la plupart des plantes qui ont de ces
sortes de fruits , n'est, au contraire, déterminée que par U
pluie ; aussi se referment-elles par la sécheresse.
M. Cassini, Bulletin de la Société Philomathique , pag. 16,
a trouvé dans le calice de la Scutelleria galericulata , quelque
chose de remarquable , en ce qu'étant infère , il fait fonction
de capsule, et se sépare complètement en deux valves longi-
tudinales à la maturité, au moyen d'une articulation préexistante,
ce qui n'avoit pas eucore été aperçu.
Nous devons au même botaniste, une autre observation d'une
plus grande importance, sur la germination des graines de Ra-
phanus sativus , et d'autres crucifères, puisqu'il en conclut que
les caractères proposés par M. Richard, pour la division pri-
maire des végétaux sexifères, sont beaucoup moins essentiels
que ce savant botaniste ne l'a pensé; en effet, M. Cassini établit
que le Raphanus sativus , et quelques autres espèces plus ou
moins voisines, quoique dicotylédones, sont évidemment endo-
rhizes, et constamment pourvus d'un coléorhize bivalve, qui
n'est autre chose que l'écorce même du caudcx; il paroît ce-
pendant que quelques espèces , entre autres, le cresson alénois,
ne sont pas endorhizes , au moins sensiblement. {Journal de
Phjsique, tome LXXXVII, pag. 292.)
M. Ch.Runtha fait voir dans une note insérée, t. IV, p. 4'^9 , des
Mém. du Mus., sur le genre Piper et sur sa place dans la série vé-
gétale, que d'après la structure de l'embryon, qui est vérita-
blement monocotylédon , la famille des Pipéracées qui ne ren-
ferme-^ suivant M. Runlh , que deux genres. Piper et Peperonial
doit être rangép à côté des Aroidéqs et des Typhécs parmi le*
Tome LXXXFUI. JANVIER an' 1819. ' " N'' -' ""•
î)8 JOURNAL DE PII Y S I Q Ui: , DE CHIMIE
monocolyk'dons , quoique la slruclure de son bois otïre des
l'avons me'dullaires (rès-prononcés.
Nous devons au même botaniste sur la famille des Aroidees,
la publication d'une partie des recliercbes analytiques de M. Ri-
chard, qui a bien -voulu lui ouvrir ses riches porte-feuilles.
Tres-rapprochée des pype'racees , des lyphëes et des fluviales,
celle famille s'en distingue, parce que sa graine, pourvue d'un
gros endosperme, est dressée ou pendante, el que l'ovaire est
polysperme, comme dans les deux dernières familles; les fleurs
ne sont jamais hermaphrodites, mais ordinaireinenl monoïques,
I"arement dioïques , el toujours monandres et monoïques. A la
ïuile de considérations générales , il propose de former trois
genres disùnclsâu Cal/a palustris, \À(\n.,à\xCalla œthiopica, I<.,
tt de Vj4mm arismiim, L. Il conserve au premier le nom de
Calla; il dédie le second à M. Richard , auquel les botanistes
dévoient bien ce témoignage de reconnoissance, pour ses im-
menses travaux, malheureusement non publiés; el enfin il donne
■u troisième le nom à'Ârisurum.
M. Auguste de Saint-Hilaire, Mémoires du Muséunij tome IV,
pag. 58i , a continué ses recherches sur les plantes auxquelles
on a attribué un placenta libre; il y traite successivement des
familles des Santalacées , des Mjvsinces , qu'il croit devoir placer
avant les Priinulacées, et enfin du genre jii'ice?inia, qui présente
les singularités les plus remarquables, et pour lequel il conclut,
après une analyse faite sur le frais , que dans ce genre , la
cordon ombilical est suspendu , que l'ovule est redressé par
rapport à ce cordon, que dans la graine le tégument propre
est membraneux , qu'il n'existe pas de périsperme , et que l'em-
bryon est parallèle à l'ombilic , et la radicule inférieure par
rapport au fruil.
Mais si nous avons eu mi assez petit nombre de travaux
»ar l'organisation ou la physiologie des plantes, c'est que les
botanistes se sont davantage dirigés vers la révision systéma-
tique des genres et espèces de plusieurs familles. L'une de celles
qui ofTroit le plus de difficultés sous ce rapport, et qui cepen-
dant a été le plus étudiée, paroît être la famille des Synanlbérées;
aussi est-ce celle qui a donné lieu h un pins grand nombre
de travaux; ainsi, outre le Mémoire de M. Cossini sur cet
ordre de plantes, que nous avons inséré dans notre Journal,
et la description qu'il a donnée dans le Siiltetin de la Société
Philonictihigue , des genres nouveaux qn'il a cru devoir y étiiblir,
ainsi que «êS «SjrèctîS qai servent de types aux genres Paient-
ET D HISTOIRE NATUBELI.Ï. ^
laria , Dicoma, Triaclma, Oliganthes, Piptocoma , Dimeroslemina,
Dislrichum , Henricia, Hjineimtlierunt et Diglossus, le mùme.
botanisle a public dans noire Jouriial, une Iraduclioa du beau
travail de M. R. Brown, sur la même famille de plantes, dans
laquelle on a sans doute remarqué une critique raisounée, et des
réclanialions délicates faites avec toute l'inipartiaiité et rhonnèlelé
que doivent constamment employer dans les discussions scien-
tifiques , les personnes qui, s'occupant de la même matière , ont
pu arriver aux mêmes résultats. De son côté, et à peu près
dans le même temps où les deux savans botanistes dont nous
venons de parler, s'occupoient de la famille des Synaiithérées,
il paroît que M. Mariano Lafjasca , botaniste espagnol auquel,
la science doit déjà une excellente dissertation sur les Chénan-
tophores, avoit établi quatorze nouveaux genres de Composées,
ce que nous apprenons par l'opuscule que ce botaniste a publié
en 1816 à Madrid, mais qui n'est parvenu en France que tout
récemment. Nous savons aussi que M. Kunlh , dans la publi-
cation qu'il fait des immenses récoltes botaniques de MM. de
Humboldt et Bonpland dans l'Amérique méridionale, étant ar-
rivé à la famille des Synanlhérées, a employé à son illustra-
tion tout le tome IV des Piaules équinoxiales de ces célèbres _
voyageurs. Ce volume n'est pas livré au public , mais il est
imprimé: et le 26 octobre 1818, M. Kunlh, dans l'intention
de procurer à son travail une date authentique, en a présenté
et déposé à l'Académie des Sciences, un exemplaire. M. Cassini,
à qui M. Runth en a donné un autre le 1" décembre 1818,
et qui prétend avoir quelques réclamations à former, se pro-
posant de donner dans notre Journal une analyse critique et
raisounée de ce travail, nous nous abstiendrons d'en dire da-
vantage.
C'est aussi dans le but de se rendre digne de l'association ho-
norable à laquelle il a été appelé par les auteurs des Plantes
équinoxiales , que M. Ch. Kunth a entrepris la révision de la
famille des Bignoniacées que nous avons insérée dans le t. LXXX VII,
pag. 444» de notre Recueil, et sur laquelle il seroit par con^
séquent inutile de nous appesantir.
C'est par la même raison que nous ne ferons également que
citer, 1°. la révision des espèces nombreuses du genre Opé-
graphe de la famille si singulière et si anomale des Lichens,
que nous devons à M. le D'" Dufour , qui paroît être, en France,
le botaniste le plus adonné aux recherches cryploganiiques ;
3°. le Mémoire de M. Léman sur différentes espèces nouvelles
tOO JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de Roses qui se Iroiivenl aux environs de Paris, et sur une nou-
velle rlassificalion des espèces nombreuses de ce genre; 5°. la
ret'iifîcalifin que M. Dupont a apportée dans les caractères du
genre Airiplex; 4°- enfin , la noie que nous devons à MM, Richard
et Decandolle sur le Gingho biloba, dont ils ont assuré la place
à côté du genre If, par l'analyse de son fruit.
IjC Journal de l'Institution rojale ^ n° 8, pag- 9 et 1 1 , a publié
d'excellentes figures coloriées d'un choix d'Orchidées, faites au
cap de Bonne - Espérance, d'après nature, par un peintre al-
lemand sous la direction de M. Masson , et qui existent dans
la riche collection de sir Jos. Banks; après avoir rapporté les
caractères d'ordres et de genres de ce singulier groupe, d'après
le Prodrome de la Nouvelle-Hollande de M. Brown , on donne
la figure du Bartholina burmanniana , du Disa grandijlora , spa-
thulata , porrecla, du Dipseris capensis , secunda , graminifolia ,
villosa , cucullala, du Corjcium bicolor et du Plerj godium ca-
tholicum.
On trouve annoncé dans le même Journal , que M. Jos. Pavon,
auteur de la Flore du Pérou, a trouvé la pomme de terre cul-
tivée en grande abondance par les naturels du royaume du
Chili, où elle est appelée, ainsi qu'au Pérou, Papas; on lui
a dit qu'elle provenoit des forêts près de Santa-Fé di Bagota.
M. Desfonlairies a fait connoître dans le tome IV des Mé-
moires du Muséum, P^g- 245, les caractères de quatre nouveaux
genres, et des espèces qui les composent. Le premier, sous le
nom de il/ezo/ieivo/Zj rapproché du genre Cesalpina , par la forme
de la corolle , le nombre des élaniines, la distinction de leurs
filets et même par le port, en diffère beaucoup par le fruit
ou légume , pour la forme duquel il se rapproche au contraire
de VHœmatoxjle , avec cette différence , qu'il ne se divise pas
comme dans celui-ci en deux parties naviculaires , et surtout
que les graines adhèrent à la suture par le sommet et non par
le côté. Deux espèces composent ce genre ; toutes deux sont
arborescentes et viennent de l'Archipel indien. L'une est le
Mezonevron glabrum , et l'antre le Mezonevron puhescens. Le
second genre est nommé Heterostemon; il est voisin du Tama~
rindus, dont il diffère surtout par le calice caliculé , les fila-
mens des étamines tous anthérifères, et le légume comprimé,
et non mucroné , ni pulpeux. Il ne contient qu'une espèce ar-
borescente provenant du Brésil, et que M. Desfontaine nomme
Heterostemon niimosoïdes , pi. 12. he Ledocarpnn , ou quatrième
genre établi sur un arbi'isscau du Chili, rapporté par Dombey,
ET D HISTOIRE NATURELLE. 101
el que M. Desfontaines nomme Ledocarpon Chilensis, pi. i5, se
rapproche beaucoup des Oxalisj doul il dilTère cependant par son
calice entouré d'un involucre, par les pélales el les filels des éta-
mines qui sont libres, par ses styles épais, courts, dépourvus de
stigmales frangés, enfin parle feuillage qui ressemble un peu à
celui des Ilériatilhèmes. Enfin, le quatrième genre ou le Mi~
cranlhenmm , formé d'une seule espèce d'arbrisseau Irès-rameux
de la Nouvelle-Galle, que M. Desfontaine nomme M Icranlhenmm
cricoides j, pi. i4» est fort rapproché du genre PhjUanllius, dont
il diffère surtout par ses trois styles simples el petits , la forme
ovale , oblongue de sa capsule ayant ses coques bivalves , el
enfin par ses feuilles sortant trois à trois.
Je me bornerai à citer les fascicules de plantes qui sont pu-
bliés dans les Opuscoli scelti , de l'Académie de Bologne, par
M. Bertoloni, parce que comme ce ne sont presque toujours
que des rectifications de synonymie d'espèces, ou de descriptions
plus étendues d'espèces mal connues, il nous seroit impossible
d'en donner un extrait.
ZOOLOGIE, ANATOMIE et PHYSIOLOGIE.
Dans cet arti-^le, nous allons successivement parler des travaux
qui ont eu pour objet l'organisation, les diverses fonctions des
animaux, et enfin leur classification. Dans l'étude de l'organi-
sation, nous suivrons la marche physiologique.
Sur les organes des sensations. Nous trouvons un assez grand
nombre de travaux qui ont pour but de perfectionner l'Analomio
et la Physiologie de l'œil; ainsi M. Mondini, Opuscoli scelti
de Bologne , cherche à établir dans un Mémoire étendu , ac-
compagné de figures nombreuses , que le Piginentum nigritni de
l'œil, n'est pas, comme on le pense vulgairement, un mucus
ou un vernis, mais bien, comme son père l'avoit établi en 1799,
dans les Mémoires de l'académie de Bologne , un véritable tissu
niembranoso-globulaire, qui ofl're cela de particulier, qu'entre
ses globules se secrète, ou mieux , se dépose une substance
ferrugineuse , provenant des extrémités des artères qui sont dans
la partie villeuse de la choroïde. M. le D'" Jacob, professeur
d'Aiiatomie à Dublin, pense avoir découvert, dit-il, par des
procédés particuliers, une membrane qui couvre la surface ex-
terne de la rétine dans l'homme et les animaux. Comme c'est
tout ce que nous savons de cette découverte, nous ne pouvons
pas dire si celle membrane est réellement nouvelle ou l'uoe de
!02 JOUnNAI, DE PHYSIQUE, DB CHIMIE
celles qui composent la rétine, suivant plusieurs analomistes du
continent.
Au sujet d'un Mémoire lu par M. J. Cloquet à l'Acade'mie
des Sciences, dans lequel il a ajouté quelques nouveaux détails
sur la membrane pupillaire dans le fœtus humain, et sur la
manière dont elle se détruit, choses qui n'éloieut pas assez gé-
néralement connues parmi nous, malgré ce qu'en a dit Blu-
menbach , et les ligures de Sœmmering, M. Portai a publié,
dans le tome IV des Annales du Muséum, pag. 4-57 > quelques
détails historiques fort intcressans sur la découverte de cette
membrane, et sur l'idée que s'en sont faite les anatomisles ,
et en outre, des considérations importantes pour la Pathologie
et la Pli^'siologie, sur l'époque de la vie à laquelle se dé-
houchent, pour ainsi dire, les organes des sens. C'est en effet
une chose à laquelle on n'a pas fait assez d'attention jusqu'ici;
mais les animaux mammifères même arrivent à la lumière dans
des degrés de développement de l'appareil général des sensa-
tions extrêmement difîérens. Ainsi, les uns, comme les rumi-
jiaiis, les pachydermes, en général, les ongulés, jouissent presque
immédiatement, après leur naissance, de tous leurs organes
des sens j les rongeurs sont déjà moins avancés; viennent ensuite
l'homme et les singes, et enfin les carnaciers sont ceux qui
naissent le moins développes de tous (les didelphes cependant
exceptés); aussi non -seulement ils ont une membrane pupil-
laire , mais leurs paupières sont parfaitement closes ; il en est
de même des parois du canal auditif externe qui sont entière-
ment collées; et bien plus, comme M. Portai l'a observé dans
l'homme pour la trompe d'Eustache , toute la caisse du tympan,
est entièrement remplie par une substance gélatineuse abon-
dante; c'est du moins ce que j'ai vu dans les jeunes chieus et
dans les chats.
Nous devons aussi faire mention d'une opinion fort singu-
lière de M. le D' F. Santi , qui pense que la tache de Sœmmering
est d'un bien plus grand usage qu'on ne le croit communément;
que c'est une sorte de seconde pupille par où passent les images
réfléchies par la rétine, qui n'est pour lui qu'une sorte de glace,
pour ensuite être transmises par le nerf optique, qu'il regarde
comme creux , au sensorium commune. M. Ferminelli n'a pas eu
de peine, comme on le pense bien , à réfuter cette opinion bizarre,
comme il l'a fait dans le 7= fascicule, pag. Sg, des Opuscoli scolti
de Bologne.
jSi les anatomisles ne sont pas encore d'accord sur l'organi-
ST d'histoire naturelle. lOj
satioii de l'œil, il s'en faut de beaucoup que les pliysicicns le
soient davantage sur les fonctions de cet appareil admirable.
11 Icfur manque évidemment plusieurs ëléniens , qu'il est fort
probable qu'ils n'obliendronl jamais, du moins au degré d'exac-
titude nécessaire pour y appliquer le calcul. W. cliossat de
Genève paroîl cependant être dans l'intention de remplir qnebjiies
lacunes sous ce rapport; il s'est déjà occupé de rechercher quel
est le pouvoir réfringent des milieux de l'œil. En employant une
méthode indiquée par Euier, mais développée par M. Brewsler,
il est arrivé à montrer que le pouvoir réfringent de la cornée
transparente dans l'homme, l'ours, l'éléphant, le bœuf et même
dans le dindon et la carpe , diffère très-peu de celui de l'eau.
11 évalue le pouvoir réfringent de la membrane aqueuse dans
l'éléphant, à i,549, *^' "^^"^ '*^ bœuf, à 1,339; celui de la cap-
sule du crislallia , à i,35 dans l'homme, ainsi que dans le
dindon; la couche muqueuse de la cornée dans la carpe et
le dindon a un pouvoir réfringent de i,557, et par conséquent
Supérieur à celui de l'humeur aqueuse de ces mûmes animaux.
Les résultats de ses expériences sur Thumeur aqueuse, et même
sur l'humeur vitrée, prouvent que le pouvoir réfringent de ces
humeurs difi'ère peu de celui de l'eau , et ce qu'il y a de re-
marquable, c'est que les différences entre les mammifères, les
oiseaux et les poissons paroissent être de fort peu d'importance ;
en effet, par exemple, la carpe et l'ours ne diffèrent pas sous
ces deux rapports; quant au cristallin, il paroît qu'il faut des
précaulions nombreuses pour pouvoir arriver à des résultats un
peu salisfaivins , et encore malgré ses essais multipliés, M. Chossat
n'a pu trouver One loi déterminée suivant laquelle le pouvoir
réfringent croilroit dans le cristallin. On voit cependant d'aprèf
les tables qu'il publie, qu'il y a un accroissement sensible; il
•me semble en outre qu'on peut en conclure, que le pouvoii
réfringent du cristallin des carpes est un peu pins grand que celu
des macirmifères , et sensiblement plus que celui du dindon. Lef
résultats obtenus par M. Chossat dans <ks expériences d'une aussi
grande délicatesse, ne sont peut-être aussi peu conclnans , que
jparce que ce physicien n'a pas pu choisir le sujet de ses ex-
périences; nous prendrons la liberté de lui donner quelques
conseils à ce sjqet. Il nous semble d'abord qu'il tiiudroil com-
iTienccr n,-;i- (aire des expériences nombrtoses sur une seule es-
pèce d'aiiiin-al des trois groupes tJ*; iTumiwiifèiies, d'oiseaux e(
de pois-sons, dont il pourvoit se procurer presque à voUinle des
iff44^i4us, afin <d© iix«f d'atord un mode coustaut dexpéri-
, r;'!-)i"i
104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
meiiter , en se rendant maître, pour ainsi dire, de son sujet,
et d'apercevoir les différences qui peuvent tenir au degré d'or-
ganisation s'il y en a, et surtout celles qui proviennent de la
nature du milieu dans lequel l'organe est en action. Après cela,
il faudroit choisir dans chacune de ces classes, les espèces qui
ont été modifiées plus ou moins profondément pour voir dans
quelques circonstances particulières, en prenant les extrêmes.
Ainsi, parmi les mammifères, on choiiiroit la chauve-souris,
l'écureuil, qui voient dans les régions de l'air les plus élevées;
la loutre, le phoque, les cétacés, qui voient dans l'eau; le chat
qui voit dans une assez grande obscurité, etc.; on en feroit de
même chez les oiseaux, c'est-à-dire que connoissant l'étal nor-
mal, on choisiroit les espèces qui voient à des distances con-
sidérables, comme les oiseaux de proie diurnes; celles qui ne
quittent pas la terre, celles qui cherchent leur nourriture dans
l'eau, comme les plongeons, etc.; et enfin celles qui voient
de nuit, comme les chouettes, etc.; dans les poissons, on ne
doit pas s'attendre à des différences bien importantes. H y a
encori? une autre considération qui me semble avoir échappé
à M. Chossat , ce sont les différences dépendantes de l'âge, et
qui doivent être, à ce qu'il nous semble, fort importantes. Quoi
qu'il en soit de ces réflexions que nous ne faisons que dans l'intérêt
delascience, M. Chossat conclut déjà de ses expériences que l'ob-
scurcissement de la cornée du cristallin , et peut-être même du
corps vitré au moyen de la pression, ne milite pas en faveur
de l'ajustement de l'ceil , par une cause qui agiroit en compri-
mant cet organe.
Jppareil de la locomotion. M. Michel Medici, professeur de
Physiologie dans l'Université de Bologne, a publié dans les Opus-
coli scelli de celte Université , cahier VlII, pag. 95, des ex-
périences sur la structure organique des os , desquelles il conclut
que les os sont en tout ou en partie composés de lames , plus
aisées à séparer à leur face externe qu'à l'interne, et jointes en-
semble par de la substance celluleuse, par des appendices fila-
menteux, ou par simple adhérence. Du reste, son opinion que
dans tous les os le tissu cellulaire existe toujours, etc., est
celle qui est généralement admise par les anatomistes.
Nous ne rappellerons ce que nous avons publié. Bulletin de
la Société Philomathique , sur l'idée fort ingénieuse que s'est
faite M. le D' Leach, du mécanisme de la fermeture et dé
l'ouverture des deux valves des coquilles bivalves, que pour
y ajouter qu'elle avoil déjà été aperçue par un de ses com-
patriotes,
ET d'histoire naturelle. io5
patriotes, le célèbre Willis , et que M. Pinel, auquel nous
devons la théorie moderne à ce sujet, l'a combattue dans ua
Mémoire anciennement publié dans notre Journal.
Appareil et fonction de la digestion. M. Portai, Mémoire du
Muséum, tome IV, pag. SgS, a cru devoir opposer à i'opinioa
très - ancienne, qui admet que dans le vomissement chez les
animaux mammifères , l'estomac est entièrement inerte , et que
tout l'effort est produit par les parois abdominales, des expé-
riences qu'il a faites en 1771, dans un cours de Physiologie
expérimentale au Collège de France, et dans lesquelles il a montré,
pour ainsi dire, au doigt et à l'œil, les coulraclions de ce vis-
cère; à ce sujet, il donne une histoire intéressante de cette
controverse, qui fait voir que, comme dans la très-grande partie
des théories physiologiques , les opinions contradictoires ont
été aussi successivement soutenues et réfutées alternativement.
M. Magendie qui , dans ces derniers temps, a renouvelé l'opinion
de l'iaerlie de l'estomac dans le vomissement , n'a cependant
pas regardé les expériences de M. Portai comme concluantes,
comme on pourra le voir dans le Bulletin de la Société PhilomU'
thique , pag. 107. M. Lallemand, au contraire, dans une excel-
lente thèse inaugurale qu'il a soutenue à la Faculté de Médecine,
a rapporté, avec tous les détails nécessaires, l'histoire d'une rup-
ture de l'estomac à la suite d'efforts considérables pour vomir,
qui lui paroit considérablement fortifier la théorie encore assez
généralement admise, que dans le vomissement, l'œsophage,
l'estomac, le diaphragme et les parois abdominales agissent sen-
siblement à la fois, quoique ce soit réellement l'estomac qui
en soit le moteur; le premier, comme agent préparatoire, le
second comme ageni direct , et les deux autres comme agens
indirects, et d'autant plus nécessaires, que l'action de l'estomac
est plus foible , et que sa disposition mécanique est moins favo-
rable. Dans cette manière de voir, on explique pourquoi certains
maux vomissent si aisément, tandis que d'autres , comme le
cheval, le font avec tant de ditTîcultés, au point qu'aj'ant in-
troduit de l'air dans l'estomac d'un cheval, dont on a lié seu-
lement le pylore , on peut monter dessus sans que l'air s'échappe
par le cardia, comme je l'ai expérimenté il y a plus de 8 ans
devant plusieurs personnes. On voit aussi pourquoi le chien est
peut-être l'animal le plus mal choisi pour faire des expériences
un peu concluantes à ce sujet.
Au reste, cette opinion que l'estomac n'est pas passif dans
le vomissement, est aussi aisée à éclaircir parles faits palho-.
To/ne ZX^X^///. JANVIER aa x8 19. O
îo6 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE
logiques les plus ordinaires ; il n'en est pas de même de raclion
plus profonde et plus cachée de l'esloniac sur les mallères ali-
mentaires qui lui sont confiées; nous dirons peu de chose des
expériences de M. Ashley Cooper sur la digestion, et qui ont
é[s, faites dans la vue d'établir le degré de pouvoir dissolvant,
dont jouit le suc gastrique sur les diflérens alimens, et de tirer
quelques conclusions utiles pour le Irailement diététique, lorsqu'il
y a foiblesse de la faculté digestive, parce que quoique faites
avec tout le soin qu'on pouvoit attendre d'un aussi habile chi-
rurgien , on ne voit pas trop ce qu'elles prouvent , si ce n'est
que dans le chien le degré de digestibilité des viandes n'est
pas le même que dans l'homme, chose dont personne ne doute,
ce me semble, puisque entre les individus de l'espèce humaine,
il y a même des différences sous ce rapport.
Il n'en est pas de même des observations fort curieuses que
le nouveau procédé que la Chirurgie et l'humanité doivetit à
M. Dupuylren, dans la curation des anus contre nature, a mis
M. Lallemant à même de faire sur la digestibilité des substances
alimentaires, et qui sont consignées dans la thèse inaugurale
dont nous avons parlé plus haut; ici c'est sur des individus
de l'espèce humaine , que ces sortes d'expériences ont été faites,
et cela avec un grand soin; aussi on y trouvera des résultats
très-salisfaisans d'une application évidente, mais dont il ne nous
est guère possible de donner un extrait dans un Journal de la
nature du nôtre; nous nous bornerons à insister avec M. Lal-
lemand sur l'utilité dont les expériences , pour ainsi dire pa-
thologiques, peuvent être à la physiologie de l'homme, et par
suite à la physiologie générale, et combien elles sont préférables
à la plupart de celles que l'on fait sur les animaux vivans,
surtout quand préalablement, et par une comparaison avec
l'homme, on n'a pas déterminé dans quels cas elles peuvent
être ou n'être pas concluantes.
Sur la circulation et la respiration. On a publié dans le troi-
sième fascicule, pag. 161 de l'année 1817, des 0/>uscoli scelti de
Bologne, une dissertation posthume de Caroli Mondini , sur les
tuniques des artères, dans laquelle s'appuyanl sur des argum«ns
incontestables, comme sur la nature du tissu, la couleur, l'é-
lasticité, la structure, l'abscence d'irritabilité , etc., il prouve que
les artères dans lesquelles il ne voit qu'une membrane, ne sont
pas musculaires, mais élastiques (i).
I») C'«»t cett« opinioB que depuis Betjie premier cours sur l'ADatomie àe
ET d'histoire naturelle. TOJ
M. le professeur Meyer a publié à Berne, une dissertation
pour prouver la faculté absorbante des veines, Éacullé encore
généralement admise par tous les anatomisles qui ont envisagé
l'organisation des animaux d'une manière générale, mais dans
des degrés différens, puisqu'il est évident que leur organisation
est tout- à -fait la même que celle des vaisseaux dits exclu-
sivement absorbans, et que ceux-ci diminuent progressivement
à mesure qu'ondescend l'échelle animale, pour disparoitre ensuite
entièrement.
Nous nous contenterons d'annoncer que M. Marcel de Serres
a commencé la publication d'un travail fort étendu sur le canal
dorsal des insectes, dans le quatrième volume des Mémoires
du Muséum, accompagné de bonnes figures, sans en donner
Jun extrait , parce qu'il nous paroit toujours plus convenable
en pareille occurrence , de remettre à le faire , lorsque le travail
sera entièrement publié.
Nous devrions par conséquent en faire autant pour celui que
M. le D' Edwards a entrepris pour déterminer plus complète-
ment les phénomènes de l'asphyxie dans l'homme. Aussi nous
bornerons-nous à dire que dans le cours de celle année, il a
publié dans les Annales de Chimie, tome VIII, pag. aaS, deux
jarlies de son grand travail; dans la première, où il examine
'influence de la température sur la submersion des batraciens
dans l'eau , il est arrivé à reconnoître que la température de
l'eau dans laquelle on les plonge , et celle de l'air pendant un cer-
tain nombre de jours avant l'expérience , ont une grande influence
sur la durée de leur vie , et qu'en général celle-ci dépend des
rapports de ces deux conditions. Dans la seconde partie de ses
l
l'homme, année i8oq, nous avons toujours soutenue publiquement à Paris,
que les artères sont formées d'un tissu jaune , élastique, sui generis , qui se
trouve constamment le même dans tous les animaux vertébrés , et cela partout
où la nature a eu besoin de faire revenir une partie sans efforts à l'état an-
térieur et fixe, dont une action musculaire l'avoit momentanément tirée, c'est-
à-dire , non-seulement dans les artères, mais dans le ligament intervertébral,
le cervical qui n'en est qu'une portion , celui des griffes des chats , des pha-
langes des oiseaux, du tendon de leur muacle inter humero-carpien, de la
base de leurs pennes , des aponèvres abdominales de l'éléphant , des ligamenï
des osselets de l'ouïe , etc. , c'est ce que nous avons démontré à prion et a
poitenori , ce que nous avons confirmé depuis d'une manière évidente devant
nos élèves, sur l'éléphant, et ce qui fait le sujet d'un Mémoire en grande
partie terminé , et dont M. Chevreul a bien voulu augmenter l'intérêt , par
une analyse chimique fort curieuse de ce tissu,
O 2
Ï08 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHtSilE
travaux, M. Edwards s'est occupé de l'influence de l'air contenu
dans l'eau , et il a vu que la durée de l'existence des grenouilles en
ce cas, dépend de trois conditions principales : i°. la présence
de l'air dans l'eau , 2*. la quantité et le renouvellement de ce
liquide , et 3°. la température, et que les rapports de l'air con-
tenu dans l'eau, et de l'élévation de la température, avec la vie
de ces animaux plongés dans ce liquide, ont une influence in-
verse, celle-ci délétère et celle-là vivifiante.
Sir Everard Home a fait des observations fort curieuses sur
les phénomènes que présente le sang dans sa coagulation, et
nous avons rapporté les principaux, lomeLXXXYÎ, pag. 172^
de notre Journal.
Nous avons également inséré, tome LXXXVI, pag. 472, les
résultats de quelques expériences faites par M. le D' J. Davy,
dans le cours de sa traversée d'Europe à Ceylan, sur le degré
de température du sang chez un certain nombre d'animaux ver-
tébrés; il nous paroît en résulter que la température dans les
animaux à sang chaud, est réellement susceptible de s'accroître
par l'action continuée d'une chaleur intense, comme cela a lieu
d'une manière beaucoup plus manifeste dans les animaux ver-
tébrés à sang froid.
Nous nous contenterons également de rappeler que M. Rusconi
établit contre l'opinion assez généralement reçue, que dans les
organes de la circulation de la larve de la Salamandre aqua-
tique, les artères dites branchiales ne s'oblitèrent pas, lorsque
l'animal passe à l'élat adulte, et que M. Macartney, professeur
d'Anatomie à Dublin, croit qu'où peut établir quelque compa-
raison de plus entre les reptiles nus ou iclhyoïdes , et les pois-
sons de la sous-classe des squales, par la raison que ceux-ci, à
l'état de fœtus , ont leurs branchies prolongées en filamens ex-
térieurs.
Organe de la génération. L'étendue déjà fort considérable de
celte analyse, nous forçant à tâcher de la terminer le plus
promptement possible , nous ne ferons également que citer
l'extrait des deux Mémoires que nous avons insérés dans le
Bulletin de la Société Philomathique , l'un sur les organes fe-
melles de la génération dans les animaux didelphes , et l'autre sur
les organes de la génération dans la série animale ; nous espérons
cependant qu'on y trouvera quelques considérations assez nou-
velles , et peut-être intéressantes pour les personnes qui sont
parvenues à se faire une idée juste de l'Anatomie comparée, en
même temps qu'on pourra prendre une idée de la nature dii
ET d'histoikk naturelle.' log
cours que nous faisons depuis 4 ans à la Faculté des Sciences,
sous le nom à' yinatomie philosophique ou transcendante^ sur toutes
les parties de l'organisation de tous les animaux, comme servant
de base à la Physiologie et à la Zoologie. A ce sujet, nous
rappellerons que M. GtofTroy a réuni les Mémoires dont nous
avons parlé dans notre résumé de l'année dernière , et qui
traitent de l'opercule des poissons comparé aux osselets de
l'ouïe, des os du sternum, de l'hyoïde, des os intérieurs de
la poitrine, ou du larynx et des bronches, et enfin des os
de l'épaule, et cela seulement dans les mammifères , les oiseaux
et les poissons, dans un volume qu'il -a publié sous le nom
de Philosophie anatomique; et comme nous nous proposons de faire
connoître à nos lecteurs, dans une analyse critique , cet ouvrage
remarquable par la profondeur et la hardiesse des vues, nous
nous bornerons en ce moment à celte seule annonce.
Quant à l'Anatomie complète de quelque animal , nous ne
connoissons encore, qui ail été publié cette année, que celle
dont M. Léon Dufour a bien voulu enrichir notre Journal, et
que nous avons insérée tome LXXXVII, pag. 178, et sur les
détails de laquelle il nous paroît Inutile de revenir.
Le grand nombre de voyageurs naturalistes répandus actuel-
lement sur la surface de la terre, et les expéditions importantes
dont ils font encore partie , promettent à la Zoologie des ac-
quisitions nombreuses; mais les récolles faites en Afrique sur
la rivière du Congo, par M. Crancli; dans l'expédition au Nord;
au Brésil par des observateurs de presque toutes les nations ;
au sud de l'Afiique par M. Burchell , ne sont malheureusement
pas encore publiés, ou ne le sont pour ainsi dire que par des
extrait fort courts, dont la plupart fout partie de notre Journal;
c'est ainsi que nous avons donné, tome LXXXVII, pag. 4*^9»
une simple notice de M. le D'' Leach, sur les animaux de dif-
férentes classes qui ont été recueillis, 1°. dans le voyage de
découverte au Nord, et entre autres, une courte description
du chien des babitans de ce pays, qui nous paroll être la souche
de notre race de chien loup ; et 2". dans le voyage à la re-
cherche de la source du Zaïre dans la partie occidentale de
l'Afrique.
D'après la découverte d'une espèce de singe de l'Inde , dont
le crâne semble intermédiaire à ceux du pongo et de l'orang-
outang , nous avons vu, tome LXXXVII, pog. 5ii, qu'il se
pourroit que ces deux dernières espèces n'en nssent qu'une à
des âges difl'érens. Au contraire, quelques détails qui ont été
IlO JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
donnés sur le chimpanzé, Sim. troglodytes, L., prouvent que
celle espèce esl l'orl dislincle des oraiigs. M. Fréd. Cuvier ,
tome LXXXVI, pag. i58, nous fait connoîlre une nouvelle
esi)èce de cynocéphale, ou de singe à museau de chien, sous
le nom de Dnll, qui rappelle celui de Mandrill, parce qu'ea
effet, fort rapproché de celle espèce, il n'en diffère bien sen-
siblement que par la couleur de sa face qui est toule brune,
sans plis rouges ou bleus. Nous devons au même zoologiste ,
une description comparative du grand papion de Buffon , et du
cynocéphale de Brisson , auquel il donne le nom Babouin j
d'où il résulte que quoique confondus dans les ouvrages les plus
récens sous le même nom, ils n'en doivent pas moins former
deux espèces bien distinctes , de la dernière desquelles M. F.
Cu\ier donne une bonne figure, tome IV, pag. 4'9 des Mé-!
moires du Muséum.
M. Geoffroy Saint-Hilaire ayant fait l'observation que parmi
les espèces de chauves -souris à feuilles sur le nez, que l'on
connoît assez ordinairement sous le nom de PhyUostomes, il y
a quelques différences constantes qui permettent de les partager
en trois petits groupes, en a fait en effet trois genres distincts,
qu'il nomme Phjllostome , Vampire et Glossophage ; le V. phjl-
lostoine esl le type du premier; le V. vampirus , du second,
et le /-^. soricinus de Pallas, du troisième. Il n'a encore traité,
Mémoires du Muséum, tome IV, pag. 4"> *I"S ^^ ce dernier,
qui a pour caractères une langue extensible, très-longue, étroite;
quatre incisives en haut comme en bas; deux canines et six
molaires à chaque côté de chaque mâchoire. Il y range quatre
espèces, qui toutes sont de l'Amérique méridionale,
Nous nous bornerons à renvoyer à ce qui a été dit , pag. 47^ ,
t. LXXXVII, du Journal de Physique, du Tapir qui vient d'êlre
découvert dans l'Inde; de la nouvelle espèce de Dauphin , dont
nous devons l'observation à M. de Freminville; de la nouvelle
espèce de jiiammifère à cornes fourchues, dont M. Ord a fait
un genre sous le nom d'^ntilocapra ; des éclaircissemens que
nous devons au même zoologiste américain , sur l'animal que
nous avons nommé antilope américaine , et que M. Jamesoa
pense devoir former un genre distinct.
M. de Lacépède a aussi fait connoîlre, Mémoires du Muséum,
tome IV, pag. 467» huit espcès nouvelles de Cétacés, malheu-
reusement, il est vrai, d'après de simples dessins colorés, mais
qui lui ont paru mériter toule espèce de confiance. Parmi ces
huit espaces, qui toutes viennent des mers du Japon, deux sont
ET DIUSTOIRB NATURELLE. III
de véritables baleines, quatre des baleinoplères , une appar-
tient au genre Physeler, et enfin la huilième à celui «les Dau-
phins. M. de Lacepède les caractérise d'une manière tranchée;
il est fâcheux qu'il n'en ait pas publié les figures.
Dans la classe des oiseaux, hors quelques espèces nouvelles,
et même, à ce qu'il paroîl, des genres assez peu imporlans,
plutôt proposés qu'établis, je ne vois rien de bien remarquable
qui ait été publié cette année.
Dans la classe des reptiles écailleux, nous devons à M. Moreau
de Jonnès, deux Monographies intéressantes, parce qu'elles ont
été faites d'après les animaux vivans dans leur patrie , lune sur
le Jeclo mabonya , et l'autre sur la Couleuvre couresse des An-
tilles. M. Jacob Green , Journal de l'Académie des Sciences
naturelles de Philadelphie , pag. 348, a décrit deux nouvelles
espèces de Lézard , l'un qu'il nomme Hyacinthine, parce que
ses flancs sont d'une belle couleur bleue indigo, et l'autre à
bandes, parce que son corps est coupé transversalement de bandes
alternantes noires et blanches.
L'histoire de ce serpent prodigieux que l'on disait exister dans
les mers de l'Amérique du nord, et dont nous avons eu l'occasion
d'entretenir plusieurs fois nos lecteurs, a été enfin complètement
c'claircie. M. Lesueur a commencé par démontrer d'une manière
à ne pas laisser de doutes , que le Scoliophis que l'on snp-
posoit un jeune individu du prétendu serpent de mer, n'étoit
autre chose qu'un individu malade d'une espèce de couleuvre
du pays; et enfin, le capitaine Rich est parvenu à s'emparer
de l'animal sur lequel des observateurs immédiats faisoient des
récits si exagérés , et il s'est trouvé que ce n'éloit qu'un thon
de 9 à 10 pieds de long; et pour prouver combien le peuple
a eu et aura toujours peu d'attraits pour la vérité , quand elle
blesse ses intérêts, c'est que le malheureux capitaine a manqué
être la victime d'une émotion populaire , parce que la capture
du prétendu serpent a détourné des lieux où on espéroit le
voir , une foule de curieux qui y arrivoient de parties fort éloi-
gnées des Etats-Unis.
Parmi les reptiles nus ou ichtyoides, on a pu voir, parce
que nous en avons dit, tome LXXX VI, pag. Sgi de notre Journal,
<\a<i la science devoit attendre de M. Rudoiphi des observations
intéressantes sur les mœurs et l'organisation des Protées, qu'il
a eu l'occasion de voir vivans. M. Jacob Green , dans le Journal
américaiii dont nous venons de parler plus haut, a décrit huit
espèces de salamandres aquatiques, et quatre de salamandres teE-
113 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
leslres; mais ces espèces sonl-elles bien dislinctes? Cela pour^
roit élre douteux, l'auteur les caractérisaut presqu'enlièrement
par la disposition et l'espèce des couleurs, qui varient consi-
dèiablement dans ces animaux. Le même observateur a donné
la description d'une nouvelle espèce de Protée, qu'il nomme
F. novœcesariensis , le P. de Newjersey, et dont le corps de 4
à 5 pouces de long, est tout blanc avec de très-petites taches
bordées d'une ligne rouge. Mais le nombre des doigts, qui est
le même que dans les Salamandres , permet-il d'en faire ua
véritable Prote'e?
La classe d'animaux qui offre le plus de découvertes faciles
a faire, est e'videmment celle des poissons, parce qu'elle a
été long-temps négligée, et que les collections commencent à
être assez nombreuses pour qu'on puisse aisément comparer
les espèces les unes avec les autres. M. Lesueur , que le Gou-
vernement françois vient de mettre de nouveau à portée de
se livrer à sa passion pour les voyages , qu'il a su rendre si
fructueux, en lui fournissant les moyens de faire partie de
l'expédition américaine qui va remonter le Missouri , a con-
Imué de publier dans le Journal des Sciences naturelles de
Philadelphie, des observations intéressantes sur les poissons de
l'Amérique méridionale. Ainsi, dans l'ordre des Sélaques , il
décrit sous le nom de Somniiosus brevipinna , une nouvelle espèce
de squale qui lui paroît être rapprochée des aigulllats par l'ab-
sence de la nageoire anale, la forme de la queue, quoiqu'elle
naît pas a epmes aux nageoires supérieures; malheureusement
il ne dit rien des dents et ne donne pas de figure. Il n'en est
pas de même de son Squalus obscurus, qui est une espèce fort
voisine des squales bleus; je ne serois pas étonné que son
squale littoral ne dût être voisin du squale nez. Sous le nom
de Squalus Dumerilii, il décrit et figure, pag. SaS, une belle
espèce de squale ange qui diflère évidemment de celle de nos
pays , et surtout par une large membrane ciliée qui se trouve
à chaque narine.
Mais un autre poisson, dont nous devons la découverte à
M. Lesueur, et qui nous paroît être plus intéressant, parce
qu'il sert à former une chaîne entre les esturgeons et le genre
Polyodon, est celui qu'il a nommé Plalirostra , et qui, avec
le corps lout-à-fait semblable aux premiers, a le museau ea
spatule du second sans aucunes (races de dents.
Dans le même ouvrage , on trouvera tes descriptions de
plusieurs espèces nouvelles de poissons abdominaux, et surtout
parmi
TT D HISTOIRE NATUREr.Lfi. 113
parmi les saunions et les harengs; croyant même devoir adop-
ter, à ce qu'il paroît , les nombreuses subdivisions génériques
que l'on essaie aussi d établir maintenant dans l'IcLtyologie ,
comme on l'a fait d'une manière presque désespérante en En-
tomologie, il propose de former un petit genre dans la famille
des harengs, sous le nom à'Hiodon, et qui difi'ère des harengs
proprement dits, parce que l'abdomeu n'est pas caréné;, et que
î'hyo'ide est armée de dents fortes et coniques. 11 y range deux
espèces, dont l'une vient du lac Erié.
M. G. Cuvier a publié dans le t. IV, p. 444> ^^^ Mém. du Mus., la
description et les figures de six espèces de poissons abdominaux
du genre saumon de Linnœus , que , d'après la seule observation
des dents, il sépare en trois sous-genres; i°. le genre Myletes
comprend les espèces qui ont des dents prismatiques et elles
se subdivisent ensuite suivant qu'elles ont le ventre tranchant ou
arrondi. Il comprend cinq espèces dont trois sont nouvelles; la
troisième est le type du genre Serrasalme de M. de Lacépède;
-2°. le genre Chalcœus, dont les dents soni sensiblement diffé-
rentes, tout le reste étant comme dans le premier, et 5°. enfin,
le TelragonopleruSj établi par Arlédi dans l'ouvrage de Seba.
M. l'abbé Ranzani, professeur eu l'Université de Bologne,
a établi dans les Opuscoli scelt. de cette ville , sous le nomà Epi~
dermus, un nouveau genre de poissoqi ténioïde fort voisin des
Coepoles.
Dans le type des Malocozoaires, ou des animaux mollusques,
excepté le cinquième volume du grand ouvrage de M. de La-
marck sur les animaux sans vertèbres, et qui contient, outre
les auimaux articulés^ ceux qui vivent dans les coquilles bi-
valves , et dans lequel ou pourroit peut-être reprocher à cet
excellent zoologiste, une multiplication évidente des genres,
une synonymie quelquefois fautive, et l'oubli, sans doute in-
volontaire, de ce qui a été fait à l'étranger, il a été publié ua
assez petit nombre de travaux ayant pour objet ces animaux.
Nous avons cependant inséré dans notre collection, la nou-
velle disposition systématique que propose M. le D"" Leach pour
le genre Sèche de Linn.ieus. Quoique le nombre de coupes gé^
nériquesqu'ily a établies soit assez considérable, M. Lichtensteia
a encore trouvé à en faire une sous le nom à Onjchoteuthis,
pour placer les espèces de Calmars qui ont les suçoirs armés
de griffes.
Nous avons publié en entier, dans le tome LXXXVI , p. 366
et 454 > notre dissertation sur l'animal habitant de la coquiHe
Tome LXXXFIII. JANVIER an 1819. P
Il4 JOURNAL nE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de l'Argonaule, dans laquelle nous pensons avoir dc'monlré que
les didërenles espèces de poulpes qu'on y trouve n'en sont
pas les véritables constructeurs.
Nous avons aussi fait connoître dans le tome LXXXVII ,
pag. 368, de notre Journal , la description d'un assez grand
nombre d'espèces de mollusques marins nus, observés par
M. Risse, à IVice; sans chercher à nier ou à affirmer positi-
vement que ces espèces soient entièrement nouvelles, nous nous
conletiteroiis de faire observer que les petits animaux que le
naturaliste de Nice a placés dans le genre Tergipes, en diffèrent
considérablement , et ne sont autre chose que la pellicule ani-
mée de l'abbé Dicquemare, que nous avons observée plusieurs
fois dans l'eau salée comme dans l'eau douce , et qui est plutôt
une planaire qu'un véritable mollusque.
Commenous nous proposons de publier en entier avec figures.
Je travail sur le genre de mollusques Chismobranches , que nous
avons nommé Cryptostotne , dans l'extrait que nous en avons
donné dans le Bulletin de la Société Philomathique ; nous nous
bornerons à celte simple mention.
Kous en ferons autant du travail intéressant que M. Ranzani a
inséré dans les Opuscoli scelti de Bologne, sur les Balanes ou
Glands de mer, et dans lequel, après avoir étudié avec soin,
la singulière enveloppe calcaire de ces animaux, avoir défini
et déiion-.mé chacune des parties, il établit un certain nombre
de genres qui, pour la plupart, ont beaucoiïp de rapports avec
ceux que M. le D'' Leach avoit proposés l'année dernière. Mal-
heureusement M. Ranzani ne s'est point occupé d'envisager ces
coquilles dans leurs rapports avec l'animal, et encore moins
avec celles des autres animaux conchylifèresj de manière que
son travail n'a pas encore tout l'intérêt dont il est susceptible.
Les Enlomozoaires, on animaux articulés, ont continué d'oc-
cuper un plus grand nombre d'observateurs que les mollusques.
M. Bosc a découvert une nouvelle espèce deTentrhède; M Bre-
bisson, ce qui est plus rare, a trouvé dans notre pays si bien
exploré, un animal dont il a pu former un genre parmi les
Hyménoptères. Puisque nous sommes parvenus à parler de cet
ordre d'insectes qui en renferme de si inléressans, nous nous
etnpresserons de réparer un oubli bien involontaire que nous avons
iait l'année dernière, en ne parlant pas de l'excellent ouvrage
que M. Walckenaer a publié en 1817, sous le titre de Mémoires
pour servir à ï Histoire naturelle des Abeilles solitaires qui com-
-posenl le genre Halicle. Nous ne pouvons mieux le définir, qu'en
ET d'histoire naturelle. 1ï5
disant qu'on y trouvera le talent observateur de Réaumur qui
malheureusement est trop peu imité, avec cette rigueur de des-
cription que l'on doit à l'Ecole de Linnanus , ou mieux , de
bonne et excellente Histoire naturelle avec de l'exacie Zoologie.
Malheureusement nous ne pouvons entrer dans aucuns détails,
d'autant plus que nous nous proposons, cette année, d'enrichir
notre collection de plusieurs des six Mémoires qui composent
cet ouvrage.
L'impulsion que M. le D' Leach a donnée à l'élude des Enlo-
mozoaires décapodes, ou Crustacés, a dû produire, et produit en
efl'et dexcellens résultats. Nous avons publié dans le t. LXXXVI,
p. 5o4, la description et la figure de plusieurs espèces fort re-
marquables de ce groupe, dont M. Leach a fait ses genres Phjl-
losome , J Usina et Sinerdis. M. Say, Journal des Sciences na-
turelles de Piiiladelphie, a continué son Histoire des Crustacés
des Etats-Unis. Outre un grand nombre d'espèces nouvelles qu'il
a pu répartir dans les genres connus, Pagurus, Astacus, Pe-
nceus, Callianassa, yjlpliœits, Crangon, Palœmon, Squille, etc.,
il en est plusieurs pour lesquelles il a été obligé de créer de
nouveaux genres, comme, par exemple, pour une Irès-petile
espèce d'un cinr|uième de pouce de longueur totale, qm paroît
être voisine du genre Nebalia du D' Leach , et qu'il nomme
Diastylis areuarius. Un autre petit genre qu'il établit aussi dans
l'ordre des Tétradécapodes, ou des Cloportes, est appelé Lan-
ceola, à cause de la l'orme des doubles lamelles , qui terminent
les appendices de la queue. C'est un genre qui paroît fort sin-
gulier, et qui, quoique décrit avec beaucoup'd'exaclitude par
M. Say, auroil besoin de figures, ce qui, malheureusement,
manque aux Mémoires de ce zélé zoologiste. Nous pouvons
en dire autant de son genre Lepidactj lis, qui appartient aussi
à cette classe, quoiqu'il paroisse moins anomal.
Nous avons publié dans le Bulletin de la Société Philoma-
thique, pag. 78, un long extrait d'un travail entrepris depuis
plusieurs années sur la classe des Enlomozoaires , ou animaux
articulés que nous avons nommée d'abord Sélipodes, nom hy-
bride auquel nous avons substitué depuis celui de Chétopodes,
qui signifie la même chose. Comme nous nous proposons de
donner le Mémoire en entier dans les volumes de celte année,
nous n'en ferons pas ici l'extrait.
M. Lesueur , dans le Journal des Sciences naturelles àe Fhi-
ladelphie, a terminé le Mémoire dont nous avons parlé l'année
dernière sur les Actinies. 11 a donné une analomie détaillée de*
P 2
Il6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
animaux de ce groupe, dans laquelle il fait yoir que l'eslomac a
un autre orifice que celui de la bouche, mais qui ne com-
muniquant pas à l'extérieur, ne peut être regardé comme un
anus. Dans le genre Zoanthe, dont il se pourroit qu'on fît à
tort une sorte d'animaux composés , outre plusieurs espèces nou-
velles dont il donne la figure et la description, il en fait con-
noîlre d'autres pour lesquelles il a cru devoir établir deux genres
distincts, Fuu sous le nom de MamilUfera ^ parce que les petites
Actinies sont courtes et forment des mamelons à la surface de
la plaque charnue qu'ils composent, et l'autre, sous celui de
Corlicifera , dans lequel les animaux , dont les parois s'encroûtent
pour ainsi dire de matière sablonneuse , se collent les uns
contre les autres, et produisent de larges expansions à la surface
des corps sous-marins.
Biais ce qui nous paroit encore plus important dans les tra-
vaux de M. Lesueur publiés cette année, c'est la description
et la figure de l'animal des Astrées, des Caryophyllies , et sur-
tout des Méandrines , qui nous paroissent prouver que ces ani-
maux, presque en tout semblables aux Actinies, ne sont pour
ainsi dire que grcfies, et ne forment nullement des animaux
véritablement composés; il en est de même, suivant nous, des
Ascidies réunies, dont on a fait les genres Distome et Botrylle;
au sujet d'un extrait que nous avons donné de l'ouvrage de
M. Lamouroux , sur les Polypiers flexibles, nous avons eu
l'occasion de faire voir que M. Renieri, zoologiste italien,
avoit depuis long-temps démontré que ces animaux ne sont pas
des Alcyons , mais bien des Ascidies , découverte que MM. Cuvier
el de Lamarck, dans leurs ouvrages généraux , ont regardée
à tort comme récente.
ÂppUcala. La connoissance plus complète que l'étude des
Sciences naturelles donne des corps que l'on emploie dans les
arts, contribue nécessairement à leur perfectionnement, et à
obtenir des résultats plus avantageux. C'est ainsi que M. Chaptal
a démontré, par des calculs auxquels il n'y a rien répondre,
el qui sont en effet établis sur des expériences agricoles el
manufacturières, Annales de Chimie , tome VU, pag. igi , que
les fabriques de sucre de betterave peuvent rivaliser en temps
de paix, avec celles de sucre des Colonies, et enrichir l'Agri-
culture françoise de plus de 60 millions de fr. par année. Des
expériences faites dans les ports de mer, ont prouvé que l'eau
de mer distillée au moyen de l'appareil imaginé par M. Clé-
meut, n'a aucune influeuce fâcheuse sur la santé des hommes
ET d'histoire naturelle. 117
qui en ont fait usage. M. Thomas Gill , Annals of Philoso-
phj , juillet, a fait coniioîlre une manière d'adoucir l'acier,
en le cliauflant et le refroidissant, et un moyen de le tremper
et de le ramener au degré convenable en une seule opération.
M. Alard paroit être le principal auteur de la découverte de ce
qu'on nomme moiré métallique ^ fer -blanc ordinaire décapé au
moyen des acides seuls ou mélangés, de manière à oflVir une sorle
de cristallisation , que l'on rend plus brillante au moyen d'un
Vernis de couleur différente, et dont on fait un grand emploi
dans la confection de beaucoup d'objets utiles ou agréables.
Dans les manufactures, c'est un des points les plus importans
d'une bonne administration, que rien n'y soit perdu : les moyens
que M. Pajot Deseharmes a publiés dans notre Journal, pour
mettre h profit les oxides ferrugineux que l'on obtient en dé-
composant le sel marin par l'acide sulfurique, pour en retirer
la soude, ne seroit donc pas sans intérêt. M. S. Parker, Phi-
losophical Magazine, a donné un nouveau procédé pour ob-
tenir, d'une quantité donnée de charbon de terre, beaucoup
plus de gaz hydrogène carburé, et en même temps dans nu
bien plus graTid état de pureté. Il suffit pour cela, de faire
passer le gaz brut à travers un système de trois tuyaux de fer,
placés horizontalement dans un fourneau, communiquant en-
semble par un canon de fusil , et maintenus à la température
du rouge sombre.
Nous rapporterons encore quelques procédés qui ont été pu-
bliés cette année; l'un pour conserver les fleurs, et qui consiste
à plonger l'extrémité coupée du pédoncule qui la porte dans
de l'eau bouillante ; un second pour rendre le verre moins cas-
sant, en le mettant d'abord dans de l'eau froide, purs en le
chauffant jusqu'à l'ébuUition , et en le laissant lentement refroidir
dans la même eau; un troisième plus important pour faire
germer les noyaux d'olives, ce qu'on n'avoitpu obtenir jusqu'ici,
en les faisant macérer préalablement dans une lessive alcaline;
et enfin un quatrième pour faire des crayons, en tenant pen-
dant une demi-heure, près d'un feu léger, dans une terriue
pleine de cire d'abeille fondue, du charbon fin scié en morceauK
de la grosseur désirée. On les obtient plus durs en ajoutant de
la résine a la cire, et plus tendres, en y mettant au contraire
tin peu de beurre ou de suif.
Pour suivre le plan que nous avons adopté dans noire Résumé
de 1817, nous devrions maintenant donner quelques détails sur
les physiciens que la mort nous a enlevés celle année j niais 1»
Il s JOUUNAr. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
1 u)<jiieur de eu Discours ne nous le pcimctlant f^uère, nous nous
hoiiicioiis presque à les nommer. I^a perle la plus douloureuse, sans
aucun doute, est celle du célèbre fondateur de l'Ecole Polj' techni-
que , de G. Motige , auquel la Physique , la Chimie , la Mécanique ,
la Céoniëlrie et les Arts doiveiil presque également. M. Dupia
a piildië une Notice historique exlrêmemenl intéressante, sur
sa vie et ses travaux.
Celte année a également vu mourir, i°. J. L. Millin, beau-
coup plus connu sans doute par ses travaux en Archéologie,
mais qui dans le commencement de sa carrière s'étoit destiné
à riiisloire naturelle sur laquelle il a en effet publié des élé-»
mens qui ont eu du succès.
2°. Le célèbre botaniste suédois, Olaus Swartz, secrétaire
de l'Académie royale des Sciences de Slockolm , auquel la Bo-
tanique doit un nombre considérable de travaux qu'il seroit trop
long d'énumérer.
5°. M. Picot de Lapeyrouse, professeur d'Histoire naturelle
à Toulouse , qui a fourni à la Science des observations sur les
oiseaux, les fossiles, les minéraux et surtout sur les plantes
des Pyrénées.
4°- Périer, Membre del'Académiedes Sciences, elMécanicien
célèkre, auquel la France doit l'introduction et le perfection-
nement des machines à vapeurs.
5°. Christ. Fréd. Bucholz , Professeur de Chimie à Erfort ea
Saxe, l'un des plus zélés et des plus exacts chimistes de l'Alle-
magne , dont les travaux sont réunis en trois volumes in-8',
sous le titre de Beitrage, ou répandus dans les Journaux scien-
tifiques allemands.
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER.
Astronomie. De la Parallaxe des Etoiles^ p. 6. De l'importance
de l'obser'.'ation des tacites dv Soleil, ib. Observations sur la
nature de Mars, p. 7. Sur l'Anneau de Saturne, ib. Sur Vesta
et son orbite, p. 8. Des observations d'Uranus, ib. Des Comètes
nouvelles , ib. Du retour de celle de 1769, ib. De la queue
ET n'inSTOIRE NATURELLE. II9
OU chevelure des Comètes, ib. De la mesure des cavités de la
Lune, p. le. Prix proposé sur les Ta/des des nwiivemens de la
Lune, il). Observations diverses d' Eclipses du Soleil , de la Lune ,
d occultations d'Etoiles, de Planètes, p. 10 — 11. De U Eclipse
annulaire du Soleil pour 1820, p. ii. De la position géogra-
phique de difféiens Observatoires, p. 1 2. Détermination de celui
de Gab Mouton, ib. Des moyens d'observations et des précautions
à prendre; d'un nouveau Réticule rhombe, p. i5. De la Réfrac-
tion astronomique, ib. Des Traités et Histoire de l'Astronomie,
par M. Delambre, p. ï/^.
GÉOGRAi'iiiE. De la figure de la Terre, p. 17. De la longueur du
Pendule, p. 17 — 18. Hommage rendu a sir Jos. Banks, ib.
Des Nivellemens barométriques, p. ig — 21. Des Positions géo-
graphiques et astronomiques, p. 21. Comparaison des deux Mé-
thodes, p. 22. Des Bases géodésiques, p. 25. Des Mesures d'arcs
de Méridiens, p. 25. Des Cartes géographiques, p. 26.
MrTÉOROLOCiE. Des nouvelles chutes d' A éro Utiles, p. 27. Théorie
de quelques phénomènes qu'ils présentent , p. 28. De la Pluie;
quantité tombée à Viviers depuis .\o ans, 'Ç. 29 — 3o,- à Glasgow
depuis i&, p. 5o/ à A lais, en I^ cosse, dans le nord de l'Ir-
lande, etc. Théorie de la périodicité des pluies équatoriales ,
p. 52. Sur les f'ents et les Ouragans , ib. Des Trombes ,
p. 35 — 54. Des Tremhlemens de Terre , p. 55. De l'Electricité
atmosphérique, p. 50. Du Magnétisme terrestre, ib. Des Météores
lumineux, p. 57 — 5g. Delà Chaleur a la suif ace de la terre,
p. 3r). De la différence entre deux Thermomètres , l'un h l'ombre
et l'autre au Soleil , p. 3g — ^o. Dans les mines, ib. A diffé-
rentes profondeurs dans l'intérieur de la terre, p. 4'- ^'^ ^'^
fonte des Glaces polaires, ib. De la détérioration supposée du
climat de l'Europe, p. 42 — 4^-
Physique. Sur la l^umière, p. 43- Réfraction des rayons venant
des Etoiles, p. 44- De la Polarisation, p. l\S. Perfectionnement
du Colorigrade, p, 46- Prisme à double réfraction parfaitement
achromatique, p. 47. Du Kaléidoscope, ib. De l'Electricité et
du Galvanisme, p. 48. Nouveau Condensateur, p. 49- ^^ ^'^
Chaleur, ib. Théorie de la température des habitations, etc.,
ib. Sur la mesure des Températures, p. 5o. De l'ébitllition de
l'Eau, p. 54. Sur la fonnation de la Glace, p. 55. Des mou-
vemens des Fluides pour produire le son, tb. De la J^itesse
du son, p. 57. Mécanique, ib.
Chimie, p, 5g. Théorie générale, atomistique, p. 60. Sur les Coni'
120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
binaisons dépendantes des AJflmlés foihles, p. 6i. Sur les Coin-
posés oxigéiiésj ib. Sur la Lampe aphlogistique , p. Ca. Des
Corps simples; du Lithium, ib. Sur le Chlore , p. 63. Du.
Sélénium, ib. Du Cadmium, p. 64. Du Sirium ou Vestium, ib.
Des Corps composés, p. 65. Sur les Composés de phosphore, ib.
Sur ceux d'azote et d'Oxigène, p. 66. Sur l'acide chlonque oxi-
géné, ib. Le gaz deutoxide de chlore, p- 67. Le gaz oxide car-
bonique oxigcnéj ib. L Acide hjdro-sulfureux, ib. Les Oxides,
p. 6y. Les Sels, p. 6g. De leur action mutuelle , ib. Le Per~
quadrisulfale de fer, p. 70. Des Procédés , il). Chimie vé-
gétale, p. 73. De la Morphine, ib. De la Picroloxine, ib. Dp
la Vauqueline ou Télanine, p. 73. De la Chlorophile , ib. De
V Acide sorbique , ib. Rheumique, ib. Nanceique oiiZumique, ib.
Pyromucique , ih. Analyse de l'Opium indigène, de la Pjrhlre, de
la Gesse tubéreuse, p. 74. Du Gingho biloba et de V Acide
gengoique; des Acides gallique et egallique , p. 76. Procédés
chimiques, p. 76. De la Chimie animale; sur le Cyanogène et
sur V Acide hydro-cyanique, p. 77. De l' Acide purpurique, p. 78.
■ De la matière acre du Crapaud, p. 79. De l'Huile de Dauphin
et de l'Acide delphinique, ib. Division des Corps gras, p. 80.
Analyse de la Cochenille, ib.
Minéralogie et Géologie, p. 81. De l'Influence des circon-
stances sur les formes cristallines, p. 82. Sur la mesure des
angles des Cristaux, p. 84. Structure des Cristaux de Mercure
sulfuré, ib. Des Substances minérales par rapport à l'électricité,
p. 84. Analyse chimique des minéraux , p. 85 De l'Aluminite;
Enhairite, p. 86. Clorophacite , Conite, Kénéblite, Skorodite,
Santilite, ib, Polyhalite, Edinite, p. 87. De la Brèche siliceuse
du Monl-d'Or, ib. Des différentes espèces de Mica, p. 88. Sur
de nouveaux gissemens, ib. Tableau de la formation des Roches,
p. 89. Erreur rectifiée, p. 90. Sur les blocs de Granité du Jura,
p. 91. Des Catastrophes, p. 92 — gS. Nouvelle opinion sur la
destruction d'Herculanum, p. 94.
Palkosomiolocie, p. 94. Des restes fossiles d' Animaux, p. 94 — gS.
Végétaux , p. 96.
Botanique, p. 96. Sur la circulation de la Charagne, la fécon-
dation dans les Plantes, ib. De la Capsule de Pj^nothère,
p, 97. Du Calice de la Scutellaire , ib. De la Germination des
graines de quelques Crucifères , ib. De la famille des Pipé-
racées, ib. Des Aroides, p. g8. Des Plantes a Placenta libre, ib.
Des Synanthérées, ib. Des Bignoniacées, ib. De quelques Or~
chidécs
ET D HISTOIRE NATURELLE. 121
chidées, p. lOO. Des genres Mézonevron , Hétéroslemon, Lé-
do carp on , Micranlhemum , p. lOO — loi.
Zoologie, Anatomie et Physiologie, p. loi. Sur le Pigmen-
tura nigrum , ib. Nouvelle membrane de l'œil , ib. La mem-
brane puplllaire^ en général sur l'occlusion des oganes des sens,
p. I02. Sur la Tache de Sœmmering, ib. Le pouvoir réjrin-
gent des milieux de l'oeil, p. io5. De la structure organique
des Os, p. 104. De la fermeture des Bivalves, ib. Sur la Théorie
du Komissement , p. io5. Sur la Digestibilité des aliinens ,
p. 106. Sur la Stiucture des artères; de la faculté absorbante
des pleines, p. 107. De V asphyxie dans les Batraciens ; de
la Congélation du sang; de la Chaleur animale ; de la Généra-
tion , p. 108. De différentes espèces d'animaux mammifères ,
p. 109 — iio. Du grand Papion de Buffon et du Cynocé-
phale de Brisson ; des genres Glossophage , espèces de Chauve-
Souris, ib. De plusi'eurs espèces nouvelles de Cétacés, ib. Des
Reptiles écailleux, p. m. Du Serpent de mer, ib. Des Rep-
tiles nus, ib. Des Poissons; des genres Sommiosus, Plati-
roslra, p. 112. Sur les genres H iodon , Mjleles , Chalceus, Te-
tragonopterus et Epidermus, p. 1 13. Sur les Malacozoaires , ib.
Le genre Onjchoteuthis , ib. Tergipes , Crjptostome , p. i i4-
Sur les Balanes , ib. Sur les Entomozoaires , ib. Du genre
Halicte, ib. Sur plusieurs nouveaux genres de Crustacés Dias-
tylis, Lanceola, Lepidactjlis, p. 11 5. Sur la classe des Chefo-
podes , ib. Sur les Actinies , ib. Les genres Blamillifera ,
Corticifera , p. 1 16. L'animal des Astrées, Coryophillies, Méan-
drines, ib.
Applicata. Le Sucre de Betterave , p. 116. L'Eau de mer dis-
tillée, ib. Une manière d'adoucir l'Acier, p. 117. Le Moiré
métallique, ib. L'emploi des Oxides ferrugineux , ib. Moyen
de purifier le Gaz hydrogène carburé , ib. De conserver les
Fleurs; de rendre le Kerre moins cassant; de faire germer les
Noyaux d'olives; de faire des Crayons, ib.
Nécrologie. G. Monge , p. 118. /. L. Millin, ib. Olaus Swartz, ib.
Picot Lapeyrouse, ib. Périer, ib. Christ. Fréd. Bucholz, ib.
Tome LXXXFIII. JANVIER aa 18 ig.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES
A compter du i" janvier 1818^ les hauteurs du Baromètre so?it réduites
THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR
H
G
»
CENTIGRADE.
BAROMÈTRE MÉTRIQUE.
H
JlINIMUM.
MAXIMUM.
A MIDI.
M.4XIMIIM.
MIMMUiM.
A MIDI
Afurci.
heures-
heure!' mill'
heures* milt'
miU-
1
à 3 S. + 6°oc
à 7 J m. + 3°5c
à7|m. + 6,25
+ 5,7£
à 7 S m. ..761,6!'
àg-js. . . .760,0?
760,91
8°5
2
à raidi. +10, 7Î
+ 10,75
à 10 ^ m. .761,61
à 9 js.... 758,42
760,26
9.4
3
à midi, -f- _q,4c
à 7 4 ™- + 4.75
+ .q.40
à q m. . . .754,8q
à ooim. .761,68
754.15
9.5
4
à 1 i s. -i-io,oc
à7 3m. + 3,75
+ 8,qo
à q m. . . .747,98
à 3s 746,80
747.54
9.2
5
a 3 s. + 9,0c
à7|m. + 7,10
+ 8,75
agis. ..74,9..q'
à 7 fm... 748,78
749.3.9
9.4
6
à 3 s. +7,25 à 10 s. +4,35
+ 7.'o
à lo-jm. .752,84
à 10 s 760,47
762,45
9,4
7
aqs. +u,75 à7 îm. -f 7,75
+ q,25
àq s 751.48
à 72m.. .741,51
760,14
9.8
8
a 3 s. +10,75
a72m. + q,75
+ 10,60
àgs 757.63
à 7 J m... 755,06
766,28
10,5
.q
à 3s. +10,60
à minuit. + 6,qo
+ .q.po
à 10 |m..7oq,q4
à 9 s 768,73
759.3i
'0,2
10
à midi. + g,5o
à 9 s. + 5,5o
+ q,5o
à lo^m. .758,7q
àgs 757.73
768,17
lo,2
1 1
à midi. + 3,10
à lOs. + o,5o
+ 3,10
à 10s 758,67
à 7^m... 767,12
767,72
8,3
12
à 3 s. + o,io
à 7jm. — 2,76
37 |m. — 4,0°
— 0,75
à 10 Ira. .75q,iq
à 3 s 767,55
757.47
6,6
i3
à 3 s. + 0,75
+- o,5c
à 10 J m. .769,82
à7| m... 768,79
à 7 j ra.. .760,32
768,28
5,9
'4
à 3 s. -}- o,5o
à 7 1 m. — 2,75
+ o,4o
à 9 s 761,1 1
760,68
6,0
i5
i6
à midi. — Oyth
à 7 1 m. — 3,5o
— 0,25
à 10^ m.. 760, 98
à. g s 768,09
759.93
4.1
à 3 s. — o,5o
a7jra. — 2,75
— o,qo
à 9s 761,04
à 75m... 767,43
708,70
3.4
'7
à 3 s. +0,10
à 8ra. — 6,25
— 1,75
à 10 j m.. 762, 26
à 9 s 767,38
760,82
4.0
18
à 3 s. +-0,75
à 8 m. — 4.75
— l,5o
à 9 s 756,12
à8ra. ...764,53
754.74
3,4
'3
a 3 s. +- 5,75 à 8 m. + o,25
+ 2,70
à lis... .767,61
à 8 m. . . .762,81
766, 1 6
3,6
20
à midi, -j- 1,00 à los. — o,So
+ 1,00
à 9 m. . . .768,01
à 10 s.. . .765,51
767,06
3,9
21
à 3 s. -f- a.r^ô à 8 m. — 0,00
+ 2,00
à 9.= 767,51
à 8 m. . . .766.18
766,38
3.7
22
à 5s. + 5,00 à 9 s. + i,5o
+ 4,75
à midi.. . .76q,q8
à gs 769,33
769, q8
6,3
20
à midi. + 1 ,60
31038.+ 1 ,00
+ 1,60
à 9 m.... 767,45
à lOjS. . .765,82
766,55
4.0
"4
à midi. +- o,5o
à 10 s. — o,5o
+- o,5o
à q m. . . .766,27
à 10s... .765,63
766,13
3,8
25
à midi. + 0,76
39 s. — 2,5o
— 0,75
à 10 ^ m.. 765, 02
393 761,56
763,90
3,4
u6
à midi. — 0,75
à qs. — 4.10
— 0,75
à 10 A m..765,q2
à 4 ;t s.... 767, 62
768,35
2,1
27
à 3 s. — 0,75
à 5 m. — 6,4o
— 1,10
à 10 s 7G4.44
à 8 m. . . .760,58
761,50
3,6
28
a 3s. + 2,5o
à 6 m. — 5,00
+ i,5o
àqis 769,27
à 8 m. . . .766,99
767,64
2,3
Ï9
à 3 s. + 2 5o
à 8 m. — 4,00
+ 0,75
à 10s 770,58
à 8 m. . . .769,21
770,05
3,3
00
à q s. + 2,5o
à 8 m. — 3,qo
+ 0,00
a q m . . . .770,29
àqs 768,86
769,63
2,1
3i
à 4 s. + 2,00
à 9 m. + 0,85
+ i,5o
à 10 J ra. .76q,35
à 3s 767,71
768,78
2,9
Moyennes. + 3,g5|
+ 0,32
+ 3,641 761,631
769,46, 760,551
6,8
RÉCAPITULATION.
Milllni.
Plus grande élévation du mercure 77o°58 le 2q
IMoiiidre élévation du mercure 74S,83 le 4
Plus grand degré .de chaleur 4-i i°75 le 7
Moindre degré de chaleur
_ 6
40 le 27
10
Nombre de jo
1rs beaux
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21
4
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21
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de nei
^e
I
de gré
le
A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS.
à la
température de
se/o ^fii Thermomètre. {Décembre i8i8.)
O
HYG.
VENTS.
POINTS
VARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE.
!»
^ midi.
LUNAIRES.
1
1
LE MATIN.
A MIDI.
LE SOIR.
95
86
s.-s.-o.
Couvert, brouillard.
Couvert, brouillard.
Couvert, brouillard.
2
s.
Idem.
Idem.
Couvert.
3
87
81
Idem.
Idem.
Très-nuageux.
Nuageux, brumeux.
Idem.
4
5
S.-E.
P.Q à7h39's.
Nuageux , brouillard.
Quelques éclaircis.
97
87
95
97
68
S.
P/u/e, brouillard.
tirouillard épais.
Pluie fine , brouillard
b"
s.-o.
Couvert, brouil. hum.
Nuageux.
Couvert, par intervall.
W.fort.
Couvert, pluie av. le j.
Pluie , broiiillard.
Couvert.
S.
Couvert, léger brouil.
Pluie fine.
Pluie ^ar intervalles.
9
10
Idem.
Idem.
Couvert, lég. brouil.
Nuageux.
N.-N.-E.fort
Idem.
Couvert, brouil. hum.
Idem.
11
N.-E. fort.
Beau ciel , léger brouil.
Nuageux.
Couvert.
13
6^
Dl
N.-E.
P.L.i4ha8's.
Idem.
Beau ciel.
Nuageux.
i3
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
i4
i5
81
Idem.
Lune .ipoge'c.
Idem.
Nuageux.
Idem.
67
78
89
99
9e
97
9'
73
Idem.
Nuageux , brouillard.
Idem.
Couvert, brouillard.
i6
Idem.
Couvert, brouil. grésil.
Couvert, brouillard.
Nuageux, brouill.ird.
)/
Idem.
Ciel trouble , brouill.
Cieltroubleetbrouill.
Beau ciel, brouillard.
Idem.
Beau ciel, brouillard.
Couvert , brouillard.
Couvert, brouil. ép.
Idem.
"9
20
Idem,
Brouill épais, et hum.
Brouillard épais.
S.
D.Q.i;li4i's
Jdem.
Idem.
Idem.
21
Idem.
Couvert, br. humide.
Couvert , brouillard.
Pluie.
22
iN.-E.
Idem.
Légers nuages à l'hor.
Beau ciel , brouillard.
23
86
E.
Idem.
Couvert, brouillard.
Couvert , brouillard.
24
II
Idem.
Couvert, léger brouil.
Idem.
Idem.
25
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
26
81
S.
Idem.
Idem.
Beau ciel , brouillard.
27
28
80
E.-S.-E.
N.L.Îi3h.a's.
Beau ciel , brouillard.
Beau ciel, brouillard.
Idem.
97
5i
N.-N.-E.
Luae pciige'e.
Couvert, brouillard.
Couvert , brouillard.
Idem,
aq
N.-E.
Beau ciel, brouillard.
Beau ciel , léger br.
Idem.
3o
88
N.
Nuageux, brouillard.
Couvert, brouillard.
Couvert, brouillard.
3,
qS
N.-O.
Couvert , brouillard.
Idem.
Idem.
Moje
u «5
RÉCAPITULATION.
r N 3
N.-E n
E... 4
Jours dont le vent a soufflé du / '" c
r
.-0 Ë
f le I". 12
.^ 1
°.o8S )
Thermomètre des caves { ^ centigrades.
{ le 16, 12>85 J
, . ,, (dans la cour i5°"°,io = op. S lig. ■^.
luie tombée < ,,^, . ,- ,
Eau de p
( 5U1- 1 Observatoire. . 12""", 1 1^0 5 -f^.
Del
'Imprimerie
de W y COURCIEI
l, rue du Jardinet, n'
12,
■AN-NONCES.
tlTRES NODTE.UJX.
Dictionnaire des Sciences naturelles, etc., suivi d'une Biographie des plus
célèbres Jiaturalistes , par plusieurs profess€:urs du Jardin du Roi et des prin-
cipales Ecoles de Paris. F. G. Levrault , Editeur.
Les tomes onzième et douzième de cet ouvrage, que l'on ne pourroit sans
injustice regarder comme une compilation , viennent enfin de paroître et seront
suivis , à ce qu'il semble , assez rapidement de deux autres volumes et de
plusieurs livraisons de planches, qui font en général beaucoup d'honneur à
M. Turpin , chargé d'en diriger l'exécution , et surtout pour celles de la Bo-
tanique , ,qu'il dessine lui-même en homme qui connoît profondément la
structure des plantes ; on trouvera dans cette livraison plusieurs articles entiè-
rement neufs ; nous citerons seulement Criitallisation, par M. Brochant, dans
lequel ce sujet important est traité dans un ordre nouveau , et avec une telle
clarté , qu'il sera difficile de ne pas comprendre cette théorie , dont la con-
nnissance est aujourd'hui si nécessaire en Minéralogie. Nous devrons aussi
citer les articles Crustacés , et surtout Cymothoadées , par M. le D'' Leach ,
nouveau Collaborateur chargé de traiter des Crustacés, dont il a fait une
étude longue et spéciale; on y trouvera les résultats de ses plus récentes re-
cherches.
Histoire naturelle des Mammifères , avec des figures originales enluminées,
dessinées d'après nature sur des individus vivans , par MM. GeotFroy Saint-
Hilaire , Membre de l'Académie royale des Sciences, Professeur au Muséum
d'Histoire naturelle , etc., et Frédéric Cuvier, chargé en chef de la Ménagerie
royale ; publiées par M. C. de Lastérie.
Cet ouvrage paroîtra chaque mois , autant qu'il sera possible , par livraison
de six planches accompagnées de leur texte, in-folio, papier Jésus, impri-
merie de F. Didot. Chaque livraison coûtera i5 fr. coloriée, à l'Imprimerie
lithographique de C. de Lasteyrie , rue du bac , n' 58.
C'est une bonne et excellente idée d'avoir employé la Lithographie, à nous
donner enfin une collection de figures coloriées des animaux mammifères à
un prix peu élevé , et surtout dessinées et coloriées avec le soin que de-
mande l'état actuel de la Science. La première livraison a déjà paru , et
elle nous semble remplir les promesses annoncées dans le Prospectus. Elle
contient la figure et la description du Kevel mâle, espèce d'Antilope; du
Mouflon de Corse , mâle -, du Drill mâle , du Marikina mâle , du Coati roux
mâle, et du Serval mâle.
The american Journal of Science , more especially of Mineralogy , Geo-
logy, etc., ou Journal américain des Sciences, et spécialement de Minéra-
logie , de Géologie et des autres branches d'Histoire naturelle, y compris
l'Agriculture et les Arts utiles et agréables , dirigé par Benjamin Silliman, pro-
fesseur de Chimie et de Minéralogie, etc., dans le Collège d'Yale. IVtw-
York. 1818.
Le premier cahier de ce Journal, qui paroît entièrement consacré à recueillir
les travaux des physiciens américains , sur toutes les parties des Sciences natu-
relles, à l'avancement desquelles il ne pourra que contribuer puissamment,
contient un assez grand nombre d'articles intéressans dont voici les titrés ;
1°. Essai sur les Tempéramens en musique , par le professeur Alex M. Fischer.
Minéralogie et Géologie. 2°. Analyse de la Minéralogie de Cléveland. —
3°. Nouveau gissement du Spath fluor , etc. — 4°- Carbonate de magnésie dé-
couvert, par J. Pierce. — 5 . Cuivre natif près New-Haven. — 6°. Bois pé-
trifié d'Antigoa. — 7°. Terre à porcelaine d'Amérique. — 8°. Soufre' natif de
Java. — 9°. Productions des cavernes de Wier en Virginie. — 10°. Notice sur
l'édition du discours sur I3 Géologie de M. Cuvier, par le professeur Mitchill.
— 11°. Minéralogie et Géologie d'une partie de la Virginie et du Tennessee,
par M. J. H. Kain. — 12°. Notice de l'index d'Eaton sur la Géologie des
Elats du Nord. — iS". Notice de M. Brongniart sur les fossiles.
Botanique. 14°. Observations sur une espèce de Limoselle, par le professeur
J. Ivis. — i5°. Extrait d'un Mémoire du professeur Bigelow, sur le Calendrier
de Flore au;? Etats-Unis. — 16°. Journal des progrès de la végétation à Phi-
ladelphie, par M. C. S. Rafînesque.
Zoologie. 17°. Description d'une espèce nouvelle de Marte , par M. C, S. Ra-
fînesque. — 18°. Histoire naturelle du Serpent à tête de cuivre, par le même.
Physique et Chimie. 19°. Sur une méthode d'augmenter la force de la
Poudre à canon , par le colonel G. Gibbs. — 20°. Sur la connexion entre le
magnétisme et la lumière, par le même. — 21°. Sur un nouveau moyen de
produire de la chaleur et de la lumière, par J. L. Sullivan. — 22°. Sur les
effets des tremblemens de terre de 1811 et j8i2 dans le pays de Columbia,
Caroline du sud, par le professeur Edward D. Smith, — 23°, Sur la respi-
ration du gaz oxigène dans une affection du thorax.
Mêlants. 24°. Sur la priorité de la découverte du chalumeau composé, et
sur ses effets. — 25°. Sur le passage nord-ouest, le pôle nord et les glaces du
Groenland.
Annah of Philosophy, par M. Thomson, janvier 1819
^-. .- pa^ ai,iuc ii^uiKiiitjuc , jjai <•, itiurray. — Sur 1 histoire de I acide an-
thvazothionique, par Th. de Grothus. — Combinaison du carbonate et de
l'hydrate de chaux, par le même. — Description d'un microscope perfectionné.
— Notice sur quelques animaux des régions arctiques , par le D' Leach. — Ac-
tiondu fer sur l'eau. — Carbonate de fer. — Action du bleu de Prussesur l'ami-
don. — Purification du platine. — Acide rheumique. — Acide perchlorique. —
Aurore boréale à Sunderland. — Sur la mort de Bucholz. — Nouvelle teinture
jaune. — Observations sur la planète Uranus. — Nouveau métal découvert par
Lampadius. — Sur la neige rouge. — Sei-pent de mer d'Amérique j etc.
y .y.~«LTHIrl!lM
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
ET DES ARTS,
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
Par m. H.-M. DUCROTAY de BLAINVILLE,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Professeur de Zoologie, d'Ana-
tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole
normale; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi etau Collège de France,
Membre et Secrétaire de la Société Philomathique , Membre de la Société
Ysrnérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin , etc.
FÉVRIER AN 1819.
TOME LXXXVIII.
A PARIS,
CHEZ M"" V^ COURCFER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
me du Jardinet, quartier St.-André-des-Arcs.
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER.
Des Surfaces -vibrantes; par M. Haiij', pag- laS
Tableau météorologique; par M. Bouvard, l48
Sixième Mémoire sur la famille des Synanthérées , contenant les carac-
tères des tribus; par M. Hensi Cassini , i5o
Analyse du sixième volume des ^fhandlingar i Fysik , Kemi och Mi'
neralogi, publiés par une Société de Savans suédois. Stockholm ,1818
(suite). 4- Analyse de quelques minéraux de la mine de Fer d'L'to, par
M. Arfvedson, Pétalite, Triphane , Lépidolite , i"4
5. Analyse de la Zéolilhe farineuse rouge d'Erlforss , par M. Hisinger, 1 65
6. Analyse de l'Apophyllite , par M. Berzelius , {bid.
7. Analyse de la Chabasie de Gustafsbcrg , par le même , ib'd.
8. Analyse de quelques espèces d'Amphibole , par M. Hisinger, 166
9. Analyse de la Fahlunite noire, par le même, ibtd.
Jo. Analyse d'un minéral mammelonné de Vâlhomsgresfva à Grenge ,
par le même, 't""-
j 1 . Analyse d'un Grenat de Fenbo , près de Fahlun , par M. le colonel
Arrhénius, i°7
i3. Analyse d'une espèoeparticulièredeTantalitedeKimito en Finlande,
par M. Berzelius, ibid.
l4- Recherches sur le Plomb chromé , par le même, 168
1 5. Analyse de la Meïonite diortaèdre et de l'Amphigène, par M. Arfvedson , ib-
17. Analyse de la PicrolithedeTabergenSmoiande.par M.N. Alraroth , 169
Histoire de l'OEuf des oiseaux avant la ponte; par M. H. Dulrochet, 170
Sur les Rhipiptères de Latreille , ordre d'Insectes nommés SlrepsipieTa
par Kirby ; par le D' Leach , 176
Descriplion de deux nouvelles espèces de Thynnus (Fabr.), découvertes
dans la Nouvelle Hollande par M. Rob. Brciwn; par M. le D' Leach, 178
Application du Calorique perdu par les couvercles des fourneaux em-
ployés à Bercy près Paris , pour la carbonisation des bois , et avan-
tages de cette application pour la fabrication de Y Acide ccétique , par
IVl. Pajot Descharmes, 179
Notice sur l'Asphalte et les pétrifications d'Auzon , département du Gard,
pour servir à l'Histoire naturelle de cejpays; par d'Hombres-Firmas, 182
NOUVELLB^'^Ôf^TJ^TIFIQUES.
Sur un nouveau métal (le Woda\Ata^'''dï<rôtiVerypar M. Lampadius , i85
ObseiTations sur la décompositioli^^ J^^qs^Jin par l'action de l'air et
de l'eau, par M. ïhéod. de SaussuPBT- — 18G
ZOOLOGIE.
Extrait d'une Lettre de M, d'Orbigny, Médecin à E.snaudes, près la
Rochelle , à M. Fleuriau de Bellevue , sur la découverte de Cépha-
lopodes micrnscopiques sur les côtes de l'Océan, 187
Sur le Mastodonte vivant , 188
NÉCROLOGIE.
Mort de M. L. Brugnatelli, ibid.
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
FEVRIER Aix 1819.
DES SURFACES VIBRANTES; ""^^L^
Par m. HAÙY.
Les vibrations excitées dans une lame d'une matière élastique,'
par l'intermède d'un archet que l'on fait passer avec frottement
sur ses bords, de manière à en tirer des sons agréables, sont
susceptibles de produire des effets Irès-curieux , que l'on peut
multiplier, pour ainsi dire, à l'infini, en diversifiant les cir-
constances dont ils dépendent , et que nous ferons bientôt con-
noîlre. La corde qui, dans l'expérience de Sauveur (1), rend
les sons harmoniques, se sous-divise en ondulations distinguées
entre elles par des nœuds ou des points de repos. Dans une
surface vibrante , les limites entre les ondulations sont tracées
par des lignes de repos, que l'on appelle lignes nodules. Une
poussière, répandue uniformément sur la surface dont il s'agit,
fait, en quelque sorte, la même fonction que les chevrons
placés sur la corde dans l'expérience de Sauveur. Pendant le
mouvement de l'archet, les grains de cette poussière qui ré-
pondent à une ligne nodale restent en équilibre, et ceux qui
recouvrent les parties intermédiaires, forcés par le mouvement
vibratoire de quitter leurs positions, vont en jaillissant se fixer
(0 Voyez le Traité de Physique, tome I, pag. 344) °' 492-
Tome LXXXFHI. FÉVRIER an 1819. R
126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Sur les mêmes lignes, ce qui produit des figures plus ou moins
composées, et souvent d'une symétrie parfaite. La Géométrie
semble prêter ainsi son langage aux sons pour les faire parler
aux yeux en même temps qu'à l'oreille.
C'est surtout à la sagacité et à la constance avec laquelle
M. Chladni a cultivé la Physique des corps sonores, que l'on
doit la découverte de tous ces faits également neufs et inté-
ressans , dont la description remplit une grande partie de
l'ouvrage publié par ce savant, sous le titre A' acoustique.
Dans la longue suite de ceux. qu'il a décrits ou qui ont été
obtenus par d'autres, nous en avons choisi \\n certain nombre,
pour les citer ici, comme étant susceptibles d'olfrir un intérêt
particulier (i).
Nous avons répété, avec beaucoup de soin, les expériences
propres à les faire naître, et nous n'avons rien omis pour que
les figures que nous donnons ici offrissent des copies fidèles des
dessins formés par rassortiment des lignes nodales.
Circonstances générales d'oii dépendent les phénomènes.
Dans les expériences dont il s'agit, on fixe les lames par un
point de leur surface, que l'on presse entre le pouce et un
autre doigt, ou par deux points pris sur leurs bords de deux
côtés opposés, et à chacun desquels on applique un doigt.
Dans certains cas, les points fixes dont nous venons de parler,
sont situés aux angles de la lame vibrante. Ces différens points
(i) Nous nous bornerons, par la même raison , à donner une idée suc-
cincte d'un autre genre de recherches faites par le même savant , pour dé-
terminer les différentes espèces de vibrations produites par le frottement dans
une verge métallique , ou de quelque autre matière qui ait un certain degré
de rigidité. Les unes, que l'auteur nomme transvenaies , ont lieu lorsqu'on
frotte la verge dans une direction perpendiculaire à la longueur. Elles se rap^
portent à celles qui sont produites dans une corde sonore que l'on pince.
D'aulres vibrations appelées longitudinnles , déterminent des contractions et
des dilatations successives dans le sens de la longueur de la verge , analogues
;\ celles de l'air renfermé dans un tuyau. Les dernières, qui portent le nom
de vibrations tournantes, dépendent, suivant M. Chladni , d'une sorte de mou-
vement oscillatoire des parties de la verge , autour de son axe longitudinal.
Lesvergessur lesquelles on opère peuvent être fixées ou simplement appuyées
par leurs deux extrémités, on fixées par l'une et appuyées par l'autre , ou
libres par l'une et l'autre , d'où résulte une grande diversité dans la manière
dont elles se sous-divisent, en formant alternativement des ventres et des nœuds,
et dans les sons rendus par leurs sous-divisions. On trouvera une expositiots
détaillée de tous ces faits , dans fouyrage de M. Chladni, pag. go et suiy.
ET d'iiistoîre naturelle. 127
■que nous apT^e]]erons f>oints d'appui ^ seront désignés par la lettre fl,
et nous emploierons la lettre/" pour indiquer le point frotté par
l'archet, et dans lequel réside l'origine des vibrations.
Le son fondamental, c'est-à-dire le plus grave que puisse
rendre une même lame, aura pour expressioa ut. Les sons
à l'octave, à la double octave, à la triple octave, etc. , de
ce dernier seront indiques par ut, ut, ut, etc., et cuacune
des autres notes le sera par le nom qu'elle porte dans la gamme.
Surmonté des chiffres i, 2 ou 5, suivant qu'elle appartiendra à
1 octave de ut, ou de ut, ou de ut, etc. Ainsi, sol désignera
la quinte majeure de ut; mi, sa douzième majeure ou la lierce
majeure de ut, etc.
Les lames peuvent être de verre, ou de quelque autre matière
métallique, telle que le cuivre rouge et le laiton. On doit, avant
d'en faire usage, en adoucir les bords, pour empêcher qu'ils n'en-
dommagent l'archet. La poussière qui sert à rendre les lignes
nodales sensibles à l'œil, peut être du sablon fin, ou du mica
en parcelles, semblable à celui que l'on emploie, sous le nom
de poudre d'or, pour empêcher l'écriture de s'effacer. Celte pous-
sière doit être légèrement disséminée et d'une manière uni-
forme sur la surface supérieure de la lame que l'on rûet ea
vibration.
Les différentes parties qui sous-divisent la surface vibrante,
et auxquelles les lignes nodales servent de périmètre, tantôt sont
semblables et égales entre elles , et tantôt didèreut par leur
grandeur et par leur figure. Dans l'un et l'autre cas, les vibra-
tions qu'elles produisent toutes à la fois étant isochrones, se con-
fondent en se mettant à l'unisson. La durée de ces vibrations,
ou leur nombre dans un temps donné , lequel nombre nous
appellerons rapport de vibrations, dépend principalement de la
ligure de la lame, de la position des points d'appui c'est-à-dire de
ceux par lesquels cette lame est fixée, et de celle du point auquel
ou applique l'archet. Mais une autre circonstance très-remar-
quable , qui a une grande influence dans la production des ré-
sultats, consiste en ce que, toutes choses égales d'ailleurs, il
suffit de faire varier le degré de pression et de vitesse de l'ar-
chet, pour changer le rapport de vibration, et déterminer une
autre sous-division de la surface vibrante, et un nouvel assor-
timent de lignes nodales. 11 en résulte que pendant un même
mouvement de l'archet , on entend souvent deux ou trois sons
R 2
128 JOURNAL Dt PHYSlQUÏ, T>t CHIMIE
qui se succèdent; quelquefois même deux de ces sons ont lieu
simultanément , et c'est lorsque l'on est parvenu à obtenir un
de ces sons dans toute sa pureté, que l'effet auquel il répond se
manifeste.
La résonnance multiple d'une corde vibrante , diffère de celle
dont il s'agit ici, en ce qu'aucun des sons qu'elle renferme ne
peut être produit séparément, par une sous-division delà corde
analogue au degré de ce son.
Lorsqu'on a produit un de ces effets , on remarque toujours
que l'endroit par lequel on presse la lame vibrante , appartient
à une ligne nodale, ou h sou prolongement. On peut même,
sans altérer le résultat, déplacer les doigts, en les faisant mou-
voir d'un côté ou de l'autre sur la ligne dont il s'agit, jusqu'à
xin certain terme, passé lequel le son change tout à coup, ainsi
que le résultat auquel il répond. Le point d'appui, proprement
dit, est comme le centre de l'espace dans lequel la posilioa
des doigts est susceptible de varier. Lorsque plusieurs lignes
nodales s'entrecoupent, il est toujours situé à l'une de leurs in-
tersections. On peut aussi, en continuant de tenir la lame vi-
brante par un même endroit, faire varier entre certaines limites
la position de l'arcliet, sans que le résultat subisse aucun chan-
gement. Nous indiquerons certaines observations qui pourroient
aider à trouver le point central dans lequel réside l'origine des
vibrations, lorsqu'il n'est pas donné par la figure elle-même.
Les dessins produits par l'arrangement symétrique de la pous-
sière disséminée sur la surface vibrante, tantôt offrent des com-
binaisons de la ligne droite avec la ligne courbe, tantôt sont
uniquement composés de lignes de celte dernière espèce. Parmi
les courbes, les unes sont rentrantes ; les autres se réduisent
à des arcs sous-tendus par les bords de la surface vibrante.
Lorsqu'on fait varier la position du point d'appui, si au lieu
de la laisser sur une ligne nodale, on l'en écarte peu à peu
en la transportant sur une partie qui vibroit , et que l'archet
reste toujours au même endroit, il y a des cas où la figure
du dessin éprouve des changemens, sans qu'il en survienne dans
le rapport de vibrations et dans le son dont il est accompagné.
Quelquefois même le dessin se transforme en un autre qui con-
traste avec lui d'une manière frappante.
Les lignes nodales qui composent certains dessins, interceptent
sur la surface de la lame un espace ordinairement situé vers
le centre, qui paroît exempt de vibraùoas. La poussière qui .
ET d'histoire naturelle.' 129
occupe cet espace y reste immobile, sans prendre aucun arran-
gement régulier.
Si après avoir produit un dessin sur la lame vibrante , on
la touche en dessous avec un des doigts libres, dans quelque
point qui n'appartienne pas à ce dessin , et que Ton réitère le
même mouvement de l'archet, il pourra arriver que ce mouve-
ment donne naissance à de nouvelles lignes nodales qui formeront
comme des parties accessoires, relativement au dessin que l'on
avoit déjà obtenu , ou que celui-ci fasse place à un dessin tout
diflerent. Dans l'un et l'autre cas, le rapport de vibrations el le
son se trouveront changés.
Le contact du doigt libre arrête les vibrations qui, sans lui,
■^«^uroient lieu dans la partie touchée, en sorte qu'il devient comme
un nouveau point d'appui, qui appartient à une des lignes no-
dales dont il détermine la production.
On peut aussi se servir du contact dont il s'agit , dans le cas
où parmi plusieurs dessins qui paroissent disposés à se montrer
en vertu d'un même mouvement de l'archet, pendant que plu-
sieurs sons se font entendre, on désire en déterminer un de
préférence. On fait répondre alors le contact à quelque point
d'une ligne nodale qui appartient exclusivement à ce dessin.
A mesure que les dessins formés par les lignes nodales sont
pins composés , le nombre des sous-divisions de la surface vi-
brante se trouve augmenté, ce qui accélère les vibrations, et
donne naissance à des sons plus aigus. C'est pour cette raison
qu'en employant des lames d'une plus grande étendue , on ob-
tient des effets plus variés el plus chargés de lignes nodales,
qu'avec des lames plus petites; car pour qu'un dessin puisse
naître sur une surface vibrante, il faut qne les vibrations ex-
citées dans celle-ci restent en-deçà du terme oh elles devien-
droient si fréquentes, que le corps cesseroit de résonner. Or
lorsqu'on emploie une lame plus étendue, le degré du son gé-
nérateur se trouvant abaissé, les autres sons ont une plus grande
latitude à parcourir pour arriver à ce terme où finit l'échelle
des sons appréciables, en sorte que la lame devient susceptible
d'ofil'rir des effets auxquels une lame plus petite se refuseroit,
parce que ses parties n'auroient plus le jeu nécessaire pour pro-
duire le mouvement vibratoire.
On remarque qu'un même dessin est plus ou moins nef, et
que le son dont il est accompagné, est plus ou moins mélodieux
et permanent , suivant que le point d'appui et le point frotté
se rapprochent ou s'éloignent de leurs positions centrales, aux-
lîO JOURNAL DE PUYSIQUE, DE CHIMIE
tjuelles répond le maximum de symélrie et de résonnance. Mais
il y a des sons qui ont constamment quelque chose de durj il
semble que les vibrations qui les font naître soient gênées , et
ils s'éteignent aussitôt que l'archet a quitté le bord de la lame.
Les lames métalliques en rendent plusieurs qui sont très-doux
et se rapprochent de ceux de l'harmonica.
Les lames de verre acquièrent, par le frottement répété de
l'archet, l'espèce d'électricité que nous appelons vitrée. Si, au
moment où l'on a obtenu un dessin , on laisse tomber sur la
surface vibrante un corps très-léger, tel qu'une barbe déplume,
et qu'ensuite on approche de celle-ci l'extrémité d'un doigt ,
elle sera attirée par ce doigt, et s'y attachera.
Parmi les diverses figuies que peuvent avoir les lames des-
tinées aux expériences, nous nous bornerons à deux, savoir, le
carré et le cercle.
Expériences avec des lames carrées (i).
Influence du degré de pression et de vitesse de F archet , pour jaire varier
les résultats.
Le point d'appui étant au centre a (fig. i) de la lame, et
le point frotté en f, près de l'un des angles, on peut obtenir
trois résultats différens, auxquels répondent les sons ut, mi, fa ,
que l'on entend résonner tour à tour, suivant les différeutes
pressions de l'archet , mais plus rarement le dernier.
Si , au moment où le son fondamerîlal ut résonne seul ,
on fait passer l'archet à plusieurs reprises sur le point y, en
le conduisant lentement et en modérant la pression , on voit
la poussière s'arranger de manière que les grains qui éloient
situés sur des lignes menées du centre aux milieux des côtés
restant immobiles, ceux qui occupoient les parties intermé-
diaires se retirent les uns vers les lignes dont on vient de
parler, et les autres vers le centre, en formant autour des es-
paces qu'ils laissent à vide, quatre courbes dont les concavités
gardent les angles de la lame. A mesure que l'on réitère les
mouvemens de l'archet, la poussière se condense près des lignes
(i) La lame dont nous nons sommes servis , pour la plupart de ces expé-
riences , étoit de verre semblable à celui dont on fait les vitres. Elle avoit
à peu près un décimètre ou quatre pouces de côté. iVous avertirons des cas
d'exception , dans lesquels nous avons employé des lames de dimensions dif-
férentes ou de quelque autre matière.
ET D HISTOIRE NATURELLE. l3t
perpendiculaires aux côte's , et les courbes subissent des in-
flexions qui rapprochent leurs sommets du centre, en sorte qu'à
la fin ils ne sont plus sépares que par un petit espace qui avoi-
sine le centre (i). Si l'on fait abstraction de ces séparations,
l'assortiment présente l'aspect de deux droites , qui se coupent
à angle droit, et partagent la surface de la lame en quatre
carrés égaux.
Si c'est le son mi qui se fait entendre seul , on voit paroîlre
trois lignes nodales situées diagonalement , qui s'infléchissent
comme le présente la figure 2, mais qui assez souvent sont un
peu confuses. On peut déterminer plus sûrement leur forma-
lion , en touchant avec un doigt libre le dessous de la lame
dans quelqu'un des points qui répondetit à la ligne nodale ng.
Le résultat se montrera sous des traits différens et plus nette-
ment dessinés, si l'on place l'appui au point a' (fig. 5) situé à
la moitié de la dislance entre le centre a et le côté gh. L'archet
peut rester en /^ ou, mieux encore, être transporté en f à la
moitié du côté hn. Les lignes nodales subissent , dans leurs
positions et dans leurs courbures, les changemens qu'indique
la figure ; mais le son reste le même.
Lorsque le point frotté étant en/', au milieu de lin, le dessin
paroît dans toute sa netteté, on remarque que les lignes ko ,
' yx s'écartent du parallélisme avec les côtés gh, en, de ma-
nière que leurs extrémités supérieures À-, y étant, comme nous
l'avons dit, au milieu de la distance entre le centre et les mêmes
côtés, leurs extrémités inférieures o, x sont éloignées des angles
A, « d'une quantité égale, au moins à très-peu près, aux | du
côté hn.
L'effet qu'accompagne le troisième son fa, est représente ng. 4-
11 dilTère de celui qu'on voit , fig. i , pai- l'addition des lignes
nodales «f r , tt/a , etc. (fig. 4)5 1"' sont assez souvent un peu
infléchies, et dont les distances hj", fxn aux angles sont égales au
quart du bord de la lame. Souvent aussi au lieu de quatre arcs
réunis près du centre, comme dans la fig. i , il n'y en a que
(1) La figure i représente, entre chaque angle de la lame, tel que n,
et le centre, les difltérentes inflexions sir, -/p , i'u , d'une même courbe,
qui répondent à plu.-ieurs mouvemens successifs de l'archet. Assez souvent
il n'y a que deux ou trois sommets de courbes qui soient bien pi-ononcé§.
Mais en multipliant les expériences , on par vient à obtenir un dessin sy-
métrique.
133 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
deux qui se regardent par leurs convexités, ainsi que le re-
pre'seiile la figure 4-
On produira le même effet, en prenant denx points d'appui
en rt', «", au milieu de deux côtés opposés , et en laissant tou-
jours l'archet en f. Alors les sons ut, ml cessent de se faire
entendre, mais un nouvel élément, savoir, la intervient avec fa
dans la résonnance de la lame vibrante. On se rendra maître
du premier son, en touchant la lame avec un doigt libre, ea
dessous du centre «, à une petite distance du hordfn,el en
variant un peu la position de ce doigt. Au moment où l'on
entendra le la, la poussière s'arrangera sous la forme de deux
arcs ala', al'a' (fig. 5) tournés l'un vers l'autre par leurs con-
cavités, et qui se réunissent aux endroits des appuis. La di-
slance entre leurs sommets /, l' et les côtés ge , fn est égale à
peu près à | de chacun d'eux.
On peut faire subir à ces arcs des variations qu'il nous paroit
intéressant d'indiquer. Pour les observer , on prend un seul
point d'appui en a (fig. 6), à une petite distance du bord de
la lame, et l'on frotte de nouveau le point/; On voit alors
les extrémités des deux arcs se rapprocher du centre, de ma-
nière que celles qui éloient en contact avec le bord gh, vont
se placer à l'endroit de l'appui. Les mêmes extrémités s'arron-
dissent en se liant l'une à l'autre, tandis que les sommets l, l'
se rapprochent au contraire des bords ge, hn. Le dessin, dans
ce cas, présente l'aspect d'une courbe rentrante. On continue
d'éloigner peu à peu le point d'appui du bord gh; la courbe,
pour se prêter à ces déplacemens , se rétrécit insensiblement
dans le sens du diamètre parallèle à ge, en même temps qu'elle
s'alonge dans le sens de celui qui est parallèle à gh , et lorsque
les variations ont atteint leurs limites, les deux arcs se trouvent
ramenés au cas de la figure 5, avec la différence que la ligne
qui peut être considérée comme étant leur corde commune,
est située en sens contraire de celui qu'indique cette figure ,
c'est-à-dire que les points où ils se réunissent par leurs extré-
mités, répondant aux milieux des côtés ge, hn. Il paroit clair
que pendant les variations qu'ils subissent, l'espace qu'ils cir-
conscrivent reste constant, et conserve le même rapport d'étendue
avec la surface entière de la lame, puisque le son n'éprouve
aucune altération sensible. Ce son a toujours de l'aigreur, et le
dessin auquel il répond n'est pas nettement prononcé.
Si au lieu de prendre le point frotté en /(fig. i) près d'un
des
ET d'iiistoibe naturelle. 1 53
des angles, on le transporte au milieu s d'un des bords, tandis
que le point d'appui est toujours au milieu a de la surface vi-
brante, on entend résonner le son fa^, quarte superflue du gé-
neraleur, auquel se Joint le son w/, qui se fait toujours entendre
très-foiblemctit , en sorte que l'on ne peut amener l'expérience à
donner l'eflet qui répond à ce dernier son. Ije dessin que l'on
obtient et qu'accompagne le son fa^, est comme l'inverse de
celui auquel se rapporte la figure i , c'est-à-dire que les dia-
gonales y font la même fonction que les lignes menées du centre
perpendiculairement sur les côtés dans le premier, et que les
courbes y tournent leurs concavités vers ces mêmes côtés, comme
on le voit, fig. 7. Du reste, sa formation a lieu de la même
manière, et le résultat final, abstraction faite des petites sépa-
rations entre les parties situées autour d'un petit espace central,
s'offre sous l'aspect de deux diagonales qui se coupent à l'endroit
du même centre.
Cet espace étant masqué par le contact, lorsque l'on fait l'ex-
périence de la manière qui vient d'être décrite , on peut le
laisser à nu , en prenant la lame entre trois doigts appliqués à
autant d'angles^, e, h, ce qui est l'équivalent du premier con-
tact, parce que les lignes nodales passent par ces angles. On
cesse alors d'entendre le son mi; mais il est remplacé par un
son très-aigu sol, et que l'on obtient quelquefois solitairement
par une forte pression de l'archet. Dans ce cas , le dessin est
composé en même temps des quatre courbes que représente la
figure 7, et de quatre arcs additionnels, cT^'^t/i, T^yè'-, i'^i(7, A-vj-aÇ
(fig. 8), sous-lendus par les bords de la lame vibrante. 11 est facile
d'amenerà volonté cet accessoireà la suite du dessin de la figure 7.
Pour y parvenir, on répand de nouvelle poussière sur les espaces
qui répondent aux quatre arcs J^tt-i, to-j-cT, etc. (fig. 8). Ensuite,
tandis que l'on répète les coups d'archet , on tâtonne avec l'ex-
trémité d'un doigt libre , la partie de la surface inférieure de
la lame qui répond à l'un des espaces dont il s'agit , et au
moment où le contact a rencontré quelqu'un des points sus-
ceptibles de perdre leur mouvement vibratoire, on voit naître
subitement les arcs additionnels , comme pour orner les
parties du tableau qui auparavant se trouvoient vides. Si l'on
retire le doigt, un nouveau coup d'archet, en ramenant le
son Ja*, fera disparoître ces arcs , en sorte que la poussière
qui avoit servi à les tracer, sera jetée par le mouvement
Tome LXXXVIII. FÉVRIER an 1819. S
lS4 JOTJRNAL Dî PHYSIQUE, DE CnîMIÉ
\ibraloire aux endroils déjà occupés par les lignes situées en
diagonale.
Si l'on veut obtenir du premier coup le dessin complet, on
laissera d'abord la surface de la lame à nu, et on touchera
celle-ci en dessous, avec un doigt libre, en passant l'arcliet sur
le point * (Gg. 7), jusqu'à ce qu'on entende le son sol résonner
seul. Alors, tenant le doigt libre dans la même position, on
répandra de la poussière sur la surface de la lame, et on fera
de nouveau mouvoir l'archet. Dans le dessin qui en résulte, les
lignes situées en diagonales forment ordinairement deux courbes
distinctes, adossées par leurs sommets,
T^ariations dans les résultats, le son restant le même.
Nous avons déjà eu l'occasion de parler des cliangemens de
figure que les lignes nodales sont susceptibles d'éprouver, sans
que le rapport de vibration et le son , qui en est l'indice ,
soient altérés : rien n'est même si ordinaire que de voir ces
lignes varier dans leurs inflexions , lorsque l'on répète plusieurs
fois de suite une même expérience ; mais la plupart de ces
variations ne modifient que légèrement la ressemblance entre
les dessins qui les subissent, et n'empêchent pas que l'œil n'y
reconnoisse l'empreinte d'un même type. Celles que nous nous
proposons de décrire ici sont beaucoup plus remarquables, en
ce qu'elles font ressortir par des contrastes, les dessins auxquels
elles se rapportent. On en distingue de deux genres dlfférens.
Les unes agissent graduellement, à mesure que l'on déplace
le point d'appui, en sorte que les résultats extrêmes sont liés
par une série de nuances intermédiaires. Les autres déterminent
un passage brusque entre un dessin et un autre, qui s'écarte to-
talement Aa premier par son aspect. Nous nous bornerons à
un seul exemple de chaque genre.
Le point d'appui étant en a (lig. 9), de manière que ah soit
égale à peu près au quart de la diagonale eh, et l'archet étant
eu y vis-à-vis de a, on voit paroitre la ligne nodale contournée
que présente la figure, accompagnée du son ni^.
Les choses étant dans cet état , si l'on fait avancer peu à peu
le point d'appui vers le bord hn, parallèlement à ce même
bord, et que l'on répète les coups d'archet en f, on verra la
ligne nodale subir des inflexions, en vertu desquelles ses dif--
férentes portions se rapprocheront du parallélisme avec les bords
ge^ hn, eu sorte qu'à un certain terme, elle se trouvera par-
ET d'histoire naturelle. 1j5
tagée en trois lignes torlueuses , semblables à celles que l'on _^
voit (fig. lo), et séparées entre elles aux endroits des points y, y',
dont les dislances aux angles g, n, sont à peu près le tiers des
bords gh , en.
Si l'on continue le mouvement du point d'appui, toujours
dans le même sens, les trois portions de courbe se redresseront
peu à peu , et au terme où la distance entre le point d'appui a
et le bord hn sera à peu près | de ce bord, elles se dirigeront sur
trois lignes parallèles à ce même bord, comme on le voit
(fig. ii)(i). Cependant ces lignes sont presque toujours légè-
rement infléchies, et il est rare de les obtenir absolument droites ,
comme sur la figure. On conçoit la manière dont il faudroit
s'y prendre , pour avoir des effets inverses , en allant de la
ligne droite à la ligne courbe.
11 est facile d'obtenir immédiatement le dessin de la figure lO,
en prenant deux points d'appui en y, y', dont les distances aux
angles g, n doivent être, d'après ce qui a été dit plus haut,
à peu près égales an tiers du bord de la lame, et en laissant
l'archet en f.
On peut avoir un exemple du second genre, en donnant au
point d'appui et au point frotté, des positions qui s'écartent
peu de celles qui ont lieu relativement au dessin de la figure 9.
Il suffit de prendre le point d'appui un peu plus près de l'angle A,
en restant sur la diagonale qui passe par cet angle. Le son
est plus aigu de deux octaves, plus un demi -ton, que celui
qui répond au dessin dont il s'agit, et Ton voit paroitre celui
que représente la figure 12. Si l'on recommence l'expérience
avec la seule différence que le point d'appui soit près du bord
kg, et à égale distance entre les bords ge , hn , on aura le
dessin de la figure i5, et à en juger d'après le rapport des
yeux, on n'auroit pas soupçonné que les deux dessins, dont
le rapprochement offre l'image d'une dissonnance , dussent se
confondre dans un même unisson. Si l'on répète de nouveau
l'expérience, en commençant par obtenir le résultat de la fig. i3,
puis en transportant le point d'appui de a en a', sans déranger
les lignes nodales, on pourra suivre des yeux, pendant le mou-
vement de l'archet qu'il sera bon de ralentir , les effets des forces
(i) Pour mieux réussir, dans cette dernière partie de l'expérience, il faut
pincer la lame, avec les doigts, de manière à diminuer, autant qu'il est
possible, les surfaces de contact.
S 2
^■56 JOURJîAL DE PHYSrçrE, nE CHIMIE
répulsives en vertu desquelles les grains de poussière cliasse's
de leurs premières positions, iront occuper celles qui répondent
à l'assortiment représente (fîg. 12). En comparant les deux figures,
on peut, d'après la correspondance des lettres, concevoir le
jeu des parties composantes du dessin figure i3 , dans le passage
à celui de la figure 12. Les points 4? o, t, b (fig. i5), sont
les seuls qui restent fixes. La ligne courbe «Tê s'infléchit de ma-
nière qu'elle devient l'arc marqiié «Te (fig. 12); la ligne anguleuse
terminée par les points ■\)/, /'(fig. i3), se divise en trois parties 4">
ku, kr, dont la première devient la partie ■\yu (fig. 12) de la ligne
anguleuse comprise entre les points "\ , b ; la seconde, que nous
désignerons maintenant par o'z (fig. i5), les points ;/, o' d'une
part, et k, z de l'autre, étant censés se confondre, se détache
pour aller fournir la branche oz de la courbe zoin (fig. 12);
la troisième partie //■ (fig. i3), se dirige diagonalement , et
donne la ligne marquée des mêmes lettres (fig. 12). En suivant
de même les autres indications, on concevra que la seconde
Branche om de la courbe zom provient de la partie inférieure
om [û^. i3) de la ligne anguleuse terminée parles points w, c,
laquelle parlie, en restant fixe par le point o, s'infléchit en
sens contraire de l'autre branche oz (fig. 12), et ainsi du reste.
Dans l'eximple précédent, les trois lignes courbes ey, ■yS', Sh
(fig. 9) comprises entre les côtés gli , en, et que l'on peut re-
garder comme les parties composantes du dessin, restent en-
tières pendant le passage au résultat que représente la figure 1 1 ;
les grains dépoussière qui en sont comme les élémens, conservent
leur liaison, et ne font autre chose que s'arranger conformément
à la tendance qu'ont les lignes à devenir parallèles. Mais dans
le cas présent, le dessin est décomposé en un certain nombre
de parties dont les élémens se réunissent dans un ordre qui
n'a rien de commun avec le premier.
Une autre différence entre le même résultat et celui que
nous avons cité d'abord, consiste en ce que dans ce dernier,
le passage d'un extrême à l'autre se fait par une gradation de
nuances intermédiaires, à mesure que le point d'appui se dé-
place en se rapprochant du côté hn. 11 en est autrement du
second résultat; les déplacemens successifs du point d'appui
dans l'espace compris entre a et a', ou ne produisent aucun
effet, ou font naître un dessin différent qu'accompagne un autre
son. 11 peut arriver, par exemple, que les doigts parvenus à
la proximité du point d'appui a', rencontrent celui qui se rap-
ET d'iiistoike naturelle. iSy
porte au dessin de la figure 9 (i). La transformalion du premier
dessin en celui delà figure 12, repond à un second terme où
elle se monlre loul à coup sans avoir élé amenée.
Nous remarquerons en finissant cet article, que danS fous
les cas où le son est constant, tandis que le dessin subit ua
changement quelconque, la position de l'archet reste aussi la
même, en sorte que c'est toujours celle du point d'appui qui
a varié.
Disposition des points cCappui et de ceux sur lesquels agit la
Jrottement.
Nous avons déjà annoncé que Ton pouvoit déplacer le point
d'appui qui nvoit concouru à la production d'un dessin, en le
faisant mouvoir, jusqu'à un certain terme, sur une ligne no-
^ale, sans que le résultat fût altéré. Cependant, parmi les di-
verses positions que Tce point est susceptible de prendre, il en
est une qui doit être regardée comme la limite en-deçà et au-
delà de laquelle les autres varient , et que l'on peut souvent
reconnoître à un caractère qui lui est propre, et qui consiste
en ce qu'elle se trouve à l'endroit où plusieurs lignes nodales
s'entrecoupent, en les supposant prolongées, s'il est nécessaire.
La chose est évidente à l'égard des points d'appui situés en a
(fîg. 1 et 4)> ou en «, a' (fig. 4 et 5). Lorsqu'on obtient le
dessin de la figure 2, le point d'appui a ne se trouve pas dans
l'intersection de deux lignes nodales, à laquelle le dessin ne
se prêle pas, mais au milieu de l'une d'elles, et c'est proba-
blement pour cette raison que ce dessin est ordinairement peu
prononcé. Ce n'est que quand le point d'appui a été transporté
en a' (fig. 3), que les lignes nodales se dessinent nettement,
en même temps que leur commune intersection passe par ce
même point. Nous allons citer un nouvel exemple propre à
répandre du jour sur ce qui vient d'être dit.
Supposons qu'ayant pris un point d'appui en a' (fig. 1 5) éloi-
gné dé gh d'une quantité égale au quart de cette ligne, ou de
loul autre côté, on fasse passer l'archet sur le point y situé
au-dessous de a', un peu plus vers gh. On verra paroîlre le
dessin que représente la figure, et qui est composé de trois
(1) n y a un autre point situé un peu de côté, en allant vers en, qui
donne un dessin particulier qu'accompagne u^ son plus bas d'un demi-ton
que ré. La figure i4 représente ce dessin.
l58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
courbes, dont chacune a une branche dans le sens d'une dia-
gonale, et l'aulre parallèle à l'un des côlés, plus de deux lignes
droites tu, Ip , dont les positions sont analogues aux précédentes.
On obtiendra le même effet en transportant le point d'appui
à d'autres eudroils de la ligne ko, comme en s (i), qui
en occupe à peu près le milieu. Mais le son qui répondra à
ces divers effets, se terminera avec le mouvement de l'archet.
Si, au contraire, on place le point d'appui au centre a delà
lame, où les lignes nodales situées diagonalement tendent à se
couper, le retour du même effet sera accompagné d'un son
plus mélodieux, qui ne s'éteindra qu'au bout d'un instant, ce
qui paroitroit seul indiquer que le point d'appui est parvenu
à son centre.
La position de l'archet est de même susceptible de parcourir
une certaine latitude, sans que le résultat cesse d'être constant,
et il existe aussi au milieu de ces variations, un point dans
lequel réside l'origine des vibrations, et que le seul aspect du
dessin auquel il correspond , suffit quelquefois pour indiquer.
Ainsi il est visible que dans les résultats que représentent les
figures 7 et 8, ce point est placé exactement au milieu du
côté hn. Mais sa position u'est pas indiquée avec la même pré-
cision , relativement au dessin de la figure i5, soit qu'on la
prenne en f, comme ci-dessus, ou enf du côté opposé, ainsi
qu'on en est le maître. Dans ce dernier cas, on ne peut pas
assurer qu'elle soit à égale distance entre les extrémités des deux
branches de la courbe irrégulière cjn. Pour que cette idée
parût admissible, il faudroit que ces branches fussent semblables,
et rencontrassent le côté ha sous des angles égaux.
On parvicndroit peut-être à fixer, dans ces sortes de cas, la
position du point dont il s'agit, en combinant deux dessins dif-
férens, par des observations du genre de celle que nous allons
citer.
Supposons que l'on ait obtenu le dessin de la figure 5, en
prenant le points' au quart de la distance entre les côlés ^7i,
en, et en plaçant l'archet au milieu/"' du côté hn, ce qui est
le cas où le dessin a le plus de netteté. Les choses étant dans
(i) J'ai trouvé dans une nouvelle expérience, que pour continuer d'obtenir
le même effet, il faut transporter l'appui dans quelqu'autre point de la ligne m»,
plus avancé vers le centre, et que c'est quand il arrive au centre que la
durée du son est à son maximum.
ET d'histoire naturelle, 1^9
cet étal, si l'on transporte l'archet à l'extrémité o, de la ligne
iiodale inko , le son descendra dune octave juste, et l'on verra
paroître le dessin de la figure i5. Ou pourra remarquer de
plus, que l'on parvient au même résultat, en prenant la po-
sition de l'archet à la gauche ou ii la droite du point o (fig. 5), de
manière que ce point paroît être au milieu de l'espace que l'ar-
chet peut parcourir, sans que le résultat soit changé. Or, la
distance de ce point à l'angle li est ou exactement, ou à très-
peu près, égale aux | du côté hn, ainsi que nous l'avons dit
plus haut, ce qui dounoit, par rapport au dessin de la figure i5,
la position du point dans lequel réside l'origine des vibrations.
Nous nous bornerons à ce seul exemple , que nous ne don-
ïierons même que comme un essai d'observations qu'il faudroit
avoir multipliées et suivies avec attention, pour s'assurer de
l'utilité dont elles peuvent être relativement au but proposé.
L'exemple dont il s'agit nous auroit d'ailleurs paru digne
d'être cité, à raison de ce qu'il a d'intéressant en lui-même,
par la corrélation qu'il nous découvre entre les dessins des figures
5 et i5.
Pour le mieux saisir, on commence par faire naître le se-
cond dessin. Prenant ensuite le point a' (fig. 5) et le point/',
comme il a été indiqué plus haut, on fera mouvoir lentement
l'archet; pendant ce mouvement, les lignes mh, tu (fig. i5)
restent fixes; les lignes cj, t'r disparoissent ; les autres lignes ko,
jx,t'z, plse dirigent parallèlement aux bords de la lame, comme
Je représente la figure 5, en même temps que tz se réunit à tu,
et Ip h jx , au moyen d'une inflexion.
Le passage d'un dessin à l'autre, se fait ici d'une manière
bien plus simple, et plus directe, que celui qui a lieu entre les
dessins des fig. 12 et i3. Cependant ce dernier n'emporte aucune
altération dans le degré du son. Dans l'autre les deux sons dif-
fèrent, mais en donnant l'octave qui est, après l'unisson, la,
plus parfaite des consonnances.
Le dessin de la figure i5 n'est pas symétrique; pour qu'il le
fût, il faudroit qu'il ressemblât à celui de la figure 16, formé
de quatre courbes qui ont toutes le même rapport de position
avec la surface vibrante. Mais nous n'avons jamais pu obtenir
ce dernier dessin.
Influence des contacts surnuméraires , pour faire varier les
résultats.
Nous avons déjà vu que le contact d'un doigt libre peut être
l4o JOUMVAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
employé comme moyen accessoire pour faciliter la pvoducliort
d'un résultat. Mais il est des cas où il devient une condition
nécessaire pour produire un effet auquel la surface vibrante aban-
donnée à elle-même se refuseroit. Nous nous bornerons encore
ici h un seul exemple.
Supposons que l'on ait d'abord fait naître le dessin de la
figure i5, en prenant le point d'appui au centre a, et en pla-
çant l'archet au point yj comme il a été dit plus haut. Si le
point d'appui descend ensuite peu à peu le long de la ligne ko.
Je dessin restera le même jusqu'à un certain terme, où l'on
verra paroître celui de la figure g, qui subsistera à son tour,
à mesure que l'appui continuera de se mouvoir, jusqu'à un autre
terme, sur la ligne /(O. Or, si pendant ce second mouvement,
on touche l'angle g, avec un doigt libre, le son ut qui avoit
commencé à se faire entendre, sera remplacé tout à coup par
le son mi, et le dessin de la figure i5 reparoîtra, sans cepen-
dant être aussi prononcé que la première fois. Ou pourra même
faire succéder les deux sons l'un à l'autre, en se servant de la
longueur de l'archet, et il pourra arriver que l'on entende à
la fois, pendant un petit instant, les deux sons qui formeront
une tierce mineure très-juste. Ainsi, après l'apparition du dessin
de la figure g, la lame vibrante conservoit encore une dispo'
sition à reproduire le dessin précédent, laquelle exigeoit pour
s'exercer, qu'un contact additionnel ramenât l'impression d'une
des lignes nodales relatives à ce dessin.
Nous terminerons ce que nous avons à dire sur les effets des
vibrations excitées dans les lames carrées, par l'indication du
dessin que représente la figure 17, et qui nous a paru curieux
par les contours variés des lignes nodales dont il est l'assem-
hlage, et par la conformité qui naît de leur disposition symé-
trique, entre les deux moitiés de la lame séparées par la dia-
gonale qui va de h en e (i). Les positions des points d'appui
a, «sont les mômes que pour les dessins de la figure 10, c'est-
à-dire que lem-s distances aux angles les plus voisins , sont
égales au tiers du côté du carré. Mais le point / où l'on ap-
plique l'archet , se rapproche davantage du milieu de ne; sa
distance à l'angle « nous a paru égale à peu près aux f de la
même ligne. Le son est mi (2). Ce résultat a été obtenu avec
(1) L'expérience qui donne ce résultat a été trouvée par M."" VuiUemot,
nièce (le l'auteur. (Note du Rédacteur.)
(2) Ce son est souvent accompagné d'un autre qui se fait entendre sour-
une
ET d'hISTOIUE naturelle.' j4i
une lame de laiton d'environ i,55 millimètres, ou 5 pouces de
côte.
Expériences avec des lames circulaires .
Cas où le point d'appui est situé au centre de la surface vibrante.
La position du point d'appui est susceptible de varier sur une
lame circulaire, comme sur celle dont la figure est un carré,
et même entre des limites plus étendues, sans que le dessin
soit changé. Nous la supposons ici au centre, parce que ce
point est à la fois le milieu de l'espace qu'elle peut parcourir
dans tous les sens, relativement à un même résultat; c'est aussi
celle qui donne les vibrations les moins promptes à s'éteindre,
après qu'on a retiré l'archet.
Si l'on frotte à plusieurs reprises un point quelconque de la
circonférence, il arrivera que certaines nuances dans le degré
de pression et de vitesse de l'archet détermineront divers sons
à se faire entendre tour à tour, ou même simnllanémenl; on
obtiendra des elfels plus variés, en transportant l'archet suc-
cessivement à différens points de la circonférence , dont la
disposition physique ne peut être rigoureusement la même, quoi-
qu'ils soient censés être tous à des dislances égales du centre.
Les dessins auxquels répondent ces différens sons, se com-
posent en général de lignes droites situées sur les directions
d'autant de rayons , et liées deux à deux par des arcs dont
le sommet est tourné vers le centre. Le nombre de ces lignes
augmente à mesure que le son devient plus aigu, et en même
temps les lignes se raccourcissent, et les arcs descendent vers
la circonférence. Un coup-d'œil jeté sur les figures i8, ic), etc.,
donnera une idée de celte disposition des lignes nodales. L'es-
pace situé autour du centre, et terminé par les convexités des
arcs , reste immobile et couvert de poussière.
Le diamètre des lames dont nous nous sommes servis pour
les expériences de ce genre, étoit d'environ 108 millimètres ou
4 pouces. Les unes éloient de verre ordinaire et les autres de
laiton, ayant une épaisseur d'environ i de millimètre ou -^ de
ligne. Ce métal donne des sons plus doux et plus faciles à ap-
précier. Nous avons aussi employé une lame d'environ 162 mil-
limètres ou 6 pouces de diamètre.
dément, et qui répond au dessin que l'on voit (fig. 9). Ce n'est qu'après
plusieurs tâtonnemens que l'on parvient à obtenir isolément celui qui est le but
de l'expérience.
Tome LXXXVIII. FÉVRIER an 18 19. T
l42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHlMlK
Dans chaque dessin, la circonférence se trouve sous-divisee
en un certain nombre de parties égales, par les lignes situées
sur les directions des rayons. Les résultats auxquels nous sommes
parvenus, ont donné les diflërenles sous-divisions de 36o, en
nombres pairs, depuis quatre jusq'u'à vingt inclusivement. Il n'est
pas douteux que l'on iroit plus loin , avec des lames d'un plus
grand diamètre. Les sons correspondans ont été successivement
ut pour 4 sous-divisions, ré pour 6, ut pour 8, fo. pour lo (i),
ut pour 12 (2), sol pour 14, ut pour 16; les sons relatifs aux
deux derniers résultats, étoient si aigus, que nous n'avons pu
les apprécier exactement. D'après une analogie qui sera indiquée
plus bas, on auroit mi pour 18 divisions et sol* pour 20.
L'espèce d'indifférence que chaque point de la périphérie a
pour donner naissance à un rapport de vibralions plutôt qu'à
un autre , rend les sons que l'on essaie d'en tirer tellement
fugitifs , que l'on est quelquefois obligé de tâtonner long-temps
avant de fixer celui qui répond au résultai que l'on a en vue
d'obtenir. On abrège les tàlonnemens, en faisant varier autour
du centre la position du point d'appui, et en faisant avancer
ou reculer un doigt mobile en contact avec le dessous de
la lame. On peut encore appuyer la lame contre un obstacle
qui ne soit pas trop dur, tel que l'extrémilé d'un bouchon fixé
horizontalement, et en prenant le point d'appui du côté op-
posé à celui où les doigts sont appliqués, et dans la direction
du même diamètre. Aussitôt que l'on voit paroître la première
ébauche du dessin demandé, on transporte le doigt mobile sous
quelque point d'une ligne nodale, et l'archet au milieu d'un
des arcs compris entre deux lignes voisines, puis on répète les
frottemens, pour donner le fini au dessin. En ce genre, comme
en une multitude d'autres, la facilité de réussir dépend beau-
coup de l'habitude.
Cas où le point d'appui est nécessairement situé hors du centre.
Dans les effets qui précèdent, le centre est considéré comme
la limite autour de laquelle la position du point d'appui est
susceptible de varier, pour un même rapport de vibrations.
(1) Sol pour 10 avec la grande lame de cuivre.
(s) Ré juste pour 12, avec la grande lame de cuivre^
ET u'inSTOIRE NATURELLE. l/p
Mais celle limile ne s'étend que jusqu'à une certaine dislance
du cenlre, passe laquelle les changemens de position de l'appui
déterminent un nouvel ordre de phénomènes. Les dessins qui
en résultent comparés entre eux, ne présentent plus le même
caractère d'uniformité. La partie non vibrante de la surface qui,
comme nous l'avons vu, va toujours en augmentant, à mesure
que le point d'appui que l'on est libre de substituer à celui
qui se confond avec le cenlre, descend vers la circonférence,
devient tout à coup nulle, en sorte que la surface entière est
mobile.
On peut employer une manière d'amener un des nouveaux
phénomènes, qui rendra sensible les différences dont nous ve-
nons de parler. Ayant pris d'abord le point d'appui au cenlre,
on le fait descendre progressivement le long d'un rayon, et
en même temps on frotte avec l'archet le point de la circon-
férence auquel aboutit ce rayon. Ces frottemens répétés font
naître successivement différens sons dont chacun répond à l'un
des résultats décrits précédemment, et qui deviennent très-aigus,
à une certaine proximité de la circonférence. 11 y a un terras
où ils sont accompagnés d'un autre son qui frémit sourdement
et dont l'expression est sol, et lorsque l'appui, en avançant
toujours, est parvenu au point où ce son se fait entendre seul
et dans toute sa force, quoique ayant toujours une certaine
dureté, on voit paroître sur la surface vibrante (fîg. aS) la cir-
conférence d'un cercle parfait, concentrique à celui de celle
surface, et qui passe par le point dont il s'agit. La distance
de ce point à la circonférence de la lame vibrante, est en-
viron ~ du diamètre. Sa position n'est pas susceptible de varier
en-deçà ou au-delà de cette distance , et celle du point frotté
est fixe à l'exlrémilé du rayon qui aboutit au même point.
L'appui continuant de descendre vers la circonférence, arrive
à un autre terme qui en est distant à peu près de j du dia-
mètre, et si dans le même cas, on transporte l'archet, soit au
pointy'situé à go'' du terme dont il s'agit, soit dans quelqu'un
des points intermédiaires, tels que/', y, jusque vers le 45' degré,
on obtiendra le dessin représenté (fîg, 26), composé d'une ligne
nodale située en partie parallèlement à la circonférence, et en
partie dans la dusclion du diamètre. L'expression du son cor-
respondant est si'. On peut parvenir au même résultat, enser-
rant la laQie entre deux doigts placés en «', a' aux extréraités
T 2
l44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
d'un même diamètre, et en plaçant l'archel <in f, à 90'' de chacun
des mûmes points.
On repassera du dessin dont il s'agit ici an précédent, en
rendant an point d'appui la position d'où dépend ce dernier,
et en replaçant l'archet à rcxtrémité du même rajon. La ligne
diamétrale disparoit , et la partie circulaire se rapproche très-
sensiblement de la circonférence.
On peut aussi se servir du résultat qu'indique la figure 26,
pour rendre sensible l'immobilité de la partie moyenne de la
surface vibrante , dans les expériences relatives aux dessins re-
présentés (lîg. 18 , ig, etc.). A cet eftet, on transportera d'abord
le point d'appui un peu plus près du centre que le point a
(fig. 24), en le laissant sur la ligne diamétrale dd' (fig. 26).
On le fera ensuite avancer progressivement vers le centre, en
frottant avec l'archet difl'érens points de la circonférence. Au
moment où l'on aura obtenu un dessin quelconque, on pourra
remarquer que la ()arlie de la ligne diamétrale, comprise dans
l'espace exempt de vibrations , subsistera toujours en restant
comme étrangère aux phénomènes.
Nous nous bornerons à ces résultats auxquels on peut en
ajouter beaucoup d'autres, en employant des lames plus étendues.
Quelques-uns des dessins que l'on obtient dans ce cas , sont
aussi susceptibles de se modifier d'une manière plus ou moins
sensible, tandis que le rapport de vibration et le son qui en
est la suite restent les mêmes.
On conçoit aisément à quel point la fécondité de ce genre
d'expériences doit s'accroître par la faculté que l'on a de faire
varier la forme des lames que l'on emploie. Nous nous en
sommes tenus à deux limites, dont l'une se rapporte aux lignes
rectilignes, et l'autre à celles qui sont curvilignes. Notre but
a été moins de multiplier les résultats , que de les coordonner,
et d'en former un système propre à montrer les rapports mu-
tuels que quelques-uns ont entre eux, à fixer l'attention sur
certaines considérations auxquelles il seroit utile d'avoir égard,
dans l'explication des faits, en un mot, à faire sentir toute la
délicatesse du sujet, et la grandeur des difficultés qu'auront
à vaincre ceux qui entreprendront de débrouiller l'étrange com-
plication que présentent tant de phénomènes divers , en les
soumettant à une théorie qui les fasse découler tous d'un même
principe.
M. Chladni a essayé de tracer la roule qui doit être suivie
pour arriver a cette théorie. Suivant ce célèbre physicien, le
ET u'iIISTOIP.i: NATURELLE. 1 /^5
premier pas à faire seroil de déterminer, par des formules gé-
nérales, les lois des vibrations tournantes d'une verge cylindrique
ou prismatique , c'est-à-dire de celles qui se font par de petits
mouvemens oscillatoires que chaque molécule fait autour de
l'axe (i). On appliqueroit la théorie de ces mouvemens à ceux
d'une lame rectangulaire , auxquels M. Chladni pense qu'ils
peuvent être assimilés. Ce rapprochement est fondé sur ce que
les rapports entre les sons que rend une lame de cette figure,
à mesure que l'une de ses dimensions diminue à l'égard de
l'autre, approchent toujours davantage de ceux qui ont lieu à
l'égard des sons rendus par une verge qui fait des vibrations
tournantes (2). Cette espèce de verge donneroit ainsi comme
l'effet élémentaire d'où l'on partiroit pour expliquer les résultats
produits par des lames rectangulaires, dont la largeur. iroit eu
augmentant (5); on éteudroit ensuite les mêmes principes aux
James d'une forme différente (4).
M. Chladni regarde la ligne droite comme étant celle qui
donne la figure primitive des lignes nodales , eu sorte que les
courbures que présentent souvent ces dernières, sont des dé-
viations ou des distorsions de la ligne droite (5). Ainsi, en
décrivant l'expérience, dont les résultais sont indiqués (fig- 9,
10 et II), il place en premier lieu celui de la figure 1 1 , où le
dessin est composé de trois lignes droites parallèles entre elles,
et la courbe que l'on voit (fig. g), provient des distorsions
de ces lignes. Nous avons cependant remarqué, à l'occasion de
la même expérience, que c'est lorsque l'on a obtenu le dessin
de la figure g, que le son est plus mélodieux et a plus de per-
manence, et qu'il devient plus sec et plus dur à mesure que
le dessin se rapproche de la figure rectiligne , ce qui pourroit
faire présumer que le résultat relatif au dessin dont il s'agit,
est celui auquel répond le véritable centre d'action des forces,
d'où dépend le mouvement vibratoire, puisque c'est dans ce
même cas qu'elles s'exercent avec le plus de liberté.
M. Chladni ayant cherché les nombres des lignes nodales si-
tuées dans un même sens, sur les différens dessins qu'une surface
vibrante d'une figure donnée étoit susceptible de produire ,
(1) Acoustique , pag. i3i.
(2) Jbid., pag. 112, i3g et 172.
(3) Ibid., pag. i32.
(4) Ibid., pag. 134.
(5) Jbid., pag. 143.
l46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
a trouvé que quand ces nombres suivoienl le rapport des termes
de la série naturelle 2, 3, 4j 5, 6, etc., les racines carrées
des nombres de vibrations, d'où dépendoient les sons qui ac-
compagnoient ces dessins, étoientaussi à peu près en progression
arithmétique. Un résultat de ce genre qui nous a paru surtout
remarquable, est celui que présentent les expériences faites avec
unelanif circulaire, dans lesquelles toutes les lignes nodales sont
des portions de rayons liées deux à deux par des inflexions.
F oyez les figures 18, 19, etc. Dans ce cas, les nombres de
ces lignes, ou, plus simplement, leurs moitiés, sont succes-
sivement 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, g, 10, laquelle série est la même
que celle des racines carrées des nombres 4, 9, 16, 25, 56,
49, 64, 81, 100, qui approche beaucoup de la suivante, 4» 9»
16, 24, 36, 48, 64, 80, 100. Or, les termes de celle-ci sont
dans le rapport des nombres de vibrations relatifs aux sons
ut, re , ut, sol, ré, sol, ut, mi, sol^, qui se trouvent être a
peu près les mêmes que ceux qui répondent successivement
aux dessins. On doit faire ici abstraction des deux derniers, qui,
comme nous l'avons dit, n'ont pu être exactement apréciés.
D'ailleurs nous ne çlonnons la relation dont il s'agit, que comme
un simple résultat d'observation , et M. Chladni a usé de la
nvême réserve, en citant des faits analogues à celui-ci.
M. Paradisi, savant italien, a entrepris sur le même sujet des
recherches qui paroissent avoir été dirigées vers le véritable point
de vue de la théorie. En faisant vibrer une lame rectangulaire
de verre, par de très-pelils coups d'archet successifs, il a re-
connu que les lignes nodales formoient d'abord des courbes
qui, suivant lui, étoient des demi-cercles appuyés sur les côtés
du rectangle, et dont l'un avoit son centre à l'endroit où étoit
appliqué l'archet. En poursuivant l'expérience, il a vu les demi-
cercles subir graduellement des changemens de figure, à l'aide
desquels leur courbure alloit en diminuant, et ils ont fini par
un assortiment symétrique de lignes droites, dont l'une dirigée
parallèlement aux grands côtés du rectangle, se divisoit en
deux moitiés , et les autres étoient parallèles aux petits côtés.
M. Paradisi appelle centre de 7nbration, le centre du cercle
qui se forme autour du point d'application de l'archet, et centres
secondaires , ceux des autres cercles. Il représente les actions
qu'exercent sur l'élément d'un cercle quelconque, les centres
des autres cercles, par une équation diflërentielle qu'il n'a pu
ET d'histoire naturelle. 1^7
intégrer, faute d'avoir toutes les données nécessaires, pour par-
venir à celle intégration.
La solution complète du problème dont il s'agit ici, consîs-
teroità déterminer le système de lignes nodales qui devroil avoir
lieu, en supposant que Ton connût la figure delà lame vibrante,
la position du point d'appui, celle du point où l'on applique
l'archet, et le rapport de vibrations indiqué par le son qui se
fait entendre. La Science paroît encore éloignée du terme où
ce problème sera résolu d'une manière satisfaisante. Ces dessins,
qui par leur symétrie, semblent êlre tout préparés pour recevoir
l'empreinte du calcul analylique, tendent plutôt à lui échapper
dans l'état actuel de nos connoissances.
lis se réduisent jusqu'ici à de sinij)Ies résultais d'expériences,'
mais si étonnans par eux-mêmes, qu'ils ne cesseroient point de
l'être, dans le cas même où ils seroient expliqués (i).
(i) Ce Mémoire a été composé, il y a plusieurs années, et depuis cette
époque, l'auteur occupé de ditFérens travaux, et en particulier de relui qui
concerne la rédaction de la deuxième édition de son Tiaité de Minéralogie,
n'a pas eu le loisir de remanier le Mémoire dont il s agit, et d'v ajouter les
résultats des recherches faites postérieurement sur le point de Phtisique qui
en est le sujet. (Note du Rédacteur.)
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES
Dans le mois de janvier i8ig.
c
AgHELRESMATm
A IMIDI,
A 3 HEURES SOIR.
A 9 HEURES SOIR,
THERMOMÈTRE
S
Baroru. Therni,
Baroni,
Tlicim.
Iî.troill.
Tlierm.
Barom.
Therm,
ç«
Hvgr.
Hygr.
Hygr.
Hygr,
Maxim.
Minim.
i
îï 0. cxlc'riciir.
à 0,
extcvieur.
à 0.
ostiTieur.
+ 5,25
88
à 0,
cxttricur.
770,03+ 2,75
96
770,24
+ 4,25
92
770,16
770,89
+ 2,25
97
+ 5,26
+ i,5o
2
770,79 + °.5o
97
770,32
+ 1,75
•ST'
763,66
+ 4,5o
77
770,00
+ o,6û
95
+ 4.5o
+ o,5o
l
7R8,7,
+ 0,40
95
767,46
+ 2,75
86
766,86
+ 4,00
78
766,92
— 1,00
97
+ 4,00
— 1,25
A
7'V.o4
— 4,4<^
94
766,25
— o,5o
87
755,34
+ 1,26
63
765 01
— 2,76
98
+ 1,25
— 5,00
5
7S5,85
— 3,00
93
765,35
+ 0,75
86
765,0c
+ 2,5o
86
76616.
- 1,85
96
+ 2,5o
— 3,5o
6
765, q2
— 3,10
95
765,17
— 0,25
86
764,29
+ 2,5o
86
764,06
— 3,40
97
+ 2,60
— 5,00
7
7Gp,b7
- 3,40
90
759,6.
+ 1,60
82
757,90
+ 3,5o
82
766,89
+ 4.25
96
+ 4,25
— 4,75
f
75,9,4'
+ 3,10
93
759,74
+ 5,75
82
759,58
+ 4,75
90
766 i5
+ 2,60
96
+ 5,75
+ s, 60
5)
757,1e
+ 7,80
95
756,77
-f- 9.5o
93
755,59
+10,00
92
755,63
+ 6, '.5
89
+ 10,00
+ 6,9,5
IC
763,82
+ 5,a5
95
762,70
+ 8,10
90
76«,7o
+ 8,75
92
767,76
+ 9.75
84
+ 9,75
+ 5,25
1 1
75.9,60
+ 8,25
93
760,62
+ 9.75
72
762, 19
+ 8,75
S6
762,37
+ 6,75
80
+ 9,75 + 6,25
12
767,32
+ 4,25
95
768,12
+ 7,75
82
767,54
+ 7,26
80
766,7.
+ 2,00
98
-1- 7.73 + 2,00
i3
762,12
+ 2,5o
87
761,60
+ 6,75
7'
761,10
+ 7,5o
82
762,66
+ 5,00
96
+ 7,i5
+ 1,75
'4
765,07
+ 4,75
95
7S4,4i
+ 8,10
88
764,42
+ 8,5o
96
763,32
+ 10,00
97
+10,00
+ 2,00
i5
762,85
+ io,5o
9G
762,42
+11,75
9S
761,22
+ 11.75
96
768,24
+ 10,76
.96
+ 11,75
+ 10,00
i6
767,22
+ 4,75
67
768,22
+ 6,5o
58
768,55
+ 6,26
56
707,15+ 5,4û
82
+ 6,5o|+ 3,40
\-<
707,60
+ 4,a5
■81
754,08
+ 6.25
83
75. ,3,
+ 8,66
91
760,9. + 6,5o
90
+ 8,65
+ 3,75
i8
750,19
+ 4,5o
84
749.97
+ 6,40
74
760,59
+ 4,25
9°
752,77+ 2,76
85
+ 6,40
+ 2,75
'9
756,00
+ 3,00
82
756,3o
+ 4,5o
76
766,10
+ 5,00
78
754,24+ 4,5o
94
+ 5,00
+ 2,25
20
760,1 5
+ 5,25
90
751,14
+ 6,4c
67
761,64
+ 7.00
65
760,56
+ 3,60
94
+ 7,00
+ 3,25
yi
74«,75
+ 4,^-5
H
749,7^
+ 7,00
67
760,76
+ 6,26
68
761, 5o
+ 2,40
93
+ 7,00
+ a,4o
22
75o,oq
+ 6,40
95
760,04
+ 8,75
88
749,16
+ 9,25
91
749,67
+ 7,00
96
+ 9,25
+ 5,00
o,5
753,15
+ 5,5o
95
754,02
+ 8,75
85
754,47
+ 8,25
83
755,2c
+ 4,00
99
+ 8,75
+ 4.00
o4
750, 3i
+ 4.40
96
749,28
+ 9,00
79
748,11
+10,26
62
748,72
+ 7,5o
69
-f-io,a6
+ 4>oo
25
751,29
+ 4,00
94
749.97
+ 8,25
78
748,2.
+ 9.00
74
747,80
+ 8,5o
70
+ 9,00
+ 3,75
i6
747,45
+ 7,5o
87
747,22
+ 9.40
80
746,78
+ g,5o
80
746,97 + 8,00
89
+ 9,5o
+ 7,5o
27
745,60
+ 6,5o
88
745,18
+ 10,10
78
744,6 >
+ 11,25
79
744,01 + 9,26
77
+ .1,26
+ 5,00
28
744.55
+ 7,25
82
745.28
+ 9,10
70
746,09
+ 7,9°
61
747,85 + 3,25
93
+ 9,10
+ 3,25
29
746,67
+ 3,5o
96
746,1 3
+ 6,25
82
745,32
+ 7,5o
72 743,941+ 4,co
95
+ 7-5o
+ 2,00
00
742,08,+ 4,00
744,441+ 4,0°
95
742,18
+ 7.75
82
742,01
+ 7.40
84 742,78+ 5,60
98
+ 7,76+ 4,00
3i
,96
744,62
+ 7,80 85 1
745,01
+ 7.00
88 747,06 + 4,85
9°
+ 8,26
+ 2,ffo
T
765,08
+ 0,5,9
^4
764,86
+ ',57
88
763,5i
+ 4,7°
83
763,79
+ 1,75
94
+ 4,97
— 0,34
2
759.87
+ 5,20
S7
759,69
+ 7.4'
76
769,45
+ 7,59
8û
768,89
+ 5,52
91
+ 7,99
+ 3,74
3
747.67
757,54
+ 5,12
+ 3,63
87
89
747, 6u
757,38
+ 8,2.9
79
81
747,32
766,76
+ 8,60
+ 6,93
76
79
747,72
766,47
+ 5,89
88
+ 8,87
+ 3,95
+ 5,o3
+- 4.39
9'
+ 7.28+ 2,45|
RÉCAPITULATION.
Baromètre ( Ti"' rt' '''
vation 77c
""89 le i
l Moindre élévation 74o'""'02 le 3o
Tl,.,„,„„, -fo / Plus grand degré de chaleur +1 i°75 le 16
Thermometie.. | j^j^;_6^^ ^^^J^ ^^ ^,^^,^^_. J 5^^^ ,^ g
Nombre de jours beaux i4
de couverts.
JO
de pluie. . . .
>4
de vent 3i
de brouillard 28
de ge
f 1 e i] e
lée
.. 6
i^e
Q
de gr
éle ou grésil.. . . o
dp fonnprrfi . .
A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS.
(Le Bai'omètre est réduit à la température de zéro.)
i
QUAMTITÉ DE PLUIE]
o
c
tor
ibcc
VENTS.
ÉTAT DU CIEL.
sur le baut
1
U Cour.
de l'Obser-
vatoire.
LE MATIN.
A MIDI.
LE SOIR.
o,5o
0,25
\.-E.
Couvert, brouillard.
Couvert , brouillard.
Couvert, brouil. hum.
2
Idem.
Couvert, brouil. hum.
Beau ciel , brouillard.
Beau ciel.
5
E.-S.-E.
Beau ciel , brouillard.
Idem.
Idem.
4
S.-E.
Idem.
Idem .
Idem.
5
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
b'
S. -S.-E.
Idem.
Idem.
Idem.
7
8,3o
6,87
S.-E.
Idem.
iNuageux , brumeux.
Couvert , pt. abond.
8
2,98
2,36
s.-o.
Couvert, léger biouil.
Nuageux.
Idem, pi. dans la n.
9
2,98
2,20
Id. fort.
P/uie,brou3lard.
Couvert, léger brouil.
Pluie par intervalles.
10
S.-O.
Nuageux, brouillard.
Idem.
Couvert.
u
o,5o
o,5o
Id. fort.
Pluie , brouillard.
Nuageux.
Nuageux.
Idem.
12
S.-O.
Beau ciel, léger br.
Beau ciel.
i3
Idem.
Couvert, brouillard.
Quelques éclaircis.
Idem.
>4
Idem .
IVuageux, brouillard.
Idem.
Couvert, brum. à 3*.
i5
3,95
2,9s
Id. fort.
Petite p/u(e, brouill.
Idem.
Couvert, pluie à ic*.
i6
O.-N.-O.
iNuageux.
Nuageux.
Nuageux.
Idem,
'7
1,00
0.94
S.-O. fort.
Idem.
Couvert , par intervall.
i8
0,55
o,5o
o.-s.-o.
Idem.
Nuageux.
Idem.
19
0.
Couvert, lég. brouil.
Couvert.
Couvert.
20
5,91
5,85
S.-O.
Pluie , brouillard.
Idem.
Nuageux.
ai
0.
Nuageux, p/u;e av. le j.
Nuageu.Y.
Idem.
22
S.-O.
Très-nuageux.
Couvert par intervall.
Couvert.
23
1,35
i,i5
Idem.
Nuag.,p/.av.lej.,lég.br
Nuageux.
Idem par interval.
24
S.-E.
Nuageux , brouillard.
Idem.
Ciel voilé.
Nuageux.
25
o,85
0,60
S. fort.
Couvert , pluie à 2*.
Couvert, brumeux.
26
o,65
0,40
S.
Pluie , léger brouil lar.
Pluie par intenalles.
Pluie Eue par interval.
27
o,3o
0, 10
S.-Ê.
Nuageux , brouillard.
Couvert.
Idem.
28
S.-S.-O.
Nuageux.
Nuageux.
Couvert.
29
S-.S.-E.
/rfem.,br., gelée bl.
Idem.
Très-nuageux.
3o
7,58
6,3o
S.-S.-O.
Pluie , brouillard.
Couvert.
Pluie par intervalles.
3i
N.-O.
Très-nuageux.
Nuageux.
Couvert.
1
Moyennes
du i^'au 11.
Phases de la Lune. |
2
....
Moyennes
du u au 21.
P.Q.le 3à 8''54'm.
D.Q.leiqà 9'52'm.
3
....
Moyennes
du 21 au 3i.
P.L.leiià ii*45'm.
N. L.leaSà 1*19'™.;
37,84
30,98
IMoj'ennes
du mois
1
RÉCAPITULATION.
1 I*
N...i. ......
Î.-E 2
I E 1
m/ J / S.-E 5
Jours dont 1
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3
-• — '■
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lermomètre
^-aves { î: ;ë; -
r.-o i
';c99 } centigrades.
Tome LXXXFIII. FEVRIER an 1819.
i!jO journal de physique, de chimie
SIXIÈME MÉMOIRE
SUR LA FAMILLE DES SYNANTHÉRÉES,
CONTENANT LES CARACTÈRES DES TRIBUS;
Par m. Henri CASSINI ,
Conseiller à la Cour royale de Paris , et Membre de la Société Philomathiqiie'.
Jr. divise la famille des Synanlhérées en vingt tribus na-
turelles, qui sont : i". les Lactucées , 2°. les Caiiinécs, 3". les
Centauriées , 4°. les Canluinées , 5°. les Echiiwpsées , 6°. les Jrc-
totidées , 7°. les Calendulées , 8». les Tagétuiées, 9'. les Hélian-
ihées, 10". les Jmbrosiées ,11°. les Anthémidécs, 12°. les Inidées,
i5°. les Jstérées, ]4°. les Sénécionées , i5°. les Nassauviées ,
16°. les Mutisiées, 17°. les Tussilagwées , iS*. les Jdénostjlées ,
19°. les Eupatoriées , 20°. les Femoniées.
Avant d'exposer les caractères de ces tribus, je dois avertir
le lecteur, que ces caractères seront toul-à-fait inintelligibles
pour lui, s'il n'a pas lu très-atlentivemenl mon cinquième Mé-
moire (i) contenant les foudemens de la Synantliérographie ,
et que ces mêmeo caractères lui paroilront détestables, s'il n'a
pas médité surtout le paragraphe de ce Mémoire, inlitulé : Prin-
cipes et sommaire de la naiwelle méthode. Je me borne à rap-
peler ici que mes tribus naturelles sont caractérisées, 1°. par
Vovaire avec ses accessoires, 2°. par le stjle androgyniqne avec
son stigmate et ses collecteurs, 5°. par les étamines, 4'. par
la corolle staminée; et je fais observer que cet ordre de des-
cription des caractères, conforme à l'ordre d'importance des
organes, n'est point conforme à l'ordre d'importance des ca-
ractères; car, en général, c'est le style qui fournit aux tribus
leurs caractères les plus imporlans.
(i) Mes cinq Mémoires précédens ont été publiés dans le Journal de Phy-
sique ; le premier, dans les Cahiers de février, mars , avril iHi3 ; le second,
dans le Cahier d'avril i8i4; le troisième, dans le Cahier de février 181S; le
quatrième, dansle Cahier de juillet 1817; le cinquième, dans les Cahiers de fé-
vrier et mars j8i8.
ET d'histoire naturelle. i5i
I" TRIBU. Les Lactucées {Ljctuce^).
Caractères ordinaires.
U ovaire, en mûrissant, change plus ou moins de forme, de
dimensions, de proportions, et il se développe à sa surface
des excroissances dures, laminées, transversales, imitant des
rides, des écailles, des tubercules ou des épines. L'aréole ba-
silaire est ordinairement supportée par un pédicellule souvent
dilTicile à dégager du clinanlhe. La forme de l'ovaire et la struc-
ture de l'aigrette varient selon les genres, et souvent, sur la
même plante, selon la situation centrale, marginale, ou iuler-
médiaire, des fleurs dans la calathide.
Le stjle androgynique est divisé supérieurement en deux bran-
ches demi-cylindriques, qui, à l'époque de la fleuraison , di-
vergent en s'arquant en deiiors; le stigmate est formé de petites
fiapilles, et couvre la face intérieure plane de chaque branche;
es collecteurs sont piliformes, et occupent la face extérieure
convexe de chaque branche, ainsi que la partie supérieure de
la tige.
Les étamines ont le filet greffé à la corolle jusqu'au sommet
de son tube; l'article anlhérifere conforme au filet; l'anthère
longue; le connectif grêle; Tappendice apicilaire oblong, ter-
miné en demi-cercle, libre; les appendices basiiaires , très-va-
riables, oblongs , non-poilinifères , greffés avec les appendices
des anthères voisines ; le pollen composé de globules sphéri-
ques, mamelonnés, conservant leur forme sans altération, et
dont chacun semble formé de l'aggrégation de plusieurs glo-
bules beaucoup plus petits.
La corolle staminée est fendue, c'est-à-dire que l'incisioa
intérieure se prolonge jusqu'à la base du limbe, les quatre autres
étant incomparablement plus courtes. Cette corolle est longue,
étroite, arquée en dehors; son limbe, primitivement cyliudracé,
s'épanouit eu une lame plane, linéaire, opaque; ses cinq di-
visions sont courtes, épaissies derrière le sommet par une cal-
losité mamelonnée. La jonction du tube et du limbe est souvent
garnie d'une sorte de manchette de poils.
Remarques.
La calathide est iacouronnée, radiatiforme , pluriHore, an-
drogyniflore. Le clinanthe est le plus souvent inappendiculé ,
quelquefois squamellifère , ou fimbrillifère. Les squames du pé-^
V 2
'l52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
jicline sont lanlût imbriquées, tanlûl uiiiseriées, et dans ce der-
nier cas, ordinairement accompagnées de squames surnuméraires.
Les feuilles sont allernes; les liges presque toujours herbacées.
Les vaisseaux propres contiennent un suc laiteux. Les corolles
sont ordinairement jaunes, quelquefois orangées, rouges, vio-
lettes ou bleues; elles sont en général, d'une substance tres-
délicale , et sujettes à éprouver les alternatives de la veille et
du sommeil, suivant les heures du jour, ou suivant l'état de
l'atmosphère.
Celte tribu diffère essentiellement de toutes les autres par
la corolle fendue, et de presque toutes par le style, qui ne
ressemble qu'à celui des Vernoniées. Les apparences extérieures
du pollen des Laclucées me persuadent que chaque globule
est intérieurement divisé enunemuljilude de petites cellules, dont
les extérieures forment à la surface les mamelons ou portions
de petits globules , que d'autres botanistes considèrent fort mal
à propos, je crois, comme des facettes planes et anguleuses.
La calathide radialiforme est propre aux Lactucées et aux Nas-
sauviées : le but de celte disposition est d'empêcher que les
organes sexuels des fleurs extérieures ne soient recouverts par
les corolles des fleurs intérieures. C'est aussi pour dégager les
•mêmes organes, que le limbe de la corolle des Lactucées a dû
être fendit d'un bout à l'autre sur le côté intérieur.
L'Europe produit un très-grand nombre de Laclucées; il y
en a moins en Asie et en Afrique, très-peu en Amérique, et
point du tout aux Terres Australes.
IP TRIBU. Les Carlinées (Carlineje).
Caractères ordinaires,
U ovaire est ordinairement cylindracé, non-comprimé, couvert
de longs poils biapiculés , muni d'au moins cinq nervures fines
non-saillantes, ayant l'aréole basilaire sessile, non-oblique. L'ai-
erelte est ordinairement régulière, formée de squamellules uni-
iaisériées, à peu près égales, et enlre-greffées inférieurement ou
à la base; elles sont le plus souvent laminées inférieurement,
filiformes supérieurement, roides , barbées, tendantes à s'arquer
en dehors ; quelquefois elles sont paléiformes.
Le style androgynique est un peu diversifié, et quelquefois
anomal. Ordinairement ses deux branches sont très-courtes, à
peu près semi-coniques , obtuses , point ou presque point ar-
ticulées avec la tige, dont elles sont peu distinctes, son sommet
ET d'histoire naturelle. i5j
ii'ëlaul pas sensiblement renflé, ni entouré dune zone de poils;
elles sont entre-greffées, ou au moins appliquées parleur face
interne plane, à l'exception des marges qui sont sligmaliqucs ,
lisses, libres et réfléchies; leur face externe convexe est garnie
de collecteurs papilliformes , un peu plus longs à la base des
branches.
Les élamines ont le filet greffé à la corolle jusqu'au sommet
de son tube, laminé', parfaitement glabre, sans aucun vestige
de poils ou de papilles; l'article anlhérifère plus étroit que le
filet; l'appendice apicilaire long, linéaire, aigu, coriace, greffé
avec les appendices des anthères voisines; les appendices ba-
silaires longs et barbus.
La corolle staminée est Irès-diversifiée , et souvent anomale.
Elle est régulière, subrégulière, ringente ou palmée; sa sub-
stance est le plus souvent épaisse, sub-carlilagineuse , coriacée,
peu colorée; tantôt elle est parfaitement glabre, tantôt toute
couverte de poils extérieurement, et quelquefois même velue
dans l'intérieur du tube; le limbe est ordinairement cylindracé,
et plus long que le tube, dont il se distingue foiblement; ses
divisions sont courtes ou longues, demi-lancéolées ou linéaires;
quelquefois elles sont surmontées d'une corne derrière le sommet.
Rema)
qnes.
La calalhide est ordinairement incouronnée, rarement dis-
coïde, ou radiée. Leclinanlhe est presque toujours (imlirillifère,
et ses flnibrilles sont souvent enlre-grcffées inféiicurement ou
à la ])ase. Les squames du péricline sont imbriquées; les in-
térieures souvent surmontées d'un appendice scarieux, coloré,
radiant; il y a quelquefois un involucre outre le péricline. Les
Carlinées sont ordinairement plus ou moins épineuses ; leurs
feuilles sont alternes, souvent coriaces; leurs tiges sont assez
souvent ligneuses; leurs corolles sont ordinairement jaunâtres
ou rougeàires, rarement bleues.
Celte tribu, quoique foiblement caractérisée, est naturelle,
et suffisamment distincte. De tous les caractères qui la dislinguent
des Cenlauriées et des Carduinées, le seul qui soit exempt
d'exceptions, consiste dans la glabréité parfaite des filets des
élamines.
11 y a des Carlinées dans les quatre parties du monde.
l54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
III* TRIBU. Les Centauriées {Çentaurie^).
Caractères ordinaires.
U ovaire est comprime sur les deux côtés, obovoïde; muni
de quatre côtes ou arêtes plus ou moiûs prononcées, une in-
térieure, une extérieure, deux latérales rapprochées de l'inté-
rieure; il est garni de poils rares, fugaces, extrêmement capil-
laires. L'aréole basilaire est sessile, et fortement adhérente à la
substance du clinanthe ; elle est Irès-oblique-intérieure , et située
dans une large échancrure en lozange , à bords curvilignes. Il
y a un bourrelet basilaire peu distinct, et un bourrelet apicilaire
coroniforme, crénelé, saillant au-dessus de l'aréole apicilaire.
L'aigrette implantée sur le pourtour de cette aréole, en dedans
du bourrelet, est double; l'extérieure composée de squamcUules
mullisériées , régulièrement imbriquées et étagées , celles du
rang le plus extérieur étant extrêmement courtes , et les autres
progressivement plus longues; ces squamellules sont laminées,
linéaires , obtuses, droites, roides, barbellées sur les deux bords;
leurs barbelles cylindriques, obtuses, droites et roides, sont
égales, très-rapprochées , appliquées, comme peclinées. L'ai-f
grelte intérieure est composée de squamellules unisériées, courtes,
semi-avortées, membraneuses, linéaires, tronquées.
Le stjle androgyuique, avec son stigmate et ses collecteurs,
ne diffère point essentiellement de celui des Carduinées ; mais
cet organe offre plus de diversité et d'anomalie chez les Cen-
tauriées.
Les étamines sont semblables à celles des Carduinées , si ce
n'est que le tube formé de la réunion des appendices apicilaires i
est ordinairement courbe , au lieu d'être droit comme dans j
presque toutes les Carduinées. |
La corolle staminée ne difitere de celle des Carduinées qu'ea \
ce que les cinq incisions sont ordinairement moins inégales, i
en sorte que le plus souvent cette corolle est subrégulière, au »
lieu d'être obringente.
Remarcjues.
La calatliide est ordinairement radiée, souvent discoïde, ra-
rement iucouronnée; sa couronne est composée de fleurs neutres,
à corolle très-diversifiée, et le plus souvent anomale. Le cli-
panlhe plane, épais, charnu, porte des fimbrilles nombreuses,
longues, inégales, libres, filiformes-laminées. Les squames du
péricline sont imbriquées , coriaces , ordinairement pourvues •
r.T D HISTOIRE NATURELLE. 1 .)J
d'un appendice ou d'une bordure Irès-diversifie's. Les feuilles
sont alternes; les tiges presque toujours herbacées; les fleurs
ordinairement purpurines, souvent jaunes, quelquefois bleues.
Les Cenlanrices ne dilïerenl essentiellement des Carduine'es
que par l'ovaire et son aigrette ; c'est pourquoi il seroit peut-
être plus convenable de reunir ces deux tribus en une seule
qu'on diviseroit en deux sections naturelles, sous les litres de
Caidninées-CenUiuriées et de Caiduiiiées-Protoljpes.
La plupart des Centaurie'es sont européennes; il y en a beau-
coup en Asie, plusieurs en Afrique, presque point en Amé-
rique, aucune aux Terres australes.
IV' TRIBU. Les Carduinées (C^rbvineje).
Caractères ordinaires.
'L'ovaire est obovoïde, comprimé sur les deux côtés, glabre
et luisant, muni de quatre côtes ou arêtes, une intérieure, une
extérieure, deux latérales. L'aréole basilaire est sessile, large,
plane, arrondie, un peu oblique-intérieure. Il n'y a point de
bourrelet basilaire. Le bourrelet apicilaire est peu distinct, co-
rotiiforme. L'aréole apicilaire est souvent couverte d'un plateau
charnu, entouré d'un anneau corné, qui porte l'aigrette et se
détache sponlanémenl. L'aigrette, souvent brune en sa partie
moyenne , est formée de squamellules plurisériées , irréguliè-
rement disposées, inégales, barbellulées ou barbées; celles des
rangs intérieui's sont laminées en leur partie inférieure, tri-
quèlres en leur partie moyenne , filiformes en leur partie su-
périeure qui s'épaissit quelquefois au sommet; celles des rangs
extérieurs sont plus courtes, plus grêles, presque entièrement
filiformes. Les barbes et les barbellules sont courbes, inégales,
distancées , irrégulièrement disposées; cependant les barbes oc-
cupent de préférence les deux côtés des squamellules, et les
barbellules leurs deux côtés et leur face extérieure.
Le 5?;V<? androgynique est, comme dans les autres tribus,
formé d'une tige divisée supérieurement en deux branches. Le
sommet de la tige est presque toujours entouré d'une zone de
collecteurs piliformes , et souvent un peu renflé. I^es deux
branches sont articulées sur la lige, et presque toujours greffées
incomplètement ensemble par leurs faces intérieures respectives.
Chacune d'elles a sa face extérieure convexe, couverte de très-
petits collecteurs papilliformes , et sa face intérieure plane, par-
faitement lisse. Les faces intérieures des branches sont ordinai-
l5G JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
remenl greflees ensemble dans toute leur e'tendue, à l'exception
de deux marges latérales et d'une marge terminale, plus ou moins
larges, qui restent libres, et qui se réfléchisseat plus ou moins
fortement pendant la fleuraison. Ces marges sont stigmatiques.
Les élamines ont le filet greffe à la corolle jusqu'au sommet
de son tube, et hérisse sur sa partie libre, qui est arquée eu
dedans, de poils ou de papilles plus ou moins manifestes; l'ar-
ticle anlhérifère conforme au filet, mais un peu plus grêle, et
très-glabre; ranlhcre longue et étroite; le connectif large; l'ap-
pendice apicilaire de substance ferme et sèche, à partie infé-
rieure linéaire et greflee avec les appendices des anthères
voisines, el à partie supérieure demi -lancéolée et libre; les ap-
pendices basilairgs très-variables, poUinifères supérieurement ,
frangés vers l'extrémité, greffés l'un avec l'autre en leur partie
supérieure, et entièrement greffés avecles appendices des anthères
voisines; le pollen composé de globules blanchâtres, ovoïdes, à
surface granulée, se déformant après l'émission.
Ija corolle staminée est obriugente, c'est-à-dire que les deux
incisions qui forment la division extérieure, sont beaucoup plus
profondes que les trois autres. Cette corolle est longue, étroite,
arquée en dehors , glabre ; le tube qui s'alonge beaucoup à l'é-
poque de la fleuraison, devient en même temps cannelé eix
dehors , et creusé , dans l'intérieur de sa substance, de cinq
lacunes closes de toute part, qui régnent d'un bout à l'autre
entre les nervures; le limbe est cylindracé, à base urcéolée,
un peu gibbeuse du côté intérieur; il est opaque, el le plus
souvent purpurin; ses divisions sont longues, étroites, linéaires,
médiocrement divergentes, point arquées en dehors; leur sommet
est épaissi extérieurement par une callosité conique; leur bor-
dure est cartilagineuse, et forme une callosité à la base externe
de chaque incision; leurs nervures sont intrà-marginales et fines.
Remarques.
La calathide est presque toujours incouronnée, très-rarement
radiée; cependant les organes sexuels sont assez souvent impar-
faits dans les fleurs extérieures ; mais la forme de la corolle
n'étant point altérée , il n'y a pas lieu d'admettre une couronne.
Le clinanthe est ordinairement planiuscule, épais , charnu , garni
de fimbrilles nombreuses, longues, inégales, libres, filiformes-
laminées ; rarement il est alvéolé, sans fimbrilles. Les squames
du péricline sont imbriquées , coriaces , souvent spinescentes
au sommet. Les Carduiuées sont le plus souvent épineuses;
leurs
ïT d'histoire naturelle. • 157
leurs feuilles sont alternes; leurs tiges presque toujours herbace'es;
leurs fleurs ordinairement purpurines, quelquefois jaunes, ra-
rement bleues.
Cette tribu diflere des Carline'es par les filets des e'tamines,
he'risse's de poils ou de papilles; des Ceiitauriées , parla struc-
ture de l'ovaire et de l'aigrette; des Echinopsées, par beaucoup
de caractères Irès-imporlans.
Les Carduinées habitent l'Europe, l'Asie et l'Afrique; il n'y
en a presque point en Amérique , el point du tout aux Terres
Australes.
V TRIBU. Les ÉcniNOPsfES (Echinopse^).
Caractères ordinaires.
U ovaire est cylindrace', non-comprimë, muni de cinq ner-
vures. Sa partie inférieure est allénue'e et prolongée en un pied
cylindracé. L'aréole basilaire, qui termine le pied, n'est point
oblique; elle n'adhère que par son point central au clinanthe;
et elle est bordée d'un bourrelet basilaire pentagone. L'aigrette
est quadruple, composée de squamellules mullisériées , im-
plantées sur toute la surface du corps de l'ovaire et de son pied.
La première aigrette, située autour de l'aréole apicilaire, est
formée de squamellules unisériées, paléiformes, courtes, sou-
vent enlre-greffées inférieurement. La seconde aigrette, qui oc-
cupe tout le corps de l'ovaire , est formée de squamellules
multisériées , filiformes , longues , barbellulées. La troisième
aigrette, naissant de la partie supérieure du pied de l'ovaire,
est formée de squamellules plurisériées, paléiformes, foliacées,
coriaces, très-grandes, La quatrième aigrette, implantée sur la
partie inférieure du pied, est formée de squamellules plurisé-
riées, laminées, membraneuses, divisées en lanières filiformes,
barbellulées. Le placentaire est Irès-élevé.
Le style androgy nique est semblable à celui des Carduinées,
si ce n'est que les deux branches sont complètement libres jus-
qu'à la base, el qu'elles divergent en s'arquant en dehors pen-
dant lafleuraison, d'où l'on peut conclure que leur face inté-
rieure plane est entièrement stigmatique.
Les étamines diffèrent de celles des Carduinées , en ce que
le filet est parfaitement glabre, et qu'il est grefl'é avec la co-
rolle, non-seulement jusqu'au sommet de son tube, mais encore
jusqu'à la base des incisions du limbe. Les molécules polliniques
Tomç LKKXrUL FÉVRIER au 18Ï9. X
ïj8 JOURN^lL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
m'ont paru êlre prismatiques, à quatre faces, avec un sillon
longiludinal médiaire sur chaque face.
La corolle slaminëe est régulière, el Irès-droile. Le limbe est
plus long que le tube; sa partie indivise est extrcmemenl courte;
ses divisions sont très-longues, étroites, linéaires, et coudées
brusquement en dehors à quelque distance de leur base; un
petit appendice plus ou moins manifeste, en forme d'écaillé
courte, denticulée, est situé transversalement sur la face in-
térieure de chaque division , à l'endroit où elle se coude.
Remarcjues.
La calathide est sphérique, incouronnée, équaliflore, multi-
flore, régulariflore , androgyniflore. Le clinanlhe est sphérique,
inappendiculé. Le péricline est très-anomal, formé d'une multi-
tude de squames diffuses, rabattues, semi-avorlées, analogues
aux squamellules de la quatrième aigrette. Les feuilles sont al-
ternes , épineuses, pinnalifides ; les tiges herbacées; les fleurs
blanches ou bleuâtres. L'ordre de fluuraison de la calathide est
inverse, c'est-à-dire que les fleurs intérieures s'épanouissent les
premières. Ordinairement les fleurs marginales ne se développent
qu'imparfaitement.
L ordre de fleuraison inverse, ainsi que le demi-avortenient
ou l'imperfection des fleurs marginales et du péricline, sont,
selon moi, l'efi'et de la situation gênée et renversée des parties
extérieures de la calathide, laquelle situation résulte de la sphé-
ricité du clinanlhe. C'est donc à tort que M. R. Bvoy\n (Joiiinal
de Phjsi(jue, tome LXXXVI , pag. 598 et 4^'^) croit trouver
dans l'ordre de fleuraison inverse, une preuve certaine de l'opi-
nion généralement admise, et qui attribue aux Echinops un
capitule composé de plusieurs calathides uniflores. Je soutiens
au contraire, que les prétendues calathides uniflores de ces
plantes sont réellement de simples fleurs, et je démontre rigou-
reusement celte proposition de la manière suivante.
Toute calathide est essentiellement composée d'une ou plu-
sieurs fleurs, portées sur un clinanlhe, et entourées d'un pé-
ricline qui est constamment implanté sur les bords du clinanlhe.
De cette définition incontestalile, je lire deux conséquences;
la première est qu'une prétendue calathide uniflore qui n'auroit
iii clinanlhe, ni péricline, ne seroit point une calathide, mais
une simple fleur; la seconde est qu'un prétendu péricline qui
nailroit, non des bords du clinanlhe, mais de la surface de
l'ovaire, ne seroit point un vrai péricline. Posons encore un
iT d'histoire natorelle. 109
principe : c'est que tout ovaire de Syiianlbe'rée est terminé m-
férieurement par une aréole basilaire , qui s'articule avec le ch-
nanthej d'où il suit que tout appendice qui auroit son origine
au-dessus de cette aréole basilaire, dénotée par l'articulation,
seroit une dépendance de l'ovaire, et non du clinanthe.
Appliquons ces principes à VEchinops : 1°. l'aréole basilaire
de chaque ovaire repose immédiatement sur le clinanthe commun
à tous, et il ne peut y avoir d'équivoque sur cette aréole ,
attendu qu'elle est jointe au clinanthe par une articulation ma-
nifeste, et qu'elle est bordée d'un bourrelet. Donc la prétendue
calathideuniflore est dépourvue d'un clinanthe propre; 2°. le pré-
tendu péricline de la prétendue calathide uniflore est implanté sur
l'ovaire, bien au-dessus de l'aréole basilaire. Donc ce n'est point
un vrai péricline; donc la prétendue calathide est dépourvue
de péricline comme de clinanthe; donc ce n'est point une ca-
lathide, mais une simple fleur.
Maintenant, si l'on me demande pourquoi je considère comme
une aigrette ce faux péricline qui ne ressemble guère a une
aigrette, et qui d'ailleurs est implanté sur la base de l'ovaire
au lieu de l'être autour de son sommet; je répondrai que tous
appendices qui sont implantés sur des points quelconques de
la surface de l'ovaire, entre les deux aréoles, basilaire et api-
cilaire, et qui sont manifestement analogues à des squames de
péricline, ou à des squamelies de clinanthe, ne peuvent être
assimilés à rien, si ce n^est à des squamellnles d'aigrette.
La tribu des Echinopsées, parfaitement distincte de toute autre
tribu, et extrêmement remarquable par ses singuliers caractères,
ne comprend qu'un seul genre composé d'un petit nombre d es-
pèces qui habitent l'Europe, l'Asie ou l'Afrique.
VI« TRIBU. Les Akctotidées {Arctqtïde^).
Caractères ordinaires.
Uovaii-e est obconique; sa partie inférieure est plus ou inoins
prolongée en un pied cylindracé. Il offre une face intérieure
dépourvue de côtes, et une face extérieure munie de cinq cotes
longitudinales. Ordinairement il est garni de très-longues soies
membraneuses, qui occupent de préférence le pied et la face
intérieure. 11 y a un bourrelet apicilaire. L'aigrette est tantôt
nulle , tantôt coroniforme , tantôt composée de squamellules
unisériées ou pluriseriées, paléiformes, laminées, ou filiformes,^
ÎJavbellées ou barbcllulées. Le placeulaire est élevé. La cavité
X 3
ïOO JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de l'ovaire est souvent divisée en trois loges, dont une ovulî-
fère correspond à la face intérieure, el les deux autres stériles
et senii-avorlées correspondent h la face extérieure.
,. ^? v^ ''e androgynique est composé de deux articles , dont
l'inférieur est filiforme et glabre; l'article supérieur, plus court
et plus gros, forme une colonne cylindrique, dont la partie
supérieure est divisée en deux languettes; la surface extérieure
de cet article est colorée, et toute couverte de collecteurs ponc-
tiformes à peine saillans, qui présentent un aspect velouté; les
collecteurs sont moins courts et piliformes sur le contour de la
tase, lequel est en outre un peu épaissi de manière à former
un bourrelet annulaire, qui s'oblitère ordinairement à l'époque
de la lleuraison. La surface intérieure des deux languettes con-
stitue le stigmate; elle est plane, unie, glabre, et autrement
colorée que la surface extérieure. A l'époque de la fleuraison,
les deux languettes divergent en s'arquaut en dehors, et leurs
bords se réfléchissent en dessous.
Les étamines ont les filets grefiè's à la corolle jusqu'au sommet
de son tube, et souvent papilles sur leur partie libre; les an-
thères souvent noirâtres en tout ou partie ; les appendices api-
cilaires souvent semi-orbiculaires , et imbriqués latéralement
durant la préfleuraison ; les appendices basilaires souvent polli-
iiifères , et entre-greffes des deux côtés.
La corolle staminée est régulière et droite; ses divisions sont
longues, étroites, linéaires, souvent iTvunies derrière le sommet
d une callosité très-remarquable; la substance du limbe est sou-
vent subcarlilagineuse.
Remarques.
La calathide est radiée; son disque est souvent masculifloré
intérieurement, et androgyniflore extérieurement. Le clinanthe
^st alvéolé , et souvent en outre fimbrillifère. Les squames du
péricline sont ordinairement imbriquées, quelquefois bisériées,
rarement unisériées, très-souvent entre-greffées inférieurement.
Les feuilles sont rarement opposées. Les tiges sont tantôt her-
bacées, tantôt ligneuses. Les fleurs sont jaunes; quelquefois
celles de la couronne sont blanches ou purpurines.
Cette tribu est très-remarquable par la structure de l'ovaire,
surtout lorsqu'il est triloculaire : l'analogie frappante que j'ai ob-
servée entre les ovaires d'Arclotidées et les ovaires de Valérianées,
m'a fermement convaincu que les ovaires d'Arctotidées avoient
pour lyp? un ovaire réellement triloculaire et Iriovulé. Les Arc-
ET d'uistoire naturelle. itil
tolidées ne sont pas moins remarquables par la conformation
dn style, qui démontre leur affinité avec les Echinopsées, les
Carduinées, les Centauriées et les Carlinées. Je dois avertir
que les caractères du style ne sont pas, chez toutes les Arc-
totidées, aussi fortement prononcés que chez celles qui servent
de type à cette tribu, et d'après lesquelles j'ai fait ma descrip-
tion; mais, malgré quelques modifications, on retrouve chez
toutes ce qu'il y a d'essentiel dans la structure décrite.
Toutes les Arclolidées habitent exclusivement la région du
cap de Bonne-Espérance.
VJI* TRIBU. Les Calendulées {Cjlendule^).
Caractères ordinaires.
U ovaire, abstraction faite de ses appendices, est cylindracé,
ou obovoïde, quelquefois comprimé bilatéralement. En mûris-
sant, le péricarpe acquiert un développement très-considérable,
et souvent il devient presque difforme , en produisant de sa
surface des excroissances très-grandes et très-variées. Il n'y a
point d'aigrette.
Le stjle androgynique est divisé supérieurement en deux
branches très-courtes, larges, arrondies au sommet, qui diver-
gent en s'arquant en dehors; chaque branche est bordée sur
la face intérieure, de deux gros bourrelets stigmaliques cylin-
driques, oblitérés au sommet, très-saiilans en dehors, confluens
à la base avec les bourrelets de l'autre branche; la face exté-
rieure de chaque branche forme au sommet un demi-cône dont
la base est bordée d'une rangée de collecteurs piliformes.
Les étamines ne dififèrent de celles des Hélianlhées que par
les appendices basilaires qui sont subulés, aigus, dépourvus de
pollen en leur partie inférieure, ordinairement libres des deux
côtés.
La corolle staminée est régulière, et très -analogue à celle
des Hélianthées, dont elle diffère par la consistance des divi-
sions du limbe, qui sont, comme sa partie indivise, minces,
membraneuses, demi-transparentes, point épaissies sur la face
intérieure par une lame charnue, ni par des papilles. Quelque-
fois le limbe est subcartilagineux, et muni de callosités situées
derrière le sommet des divisions, et analogues à celles des Arc-
lolidées. Le limbe, en préfleuraisoa , est pyriforme.
162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE.'
Remarques^
La calattide est radiée; son disque est ordinairement mas-
culiflore, rarement androgyniflore, quelquefois masculiflore in-
térieurement et androgyniflore exlërieurement; sa couronne est
féniiniflore. Le clinanthe est presque toujours iuappendiculé,
rarement fîmbrillifère. Les squames du péricline sont unisëriées
ou paucisériées. Les feuilles sont ordinairement alternes. Les
tiges sont tantôt ligneuses, tantôt herbacées. Les corolles sont
ordinairement jaunes ou orangées, quelquefois blancLes, pourpres
ou bleues.
Les Calendulées ont une odeur analogue dans toutes les es-
peces, et qui paroit exclusivement propre a celte petite tntiu.
Elles ont de l'aflinité avec les Arclolidées, ainsi qu'avec les Hé»
lianthées-Millériées. Si je n'avois pas cru devoir restreindre,
autant que possible, la trop nombreuse tribu des Héliauthées ,
j'y aurois compris celle des Calendulées , qui , j'en conviens,
est très-foiblement caractérisée.
La plupart des Calendulées habitent l'Afrique, et surtout la
région du cap de Bonne-Espérance ; on trouve les autres en Eu*
rope et en Asie.
VHP TRIBU. Les T.\cétinées {Tagetinem).
Cai-aclhres ordinaires.
Uoi'aire est long, étroit, cylindracé ou prismatique, quel-
quefois un peu comprimé ou obcomprimé; il est obscurément
et irrégulièrement anguleux, légèrement strié, hispidule, quel'
quefois pourvu d'un bourrelet basilaire très-élevé, pédiformej
sou placentaire est très-élevé. L'aigrette très-di versifiée, et le plus
souvent irrégulière, est composée de squamellules unisériées ou
plurisériées , semblables ou dissemblables, ordinairement iné-
gales et enlre-grefféesà la base, coriaces, roides ; elles sont paléi»
formes, laminées, triquèlresou filiformes, très-barbelluléesou in-
appendiculées; souvent paléiformes inférieurenient, et filiformes
supérieurement; quelquefois paléiformes inférieurement , et di-
visées supérieurement en plusieurs lanières filiformes.
Le sljle androgynique est divisé supérieurement en deux
branches, qui divergent en s'arquant en dehors pendant la fleu-
raison j elles sont longues, demi-cylindriques, semi-coniques
obtuses au sommet; deux bourrelets sligmatiques demi -cylin-
driques, papillulés , presque conligus , couvrent la face intérieure
ET d'histoirf. naturelle. iC%
plane des branches, à l'exceplion de sa partie apicilaire , qui
n'étant point stigmalifère, forme un petit appendice; la face
extérieure convexe des branches est hérissée , en sa partie
supéi-ieure , de collecteurs piliformes. Chez plusieurs Tas*^"
linées, le style androgynique est très-anomal, imitant parfaite-
ment un style niasculiu , parce que les deux branches sont
entre-greffées presque jusqu'au bout.
Les élamines ont l'article anthérifère long et conforme au filet;
l'appendice apicilaire ordinairement demi-lancéolé-oblus; les
appendices basilaires presqae nuls.
La corolle staminée est régulière ou subrégulière; son limbe
est ordinairement très-peu distinct du tube, et divisé en lanières
longues, linéaires, dont la face intérieure est hérissée de pa-
pilles piliformes, quelquefois très-longues.
Remarques.
La calathide est ordinairement radiée, quelquefois quasi-radié»
ou discoïde, rarement incouronnée ; le disque est androgyniflore;
la couronne est composée d'un petit nombre de fleurs femelles
ligulées, à languette large et arrondie. Le clinanlhe est iuap-
pendiculé , ou le plus souvent fimbrillifère. Les squames dn pé-
ricline sont ordinairement unisériées, libres ou entre-gretfées,
quelquefois bisériées , rarement paucisériées et imbriquées. Les
feuilles sont ordinairement opposées, tantôt pennées ou pen-
nalifides, tantôt indivises, souvent ciliées ou frangées vers la
base. Les liges sont ordinairement herbacées, et souvent angu-
leuses ou striées. Les fleurs sont presque toujours jaunes ou
orangées; la couronne est souvent veloutée. Les Tagélinées
sont ordinairement glabres, et pourvues de glandes larges et
souvent oblongues, situées sous les feuilles et sur le péricline;
leur odeur forte et d'une nature particulière, est due sans doute
au suc propre contenu dans ces réservoirs glanduliforraes.
Les Tagétinées ne sont réellement qu'une section très-na-
turelle et très-remarquable de la tribu des Hélianthées, dont
elles diff'èrent principalement par la forme de l'ovaire ; elles ont
surtout la plus grande afllnité avec les Hélianthées-Héléniées,
ainsi qu'avec les Hélianthées-Coréopsidées, et un genre d'Hélian-
■ ihées-Prototypes ; cependant quelques Tagétinées semblent se
rapprocher des Sénécionées ou des Asiérées; mais c'est surtout
pour diminuer un peu la trop grande tribu des Hélianthées, que
je me décide a en séparer les Tagétinées.
Presque toutes les Tagétinées habitent l'Amérique.
(Za suile au Cahier prochain.)
l64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ANALYSE
Du sixième volume des Afhandlingar i Fysik , Kemi
och Mineralogi, publiés par une Société de Savans
suédois. Stockholm, 1818(1).
4. Analyses de quelques Minéraux de la mine de Fer d'UtOj par
M. Arfwedson.
Péialite. M. Arfwedson trouva la Pélalite composée de
Silice 79j2I2
Alumine 17,225
Lilhion 5,761
102,198.
La formule minéralogique qui représente sa composition, est
LS^+5AS^
Le Triphane ou Spodumène , se trouva composé de
Silice 66,40
Alumine 25,3o
Lithium. 2,85
Oxide de fer i,45
102,00.
Celle composition est représentée par la formule LS^-f-SAS".
Dans toutes ses analyses, M. Arfwedson eut un excès don{
il n'a pas pu trouver la cause.
Lépidolite cristallisé ou plutôt Tourmaline bleue. M. Arfwedson
y trouva
Silice. . 4o>3o
Alumine 4^)^^
Lithion 4j^^,
Acide borique 1,10
Oxide de fer 4>^~*
Oxide de manganèse ï,5o
Matières volatiles 3,6o
Perte , 5,85
100,00,
(1) Nous avons déjà donné dans le Cahier de décembre 1818, et dans celHÎ
de janvier 1819, les n°' 1 2, 3, 4 et 12 de cet extrait, que nous devons à l'ai-
mable complawance de M. Berzelius.
Dans
ïT d'histoire waturelle. i65
Dans une noie ajoule'e par M. Berzelius , il indique que dans
la tourmaline rouge de Sibérie il a trouvé l'acide borique ,
beaucoup de soude et un peu de lithion; mais dans la tourmaline
noire de Ràringbricka en Suède, il n'a point pu trouver ni
acide borique , ni litbion. Cette tourmaline fournit une trace
de potasse et une grande portion de magnésie.
5. Analyse de la Zéolithe farineuse rouge d'ErlforsSj par M. Hi-
singen II la trouve composée de
Silice 53,76
Alumine 18,47
Chaux 10,90
Eau 11,25
Oxide de fer 4>o3
M. Hisinger trouve que sa composition est représentée par
la formule CS'-f- 3 AS+-f-3tff7.
6. Analyse de l'Apophjllite, par M. Berzelius. M. Berzelius
a analysé une Apophyllite deFassa, et une autre d'Uto en Suède,
avec sensiblement le même résultat, qui s'accorde aussi avec
l'analyse publiée par feu M. Gehlea. 11 trouva dans l'Apophyl-
lile d Uto,
Silice ^ . 52,goo
Chaux 25,207
Potasse 5,266
Eau 16,000
99.575.
Il en déduit la formule suivante, KS^-f-SCS^-f-'ôa^.
7. Analyse de la Chabasie de Gustafsherg, par M. Berzelius.
Il la trouva composée de
Silice 5o,65
Alumine i7>90
Chaux 9)7^
Potasse 1,70
Eau i9>5o
99.48.
La formule qui représente sa composition sera donc CS'+5AS'
«+-6fli7. Ce minéral ne diffère donc de la zéolithe farineuse, que
Tome LXXXFIII. FÉVRIER an 1819. Y
l66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
fiar une double quanlilé d'eau. M. Berzelius fait voir que parmi
es slliciales doubles à base de C + 3A, nous connoissons déjà
les degrés suivans :
Parenlhine vitreuse d'Arendahl.. . CS + SAS
. Zéolilhe de Borlehull CS* + SAS
Scolezite CS' + 5AS
Chabasie CS^ + SAS*
Stilbite CS^ + SAS'.
Dans ces formules on a supprimé l'eau.
8. Analyses de quelques espèces d'Amphibole, par M. Hisinger,
Ces analyses, dont nous ne citerons point les résultats numé-
riques qui varient entre eux, prouvent que nous sommes en-
core loin de savoir quelle est la combinaison qui imprime la
forme cristalline à l'amphibole.
g. Analyse de la Fahlunite noire , par M. H isinger. On s. donné
le nom de Fahlunile à plusieurs minéraux de Fahlun, dont la
nature n'a pas encore été déterminée d'une manière bien exacte*
Il y a quelques années que M. Hisinger donna l'analyse de
laFalilunite dure, laquelle il trouva être composée de bisiliciate
de magnésie et de siliciate d'alumine , et dont la composition
se laisseroit exprimer par MS'H-aAS. Dans ce Mémoire il fait
voir que la Fahlunite noire , appelée Triklasite par M. Hausmann j
est composée de
Silice 4^,79
Alumine 26,75
Magnésie 2,97
■ Oxide de fer 5,oi
Oxide de manganèse o,43
Eau , . i-3,5o
95,45.
En considérant les oxides de fer et de manganèse, ainsi que
la magnésie, comme probablement |accidentels, M. Hisinger en
conclut que ce minéral est un bisiliciate d'alumine simple avec
eau de cristallisation , dont la combinaison se laisse exprimer
par AS* -f- aq.
10. Analyse d'un minéral mammelonné de J^âlhomsgresfva à
Grenge, par le même. Ce minéral, qui paroit n'être qu'une sub-
jtance mélangée, a donné
iT d'histoire naturelle. ï6y
Silice. 27,81
Alumine .•..., i4,3i
Magnésie .■''«'':•'': . 14, 5r
Oxidule de fer. . . . . <." . . 25,63
Oxidule de manganèse. . . ■. . 2,j8
Eau 12,55
96,79-
II. analyse d'un Grenat de Fenbo , près de Fahlun, par
M. le colonel Arrhénius. M. Anhénius y trouva les substances,
suivanles :
Silice. 42,08
Alumine 17, 7^
Oxidule de fer 19,26
Oxidule de manganèse 19,66
Chaux 1,34
99,99-
M. Arrhénius en conclut que ce minéral est composé d'après
la formule suivante : f%^-\-m^-\-ik.'Si.
Dans une noie, M. Berzelius ajoute une comparaison entre
cegreuat et celui de Brodvbo, analysé parM. le chevalier d'Oluson,
et dont la composition diffère de celui-ci par une dose double
d'oxidnle de manganèse, la formule qui exprime la composition
du grenat de Brodvbo étant yS'-J- 2/«oS + 2AS.
i5. Analyse d'une espèce particulière do Tanlalile de Kiniito
en Finlande j par M. Berzelius. M. Berzelius publia , il y a
quelques années, une analyse d'une espèce de taiitalite , dont
la poudre étoit d'un rouge cle cinnamome, et dont la pesanteur
spécifique étoit 7,965. Ayant eu une augmentalion de poids,
au-delà de ce qui paroissoit probable , il crut avoir fait quelque
méprise en prenant le poids du minéral , mais il publia le ré-
sultat pour attirer l'attention des chimistes, ne pouvant se
procurer davantage de cette substance. A l'occasion de fouilles
nouvelles en Kimilo, on trouva des échantillons de tantaiile,
dont quelques-uns étoient de la même espèce que la précitée.
Ce tantaiile se distingue du fantalite plus commun , a) par une
plus grande pesanteur spécifique, b) par la couleur rouge de
sa poudre, et c) par la grande difiiculté avec laquelle il se
dissout dans le verre de borax. 4 grammes avoieut donné dans
l'analyse
Y 2
j6S journal de physique, de chimie
Oxide de lanlale. . ....... . . 3,548
— de fer. ........ o,562
de manganèse 0,070
d'etain o,o3i
Cliaux. 0,022
Silice.. 0,028
4,061.
Dans celle analyse , le minéral avoil donné une augmenlatio»
de o'^',i6i, dont o''',oGi doivent êlre attribués aux oxidules de
fer el de manganèse. Un échantillon de ce minéral taillé et
poli, fit voir une niasse hétérogène, dont une partie pril un
brillant de verre, et parut plus dure , et Vautre partie étoit moins
foncée el ne se laiçsoit point bien polir. M. Berzelius en con-
clut que ce minéral, doit être un mélange de lantalate, d'oxidule
de fer et de manganèse, et de tontalure de fer (FeTa'), qui
donne la couleur brune à la poudre (puisque telle est la couleur
de la poudre du tantale pur), qui cause la plus grande pesan-
teur spécifique, el qui enfin reste non dissous dans le borax
lorsqu'on les expose au feu. (Le tantalite ordinaire y est très-
facilement soluble.) Cette idée explique en même temps d'où
vient l'augmenlation en poids de 0,1 gr., et qui certainement
a été trop grande, pour qu'une telle perte dans le résultat analy-
tique ait pu ne pas êlre évitée.
14. Recherches sur le Plomb chromé, par le même. Ce mi-
néral a été considéré comme la combinaison de l'oxide vert de
chrome avec l'oxide de plomb. M. Berzelius l'a trouvé com-
posé de
Oxide de plomb 60,87
de cuivre 10,80
Acide cbromique 28,53
100,00.
111e considère comme composé d'une molécule de sous-chro-
KiJiJe de cuivre, et de deux molécules de sous - chromate de
plomb. Comme un nom tiré de sa composition ne se laisse
point donner à ce minéral, M. Berzelius propose de le nommer
Vauqueline, en l'honneur de l'illustre savant auquel nous devons
la découverte du chrome.
i5. Analyse de la Meïonite dioctaèdre et de V Amphigene ,
par M. A, Arjvedson. Après avoir donné une vérificalion qu«
ET d'histoihe naturelle. i6g
la pierre analysée éloil effeclivemenl la meïouite, M. Arfvedsori
expose la méthode analytique employée pour la décomposer.
Le résultat se rapprocha de celui que donne Rlaproth pour la
composition de Tamphigène , ce qui engagea M. Arfvedson à
répéter les mêmes expériences sur cette pierre. Voici les ré-
sultais qu'il obtint: ,
Meïonite. Anipliigène.
Silice 58,75 .... 56,io
Alumine iQjQ^
Potasse :2i,8o
Chaux 1,55
Oxide de fer 0,40
23,10
21, i5
0,75
101,80 ioi,3o.
On connoît la grande différence, tant dans la forme cristalline
qu'en fusibilité , de ces deux minéi'aux. M. Arfvedson mêla 2
pour 100 de carbonate de chaux à l'amphigène. Elle en devint
fusible; et cette propriété augmenta avec l'addition de chaux.
On peut se demander si la plus grande quantité de la silice,
et la présence de la chaux, ne sont point essentielles à la con-
stitution de la meïonite. Il est difficile de résoudre cette ques-
tion actuellement; mais d'après la probabilité, la chaux n'y est
point essentielle. Dans ce cas, la différence entre la meïonite
et l'amphigène peut fort bien consister en ce que la première
contient un trisiliciale de potasse , tandis que dans la dernière
ce n'est qu'un bisiliciate. Leur composilion peut donc être ex-
primée par les formules suivantes : la meïonite =RS°H-5AS%
et l'amphigène = KS°-{- 3AS^.
16. Analyse de laPicrolithe de Taberg en Smollande, par M. N.
Almrolh. M. Hausmann trouva à Taberg un minéral, lequel,
d'après sa manière de déterminer les espèces minéralogiques ,
il considéra comme un minéral nouveau , et auquel il donna
le nom de Picrolithe. 11 le considère comme composé de ma-
gnésie, d'acide carbonique et de silice. M. Almroth prouve que ce
minéral n'est en effet qu'une serpentine noble , qui contient un
peu de carbonate de magnésie et de l'oxidule de fer. 11 examine
ensuite les analyses faites sur les serpentines nobles; il prouve
par leur accord que ce minéral est une combinaison d'une mo-
lécule d'hydrate de magnésie avec deux molécules de bisiliciate
d'alumine, dont la formule se laisse exposer par M^i^'-f-aMS^
et que par conséquent cette combinaison est analogue à celle des
hydrates avec des carbonates dont M. Berzelius a prouvé l'existence
dans ses Mémoires sur les combinaisons qui dépendent des affi-
nités foibles.
170 JOURNAL nE PHYSIQUE, DE CHIMIE
HISTOIRE DE L'OEUF DES OISEAUX
AVANT LA PONTE î
Par m. h. DUTROCHET.
L'œuf des oiseaux se présente dans l'ovaire, sous la forme
d'un petit globe jaunâtre qui'grossit peu à peu, jusqu'à ce qu'il
ait acquis le volume qu'il doit avoir; alors il se de'tache de
l'ovaire , tombe dans l'oviduclus , où il s'environne d'albumen ,
et où il prend une enveloppe calcaire, après quoi il est ex-
pulsé; voilà tout ce que l'on sait sur les phénomènes que pré-
sente l'œuf des oiseaux avant la ponte. On ignore de quelle
manière l'œuf se détache de l'ovaire; on croit généralement que
c'est par la rupture du pédicule grêle qui l'attache à cet or-
gane, comme un fruit se détache de l'arbre à l'époque de
sa maturité. Cette opinion, si probable, si bien fondée sur
l'analogie, est cependant démentie par l'observation, ainsi que
nous allons le voir.
Si l'on examine l'œuf de la poule dans l'ovaire , ou voit
des vaisseaux sanguins très-nombreux qui se ramifient sur toute
sa surface. Ces vaisseaux appartiennent à une membrane au-
dessous de laquelle il en existe une autre également vasculaire.
Ces deux membranes qui enveloppent l'œuf en entier, ont les
mêmes vaisseaux; ce sont elles qui sécrètent la matière éraul-
sive du jaune. En ouvrant avec précaution la seconde de ces
membranes, on trouve au-dessous une troisième membrane
blanche, diaphane, d'une extrême finesse, et nullement adhé-
rente à la membrane vasculaire qui la recouvre immédiatement.
Cette troisième membrane n'a point de vaisseaux ; elle paroit
de nature épidermique, et elle enveloppe immédiatement la sub-
stance éraulsive qui constitue le jaune de l'œuf, substance qui,
à celte époque, a une demi-consistance , ce qui permet d'en-
lever de dessus elle la membrane qui lui sert de sac. J'ignore
quelle est l'origine de cette membrane que l'on n'aperçoit point
dans les premiers temps du développement de l'œuf dans l'o-
vaire. La cicatricule est située vers l'endroit où se trouve le
pédicule qui attache l'œuf à l'ovaire. La membrane épidermique
du jaune s'enlève de dessus la cicatricule, avec autant de fa-
ET D HISTOIRE NATURELLE. lyt
cilité que de dessus le resie de la surface de ce corps. Alors
la cicatricule resle à nu, de même que le jaune, et on voit
qu'elle est formée par une substance émulsive blanche , qui
n'est se'pare'e par aucune membrane de la matière jaune ; elle
lui est seulement superposée; c'est dans cette matière blanche
que se développent les premiers rudimens de l'embryon lors
de l'incubation. C'est donc dans cette matière blanche qu'existe
le germe, lequel n'a aucune adhérence avec la membrane propre
du jaune. J'ai mis tous mes soins à cclaircir ce fait. La mem-
brane propre du jaune étant enlevée de dessus la cicatricule,
sans avoir manifesté le moindre signe d'adhérence, celle-ci
reste parfaitement intacte. En examinant au microscope celte
membrane dans l'endroit où elle recouvroit la cicatricule, on
ne voit rien qui puisse indiquer une solution de contitmilé, ni
une organisation difl'érente de celle des autres parties de cette
même membrane qui recouvrent la matière jaune du vitellus. A la
partie opposée au pédicule, on observe, lorsque l'œuf approche
de sa maturité, une raie blanchâtre qui occupe à peu près le
tiers de l'un des grands cercles de cette petite sphère. Celle
raie est l'indice de la prochaine rupture au moyen de laquelle
l'œuf s'échappera de la poche qui le contient. En effet, lorsque
l'œuf est mûr, la poche formée par les deux membranes vas-
culaires qui l'enveloppent, s'ouvre suivant la direction de la
ligne que je viens d'indiquer, et l'œuf, revêtu de sa membrane
ëpidermique, laquelle n'a aucune adhérence avec cette poche ^
quitte l'ovaire et est saisi par le pavillon de l'oviduclus.
La poche après la sortie de l'œuf, ressemble assez à la cap-
sule bivalve d'un végétal. Désormais inutile, cette poche sa-
trophie , elle diminue rapidement de volume, et finit par dis-
paroîlre. Revenons actuellement à l'œuf que nous avons laisse
a l'entrée de l'oviduclus.
L'œuf arrive dans l'oviduclus pourvu d'une seule membrane
extrêmement fine et de nature épidermique. Transporté dans
l'intérieur de ce conduit, il ne tarde point à prendre une se-
conde enveloppe un peu plus épaisse que la première ; cette
seconde enveloppe est la membrane chalcizifère du vitellus. Celte
pseudo- membrane, formée à la surface interne de l'oviduclus,
en vertu de l'irritation particulière que la présence de l'œuf
y occasionne, s'applique et se colle sur l'œuf qu'elle déborde
en arrière et en avant, de manière à lui former les deux pro-
longemens qui porleot le nom de chalazes. Pourvu de cette
seconde enveloppe, l'œuf est porté plus loin dans l'intérieur
172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de Toviductus ; là, il reçoit l'épaisse couche d'albumen qui
l'environne. L'œuf avance encore, et dans une nouvelle place,
il est enveloppé par une nouvelle pseudo- membrane formée
• par la concrétion des sucs versée par les parois de l'oviductus.
C'est le premier feuillet de la membrane de la coque, qui en-
toure l'albumen et se colle aux extrémités des deux chalazes,
lesquelles débordent l'albumen. Une seconde pseudo-membrane
se forme encore en dehors; c'est le second feuillet de la mem-
brane de la coque. L'œuf est alors arrivé par delà la moitié
de l'oviductus ; chassé plus loin, il reçoit l'enveloppe calcaire
qui se colle sur la membrane de la coque. Pourvu de toutes
ses enveloppes, l'œuf ne tarde point à être expulsé.
Ainsi , l'œuf des oiseaux possède six enveloppes, desquelles
une seule lui appartient primitivement , et les cinq autres lui
sont données dans l'oviductus; ces six enveloppes sont de l'in-
térieur à l'extérieur,
i'. La membrane propre du vitellus.
2°. La membrane chalazifère du vitellus.
5°. L'albumen.
4°. Le feuillet interne de la membrane de la coque.
5'. Le feuillet externe de la membrane de la coque.
6°. La coquille calcaire.
Les deux premières membranes , intimement collées l'une à
l'autre , ne peuvent être séparées dans l'œuf après la ponte ,
mais je les ai retrouvées lii3res et parfaitement distinctes (i),
c est-à-dire que la cicalricule se trouve toujours située sur l'équa-
teur du globe dont les chalazes occupent à peu près les pôles;
je dis à peu près, car on sait que les chalazes ne sont point
placées exactement suivant la direction de l'axe du vitellus;
elles divisent cet organe en deux parties d'inégal volume. Celle
de ces parties qui est opposée à la cicatricule étant la plus lourde,
tend toujours à occuper la partie inférieure , de sorte que la ci-
calricule , toujours placée à la partie supérieure , se trouve dis-
posée de la manière la plus convenable pour recevoir l'influence
de la chaleur de l'oiseau pendant l'incubation. Ce mécanisme
(1) Dans l'œuf soumis à l'incubation, et je les ai désignées dans moa
ouvrage sous les noms assez impropres à'épidermes , savoir, la membrane
propre du vitellus sous le nom de second épiderme , et la membrane chala-
zirère sous le nom de premier épiderme du vitellus. Les chalazes ont avec
la cicatricule, des rapports de position qui sont toujours les mêmes.
aussi
ET d'histoiri: naturelle^ 173
aussi simple qu'admirable, esl un résultai de la nature des
rapports préétablis qui existent entre la situation de l'œuf dans
l'ovaire , la position du pavillon de l'oviductus et la forme de
ce dernier. L'œuf se présente au pavillon de l'oviductus par
sa partie opposée à la cicalricule. Le pavillon situé latéralement
sur l'oviductus, transmet l'œuf dans la cavité de ce dernier,
dans la même position où il l'a reçu ; c'est-à-dire que la ci-
calricule se trouve placée sur l'équateur du globe vitcllique,
dont l'axe se trouve dirigé à peu près selon la direction de
l'oviductus. Ce dernier est conformé de sorte , que l'axe de sa
cavité n'est point le même que l'axe du vitellus ; ce dernier se
trouve ainsi divisé par ses clialazes en deux parties de volume
inégal , dont la plus légère est celle du côté de laquelle est la
cicatricule.
Il résulte de ces observations, que l'embryon contenu dans
la cicatricule, n'a aucune adhérence organique avec la mère ,
puisqu'il n'adhère point à la membrane propre du vitellus, et
.que celle-ci n'adhère point elle-même à la capsule vasculaire
qui la contient. Ce fait est en harmonie avec ce qu'on observe
généralement dans le règne végétal. Les embryons végétaux,'
dès le moment où ils commencent à paroitre comme des points
verdàlres ou blanchâtres, sont dépourvus de toute adhérence
avec leurs enveloppes, et par conséquent avec l'ovaire. Ce fait
a été observé avant moi , et je l'ai souvent vérifié. Il est pro-
bable qu'il en est de même dans le règne animal. Je viens de
le prouver pour les oiseaux , et mes observations sont les pre-
mières qui aient été faites sur cet objet. J'ai prouvé que l'œuf
contenu dans la capsule de l'ovaire , ne possédoit qu'une seule
membrane propre au-dessous de laquelle la malière du jaune
étoit à nu. Cette observation achève de renverser la théorie
de Haller touchant la préexistence du poulet à la fécondation.
Cet illustre physiologiste ayant observé que dans l'œuf couvé
le jaune étoit enveloppé par un appendice de l'inteslin, en avoit
conclu, sans autre examen, que cet enveloppement étoit ori-
ginaire, et qu'il avoit lieu dans l'ovair-e même avant la fécon-
dation. Cette preuve aussi frêle qu'hypothétique de la préexi-
stence du poulet à l'action fécondajile du mâle , s'est évanouie
devant l'observation. J'ai fait voir, dans mes Recherches sur l'In-
cuhalion, que l'intestin du poulet envahissoit le vitellus par un
développement qui s'étendoit successivement à louie la péri-
phérie de ce globe de matière nutritive. Mes observations ac-
tuelles confirment les précédentes , en démontrant que le jaune
Tome LXXXFIII. FÉVRIER an 181 9. Z
'74 JOUnwAL DE PIIYSIQUE, DE CltlMIï:
ne possède originairemcut qu'une seule membrane propre; celle
que j'ai désignée dans mes recherches sur les enveloppes du
Kjelus, sous le nom de second épiderme du vilellus. Ainsi rien
n'autorise à penser que le poulet préexiste à la fécondation.
Mes recherches sur l'œuf des batraciens, ont prouvé que cet
œuf est un véritable vitelius, contenant une matière émulsive,
comnie l'oeuf des oiseaux. L'existence de cette matière émulsive,
certainement sécrétée par la mère, ne prouveroit-elle pas que
chez ces reptiles, l'œuf n'est pas originairement enveloppé par
l'embrjon? Cependant les observations de Spallanzani , obser-
vations que j'ai répétées avec beaucoup de soin, paroissent établir
d'une manière certaine, la préexistence des embryons à la fé-
condation qui, comme on sait, s'opère après la ponte des œufs.
L œuf pourvu dès l'ovaire d'une enveloppe noire , éprouve ,
après qu'il a été fécondé, un développement qui alonge ses deux
extrémités, en tète et en queue; l'œuf, en un mot, devient le
têtard; l'enveloppe noire de l'œuf devient la peau du têtard.
Certes, dans cette circonstance, s'il y a illusion, elle est bien
complète et bien inévitable. Je suis porté à croire qu'elle existe,
cette illusion , et voici sur quoi je me fonde. J'ai observé avec
beaucoup de soin l'œuf du crapaud accoucheur, lequel n'avoit
encore été observé par aucun naturaliste. Cet œuf, dans son
mode de développement, s'éloigne tout-à-fait de ce que l'on
observe dans l'œuf des autres Batraciens. Chez lui, l'embryon
naît d'une cicalricule; le développement de cet embryon est
semblable à celui de l'embryon des oiseaux, des serpens et des
lézards, eu cela que ses premiers linéamens paroissent dans la
cicatricule , et que c'est en se développant eu grosseur qu'il
enveloppe le vitelius, qui finit par se trouver contenu dans son
intestin. Ce n'est point ici l'œuf qui s'alonge en tête et en queue,
ce n'est point l'enveloppe de l'œuf qui devient la peau du
têtard; en un mot, toute apparence de préexistence de l'em-
bryon à la fécondation s'évanouit complètement. D'où vient donc
cette différence chez des animaux de la même famille? Voici
ce que je soupçonne. Il me paroît probable que l'embryon naît
dans l'œ'uf de tous les Batraciens , d'une cicatricule cachée par
la peau ordinairement noire de cet œuf; que l'embryon se dé-
veloppe sous celte peau, qui est la membrane propre de l'œuf,
et qu'il se l'approprie en quelque sorte en liJi devenant adhérent.
De sorte que la membrane propre de l'œuf paroît devenir la
peau du têtard noir comme elle. 11 est un fait qui semble tirer
cette assertion du rang des simples suppositions, fait que j'ai
ET d' III STOIRE NATURELLE. lyS
exposé dans mes Recherches sur l'Incal/alion. J'ai vu que la
membrane propre du vitellus (désignée dans mou travail sous
le nom de second épidémie du vUetlus), j'ai vu, dis-je , que
celte membrane propre se confondoil par adhérence, avec les
diverses dépendances du fœtus avec lesquelles elle se Irouvoit
en contact (i). Si la membrane propre du vilellus se confond
par adhérence avec les enveloppes du poulet , la membrane
propre du vitellus des Batraciens , peut de même se con-
fondre par adhérence avec la peau du têtard qui est une sorte
de fœtus. De là viendroit que , chez beaucoup de Batra-
ciens, le têtard paroîtroit préexister à la fécondation. Il ré-
sulte de là, que le système de la préexistence des embryons
à la fécondation, loin d'être appuyé sur des preuves positives,
n'est soutenu que par des apparences qui peuvent être trom-
peuses, et qu'il s'élève contre ce système des preuves insuf-
fisantes, sans doute, pour le renverser, mais assez fortes pour
l'ébranler dans l'esprit des naturalistes qui savent que fon ne
doit admettre que les faits rigoureusement démontrés. Nous
n'avons donc encore que des hypothèses sur la génération, et
nous retombons à cet égard dans les ténèbres profondes sur
. lesquelles les observations de Haller et de Spallanzani avoienl
paru jeter quelque lueur. L'isolement complet où se trouve l'œuf
des oiseaux dans l'intérieur de sa capsule , fournit encore nialiere
à un rapprochement entre cet œuf et celui des Batraciens et
des poissons. L'œuf de ces derniers animaux est fécondé après
la ponte par le fluide spermatique dont le mâle les arrose, de
sorte que la fécondation s'opère parle simple contact du fluide
spermatique sur la surface externe de l'œuf. La chose se passe
de la même manière chez les oiseaux dont l'œuf est fécondé
dans l'ovaire , au lieu de l'être après la ponte. Le fluide séminal
du coq est déposé dans le cloaque de la poule; comment par-
vient-il à l'ovaire? on l'ignore; mais le fait est qu'il y parvient,
et que c'est dans cet organe que s'opère la fécoiidaiioji , puis-
qu'une poule séparée du coq continue à pondre dus œ^ifs fé-
conds pendant quinze jours. Or, de quelque manière que le fluide
spermatique arrive aux œufs , il ne peut les féconder qu'en
touchant leur surface , puisqu'ils n'ont aucune communicalioii
organique avec la mère; ce n'est point sans admiration qu'on
voit la constance de la nwrche de la nature , même au travers
des anomalies auxquelles elle semble souvent s'abandonner.
(r) Méni. de la Soc. médicale d'Emulation poui- 1816, S' année, pag. 5 et 8.
Z 2
^7^ JOUÏINAL DE PUYSIQUÏ, DE CHIMIE
SUR LES RHIPIPTÉRES DE LATREILLE,
Ordre d'Insectes nommé Strepsiptem par Kirby ;
Par m. le docteur LEACH.
Le genre Xenos, qui a servi de lype à cet ordre singulier
d'insecles, a été découvert par Rossi , qui le rapporta sans au-
cune he'silalion aux Hyménoptères, et le plaça près des Ichneu-
mons. Un autre genre de cet ordre fut établi par Kirby, et
décrit dans sa célèbre Monographie des abeilles crjfiglelerre ,
sous le nom de Stjlops, avec l'expression de ses doutes sur sa
place systématique. M. Latreille , qui avoit reçu de Brebissoa
une espèce de Stylops , fit observer à la fin de son Gênera
Inseclorum et Crustaceorum , que cette espèce d'insecte semble
rompre les systèmes enlomologiques , en ce qu'elle ne peut
appartenir à aucun ordre établi. Le professeur Peck ayant décou-
vert une nouvelle espèce de ce groupe en Amérique, la commu-
niqua à Rirby, qui la considéra comme formant avec son Sty-
lops, un ordre particulier d'insectes, sur lequel il a publié une
Dissertation dans le XP volume des Transactions de la Société
linnécnne, pou r t 8 ii .
M. le D'' Leacb adopta les caractères de cet ordre, tels qu'ils
avoient été donnés par ce savant entomologiste , ainsi que le nom
de Stj-epsiptera^ sous lequel il le désignoil , jusqu'à ce que
M. Lalreille l'eût convaincu que ce que l'on regardoit comme
des ély très mobiles, n'étoit autre chose que des appendices mo-
biles attachés à la partie antérieure du thorax; en ce que les véri-
tables ély très naissent du second segment du tronc, et couvrent
toujours plus ou moins les ailes auxquelles ces parties ne touchent
nullement. Curieux de connoître complètement tous les carac-
tères de cet ordre, M. Leach étudia la bouche, et fut bientôt
convaincu que celle partie étoit bien loin d'être anomale; mais
dans la crainte de se tromper, il soumit la chose à l'observa-
tion de M. Savigiiy, qui s'aperçut aisément que la bouche de
ces animaux contient toutes les parties principales qui, sauf quel-
ques modifications , existent dans tous les insectes ; ainsi les
mandibules sont parfaitement distinctes et non réunies avec les
mâchoires; celles-ci sont insérées derrière et un peu au-dessous
de celles-là dont la base les cache; et l'articulation du labrum
est très-évidente par sa demi-ti-ansparence.
ET d'histoire naturelle. 177
Voici mainlenant les caraclères de cet ordre, lels que M. Leach
les a rédigés.
O. Rhipiptera. Les Rhipipieres ^ Latr. Strepsiptera , Kirby.
Diplera Rluphidoptera, Lam.
Caractères. Bouche pourvue de mandibules , de mâchoires et
de lèvres. Antennes bipartites ; thorax pourvu antérieurement et
de chaque côté vers la base des pieds antérieurs, d'un appen-
dice mobile; deux ailes membraneuses plissées longiludinale-
menl; les plis pterigostia rayonnes.
Lai-ve parasite dans l'abdomen des Hyménoptères. Nymphe
enveloppée coarclata et fixée entre les segmens et l'abdomen.
M. le D»" Leach n'ayant Vu qu'un seul genre de cet ordre,
c'est-à-dire, le St^ïlope, ne parle que de lui.
G. Stjlops, Rirby, etc.
Caractères essentiels. Antennes comprimées comme des ra-
mes ; la division supérieure articulée. Tarses de quatre articles,
dont le dernier est fendu.
Caractères de la bouche, d'après M. Savigny.
Labre coriace , droit , mobile et diminuant graduellement
de largeur de la base au sommet ; mandibules plus longues que
les niàchoires , cornées, très-étroites ou linéaires, un peu ar-
quées, irès-aigaes au sommet, et se croisant sous le labre ou
lèvre supérieure. Mâclioires grandes, coriaces, cylindracées
avec un lobe conique, un peu concave en dessous, et portant
le palpe au côté externe de la hase. Palpes d'un seul article,
semi-membraneux, ovales, oblongs et deux fois plus grands que
le lobe qui les porte. Lèt're inféiieure [labium), coriace, un
peu érigée, carénée en dessous, large à la base; lingule (^lingula)
terminale et palpes nuls ou non visibles.
Ce genre ne contient encore qu'une seule espèce , le Stylope
de Kirby, figurée Leach, Mélang.de Zoologie, tome III, tab. i49-
Quant au genre américain Xenos de Kirby, il ditfère gene-
riquement du Stjlops, parce qu'il a les branches des antennes
presque rondes et sans articles, et enfin le dernier article des
tarses entier.
D'après un article de M. Jurine sur le Xenos vesparwn de
Rossi , il paroit, ajoute M. Leach, que cet insecte doit appar-
tenir à un autre genre qu'au Xenos , en ce que l'abdomen de
celui-là est pédoncule, que les appendices du premier seg-
ment du thorax sontalongés, que les aréoles des ailes sont au-
trement disposées , et ce qui est enpore d une plus grande mipor-
tances, les tarses sont du reste comme composés de cinq articles.
178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
DESCRIPTION
De deux nouvelles espèces de TIiynnus(¥a\n'.), découver les
dans la Nouvelle-Hollande par M. Rob. Brown;
Par m. le D' LEACH.
Species I. TnvNitus Brownii. T. capile ihorace pedibusque
luteis; hoc pleuris dersoque nigro-maculalis, antenuis nitjris ,
abdoniineflavo, derso lineairregulari longiludiriali segmeiiUsque
basi apiceque nigris.
Mus. Macleay, Britannique.
Capul nigrum , accipite marglneque circa oculos flavîs. Man-
dibulœ flavœ, denlibus nigris. Clypeus macula clongata nigra ad
médium allingenle notatus; apice rolundalo.
Venter ulrinque lineolis arcualis nigricanlibus notatus.
•Species II. Tuynnus variabilis. T. capite thorace pedibusque
luteis, pectere nigro, abdomine devio lateribusque flavo notalis,
antennis nigris.
Mus. Britannique, Macleay, Host.
Var. a. Dorso abdomlnis maculis decem dictinctis.
jS. Dorso abdominis lo-maculato; maculis duabus aniicis
confluenlibus.
y. Dorso abdominis lo-maculato; maculis quatuor aniicis
confluenlibus.
<f. Dorso abdominis maculis octo nolalo : duabus anticis
confluentibus.
Clypeus aniice recle truncalus.
Coxne flavido notalœ.
Abdomen lateribus maculis linearibus notalis. Venter duplicl
série flavo-maculalus : maculis auticis saltem confluentibus.
ET d'histoire naturelle. Iy9
APPLICATION
Du Calorique perdu par les couvercles des fyurneaux em-
ployés à Bercy près Paris, pour la cai'bonisation des bois,
et avantages de cette application pour la fabrication de
V^cide acétique^
Par m. PAJOT DESCHARMES.
M. deJoannis, entrepreneur breveté, d'une fabrique de char-
bon sise à Bercy près Paris , m'ayant invité avec le prince
Charles de Rohan, à visiter cet établissement, à l'effet de re-
connoilre sur les lieux mêmes , s'il seroit possible d'utiliser avec
un avantage marqué , les acides pyroligneux qui en prove-
iioient (i); nous nous y rendîmes tous les trois vers la fin de
décembre 1817. A celle époque, les fourneaux n'éloient point
allumés; malgré leur chômage, je n'eus pas de peine à me
rendre compte de la manière dont ils fonctionnoient. Bientôt je
fis remarquer combien devoit èlre grande la perte du calorique
tamisé au travers des couvercles en tôle qui servoient à clore ces
fourneaux; j'entrevis dès-lors les moyens démettre celte perte
à profit, en l'appliquant, non-seulement à la concenlralion des
acides bruts et foibles au-dessous de 4 degrés (2) (aréomètre
àeMossj), que faute de vaisseaux pour les renfermer, et en outre,
faute de savoir en faire emploi , ou se voyoit obligé de laisser
couler hors des récipiens, mais encore à la concenlralion de
ces mêmes acides à 4 degrés et au-dessus, jusqu'à ce qu'ils
aient obtenu celui le plus convenable, soit à leur saturation ,
soit ensuite à leur prompte conversion en magma propre à subir
mes procédés d'épuration. Je m'empressai en conséquence de
faire connoître, le jour même de noire visite, et à M. de
Joaauis, et au prince, tous les avantages qui se ratlachoient
(1) La carbonisation s'opère dans ces fourneaux selon les principes de
M. Foucaud , et la condensation des acides d'après ceux de Woulf.
(2) Par un Traité particulier, M. de Joannis avoit à fournir tous les quatre
iours 54 veltes d'acide brut à 4 degrés. Il lui importoit donc de tirer parti
de i5oo veltes au moins d'acide foible qui encombroient ses magasins.
l8o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
aux moyens de perfecliûnnemenl donl je les eiitrelenois, moyens
qui ne consistoieut qu'en quelques dispositions à faire aux cou-
vercles des fourneaux pour y placer, ou en déplacer à volonté
des chaudières d'une certaine forme , cbauflëes soit à feu nu ,
soit par des bains de vapeurs ou autres, selon le genre de travail
auquel elles auroient élé consacrées. La dépense qu'exigeoit ce
petit changement, ne devoit pas s'élever à plus de 200 francs, en
y comprenant l'achat desdites chaudières ou vases, en fonte,
plomb, cuivre ou grès, etc., nécessaires à chacune des opéra-
lions pour lesquelles on étoit dans le cas d'en faire usage.
Quant à la surveillance , si elle devenoit spéciale, ce dont je
doulois, vu que ce service extraordinaire pouvoit être suivi par
les charbonniers mêmes , elle n'auroit pas coûté pendant 24 heures,
plus de 3 fr. 5o cent., paie de deux ouvriers se relevant toutes
les 6 ou 8 heures.
Au moyen de ce mode particulier de concentration desdits
acides foibles ou bruts, soit forts, soit saturés, il y auroit eu
une économie d'environ 6 fr. par jour, en bois propre à être
carbonisé, bois que consomme à peu près un appareil que j'ai
fait monter pour suppléer à la méthode que j'avois indiquée
et qu'on crut devoir ajourner. Plus tard, à une époque (1) où
M. de Joannis desiroil d'avoir des acides à 4 degrés, il sentit
bientôt tous les bénéfices que devoit présenter un moyen d'uti-
liser le calorique qu'il perdoit mal à propos , déjà même il avoit
permis des mesures pour le pratiquer , mais bienlôt il hésita
à y donner suite, parce qu'il s'imaginoit que l'adoption de celle
méthode devoit nuire à la bonté de son charbon (2), cette pré-
vention a dû lui faire beaucoup de tort.
Toutefois afin de donner un aperçu des avantages qui dé-
voient suivre de l'emploi de mes divers moyens , je ferai oloserver
qu'avec l'appareil que j'avois établi pour faire simultanément
toutes les opérations, deux hommes se relevant toutes les 8
heures pouvoient dans 24 heures et sans peine, épurer deux pièces
d acide brut à 4 deg. , formant ensemble 54 veltes , en distiller
(0 En juin i8]8.
(a) On se fera aisément une idée du calorique qui se perd par son tamisage
au travers des couvercles en tôle des fourneaux en usage à Bercy pour la
carbonifntion du bois, lorsqu'on dira que le 6= ou 7= jour après leur allu-
mage , 22 heures après l'enlèvement de ces couvercles, le thermomètre plongé
a un pied au-dessous de l'ouverture des fourneaux , ne tarde pas à indiquer une
température de 80 degrés.
le
ET d'histoire PfATURELLE. j8ï
le produit dans l'espace de 48 heures, et reclifier oelui-ci ea
72 heures, que le résultat de ces trois travaux pouvoit offrir
27 litres environ d'acide acétique concentré de 9 à 10 degrés
(même aréomètre de Mossy) incolore, sans odeur d'empyreume,
et dont le prix de fabrique ne passoit pas 60 cent, le litre,
quoique cependant sur 24 heures, il y en eût 6 de perdues
pour le port de l'eau, des acides et du bois, celui-ci en outre
cordé à fur et mesure de. sa consommation, et placé , après avoir
été scié, sur une sécherie faisant partie dudit appareil. En s'en
rapportant donc à cet aperçu, il paroîlroit démontré que si
dans les établissemens où l'on fabrique du charbon dans des
fourneaux ou vases clos, à l'instar de ceux formés à Bercy,
ou adoptoit avec mes moyens de concentration pour le calo-
rique perdu, les procédés à' épuration , de distillation et de rec~
tification qui me sont propres (1), et en prenant d'ailleurs les
mesures nécessaires pour éviter la perte des G heures énoncées
ci-dessus, la valeur du même litre d'acide acétique pourroit
ne pas s'élever, en fabrique, au-delà de 5o cent., du moins
les détails dans lesquels je viens d'entrer porleroieut à le faire
croire.
D'après cette donnée, qui n'est rien moins qu'invraisemblable,
il est facile de juger du bas prix auquel cet acide seroit sus-
ceptible d'être versé dans le commerce, et par suite combien
le produit précieux d'une nouvelle industrie dont il est si im-
portant de faire de plus en plusavancer les progrès , seroit utile
sous le rapport de l'économie domestique , de la toilette et des
arts; la propriété qu'il possède d'être inaltérable, doit lui mé-
riter dans bien des cas la préférence sur les vinaigres ordinaires
dont on connoit les dispositions à s'afToiblir et à se corrompre,
dispositions qu'on peut aussi plus facilement détruire, en traitant
ce vinaigre de la même manière. que je traite les acides extraits
du bois, c'est-à-dire en leur appliquant mes procédés.
(i) Sous peu je publierai et ces moyens, et ces procédés. La description, et
les dessins dont elle sera accompagnée , ne laisseront, j'espère, rien à de.«irer.
Déjà en juillet dernier , les journaux ont donné une note sur mon mode d'épu-
ration ; la brièveté dans laquelle elle se renferme prouve suffisamment l'iulldé-
lilé à laquelle elle est due.
Tome LXXXFIII. FÉVRIER an 1819. Aa
î82 JOURNAi, El riiTSiiirt:, ttï chimie
NOTICE
Stir l'Asphalte et les pétrifications d'Auzon département
du Gard, pour servir à l'Histoire naturelle de ce paysj
Par D'HOMBRES-FIRMAS,
Chevalier de la Légion-d'Honneur et Membre de plusieurs Sociétés sâTantes.
Entre Sen'us et Auzon, arrondissement d'Alais, est une petite
chaîne de collines qui contiennent de l'Asphalte ou poix minérale.
Ce bilume est noir, luisant, opaque (les bords très -amincis
de ses fragmens sont à peine translucides et rougeâtres), il est
cassant lorsqu'il fait froid, en été il se modèle comme de la
cire il est très-gluant lorsqu'on le chauffe, s'enflamme aise'meut
et répand une odeur forte sans être désagréable.
En annonçant que M. Th. de Saussure , à qui nous devons
de si belles recherches sur les bitumes (i), s'occupe de celui
d'Auzon , dont il est venu visiter la mine, je puis me dispenser
d'en donner moi-même une analyse, mais j'ai cru devoir ajouter
au travail que nous promet ce savant, quelques notes sur mon
pays, la nature des roches et les fossiles que j'ai observés.
On n'a jamais lente de faire ici, delà poix minérale, l'objet
d'une exploitation. Pendant les fortes chaleurs elle découle des
fentes du rocher; alors quelques paysans vont la recueillir avec
un couteau , ils enfoncent sa lame dans les ouvertures qui en
sont pleines, les agrandissent en cassant les bords à coups de
marteau ; ils y retournent plusieurs fois pour en avoir quelques
onces, qu'ils fondent dans un vieux pot et conservent précieu-
sement , pour faire des emplâtres auxquels ils attribuent de
grandes vertus!
^anciennement cette poix éloit plus commune. Au lieu de
quelques larmes, j'ai entendu dire qu'elle couloit en stalactites,
qu'on la voyoit surgir de terre et former sur le sol des pe-
lottes comme des champignons, qu'elle arrêtoit le soc des char-
Ci) Annales de Chimie et de Physique , tome IV, pag. 3i4 ; Bibliothèque uni-
ïrselte, tome lY, pag. 1 16 ; tome YJ , pag- 1 15.
or
KT d'histoire naturelle. I°*
rues, et que plusieurs personnes s'en servoienl comme de la
poix de Bourgogne , pour marquer leurs bêles à laine avaut
de les envoyer à la montagne. Vraisemblablement que ses ré-
servoirs communceut à s'épuiser ou qu'ils sont plus enfonces dans
le roc.
Près d'Auzon, i5 kilomètres au nord-est d'Alais la monr.
tagne d'où découle la poix est coupée à pic, et l'on peut re-
marquer sa stratification formée de larges bancs parjUèies, d un
calcaire grisâtre à l'extérieur, gris-blenâlre en dedans, com-
pacte et d'une assez grande dureté sur la gauche ; après un in-
tervalle rempli par un éboulement dcpierres et de terre, l'ordre
des couches est interrompu; elles se redressent et font avec la
rivière à'Auzonet, qui coule au pied de la montagne, un angle
d'environ 70 degrés. Rien n'indique ici l'action du feu (Oî/^
n'y a ni laves, ui scories dans les environs; il paroit qu après
la formation de celte montagne, dont les couches éloient ue-
cessaireraent horizontales, les eaux creusèrent sous la partie
à gauche qui se détacha en faisant la culbute, et mil à découvert
une veine de houille qu'elle recouvroil auparavant. Mais ^'oublie
que nous n'avons que trop d'hy^thèses, et que je ne me suis
proposé que de décrire des faits.
La houille dont j'ai parlé est sèche, friable, maltc; on ne
l'exploite pas, quoiqu'on ait essayé d'en brûler, parce qu'elle
répa«d beaucoup de fumée, une forte odeur bitumineuse, et
que le bon charbon de terre n'est pas rare dans nos contrées.
Un des bancs qui la recouvrent, est composé de blocs plus
ou moins volumineux , grossièrement arrondis qui, au premier
abord, paroissent avoir roulé, êlre empâtés ensemble; mais je
crois plus vraisemblable de supposer qu'une sorte, de retrait
a fracturé ce banc, que le temps a pu émousser les angles et
les arêtes de ses fragmens , que les débris, la terre et l'eau
qui ont pénétré les joints .les ont liés ensemble et lui donnent
celte apparence; quoi qu'il en soit, dans l'un de ces blocs de
près d'un mètre de diamètre, j'ai observé des coquilles fossiles.
La pierre est trop dure pour les retirer entières ; mais comme
elles se présentent sous différens aspects, je les ai reconnues
pour des grypbites , et j'en ai rencontré quel(jues-unes déta-
chées au bord de l'eau passablement conservées. Leur lest est
spalhique, et offre une sorte d'éclat dans quelques échantillons.
(i) Le Naphie et le Pétiole, U IMalta et l'Asphalte se trouvent commu-
nément dans le voisinage des volcaas. ou des volcans éteint».
A? 2
i84 'jorRNAt, DB Physique,' de chiwie
Près de Servas, vers l'aulre exlrëmitë de la chaîne, à 7 lii'-
lomèlres d'Alais, on trouve aussi de l'Asphalle; il découle de
même des fentes des rochers; il suinte quelquefois à travers la
terre, et au fond du bassin d'une fontaine appelée Font de la
Pegne, etc.; mais ici la nature du terrain est bien différenle
et d'une formation postérieure à celle du rocher d'Auzon ; on
n'y voit que des couches feuilletées d'un calcaire blanc et tendre.
Dans quelques endroits la pierre est pénétrée de bitume déposé '
avec la pâte calcaire , de manière à former des veines légères
alternativement J)lanches et brunes, qui donnent à leur cassure
■un aspect rubaué. A peu -de dislance , on trouve des couches
formées de terre , de houille et d'une grande quantité de débris
de coquilles fluvialiles, dont le lest est conservé; mais il n'y
en a pas une d'entière. D'un autre côté, un banc très-élendu
renferme des moules ou des empreintes de donaces dont les
Valves sont le plus souvent réunies par la charnière; celles-ci sont
tout entières, mais diffèrent encore de celles de l'autre banc,
en ce qu'on n'y trouve pas de trace de test.
Sans m'écarler du plan que je me suis fait, de ne hasarder
aucune explication des phénomènes géologiques, je crois devoir
faire remarquer que les gryphées, s'il en existe encore de vi-
vantes, habitent au fond de l'Océan; que l'inondation qui nous
les apporta, la formation du bitume, de la houille, des couches
qui les renferment près d'Auzon, sont nécessairement très-
anciennes, en admettant même qu'elles sont de la même époque;
tandis que du côté de Servas , tout annonce au contraire une
formation récente; ces roches cl fossiles sont certainement des
dépôts d'eau douce. On pourroit supposer que le pétrole liquide
formé à Auzon , et fixé en masse concrète dans les fissures du
rocher, fut délayé-, charrié et déposé avec la terre calcaire par
des conrans dirigés du nord au sud, et d'autant plus divisé,
qu'il s'éloignoit du lieu de sa formation primitive. Aux environs
d'Yeuzet, à 10 lùlomètres an sud de Servas, et dans tout l'in-
tervalle sur une assez grande largeur vers l'est, on retrouve
les mêmes terrains d'alluvion et des bancs de pierres imprégnés
de bitume, quoi qu'il n'y soit pas apparent comme il Servas;
on le sent lorsqu'on les racle ou qu'on les casse; les eaux des
puits après les pluies et la terre dans quelques quartiers ont
la même odeur. Ma supposition expliqueroit pourquoi la source
des Fumades (1), qui est près d'Auzon, est plus minéralisée, a
(1) Le nnni de re hameau vient (le l'odeur sulfureuse ou bitumineuse (jue
répand l'eau de la Fontaine puante <\in en est tout près.
ET d'iiistoike naturelle. i85
plus d'intensité que celles d'Yeuzel et de Saint-Jean de Ceirar-
giies, si ces eaux minérales doivent à l'Asphalte leurs propriétés
comme le pensoil l'illustre Sauvages (i).
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
CHIMIE.
Sur un nouveau métal {le Tf^odanium) découvert par M.. Lampadius.
L'inspecteur des Mines, M. de Trebra, avoil en sa possession
depuis plusieurs années, un minerai de ïopschau en Hongrie,
sous le nom de mine de cobalt. M. Lampadius vient d'y dé-
couvrir, vers la fin de l'année dernière, 20 pour 100 d'un nou-
veau métal uni au soufre, à l'arsenic, au fer et au nickel, auquel
il donne le nom de ÏVodaninm, d'après celui d'une divinité
mythologique des Germains.
Ce métal a une couleur d'un jaune de bronze, semblable à
celle du cobalt gris; sa pesanteur spécifique est de 11,470. II
est malléable; sa fracture est hachée; il a la dureté du spath-
fluor, et il est fortement attiré par l'aimant. 11 n'est pas terni
par son exposition à l'air à la température ordinaire; mais à
une température plus élevée, il est converti en un oxide noir.
La dissolution de ce métal dans les acides est sans couleur, ou à
peine teinte d'un jaune vineux. Son hydro-carbonate est également
blanc. Cet hydrate précipité par l'ammoniaque caustique, est
d'un bleu d'indigo. Les phosphates, les arseniales alcalins, l'in-
fusion de noix de galles ne produisent aucun précipité dans une
dissolution saturée de ce métal dans un acide. Un morceau de
zinc se couvre d'une poudre métallique noire, quand on le met
dans une dissolution de Wodanium dans l'acide murialique. Le
prussiate de potasse en précipite une matière d'un gris de perle.
L'acide nitrique dissout avec facilité le métal et l'oxide, et le
sel qui en résulte cristallise enaiguilles, est incolore, et se dissout
aisément dans l'eau.
M. Breilhaupt , qui place ce minerai parmi les pyrites, sous
le nom de Pjrite de Wodanium {JVodan-Kies), en donne la
(1) Mémoire sur les eaux minérales d'Alais.
>86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CUIMIE
description suivante : il a l'éclat métallique et est luisant ou
éclatant; sa couleur est d'un blanc d'élaiu, sombre, passant au
gris ou au brun; jusqu'ici on ne l'a trouvé qu'en niasse et plein
de cavités; sa fracture est inégale, à petits ou à gros grains.
Ses fragmens ont une forme indéterminée, anguleuse avec les
Lords assez peu tranclians; dureté plus grande que celle du
spath-fluor, mais moindre que celle de l'Apatile; aisément fran-
gible; pesanteur spécifique, 5,192. (Gilbert, ^«na/ei de Phisik,
septembre 1818.)
Observations sur la décomposition de ï Amidon par l'action de
l'air et de l'eau, par M. TuÉou. de Saussure.
Une portion d'Amidon simplement bouillie dans de l'eau ,
fut exposée pendant deux ans sous une cloche de verre, à une
température entre C8° et 77° ; à la fin de ce temps , un tiers
envn-on fut converti en matière sucrée, ayant toutes les pro-
priétés du sucre obtenu suivant le procédé de Kirchhoff, par
l'action de l'acide sulfurique sur l'Amidon. En observant celte
curieuse circonstance, l'auteur a été conduit à examiner plus
attentivement la nature des changeraens qui ont lieu. 11 a trouvé
qu'outre le sucre, il se forme 1°. une sorte de gomme tout-à-
fail semblable à celle que i'on obtient en cuisant de l'Amidon ;
2°. une substance particulière intermédiaire qu'il a nommée
Amidine , tandis qu'il en reste une autre insoluble dans l'eau et
les acides, qui donne une couleur blerie par l'iodine, et qui
est probablement de l'Amidon un peu altéré. M. de Saussure
établit que lorsque l'air est présent pendant l'expérience, l'eau
et l'acide carbonique s'échappent en quantité considérable, et
le charbon est déposé; mais, au contraire, lorsque l'air en est
exclu, il n'y a pas d'eau de forniée , un peu d'acide carbonique
et^ d'hydrogène se dég.Tge, et il n'y a pas de carbone déposé.
I-i auteur n'a pu déterminer si la présence ou l'absence de l'air
influoit sur la quantité de sucre obtenue. Son Mémoire est ter-
miné par quelques remarques qui rendent probable que l'eau
est fixée pendant les opérations chimiques , sur les substances
organiques beaucoup plus fréquemment qu'on ne le suppose
communément.
I
ET d'histoire I<ATURELLE. . 1^
ZOOLOGIE.
Extrait d'iuie Letti-e de M. (I'Orbigny, Médecin h Esnandes,
près la Rochelle^ à M. Fleuri au de Bellevue , sur la découverte
de Céphalopodes microscopicjues sur les côtes de l'Océan,
Je viens de faire une découverte assez importante pour la
Zoologie , et m'empresse de vous en faire part. »
Je crois vous avoir déjà dit que des espèces de Céphalopodes
microscopiques , congénères de celles observées dans les sables
de Rimini , se trouvoient en grand nombre dans nos sables du
golfe de l'Aiguillon et d'Augoulin ; j'en ai déjà décrit plus
de cent espèces ou variétés de ces deux endroits, et mon fils
est à les dessiner , car j'ai tant regardé dans ma vie , que je
n'y vois presque plus , et que souvent je suis obligé d'emprunter
sus yeux.
Le grand nombre de coquilles de ces mollusques qui se ren-
contrent dans nos sables, devoit me faire présumer que l'ani-
mal vivoit sur nos côtes, et m'engagea à le chercher; le difficile
éloit de découvrir de si petits êtres; leur excessive petitesse y
mettoit un grand obstacle; mon fils même, malgré sa vue per-
çante et exercée, n'avoit encore pu rien découvrir, quand il
m'apporta un jour des Polypiers qu'il venoit de recueillir sûr
les rochers de Massilly, à marée très -basse; nous les mîmes
dans de l'eau de mer, dans l'intention de voir quelques-uns
des Polypes s'y développer; mon fils crut voir remuer quel-
ques grains de sable fin qui étoient tombés au fond de la
capsule; nous mîmes de ce soi-disant sable dans un verre
de montre sur un miroir, nous l'observâmes, et nous eûmes
l'extrême salisfaclion d'y voir nager des lenticulines, rotalies,
discorbes, spirolines , etc., dont on dislinguoit parfaitement la
coquille à travers ranimai", qui est paré des plus vives couleurs;
nous leur vîmes mouvoir de petits bras ou palpes , dont nous
ne pûmes compter le nombre, notre loupe ne grossissant pas
assez. Nous plaçâmes quelques rameaux des Polypiers dans le
verre de monire, et les observâmes avec allenlion ; plusieurs
de ces petits animaux paroissoient cramponnés à l'orifice des
loges; étoient - ils à dévorer les Polypes? c'est ce que je
présume.
Je ne doute pas que si nous eussions eu un meilleur instru-
ment, je n'eusse pu observer toutes les parties de ces petits
auimaux, et les dessiner; mais ce qui est différé n'est pas perdu-
l88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ClC.
ils sont en assez, grand nombre, pour que j'aie l'espoir d'en
retrouver à volonté. Dès votre retour à la Rochelle , je vous
prierai d'obtenir que l'on me confie le microscope du cabinet
d'Histoire naturelle ; la grande habitude que j'ai de cet instru-
ment, m'aura bientôt mis à même d'envoyer des dessins exacts
de ces diverses espèces de petits animaux, qui, je crois, ne
sont pas encore connus. J'en ai beaucoup dans l'alcool , mais
ils s'^ contractent ; j'en enverrai à tout hasard dans la caisse
que je prépare pour le Muséum, avec leurs dessins.
Si vous n'y voyez aucua inconvénient, vous pouvez annoncer
c»la à M. de Blainville, et lui dire que je compte ce printemps
lui envoyer une notice sur les animaux , avec les dessins de
ceux que j'aurai pu observer.
Sur le Mastodonte vivant.
On rapporte de nouveau de l'état des bancs du Mississipi,
que le Mastodonte que les Auglois et les Américains nomment
encore à tort Mammouth,, a été découvert nouvellement à l'état
vivant dans les déserts de l'ouest de l'Amérique septentrionale.
D'après les descriptions qu'on en donne, cet animal n'est pas
Carnivore; il se nourrit de végétaux, et surtout d'une espèce
d'arbre, dont il mange les feuilles, l'écorce et même le tronc.
11 ne se couche jamais, mais dort de bout et appuyé contre
un arbre. 11 ressemble plutôt à un sanglier sauvage qu'à un élé-
phant. Sa hauteur est de i5 pieds, et son corps est couvert de
poils, et il n'a pas de cornes. {Philosophical Magazine, fé-
vrier 1819.)
NÉCROLOGIE.
Le professeur Luigl Brugnalelli est mort le 24 octobre 1818.
11 étoil né en 1761 à Pavie. Nommé suppléant de Scopoli en 1787»
il lui succéda en 1796 dans la chaire de professeur de Chimie
à l'Université de Pavie, qu'il a conservée jusqu'à sa mort. Le
D'^ Gaspard Brugnatelli est le rédacteur principal du Giornale
di Fisic'a. [Annals of Philos., mars 1819.)
Pe rtnprinierie de M"' Y° COURCIER, ruç du Jardinet, n° 12.
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ANNONCES.
LIVRES KOUVEABX.
Traité de Géodésie, ou Exposition des Méthodes astronomiques et trigo-
nnmétriques , appliquées soit à la mesure de la Terre , soit à la confection
du canevas des Caites et des Plans; par M. Puissant, Chef de Bataillon
au Corps royal des Ingénieurs-Géographes. Nouvelle édition considérablement
augmentée. Deux yol. in-4», avec i3 planches, 1819. Prix , 3o fr. pour Paris ,
et 36 fr. francs de port par la poste. A Paris , chez M"* V Courcier, Im-
primeur-Libraire pour les Sciences, rue du Jardinet, n" 12.
Xous rendrons compte de cet ouvrage dans le prochain Cahier.
Traité élémentaire de Pharmacie théorique , d'après l'état actuel de la Chimie ;
ouvrage spécialement consacré à ceux qui se destinent à l'étude de la Pharmacie ,
ainsi qu'aux élèves en Médecine et en Chirurgie , qui doivent passer leur troi-
sième examen; par J.-B. Caventou, Pharmarcien des hôpitaux civils de Pa-
ris , etc. Un vol. gros in- 8", avec gravures. Paris, chez L. Colas, rue Dau-
phine, 181g.
Thomson. Annals of Philosophy, etc.
Février. Sur les écrits scientifiques du D'' Ingenhouz , par Th. Tliomson.
— Sur 1 histoire de l'Acide anthrazothioiiique , par Théod. de Grothuss. — Sur
l'Acide chyazique sulfure de Purre'.t, par M. Vogel. — Sur la découverte du
Cadmium et l'analyse d'un nouveau métal, par le professeur .Stromeyer. —
Défense de la nouvelle Théorie des Acides du D'' Muiray, par lui-même. —
Journal météorologique de Cork. -t Sur la formation de l'Arc-en-Ciel , par le
D' Watt. — Extrait du dernier volum^des Mémoires de la Société Werue-
rienne. — Méthode de déterminer la pesanteur spécifique des Gaz. — Le Sul-
fate de Strontiane trouvé à Carlisle. — Un tremblement de terre à Haddam ,
en Connecticut. — Sur la température et la popu!a;ion de B imbay. — Le Gezan-
Gabcen ou la Manne de Perse. — L'arbre appelé Lignum rhodium par Pococke ,
ar sir Jam. Ed. Smith. — Sur le pouvoir qu'a le 5nrrafe;Ka arferat/a de saisir
es insectes. — Sur les différentes espèces de Roses en Angleterre , par M. Jos.
Woods. — Sur la Morphine, par M. Frans Anten Choulant.
Mars. Sur l'Oxi-muriate de chaux, par T. Thomson. — Sur la Réduction
desdi-tances lunaires pour trouver la longitude, par le D' Tiarks. — Problèmes
mathématiques , par Jam. Adams. — Sur les maxima et les mininia des
quantités, par Th. Slee. — Expériences sur la force des Shafls de fer fondu
en Mécanique. — Sur les Marées dans la rivière de l'Endeavour, par le capi-
taine Cook. — Pointes fondues de bismuth , d'étain et de plomb. — Le Cuivre
du Japon. — La mesure d'un arc du méridien dans l'Inde.^ Le Protoxide
de cuivre. — Le Yerre coloré en bleu par le fer. — La fusion du Platine.
l
La formation de l'Epiderme des végétaux. — L'Acide méconique , par M. Chou-
la nt. — L'analyse de la Fassaite, par le D' Rod. Brand. — Le Wodauium.
Alex. TilloCH. Philosophkal Magazine. '
Janvier i8ig. Sur la nature et les lois du Frottement, par Th. Tredgold.
— Sur les routes et roues de charriage, par M. Benj. Wingrove. — Sur le
plan d'une pleine Lune perpétuelle, par H. Meikie. — Supplément au Mé-
moire sur les Hirondelles , inséré dans le n° 246 , par M. Gavin Inglis. —
Description d'un Principe acide obtenu de l'acide lithique ou urique , par W.
Prout. — Sur la question , si la Musique est utile à l'orateur , par H. Upington.
— • Nouvelles recherches expérimentales sur les doctrines du Calorique , prin-
cipalement sur les rapports entre l'Elasticité, la Température , la Chaleur la-
tente des différentes vapeurs, et sur la mesure et la capacité thermométriques,
par And. Ure. — Sur la Chaleur spécifique, parM. Jos. Luckock. — Mélanges:
sur le Cadmium. — L'Acide lampique. — Le Lithion. — Le Platine. — Le Wo-
danium. — L'Oxide carbonique hydroguré. — Le sucre d'Amidon. — La Neige
rouge. — Les Pommes de terre. — La semence du Froment. — Le Serpent
de mer américain. — Un Phénomène singulier. — Le Pont de fil-de-fer. — Un
nouveau Moteur. — Le Phosphate de fer trouvé en Angleterre.
Février. Suite du Mémoire de M. H. Upington sur la Musique. — Suite du
Mémoire de M. Ure, sur les doctrines du Calorique, etc. — Sur les Roues
de charriage et leurs effets sur les routes, par M. J. Farey. — Rapport de l'In-
specteur sur les expériences faites dans le but de remplacer dans le Ramonage
des cheminées, les enfans par des machines. — Sur l'importance de connoitre
et de bien décrire les Coquilles fossiles , comme un moyen de spécifier les
couches des strates dans lesquelles on les trouve, avec une liste de 27g es-
pèces ou variétés de Coquilles, dont le gissement et la localité sont déterminées ,
par M. J. Farey. — Extrait d'une Lettre de W. Bruce, résident à Bushire,
à W. Ecskine, contenant la découverte d'une maladie en Perse qui , contractée
par ceux qui traient les vaches et les brebis, les garantit de la Petite-Yé-
role. — Sur la Philosophie atomique, par M. Jos. Luckcock. — Sur la puri-
fication du Gaz de charbon de terre, par M. Bolton. — Mélanges : les substi-
tutions du Sulfate de strontiane au Borax. — Voiture de sûreté. — La découverte
de Tombeaux anciens en Angleterre. — L'Arc-en-Ciel. — Pouvoir magnétique
des rayons violets. — Tremblement de terre à Gênes. — Un nouveau Volcan
découvert à la Jamaïque. — L'animal de l'Ohio.
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
ET DES ARTS,
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
Par m. H.-M. DUCROTAY de BL AIN VIL LE,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris , Professeur de Zoologie , d' Ana-
tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole
normale; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi et au Collège de France,
Membre et Secrétaire de la Société Philoraathique , Membre de la Société
V«rnérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin, etc.
MARS AN 1819.
TOME LXXXVIII.
A PARIS,
CHEZ M«= V COURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
rue du Jardinet, quartier St. -André-des- Arcs.
TABLE
DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER.
Suite du sixième Mémoire sur la famille des Synanthérées, contenant les
caractères des tribus ; par M. Henri Cassini , pag. i8g
Note sur un Mammifère de l'ordre des Rongeurs , mentionné par quelques
auteurs , mais dont l'existence n'est pas encore généralement admise par
les naturalistes nomenclateurs; par M. Desmarest, 2o5
Tableau météorologique; par M. 13ou\ard, 212
Rapport fait par M. Bo;c, sur un nouveau genre de Vers intestinaux dé-
couvert , décrit et dessiné par M. J.-B. Rhodes , 214
Mémoire sur un nouveau genre de Mollusques; par M. Defrance , 2i5
Traité de Géodésie , ou Exposition des Méthodes trigonométriques et as-
tronomiques applicables , soit à la mesure de la Terre , soit a la confec-
tion des Cartes géographiques et topographiques; par M. Puissant (ana-
lyse), 220
Traité élémentaire de Pharmacie théorique d'après l'état actuel de la
Chimie; par J.-B. Caventou , extrait par M. Gaultier de Claubry, 222
Anatomie d'une Larve apode trouvée dans le Bourdon des pierres, par
MM. Lâchât et Audouin , 238
Histoire des changemens que l'CEuf des oiseaux éprouve dans les cinq pre-
miers jours de l'incubation ; par Chr. Prander, 2o5
Dictionnaire des Sciences naturelles (analyse), 244
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
PHYSIQUE.
Sur la mesure d'un arc du méridien dans l'Inde ; par le colonel Lambton, 261
Nouvelles expériences sur l'Eau oxigénée ; par M. Thenard , 253
Sur l'Acide lampique ; par M. Daniell , 254
Sur la composition chimique de l'Urine des Reptiles écailleux , 25S
Sur l'emploi du Sucre d'Amidon pour faire de la Bière, 267
Sur le Blé de semence , ibid.
Analyse de la Strontiane sulfatée de Fas.sa, par M. Brande, et sur la sub-
stitution de la Slroutiane sulfatée au Borax, ibid.
ZOOLOGIE.
Descriptior.s par M. le D' W. E. Leach , de quelques nouveaux genres et
espèces d'animaux découverts eu Afrique par M. T. E. Bowdicli , 258
Sur un Crapaud et des Gienouilles trouïésenferniés sans communication
avec l'air extérieur, .'i?:' >"•■'. ''''7?>\ 2G0
« JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
MARS AN 1819.
SUITE DU SIXIEME MEMOIRl
SUR LA FAMILLE DES SYNANTHÉRÉES,
CONTENANT LES CARACTÈRES DES TRIBUS;
Par m. Henri CASSINI,
Conseiller à la Cour royale de Paris , et Membre de la Société PhJlomathiqua.
IX* TRIBU. Les Hélianthées {Heliantheje).
Caractères ordinaires.
UovJiRE est oblong , obovoïde , arrondi ou tronqué au som-
met; tantôt comprimé, tantôt, et plus rarement, obcomprimé;
muni de quatre côtes ou arêtes plus ou moins prononcées , une
intérieure, une extérieure, deux latérales , de sorte qu'il semble
offrir quatre faces limitées par quatre arêtes, dont deux souvent
oblitérées. L'aréole basilaire csl sessile , et le plus souvent
oblique-intérieure. L'aréole apicilaire est moins étendue qut.' la
sommité de l'ovaire. L'aigrette est tantôt nulle, t;iiilôl coroni-
forme , tantôt composée de squamellulcs peu nombreuses, uni-
sériées, souvent entre-greffées à la base, ordinairement très-
fortement adhérentes à l'ovaire, quelquefois caduques; elles sont
tantôt paléiformes ou laminées; tantôt Iriquèlres ou filiformes.
Tome LXXXVIII. MARS an jS.g. Bb
igO JOURNAT, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
épaisses, roides, munies de fortes barbellules, quelquefois de
barbelles.
Le sljle androgynique est divisé supérieurement en deuff^
branches, qui, à l'époque de la fleuraison, divergent en s'ar-
quatit en dehors; elles sont demi-cylindriques infdrieuremenl,
et semi-coniques supérieurement ; leur face intérieure plane porte
deux bourrelets sligmaliques demi-cylindriques, papillulés, es-
pacés à la base, devenant ensuite contigus, puis confluens ,
oblitérés et lisses, enfin s'évanouissant près du sommet; leur
face extérieure convexe est hérissée en sa partie supérieure, de
collecteurs piliformes. La base du style se prolonge souvent en
une sorte d'appendice fîlifornTe ou obconique , engaîné par le
nectaire alors tubuleux.
Les éuimuies ont le filet greffé à la corolle jusqu'au sommet
de son tube; l'article authérifère à peu près conforme au filet;
l'aiiiiière noirâtre ou brune; l'appendice apicilaire libre, sub-
cordiforme , cartilagineux ; les appendices basilaires longs comme
l'article anthérifère, obconiques, pollinifères, libres et divergens
par leur côté intérieur, greffés par leur côté extérieur avec les
appendices des anthères voisines ; les molécules du pollen jaunes ,
sphériques, échinulées. Le filet se flétrit le plus souveut aussitôt
après la fécondation, et avant l'article authérifère.
La corolle siaminée est régulière ; son tube est court ; la partie
indivise du limbe est longue , sub-cylindracée; ses divisions sont
courtes, épaissies sur la face intérieure, qui est hérissée de
papilles cylindriques. Cette corolle porte des poils subulés, ar-
ticulés; sa couleur est ordinairement jaune foncé; ses nervures
sont le plus souvent inlrà-marginales, épaisses.
Remarques.
La calalhide est ordinairement radiée, souvent incouronnée,
quelquefois discoïde. Le clinanlhe est ordinairement squamel-
lifère, souvent inappendiculé, jamais fimbrillifère. Les squames
du péricline sont ordinairement unisériées ou bisériées, égales
ou peu inégales, souvent imbriquées. Les feuilles sont ordinai-
rement opposées , souvent alternes, souvent trinervées. Les tiges
sont ordinairement herbacées, souvent ligneuses. Les fleurs sont
ordinairement jaunes , souvent blanches , quelquefois purpurines.
De toutes les tribus dont se compose la famille des Synan-
thérées, celle-ci est la plus nombreuse en genres, et l'une des
plus difficiles à caractériser. Elle est très-naturelle, et cependant
il n'y a peut-être pas un seul de ses caractères qui ne soit sujet
r.T D HISTOIRE NATURELT.i:. IQI
à beaucoup d'exceptions ou de niodilicallons pins ou moins
graves. Il esl indispensable de la diuser en plusieurs seclions
naturelles, que j'ai déjà indiquées ailleurs, et dont je m'occu-
perai de nouveau dans mon septième et dernier Mémoire.
La plupart des Héliaiilliées habitent l'Amérique ; plusieurs,
sont en Asie, quelques-unes en Afrique ; l'Europe n'eu a presque
point; les Terres australes en paroissent dépourvues.
X° TRIBU. Les Ambrosiées {Ambrosibm).
Caractères ordinaires.
Uovaire est ovale, obeomprimé, à face intérieure plane, k
face extérieure convexe; il esl glabre , lisse , marqué légèrement
d'une dixaine environ de lignes longitudinales parallèles , quelque-
fois parsemé de globules; l'aréole basilaire est sessile, irrégu-
iière , oblique-intérieure. L'aigrette est nulle.
Le style féminin a une tige courte, quelquefois continue au
sommet de l'ovaire , et deux longues branches h.minées, qui
divergent eu s'arquant en dehors pendant la flcuraison ; cha-
cune d'elles est bordée de deux gros bourrelets sîigmaliques
cylindriques , fortement papilles. Le style masculin est tantôt
indivis, et terminé par une troncature garnie de collecteurs;
tantôt anomal et variable.
Les étaniines ont les (ilels larges, épais, greffés à la partie
basilaire seulement de la corolle, mais ordinairement greffés
entre eux en un tube; les articles anthérifères Irès-couris, et
à peine distincts des filets; les anthères libres, épaisses; les
appendices apicilaires charnus; les appendices basiliyres presque
nuls, pointus; le pollen un peu verdàlre.
La corolle staminée est régulière , et a la forme d'une figue;
sa substance esl verdàlre, herbacée, analogue à celle d'un ca-
lice; elle a le tube confondu avec le limbe, les divisions très-
courtes, les nervures intrà-marginales, les poils pour la plupart
coniques, articulés.
Remarques.
Il n'y a, dans cette tribu, que des fleurs femelles et des
fleurs mâles, qui, chez les Anibrosiées-Protoljpes, sont dis-
posées en calalhides unisexuelles réunies sur le même individu.
La calalhide féminiflore est composée d'une seule fleur dé-
pourvue de corolle; son clinanlhe est inappendiculé ; sou pé-
ricline est formé de plusieurs squames imbriquées, enlre-greffées;
Bb 2
jga JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
sonvenl deux calalhides sont réunies par leurs périclines enlre"
grefl'és. La calalliide masculiflore est composée de plusieurs
fleurs; son cliiiaiilhe est presque toujours squamellifère; son pé-
riciine est formé de plusieurs squames unisériées , souvent enlre-
grefïées. Les feuilles sont ordinairement alternes. Les tiges sont
ordinairement herbacées. Les fleurs sont verdâtres. Chez les
Ambrosiées douteuses, les fleurs femelles ont une corolle, et
la calalhide est bisexuelle, discoïde, à fleurs blanchâtres-
Les Ambrosiées, qui ont une affinité bien remarquable avec
certaines Anlhëmidées, telles que VArlemisia, ne se rapprochent
pas moins des Hélianthées-Millériées, auxquelles j'aurois pu
les réunir; mais j'ai mieux aimé restreindre qu'étendre la tribu
des Helianthées, qui a le défaut d'être trop nombreuse, trop
diversifiée, et d'avoir en conséquence des caractères trop vagues.
J'ai souvent observé , sur quelques ovaires du Xanthiutn slni-
nmrium, une sorte d'aigrette semi-avorlée , épigyne, composée
de squamellules difformes (ou, si l'on veut, des rudimens in-
formes de corolle), accompagnées quelquefois d'une étamine épi-
gyne. Les nervures de la corolle semblent un peu rameuses,
chez r/crt frutescens.
On a trouvé des Ambrosiées en Europe, en Asie et dans
les deux Amériques.
XI^ TRIBU. Les Anthémidées (^nthemide^)-
Caractères ordinaires.
Uovaire est épais ou large, irrégulier, anguleux, de forme
diversifiée, glabre; muni de côtes très-fortes, inégales, souvent
dissemblables, irrégulièrement disposées, arrondies ou aliformes;
quelques globules glanduliformes, substipilés, sont épars entre
les côtes, et il y a souvent des réservoirs de sucs propres logés
dans la substance du péricarpe; l'aréole basilaireest sessile, large,
irrégulière, point oblique. L'aigrette est le plus souvent nulle,
ou coroniforme , irrégulière ; quelquefois composée de squamel-
' Iules paléi formes.
Le stjle androgynique a deux branches demi-cylindriques,
qui, à l'époque de la fleuraison , divergent en s'arquant en
dehors en forme de demi-cercles ; leur face intérieure plane est
bordée de deux bourrelets sligmaliques non - confluens ; leur
sommet est comme tronqué transversalement en une aire semi-
orbiculaire bordée de collecteurs piliformes.
Les élamines ont le filet greffé à la partie inférieure seule-
ET D'msTOinr. n-atueells. ig5
rtnenl du tube de la corolle; l'arlicle anthérif'ère subglobuleux;
les loges amincies en pointe à la base; l'appendice apicilaiie
ligule, charnu; les appendices basilaires nuls ou presque nuls.
Les anlhères sont courtes, foiblement eiitre-grelTées.
La corolle staminée a le tube au moins aussi long et presque
aussi large que le limbe; très -irrégulier, presque difl'orme,
inégalement anguleux, souvent prolongé par sa base autour du
sommet de l'ovaire; d'une substance verdàtre, très - épaisse ,
fongueuse ou spongieuse , lacuneuse. Le limbe est régulier ou
subrégulier, campauiforme, à nervures verdàtres; ses divisions,
presque aussi longues que sa partie indivise, sont semi-ovales ,
très-divergentes et arquées en dehors, tapissées de très-courtes
papilles sur la face intérieure, et épaissies derrière le sommet
par une callosité quelquefois énorme. Des globules didymes ,
sessiles , ou élevés sur de gros et courts pédicules perpendi-
culaires à la surface qui les porte, sont épars eu petit nombre
sur cette corolle.
Remarques.
La calathide est ordinairement radiée, souvent discoïde, sou^
vent incouronnée. Le clinanthe est tantôt squamellifère , tantôt
inappendiculé, rarement fimbrillifère ou stipifère. Les squames
du péricline sont ordinairement imbriquées. Les feuilles sont
alternes, e'I le plus souvent très-découpées. Les liges sont tantôt
et le plus souvent herbacées , tantôt ligneuses. Les corolles in-
radiantes sont ordinairement jaunes, quelquefois blanches; les
corolles radiantes sont ordinairement blanches , souvent jaunes.
L'odeur aromatique et la saveur amèrc sont communes dans
cette tribu.
Les Anthémidées ont beaucoup d'affinité avec les Hélianthées.
Elles ressemblent par le style a beaucoup d'Inulées , aux Sé-
nécionées, et aux Nassauviées; mais elles s'en distinguent bien
par les autres organes floraux.
Les Aulhéraidées habitent l'Europe, l'Asie et l'Afrique; il
n'y en a presque point eu Amérique, non plus qu'aux Terres
australes.
XII' TRIBU. Les InulÉes (Lwle.i).
Caractères ordinaires.
Uoeaire est ordinairement grêle , non-comprimé , cylindrique,
arrondi aux deux bouts, dépourvu de côtes ou de nervures sail-
lantes, souveut garni de poils ou de papilles. L'aigrette est or-
1Ç)4 JOU RIVAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
dinairement très-longue, régulière, con)posee de squamellules
peu nombreuses, égales, unisèriées, assez souvent entre-greffëes
à ia base; ces squamellules sont grêles, droites, ayant quelque
tendante à s'arquer régulièrement en deliors, souvent caduques;
elles sont filiformes, sublaminécs en leur partie inférieure, qui
est barbcllulée, sublriquèlres en leur partie supérieure, qui
est barbellée surtout dans les fleurs mâles-, les barbellules sont
Ouvertes, rapprochées, régulièrement disposées sur deux ou
tiois lignes; les barbelles sont très-souvent appliquées, comme
enIre-grefTées.
Le sij le androgynique a deux branches demi-cylindriques ,
un peu élargies et épaissies vers le sommet, lequel est arrondi;
leur face intérieure plane est bordée de deux bourrelets stig-
maliques coufluens au sommet ; leur face extérieure convexe
est munie, sur son tiers supérieur, de collecteurs piliformes,
Irès-menus, Irès-couris et très-rares; îi l'époque de la fleuraison,
les deux branches divergent, sans se courber sensiblement ui
en dehors , ni en dedans. Beaucoup d'Inulées ont le style sem-
blable à celui des Anthémidées, c'est-à-dire que le5 branches
sj)nt arquées en dehors, et tronquées au sommet, que les col-
leclcurs sont rassemblés sur cette troncature, et que les bour-
relets sligmatiqnes ne confluent pas sensiblement au sommet.
Les éiamines ont le fîlel grefTé à la partie inférieure seule-
ment du tube de la corolle; l'article anthérifère, grêle; l'ap-
pendice apicilaire , souvent sublinéaire, obtus, un peu greffe
inférieurement avec les appendices des deux anthères voisines;
les appendices basilaires, très-longs, subulés, souvent plumeux.
La corolle staminée est régulière, grêle, lisse et glabre, sub-
coriacée, à nervures peu manifestes , intrà-margiuales; le limbe,
peu distinct du tube, est pyriforme ; ses divisions sont courtes ,
peu divergentes, peu arquées, demi-lancéolées, épaissies sur les
bords qui sont munis d'une arête cartilagineuse très -saillante
en dehors , et se prolongeant derrière le sommet en une corne
calleuse; des poils terminés en globule sont couchés vertica-
lement sur la face extérieure des divisions.
Remarques .
La calathide est tantôt radiée, tantôt discoïde, tantôt incou-
' ronnée. Le clinanllie est ordinairement inappendiculé , souvent
squamcllifere , quelquefois garni d'appendices anomaux. Les
squames du péricline sont ordinairement imbriquées, et souvent
surmoutées d'un appendice scarieux, coloré. Les calalhides sont
TT u'niSTOIRE NATURELLE. igS
assez souvent rassemblées en capitules. Les feuilles, rarement
opposées, sont ordiiiaiiement indivises, et le plus souvent lo-
menteuses en tout ou partie. Plusieurs laulées, de differens
genres , ont les feuilles concaves et lomenteuses en dessus ,
convexes et glabres en dessous, et retournées sens dessus des-
sous par l'eflet d'uue torsion. Les tiges sont tantôt herbacées,
tantôt ligneuses. La couleur des corolles est ordinairement jaunC"
pale.
Beaucoup d'Inulées ont le style semblable à celui des Anthe-
midées, des Sénécionées et des Nassauviéesj mais leur ovaire,
leur aigrette, leurs étamines, leur corolle , les fixent solidement
dans la tribu des Inuiées. D'autres Inulées, au contraire, sont
fixées dans cette tribu par le style, quoique les autres organes
offrent des anomalies. Les luulées ont des rapports d'afliuilé avec
les Carliuées.
Il y a des Inulées dans les quatre parties du monde, et sur-
tout dans l'Afrique méridionale; presque toutes les Synanthérées
des Terres australes appartiennent à celle tribu.
XIII«= TRIBU. Les Astérées (Jstere^).
Caractères ordinaires.
JJovaire est pédicellulé, plus ou moins comprimé sur les d^ux
côtés, obovale-oblong , rarement glabse, le plus souvent garni
de poils biapiculés ; muni d'une côte sur chacune des deux
arêtes, et quelquefois d'autres côtes moindres sur les deux faces.
L'aigrette irrégulière, courbée vers le centre de la calathide,
comme chiffonnée, rarementnulle ousemi-avortée, est le plussou-
vent composée de squamellules très-inégales , filiformes ou subtri-
quètres, épaisses, flexueuses; hérissées de barbellules longues
et fortes, rapprochées, irrégulièrement disposées. Quelquefois
l'aigrette est composée en tout ou partie de squamellules la-
minées , ou paléiformes.
Le stjle androgynique a deux branches , dans chacune des-
quelles on dislingue une partie inférieure demi - cylindrique,
bordée de deux bourrelets sligmaliques non-confluens, et une
partie supérieure ordinairement plus courte, semi - conique,
non-sligmatifère , hérissée de collecteurs sur la face extérieure
convexe; à l'époque de la fleuraison, la partie inférieure sligma-
lifère se courbe en dedans , de sorle que les deux branches ,
arquées l'une vers l'autre, représentent uue sorte de pince.
Les étamines ont le filet greffé à la corolle, ordinairement
\
ïgS JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
jusqu'au sommet do son lubc; l'arlicle anlhéi'ifère, souvent Jaune
ou orangé, Irès-distinct du (îlel; les loges arrondies à la base;
l'appendice apicilaire libre , demi-lancéolé, oblus, un peu siuué
sur les cùtég ; les appendices basilaires nuls.
La corolle staminée est régulière ou subrégulière; le tube
offre cinq côtes arrondies; le limbe est le plus souvent sub-
pyriforme, à nervures cylindriques, charnues, épaisses; ses
divisions sont semi-ovales, oblongues, subacuminées, membra-
neuses, demi- transparentes , bordées d'un gros bourrelet cy-
lindrique, charnu; les poils, qui occupent presque toujours
la partie inférieure du limbe, sont cylindriques, obtus, divisés
en articles courts.
Remarques.
La calalliide est ordinairement radiée, quelquefois discoïde,
rarement incouronnée. Le clinanlhe est ordinairement inappen-
diculé , fovéolé ou alvéolé , rarement fimbrillifère ou squamel-
lifère. Les squames du péricline sont ordinairement imbriquées,
quelquefois unisériées. Les feuilles ordinairement alternes, quel-
quefois opposées, sont toujours indivises. Les tiges sont herbacées
ou ligneuses. Les -corolles inradiantes sont jaunes; les radiantes
sont jaunes, blanches, rouges, violettes ou bleues.
Cette tribu est caractérisée principalement par le style, qui
su^it pour la distinguer de toute autre tribu, quand les carac-
tères de cet organe sont bien prononcés. Dans le cas contraire,
il faut recourir aux autres organes floraux, qui offrent aussi
plusieurs bons caractères.
Les Asléréessout répandues inégalement sur toutes les parties
de la terre; il y en a beaucoup dans l'Amérique septentrionale et
en Afrique.
XIV^ TRIBU. Les Sénécionées {Senecioneje).
Caractères ordinaires.
Tuovaire est pédicellulé, non-comprimé, cylindracé; sa surface
est divisée en dix ou vingt bandes longitudinales, qui ordinai-
rement sont alternativement glabres et hérissées de poils pa-
pilliformes; l'aréole basilaire n'est point oblique. L'aigrette est
le plus souvent longue, blanche, composée de squamellules fili-
formes, très-grêles , caduques par fragilité, striées longiludina-
lement , barbellulées ; les barbellules ordinairement éparses ,
distancées, menues, courtes, obtuses, peu saillantes.
La
ET DHISTOIRÏ NATURELLE. 197
Le slj-le androgynique est divise supérieurement ea deux
branches demi-cylindriques, qui, à l'ëpoque de la fleuraisoa ,
divergent en s'arquant en dehors, en forme de demi-cercles;
la face intérieure plane des branches est bordée de deux bour-
relets stigmatiques, quelquefois confluens; le sommet de chaque
branche est ordinairement tronqué, et garni de collecteurs,
qui se répandent aussi quelquefois sur la face extérieure con-
vexe des branches; quelquefois un appendice collectifère plus
ou moins long surmonte le sommet de chaque branche.
Les étamines ont le filet greffé à la corolle, ordinairement
jusqu'au sommet de son tube; la partie libre du filet est le
plus souvent contournée en zigzag avant la fleuraisoa; l'article
anthérifère est presque toujours notablement épaissi et strié; les
loges sont aminciçs en pointe à la base; les appendices basi-
laires sont nuls ou presque nuls.
La corolle staminée est régulière, grêle et glabre, à lube
lisse, à limbe pyriforme; les divisions beaucoup plus courtes
que la partie indivise du limbe, sont semi-ovales, bordées d'un
bourrelet souvent papiliulé,el munies, sous le sommet de leur
face extérieure, d'une petite bosse papillée, qui se prolonge infé-
rieurement en une nervure surnuméraire plus ou moins étendue.
Remarques.
La calathide est tantôt incouronnée, tantôt radiée, quelquefois
discoïde. Le clinanthe est ordinairement inappendiculé , sou-
venlalvéolé, quelquefois fimbrillifère, jamais squamellifère. Les
squames du péricline sont le plus souvent unisériées, ou sub-
unisériées, égales, oblongues , quelquefois entre-greffées infé-
rieurement. Les feuilles sont alternes , tantôt indivises , tantôt
découpées, et, dans ce dernier cas, presque toujours penna-
tifides. Les tiges sont herbacées ou ligneuses. Les corolles sont
ordinairement jaunes*, souvent rouges, violettes, orangées , blan-
châtres.
Celte tribu se confondroit par le style avec les Nassauviées,
les Anlhémidées , et une partie des Inulées ; mais elle s'en dis-
lingue bien par les autres organes floraux.
On trouve des Sénécionées dans toutes les parties du globe;
l'Afrique méridionale surtout en produit un très-grand nombre.
M. de Humboldt remarque qu'il y a beaucoup de Sénécionées
dans la région supérieure des Andes, située au-dessus de la
limite des neiges perpétuelles, où le soleil a peu d'empire, où
Tome LXXXFIII. MARS an 1819. Ce
ÎqS 'journal de PUVSIQUE, DE CHIMIE
régnent habituellement des veuts impétueux, et où aucun arbre
ne peut croître (i).
XV TRIBU. Les Nassauviées {Nassauviem).
Caractères ordinaires.
Uovaire, dans cette tribu , varie selon les genres.
Le style androgy nique a ses deux branches d'une longueur
moyenne, divergentes, arquées en dehors, demi-cylindriques,
tronquées au sommet qui est un peu épaissi ; leur face interne
plane porte deux très-petits bourrelets stigmatiques marginaux,
souvent imperceptibles; leur troncature terminale est garnie
d'une touffe de collecteurs piliformes. La base de la tige est
souvent très-épaissie et globuleuse.
Les étamines ont l'article anlhérifère épaissi ; le connectif
court; l'appendice apicilaire long, linéaire, greffé inférieure-
ment avec les appendices des deux anthères voisines; les ap-
pendices basilaires longs, laminés.
La corolle staminée est labiée; le tube et le limbe sont peu
distincts l'un de l'autre; les deux lèvres deviennent inégales
eu longueur, à l'époque de la fleuraison; la lèvre extérieure,
plus longue, plus large, et à trois divisions plus courtes, est
d'une substance plus épaisse, plus opaque, plus colorée ,_ et
d'une forme ovale; la lèvre intérieure, plus courte, plus (Uroite,
et à deux divisions plus longues, mais quelquefois cohérentes,
est d'une substance plus mince, plus transparente, plus pâle,
et d'une forme demi-lancéolée.
Retnarques.
La calalhide est incouronnée, androgyniflore ; elle devient
radiatiforme, à l'époque de la fleuraison, comme dans la tribu
des Laclucées, la lèvre extérieure de la corolle s'allongeant
(i) Neva gênera et species Plantarum , tome IV, in-folio, pag. a^o. Ce
Yolurae , déjà imprimé, n'est pas encore publié; mais un premier exemplaire
a été déposé à l'Académie des Sciences, le aG octobre 1818, et un second
exemplaire m'a été communiqué par l'auteur, le i*^' décembre de la raêmç
année. M. Kunth déclare que l'impression de son manuscrit a été commencée
en septembre 1817, et terminée en septembre 1818. Je me propose de donner
incessamment , dans ce Journal, une analyse critique et raisonnée de ce qua-
trième volume , qui est un très- magnifique et très-excellent Traité sur les
Synanthérées de l'Amérique équinoxiale , mais contre lequel je crois avoir
le droit de former de nombreuses et graves réclamations.
KT d'histoire TfATURELI-ï. 199
davantage dans les fleurs extérieures que dans les fleurs inté-
rieures de la calathide. Le cHaaiillie est laulôt iiiappctidiculé,
tantôt fimbrillifère, tantôt squameliifêre. Les squames du pé-
riclinesont ordinairemealuniseriées ou subunisériées, quelqii. I;iis
bisériées ou paucisériées. Les feuilles sont alternes, quelquctois
imbriquées , le plus souvent sessiles sur la lige, ordinairement
plus ou moins dentées ou découpées en tout ou partie , souvent
coriaces. Les liges sont herbacées, ou quelquefois lif^ncuses.
Les corolles sont ordiuaireraenl jaunes , quelquefois roujjes ,
bleues ou blanches.
Cette tribu diflère de la suivante par le style , et de toutes
les autres par la corolle; car il ue faut point confondre la co-
rolle labiée, qui est exclusivement propre aux Nassauviées et
aux Miilisiécs, avec les corolles biligulées et ringenles qui se
renconlreat dans d'autres tribus. Les Nassauviées ont des rapports
d'afllnité très-remarquables avec les Carlinées et les Laclucées.
Les plantes de celte tribu habitent l'Amérique méridionale.
XVI* TRIBU. Les Mutisiées {Mutisiem).
Caractères ordinaires.
Uovaire est cylindracé , rarement coUifère , ordinairement
couvert de grosses papilles charnues, arrondies; quelquefois
garni de poils , ou glabre. Il y a souvent un bourrelet apici-
laire dilaté horizontalement. L'aigrette est composée de squa-
mellules nombreuses, filiformes, barbellulées, rarement barbées.
Le stjle androgynique a ses deux branches courtes , uoa-
divergentes , un peu arquées en dedans, demi - cylindriques,
arrondies au sommet qui est un peu épaissi ; leur face interne
plane porte deux très-petits bourrelets stignialiques marj^inaux
conflueus au sommet, et souvent imperceptibles-, leur face ex-
terne convexe porte sur sa partie supérieure quelques petits
collecteurs papilliformes, épars.
Les eVa/nmejf ont l'article anlhérifère grêle; le couneclif d'une
longueur moyenne; l'appendice apicilaire long, linéaire, greffé
inférieurement avec les appendices des deux aulhères voisines;
les appendices basilaires longs, subulés.
La corolle staminée est labiée; le tube et le limbe sont peu
distincts l'un de l'autre; les deux lèvres sont égales en longueur,
et linéaires; l'extérieure plus large, et à trois divisions plus
courtes; l'intérieure plus étroite, et à deux divisions plus longues.
Ce 2
1
200 JOURNAL Dï PHYSIQUE^ DE CUIMri!
Remarques.
La calalhide est ordinairement radiée, quelquefois discoïde-
radiée , rarement incouronne'e , jamais radiaiiforme. Le clinanthe
est ordinairement inappendiculc, rarement fimbrillifère , jamais
squameltifêre. Les squames du pe'ricline sont plurisériées, ordi-
nairement imbriquées. Les Mutisie'es sont des plantes herba-
cées, ou quelquefois ligneuses, assez ordinairement tomenleuses
en tout ou partie, laulùt pourvues de vraies li^es, tantôt elle
plus souvent n'ayant que des hampes. Leurs feuilles sont al-
ternes, sessiles sur les tiges, tantôt indivises, tantôt découpées ,
et, dans ce dernier cas, lyrées, roncinées, pennalifides , ou
pennées, quelquefois munies de vrilles. Les corolles du disque
sont ordinairement jaunes, rarement purpurines ou blanchâtres;
celles delà couronne radiante sont ordinairement plus colorées,
jaunes, orangées, ou pourpres, et leur languette radiante est
souvent épaisse, comme charnue, et velue en dessous; elles
sont ordinairement biligulées, quelquefois simplement ligulées.
Cette tribu diffère de la précédente par le style, et de toutes
les autres par la corolle. Elle a, comme la précédente, des
rapports d'affinité extrêmement remarquables avec les Lactucées
et les Carlinées; c'est pourquoi, il conviendroit peut-être de
ranger les Mutisiées et les Nassauviées entre les Lactucées et
les Carlinées.
La plupart des Mutisiées habitent l'Amérique méridionale;
l'Afrique en produit plusieurs, et l'Amérique septentrionale
quelques-unes.
XVII' TRIBU. Les Tussilaginées {Tussiljgine^).
Caractères ordinaires.
L'oPrt/re est pédicellulé, oblong, non-comprimé, cylindracé;
l'aréole basilaire n'est point oblique; il y a un bourrelet basi-
laire et un bourrelet apicilaire; le corps est glabre, muni de
cinq nervures ou de cinq côtes. L'aigrette est formée de squa-
mellules unisériées, filiformes, barbellulées; les barbellules irré-
gulièrement disposées, dislancées, courtes et fines.
Le stjle féminin a deux branches extrêmement courtes, cy-
lindriques, arrondies au sommet, couvertes sur toute leur sur-
face de petites papilles sligmatiques souvent imperceptibles. Le
style masculin a sa partie supérieure épaissie en une masse hérissée
de collecteurs, et fendue supérieurement en deux languette».
ET d'hISTOIKE WATURELLI:.' 20Ï
Les élamines ont le filet et l'arlicle anlhérifère presque en-
lièrement confondus ensemble, l'arliculalion étant à peine per-
ceptible; l'appendice apicilaire demi-lancéolë-obtus, libre; les
appendices basilaires extrêmement courts, arrondis, pollinifères,
en forme d'oreillettes.
La corolle staminée est re'gulière, glabre. Le limbe est large,
campaniforme , à nervures épaisses ; ses divisions sont aussi
longues que sa partie indivise , étroites, semi-ovales, membra-
neuses et demi-transparentes comme la partie indivise, bordées
d'un bourrelet.
Remarques.
La calathide est discoïde, ou radiée, à disque masculiflore,
et à couronne féminiflore. Le clinanlhe est inappendiculé. Les
squames du péricline sont subunisériées. Les ïussilaginées sont
des plantes herbacées , plus ou moins velues ou tomenteuses
en tout ou partie, et pourvues, au lieu de tiges, de hampes
monocalalhides ou polycalalhides , garnies de bractées squami-
formes. Les feuilles ne se développent qu'après la fleuraison;
.elles sont radicales, péliolées , ordinairement suborbiculaires,
échancrées à la base, et anguleuses ou dentées. Les corolles sont
jaunes, rougeâtres, ou blanchâtres.
Aucune Tussilaginée connue jusqu'ici n'a de fleurs herma-
phrodites; ainsi je n'ai pu décrire le style androgynique de
celte tribu. Peut-être seroit-il semblable à celui des Adénos-
tylées , et dans ce cas, les deux tribus devroient être réunies
ensemble. En attendant , les Tussilaginées se distinguent très-
bien de toute autre tribu par la structure singulière de leurs
styles, qui est surtout remarquable en ce que le stigmate oc-
cupe toute la surface tant extérieure qu'intérieure des branches.
Presque toutes les Tussilaginées habitent l'Europe.
XVIIle TRIBU. Les Adénostylées {AdenostylEje).
Caractères ordinaires.
Uovaire, dans cette tribu , varie selon les genres.
Le stjle androgynique est divisé supérieurement en deux
branches, qui divergent en s'arquant en dehors pendant la fleu-
raison; chaque branche est demi-cyliadrique, arrondie au som-
met; sa face extérieure convexe est toute couverte de collec-
teurs glanduliformes, dont souvent quelques-uns occupent le
sommet de la tige ; sa face intérieure est creusée dans son mi-
202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
lieu, depuis la base jusque près du sommet, d'une rainure
très-ëlroile, qui sépare deux gros bourrelets sligmaliques ponc-
ticule's, coiifluens ensemble au sommet delà branche, et con-
fluens par la base avec les bourrelets de l'autre branche.
Les elamines ne paroissent pas pouvoir servir à caractériser
la tribu.
La corolle staminée est régulière , souvent munie de ner-
vures surnuméraires.
Remarques.
La calalhide est tantôt incouronnée , tantôt discoïde, tantôt
radiée, toujours pourvue de fleurs hermaphrodites. Le clinanthe
est inappendiculé. Les squames du péricline sont ordinairement
unisénées. Les feuilles sont alternes, pétiolées , indivises, or-
dinairement arrondies. Les tiges sont ordinairement herbacées.
Les fleurs sont ordinairement rongeâtres.
Cette tribu a beaucoup d'analogie avec les Eupatoriées, les
Tussilaginées et les Sénécionées, et elle ne s'en dislingue que
par le style.
Les Adénostylées sont, pour la plupart, européennes.
XIX' TRIBU. Les Eupatoriées {Evpatorie^)-
Caractères ordinaires ,
Uovaire est oblong , non comprimé, un peu épaissi de bas
en haut, arrondi au sommet; ordinairement prismatique, à cinq
faces limitées par cinq arêtes saillantes ; quelquefois cylindracé,
avec cinq ou dix nervures; il est glabre, ou garni de poils,
ou parsemé de globules substipités. Cet ovaire est ordinairement
porté sur un pied plus ou moins grand et de forme diversifiée,
souvent articulé avec le corps. Le placentaire est ordinairement
Ires-élevé. Le fruit mûr est ordinairement de couleur noire.
L'aigrette, rarement nulle ou coroniforme, est ordinairement
composée de squamellules uni-bisériées, libres ou entre-grefl"ées
inférieurenient, filiformes ou paléiformes.
Le style androgy nique a ses branches longues , colorées comme
la corolle, peu divergentes pendant la fleuraison; leur partie
inférieure, un peu arquée en dehors, est courte, grêle, demi-
cylindiique, bordée de deux très-petits bourrelets stigmatiques;
leur partie supérieure, un peu arquée en dedans, est longue,
épaisse, subcylindracée, souvent élargie supérieurement, tou-
es
ET d'histoire naturelle. 2oS
jours arrondie au sommet , couverte de collecteurs papilliformes
ou glanduliformes. La base du style est souvent velue.
Les élamines ont l'article anlhérilère quelquefois épaissi; l'ap-
pendice apicilaire arrondi au sommet (nul dans le Piqueria,
denliculé dans quelques Slevia); les appendices basilaires nuls
ou presque nuls.
La corolle staminée est régulière, mais tellement diversifiée
du reste qu'elle ne peut fournir à cette tribu aucun autre ca-
ractère général. Celle des Stevia et de quelques autres Eupa-
loriées est remarquable par les poils qui garnissent sa surface
intérieure.
Remarques.
La calalhide est incouronnée, équaliflore, pluriflore, régu-
lariflore , androgyniflore. Le clinanlhe est presque toujours inap
pendiculé, rarement fimbrillifère, ou squamellifère. Les squame
du péricline sont tantôt imbriquées, tantôt unisériées ou bi
sériées. Les feuilles sont ordinairement opposées , souvent al-
ternes. Les tiges sont herbacées , ou quelquefois ligneuses. Les
corolles sont ordinairement rouges, blanches, ou bleues, quel-
quefois jaunes.
Les Eupatoriées sont bien caractérisées parle style, qui ne
permet pas de les réunir avec les Vernoniées.
Presque toutes les Eupatoriées habitent l'Amérique ; il y eu
a très-peu en Asie, encore moins en Afrique, et l'Europe nen
possède qu'une seule espèce.
XX' TRIBU. Les Vernoniées {Fernonie^).
Cai'aclères ordinaires,
h'oi'aire est sessile ou pédicellulé. L'aréole basilaire est rare-
ment oblique. Il y a ordinairement un bourrelet basilaire. Le
bourrelet apicilaire manque souvent; mais quelquefois il acquiert
un développement extraordinaire, et simule une aigrette coro-
niforme. Le corps , souvent parsemé de glandes , ou garni de
poils, est tantôt cylindracé, ou subcylindracé, et muni de dix
côtes; tantôt en pyramide renversée, à cinq arêtes plus ou
moins saillantes, dont une ou deux sont souvent oblitérées;
tantôt dépourvu de côtes et d'arêtes, et atténué supérieurement
en un col gros et court. L'aigrette est simple ou double , sou-
vent caduque, quelquefois coroniforme, quelquefois nulle; ses
squamellules sont filiformes ou laminées, barbellulées ou in-
appendiculées.
204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Le stjrle androgyiiique est divisé supérieurement en deux
branches denii-cyliodriques , qui, à l'époque de la fleuraison,
divergent en s'arquant en dehors. Le stigmate, formé de petites
papilles , couvre toute la face intérieure plane des deux branches.
Les collecteurs, piliformes, ou quelquefois lamelliformes, oc-
cupent la face extérieure convexe des deux branches, et le haut
de la tige.
Les étamines ont l'anthère munie ordinairement d'appendices
basilaires poUinifères.
La corolle staminée est ordinairement purpurine , membra-
neuse, et parsemée de glandes, souvent arquée en dehors; le
tube et le limbe sont le plus souvent peu distincts l'un de l'autre;
le limbe, presque toujours subrégulier, c'est-à-dire, à incisions
un peu inégales, est quelquefois palmé, jamais fendu; ses di-
visions sont longues, étroites, linéaires.
Remarques.
La calalhide est ordinairement incouronnée, quelquefois dis-
coïde, rarement radiée , rarement subradiatiforme, quelquefois
uniflore, rarement unisexuelle. Le clinanthe est ordinairement
inappendiculé, quelquefois fîmbrillifère, rarement squamellifère.
I^es squames du péricline sont ordinairement imbriquées, quel-
quefois unisériées ou bisériées , quelquefois entre-greffées in-
férieurement. Les calathides sont quelquefois rassemblées en
capitules. Les feuilles ordinairement alternes, rarement oppo-
sées, sont souvent parsemées de points glanduleux. Les tiges
sont tautôt et le plus souvent herbacées , tantôt ligneuses. Les
fleurs sont le plus souvent purpurines , quelquefois jaunes ,
blanches ou bleues.
Les Vernoniées diffèrent essentiellement des Laclucées par
la corolle qui n'est point fendue, et de toutes les autres tribus
par le style qui est absolument analogue à celui des Laclucées.
Elles se rapprochent encore des Lactucées par la corolle, qui
est quelquefois palmée, et par conséquent très -voisine de la
corolle fendue , ainsi que par la calalhide qui est quelquefois
radiatiforme.
La plupart des Vernoniées sont d'Amérique; les autres ha-
bitent l'Afrique ou TAsie; aucune n'est indigène en Europe.
NOTE
ET d'iIISTOIKE naturelle. 2o5
NOTE
Sur un Mammifère de l'ordre des Rongeurs , mentionné
par quelques auteurs, mais dont l'existence n'est pas
encore généralement admise par les naturalistes noiiien-
clateurs j
Par m. DESMAREST,
Professeur de Zoologie à l'Ecole éCAlfort.
Lue à la Société Philomathique de Paris en avril 1819.
M. AuDOum , jeune naluralisle avantageusement connu de la.
Société, par la lecture d'un Mémoire sur l'anatomie d'une larve
d'insecte, dont il est l'auteur, conjointement avec feu M. Lâchât,
ayant bien voulu nous confier, pour les décrire, quatre dé-
pouilles d'animaux mammifères, qui lui ont été apportées de
Buenos-Ayres , comme étant celles d'un Lihvre du Brésil, nous
nous sommes occupés de leur examen, et de la détermination
de l'espèce à laquelle elles ont pu appartenir.
Celte dernière tâche étoit d'autant moins facile, que ces quatre
peaux (fort semblables entre elles, par la distribution des cou-
leurs et par la nature du poil qui les recouvre) sont loul-
à - fait dépourvues des parties caractéristiques appartenantes à
la tète, à la queue et aux membres, si l'on en excepte ce-
pendant l'une d'entre elles qui a conservé une patte de devant
jusqu'à la naissance des doigts , mais sans aucune trace de
ceux-ci.
Ces dépouilles, toutes de même grandeur ou approchant, ont
environ deux pieds de long depuis le commencement du col
jusqu'à l'exlrémité de la croupe; et la largeur de leur partie
colorée, entre un flanc et l'autre, en comprenant le dos, est
à peu près d'un pied. ^
Le pelage est doux : toute sa partie supérieure est d'un gris
teint de fauve et piqueté de blanchâtre, comme celui du lièvre
l'est de jaunâtre. Celte teinte générale s'obscurcit postérieure-
ment et se termine par une ligne courbe fort tranchée sur
la croupe. Dans cette partie, elle est d'un brun plus ou moins
«ombre, selon les individus, l'un d'entre eux l'ayant même
presque noire.
Toms LXXXFIII. MARS aa 1819. Dd
2o6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
La ligne dorsale n'est point marquée par une nuance plus
foncée, ainsi que cela existe dans beaucoup de Mammifères.
Chacun des poils du dos est d'un gris châtain dans la plus
grande partie de sa longueur ; ensuite il présente un anneau
gris-brun, puis un anneau d'un blanc teint de jaunâtre clair;
et enfin sa pointe, très-effilée, est brune.
L'étendue plus ou moins grande, des anneaux gris-bruns et
blanchâtres, et de la pointe brune, déterminent la couleur plus
ou moins foncée des différentes partie du pelage : ainsi les an-
neaux blancs étant fort apparens et bien détachés, sur le dos,
lui donnent la teinte piquetée qu'on y remarque; et, ces mêmes
anneaux diminuant insensiblement d'étendue jusque vers la
croupe, oij ils se trouvent fort réduits, le brun devient domi-
nant sur celte région.
Dans une de ces peaux , la croupe est d'un brun presque noir ;
aussi ne voit-on plus du tout d'anneaax blancs sur les poils qui la
recouvrent.
INous n'avonspoint trouvé de bourre très-fine, d'une couleur par-
ticulière, serrée et rapprochée de la peau, comme on en ob-
serve dans les lièvres, les loutres, les castors et dans plusieurs autres
espèces d'animaux. Nous n'avons vu en écartant les grands poils,
que des poils plus petits assez rares, et absolument semblables
aux autres par leur nature et même par leurs couleurs.
Sur chaque flanc, il existe une bande d'un fauve assez pur
et d'un ponce et demi de largeur, se fondant d'une part avec
la couleur grise du dessus du corps, et de l'autre élanl net-
tement séparée de la couleur blanche des parties inférieures.
Ceux des poils de cette bande qui se trouvent dans la partie la
plus rapprochée du ventre, sont d'un fauve uniforme dans toute
leur longueur ; tandis que ceux qui se confondent avec les poils
du dos, ont du gris à leur base, et sont marqués d'un grand
anneau fauve blanchâtre près de leur pointe.
La face supérieure et antérieure des membres de devant, paroit
également fauve. F/épaule présente la même couleur, mais avec
un mélange de gris, et le gris pur se trouve à la base de tous
les poils qui couvrent cette partie.
La patte, qui paroîl longue et mince, à en juger par la por-
tion de peau qui reste attachée à l'une des dépouilles que nous
avons examinées, a toute sa face antérieure couverte de poils très-
courts et roides, variés de noirâtre et de blanc sale par parties
égales; sa face externe est fauve , et I« commencement de sa
face interne blanc.
ET d'histoire naturelle. ^^7
Le ventre paroît blanc dans loule son étendue, ainsi que la
face interne de la cuisse. En dehors, cette dernière partie est
couverte de poils brunâtres, annelés d'une teinte plus claire,
et qui prennent , à mesure qu'ils se rapprochent de la lace
poste'rieure , une nuance fauve qui même passe au roux.
Entre le dos et la cuisse, et au-dessus du pli de l'aine, com-
mence une bande étroite, d'un très-beau blanc, contournant
exactement la couleur foncée, qui termine en demi-cercle sui
les lombes, le gris piqueté du dos.
Celte couleur blanche est aussi celle des fesses , et elle se
réunit à celle du ventre, par l'entre-deux des membres pos-
térieurs. ^ ,..
Ayant cherché les mamelles, nous nous sommes assures quil
n'en existe que quatre, situées deux de chaque côté , vers le milieu
de la longueur de la peau, et dans la ligne de séparation de
la bande tauve des flancs d'avec la couleur blanche du ventre.
La distance de l'une à l'aulre de ces mamelles (d'un même
côté), est de trois pouces et demi environ. , ,
Telle est la description exacte des fourrures qui nous ont ele
confiées par M. Audouin.
Après avoir ainsi fixé les caractères de ces débris incoinplets,
dans l'espérance qu'ils pourroient servir à la détermination de
l'animal , et avoir reconnu qu'ils sont suffisans pour permettre
d'aflirmer qu'il n'existe dans aucune collection publique de Pans ,
une espèce à laquelle il soit possible de les rapporter, nous
nous sommes occupés de compulser les livres de voyages et les
ouvrages des naturalistes.
La désignation du pays d'où cet animal pourroit provenir (le
Brésil), et le nom de Lièvre qu'on lui a donné, joints aux ca-
ractères qu'il nous a été possible de reconnoître dans les dépouilles
mutilées que nous avons examinées, tels étoienl les seuls in-
dices qui pouvoienlnous diriger dans nos recherches.
D'abord , la grivelure du pelage (commune à beaucoup d'ani-
maux mammifères) nous paroissoit seule avoir pu mériter à notre
animal, la dénomination de Z(èp/e; car sa taille, qui devolt être
au moins de deux pieds et demi, ne se rapporte en aucune
façon à celle des plus grands lièvres connus.
Cependant Buffon (i), en parlant des lièvres de l'Amérique,
paroît confondre ceux des terres qui avoisinent la baie d'Hud-
(i) Edition de Sonnini , toijje XiXIY, pag. ai5.
Dd 2
2o8 JOUUNAL DE PHYSIQUE, DÏ CHIMIE
son , menlioniie's par Robert Lade (i) avec ceux que les voyngeurS
Wood (2) etîNarboroug (5), ont vu près de l'exlrëmitë de l'Amé-
rique méridionale, et il ajoute : i< Les lièvres de l'Amérique
» septentrionale sont peut-être d'une espèce différente de nos
» lièvres, car les voyageurs disent que non-seulement ils sont
» beaucoup plus gros, mais que leur chair est blanche et d'un
» goût tout différent de celui de la chair de nos lièvres. »
Or, les lièvres de Robert Lade nous sont parfaitement
connus pour appartenir au vrai genre Lepiis de Linnreus. Ils
Ont, ainsi que le rapporte ce voyageur, le pelage blanc en
hiver et gris en été , leurs oreilles restant noires en tout
temps, et leur taille n'est pas sensiblement plus considérable
que celle du lièvre d'Europe. Mais ceux dont il est queslion
dans les Voyages du capitaine John Narboroug, découverts
en 1670 sur la côte de la terre des Palagons, au port Désiré,
par le 47* degré 48 minutes de lalit. mérid. , et au port Saint-
Julien, situé presque sous le 5o° degré, quoique généralement
semblables aux lièvres d'Angleleire , éloieul cependant plus
grands, et avoieni , au lieu <re queue, un moignon de la lon-
gueur d'un pouce et sans poil. De plus, Wood, contre-maître
de Narboroiig, dont la relation a été publiée séparément, ajoute
que l'abondance de ces animaux , dans une île qui gîl h peu
de distance au sud du port Désiré, lui valut le nom A'Ile aux
Lièvres. (( Ces lièvres éloient d'une taille si considérable, que
» plusieurs qu'on tua pesoienl 20 livres. Ils s'enfuyoient dans des
J) trous de même que nos lapins lorsqu'on les poursuivoil. n
Le Commodore Byron (4)j commandant un vaisseau de ligne
et une frégate, relâcha en novembre 1764, au pori Désiré sur
la terre des Palagons, où il eut de fréquentes occasions de tuer
des lièvres qu'il dit » aussi gros que de jeunes chevraux et d'un
» poids de vingt à vingt-six livres , ayant ime chair très blanche
j) et d'un goût fort agréable. » Ces lièvres éloient si nom-
breux, que si le Commodore eût possédé un lévrier, il lui eût
e'té facile de faire manger du lièvre deux fois la semaine aux
marins qui composoient les équipages de ses deux vaisseaux.
(1) Robert Lade, Voyages. Paris, 17/4- Tome II, pag. 017.
(2) yoyage de Tfjodz. la suite des f'ciya2;i-s de Dampier, tome V, pag. 1P7.
(3) Voyages ta the Streights of Magellan, account of several laie Voyayes
io the .'^ouil' and Nord. London, i6q4 , in-8°.
(4) Voyage de Byron. Collection des Voyages de Cook, traduction franfoise.
Panckouke, tomei, pag. 22 et 23.
ET d'histoire naturelle. 209
Ces cilalions prouvent qu'un quadrupède, assez semblable au
lièvre, pour que des hommes peu instruits en Histoire na-
turelle lui en donnent le nom , quoiqu'il en diffère éminemment
par la taille, liabilc la côte orientale de l'extrémité sud de l'Amé-
rique , depuis le port Saint-Julien jusqu'au port Désiré.
Si nons consultons un voyageur beaucoup plus moderne, don
Félix de Azara (i) qui, depuis 1779, a fait un séjour déplus
de vingt années dans l'Amérique méridionale, nous trouvons
sous le nom de Lièr/-e pampa ^ la description d'un animal qu'il
dit ne point exister au Paraguay, et h plus forte raison au Brésil ,
et nous y reconnoissons cependant tous les traits de ce pré-
tendu Lièvre du Brésil, dont les dépouilles sont à notre dis-
position.
De Azara dit positivement qu'il a vu et pris beaucoup de ces ani-
maux entre le 54 et le 35* degré de latitude méridionale ,dans les
Pampas (c'est-à-dire dans les vastes plaines sans bois) au sud
de Buenos - Ayres, et qu'il est informé que leur domicile
s'étend sur toute la terre des Panlagnns.
« Cet animal, selon lui, a 3o pouces de longueur: sa hau-
teur antérieure est de iG pouces ^; ses jambes sont menues el
nerveuses , il a quatre mamelles, une paire vers le milieu du
ventre, et une autre 3 pouc^ ^ plus en avant; son pelage est
d'un poil brun avec de petîtes pointes blanches , excepté ce
qui est sur la croupe où le poil est entièrement obscur ; un
ruban blanc et étroit qui commence à unehanchej va gagner
l'autre par le haut de la rpieue ; cette couleur s'introduit entre
les jambes, et occupe toute la partie inférieure du corps; la
face extérieure des jambes de devant est canelle, ainsi que la
partie inférieure des côtés du corps, et la partie postérieure des
fesses et du tarse, n
Tous ces détails nous paroissent tellement d'accord avec ceux
par lesquels nous avons commencé celte Note, en décrivant les
fourrures que nous a confiées M. Andouin, que nous ne douions
pas qu'ils se rapportent au même animal ; ceux que donne
de Azara, sont tellement circonstanciés, qu'on nesauroit dnuter
de l'exactitude de l'observateur qui les a recueillis; exactitude
que d'ailleurs nous n'avons jamais trouvée en défaut, toutes les
fols que nous avons eu l'occasion de le consulter. Maintenant
(1) Essai sur rilistoire naturelle des Quadrupèdes du Paragnay , traduction
de Moreau de Saiat-Mtry , tome II , pag. 5i,
•210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ne sommes-nous pas eu droit d'ajouter foi à tout le restant de
la description de l'animal dont il s'agit?
C'est donc de Azara qui achèvera de nous le faire connoître.
« Sa tète ressemble à celle du lièvre, quoiqu'elle paroisse
plus comprimée sur les côtes ; la mâchoire supérieure est beau-
coup plus haute que large, et a des moustaches longues et
noires; il y en a aussi quelques-unes au-dessus de l'œil, et la
paupière supérieure a de beaux cils; la bouche est celle du cochon
d'Inde (aperça), mais les dents supérieures (incisives) sont plus
étroites que celles d'en bas; l'œil est grand et les deux narines sont
coupées dans le même plan, et séparées entre elles par une
rainure. L'oreille est élevée de 3 pouces i, et a 2 pouces dans
sa plus grande largeur; elle n'est pas aiguë à la pointe oîi elle
a des poils (cils) qui l'excèdent de 6 lignes; son bord antérieur
se replie vers le conduit, et le bord postérieur, au contraire,
se replie depuis la base de l'oreille jusqu'à sa moitié. 11 y a
quatre doigts aux pieds de devant, dont le plus grand a 1 4 lignes
y compris l'ongle; les pieds de derrière n'en ont que trois plus
longs que ceux de devant, avec les ongles propres à fouiller la
terre. La queue, qui a i pouce | de longueur, est sans poil,
grosse, dure comme un morceau de bois, sans mouvement, cy-
lindrique ou tronquée , et un p^u courbée vers le haut. Le
mâle, qui ne diffère pas de la femelle, manque de scrotum
et de testicules apparens, et son membre semble sortir à rebours,
c'est-à-dire aller de l'avant en arrière. »
Il nous est, dès-lors , facile de voir que cet animal n'appartient
pas au genre des vrais lièvres, puisqu'il n'a pas le nombre de doigts
propres à ces Rongeurs , et qu'il a moins de mamelles qu'eux.
Par la disposition de ses doigls et la forme de sa queue , il
se rapproche surtout des 'Agoutis {Cwia de Linnœus); par le
nombre des mamelles, il ressemble particulièrement au Paca
(qui est aussi un Cavia du même auteur).
Ce rapprochement est déjà indiqué par le traducteur de l'ou-
vrage de don Félix de Azara, M. Moreau de Sainl-Méry, et il
étoit facile à saisir.
Nous avons dîi ensuite chercher si quelque naturaliste nomeu-
clateur n'avoit point placé parmi les Cavia un quadrupède sem-
blable à celui-ci , et nous l'avons reconnu dans le Patagonian cavj
de Pennant (i), et dans le Cavia patachonica de Shaw (2) qui
l'a vu en nature dans le Muséum de Lever.
(1) Htstory of (^uadnipeds , tome II , pag. 363, pi. 39.
^a) General Zoology, tome II, part, i , pa;^. aaS, Suppl. qt pi. iS5
ET d'histoire naturelle. 2II
Nous arrivons donc à conclure que celle espèce de quadru-
pède doit prendre place dorénavant dans les systèmes d'Histoire
îialurelle, d'où elle avoit été exclue jusqu'alors, parce qu'on
ne regardoit pas sou existence comme suffisamment établie.
Quant à la véritable place qu'elle doit occuper, nous croyons
que c'est plutôt dans le voisinage des Agoutis que dans celui
des autres animaux de la même famille, quoiqu'elle en diffère
par plusieurs caractères, et notamment par le petit nombre de
ses mamelles.
Cependant nous devons faire remarquer que la grande longueur
de ses oreilles et la douceur de son pelage, pourroient la rap-
procher des lièvres dont elle feroit le passage aux Agoutis; mais
ce ne sera que lorsqu'on connoîtra la forme de ses dents mo-
laires, qu'on pourra se déterminer à en former un groupe par-
ticulier, auquel nous croyons que la dénomination de Dolicholisj
AoA/x35" oT(cr, oreilles alongées, conviendra.
Nous terminerons celle Note en manifeslant le désir de voir
transporter celte race en Europe, dont le climat lui convient
parfaitement. La bonté de sa chair et l'usage qu'on pourroit faire
de ses fourrures et de son poil, pour la grosse chapellerie, nous as-
surent que l'on en tireroit un excellent parti. D'ailleurs de Azara
nous apprend que ces animaux s'apprivoisent aisément , qu'ils sont
très-faciles à nourrir, et qu'ils s'allathent au domicile de l'homme.
«î;
OBSERVATIONS
METEOROLOGIQUES FAITE; ,
Dans le mois de février 1819.
7:
AgHEURESiMATIlN
A MIDI.
A 3 IlEtJRE.S SOlll.
A 9 HEURES SOIR.
THERMOMÈTRE '
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Batoiii. 1 ïheim.
Tlieim.
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Maxim.
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+ 8,02+ 2,7fil||
RÉCAPITULATION. |
T>, >t f Plus grande élévation 7S5"""o8 le n J
^^'^°'""*''' i Moindre élévation . 738"""8i le 28 1
rni „„,„„,.,. f Plus grand degré de chaleur. .. . +i3'25 le 17 1
Thermomètre.. | ^^^.^^^^^ ^^^-^ ^^ ^^^,^^,. _ ^^^5 |^ ^^ |
Nombre de jours beaux 11 1
17
17
de vent 28
de brouillard iS
de gelée 6
de neige 2
de grêle ou grésil.. . . 3
de tonnerre
A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS.
(Ze Baromètre est réduit à la température de zéro.)
QUAINTITÉ DE PLUIF
tombce
dans
la Coar.
3,3o
6jOo
o,3o
1,60
5,58
0,85
1,20
14,45
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7,45
o,3o
3,00
3,55
2,45
sur le haut
de rObser-
vatoiit:.
iiv;.
1,65
8,3o
0,00
5.5o
0,20
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2,5o
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VENTS.
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Idem.
O.
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S.-O.
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-S.-O.
O.-N.-O.
l\.-0.
O.
S.-E.
Idem.
Kl AT DU CIEL.
LE MATIN.
Couvert, brouillard.
Nuageux, brumeux.
Couvert , brouillard.
Nuageux.
Pluie Gne , brouillard
Couvert, léger brouil
Idem, petite pi.
Nuageux.
Couvert , brouillard.
Couvert, lég. brouil.
Nuageux, brouillard.
Couvert.
Nuageux.
Nuageux , brouillard.
Idem.
Nuages à l'horizon.
Très-nuageux.
Pluie fine.
Ciel voilé , brouillard.
Nuageux, brouillard.
Pluie abondante , br.
Pluie fine.
Couvert , brouillard.
Nuageux.
Idem.
Nuageux , brouillard.
Couvert, brouillard.
Idem.
A MIDI.
Très-nuageux.
Nuageux, brouillard.
Nuageux.
Idem.
P/uiecontinuelle, br.
Couvert, petite pi.
/'/u;e abondante.
Très -nuageux.
Couvert.
Pluie , brouillard.
Nuageux.
Couvert.
Très-nuageux.
Idem.
Couvert.
Idem.
Nuageux.
Couvert.
Pluie , fine.
Nuageujc.
Pluie continuelle.
Quelques éclaircis.
Couvert.
Très-nuag., neigea a*.
Nuageux.
Très-nuageux.
Idem.
Idem.
LE SOIR.
Beau ciel.
Couvert, brouillai' J.
Phue fine.
Nuageux.
Pluie.
Très-nuageux.
l'Iuie,
Nuageux.
Couvert.
Très- beau ciel.
Couvert.
Pluie toute la nuit.
Nuageux.
Couvert.
Beau ciel.
Pluie , grésil.
Idem dans la nuit.
Idem.
Nuageux.
Idem.
Pluie par intervalles.
Pluie fine , grésil.
Pluie abondante.
Couv., neige dans la /■
Neige, abond., brouil.
Pluie.
frès-nuageux.
Pluie.
Moyennes du i"au 11.
Moyennes du n au 21.
Moyennes du 21 au 28.
Phases de la Lune.
P.Q.le aà i''33'm.||r).Q. le 17a 8»47's.
P.L.leiod 6''24'm.|!N. L. leaSà o* a's.
Moyennes du mois
RECAPITULATION.
N 2
N.-E o
E o
S -E 2
Jours dont le vent a soufflé du< c g
S.-O.!..!!!*... 5
o »o
N.-O i
Thermomètre des caves { , 'c' '^0'°^^ } centigrades.
l le ib, 12'',099 j °
Tome LXXXVin. MARS aa 1819.
Ee
2l4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CUIMIE
RAPPORT
Fait par M. Bosc, sur un nouveau genre de Vers intestinaux
découvert, décrit et dessiné par M. J. B. Rhodes , Vété-
rinaire à Plaisance , département du Gers.
M. Rhodes ayant été appelé, l'aulomne dernier (1818), pour
donner ses soins à un bœuf dont un des yeux étoit malade ,
découvrit, sous les paupières de cet oeil, quelques Vers d'en-
viron un cenlimèlre de longueur et deux tiers de millimètre
de diamètre, Vers qu'il a décrits et dessinés avec assez d'exac-
titude, pour qu'on puisse s'assurer qu'ils constituent un genre
nouveau fort voisin des Strongles et encore plus des Ascarides.
Voici l'abrégé de la description que donne M. Rhodes d'un
de ces Vers.
Corps aloiigé, cylindrique, atténué aux deux bouts, mais plus
antérieurement, à surface lisse , à substance molle , blanche, lé-
gèrement diaphane, surtout antérieurement où elle est fortifiée
par des fibres circulaires.
Intérieur presque à moitié rempli par un gros intestin couleur
de rouille , sinueux dans le milieu de sa longueur, et par
quatre canaux aériens noirâtres, se réunissant à environ le tiers
de celte même longueur, en un seul canal pourvu des deux
côtés opposés, d'environ soixante appendices creux, terminés
en pointe, d'autant plus écartés et plus larges, qu'ils sont plus
voisins de l'extrémité postérieure.
Tête formée, 1°. par une ouverture circulaire, entourée d'un
anneau rayonné de noir et fermé par trois valvules triangu-
laires , fixées à cet anneau ; ouverture d'où part l'intestin ; 2°. par
quatre stigmates ovales, presque complètement transparens, di-
visés en deux par une ligne noire longitudinale, appuyés par une de
leurs pointes, contre le bord extérieur de l'anneau; ce sont
de ces stigmates que partent les quatre canaux aériens.
Queue terminée par une pointe conique, sous laquelle s'ouvre
une large fente fortifiée d'un rebord épais, fente qui est l'anus,
puisque l'intestin et le canal aérien y aboutissent.
M. Rhodes croit qu'elle sert aussi à fixer l'animal pendant
qu'il suce les humeurs sécrélées par les paupières, en faisant
KT d'iiistoibe naturelu:." 2i5
l'office de venlouse, et son opinion paroit fondée, car il n'étoit
pas nécessaire qii'eiie fùl si grande, ni si épaisse pour la seule
sortie d'excrémens liquides et d'air.
Le fait le plus remarquable que présente ce Ver , c'est la
configuration de son canal aérien. 11 conGrme d'une manière
positive, l'observation de Bruguières , relative à celui des As-
carides, observation rappelée dans ces derniers temps par MM. de
Blainville et Desmaresl. Je l'aurois placé dans le genre Asca-
ride, malgré les diflérences caractéristiques qu'il présente , si
le lieu où il vit ne supposoit pas une organisation particulière.
11 est donc dans le cas de constituer un nouveau genre que
j'appellerai Thélazie, Thelazia, et auquel j'attribuerai l'expression
suivante.
Corps alongé, cylindrique, atténué aux deux bouts; terminé
antérieurement par une bouche à trois valvules, entourée de
quatre stigmates ovales, et, postérieurement, en dessous, par
une longue fenle bilabiée ; canal aérien niullilobe.
La Thélazie de Rhodes est la seule espèce connue de ce
genre. Vojez fig. 1 grandeur naturelle, et fig. II Irès-grossie.
^■ »ii^-» i a" J if . ^j^AI -.'ft ff J" ■ ^ — i ■ uMJi.iiiunif nyw T*^
MEMOIRE
SUR UN NOUVEAU GENRE DE MOLLUSQUE}
Par m. DEFRANCE.
J'ai trouvé dansledépôtcoquilllerdeGrignonprèsdeYersailles,
des valves qui ont à peu près la contexture de celle des huilres
et qui sont quelquefois adhérentes sur des coquilles. Ces valves,
qui ont environ un pouce de diamètre, sont un peu concaves,
irrégulièrement orbiculaires et ne portent aucune trace de char-
nière. On remarque seulement dans celles qui sont bien con-
servées, une impression musculaire en fer à cheval. Vu l'absceuce
de toute charnière, j'avois cru pouvoir les rapporter au genre
Acarde, mais je m'étois trompé.
Depuis, j'ai reçu de la falunière de Hauteville, près de Va-
lognes, des valves très-épaisses d'un diamètre de 2 à 3 pouces,
et qui ont la même contexture que celles que j'avois trouvées
à Grignonj comme celles-ci, elles u'oul aucune charnière , elles
Ee 2
2l6 JOURNAL DE PHYSIQUE, Dï CHIMIE
portent des traces de leur adhe'rence sur d'autres corps, et ont
jnlérieurement une impression musculaire en fer à cheval, très-
grande et très-marquée.
Ayant eu sous les yeux un très-grand nombre de ces valves,
et n'ayant jamais rencontré celle qui n'auroil pas porté de traces
d'adhérence , si elles eussent appartenu au genre Acarde , j'ai
douté qu'elles en dépendissent. Un moule intérieur se trouvant
pétrifié et attaché sur l'une d'elles, j'ai reconnu qu'il apparte-
noit à l'espèce de coquille à laquelle M. Lamarck a donné le
nom de Patella comucopia, dont on trouve beaucoup d'échan-
tillons dans la même falunière, et dont on voit même une em-
f)reinte au-dessous de celte valve. On voit encore sur ce moule,
es traces de l'impression musculaire de la coquille , qui ré-
pondent à celle de forme serai-circulaire qui se trouvent dans
la valve.
Ayant aussi remarqué dans ma collection une pareille valve
qui adhère sur une coquille à l'élat frais {Patella mitrata, Gm.),
j'ai pensé que certaines coquilles qu'on avoit rangées dans le
genre des Patelles, et qu'on croyoit devoir entrer dans celui
des Cabochons, se formoienl des supports quelquefois très-épais
et Irès-élevés.
Mes conjectures ont été complètement réalisées, en trouvant
une de ces coquilles fossiles sur son support. Il étoit fixé et
arrêté dans l'intervalle que présenloient extérieurement différens
accroissemens du bord droit de l'ouverture d'un Cerithium gt-
gatiteum. Ayant pris des précautions pour retirer cette coquille
du lieu où elle éloil fixée, elle se délacba avec son support.
Il n'est pas épais, mais il présente bien distinctement l'impression
musculaire en fer à cheval.
Toutes les espèces de Mollusques qu'on croyoit devoir faire
entrer dans Is genre Cabochon, à cause du sommet de leur co-
quille porté vers l'un des bords , n'ont pas la faculté de faire des
«upports. Quelques-unes s'enfoncent dans le têt des coquilles
sur lesquelles elles adhèrent ; d'autres s'appliquent seulement
dessus, et leurs coquilles prennent les formes du lieu ou elles se
trouvent pour y rester fixées pendant toute leur vie.
Si l'on peut regarder comme étant du même genre, ceux
de ces Mollusques qui s'appliquent seulement sur les coquilles,
et qui s'enfoncent dans le têt des coquilles , il n'en est pas de
même de ceux qui se forment un support calcaire, attendu qu'ils
doivent être exclusivement munis d'organes propres à les former.
Ayant présenté ces remarques à rÀcadémie des Sciences na,-
ET d'histoire naturelle. aij
turelles , elle a Jugé dans sa séance du ii mai dernier (1818},
que ces coquilles à support dévoient constituer un nouveau
genre qui se rapprochoil de celui des Radioliles.
Je propose de donner le nom à'Hipponix à ce genre dont
voici les caractères:
Cocjuille unwalve , non spirale, conique , concave et simple en
dessous, à sommet porté en arrière ; support adhérent , impression
musculaire en fer à cheval, tant dans la coquille que dans le
support.
ESPÈCES.
HippONJCE wiT^AiT..Hipponijc mitrata (Patella milrata, Gm.).
Coquille en bouclier, à sommet plus ou moins porté en ar-
rière, et chargée de crêtes circulaires parallèles au bord, attache
semi-circulaire tant dans la coquille que dans son support.
Cette espèce se trouve à l'état frais sur les côtes de la Gua-
deloupe , et je n'ai d'autre certitude de l'existence de son sup-
port, que parce que j'en ai trouvé un attaché sur une coquille
qui en dépend.
HippONiCE CORNE d'abondance. Hipponix cornucopia. {Pa-
iella cornucopia , Lam.)
Coquille conique, à support adhérent, à sommet porté en
arrière, chargée de petites côtes rayonnantes du sommet jus-
qu'au bord, et coupée transversalement par des stries parallèles
à ce dernier; très-forte impression musculaire dans la coquille et
dans le support.
Cette espèce, que l'on trouve dans la falunière de Hauteville,
parvient jusqu'à la longueur de 3 pouces sur 2 pouces -j de
largeur. Quelques-uns de leurs supports ont plus de 2 pouces
d'épaisseur; les bords de la coquille sont amincis en biseau;
mais souvent ils sont très-irréguliers. l-'ouverture est ovale; mais
elle est presque toujours échancrée dans sa partie postérieure;
la coquille des plus grands individus est en général régulière;
mais en suivant les stries d'accroissement, on voit qu'étant plus
jeune, elle avoit été souvent très-irrégulière , ce qui vient sans
doute de ce que le jeune Mollusque s'étant trouvé à sa naissance
porté par hasard sur un corps irrégulier, avoit été obligé en
commençant sa coquille et son support, de suivre les formes
de ce même corps, et que ce n'éloit qu'après avoir porté plus
abondamment de la matière calcaire dans les endroits qui s'éloi-
gnoient le plus du plan régulier que l'un et l'autre prçnoient
leur régularité.
2l5 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE C IF I M I E
Les coquilles de celle espèce , ainsi que la partie de leurs
suppoils sur laquelle a été attaché le muscle adducteur, sont
de la nature des Volutes, des Porcelaines et autres semblables
qui oui la faculté de disparoîlre entièrement dans certaines lo-
calités où elles ne laissent que leur empreinte et leur moule
intérieur, tandis que les supports sont de la nature des coquilles
des huîtres qui ne disparoisseul jamais, en sorte que l'on ren-
contre beaucoup de ces derniers dans lesquels la partie qui se
trouvoit sous le muscle adducteur a disparu, et a laissé ua vide
en forme de fer à cheval.
Celles de ces coquilles que Ton trouve à Grignon, et dans
d'autres endroits aux environs de Paris, sont de moitié plus
petites que celles que l'on trouve à Hauteville, et l'on voit dans
les collections des coquilles à l'état frais que l'on peut regarder
comme leurs analogues.
L'individu que j'ai trouvé sur son support, dépend de celte
espèce, mais l'on peut croire que l'intervalle étroit où il a pris
son accroissement , ne lui a pas permis de se développer, et
surtout de prendre toute l'élévation qu'il auroit pu prendre ;
ses bords, au lieu d'être amincis en biseau, sont épais et comme
repliés en dedans; c'est peut-être aussi celle gêne qui a été
cause que le support a pris très-peu d'épaisseur.
HipcoNicE DILATÉE. Hippoiiix dilatata. ÇPutella dilatata, Lam.)
Coquille conique, aplatie, rugueuse, à support adhérent, à
base sub-orbiculaire et à sommet incliné.
Les coquilles de cette espèce ont environ un pouce de lon-
gueur, et ont de très-grands rapports avec l'espèce précédente;
mais elles sont moins épaisses et leur forme est plus alongée.
Les supports que l'on peut présumer qui leur appartiennent ,
puisqu'on les trouve dans les mêmes lieux, sont plus feuilletés
et en général beaucoup plus minces; l'impression musculaire
y est moins marquée et plus étroite.
On trouve encore à Haulevillc des supports qui, sur 637
lignes de diamètre, ont quelquefois jusqu'à 2 pouces de hauteur;
les Mollusques qui les ont formés avoient la faculté de changer
un peu de place ; au lieu d'ajouter à leur support des couches
placées immédiatement les unes au-dessus des autres, ils ont
formé de petites calottes qui adhèrent seulement par leur base,
et qui s'écartent quelquefois de la ligne perpendiculaire par
un intervalle d'environ une ligne qui se trouve entre chacune
d'elles, en s'appuyant sur le corps contre lequel elles sont at-
tachées. J'ai vu de pelils supports qui se sont attachés, et pour
I
ET d'hI STOIRE N ATURELLE. 2ïg'
ainsi dire promenés de celle façon sur d'autres plus gros. Je
pense que ces supports ont été formés par l'animal auquel a
appartenu une très-jolie espèce de coquille finement striée, à
laquelle j'ai donné le nom d'Hipponice deSowerby, H. Sowerbj,
et que l'on trouve dans la même falunière. Elle est Irès-aplalie ,
son sommet est porté en arrière, et elle porte une forte im-
pression musculaire dans son intérieur ainsi que les supports.
Je ne doute nullement que parmi les coquilles qui peuvent
entrer dans le genre Cabochon , il ne s'en trouve beaucoup
qui devront entrer dans celui dont je viens d'assigner les ca-
ractères; mais il faudra que les occasions se présentent pour
être assuré de l'existence des supports. Malheureusement ce
n'est que la valve libre que les flots rejettent le plus ordinai-
rement ; et les supports ne présentent pas des forme assez remar-
quables pour les faire recueillir par ceux qui recherchent les
coquilles sur les rivages.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. I. HippoNiCE corne d'abondance (Def.). — i a. Id. vue du
côté de la bouche. — ib. Son support vu en dedans. — i c. Id.
vu de profil. — id. La même espèce posée sur le support
où elle a été trouvée. — i <?. Id. vue en dedans. — if. Le
support vu en dedans.
Fig. 2. HippoNicE de Sowerby (Def.). — ia. Son support pré-
sumé vu en dedans.
Fig. 5. HippoNicE dilatée (Def.). — 5a. Id. vue en dedans.
— SZi. Son support présumé vu en dedans.
Fig. 4- HippoNicE mitrale (Def.). Palella mitrata (Gmel). Co-
quille non fossile sur laquelle se trouve attaché un support.
220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
TRAITÉ DE GÉODÉSIE
5
Ou Exposition des Méthodes irigonoinétriques et astro-
nomiques applicables , soit à la mesure de la Terre ,
soit à la confection des Cartes géographiques et topo-
graphiques j
Par L. puissant,
Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis , Officier
supérieur au Corps rojal des Ingénieurs-Géographes , etc.
Deux vol. ia-4''. Deuxième édition. APari.s, chez M"" Y' Courcier, Imprimeur-
Libraire, rue du Jardinet.
LoRSQuic le célèbre Borda eut inventé le cercle répétiteur,
les théories et les méthodes géodésiques qui servent de fon-
dement à la mesure de la terre, et à la construction des grandes
caries, furent portées en France à un si haut degré de perfec-
tion pardifTérens géomètres, qu'il devint nécessaire de les coor-
donner entre elles, pour en former un nouveau corps de doc-
trine utile à ceux qui sont appelés à les mettre en pratique,
et qui aspirent à une grande précision. C'étoit dans ce but que
M. Puissant avoit publié, dès i8o5, un Traité de Géodésie à
l'usage des officiers du Dépôt de la Guerre et des géomètres
du Cadastre; mais depuis cette époque, cet ingénieur a pu ap-
profondir plusieurs points imporlans de la Science, et profiler
des leçons de l'expérience pour améliorer son ouvrage. La se-
conde édition qu'il en offre aujourd'hui au public , et qui a
été honorée de l'approbation de l'Académie royale des Sciences,
est en effet rédigée sur un plan lout-à-fait neuf, et avec un
tel soin , qu'elle a été jugée propre à compléter l'instruction
des élèves de l'Ecole Polytechnique, admis à l'Ecole d'Applica-
tion des Ingénieurs-Géographes.
Le principal motif pour lequel l'auteur est revenu sur son
premier essai en ce genre, tient à ce que le Dépôt de la Guerre
est chargé de l'exécution d'une nouvelle Carte du Royaume ap-
propriée à tous les services publics , et qu'il importe , pour as-
surer le succès des opérations sur lesquelles doit s'établir ce
grand
ET D HISTOIRE NATUntLi.£. 2JI
grand monument lopograpLique, de propager les meilleures mé-
thodes géodësiques.
Celte seconde édition , dont M. le marquis de Laplace a bien
voulu agréer l'hommage, forme maintenant deux volumes. Le
premier renferme des notions d'Astronomie indispensables pour
ia parfaite intelligence des grandes opérations géodésiques; uq
Traité analytique de Trigonométrie rectiligne et sphérique très-
élendu, et enrichi de formules nouvelles; les descriptions du
cercle de Borda et du Théodolite répétiteur; la mesure des
angles éludes bases; les calculs d'un arc terrestre et des posi-
tions géographiques des points fondamentaux d'une Carte; la
détermination des différences de niveau, en supposant la terre
sphérique, ou eu la considérant comme un ellipsoïde de ré-
volution; plusieurs formules géodésiques nouvelles; enfia l'éva-
luation des grandes surfaces.
Pour joindre les exemples aux préceptes, et rendre cet ou-
vrage d'une utilité plus générale, l'auteur s'est attaché à donner
des types détaillés de toutes les opérations numériques les plus
usuelles, et à abréger les calculs au moyen d'un grand nombre
de tables. Il a aussi exposé les méthodes particulières et géné-
rales d'interpolation des lignes trigonométriques, pour les cas,
fort rares à la vérité, où l'on est obligé d'employer les grandes
tables de logarithmes.
Le second volume comprend les théories et les méthodes as-
tronomiques usitées en Géodésie. On y trouve, par exemple,
divers problèmes résolus à l'aide des Tables de la Connais-
sance des Teins et de celles du soleil; des démontrations nou-
velles et fort simples des formules de parallaxe, de précession,
d'aberration et de nutation; quelques notions de dioptrique qui
expliquent les effets des lunettes astronomiques ; l'exposé des
méthodes relatives à la détermination de la marche d'une pen-
dule, ainsi qu'aux observations de latitude et d'azimut; la des-
cription et l'usage de la lunette méridienne. L'auteur indique
aussi les différens moyens employés par les astronomes pour
déterminer les longitudes terrestres; il démontre à cette oc-
casion, les formules que l'illustre Lagrange a proposées pour
calculer les éclipses sujettes aux parallaxes, et il est pr.rvenu
à les simplifier de manière à les rendre susceptibles d'être éva-
luées aisément parles logarithmes; ce qu'aucun géomètre n'avoit
fait avant lui.
Ces matières sont suivies de l'analyse des hautes questions
de Géodésie; telles sont celles qui ont rapport aux triangles
Tome LXXXVIII. MARS an 1819. Ff
^22- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
traces sur un ellipsoïde de révolution, ou sur un ellipsoïde îr-
regulier peu différent d'une sphère; à la déterminalion de la
figure de la terre par les mesures géodésiques et les obser-
vations du pendule; enfin à la mesure des hauteurs parles ob-
servations barométriques. Pour répandre plus d'intérêt sur celte
dernière partie de son travail, M. Puissant a exposé avec Iç plus
de clarté possible, les théories qu'il a extraites , soit de la 3Ié-
canujue céleste , soit de plusieurs Mémoires de M. Legendre
et de M. Poisson.
Par l'étendue qu'il a donnée à son sujet, l'auteur s'est trouvé
obligé de réserver la théorie des projections des Caries pour
Ja seconde édition du Tiailé de Topograplnc qu'il se propose
de publier incessamment, et qui recevra aussi des modifications
importantes. Ces deux ouvrages contiendront ainsi tout ce qui
a rapport aux plus simples opérations de l'arpentage , et aux
questions les plus élevées de la Géodésie.
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE
DE PHARMACIE THÉORIQUE,
D'APRÈS L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE;
Par J. B. CAVENTOU,
Pharmacien desHôpitauxciyils de Paris, Membre de plusieurs Sociétés savantes.
•^Unvol. iu-8° de 720 pag., avec gravures. Paris, chez Colas, rue Dauphine.
EXTRAIT Par M. H. GAULTIER de CLAUBRY.
I
La Pharmacie est intimement liée sans doute à la Chimie
et ces deux Sciences n'en faisoient même qu'une dans l'origine
mais depuis long-temps elles ont dû se séparer; et la Chimie
singulièrement étendue par des découvertes successives, n'a pu
être pour le pharmacien qu'un auxiliaire plus ou moins impor-
tant. Vouloir donc que le pharmacien soit chimiste dans l'ac-
ception la plus étendue de ce mot, c'est lui faire suivre l'utile
pour le nécessaire; la Chimie, nous le répétons, ne peut man-
quer de rendre de grands services à la Pharmacie, et de donner
à ceux des pharmaciens qui la suivent avec succès, de nouveaux
moyens d'avancer leur art; mais comiiie un homme ne peut à
ET d''iIISTOIRE naturelle. 323
la fois cultiver toutes les sciences, il floil se borner à Lien con-
noître celles qui lui sont indispensables , en tâchant d'acquérir
dans celles qui ne sont qu'utiles, les seules connoissances qu'il
lui soit permis de désirer. En admettant les principes contraires,
armacien devroitètre un homme universel; il faudroit qu u
sût parfaitement son art; puis la Chimie, pour connoilre l'ac
le ph
tion des corps les uns sur les autres; la Botanique, qui lui est
encore indispensable pour les simples dont il fait usage; 1 His-
toire naturelle des végétaux et des animaux , la Minéralogie ,
la Physique, et pour bien entendre celle-ci, les Mathématiques;
sans se borner à l'Arithmétique , mais aussi la Géométrie et
l'Algèbre, ainsi que l'indique M. Cavenlou, quoique nous croyons
bien que l'on puisse faire une potion sans Algèbre, et un em-
plâtre sans Géométrie; un proverbe très-vulgaire , mais qui n en
est pas moins vrai pour cela, dit que, qui trop embrasse, mal
étreini ; c'est, à notre avis, ce que l'on peut répondre aux par-
tisans du système dont nous parlons. Nous sommes loin de vouloir
enipécherles pharmaciens de se livrera l'étude des sciences qui,
nous le répétons, doivent être pour eux un puissant auxiliaire,
mais nous croyons que si la théorie peut avoir des avantages
dans quelques cas, la pratique en a de bien plus grands encore,
et que tel élève en Pharmacie qui sort des bancs avec une tein-
ture de Chimie , et beaucoup d'idées de son savoir, seroit fort
embarrassé pour faire de très-simples préparations pharmaceu-
tiques. Il faut tout réduire à sa juste valeur, et savoir se con-
server en équilibre au milieu de deux excès opposés : la routine
qui ne veut voir que la pratique et méprise la théorie ; celle-ci
qui compte pour rien la pratique; mais nous avons lieu d'être
surpris, qu'en adoptant un système particulier, M. Cavenlou
n'ait pas su conserver la retenue que l'on doit toujours mettre
dans une discussion , et qu'il ait inventé un ridicule sobriquet
pour désigner les adversaires de son opinion.
A cette occasion, nous remarquerons aussi cette singulière
affectation de vouloir mêler à des objets de science, des idées
qui n'y ont pas le plus léger rapport; comme Y enseignement
mutuel et la propagation des lumières que M. Cavenlou a su
amener dans un ïrailé sur la Pharmacie; c'est un des plus grands
ridicules de notre siècle, mais il faut savoir le flétrir partout
où on le retrouve.
Nous ne nous permettrons pas de juger l'ouvrage de M. Ca-
ventou sous le rapport pharmaceutique, c'est à des personnes
de cette professioa qu'il appartient de le faire j nous nous boi'-r.
Ff 2
324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
lierons à c|iiclc|iies observalions générales sur les objets qui onî
un rapport plus intime avec la Chimie.
L'ouvrage est partagé en trois divisions :1a première renferme
des notions générales sur la récolle et la conservation des mé-
dicamens, les corps simples et l'eau; la seconde comprend les corps
organiques , qui sont séparés en végétaux et en animaux, sous
les noms de Pharmacie botanique et zoologique; dans la troisième,
l'auteur s'occupe des combustibles et des métaux, c'est ce qu'il
appelle la Pluvinacie inorganique.
On a proposé plusieurs classifications pour les substances
■vcgclales et animales simples , et aucune d'elle n'a encore été
définitivement adoptée, à cause des changemens fréquens que
les travaux de la Chimie apportent dans la nature des corps.
M. Cavenlou en adopte une toute particulière; il range dans
une première classe, les matériaux immédiats des végétaux con-
tenant de l'hydrogène, de l'oxigène et du carbone; dans la se-
conde, celles qui renferment de plus de l'azote, et enfin dans
la troisième, les matières colorantes.
Quoique cette classification ait le désavantage de réunir dans
la même classe des substances de propriétés tout opposées ,
comme les acides, le sucre et les huiles, nous n'aurions peut-
être fait aucune observation sur son emploi, si M. Cavcntou
n eût adopté une nomenclature bizarre que M. Desvaux a pro-
posée et que personne , que je sache, n'avoit pensé à admettre;
On a d'autant plus lieu d'être étonné que M. Caventou l'ait adoptée,
qu u en a fait autrefois une critique raisonnée.
Quand des corps sont connus depuis long-temps et désignés
par des noms généralement usités, que signifie l'idée de les
changer pour leur en donner d'autres aussi iusignifians et qui
De présentent aucun avantage?
Ainsi pourquoi changer le nom d'amidon en amidonile, celui
de gomme en gommite, celui de fécule en fécullle, celui de
sucre en saccharinite, d'huile volatile en aromite, de résine en
resuule, etc. A force de vouloir rendre la nomenclature expres-
sive, on la rend inintelligible, et c'est ce à quoi l'on est déjà
parvenu dans beaucoup de cas ; si l'on continue à suivre un
semblable système, une phrase toute entière ne suffira bientôt
plus pour le nom d'une substance, et une classification métho-
dique demandera des volumes entiers.
Dans la formation de l'eau au moyen de l'appareil de Lavoisier,
il ne faut pas introduire à la fois les deux gaz dans le ballon;
une épouvantable explosion auroit lieu, cl l'opérateur courroit
ET d'histoire naturelle. 225
les plus grands dangers ; le ballon doil-être rempli d'oxigène,
cl l'on ne doit faire arriver l'hydrogène que quand le courant
d'étincelles électriques est déjà excité, afin que le gaz brûle à
mesure qu'il arrive.
A propos de synthèse, nous trouvons dans deux endroits de
l'ouvrage de M. Caventou, que, pour les substances du règne
minéral, la Chimie a pu, dans un grand nombre de cas, re-
composer les corps que l'analyse avoit détruits, mais que, pour
les corps organisés « il est impossible de trouver les moyens
de les mettre dans des circonstances propres à les créer, » et
que t( nos connoissances à cet égard , sont et resteront pro-
bablement long-temps ensevelies dans le néant. »
Que la Chimie parvienne à former du sucre, de la gomme
et d'autres substances semblables, cela n'est point étoimantj
ce sont pour ainsi dire des corps inorganiques dans les êtres
oiganisés ; mais qu'elle puisse créer un végétal ou un animal , c'est
ce que, malgré tous les pi-ogrès des lumières, elle n'atteindra
jamais; ce n'est pas l'hydrogène, l'osigène, le carbone et l'azote
qui forment les corps organisés, ils n'en font que la charpente;
c'est le principe de la vie qui les anime, et qui ne sera jamais
au pouvoir de l'homme, malgré la perfectibilité indéfinie.
Dans l'analyse des substances végétales par la distillation ,
M. Caventou indique de séparer le gaz oxide de carbone et
l'hydrogène carboné par la détonnation avec l'oxigène ; on ne [>eut
y |iarvenir qu'en connoissant la pesanteur spécifique du mé-
lange gazeux.
L'action que l'acide sulfurlque exerce sur les huiles mêlées
d'amidon, de sucre, etc., ne peut servir à caractériser une huile
fixe; les huiles volatiles jouissent aussi de la même propriété.
Il est difficile de concevoir l'assertion de M. Caventou sur
les propriétés des pâtes de jujubes et de guimauve ; dire que
la guimauve et les jujubes rendent ces préparations moins belles
et plus altérables, cela peut se concevoir; mais dire qu'elles
diminuent la qualité du médicament, c'est ce qui paroit fort
singulier , les propriétés de ces substances étant adoucissantes. _
En rapportant les expériences de Kirschoff sur la formation
du sucre, M. Caventou donne une conclusion toul-à-fait con-
tradictoire aux expériences elles-mêmes.
Quand l'élher contient de l'alcool, ce n'est pas par le moyen
du muriate de chaux que l'on peut l'en séparer, mais en lavant
l'éther avec Teau et le distillant ensuite sur du muriate de chaux..
226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Ce n'est pas M. Proust , mais M. Proul qui a découvert YacUie
purpurique.
Depuis que l'on a admis que l'oxigène n'e'toit pas le seul corps
comburant, on a reconnu pour acides, des composes contenant
de riiydrogène pour principe acidifiant; on en a fait la classe
des hjdracides, mais personne jusqu'ici n'a admis des Jluor-
acides, etc., dont M. Caventou parle.
Quand on a obtenu de l'acide borique , en précipitant une
dissolution de borax par l'acide sulfurique, l'acide boricjue ob-
tenu relient toujours beaucoup de lacide précipitant, et alors
il cristallise en larges écailles; on ne peut l'obtenir pur qu'en
le faisant fondre et le dissolvant j il cristallise alors en très-
petites écailles.
Dans plusieurs endroits de son livre, M. Caventou exprime
la pesanteur spécifique d'un corps par le signe de son degré
de température, ce qui pourroil donner lieu à des accidens ,
par exemple, en se servant d'acide sulfurique cbaud à 66°-f-o,
au lieu d'acide à 66 de l'aréomètre.
Parmi tous les procédés pour préparer l'acide pliospborique,
le plus avantageux peut-être est celui qu'a indiqué M. Dulong,
et qui consiste à décomposer le phosphate de plomb par l'hy-
drogène sulfuré.
Pour distiller l'acide sulfurique sans courir de dangers, il
faut, comme M. Gay-Lussac l'a indiqué, mettre un fil de platine
dans la cornue , et faire rendre le col de la cornue dans le ballon
sans alonge.
Pour que le charbon absorbe des gaz, il faut qu'il ait été
chauflë au rouge et refroidi sous le mercure.
Le chlorure d'azote ne détonne pas par le choc; c'est un li-
quide que l'on ne peut soumettre à ce genre d'expériences; la
moindre agitation suffit pour en déterminer ladétonnation; quel-
quefois même il détonne seul.
Le gaz nitreux et les vapeurs intenses rutilantes ne sont pas
la même chose; celles-ci sont de l'acide uitreux produit par
l'action de l'oxigène sur le gaz nitreux.
L'acide nitrique ne fait pas passer l'oxide jaune de plomb à
l'étal de minium , mais à celui d'oxide puce.
Les hydro-flu.ales ne sont pas décomposés par la chaleur; ils
ne peuvent être convertis qu'en fluorures.
Il y a deux sels liquides sans contenir d'eau , ce sont deux
SOus-fluoborales • d'ammoniaque.
La nouvelle nomenclature qui , comme nous le disions plus
KT d'histoire NATIJRELLïr 237
liaut, donne des phrases pour le nom d'une suLslance, exige
beaucoup d'habitude pour ne pas faire d'erreurs. M. Cavenlou
dit souvent carbonate, sulfate de magnésium, etc., pour car-
bonate d'oxide, ou simplement de magnésie, etc.
M. Sementini avoit, long-temps avant M. Pelletier, fuit cou-
nojlre l'action de l'oxide phospliorique sur le curcuma.
Quand le potassium agit sur l'eau, et dégage de l'hydro-
gène, ce n'est pas le métal qui s'enflamme, c'est le gaz hydro-
gène qui se dégage.
Le natron et la soude d'Alicante, ne sont pas la même chose;
le natron s'efTleurit à la surface des terres en Egypte, la soude
d'Alicante s'obtient par la combustion de quelques plantes
marines.
L'iode n'a été extraite jusqu'ici que de la soude de varecs;
on n'en a pas rencontré dans les autres espèces de soudes.
Le sous-carbonale de soude n'est pas décomposé par la chaleur;
ceux de potasse et de baryte partagent seuls celte propriété.
M. Cavenlou a donné au lilhion le nom de Ulhmium ; nous
croyons que celui de lithium qu'on lui a déjà donné, vaut
mieux. Au surplus , il est aussi désigné dans l'ouvrage dont
nous parlons, par les noms de lithion et même de hihiane.
IjC peroxide de manganèse n'est jamais transformé en pro-
loxide par la chaleur, il n'est réduit qu'à l'état de deuloxide.
Si l'on étoit -obligé d'obtenir l'acide chromique par le moyen
du chromate de plomb, comme M. Cavenlou l'indique, il ne seroit
pas possible d'en préparer: heureusement, on peut l'extraire du
chromate de fer que l'on trouve abondamment dans la nature.
Il en est de même de l'acide tungstique que l'on extrait du
lungstate de fer , et non de celui de chaux , qui est extrême-
ment rare.
Nous ne savons quelle différence il y a entre lartrale de
potasse antimonié et tartrala de potasse et d'antimoine , que
M. Cavenlou donne commj deux sels diiférens.
Dans tout le cours de son ouvrage, M. Cavenlou a adopté
la nomenclature actuellement eu nsage; nous ne savons pourquoi
à l'article Antimoine , il parle toujours d'oxide majeur et mineur.
Jusqu'ici nous ne savons pas que l'on ait combiné l'iode avec
l'argent et l'or; M. Cavenlou parle cependant de ces combi-
naisons.
Nous sommes obligés de dire aussi que l'ouvrage de M. Ca-
venlou csl rempli de fautes lypographiques, et que dans beaucoup
228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
d'cndroils on remarque des négligences de sljle tout-à-fait im»
pardonnables.
Si nous avons relevé avec un peu de sévérité les inexactir-
tudes que nous avons remarquées dans l'ouvrage de M. Cavenlou,
c'est que nous sommes persuade que c'est par trop de promp-
titude dans son travail, qu'elles lui ont échappé : connue par
plusieurs travaux remarquables, on ne peut douter que M. Ca-
venlou n'ait approfondi le sujet qu'il a traité.
ANATOiMIE D'UNE LARVE APODE
TROUVÉE DANS LE BOURDON DES PIERRES j
Par mm. LACHAT it AUDOUIN.
Lue à la Société Philomalhique , le 22 août 1818.
L'histoire de l'insecte imparfait est en général l'histoire de
ses plus longs momens. Echappé de sa demeure primitive , il
mange un temps, s'abstient un autre, se repose ou se meut,
assouplit son industrie à ses besoins, et marche ainsi par nuances
interrompues vers d'autres goûts et d'autres mœurs. Si sa mère
l'a déposé dans quelque autre animal, il peut y vivre sans soins
et sans mouvemens , et se préparer avec sa peau détachée et
durcie, une retraite assurée pour les époques critiques.
Une Larve blanchâtre, très-molle et sans pieds, fut trouve'e
(le 7 juillet 1818) entre les ovaires, au-dessus de l'estomac ,
entre celui-ci et l'aiguillon et sous le vaisseau dorsal d'un
Bourdon des pierres dépourvu de graisse; elle avoit onze an-
neaux, un long col, une bouche, deux lèvres, deux crochets
et des mamelons divers , dépendans de la peau. Le reste de
son corps étoit renflé, un peu sillonné en dessus et en dessous,
par une série longitudinale de points groupés ordinairement
trois par trois, sur les côtés de chaque anneau, lui-même légè-
rement étranglé. L'extrémité opposée à la bouche, correspondante
au rectum du Bourdon, avoit un anus fendu verticalement,
et deux plaques latérales plus élevées, voisines l'une de l'autre
pt très-curieuses pour leur organisation et leur importance.
Jusqu'ici
ET d'histoire PfATURELLE. 22g
Jusqu'ici lout resloit immobile. On mit la larve dans l'eau,
tout prit du mouvement; ses lèvres, ses crochets, les mamelons
saillans autour d'eux, le col et trois canaux dont deux parois-
soient au bas de celui-ci, et le troisième, naissant entre les
crochets, alloieat en zigzags se confondre avec deux masses
blanches disposées comme les circonvolutions d'un cerveau hu-
main. Le col disparoissoit quelquefois lout entier. L'estomac
plein de grumeaux jaunâtres , et doucement agité par des on-
dulations, alloit en replis plus étendus et plus mouvans, im-
primer ses impulsions au bout postérieur du corps qui rentroit
ou ressortoit alternativement.
L'eau n'étoit plus transparente. On en changea pour mieux ob-
server. Comme la seconde éloil fraîche, elle engourdit la Larve,
presqu'aussitôt ranimée par des rayons solaires concentrés, ou
bien par des atomes échappés de la graisse et des intestins ar-
rachés au Bourdon des mousses et plongés dans ce liquide. Elle
senibloit saisir avidement ces débris , et rejeloit quelquefois par
l'anus, sous forme de rubau quelque temps continu, une sorte
de nuage blanchâtre.
Trois jours et trois nuits s'éloient passés , constamment dans
un milieu qui n'étoit point fait pour elle, elle devenoit de moins
en moins active. On avoit pu suivre sa bouche , son anus ,
son canal digestif et ses trachées. La nature , agissant à découvert,
enlr'ouvroit une carrière à la Physiologie, et la mort de la Larve
alloit détruire ou confirmer ce qu'on avoit entrevu , ajouter
aux faits connus, ou en dévoiler de nouveaux.
Enveloppes générales.
Deux membranes recouvrent tout son corps, l'une extérieure
et l'autre interne. La première, en grande partie connue par
la description précédente , confondue avec les lèvres , attachée
aux crochets et autour des éminences marron du bout obtus du
corps, est libre dans le reste de son étendue, pins lisse en
dehors qu'en dedans, semblable à un parchemin très - fin et
mouillé, elle paroît chagrinée vis-à-vis la lumière.
Après une longue macération, ses plis principaux ne se sont
point effacés.
La secoade, extrêmement mince, parsemée de trachées nom-
breuses, se fixe aux mêmes points que l'extérieure, tt <Ie plus,
à l'enlour d'une sorte de perle, située vers la fin de l'estomac,
elle se réduit dans l'eau et l'esprit-de-vin eu uu tissu cellulaire
brunâtre.
Tome LXXXFIII. MARS an 1819. Gg
230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CniMir:
Ces enveloppes forment les deux mamelons saillans au-dessus
de la bouche, parallèles enlre eux et à la longueur du corps,
ainsi que les f'roncemens ine'gaux qui entourent la Larve lors-
qu'elle se meut.
Organes de la digestion.
On trouve à la bouche deux crochets et deux lèvres. Les pre-
miers sont latéraux, d'un brun-jaunàtre, comprimés, plus larges
à leur moitié postérieure qu'en avant, où ils sont terminés par
une pointe doucement infléchie en dehors, arrivant petit h petit
depuis une brusque échancrure du bord inférieur. L'extrémité
postérieure est étroitement unie aux tégumens , au tube digestif
et aux dernières divisions des trachées. Non loin de cette base
ils ont entre eux une sorte de pivot très-grêle, transversal, con-
cave en avant , dur et corné comme eux, qui les tient éloignés et
devient le centre de leurs mouvemens, dont les uns ont lieu
de haut en bas et les autres latéralement; ceux-ci plus étendus,
ne permettent cependant point aux bouts des crochets de se
mettre en contact.
Les lèvres placées horizontalement entre les crochets, sont
moins avancées, molles à leur base, et bordées d'une ligne qui
paroît être cornée; la supérieure est arrondie, et l'inférieure,
moins large, est un triangle inéquilatéral. Pendant l'action des
crochets, elles s'éloignent où se rapprochent, et jouent lente-
ment de bas en haut et de haut en bas.
I/œsophage naît de leur base , marche suivant sa ligne moyenne,
du col entre le sommet des trachées, sur le canal salivaire ;
descend entre les deux branches de celui-ci, et fournil, peu
après, insertion à deux poches sphériques , par des filamens
très- grêles et semblables à de petits vaisseaux Inférieurement
accolées l'une à l'antre, opaques et très-blanches, ces poches
donnent naissance, du côte gauche, à un prolongement très-
court, en foime de doigt, embrassant leur côte antérieur, en
se porlaht à droite; après la seciion, leur cavité parut vide,
et les parois solides en conservèrent la forme et lélendue.
I. "œsophage, glissant au-dessus de leur union, ne fail plus
de là que peu de chemin; sans rides et de même largeur depuis
son orignie, il fînil et l'eslomac commence. Cet organe se rei fie
tout à coup en lêle, se rétrécit en col, s'clatgil peu à peu,
et devient la plus large et la plus longue porlion «les înleslins.
On trouve .n sa naissance , et dans s(Mi intérieur, une s.-iiilie
formée par des ûbrus^ sans duule musculeuses et très-analoyues
ET d'histoire naturelle. a3i
aux valvules qui se rencoiilrenl là , dans les insecles parfails.
Bientôt il se recourbe en un coude tourné en haut , descend
un peu en avant , et forme un second coude tourné à droite,
vis-à-vis le milieu du corps, se dirige en travers. Revenant sur
lui-même, il se ploie en anneau rompu, et s'alonge vers la
partie postérieure droite où son diamètre diminue. C'est là qu une
petite sphère s'appuie postérieurement contre sa surface exté-
rieure. Un peu déprimée , argentée et brillante , elle a deux
faces séparées par une arête oii s'attache l'enveloppe générale
intérieure. Elle n'est pas diflicile à briser, et ressemble au dedans
à un morceau d'amidon mouillé , ne conservant qu'une légère
humidité. On a cru voir autour d'elle, quelques restes de vais-
seaux grêles, blanchâtres, entremêlés ensemble. L'estomac va
se rétrécissant , et donne naissance à deux vaisseaux opposes.
Chacun se divise presqu'aussitôt en deux branches qui, réunies,
auroient plus que le diamètre de leur tronc. Elles montent ,
en replis onduleux et variés , vers les premiers anneaux du
corps. L'une rebrousse chemin, revient sur elle-même jusqu au-
près du milieu de sa longueur. Enfoncée dans ses premiers replis,
elle s'y termine et se trouve alors entourée par un grand nornbre
de fines trachées. Les autres branches ont la même terminai-
son, et comme elle, sont remplies de grains miliaires, jaunâtres,
dune finesse extrême, en général placés trois par trois sur une
ligne oblique , et qui , après trente heures de macération dans
l'eau et dans l'esprit-de-vin, ont paru comme enchaînés à quelque
dislance par une membrane transparente, paroi fragile de ces
vaisseaux, qui, au récit de Swammerdam , chassent les ma-
tières qu'ils renferment, par des contractions réitérées assez fortes.
Leur tronc s'ouvre dans le canal alimentaire, où il marque
le terme de l'estomac et l'origine du colon, qui poursuit son
cours par plusieurs légères inflexions et deux plis , dont le
principal est à gauche; il se redresse sous le nom de rectum,
remonte et se termine à l'anus, étant bridé par àe\x^ faisceaux
latéraux , dont la nature paroît musculeuse, et la fonction propre
à faciliter la sortie des excrémens; là, comme à l'estomac, il
est ridé transversalement; là, le glissement de la membrane
extérieure et musculaire, permet d'en voir une seconde, inté-
rieure, très-fine, transparente, ne revenant pas sur elle-même
après la section.
La teinte de l'intestin depuis les vaisseaux aveugles jusqu a
l'anus , est absolument la même que la teinte de ces derniers ,
parce qu'il renferme des grains miliaires toul-à-fait semblables,
Gg 2
2d2 journal de PHYSIQtlK, DE CIIIIHIE
mêles néanmoins dans la première lipjne du colon avec les gru-
meaux de l'estomac, irréguliers et plus jaunes. Ces difl'érences
de forme et de couleur survenues à ces matières, en supposent
bien d'autres dans le rôle de ces organes, ou de ces portions
d'organe, dont les produits intéressent à la fois la Pi)ysiologie
et la Chimie.
En examinant un autre appareil situé sous le précédent, on
est embarrassé pour en déterminer exactement la naissance el
la nature. 11 mesure la moitié antérieure de l'œsophage, se dilate
cl se divise en deux branches plus grosses, moins tr;insparenles
que leur tronc , et qui s'engagent entre l'estomac el les vaisseaux
aveugles. Au soleil, dans l'eau cl au foyer d'une lampe, elles
paroissent garnies au dedans de pl.iqucs hexagonales, presque
contniues entre elles, obliquement alignées cinq par cinq , blan-
châtres sur leur bord, diaphanes au centre, très-petites et gros-
sissant tout à coup, dès le premier cinquième de leur branche.
rAles sont probablement dues à une membrane intérieure, sem-
blable à celle que l'on trouve dans certains canaux de la ma-
trice des insectes parfaits. En démontrant l'idenlilé de leur
vaisseau el du canal soyeux de la chenille , on prouvera claire-
ment leur analogie avec les plaques qui y sont légèrement ex-
primées par Lyonnet. Celte analogie frappa d'abord Swammer-
oam, qui, par un retour sur lui-même, en (il une dépendance
du système digestif. Le jugement reste quelque temps suspendu
entre le respect qu'on doit à uu grand homme et les véritables
desseins de la nature.
Organes de la respiration.
On voit à la partie postérieure et supérieure du corps delà
larve, deux éminences en forme de rein, dont le côté interne
est concave, le gros bout en bas, la face postérieure d'un marron
clair, bordée d'une teinte noirâtre très-légère , avec un œil rond,
blanc, transparent, central et un peu en dedans. Elle est parse-
mée d'un grand nombre de points de même couleur, disposés
irrégulièrement deux par deux, trois par trois, quatre par quatre,
rapprochés ou confondus par leurs côtés voisins. Chacun d'eux
est composé d'autres points infiniment plus petits, saillans, dont
la plupart sont circulairement arrangés dans leur étroite enceinte.
Ils brillent comme des pierreries agréables, el cet éclat paroît
dépendre des jeux de la lumière qui va frapper le tissu argenté
des trachées, attachées par leur base à la face antérieure con-
cave elblanchâtrc doDl elles circonscriveul l'étendue; les trachées
ET d'histoire naturelle. 2^3
vecoivcnl l'air par ces pelils points, sont doubles et sui' les
côtés du corps où elles s'étendent comme deux arbres taillés
en quenouille, dont les racines seroient fixées à ces éminences,
dont le sommet se termineroit vers la bouche, dont les rameaux
iroient se diviser sur l'enveloppe générale intérieure, et qui,
par d'innombrables ramifications, la plupart à peine perceptibles
à la loupe, ramperoient sur tous les tissus et lieroienl tous les
organes. Quatre, rameaux principaux naissent sur le côté exté-
rieur du tronc, un cinquième s'en échappe en bas, un sixième
en dedans , et tous envoient leurs divisions très-fines à l'en-
veloppe interne. Le sommet de cet arbre figuré s'avance un
peu flexueux, jusqu'à la bouche, et rencontre trois plaques de
chaque côté, vis-à-vis les trois premiers anneaux; deux sont
arrondies, opaques sur leur bord , transparentes au centre. La
première reçoit un rameau gros et court du tronc de la trachée,
laquelle en passant adhère à la face interne de la seconde plaque,
représente avec elle un (p grec, se renfle, forme la troisième,
et distribue presque aussitôt deux gros rameaux à l'origine de
l'œsophage pour se perdre enfin dans les parties voisines, par
des divisions innombrables, et de plus eu plus décroissantes.
Dès sa naissance jusqu'aux premiers anneaux du corps, la tra-
chée est plongée dans une matière très-blanche, arrangée en
cylindres courbés , petits et très-nombreux qui , partagés en deux
niasses latérales par le canal alimentaire , masquent par leur
opacité la plupart des organes. C'est une sorte de tissu graisseux,
peut-être équivaleut par son poids à tout le reste de celte
Larve intéressante, dont le temps et l'observation achèveront
la connoissance. ,
En rassemblant tous ces faits, on trouve qu'elle est compose'e
d'une double enveloppe j d'un double organe pour la respira-
tion , d'une sorte de tissu graisseux abondant ; d'une bouche
où sont deux crochets très-mobiles et deux lèvres, d'un anus
situé au bout d'un canal digestif si étendu, qu'il semble faire
exception aux principes établis sur sa longueur dans les ani-
maux carnassiers; on voit qu'elle a un canal , sans doute analogue
au vaisseau soyeux des chenilles, et par divers rapprochemens,
qu'elle est voisine du Dipodian apiaire de M. Bosc, et surtout
de la Larve d'un Syrphus décrite et figurée par Réaumur (t. IV,
11* Mémoire , pi. 35, fig. 17 et 18). M. Lalreille l'attribue au
Conops rufipes, dont il a va sortir quatre individus du Bourdon
terreslrc.
Il pusseroit donc ses trois premiers âges , e'iroitemeul enfermé
254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
dans un insecte élranorer , s'y nouriissanl de graisse et recueillant,'
comme presque toutes les Larves de Diptères, par des ouver-
tures postérieures , ua air aboudaut qu'un autre auroit ici in-
spiré pour lui !
Déjà M. Duméril avoit fait pressentir que d'après la cour-
bure de son ventre, le Conops devoil déposer ses oeufs dans
le corps de quelqu'autre insecte.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. Afl. Larve de grosseur naturelle vue en dessus,
Fig. Ab. Partie postérieure grossie huit fois et vue en dessus.'^
la. Plaques stigmaliques. — <p. Anus.
Fig. C. J^ue de côté.
Fig. B. Ouverte en dessous. ~- i, i. Enveloppe extérieure.—
2, 2. Enveloppe intérieure. — 5, 3«. Les deux crochets sé-
parés par les lèvres. — 6. Naissance de l'œsophage. — y. Poches
sphériques insérées inférieurement sur l'œsophage. — 8, 8rt. Es-
tomac. — g. Sphère argentée insérée sur l'estomac et donnant
attache à l'enveloppe générale intérieure. — ii. Branches par-
lant de l'un des deux troncs qui naissent à l'endroit où finit
l'estomac et commence le colon. — 12. Rectum. — 1 3. Vais-
seau salivaire présumé l'analogue du vaisseau soyeux de la
chenille, depuis son origine connue. — i3rt. Sa bifurcation.
— 14. Sa terminaison. — if. Tronc des trachées. — ig. Rameau
se dirigeant en bas. — li. Rameau du même tronc se diri-
geant en dedans. — le. Première plaque recevant un rameau
du tronc de la trachée. — i^;?. Deuxième plaque sur laquelle passe
le tronc de la trachée. — ih. Troisième plaque plus alongéç
et plus opaque que les deux autres. — i h. Deux rameaux partant
de la dernière plaque , et se rendant à l'origine de l'œsophage.
Fig. E. Canal alimentaire isolé. — 6. Origine de l'œsophage (ou
a enlevé les poches sphériques situées vers son tiers inférieur).
— 8. Naissance de l'estomac. — 8^. Fin de l'estomac, naissance
du colon. — 9. Sphère argentée. — 10. Portions de vaisseaux
grêles qui se sont montrés autour d'elle. — 11, 11^. Branches
fournies par deux vaisseaux très-courts, naissant à la termi-
naison de l'estomac. — 11 c. Une de ces branches remplie de
grains milliaires que l'on rencontre dans les trois autres. — •
12. Rectum.
ET d'histoire naturelle. 255
Flg. D. Parties dures de la louche. — 3, 5a. Extremile des deux
crochets. — 5. Lèvre supérieure. — 5«. Lèvre inférieure mas-
quant presqu'eii totalité la lèvre supérieure.
Fig. G. Portion du canal saUvaire. — i3rt. Bifurcation du canal
commun. — l/^. Terminaison d'une de ses branches. — '3r. Pla-
ques hexagonales qui paroisseut dues à une membrane in-
térieure.
Fig. H(7. Emineiice stigmatique vue en dehors. — \b. Point blanc
principal, et autres plus petits de même nature, composes
eux-mêmes de petits points blancs transparens.
Fig. Hb. Eminence stiginatique vue en dedans. ( On remarque
le bord interne qui donne insertion au tronc de la trachée.)
Fig. Hc. La même encore en dedans. — i c. Base du tronc de la
trachée s'inséranl à l'éminence sligmatique.
Fig. Ea. Bectum et ses deux membranes. — 12 a. Membrane ex-
térieure ridée et musculaire. — 12b. Membrane intérieure,
fine et transparente. — «p. Anus.
HISTOIRE
Des changemens que l'Qïuf des oiseaux éprouve dans les
cinq premiers jours de l'incubation;
Pak Cur. PRANDER, D. m. (i).
IjE vitellus, nageant dans l'albumen de l'œuf, en est sépare
par une membrane séreuse très-fine qui l'enveloppe , et ne lui
est joint que par les chalazes , comme Leveillé le pense lui même.
(1) D'sserlatio inau^uratis siftens hLtoriam melamor hoseox , quam ovum
inrulatum priiihus qui que dtcbu:. su it. .4m tore Chr. Prander, hi-^a-
Rut ei o , Med.inœ Dnctore Tl^irehurgli , i'^\T.
D'- )iii FabnriiK d'Aquaip idenfe ju-rj-j'iM. D'.irr- chet q m, dans ces derniers
temps s'e»' ncru )e avec beancniii) de «uiTè^ de ce mit i , imu.s avons na
grand nombr- d.- travaux mu- 1p^ chang^ninn- iirs--ï qu'éprouve l'œuf des
oiseaux par l'i (u'iafiinj mais li disserfan m de M. Piaid'V n jus paiousant
aioiit r plusieurs faits nuveaux à ceux true l'en (-ri(inni>3nit dtià, et ^urtnHt
su 11 ricatiirule, la d stiU' tion de rhjrurie de s-'s p.irtit;-, raccnii>-enient
d'-i fœtiile, etr..nnii- ayn.-? cru .Hevir (lni\;ii;r la t'adii:fir)o litif a'e (le toute
Ja partie essentielle. Nous nous bornerons à ajouter que,ddus la préface, l'auteur
23G JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE.^
A la superficie du viiellus, se voit une pelite lâche blanclie ;
nommée cicatricule, qui, quoique connue presque de tous temps
et ayant reçu dillerenles dénominalions , n'a cependant pas en-
core déterminé les observateurs à rechercher avec soin comment,
où elle est placée, et d'où elle provient.
Nous avons observé,
1°. Que la membrane du vitellus dans la région de celle tache,'
est d'une ténuité et d'une transparence remarquables.
a." Qu il y a une grande différence entre la cicatricule des
œufs aptes à l'incubation , et ceux qui ne peuvent admettre
aucune évolution du poulet. Dans ceux-ci la tache paroît plus
pelile, plus blanche, granuleuse et imparfaitement circulaire,
et elle est produite par une petite masse (g/eia) de matière blanche,
quiestadhérenleau reste du vitellus, dans lequel elle est plongée,
et dont elle se distingue principalement par la couleur.
Dans les autres, au contraire, celle tache paroît plus grande,
presque du diamètre de deux ligues, d'un blanc de plomb et
parfaitement circulaire, et le vitellus dans l'endroit qui l'entoure,
forme une petite zone, tantôt plus large , et tantôt plus étroite
dune couleur plus foncée. Mais la tache même est entourée
par un bord plus pâle, qui souvent renferme un autre cercle
plus blanc et plus petit; mais toujours un poiut blanchàlre oc-
cupe le centre de la tache.
nous apprend que c'est à M. le D'Dollinger qu'il doit , non-seulement l'idée pre-
mière de sa dissertation , mais encore la communication la plus généreuse de ses
travaux à ce sujet; et de plus, la participation de M. Dalton , observateur distin-
gue , dont il se plaît à reconnoitre la grande utilité. Enfin , dans l'introduction, il
ajoute qu'il a employé pour l'incubation artificielle des œufs, la machine
inventée par Hollmann , et publiée par Blumenbach; que l'incubation n'a
pas lieu au-dessous de 23° R. , ni au-dessus de Sa", et que chacun des déve-
loppemens n'est point retardé ni accéléré par la diminution ou le degré de
chaleur, mais que cela dépend de la nature particulière des œufs. Ainsi plus
ils sont frais, et plus leur développement est certain. Du reste, M. Prander
termine par indiquer les précautions qu'il a pri,-es dans la dissection des aooo
œufs, et plus, qu'il a observés et qui consistent principalement à les ouvrir
sous l'eau chaude ou froide, et enfin à l'indication des ouvrages qui lui
ont paru les plus approchans de la vérité ; ce sont ceux de Malpighi De
Jo}-matione Pu/li , etc.; de Alb. deHaller, sur la Formation du Cœur dans le
Pou/et ; Spallanzani , de Fenomeni délia CircuL; de Tredern , Diaertatio in-
augiiralis sistens ovi avium Hisloriœ et incubationis prodromus ; et comme
les phis précieuses, les observations de Woltfqui se trouvent en partie dans
son livre sur la théorie de la génération , et en partie dans son Traité de la
formation des Intestins , Cnmm. Acad. Scient, imp. Pétrop. , tomes XII
et XIII. (R.) f r '
' Après
Et d'histoirt: nAturellt:^ 2^7
Après avoir enlevé la membrane du vilellus , on voit aisément
que celle lâche blanche provienl ou est formée par une couche
particulière, composée de 1res- petits grains visibles seule-
raeul à la loupe , formant un disque mince, et qui est placée sur
le vilellus, de telle sorte que par sa superficie interne elle louche
celui-ci, et par l'exlerne la membrane extérieure du vilellus.
Sans sa grande mollesse on enlcveroit avec facilité celle couche,
que nous regarderions volontiers comme une membrane du vi-
lellus sous-jacent, excepté cependant le centre qui adhère plus
fortement à la petite glèbe sous-jacente, semblable à celle que
nous avons trouvée seule et nue dans les œufs inaptes à être
couvés, en sorte que, par une séparation violente, ou la glèbe,
ou la couche membraneuse est détruite. La cicalricule n'est donc
rien autre chose que la superficie extérieure de ce disque, que
la transparence hyaline de la membrane du vilellus permet de
voir; mais le centre plus blanc de la tache dépend aussi de la
glèbe dont il vient d'être parlé.
Les choses étant ainsi , nous distinguons deux parties dans la
cicalricule, savoir :
1°. Le disque où la couche membraneuse.
2°. La glèbe ou petite masse centrale placée au-dessous, que
par la suite, nous nommerons le nucleus de la cicalricule.
Quant à ce qui regarde la couche membraneuse , elle est
d'une grande importance dans toute l'évolution du poulet; car
outre que l'embryon la choisit pour sa place et son domicile ,
elle sert beaucoup par sa substance à sa forme; c'est pourquoi
nous la nommerons par suite Blastoderme (i).
Hailihne heure de l'incubalion. Le nucleus est augmenté , et on
peut le séparer plus aisément du vilellus qui l'entoure; cepen-
dant il est encore cohérent avec le blastoderme.
Le blastoderme est peu augmenté; mais dans son centre, si
on le purge avec soin de la masse du nucleus qui lui est ad-
hérente , on aperçoit un petit point pellucide.
L'albumen s'éloigne de dessus la cicalricule, permettant l'accès
du vilellus à la superficie interne de la coquille.
Douzième heure de l'incubation. Le blastoderme augmenté et
du diamètre de 3 — 4 lignes, adhère à la membrane du vilellus,
en sorte qu'il est enlevé en même temps que celle-ci, laissant
intact le nucleus sous - jacent auquel il adhéroit auparavant.
(i) WolfF est le seul qui en ait parlé.
Tome LXXXFIII. MARS an 1819. Hh
238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Aussi pour qu'on puisse le voir, il est nécessaire de plonger
dans l'eau la porlion de la membrane du vitellus à laquelle il
adhère, et alors il s'en sépare facilement.
Le point pellucide, occupant le centre du blastoderme, est
également augmenté, et sa forme circulaire commence à se
Changer en pyramidale, d'où il arrive que l'on peut déjà dis-
tinguer deux régions dans le blastoderme, l'une interne ou mé-
diane, que nous appellerons avec Wolflf, Yaire pellucide (area
pellucida), et l'autre qui entoure celle-ci, et qui est opaque,
d'où le nom à'aire opaque [area opacea), sous lequel nous la dé-
signons. L'aire transparente permet d'apercevoir clairement le
nucleus blanc de la cicatricule qui est au-dessous, phénomène
qui a été pour Malpighi la cause de grandes erreurs et de ligures
factices.
Mais ce qui mérite une grande attention, c'est la composi-
tion de ce blastoderme de deux couches. En efl'et , avant l'incu-
hation, celle membrane consiste en une simple couche de petits
grains réunis entre eux par leur seule viscosité; mais à mesure
que l'incubation avance, il uaît une nouvelle couche extrême-
luenl mince, quoique d'une structure plus ferme, en sorte que
vers l'époque dont il est question dans ce chapitre, le blasto-
derme peut être divisé par une macération prolongée, en deux
lamelles; l'une interne, primitive, granuleuse, plus voisine du
vitellus, et par la suite la membrane pituileuse (^membrana pi-
tuitosa^, l'externe secondaire, lisse , entièrement homogène et
égale, que nous nommerons membrane séreuse (^membrana serosa').
Ces deux membranes constituent tout le blastoderme , et
existent dans l'aire transparente , ainsi que dans l'opaque ,
avec cette seule différence , que dans celle-ci la membrane pi-
tuileuse est beaucoup plus mince que dans l'aire opaque.
Les halons naissent dans le vitellus. Sous ce nom, on entend
généralement des cercles blancs entourés de taches. Nous avons
trouvé qu'il falloit distinguer deux sortes d'halons; car une partie
est produite par le blastoderme , dont le limbe plus pâle, paroit
à travers la membrane du vitellus, qui assez souvent offre aussi
une petite zone blanche; ceux-ci existent même avant l'incuba-
tion, et s'agrandissent dans l'incubation avec l'augmentation du
blastoderme. Quant aux autres halons, ils naissent dans le vi-
tellus lui-même dans les deux ou trois premiers jours de l'incu-
bation; ce sont des cercles d'un blanc de plomb, inliérens à
Ja masse du vitellus lui-même , et produits par lui dans l'in-
cubaliouj le plus externe de ces cci'fles répond cependant tou-
ET d'iÎISTOIKE NATUREt-LE.' 209
jours au limbe du blastoderme. Quant aux variations que ces
halons présentent, elles ont été suffisamment indiquées par
Malpigbi.
/ Seizième heure. L'aire pellucide, oblongue , pyriforme est
longue de a à 3 lignes. On y aperçoit deux petites lignes plus
obscures, parallèles, qui partent de plis que le blastoderme
forme vers la coquille. Ces plis primaires [plicœ primariœ) sont,
avec juste raison , regardés comme les premiers vestiges de
l'embryon naissant, parce qu'entre eux se trouve l'espèce qu'avec
Malpighi nous nommons cariné (spatium carinatum).
A l'extrémité où ces plis sont opposés à la partie la plus
obtuse de l'aire pellucide, et peu après leur origine, ils se
réunissent par une flexion arquée, et par l'extrémité opposée
ils restent distans l'un de l'autre.
Tandis que ces choses arrivent , l'aire pellucide dilatée
change peu à peu de forme ; la partie la plus obtuse se ré-
trécit , et ainsi sa forme de poire se change en celle que Blu-
inenbach a justement comparée avec un biscuit, et- que nous
désignerons par le seul mot de soleiforme.
Entre ces plis primitifs , à une petite distance de leur ori-
rigine et de leur conjonction, nait un petit filament blanc, que
nous reconnoîtrons bientôt pour la moelle épinière.
Vers la conjonction arquée de ces plis primitifs, la moelle
épinière est terminée par un petit renflement, et en forme de
rhombe par l'autre extrémité.
L'aize opaque du blastoderme est de nouveau divisée en deux
zones distinctes; l'interne plus étroite, plus intense, jaune , un.
peu grumeleuse, est séparée de l'externe qui est plus large et
plus égale, par un cercle blanc.
La zone interne borne par son bord intérieur, la circonfé-
rence de l'aire transparente, et elle a également la forme de
sole , mais par son bord externe elliptique elle est conliguë à
la zone externe.
Les halons sont agrandis.
Le nucleus est gonflé, il se sépare très-aisément du vîtellus,"
qui montre alors l'impression de la petite excavation dans sa
surface, par laquelle il avoit adhéré auparavant avec le blas-
toderme.
Vingtième heure. On distingue à cette époque dans l'embryon
formé des plis primaires , et de la moelle épinière , née du
blastoderme , et joint à son lieu natal d'une manière indisso-
Hh 3
2/|0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
lubie, deux exlre'milés, l'une supérieure ou cdplialique où les
plis se réuiùsseut, et l'iaférieure ou caudale où ils sont disions.
L'exlre'milé céphalique se recour])e vers l'inlérieur de l'œuf,
un peu au - dessus du petit renflement de la moelle épi-
nière , et forme ainsi un pli extrêmement, petit transversal,
semi-lunaire. Ce pli est l'orme, i*. par les deux plis primaires
qui produisent comme deux petites cornes, à cause de l'éléva-
tion nécessaire dans les angles de la flexion ; et 2°. par l'arc
réunissant le sommet des plis, et qui eu fait la terminaison,
d'où le blastoderme compliqué, réfléchi de nouveau et applani ,
se continue dans l'aire pellucide, outre que les sommets des
plis opposés l'un à l'autre transversalement , descendent vers
la queue , en se recourbant un peu vers les côlés de l'embryon ;
3°. de la membrane de l'espace cariné , placée entre les deux plis.
Quand après avoir sépare par la macération les deux mem-
branes dont se compose le blastoderme , on regarde la mem-
brane séreuse au microscope, on voit adhérente à la superlicie
interne, par laquelle elle touche à la pituiteuse , une légère
couche composée de très-petits globules, partout égaux et sub-
transparens. Celle petite couche de globules n'existe pas dans
toute l'étendue du blastoderme, mais occupe seulement l'aire
pellucide et la zone intérieure de l'aire opaque, en sorte que
la division elle-mtme de l'aire opaque en deux zones, ne
provient que de celte couche, dont le bord sépare la zone in-
terne de l'externe.
La métamorphose de cette couche est vraiment remarquable.
En efl'et , vers la douzième heure ce ne sont que des groupes
dipersés de globules formant comme des îles, et non une couche
complète; ils se réunissent ensuite pour constituer une couche
non interrompue, qui, plus lard, se convertira en petites îles
de sang et vaisseaux sanguins , prenant tous les caractères d'une
membrane propre que nous appellerons 2'asciilniie (vasculosa), et
qui formera la troisième et la lame médiane du blastoderme.
P'ingt-quatrièine heure. Sur les côlés des plis primitifs de l'em-
bryon , naissent comme suspendus, les rudimens des vertèbres,
sous la forme de taches carrées de couleur jaunâtre, séparées
par des intervalles blanchâtres, et disposées en deux lignes pa-
rallèles.
Les plis primaires d'abord droits , deviennent flexueux et
prcsqr.e onduleux ; d'où il suit que l'espace cariné se divise en
viue série de cellules. Vers l'exlrénùlé caudale, les plis divergent
ET u'iIISTOIRE NATURELLE. 24 1
entre eux , s'éloignent et forment un arc imparfait vers le
iliombe de la nioelie spinale.
Les balons sont augmentés et devenus plus larges, ils se louclient
el oflVent quelque chose donduleux.
Trenticine heure. Les plis primitifs qui, d'abord écarli'i, cum-
prenoient entre eux la moelle épinicrc , s'inclirieai déjà l'un
vers l'autre, principalement au milieu de l'espace qui sépare
la tête de la queue. Pendant que cette inclinaison se Lit, les
bords des plis se portent l'un vers l'autre, la moelle épinicre
est couverte, après quoi ils se réunissent enfin. Mais comme
cette inclinaison, ce rapprocbement et cette réunion des bords
ne se fait qu'au milieu , les plis dès. qu'ils arrivent à la dila-
tation rhomboidale de la moelle épinière persistent séparés ,
et vers l'eÂtrémité céphalique, ils conservent une disposition
flexueuse et forment une série de trois ou quatre cellules de
grandeur progressivement plus considérable.
Le pli transversal peu à peu dilaté et prolongé, descend vers
l'extrémité caudale et forme ce que Wolff a nommé la gaine de la
tête. 11 faut cependant observer qu'il existe deux plis transver-
saux j le premier, ou supérieur, qui naît de la réflexion du
corpuscule de l'embryon, et un second, ou inférieur, formé
par la réflexion du blastoderme réaplali et sur lequel le premier
proémine. Quant à ce qui regarde le pli supérieur, il sert à former
le corps de l'embryon ; et le second ou inférieur : si l'on pose
sur le dos l'embryon extrait de l'œuf avec le blastoderme, et
que l'on regarde la surface interne ou abdominale, il couvre
le premier, et ce tégument est réellement celui qui s'alongera
par l'évolution.
Le cœur paroît sous la gaîne de la tète, et comme un petit
sac oblong n'ayant pas encore de limites certaines.
La couche globuleuse , adhérente à la membrane séreuse, prend
la forme d'un réseau, car de petites lignes perlucides, tissues
entre elles , rampent au milieu des globules.
Le diamètre du blastoderme est de 6 à 8 lignes.
Les halons ont presque tous disparu, et le nucleus est aug-
menté.
Trente-sixième heure. Les cornes des plis primaires qui saillent
oii se forme le pli transversal, se rapprochent l'une de l'autre, et
en tendant à se réunir, elles interceptent un espace orbiculaire,
d'où naissent le front et la face du poulet. De chaque côté
de cet orbe, naît un autre espace oibiculaire, un peu placé
eu arrière, premier rudiment des yeux q\)i, dès le commence-
2^2 JOURNAL DE niVSIQUE, PE CHIMIE
nu'iit, paroisseiit les dilatations latérales du premier orbe in-
termédiaire.
Le cœur est devenu plus e'troil et en forme de canal cylin-
drique, droit, situe dans la région cardiaque de Wolfl', et mon-
tant vers la tète. La couche de globules est partagée en îles
distinctes; ces îles mêmes prennent une couleur jaunâtre; mais
les globules qui terminent l'anneau terminal sont colorés en
rouge.
Qiiarante-deuxihme heure. La parlie extrême de la tête , si nous
considérons la superficie supérieure regardant l'albumen, qui
d'abord étoit couchée sur le blastoderme, et que l'on ne pou voit
soulever qu'au moyen d'une aiguille, est maintenant plongée
dans une petite fovéole, formée par la partie supérieure et proé^
minenle au-delà de la tète du blastoderme , en sorte qu'il est
possible de sortir la tête de cette fovéole. Le pli formant le
bord de cette fovéole est le commencement de l'amnlos.
Le cœur s'arque du côté gauche et se divise, imparfaiternent
cependant, en trois vésicules par deux ligatures, et par son
extrémité inférieure est comme bifide et se termine par deux
jambes très-divergeutes.
La gaîne de la tête se porte jusqu'à la division du cœur en
deux jambes , et forme dans cette région la loge {foi'ea) car-
diaque qui en arrière du cœur conduit dans l'œsophage; mais
les angles latéraux de celte gaîne proéminent forteriient et tendent
vers la queue.
A l'extrémité inférieure du fœtus , on trouve alors la parlie
réfléchie [circumjlexum) du blastoderme , qui , parce qu'elle forme
par la suite la gaîne future de la queue, est appelée iiwolu-
crimi caudœ par WolfF; à cette époque de l'incubation , ses bords
remontent sur les parties latérales de l'embryon et dépassent
les plis nés de la fosse cardiaque.
Les îles rougissent ou se prolongent, et se réunissent en
réseaux.
La membrane du vitellus, à l'endroit où elle recouvre le blas-
toderme, est devenue extrêmement mince.
L'albumen s'est entièrement éloigné de dessus le blastoderme
formé , et donne à celui-ci un libre accès jusqu'à la superficie
interne de la coquille.
Quarante-huitième heure. Les bords de la loge dans laquelle la
parlie supérieure et libre du poulet esl placée, se sont tellement
ET d'histoire naturelle. . 245
accrfts, que sous la forme d'une gaîne lerniinëe par un bord
semi-lunaire, ils recouvrent celte partie par le dos.
Le fœtus, de sa posiliou droite s'est peu à peu tourne dans
sa partie supérieure vers le côté gauche , et est recourbé depuis
l'extrémité de la tùle, en sorte que les régions du sinciputetde
l'occiput se sont déjà manifestées.
Ce que nous avons nommé jusqu'ici couche globuleuse, s'est
changé en une membrane vasculaire, placée entre les deux
lames du blastoderme; en efl'et, les îles sanguines , contractées
en petits ruisseaux, se revêlent de parois et , par celle raison,
forment des vaisseaux sanguins, qui sont encore réunis par une
lame fort mince; c'est pourquoi le blastoderme est déjà formé
de trois couches.
Les cellules que les plis primaires distàns et flexeux forment
dans la région céphalique, sont remplies de vésicules formant
luie cavité continue, mais subdivisée, dans lesquelles naît le
cerveau. Dans la postérieure et la plus prolongée, est la moelle
alongée; dans la seconde, les corps globuleux quadrijumeaux;
dans la troisième, la plus petite et la plus étroite, les cuisses
du cerveau et les couches des nerfs optiques; et eufin dans la
quatrième, la plus grande, les hémisphères.
Dans la superficie inférieure du blastoderme, opposée au vi-
tellus , on trouve de chaque côté du poulet, où l'on commence
à voir l'abdomen, deux plis, un externe et l'autre interne; les
plis externes sont formés de toutes les couches prises ensemble
du blastoderme, et les internes, seulement des membranes vas-
culaire et pltuiteusc, sans la séreuse. Les plis extérieurs, ce qui
est évident, constituent les bords de l'abdomen; mais comme
par la suite ils servent en partie à la formation des intestins,
c'est-à-dire les couches pituileuse et vasculaire, et en partie, c'est-
à-dire j^ar la couche séreuse, à celle des paiois de l'abdomen,
nous nommerons les premiers plis inlcstuumx, et les seconds
abdominaux.
I^es plis intérieurs qui , en se réunissant , forment le mésentère ,
devront être appelés mésenlèriques.
La fosse cardiaque, représente «ne large cavité et un véritable
orifîceouveit, communiquaiUdans la partie supérieure de l'esto-
mac également ouvert ; sa figure est presque ovale , ronde et plus
large supérieurement , d'oii les plis intestinaux , inférieuremeiit
peti à peu plus étroits, et les plis mésentériques descendent
de chaque côlé du fœtus , et se terminent dans la partie in-
férieure de la gaine de la queue.
V
244 . JOURNAL DE PHYSIQUE, Dt CHIMIE
Les parois de la gaîne du la cjueue , plus rapprochées entre
elles, et plus prolongées que la gaîne elle-même, motilreiil le
rudiment de Viiitcslin rcclnm.
Enfin les reins adhèrent aussi aux plis du mésentère qui, par
conséquent, comme WolH' l'a fait oI)server, représentent le ru-
diment, non-seulement du mésentère, mais encore des reins.
Le cœur a la forme d'un canal courbe, d'un fer à cheval,
ou d'une parabole, et il proémiae vers le côté gauche du fœtus.
(Za suite au Cahier prochain.)
DICTIONNAIRE
DES SCIENCES NATURELLES,
Dans lequel on traite méthodicjuement des differens êtres de la
nature, considérés soit en eux-mêmes , d'après l'état actuel de
nos connoissances , soit relativement à l'utilité qiien peuvent
retirer la Médecine ^ V Agriculture , le Commerce et les Arts.
Suivi d'une Biographie des plus célèbres naturalistes; par plu-
sieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales Ecoles
de Paris.
A Strasbourg, chez F. G. Levrault, Éditeur; et à Paris , rue des Fossés-
M.-le-Prince, n° 33.
C'est vers la dernière moitié du XIX^ siècle, que toutes les
matières qui font le sujet des études de l'esprit humain , re-
curent, au moins en France, cette disposition nouvelle entiè-
rement inconnue à l'antiquité, à laquelle on a donné le nom
à.Q Dictionnaires, et qui ne sont, pour ainsi dire, que des es-
pèces de Tables raisonnées fort étendues, et quelquefois des
collections de petits Traités; ainsi, non -seulement toutes les
sciences historiques, physiques, chimiques, mais même les af-
fections morales, les passions, la théologie, les hérésies, furent
le sujet de ces sortes d'ouvrages, d'abord dans un seul et unique
recueil connu sous le nom à' Encjclopédie générale, dont l'appa-
rition sera toujours une époque célèbre dans l'histoire de l'esprit
humain et de la civilisation , ensuite dans des ouvrages spéciaux
qui furent, pour ainsi dire, réunis de nouveau sous le titre
^Encjclopédie
ET d'histoire naturelle. 2/^5
d'Encyclopédie mélhodique par ordre de malières, à laquelle
concoururent, dans le commencement, des hommes du plus grand
mérite. Mais cette universalité de l'emploi de la forme de dic-
tionnaire, si e'videmment utile pour la propagation des lumières,
n'arriva pas sans discussions souvent assez violentes, dans lesquelles
des antagonistes quelquefois passionnés exposèrent les raisons
qui mililoient pour l'adoption ou le rejet de ces sortes d'ou-
vrages. Leur utilité n'en est pas moins aujourd'hui une chose
assez généralement convenue, non pas également peut-être dans
tous les pays, non pas essentiellement dans la partie dont chaque
personne s'occupe spécialement , mais surtout dans celles qui
s'éloignent plus ou moins du sujet de ses études; bien plus,
il seroit aisé de prouver qu'il est un certain nombre de nos
connoissances , qui n'étant pas susceplibles d'être converties en
corps de doctrine, en science proprement dite, soit par leur
nature même , soit par l'état encore peu avancé auquel elles
sont parvenues, ne peuvent être complètement traitées que sous
la forme de Dictionnaire, comme la Géologie, la Chimie, la Phy-
siologie , etc.; c'est sans doute à ces différentes raisons qu'il
faut attribuer le grand succès des Dictionnaires d'Histoire natu-
relle; en effet, il n'est, je crois, aucune partie des sciences
qui en offre un aussi grand nombre; ce qui tient aussi sans
doute à ce qu'il est de sa nature de s'accroître de plus en plus,
a mesure que de nouveaux faits se présentent , et qu'il n'ea
est pas qui contienne autant de mots ayant besoin d'être définis,
en même temps que d'applications de tous les momens.
Aussi depuis la première édition du Dictionnaire d'Histoire
naturelle de Valmont de Bomare, qui parut vers 1770, jusqu'à
celui que publie en ce moment M. Levraull de Strasbourg, nous
en avons eu un grand nombre qui, tour à tour, ont joui d'un assez
grand succès. Celui de Valmont de Bomare a eu , par exemple ,
dix à douze éditions qui furent toutes, si ce n'est peut-être la
dernière, enlevées avec rapidité, quoique l'ouvrage ne fût qu'une
pure compilation, même assez mal digérée, faite, il est vrai,
par un seul homme. En 1802, M. Délerville sentant avec raison
que chaque partie des sciences naturelles demandoit au moins
un collaborateur particulier, en publia un nouveau en 24 ^O"
lûmes in-8% qui fut exécuté et enlevé avec un succès remar-
quable, quoique tiré à trois mille exemplaires, ce qui l'a dér
terminé il y a deux ans à en commencer une nouvelle édition,
qui n'a pas eu moins de succès, et qui ne lardera pas à être
terminée. M. Levrault, dans l'exécution de celui dont nous aa^
Tome LXXXFIII. MARS an 1819. li
:i/fi JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Tionçons les XI' el XII' volumes qui viennent de paroilre assez
re'cemnienl , a voulu donner à son Dictionnaire, outre le même
degré d'utilité journalièred'applicalion, une consistance peut-èlre
plus solide, plus scientifique, sinon par le choix des collabo-
rateurs qui , pour la plupart, dans les deux entreprises, ont une
valeur bien connue, mais par moins de précipitation dans l'exé-
cution, par les excellentes figures qu'il y a jointes, et enfin
par une Biographie qui terminera l'ouvrage, el qui olfrira l'his-
toire de la science sous im point de vue intéressant. Aussi trouve-
t-on dans les volumes qui ont déjà paru , des articles entière-
ment neufs que l'on ne sauroit, sans injustice, flétrir du terme
de compilation, el qui devront nécessairement faire qu'en tout
temps on sera obligé de recourir à cet ouvrage, quand on
voudra connoîlre tout ce qui a été publié sur les sciences natu-,
relies, comme l'on consulte encore aujourd'hui avec beaucoup
d'avantage, l'excellent Diclionnaire de Chimie de Macquer. Ne
pouvant citer, el encore moins donner en extrait tous les
articles que nous croyons de cette nature, comme la très-grande
partie de ceux de M. Chevreul sur la Chimie, ceux sur les
Synanthérées par M. Cassini, de M. le D"^ Leach sur les Crus-
tacés, etc., nous allons nous borner à donner comme une sorte
de preuve de notre opitiion , l'analyse de l'exccllenl petit Traité
que M. Brochant a donné sous le mol Cristallographie, d'abord
parce que c'est évidemment l'un des articles les plus complets de cet
ouvrage, el ensuite pour faire sentir l'importance de celle partie,
presque toute françoise , de la Minéralogie, dont elle est la
base scientifique, et cela dans ce même Journal, où pendant
long-lemps elle a été évidemment dépréciée d'une manière
que, malgré toute la vénération que nous conservons pour la
mémoire de notre prédécesseur, nous ne craignons pas de re-
garder comme très-blamable.
En effet, depuis l'époque oîi M. Haùy , en élevant la Cris-
tallographie au rang des sciences géométriques , a fait connoîlre
l'importance des cristaux dans la détermination des espèces mi-
nérales, il n'est plus possible de se livrer à l'étude de la Mi-
néralogie , sans y porter celle sorte d'analyse qui depuis vingt
ans lui a fait faire de si grands progrès.
On sait qu'en prenant la Cristallographie pour base, M. Haiiy
est parvenu à donner à la Minéralogie une marche régulière
el constante; (]ue la distinction des espèces ne supporte plus
d'arbitraire, el que, à quelques exceptions près, on peut tou-
jours, chaque fois qu'on trouve uu minéral cristallisé, le rap»-
ET d'histoire naturelle. 247
porter rigoureusemenl à une espèce déjà déterniiiie'ej ou l'élever
irrévocablement au ranf; d'espèce particulière. On a vu souvent
les résultats de la Cristallographie devancer, el quelquefois même
préparer, ceux de la Cliimie; on peut remarquer que l'accord
le plus parfait règne entre ces deux sciences relativement à un
grand nombre de corps, el que s'il existe quelques incohé-
rences, c'est précisément dans les cas où la Chimie elle-même
ne sauroit prononcer encore avec certitude. Mais alors la Cris-
tallographie fournit au moins des caractères tranchés, faciles à
reconuoîlre, qui permettent de grouper ces substances en di-
Terses espèces bien distinctes , qu'il seroit aujourd'hui impos-
sible de déterminer par les seuls secours de l'analyse.
11 est donc d'une très-haute importance de se livrer à l'étude
des cristaux , soit pour pouvoir déterminer la véritable nature
d'un corps sans être obligé de recourir constamment à l'analyse
chimique, qui ne peut le classer qu'en le détruisant, soit pour
établir de Tordre là où l'analyse ne peut encore prononcer ri-
goureusement.
Ainsi , dans un ouvrage consacré aux sciences naturelles ,
la Cristallographie doit nécessairement occuper une place im-
portante. Mais dans un Dictionnaire destiné aussi bien à ré-
pandre le goût des sciences el à faciliter leurs progrès, qu'à
présenter leur étal actuel, il falloit à la fois ofl'rir aux savans
un résumé complet des connoissances cristallographiques ac-
quises jusqu'ici, el donner à ceux qui commencent à se livrer
à l'étude des cristaux, un exposé méthodique où ils pussent
prendre des idées exactes des premiers principes de la science.
Enfin pour compléter cet article, il étoit encore nécessaire de
tracer un tableau de toutes les observations qui ont été re-
cueillies dans les laboratoires, sur les phénomènes qui ont lieu
pendant la cristallisation des corps, et sur l'influence que di-
verses circonstances peuvent avoir dans les résultats.
Sous tous ces points de vue, l'article Cristallisation à\i Dic-
tionnaire des Sciences naturelles , que l'on doit aux soins de
M. Brochant, nous paroît mériter une attention particulière;
c'est à la fois un exposé fidèle de l'étal actuel de nos connois-
sances sur la cristallisation , et un véritable Traité élémen-
taire de Cristallographie, que nous croyons très-propre , par
sa disposition, à faciliter l'étude de cette base essentielle delà
Minéralogie , dont l'appareil algébrique a quelquefois effrayé ceux
qui ont voulu s'en occuper.
L'auteur a divisé cet article en deux parties. La preniièra
li a
2^8 JOURNAL DE PllYSIQl/E, DE CHIMIE
a poui' olijel la descriplion geoméirique des cristaux. La se-
conde esl un exposé des observations qui ont clé faîtes jus-
qu'ici sur les phénomènes chimiques de la Cristallisation. La
première partie, dont nous parlerons plus en détail, se com-
pose de huit sections, dont chacune fixe particulièrement l'at-
tention sur un objet déterminé , et qui se lient les unes aux
autres très - uaturellement. Nous allons essayer d'en donner
une idée.
La première section est consacrée aux définitions et aux idées
générales qu'on doit prendre des formes cristallines avant d'é^
tudier plus spécialement les divers phénomènes qu'elles pré-
sentent. Les observations faites jusqu'ici sur la cassure lamelleuse,
ou clivage^ dont les cristaux présentent souvent difl'érens sens,
s'y rattachent naturellement, comme conduisant à des formes
particulières , dont la connoissauce est également importante à
la théorie générale.
La seconde section est l'exposé des différons moyens employés
jusqu'ici pour déterminer et constater par l'observation, la gran-
deur des angles dièdres que les faces des cristaux forment
entre elles.
Après ces notions préliminaires , l'auteur entre en matière.
Il examine, dans la troisième section, les différentes formes (qu'il
nomme formes dominantes) auxquelles on peut rapporter en gé-
néral les diflérens cristaux qui se présentent dans la nature,
en faisant d'abord abstraction des facettes plus petites qui mo-
difient leurs angles ou leurs arêtes. 11 définit ces formes avec
beaucoup de clarté, et s'attache surtout à diriger l'attention sur
la disposition symétrique des différentes parties du solide (faces,
angles, arêtes), soit par rapport à un point central, soit par
rapport à un axe. Ce sujet important est éclairci par un grand
nombre de figures, dont l'exactitude et la disposition sont très-
propres à faciliter l'élude.
Nous avons particulièrement remarqué dans cette section,
la distinction des diffërens prismes quadrangulaires, eu égard
à la situation de leurs bases, ainsi que la naissance naturelle
du rhomboïde sous une condition particulière de cette posi-
tion. Celte discussion nous paroil à la fois très-philosophique el
très-simple.
Dans la quatrième et la cinquième section , M. Brochant
revient aux facettes modifiantes qu'il avoit négligées à dessein
dans la section précédente, pour étudier isolément les propriétés
des ci'isianx simples. 11 s'occupe ici spécialement de faire ob-
ET d'histoire naturelle. 349
server la marche syméirique que suit conslammenl la nature
dans les modificalions que subissent les formes dominantes; il
fait voir clairement, par de nombreux exemples, que dans tous
les cristaux, les facettes qui remplacent les angles ou les arêtes
de la forme dominante, sont toujours distribuées conformément
à la symétrie de structure que présente cette forme. 11 fait con-
noitre que les arêtes ou les angles semblablement placés par
rapport au centre ou à l'axe du solide, sont toujours sembla-
blement modifiés, et que s'il y a dans la forme dominaute des
arêtes ou des angles de différens ordres, les modifications qu'ils
éprouvent sont également de difléreris ordres et toujours bien
distincts. Ces phénomènes , dont la généralité et la constance ont
conduit M. Haùy à en faire une loi de la nature, qu'il a nommée
loi de symétrie, forment une des bases principales de la théorie
cristallographique; cette partie du travail de M. Brochant donne
l'idée la plus complète et la plus précise que nous ayons encore eu
l'occasion de voir.
Dans la sixième section , M. Brochant considère les facettes
modifiantes , à mesure qu'elles prennent plus d'étendue et qu'elles
tendent à faire disparoîlre la forme dominante pour en produire
une nouvelle, qui à son tour semble être modifiée par la pre-
mière. C'est ainsi qu'il fait voir que différentes formes peuvent
passer les unes aux autres, et qu'il est naturel que chaque sub-
stance cristallisée puisse se présenter sous plusieurs formes do-
minantes, qui souvent ne paroissenl d'abord avoir entre elles
aucune relation. Mais pour faire mieux concevoir les rapports
mutuels des différentes formes sous lesquelles peut se présenter
une même espèce minérale, l'auteur entre dans quelques déve-
loppeniens imporlans , toujours par des exemples pris dans la
nature, et qui déjà commencent à se lier avec des idées théo-
riques, que tout ce qui précède a, pour ainsi dire, fait deviner.
Ces développemens conduisent en même temps à faire voir
que plusieurs formes très- dillerenles peuvent être regardées
comme dérivant d'une seule forme principale: ils font voir enfia
que l'ensemble des lois .symétriques que la nature paroîl avoir
suivi dans la cristallisation d'un minéral (ce que M. Brochant
nomme d'une manière très-expressive, le système cristallin de
ce minéral), peut être exactement représenté par une seule des
formes simples qu'affecte ce minéral, et qui peut être dès-lors
regardée comme le type , ou la forme fondamentale , dont toutes
les autres sont dérivées.
Tous les détails qui se trouveol exposés jusqu'ici, tous les
aSo JOURNALDEPfiysiQUE, D F. CHIMIE
principes fondamentaux die la Crislallofjraphie qui font le sujet
des quatre dernières sections, sont rif^oureusenient fondes sur
l'examen des phénomènes qui se présentent dans la nature. Ce
sont les résultats de l'observation, disposés seulement dans un
ordre méthodique, qui permet d'en saisir également l'ensemble
et les détails, et de tirer les conséquences immédiates auxquelles
ils conduisent.
La septième section, sous le titre , Théorie de la structure
des cristaux, est un exposé des moyens imaginés par M. Haiiy
pour assigner les rapports géométriques des cristaux, en partant
d'une seule forme fondamentale. Mais cette théorie , appuyée sur
tout ce qui précède, et dont les calculs sont réduits à des fonc-
tions algébriques des dimensions du solide primitif, se présente
ici dans sa plus grande simplicité, quoiqu'elle offre les élémens
de tous les problèmes qu'on peut se proposer.
La huitième section a pour objet les macles ou hemiCropies,
et les groupemens réguliers des cristaux; la théorie de ces sortes
de phénomènes est encore éclaircie par un grand nombre
d'exemples,
D'après l'examen que nous venons de faire du travail de
M. Brochant, nous pensons qu'en présentant un résumé com-
plet de nos connoissances cristallographiques, il offre encore
le rare et précieux avantage de distinguer soigneusement les
faits bien constatés qui sont les bases immuables de la science,
d'avec les considérations théoriques auxquelles on peut toujours
attribuer quelque chose d'hypothétique. Cet article nous paroît
surtout devoir être de la plus grande utilité à ceux qui vou-
dront étudier les principes fondamentaux de la Cristallographie,
qui jusqu'ici ont été souvent mal compris.
Quant à la seconde partie de cet article , qui a pour objet
les phénomènes chimiques de la cristallisation , elle nous paroît
présenter, avec plus détails qu'on ne l'a fait jusqu'ici, l'en-
semble des observations encore peu nombreuses, qui ont été
recueillies dans les laboratoires. On y trouve l'état de nos con-
noissances sur les circonstances qui favorisent ou qui retardent
la cristallisation , sur celles qui déterminent plus ou moins de
régularité ou de grosseur dans les cristaux , sur les causes qui
provoquent les varialions des formes cristallines dans une même
substance, etc., etc. En un mot, tous les faits connus y sont
rapportés exactement , et si l'état actuel de la science n'a pas
permis à M. Brochant d'élever cette partie de son ouvrage au
ET D'uISTOinT. NATURELLE. 2DI
niveau de la première, elle ne lui cède en rien sous le rap-
port de l'ordre el de la clarté de l'cxposilion.
Nous ne terminerons pas cet article, sans dire quelque chose
des figures qui composent l'atlas de ce Dictionnaire. Toutes
sont faites sous la direction de M. Turpin , et par conséquent
avec le soin que cet excellent Iconographe met à tout ce qu'il
fait ; mais celles qu'il dessine lui-même, c'esl-à-dire toutes celles
qui ont trait à la Botanique, soit pour le port général des végé-
taux, soit pour l'analyse de la fleuret du fruit, sout d'une clarté,
d'une netteté telles, que l'on reconnoit aisément qu'ici le des-
sinateur el l'observateur ne font qu'un , et que le crayon du
premier est guidé par la science du second; aussi y a-t-il très-
peu d'ouvrages de Botanique qui ofl'rent des figures d'une aussi
grande perfection. Les autres figures ne sout pas loul-à-fail aussi
parfaites; il s'en faut même assez, par exemple, pour les man>-
mifères; mais telles qu'elles sont, le plan de l'atlas est assez
bien conçu pour aider puissamment au succès de l'ouvrage.
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
PHYSIQUE.
Sur la mesure d'un arc du méridien dans l'Inde; par le Colonel
Lambton.
La plupart de nos lecteurs savent sans doute que depuis plu-
sieurs apnées, le Gouvernement anglois a fait entreprendre un
arpentage Irigonométrique de la partie de l'Inde qui est sou-
mise à sa domination. Le lieutenant-colonel William Lambton,
Membre de la Société royale , a saisi cette occasion pour mesurer ,
en différens temps, un arc du méridien étendu depuis le 8°9'88''
jusqu'au 18° 3' 25",6 de latitude nord, l'arc le plus étendu qui
ait encore été mesuré à la surface de la terre. Les détails de
cette grande opération sont en partie consignés dans le XII'
volume des Asiatik Researches, et le reste entrera dans la com-
position du XllI* volume du même ouvrage ; mais comme ce
volume ne sera probablement publié que dans plusieurs années,
M. le colonel Lambton a inséré un extrait des principaux ré-
sultats de son travail , dans la seconde partie des Transactions
Plùlosophicjues pour 1818, dont nous allons rapporter ceuii qui
peuvent le plus généraleraeul iûléresser.
^52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
1°. La longueur moyenne d'uu dugré de lalilude en brasses,
{Jalhoms) est
à 9° 24' 44" de 60472,85
à 12. 2.55 de 60487,56
à 16.34.43 de 60512,78.
D'où l'on voit que ces mesures indiquent que les degrés s'a-
longent à mesure qu'on s'approche davantage du pôle , ce qui
s'accorde avec toutes les observations précédemment faites qui dé-
montrent que l'axe qui passe par les pôles de la terre, est plus
court que celui qui passe par l'équaleur.
2°. Le colonel Lamblon a montré par une comparaison de
ses mesures avec la longueur du degré, tel qu'il a été déter-
miné en France, en Angleterre et en Suède, que la compression
aux p61es monte à ~-^ de la longueur de l'axe.
La comparaison de la mesure obtenue dans l'Inde, donne
pour la compression avec celle de France Y^g—^si ^vec celle d'An'
gleterre -3—3714 j avec celle de Suède 3^7779, et la moyenne yjg'Tgg,
ou presque -^.
D'après ce résultat, le colonel Lambton a calculé la longueur
de chaque degré de latitude, depuis l'équateur jusqu'au pôle.
La Table suivante donne les résultats de son calcul. La dernière
colonne montre la longueur du degré de longitude à la lalilude
indiquée dans la première.
Latitude.
Degrés du méridien.
Degrés delà perpend.
Degrés de longitude.
60459,3
60848,0
60848,0
3
60460,8
60848,4
60765,0
6
6o465,6
6o85o,i
Go5iG,8
9
60473,5
6o852,8
6oio3,6
12
60484,5
6o856,5
5q526,7
i5
60498,4
60861,1
58787,3
18
6o5i5,i
6o86S,7
67887,7
21
60534,3
60873,2
5G83o,o
24
Go556,o
60880.5
66628,1
5,7
60679,8
60888,5
54262,0
3o
6o6o5,5
60897, i
52738,4
33
60632,7
60906,2
5 1080, a
36
60661,3
609,5,8
49281,9
S9
60690,8
6099.5,7
47^48,2
4a
60731,3
60935,7
45284,0
45
60761,8
60946,1
43oq5,4
48
60782,3
60966,4
40787,8
SUITE
ET D HISTOinE NATURELLE.
SUITE DE LA TABLE.
253
Latitude.
Degrés du méridien.
Degrés de la perpend.
Degrés de longitude.
5.
60812,5
60966, 5
38357,5
54
608,(2,1
60976,5
3584m
57
60870,7
60986,1
3321 5,4
Go
60898,0
60995,2
3o497,6
63
60923,7 ,
6iop3,8
27695,2
66
60947,5
6101 1,8
248-, 5,7 .
6.9
GogSq,!
61018, q
21867,2
72
60988,3
6i025,'6
18X57,9
75
Gioo5,i
6io3i,o
15796,0
78
61018, g
6io35,8
12690,1
81
61029, q
61039,5
9548,7
84
6io37,'8
61042,1
638o,S
87
61042,6
61043,7
3i94,8
90
61044,3
61044,3
4°. D'après celle Table, il paroît que la longueur des degre's
de lalilude, est
Au pôle de 68,704 milles angl.
A la lalilude de 45°, de 69,030
A la latitude de 5 1°, de 6g, to5
A la lalilude de go°, de 69,368 ;
ce qui donne pour la longueur moyenne d'un degré , presque
exaclemenl 69 milles anglois et 7^ de mille, en sorte que l'es-
timation commune de 69 milles et demi est trop forte.
CHIMIE.
Nouvelles expériences sur l'Eau oxigènée ; par M. Thenard.
Dans les dernières expériences de M. Thenard sur les com-
posés oxigénés, on a vu que ce chimiste éloil parvenu à faire
absorber à l'eau jusqu'à 120 el i3o fois son volume d'oxigèiie;
en continuant ainsi la concenlralion sous le récipient de la ma-
chine pneumatique, et par le procédé qui a été indiqué dans
le volume précédent , M. Thenard est arrivé à obtenir de l'eau
qui contient en poids le double d'oxigène qu'elle en contient
ordinairement; ainsi, 100 parties d'eau peuvent absorber 88,29
d'oxigène.
Les propriétés de celle eau oxigènée soûl les suivantes; ellô
Tome LXXXFJII. MARS aa 1819. Ki
254 JOtJRNAL DK PUYSiqUE, DE CHJMIE
est toul-à-fait incolore , sans odeur dans les circonslances or-»
dinaires, mais dans un espace vide et en quantité assez con-
sidérable , elle répand une odeur qui est sans analogue ; sa saveur
est très-marquée; quand on en met une goutte sur la langue,
la salive s'épaissit, et l'on ressent une saveur assez astringente,
que quelques personnes ont comparée à celle de l'émétique.
Sa densité est plus considérable que celle de l'eau; elle est de i,453.
Son action sur la peau est très-vive; dans l'espace de quel<jues
secondes, celle-ci est blanchie, attaquée; on éprouve une sorte
de piquotemenl , et l'on obtient l'effet d'un sinapisme et mtme
une cloche, surtout dans les endroits où la peau est fine. La
plus remarquable de ses propriétés est dans sa manière d'agir,
quand on la met en contact avec les métaux, comme avec
l'argent, le platine, l'or, l'osmium, l'iridium, etc., et avec les
oxides, surtout avec celui d'argent sur lequel M. Thenard a fait
le plus d'expériences. Lorsque sur une couche de cet oxide
placée au fond d'un verre, on vient à verser une goutte de
l'eau oxigénée, il y a détonnation, l'oxigène de l'eau se dégage,
ainsi que celui de l'oxide ; il se développe aussi une grande
quantité de chaleur, au point qu'il y a production de lumière,
il est vrai assez foible, mais cependant bien sensible, même
quand l'obscurité n'est pas complète. Les mêmes phénomènes
ont lieu avec le protoxide de cobalt, avec l'oxide d'or, de pla-
tine , d'iridium et avec l'osmium, le palladium, le rhodium.
Ce qui est fort remarquable, quoique l'or ait beaucoup d'action
sur ce liquide, si la liqueur est un peu acide, le moins pos-
sible, il n'en a plus, et à peine l'effervescence est-elle sensible;
mais quand l'or très-divisé est un peu humecté du liquide à peine
acide, si l'on sature cet acide par un alcali, à l'instant l'action
est des plus violentes ^ tout le liquide est réduit en vapeurs,
et il y a une grande efTervescence. (^Académie des Sciences,
séance du 25 février.)
Sur l'Acide îatiipique ; par M. Daniell.
Dans notre Cahier de janvier 1818, nous avons eu l'occasion
d'annoncer à nos lecteurs que dans la combustion de l'éther
par la lampe sans flamme, il se produisoit un nouvel acide
dont on u'avoit pu observer les propriétés, parce qu'on l'avoit eu
en trop petite qnanlilé. Pour en obtenir davantage, M. Daniell
a employé le chapiteau d'un alambic soutenu convenablement,
au bas duquel il applique uu récipieut, et sous sou large cou-
ET d'histoire nàtcrelli:. 255
vercle , il place une petite lampe avec une spirale de fil de
plaline plongeant dans l'ëlher.
L'acide que l'on obtient pai* ce procédé , et auquel d pro-
f)0£e de donner le nom à'Jcide lampirjue, pour rappeler, dil-il,
e souvenir de sa formation, et la connexion de sa découverte
avec celle de la lampe de Davy,est toul-à-fait incolore, d'une
saveur extrêmement acide et d'une odeur piquante ; il donne
par la chaleur, une vapeur extrêmement irritante et désagréable.'
On le purifie par une évaporation soignée , donnant des vapeurs
alcooliques et non celles de l'éther. Bien rectifié , sa pesanteur
est de 10 1 5. Il rougit les couleurs bleues végétales, décom-
pose tous les carbonates terreux et alcalins, et forme avec eux
des sels neutres qui sont plus ou moins déliquescens , inflam-
mables, brûlant avec flamnve, et laissant pour résidu beaucoup
de charbon.
Le lampale de soude, composé de 62,1 d'acide, est tres-
déliquescent et d'un goût agréable; il cristallise avec dlfiiculté,
et est aisément décomposé par la chaleur; celui de potasse
peut à peine en être distingué par le goût , mais il est moms
déliquescent. Celui d'ammoniaque est brun, volatil au-dessous
de 212% et donne une très-désagréable odeur semblable à celle
d'une matière animale brûlée. Celui de baryte, qui contient 39,5
d'acide, cristallise aisément en aiguilles incolores, transparentes;
il est moins déliquescent que les lampates alcalins et très-so-
luble dans l'eau. Le lampate de chaux est très-déliquescent et
d'un goût très-caustique. Celui de magnésie a un goût astringent
doucereux, assez semblable à celui du sulfate de fer.
Mais les caractères les plus singuliers de cet acide se tirent
de sa combinaison avec les oxides métalliques.
Lorsqu'on verse un peu d'acide lampique dans une dissolution
de muriate d'or, celui-ci est précipité à l'état métallique en peu
d'heures, mais presque instantanément quand on chauflé. Si l'on
emploie du lampate de potasse ou de soude, il se fait un léger
précipité jaune, décomposable par une foible chaleur, et donnant
alors un superbe précipité d'or.
La couleur du muriate de plaline est fortement rehaussée par
cet acide, mais il n'est pas décomposé.
Le nitrate d'argent dans lequel on verse de l'acide lampique,
donne uh précipité d'un brun pourpre composé de particules
métalliques. La dissolution d'oxide d'argent dans cet acide est
d'un verd de mer.
Le lampate d'argent est décomposé avant le 2i2».
2^6 JOURNAL Dï: physique, DE CHIMIE
' Avec le nitrate de mercure , il y a vin précipite de glo-
bules métalliques; avec l'oxide rouge, il se fait un sel blanc
peu soluble dans l'eau , et qui , exposé à la chaleur dans une
cornue , donne lieu à une violente effervescence et se dé-
compose.
L'oxide noir de cuivre dissous dans cet acide, produit une
iqueur d'une couleur bleue magnifique qui, par l'évaporation
'dans le vide, donne des cristaux rhomboidaux. Par l'ébullition,
la liqueur précipite le métal avec une couleur rouge foncé.
L'oxide rouge de plomb donne également un sel facile à
cristalliser, d'un goût doucereux, qui brûle avec flamme et
comme le charbon.
L'oxide et les sels d'élain , l'oxide rouge, le sulfate, le ni-
trate de fer, n'éprouvent aucune action de la part de l'acide
lampique.
L'acide sulfurique le fait briller, et une grande quantité de
chaleur est produite; avec l'acide nitrique, il se dégage du gaz
nitreux et il se forme de l'acide oxalique.
L'acide lampique est composé de 4o»7 ^^ carbone, 7,7 d'hy-
drogène , 5i,6 d'oxigèneet d'hydrogène dans les proportions pour
faire de l'eau. (Journal de l'Institution royale, n° XII.)
Sur la composition chimique de l'Urine des Reptiles écailleux.
D'après les expériences consignées par M. le D'' Davy dans
son Mémoire sur les organes urinaires , et sur l'Urine de plu-
sieurs animaux de celte classe , inséré dans le second volume
des Transactions Philosophiques pour 1818, il résulte que
Dans les Tortues (probablement marines), l'Urine est un
liquide ne contenant que des traces d'acide uriqne , un peu de
mucus et de sel marin, mais aucune portion sensible d'urée.
Celle des Crocodiles, outre l'acide urique^ renferme une
grande quantité de carbonate et de phosphate de chaux.
Celle des Lézards est presque entièrement formée d'acide
urique.
Enfin dans les Serpens, l'Urine qui sort quelquefois avec les
excrémens, mais jamais mêlée avec eux, et qui est d'abord de
consistance de beurre, qu'elle perd par son exposition à l'air, au
point de devenir presque semblable à de la chaux , est toujours
presque entièrement composée d'acide urique; observation que
le Dr Prout avoit déjà faite sur cette excrétion dans le Boa
constricCor,
ET d'iiistoit.e naturelle. 25j'
Sur remploi du Sucre d'j^midon pour faire de la Bière.
Le procédé de M. Rirsclioff pour converlir la fécule amilacée
eu sucre par le moyen de l'acide sulfurique, a déjà reçu plu-
sieurs applications, dont la plus importante est, sans aucun
doute, la conversion de ce sucre en bière. Mêlé en quantité
suffisante dans l'eau, mis en fermentation et disposé à la ma-
nière des brasseurs, ce sirop fourni une bière qui est claire,
vive , forte et d'une saveur fort agréable. On peut aisément la
faire partout, sans appareil dispendieux, en sorte que les cul-
tivateurs et les artisans pourront la confectionner dans leurs
demeures. Déjà deux manufactures en préparent en grande quan-
tité , et l'on estime qu'elle reviendra seulement à un centime
le litre. (Le \ de gallon.)
Sur le Blé de semence.
On assure , d'après quelques expériences nouvelles , qu'il
n'y a aucun manque dans la germination du Blé après avoir
été chauffé, tandis que pour la même quantité de grains de blé
qui ne l'a pas été, il y en a douze qui- ne germent pas. Quelque
singulier que ce fait paroisse au premier aperçu, il est cepen-
dant assez intéressant pour mériter que les agriculteurs s'as-
surent s'il en est ainsi, car alors la substitution du blé chauffe,
au blé ordinaire, deviendroit fort avantageuse. (Philosophical
Magazine^ janvier iSig.)
Analjse de la Stronliane sulfatée de Fassa, par M. Brande, et
sur la substitution de la Slrontiane sulfatée au borax,
La Slrontiane sulfatée a été dernièrement découverte en grande
abondance à Carlirte , 54 railles à l'ouest d'Albany, dans l'Etal
de Ncw-Yorck, enveloppée dans une argile feuilletée, formant
des couches étendues. Un forgeron ordinaire a fait la curieuse
observation, que cette substance pouvoit être substituée au borax
et être employée avec beaucoup d'avantages , comme flux,
pour bronzer et souder. En employant une très-petite quantité
de celte substance en poudre, il a soudé avec la plus grande
facilité l'acier le plus réfractaire. Pour bronzer, il est préférable
au borax, parce qu'il reste plus fixe à une haute température.
A ce sujet nous donnerons les résultats d'une analyse soignée
que le D'" Brande a publiée dans le Journal de Physique de
M. Schweiger, tome XXI, 'pag. 177, de la Célesline ou Slron-
tiane sulfatée de Fassa dans le Tyrol. Sa couleur est d'un
^■58 JOURNAL DE PIIYSIQUK, DE CHIMIE
blanc jaunâtre ; sa fracture rayonnëe et avec un triple clivage ;
son éclat est periëapprochant du vitreux; elle est translucide surses
bords; sa pesanteur spécifique est de 3,769. Sur 100 parties, elle
contient 92,1454 de sulfate de Sironliane, i,3333 de sulfate de
chaux, 1,8750 de sulfate de baryte, 1,6470 de carbonate de stron-
tiane , o,5ooo de carbonate de chaux , 1,0000 de silice et o,5ooo
d'oxide de fer.
ZOOLOGIE.
Descriptions par M. le D"" W. E. Leach , de quelques nouveaux
genres et espèces d'animaux découverts en Afrique, par M. T.
£. BOWDICH.
M. Bowdich, qui vient dernièrement de s'embarquer de nouveau
pour l'Afrique, a rapporté, de son premier voyage, un assea
grand nombre d'animaux qu'il a soumis à l'observation de M. le
D"" Leach, et qui font l'objet d'une Note que celui-ci vient de
publier à Londres. Nous nous bornerons à citer les espèces
nouvelles, et celles dont M. Leach a fait des genres nouveau^ç
parmi les reptiles.
Genre Crocodilus (Linn,), sect. des Monitors (Cuv.), Monitor
pidcher (Leach).
Monitor supra niger albo pulcherrime zonatus et maculatus;
zonis dorsalibus maculis ejfectis, ventre albido nigro transversim
vage lineato, cauda compressa carinata.
Cetle espèce élégante a été trouvée dans le Fanlée. Toutes
les parties supérieures du corps, les jambes, la queue, sont noires,
fort agréablement variées de bandes et de taches blanches. Les
bandes de la queue sont alternativement larges et étroites; les
plus larges sont brusquement et fortement dilatées en dessus
en une sorte de tache, tandis que les plusȎlroites deviennent
peu à peu plus larges dans la direction opposée. Les jambes
sont tachées de blanc en dessus, et leur face interne, ainsi que
le ventre et la poitrine , sont de la même couleur avec des taches.
Genre ChamjEleon (Linn.).
Chamœleon ddepis (Leach.). Capite suprà sub-plano utrinque
bi-carinato ; cariais antice conniventibus , occipite utrinque squama
magna instructo , dorso subspinoso carinata.
Cetle espèce est réellement bien distincte de toutes celles qui
sont connues jusqu'ici par les deux grandes écailles , placées
une de chaque côlé de la partie postérieure de la tête. Les
appendices squamiformes sont encontre couverts par la mêpie
peau écailleuse que le reste du corps.
ET d'histoire naturelle. uBç)
Genre Acontias (Cuv.).
Aconlias punctatus (Leacli). A. supra hrunneo-fusciis ohsolete
fjurpurescens ^ squamis postice macula venlreque fulvescentibus.
Fantée.
Genre Coluber (Daudin).
1°. Coluber bicolor (Leach). C supra badio-niger suhlus albidus ,
squamis dprsalibus etongalis gradatim angustioribus , apice ob-
tusiusculis.
2°. C. irroralus (Leach). C. badio-fuscus , gula pallida , squamis
pulcherrimè alhido irroratis ; dorsalibus subelo/igatis apice ro-
tundatis.
3°. C. irregulm-is (Lcacli). C. azureo virescens, ventre albido,
squamis simplicibus irregularibus ; dorsalibus ovatis , latéral tbus
superioribus superne truncatis; inferis sub-hexagonis.
Ces trois espèces de couleuvres, qui viennent toutes du Fante'e,
paroissent èlre décidément nouvelles, ainsi que ï Acontias punc-
talus ^ qui est plus intéressant, parce qu'il appartient à un genre
très-limité.
Parmi les insectes, M. le D'"Leacli, dans un certain nombre
d'espèces qui éioient toutes connues de Fabricius , en a trouvé
deux dont il a cru devoir former de nouveaux genres qui ap-
partiennent tous deux à l'ordre des Coléoptères.
Genre Tefflus (Leacb).
Car. gén. Caput. Mandibulae œquales edenlulœ. Palpi labiales
et maxillares exlerni articula ultime elongato-securiformi. Thorax
hexagonus anlice et postice rectus; Alœ nullœ. Elitra coalila Ob'-
domen tegentia apicem versus utrinque sinuata. Tibiœ anticœ latere
inleriore apicem versus emarginata calcare elevato instructœ. Tarsi
antici maris articulis duobus primis te/miter dilatatis,
Habitiis et Antennœ Carabi.
Ce genre ne contient qu'une seule espèce, le Teffhis Mejerlii
(^Carabus Mejerlii de Fal)ricius.
Genre Petkognatha (Leach).
Car. gén. Caput. Thorace paulo latius. Antennœ (Maris corpore
duple longiores et ultra), articula secundo longiore Jlexuaso.
l.abrum lineare transversum mtdum utrinque rotundatum. Mandibulae
petrosœ (Maris interne apicem versus obtuse unidentatœ) injra et
externe irregulariter carinatœ. Palpi maxillares et labiales arti-
cula ullimo basi subaltenuato , apice externe oblique truncalo-
acuminato.
Thorax transversus utrinque unispinosus. Elylra humeris uni-
spinosis; apiceque ad suturam spinoso-subproducto.
260 JOURNAL DE fnYSIÇUE, DE CHIMIE, ClC.
Ce genre ue contient également qu'une espèce, le Petro-
gnatha gigas^ Leach. Lamia gigas de Fabricius.
Sur un Crapaud et des Grenouilles trouvés enfermés sans commu-
nication avec l'air extérieur.
Dans Je commencement de juin i8i8,M. John Lacocl, homme
qui paroît jouir d'une grande réputation de probité et de véra-
cité, étant à fendre un tronc de cèdre en quartier pour en faire
des piliers, trouva dans le milieu un Crapaud vivant, parvenu
environ à la moitié de sa croissance. La cavité dans laquelle il
étoit logé, éloit juste assez grande pour le contenir, et elle
navoit pas la plus petite communication avec l'air extérieur;
l'arbre étoit parfaitement solide, et d'après sa grosseur, on pou-
voit soupçonner qu'il étoit âgé de 20 à 3o ans. Aussitôt que
l'arbre fut fendu, le Crapaud sortit de sa prison, et vivoit en-
core le 9 juin, époque où cet article fut inséré dans le Journal
intitulé: 'The TFeslcIiester Herald New-Yorck.
L'autre fait a également été observé en Amérique , et il est
rapporté dans l'ouvrage que vient de publier M. Darby {Tour
front the citj of New~Yorck todetroil in Summer of 1818), comme
extrait du Rochester Telegraph , journal publié dans ce village
de l'état de New-Yorck. 11 n'y a pas long-temps, dit-il, qu'en
creusant un puits à Carthage , des ouvriers découvrirent douze
ou quinze Grenouilles renfermées dans ]une couche de marne
parfaitement compacte à environ g pieds au-dessous de la sur-
face. On prit tous les soins possibles pour s'assurer s'il y avoit
eu la moindre communication avec l'extérieur, et il fut démontré
d'une manière tout-à-fait satisfaisante^ qu'il n'y en avoit aucune. Ces
animaux étoient d'un brun-clair, à peu près parvenus à la moitié
de leur grosseur et très-actifs.- Us étoient dans une sorte de nid,
comme des souris, et entièrement séparés du reste de la na-
ture animée. En creusant le même puits, el seulement à 4 pieds de
profondeur, plusieurs autres Grenouilles avoient déjà été trouvées
dans une couche de terre tout-à-fait séparée de celle qui éloit
au-dessus, cl de même sans aucune communication avec l'air
extérieur; aussi pensa-t-on que ces animaux existoienl dans cet
endroit depuis le retrait du lac Ontario.
ERRATUM. La note (1) de Jimg- iyal&hier de février de cette année),
doit être reportée dans le texte, pc^feefefii^ évijiemmeut partie.
\J5'^!::':^J ~
De l'Imprimerie de M^M^^llSJÏtÉR , me au Jardiijet.
Journal y, Phy^uju^ jff^^ .
<5«.«.L ï*'^'
l « ! W^,.J ^ ^-^'^^^^^»^^^^l.'^I-^■^^'|"""-J-■-l^. rSWIlfWIMiaMMMmM'i.JVVf^ ' TO i^
ANNONCES.
LIVRES NOUVEAUX.
Traité élémentaire des Machines; par M. Hacliette, ancien Professeur de
l'Ecole Polrtechuique , Professeur de la Faculté des Sciences, Membre du
Conseil d'Agriculture près S. Exe. le Ministre de l'Intérieur, de la Société
royale et centrale d'Agriculture, de la Société Philomathique. Seconde édition
considérablement augmentée. Un vol. in-4'', avec 02 planches. Prix, aSfr. pour
Paris , et jo fr. franc de port par la poste. A Paris , chez M"' Y' Courcier,
Imprimeur-Libraire pour les Sciences , rue du Jardinet, n° 12.
Minéralogie industrie/le et manufacturière.
Les personnes qui aiment à suivre les progrès des arts, apprendront peut-
être avec intérêt, qu'on s'occupe dans ce moment-ci d'une manière très-ac-
îive, de la rédaction d'une Minéralogie appliquée aux arts, dans laquelle on
décrira avec le plus grand soin toutes les substances minérales naturelles qui
s'emploient dans l'Aoriculture, l'Economie domestique, les constructions ci-
viles et militaires, l'Architecture, le Dessin, la Peinture, la Lithographie, la
Joaillerie, la Bijouterie, etc.
On se propose d'y joindre aussi, mais d'une manière très-consise, et seu-
lement pour ne rien lai.-ser à désirer aux personnes qui pourront consulter
cet Ouvrage, des notions sur les produits chimiques qu'on extrait des minéraux ,
ou qui n'en sont que de simples modifications , tels que les métaux , leurs
alliages, leurs oxides et les sels qu'ils sont susceptibles de former. On ren-
verra, pour tout ce tient à leur extraction ou à leur fabrication, aux bons
ouvrages de Chimie ou de Métallurgie qui en ont ti'aité ex professa.
L'auteur de ce travail voulant y apporter toute l'exactitude possible, et tout
le développement que son plan comporte , fait un appel aux 'naturalistes ,
aux exploitans , à tous les fabricans, et généralement aux amis des Arts et
de l'Industrie. 11 espère qu'on ne sera point sourd a sa demande, et qu'on
voudra bien seconder ses bonnes intentions, en lui fournissant des documens
certains sur une foule d'objets ou de substances qui sont répandus dans le
commerce , dont l'usage est journalier , et dont cependant le lieu natal est
encore inconnu. Pour ne point abuser du temps des personnes qui voudront
bien coopérera la perfection de ce travail, il suffira qu'elles indiquent pour
une substance quelconque ,
1°. Le lieu très-précis de l'extraction;
a°. SorKprincipal usage ;
3°. Son nom vulgaire ou de pa3's -,
4°. Son prix sur place.
Mais on recevra tous les autres détails relatifs aux gisemens et aux prépa-
rations avec le plus vif intérêt , et l'on citera scrupuleusement le nom à l'appui
de l'observation.
Comme il exi-te fort peu d'espèces minérales dont on ne fasse aucun usazo,
il seroit trop long de rapporter ici toutes celles qui so;it du ressort de cet
Ouvrage; il suiTira de rappeler que les manies, le sel , la houille, les lignites,
les tourbes , les pierres à meu/es , les cendres végétatives , les terres à briques ,
à poterie, à faïence, à porcelaine, à foulon, les terres réfractaires des creu-
sets d' Aix-la-Chapelle et de Ptissnu , les pierres à fusil et à briquet , les pierres à
aiguiser, \es pierres de touille, les pierres détaille ou d'appareil , les pierres à
chaux, à plâtre, les sables, les graviers, les pouzzolanes, les grès, les ar-
doises , les marbres , les albâtres , les porphwes, les granits , les crayons de plom-
bagine, les crayons de pierres noires, les ocres, les pierres lithographiques , le
tripoli , rémeril, le diamant, le saphir, les agathes , et enfin toutes les pierres
précieuses seront les principaux articles de cette nouvelle Minéralogie, et ceux
qui sont en italiques indiquent plus particulièrement les objets sur lesquels
on a le plus besoin de renseignemens.
On voudra bien adresser les notes ou les dessins dans le courant de la pré-
sente année, à M. Brard, chez M. Faujas , Professeur de Géologie au Mu-
séum d'Histoire naturelle de Paris j qui veut bien s'intéresser aussi à la pu-
blication de cet Ouvrage.
7'As american Journal of Sciences , par M. Silliman.
N° 2. Remarques sur la Géologie et la Minéralogie d'une partie de Mas-
sachu.-sets , de Connecticat river, d'une partie du Ntw-Hampshire et de Ver-
mont, par Ed, Hitchcock. — Sur les prairies et les landes de l'ouest, par Caleb
Atwater. — Sur les mines de charbon du voisinage de Richemond en Virginie,
par J. Graniraer. — Essai sur la Géologie et la Minéralogie d'une partie de
l'état de l'Indiana, par W. B. Stilson. — Nouvelles localités d'Agates, de
•Calcédoines , de la Chabasie , de la Stilbite , de l'Analcime , du Titaniuni et de
la Prehnite. — Sur hs Couches traversées pour l'ouverture de la mine de
Plomb de Southampton , et sur les minéraux qu'elles renfermoietit, par M. Amos
Eaton. — Sur la Tourbe du Comté Dutchess, par F. C. Schœffer. — Notices
sur la Géologie des Indes occidentales, par le D' Nugent. — Découverte du
Carbonate de magnésie naturel cristallisé de l'ile des Etats , avec une Notice
sur sa géologie, par J. Pierce. — Sur une Substance curieuse trouvée avec
le Nitre natif de Kentukey et d'Afrique, par Sam. Brown. — Description de
différentes espèces d'Epongés observées sur les bords de Longisland , par C.
S. RaGnesque. Mémoire sur le Xanthium maculatum , par le même. — Des-
cripton de la Phalène dévastatrice, parJI. J. P. Bruce. — Description à.&VExo-
slossum , nouveau genre de poissons d'eau douce , par C. S. RaGnesque. — Sur
les Machinas à vapeurs tournantes, par M. Sam. Morey. — Précautions tou-
chant les Poudres fulminantes. — Sur la méthode parisienne d'obtenir'la Gélatine
des os, par Isaac Doolitlle. — Sur le tempérament en Musique, par Fischer.
— Extrait d'une Lettre du colonel Gibbs , sur l'effet de la lumière. — Sur le
Pouvoir magnétique.
Caroli Tt'illielmi Eysenhardt , Med. et Chir. doct. , de structura Renum obser-
intiones microscopicœ. Beruhni , 1818.
De Animalihus quibusdam e classe J-'ermium Llnnœna in circum nauiga-
iione terrœ , auspicante comité, N. Romanzojf, duce Ottone de Kotzebue ,
cnnis i8i5, 1816, 1817, 1818, peracta observatis. Adelbertus de Chamisso.
Fasciculus primus. De Salpa Berolini, 181g, '«-4°, cum Jig.
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
ET DES ARTS,
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
Par m. H.-M. DUCROTAY de BLAINVILLE,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris , Professeur de Zoologie, d'Ana-
tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole
normale; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi et au Collège de France,
Membre et Secrétaire de la Société Philoraathique , Membre de la Société
Y«rnérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Publin, etc.
AVRIL AN i8ig.
TOME LXXXYIII.
A PARIS,
CHEZ M"' V= COURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
me du Jardinet , quartier St.-André-des-Arcs.
TABLE
DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER.
Suite de l'Histoire des changemens que l'Œuf des oiseaux éprouve dans les
cinq premiers jours de l'incubEtion ; par Chr. Prander, D. M., pag. 2G1
Remarques sur les Trombes; par M. Defrance, 269
Description de l'Etna, avec l'histoire de ses Eruptions et le catalogue de leur
produits ; par M. l'abbé François Ferrara ( Extrait par M. le D'
Fodera), 280
Tableau météorologique; par M Bouvard, ago
Mémoire sur le i>élénium; par M. Berzelius. (Extrait.) 292
Mémoire sur les Phénomènes de la Sanguification et sur le Sang en gé-
nérai ; par M. VV. Prout, M. D. , 298
Lettre de M. Cavoleau à M. Dubuifson , sur un Aérolithe, 3i 1
Réponse de M. Dubuissoii , 3i3
Note sur le genre Antilochèvre , Antilocapra (Ord), 3i4
Mémoire relatif à la courbure ces milieux de l'OEil dans les différens ani-
maux ; par M. Chos^at. (Extrait par M. 13iot.) 3i5
Notice sur le dépôt salifère de Yilliczka en Galicie ; par M. Beudant , 322
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
CHIMIE.
Sur un Acide nouveau formé par le Soufre et l'Oxigène ; par MM. Welter
et Gay-Lussac, 33o
Prix proposés, 33 1, 33a
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
*•/ --^^i
AVRIL AN 1819. ; ^te'Jv'^
SUITE DE L'HISTOIRE
Des changemens que FQÏuf des oiseaux éprouve dans les
cinq premiers jours de l'incubation 5
Pak Chr. PRANDER, D. m.
Troisième jour de l'incubation. Le blastoderme s'est accru et
égale l'he'niisphère du \ilellusj l'aire vascuiaire est du diamètre
de 70 à 80 centièmes.
La forme de l'aire^pellucide, jusqu'ici bien circonscrite, de
régulière qu'elle étoit, change et devient irrégulièrement plus
longue et plus aiguë supérieurement et inférieurement.
Au lieu des halons qui ont disparu depuis la trentre-sixième
heure , tout le vitellus subjacent au blastoderme s'est liquéfié,
principalement cependant presque sous le fœtus et l'aire vascu-
iaire ; il est contenu dans une matière blanche, liquide et sem-
blable à du lait.
De ce réseau vascuiaire sont sortis maintenantdes vaisseaux san-
guins, dont les troncs et les ramifications ornent d'une manière
fort élégante, la membrane vascuiaire ; les troncs atteignent le
fœtus; les plus petits rameaux sont réunis entre eux et avec
l'anneau terminal.
L'aire vascuiaire est composée d'artères, de veines et d'un
Tome LXXXFIII. AVRIL an 1819. h\
202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE C II I BI 1 K
sinus. I,es Ironcs des artères sortent à angle droit du milieu
du iœtus , et se divisent bienlùt en trois ou quatre rameaux
qui se ramifient ensuile beaucoup , et se terminent par une mul-
titude innombrable de ramuscules dans le sinus terminal , ou
en formant avec les ramuscules veineux les plus fins, un grand
nombre d'anastomoses.
L'anneau terminal sanguin, que les auteurs nomment veine
terminale, quoiqu'il manque de toute espèce de parois , et que
ce soit un simple petit ruisseau de sang , retenu et cohibé par
les lames du blastoderme, imparfaitement circulaire vers la
trentième heure , se réfléchit au-dessus de la tète du fœtus
en forme de cœur. De ce sinus sanguin naissent deux ou trois
veines , se dirigeant vers le fœtus, et tellement disposées, que
leur direction correspond à l'axe du fœtus. De ces veines, la
première supérieure, descendante, le plus souvent double, est
la continuation immédiate du sinus terminal ; de sa partie su-
périeure, elle descend vers la lètc, se place sous sa gaîne ou
enveloppe, et dans la région cardiaque arrive au cœur; s'il y
en a deux , elles se réunissent en un court tronc avant cette réunion
avec le cœur. La seconde veine inférieure ascendante, née par de
petits rameaux de la région opposée du sinus terminal , remonte au-
dessus de la queue, etse réunitavec les descendantes près du cœur.
Celui-ci situé dans le côté gauche du fœtus, et couvert par
la gaîne de la tête, en sorte qu'en l'enlevant on en voit beau-
coup mieux la structure , consiste en trois vésicules, réunis par
trois isthmes.
La première de ces vésicules est l'oreillette, la seconde le
ventricule , et la troisième le bulbe de l'aorte.
L'oreillette globuleuse adhère inférieurement avec les veines;
et supérieurement au moyen du canal auriculaire séparé d'elle
transversalement, elle se joint à un ventricule oblong. Le ventri-
cule est le plus éloigné du fœtus, et il présente une sorte de
nœud conlourné dans cette partie, où il reçoit le canal auri-
culaire par son extrémité la plus élargie. Le ventricule passe
par un détroit (^fretiim) plus grêle dans le bulbe plus large de
l'aorte, d'où part un canal petit, très-grêle, cylindrique se termi-
nant par les' deux ou trois racines de l'aorte.
L'aorte après avoir fait un grand arc, forme un tronc simple
jusqu'à la fosse cardiaque, et là, elle se partage en deux troncs,
dont chacun couvre une partie latérale de la colonne dorsale,
et qui après s'être contractés , semblent disparoître vers la queue ;
de ces deux artères naissent, au-delà de la moitié du fœtus, les
ET d'histoire naturelle. 205
deux arlèies latérales de l'aire vasculaire dont il a été parlé
plus haut.
Oii peut donc déjà se faire une juste idée de la circulation.
Le sang est chassé du ventricule par l'aorte dans les deux artères
latérales; par les plus petites ramifications de celles-ci, il passe
tant dans le sinus terminal, que dans les plus petites radicules
veineuses, d'où ensuite il est reçu par les veines, et porté au
cœur par la veine ascendante et descendante du cœur.
Dans le sinus terminal, il y a quatre régions à noter, dont
deux opposées entre elles , se conviennent quant à la direction
du sang, c'est-à-dire deux latérales et deux autres, l'une cé-
phalique et l'autre caudale. Des deux régions latérales, et par
les troncs des artères diamétralement opposées , le sang que le
sinus reçoit des rameaux desarlères, coule opposé de chaquecôté,
en sorte qu'une partie gagne la région caudale, et l'autre la
céphalique, de telle sorte qu'il existe dans chacune de ces ré-
gions, un point où le sang hésite pour ainsi dire, quant à la
route qu'il doit tenir. Une partie du sang dans le quart supérieur
droit du sinus terminal, arrive jusque dans la veine droite descen-
dante, et dans le quart supérieur giuche, dans la veine gauche ; et
la veine ascendante reçoit le sang de chacun des deux quarts
inférieurs. Spallanzani décrit fort bien ce mouvement du sang.
L'embryon, dans la partie supérieure du corps, le cou re-
courbé , est couché sur le côté gauche, et la tèle est placée de
sorte que l'occiput regarde en avant, et le sinciput vers le cœ'ur;
à la partie Inférieure il regarde en dessous. Jusqu'à la fosse
cardiaque, il est recouvert par la gaîne de la tète, el il est
découvert de là jusqu'à la queue. La moelle épiuière, incluse
dans les plis primitifs réunis, constitue l'axe de l'etnbryon. Elle
recouvre , avec les vertèbres dorsales et lombaires , la partie
inférieure de l'involucre de la queue.
A la partie antérieure du thorax, l'estomac qui, le second
jour, éloit dirigé en avant, regarde maintenant obliquement en
arrière , ayant déjà la figure et l'aspect qui le font aisément re-
connoître ; car sa figure est oblongue , conoïde , plus étroite
vers l'extrémité supérieure continuée de l'œsophage ; il descend
ensuite en se recourbant en avant, et enfin se termine par
une ouverture inférieure; celte ouverture de l'estomac, qui
d'abord étoit l'hiatus de la fosse cardiaque, est entourée par un
limbe mince qui se termine postérieurement dans les plis in-
testinaux.
Eu arrière de l'estomac, le mésentère formé des deux replu
Ll 2
264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
mesentériques rapprochés entré eux el réunis, se conlinue, âë
telle sorle que les lames dont il est formé , d'abord planes et
maintenant droites et unies, paroissent une membrane simple.
L'intestin rectum infundibuliforme, paroît terminé en dessous
el en arrière, par un sommet ou pointe, el en dessus et en
avant par un hiatus. L'un se termine à l'anus et l'autre con-
stitue l'ouverture de la fosse inférieure (involucrc de la queue).
Le pelvis ou bassin, a la forme de l'intestin rectum qu'il
renferme, car le bassin dans un temps plus antérieur, a com-
mencé à paroître également sous forme d'une espèce de pli,
placé en dehors du pli intestinal el de linvolucre delà queue,
réunissant les plis abdominaux; maintenant il montre le bord
du pubis.
De ce bord, le blastoderme se réfléchit autour de la super-
ficie dorsale du fœtus; et là, il est terminé par un limbe semi-
Junaire. Les limites ou (îns de ce limbe, passent ou se con-
fondent en celle membrane des plis abdominaux, ou réfléchie,
sur la région dorsale de l'embryon, et de là dans la partie
dorsale de la gaîne de la tête. Celle membrane réfléchie, qui
est le rudiment d'un véritable amnios, n'est point encore réunie
dans l'axe du dos , et par celte raison il se forme sur le dos
une sorte d'espace vide, oblong - lancéolé , des bords duquel
la membrane séreuse se continue dans le blastoderme. Nous la
nommons faux amiiios^ formant, ce nous semble, une chose
tout-à-fait difl'érente de ce que VVolfF a nommé ainsi.
Cependant les plis abdominaux el intestinaux qui, à cause
de la connexion de la membrane séreuse et vasculaire du blas-
toderme, paroissent être formés de celle-ci, le blastoderme
élanl entier, commencent à se séparer en différens endroits,
et principalement où devront sortir les pieds et les ailes; en
sorle que l'espèce de germination des extrémités se reconnoît
déjà par l'accumulation de la malière celluleuse, et que l'on
aperçoit le vestige de la séparation future des couches séreuse
et vasculaire , ce que nous verrons d'une manière manifeste le
quatrième four, époque à laquelle l'amnios et les intestins sont
formés, le premier de la seule membrane séreuse, el ceux-ci
de la vasculaire jointe à la pituiteuse.
A la partie inférieure de l'embryon, commence à paroître
une vésicule de la grandeur d'une lentille, très-mince et vas-
culaire, remplie d'une liqueur transparente, et qui pend, pour
ainsi dire, d'un pédoncule vasculaire; elle naît du sommet de
l'inlestia rectum, où elle est couverte par le rudiment du bassin.
ET' d'iII STOIRE NATURELLE. zGj
recevant les artères ombilicales, c'est-à-dire les ramifications des
artères illiaques que nous avons vues ci- dessus, descendre de
chaque côté vers les vertèbres. On appelle ordinairement celte
vésicule Clionoii, mais Oken la compare avec rallauloide des
mammifères.
A cette même époque, Wolffa vu, i°. les reins sous la figure
de lames e'troites, longitudijiales et séparées des lames du mé-
sentère, auxquelles ils avoient adhères jusque là; 2°. les deux
lobes du foie et les vésicules des poumons.
Les yeux paroisseul décolorés et sans paupières, et du reste
on ne voit rien autre chose que le cristallin , le corps vitré et
leurs membranes transparentes, la sclérotique et la choroïde.
Quatrième jour. La membrane propre du vitellus devient ex-
trêmement mince, cède au blastoderme amplifié; celui-ci cache
le vitellus presque tout entier, excepté à la pointe de l'œuf où
un albumen épais adhère au vitellus réuni.
La quantité de liqueur lactée du vitellus est plus abondante.
Les arlères et les veines décrites ci-dessus devenues plus grandes,
sont remplies d'un sang de même couleur et d'un rouge plus
intense.
Les arlères de la membrane vasculaire sont accompagnées
par les veines qui marchoient d'abord séparées et qui maintenant
marchent sous et près d'elles.
Le cœur s'offre à la vue dans la région supérieure et an-
térieure du thorax , et dans une situation telle, que son sommet
obtus regarde en dessous et sa base en haut.
On aperçoit sur l'oreillette un double demi-cercle, l'un pos-
térieur ou plus rapproché du corps, et l'autre plus intérieur,
qui divise ToreilletSe en forme de lune. Ce sont les premiers
indices de la division des oreillettes, dont la gauche plus grande
que la droite, paroit fiasque et plissée de petits plis presque
circulaires. Dans son milieu, on voit presque toujours une goutte
de sang coagulé, à travers la membrane mince de l'oreillette.
La droite est située derrière l'axe de l'aorte , et quelquefois
gonflée de sang comme la gauche; souvent cependant on la
trouve flasque et sa forme ordinaire est presque ronde. Sa su-
perficie est un peu convexe, et son bord antérieur crénelé;
elle est sous le ventricule droit de l'aorte. Dans le point de
conjonction de l'oreillette , plonge la veine cave et le canal
auriculaire qui, plus étroit vers l'oreillette et plus dilaté vers
le ventricule , descend manifestement dans celui-ci.
Dans le ventricule on commence à apercevoir les vestiges d'uu
266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
nouveau veiiliicule s'accroissanl; c'est un petit tubercule rouge,
ovale, place transversalement sur le ventricule primitif sous le
bulbe de l'aorte. Le ventricule gauche a une forme globuleuse.
Du bulbe de l'aorte, près du ventricule, montent deux ou trois
rameaux, et de ces racines, l'aorte se porte antérieurement; elle
se courbe ensuite en arrière et produit un arc en descendant.
L'amnios presque clos, renferme presque tout le fœtus , c'est-
à-dire la tète, le dos, la queue et les tubercules des ailes et
des pieds.
Les plis abdominaux qui , par leur réflexion dorsale, forment
le véritable amnios, sont disposés parallèlement sur les côtés
du fœtus; mais vers la région cardiaque, et vers le bord du
pubis , ils se réunissent en arc et forment le limbe de la ca-
vité qui embrasse le thorax et l'abdomen. L'ouverture de
celte cavité est l'origine de l'ombilic , car par la suite le limbe
s'accroît, se resserre, jusqu'à ce qu'enfin il n'y ait plus qu'un
petit orifice pour la large cavité abdominale, ce qui est l'om-
bilic chez les oiseaux.
L'estomac sorti de l'œsophage, descend directement dans le
duodénum; il est entier, et le vestige de la fosse cardiaque
ne conduit plus dans l'estomac même , mais dans le duodénum,
et de celui-ci dans celui-là; en sorte que la cavité du duo-
dénum est formée.
Du duodénum, l'intestin médian commence et descend jus-
qu'au rectum; il comprend en lui les rudimens de tout le
trajet des intestins , qui , dans l'animal adulte , se trouvent entre
le duodénum et le rectum auquel les cœcums sont annexés.
L'intestin médian est composé de deux lames réunies par leur
bords postérieurs (ce qui constitue la suture intestinale de Wolf),
et continues dans le mésentère; quant aux bords antérieurs,
ils sont encore séparés, roulés et se portant sur les côtés dans
la membrane vasculaire et piluileuse. Derrière le cœur, paroissent
les poumons, sous la forme de petits corps oblongs, presque
cylindriques, les plus minces de tous les organes, presque pel-
lucides et terminés inférieurement par une vésicule extrêmement
mince.
Entre le cœur et le poumon, sous l'oreillette même, est
situé le lobe droit du foie; il est oblong, convexe à sa surface
antérieure, concave à la postérieure, par où il est sur le cœur.
La veine cave sort de sa partie supérieure. Le lobe gauche étroit,
est placé sur l'estomac et le duodénum.
Les reins, d'une forme remarquable, sont placés de chaque
"ET d'histoire naturelle. 2(37
côté près delà colonne verlel)rale, en suivant sa direclion; ils
sont presque linéaires et trcs-longsj ils commencenl dans la
région tboracique derrière les poumons, et descendent jusqu'à
l'extrémité inférieure de l'intestin rectum, dans lequel ils s'in-
sèrent de chaque côté sans uretère visible. Les reins sont en-
tièrement composés de lamelles placées transversalement, dis-
tinctes et bien séparées, surtout à la partie antérieure, car à
la postérieure, elles sont comme annexées à une sorte de corde.
Les pieds et les ailes paroissent à travers l'amnios, comme
des espèces de tubercules. L'aile est glabre et convexe, à sa sur-
face extérieure, et, au contraire, plane, inégale à l'intérieure,
ou à celle qui est appliquée contre le thorax et qui est en outre
pourvue d'éminences et d'impressions. Du bord postérieur et plus
épais, par où l'aile est attachée au corps, sortent supérieu-
rement et inférienrement deux productions charnues qui aug-
mentent encore l'adhésion. Les surfaces des pieds oflreut ab-
solument les mêmes formes.
Deux appendices réunis par la base sont fixés au cou; ce
sont les rudimens de la mâchoire inférieure.
On peut également voir la mâchoire supérieure sous la forme
de deux appendices non encore réunis vers la courbure du cou.
Les yeux ne sont pas encore bien perfectionnés, si ce n'est
que la couleur noire occupe peu à peu la membrane choroïde,
qui est obscure dans l'hémisphère supérieur. Dans l'hémisphère
inférieur, on voit comme une iache (ht Uis) transparente, à cause
du défaut de la choroïde.
La vésicule du chorion, ornée des vaisseaux ombilicaux, est
augmentée de volume.
Cinquième jour. La membrane propre du vltellus s'est évanouie.
Le faux amnios adhère à la membrane du têt ou elle en est
voisine.
Le véritable amnios est clos.
Le chorion augmenté se réunit avec le faux amnios sous lequel
il se trouve.
Il arrive de grands changemens dans le sinus terminal et dans les
veines descendantes.et ascendantes de l'aire vasculaire; celui-là
disparoit presque entièrement, et celles-ci commencent déjà aussi
à se soustraire aux yeux et à disparoître, en sorte qu'après
quelques jours, il n'en reste plus de vestige.
L'intestin médian est presqu'en totalité formé; les plis in-
testinaux rapprochés l'un de l'autre et réunis, ne permettent
2G8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
plus aucune communication de l'inlesliu avec le vitellus, si ce
n'est par le petit canal vilello-mleslinal.
Les membranes séreuse el vasculaire s'ëlant sépare'es l'une
de l'autre presque entièrement, la première, du limbe de l'om-
bilicdevenu piusétroit, se confond vers le dos avec la membrane
de l'amnios; la seconde avec la pituiteuse, renferme le vitellus,
et est reunie à l'inteslia au moyen du canal intermédiaire vi-
tello-inlestinal.
De crainte que nonsparoissions avoir entièrement oublie le cer-
veau, nous dirons seulement:
La moelle épiuière infléchie sous un angle obtus, se continue
dans la moelle alongée; dès que les parties latérales delà moelle
se sont séparées l'une de l'autre , elles montrent le quatrième
ventricule ouvert; lorsqu'elles approchent des corps quadriju-
meaux, réunis de chaque côté en une espèce de pont, elles cou-
vrent la partie antérieure du quatrième ventricule.
Les corps quadrijumaux se montrent sous la forme d'une vé-
sicule , un peu séparés , étendus en longueur de la partie pos-
térieure jusqu'à l'antérieure. De chaque tôle de ces corps ,
partent deux lames parallèles aux hémisphères qui, de même,
sont enfermés et compris dans une vésicule séparée.
Cependant il n'est pas assez évident, et il ne paroît pas qu'on
puisse arriver à déterminer, sans de grandes difficultés, si les
choses que nous avons vues constituent la véritable substance
du cerveau , ou si ce sont des membranes qui renferment le
cerveau parfait. Ce qui nous tient surtout en doute à ce sujet,
est ce que disent les célèbres Wenzel dans leur bel ouvrage
De peniliori Structura cerehri humani et briUonim, que le sixième
jour de l'incubation la masse cérébrale est d'une telle mollesse,
qu'elle coule comme un mucus, ce qui fait qu'il seroil impos-
sible de reconnoître dans le cerveau aucune des parties de cet
organe, si déjà même elles existoient.
Dans cette traduction littérale de l'excellente Dissertation de M. Prander ,
nous avons passé tous silence les notes qu'il y a ajoutées, parce qu'elles ne
nous ont pas paru d'une utilité absolue ; en effet, elles ont le plus souvent
pour but, de critiquer quelques observations erronées ou d'applaudir à celles
qui lui ont paru vraies, comme celles de Wolff^ur le mode de formation
des intestins, et de Spallanzaiii sur I9 circulation, le seul auteur qui l'ait
pien connue. (R.)
3REMARQUES
ET d'histoire naturelle. 269
I
REMARQUES
SUR LES TROMBESj
Par m. DEFRANCE.
LEhasard seul présenlantles Trombes à robservalion; la durée
de leur existence ëlant courte, et le théâtre sur lequel elles
exercent leur puissance étant souvent peu étendu, il en est ré-
sulté que, jusqu'à ce jour, elles ont été peu observées par les
physiciens , et que leur théorie est encore peu connue.
Quelques auteurs ont avancé qu'elles dévoient leur origine à
des feux soulerraius , ou à des vents qui s'entre -choquoient;
Brisson , Franklin , et quelques autres savans leur ont assigné
l'électricité pour cause ; mais il paroît que les explications qu'ils
en ont données laissent encore beaucoup de choses à désirer.
On a annoncé qu'il y avoit des Trombes ascendantes et des
Trombes descendantes, et que l'on devoit distinguer les Trombes
de terre de celles de mer.
Il y a lieu d'espérer qu'après des observations approfondies,
on expliquera un jour les véritables causes de ces météores;
mais en attendant celte époque , et pour éveiller l'attention
sur eux, je vais rapporter ce qui en a été dit par la plus grande
partie de ceux qui en ont parlé, et ce que j'ai pu observer par
moi-même, ensuite je hasarderai mes conjectures.
« Le 21 août 1727, à 5 heures | du soir, on vit à Campestan ,
» près de Beziers, une colonne assez noire qui descendoil de
)) la nue jusqu'à terre, et diminuoit toujours de largeur en ap-
>) prochant de la terre, où elle se lerminoil en pointe. L'air
n étoit calme à Beziers, et on y avoit entendu auparavant quel-
j) ques coups de tonnerre. A Campestan, le vent fut violent,
» le ciel s'obscurcit d'une manière extraordinaire. La colonne
M étoil d'une couleur cendrée , et obéissoit au vent qui souf-
1) floil de l'ouest. Elle arracha quantité de rejetons d'olivier,
)) déracina les arbres , et jusqu'à un gros noyer qu'elle trans-
» porta à 40 01» 5o pas, marquant son chemin sur une large
» trace bien battue où trois carosses de front auroient passé.
» Il parut une autre colonne de la même figure, mais elle se
H joignit bientôt à la première, et après que le tout eut dis-
2'ome LXXXVIII. AVRIL an 1819. Mm
ayO JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ji paru , il tomba une grande quanlilé de grêle, m Histoire de
l'Académie, année '727.
L'Iiisloi'it'Q de l'Académie des Sciences croit que ce pLéno-
mcnc , et celui qu'on nomme Trombe marine , ne font qu'un
seul et même.
<( Le j. novembre 1729, vers 8 heures du malin, on aperçut
« à Montpellier, du côté du sud-csl, d'où le vent souflloit ,
J) une petite nuée fort obscure et fort élevée , qui s'avançoit
» avec un bruit sourd vers la ville. Le bruit augmenta à mesure
» qu'elle approcha. Elle s'abaissa jusqu'à terre; on crut y aper-
» cevoir une lumière semblable à celle d'une fumée qui s'élève
« d'un grand feu, et après le passage de la nuée, on avoit
>J senti une forte odeur de soufre, comme celle qui infecte les
» lieux récemment frappés de la foudre. Celte nuée avoit un
') mouvement très-rapide, et formoil autour d'elle un tourbilloa
» qui s'étendoit à 5o toises à la ronde, et dont l'activité étoit
>' si prodigieuse, qii'il déracinoit les arbres, enlevoit le toit
» des maisons, renversoit les édifices et en emportoit les débris
'1 à plus de 200 toises. Après avoir parcouru une petite demi-
') lieue en longueur, sur une largeur d'environ 100 toises,
>' et qu'il se fut dissipé , il survint une grosse pluie d'oiage
» sans éclairs et sans tonnerre. >t
Guettard, qui rendit compte de ce phénomène, dit que si
cette colonne se fût promenée sur la mer, elle se seroit remplie
d'eau comme les Trombes marines^ et leur auroit été parfai-
tement semblable.
« En 1741» on vit sur le lac de Genève une Trombe dont
)) la partie inférieure, qui étoit plus étroite, se tcrminoit au-
j) dessus de l'eau. Quand elle se dissipa, on aperçut une vapeur
» qui monta à l'endroit où elle avoit paru; et là même, les
» eaux du lac bouillonnoient et sembloient faire effort pour
» s'élever. L'air étoit calme. Le ciel étoit seulement chargé de
» quelques nuages, et il ne s'ensuivit ni vent ni pluie, n {Jlis-
taire de V Académie, ann. 1741-)
Dans la même année, Dampierre observa sur la mer Paci-
fique, une Trombe qui s'éievoit à la hauteur de 637 toises.
Elle éloit accompagnée d'un vent très-impétueux sans qu'on
observât aucun nuage. [Idem.)
En 1742, on observa sur le lac de Genève, à la dislance
d'environ 3ooo pieds du rivage, une Trombe qui paroissoit
avoir 16 ou 18 toises d'élendue. La vapeur basse qu'elle for-
moit, s'éievoit par de grands sauts. Après avoir paru pendant
ET d'histoire naturelle. 27I
une demi-heure, elle se changea en une colonne droite et assez
haute. Elle se porta ensuite jusqu'au continent, où elle par-
courut 5o ou Go pas , et ensuite elle se dissipa en un monieut.
(^Dictionnaire de Physique de Sigaud.)
L'auteur dit que lorsque ces colonnes changent de place, on
ne peut guère soupçonner qu'un feu souterrain concourt à leur
production.
Le 24 juin lySo, on observa en Hollande une Trombe qui
se forma dans un temps d'orage, lorsque le tonnerre grondoit.
Entre autres dégâts qu'elle lit, elle enleva le toit d'une maison,
elle transporta un bœuf, une génisse et un bouc d'un champ
dans un autrej elle enleva une barque qui ëtoit dans un fossé
et la porta sur la terre. {Idem.)
Le 24 juin 1754, à 2 heures après midi, dans le voisinage de
Harlem, une Trombe éleva l'eau à la hauteur de 5o à 60 pieds j
elle tomba ensuite sur des maisons auprès de Paul-Longe, elle
en écrasa le toit, en brisa les fenêtres, et tout ce dommage
fut fait dans l'espace d'une minute, (/c/ew.)
Musschembroek a vu une Trombe de mer qui passoit par
dessus la ville de Leyden ; elle déracina et jeta fort loin de
gros tilleuls qui avoieni plus de lOO ans, etc. {Essai de Phy-
sique, pag. 777, tome II.)
Ce physicien dit qu'on ne sauroit examiner les Trombes de
nier avec toute l'exactitude requise , attendu le danger auquel les
marins savent qu'ils sont exposés, s'ils en approchoienl ; mais
il ajoute, « qu'on n'a pas laissé d'observer qu'elles sont creuses
)) en dedans et sans eau , parce que la force centrifuge pousse
» hors du centre les parties internes. Plusieurs parties aqueuses
M se détachent de la circonférence et forment la pluie qui
w tombe autour du tourbillon. Cette colonne ne tombe pas lou-
» jours en bas , mais elle est quelquefois comme suspendue
« obliquement à la nuée, et flotte au-dessus de la mer ou de
» la terre ferme; dans le premier cas, il s'élève de la mer une
>i autre petite colonne qui va à la rencontre de la supérieure, n
Cet auteur assigne pour cause aux Trombes , l'action de deux
vents souflant directement l'un contre l'autre, et venant à ren-
contrer des nuées, « ils les poussent, dit-il, l'une vers l'autre
») et les compriment, ce qui fait qu'elles se convertissent ea
» eau. Si ces vents continuent d'avancer, ils font tourner avec
)i rapidité les nuées qu'ils compriment. Une partie de la nuée
» condensée tombe par son propre poids de l'air en bas, et
r> prend la figure d'une colonne lanlôl conique , tantôt cjlia-
Mm 2
^7 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE.'
» diique; mais elle lient toujours en haut par sa base à l'autre
>' partie de la nuée, tandis que la pointe regarde en bas.»
{Icienij pag. 776.)
« Le 25 juin 1764, vers les 10 heures du matin, on aperçut
y> à Liniay, près de Villc-Neuve-Sainl-Georges, à une demi-
« lieue de la Seine, par un temps chargé et orageux, accom-
« pagné d'ëclairs et de tonnerre , une Trombe qui avoit le
» pied dans la rivière, et qui s'élevoit en serpentant Jusqu'aux
J> nuées. Elle fut Juge'e large d'environ trois pieds à l'extrémité qui
>' touchoit aux nuages; sa largeur étoit moindre à la superficie
» de la rivière, et sa longueur étoit formée par cinq ou six
» sinuosités. 11 y avoit des parties transparentes qui laissoient
« apercevoir l'ascension de l'eau. La Trombe laissoit même à
" quelques endroits échapper une espèce de brouillard. Elle
n avoit creusé un bassin dans la rivière. Ce phénomène dura
■» a peu près un quart d'heure. Alors la colonne se rompit au
'> tiers, ou environ, de sa hauteur. La partie inférieure retomba
>> en pluie, et la supérieure fut pompée par le nuage en une
» seconde de temps , et le phénomène fut suivi d'une forte grêle. »
[Mémoire de l'yicadémie des Sciences^ ann. 1764.) ^
<f Le 17 mai 1776, le capitaine Cook rencontra six Trombes
« sur le canal de la Reinc-Charlolle, à 4 heures après midi avec
" un bon vent de l'ouest quart sud-ouest et un temps clair.
» Le vent s'éteignit tout à coup, et il y eut calme. Des nuages
» épais obscurcirent subitement le ciel. Bientôt après ils aper-
» curent six Trombes. L'une d'elles passa à 5o verges du vais-
>y seau sans produire sur lui aucun effet. Sa base avoit environ
» 5o à 60 pieds, c'est-à-dire que la mer dans cet espace étoit
» fort agitée, et jetoit de l'écume à une grande hauteur. Sur
« cette base, il se formoit un tube ou colonne ronde, par où
» l'eau, ou l'air, ou tous deux ensemble étoient portés en Jet
» spiral au haut des nuages. Elle étoit jaune et brillante quand
» le soleil l'éclairoit, et sa largeur s'accroissoit un peu vers
» l'extrémité supérieure. Quelcjucs personnes dirent avoir vu
J) un oiseau dans l'une des Trombes, et qui en montant étoit
» entraîné de force, et tournoit comme le balancier d'un tourne-
y> broche. Pendant la durée de ces Trombes , il y avoit de temps
» à autre, de petites bouffées de vent de tons les points du
» compas , et quelques légères ondées de pluie qui tomboienl
» ordinairement en larges gouttes. A mesure que les nuages
» s'approchoient du vaisseau, la mer étoit plus couverte de
» petites vagues brisées , accompagnées quelquefois de grêle.
ET d'histoire naturelle. 27^
» et les brouillards étoient extrêmement noirs. Le temps con-
)) tinua à être ainsi épais et brumeux, quelques heures après
» avec de petites brises variables; enfin le vent se fixa dans sou
» ancien rhumb et le ciel reprit sa première sérénité.
» Quelques-unes de ces Trombes sembloient être slationnaires,
» d'autres fois elles paroissoient avoir un mouvement de pro-
» gression vif, mais inégal et toujours en ligne courbe, tantôt
» d'un côté, tantôt d'un autre. D'après le mouvement d'ascen-
n sion de l'oiseau , et d'après plusieurs circonstances, il est clair
» que des tourbillons produisoient ces Trombes, que l'eau y
» étoil portée avec violence vers le haut, et qu'elles ne des-
n cendoient pas des nuages, ainsi qu'on l'a prétendu dans la
» suite. Elles se manifestent d'abord par la violente agitation
)) et l'élévation de l'eau; un instant après vous voyez une
» colonne ronde, ou tube qui se détache des nuages places
M au dessus , et qui en apparence descend jusqu'à ce qu'elle
» joigne au-dessous l'eau agitée; je dis en apparence, parce
» que je crois que cette descente n'est pas réelle, mais que
» l'eau agitée, qui est au-dessous, a déjà formé le tube, et
» qu'il monte trop petit ou trop mince pour être d'abord aperçu.
» Quand ce tube est fait, ou qu'il devient \isible, son dia-
)) mètre apparent augmente, et il prend assez de grandeur. Il
» diminue ensuite, et enfin il se brise, ou devient invisible vers
H la partie inférieure. Bientôt après, la mer, au bas, reprend
» son état naturel, les nuages attirent peu à peu le tube jusqu'à
» ce qu'il soit entièrement dissipé. » Quand la dernière Trombe
s'évanouit, il y eut un éclair sans explosion; elles durèrent
environ trois quarts d'heure, (^f^oj âge dans l' Hémisphère austral,
tome I, pag. 365 et suiv.)
« Le 19 avril 1775, vers 2 heures après midi, on vit à Cor-
H bessau un nuage qui paroissoit chargé de pluie. Tout à coup
» le ciel s'obscurcit. Il s'éleva une tempête accompagnée de sif-
» flemens et d'un bruit affreux, ha poussière ctoit si épaisse,
)) qu'on ne distinguoit plus les objets. La tempête dura huit
» minutes, et le ciel reprit toute sa sérénité. Un gros marronnier
» que deux hommes pouvoient à peine embrasser, fut enlevé
u et jeté à quelque distance. La cime de cet arbre , ainsi que
>) quelques fragmens d'une statue , furent portés à un demi-
» quart de lieue de distance. Les champs bordés de quelques
» haies étoient couverts de branchages, quoique ces haies n'eussent
>i rien souffert de ce tourbillon qui parcourut environ 3oo
2j4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIIMIF.
» toises. 11 ne fui accompagné ni suivi d'aucune pluie. » (Mé-
moire de rjcadcmie de Toulouse, lome II.)
Dans le Journal de Physique du mois de novembre 1780,
on trouve la description d'une Trombe affreuse qui se montra
le.... sur les 5 heures du soir, auprès de Carcassonne. Elle
obéissoit lentement au vent. Elle prit naissance sur les bords
de l'Aude, et là , seulement, on essuya une averse d'eau comme
on n'en avoil pas eu d'exemple. Elle lançoit à une très-j^rande
hauteur, des jels de sable. Elle découvrit 80 maisons, et dis-
persa dans la campagne des gerbes de blé qu'elle avoit enlevées
des granges. Elle arracha de gros frênes, dont les plus grosses
branches furent lancées à 20 toises de distance en sens con^
traire à la marche du météore. Les portes, les fenêtres, les
meubles d'un château furent brisés. Le milieu d'une chambre
fut dépavé sans que des las de faïence qui s'y Irouvoient
fussent dérangés. Le cadre d'un miroir appuyé sur une cheminée
fut brisé, et les éclats portés sur des chaises, et la glace restée
en place ne fut point endommagée. Elle enleva des pierres qui
pesoient six livres et les porta sur des toits. Un gros arbre
fut enlevé par le tourbillon et porté sur une maison, etc.
Dans le même Journal du mois d'avril 1782, on trouve la
description de plusieurs Trombes qui toutes ont enlevé de
terre des corps Irès-pesans.
« Le 12 juillet 1782, à 6 heures 45 minutes du matin, près
» de Tile de Cuba , h six lieues au large , le temps beau et fort
» chaud, vent foible et incertain, l'horizon brumeux, mais le
» ciel sans nuages , une Trombe s'éleva près du vaisseau le
j) Norlliumberland. Pendant que le vaisseau parcourut l'espace
» d'un quart de lieue, en s'approchant fortement de cette Trombe,
)i elle s'augmenta considérablement. Alors la base paroissoit oc-
)i cuper l'espace de 4 toises; le bas de la colonne (ou siphon),
n 4 pieds; son milieu, 10 pieds , et la partie supérieure en
M s'élargissant formoit le nuage. Elle étoit chassée par un petit
» vent de nord-est. On tira dessus plusieurs coups de canon
» a boulet qui interrompirent le cours de l'eau de la mer qui
» s'élevoit par tournoiement rapide, et elle se sépara de sa base.
» L'agitation intestine paroissoit se faire de bas en haut avec
» régularité, et acheva en se dissipant entièrement, de former
)) le nuage qui couvrit tout l'horizon. Ensuite le tonnerre qui
>y avoit commencé à gronder, devint plus fort, et tomba sur
)) un vaiseau qui faisoit partie de l'escadre. Immédiatement après,
» l'air se refroidit sensiblement par l'abondance de la pluie qui
ET d'histoire naturelle. 27J
)i tomba pendant plus d'une heure. Ce phénomène dura environ
» trois quarts d'heure. » {Diclionn. d'Hist. naUtrel.^ t. XXII ,
i^s- 421.) , ,. , ^, ,
« Le i5 juin lySS, on remarqua a quatre heues de jNarbonne ,
» une Trombe qui dévasta le territoire d'Esclade. La nuit qui
» précéda ce terrible météore , fut très-belle. Le lever du soleil
n ne fut obscurci d'aucun nuage. L'air étoit calme et pur. A
» 6 heures j du malin, la chaleur devint très-piquante et aug-
» menla jusque vers les 7 heures, qu'elle fut excessive. Alors
» parut vers le côté de l'ouest, un petit nuage qui grossit peu
» à peu. Il s'étendit au point, que dans l'espace d'une heure ,
» il couvrit tout l'horizon. Le thermomètre de Réaumur mar-
» quoit 29° et le baromètre 27 pouces i 1 lignes, par un vent
» d'ouest très-foible. Tel fut l'état de ralmosphèrc jusqu'à a
n heures après midi. A cette époque, il se forma du côté do
» l'ouest une espèce de colonne fumeuse , bruyante et d'une
» hauteur énorme, qui passa entre Esclade et Mont-Brun. Dans
» sa marche elle enleva la terre, le gravier, déracina les arbres
» et ravagea tout ce qui se trouva sur sa route. Cette tempête
» dura l'espace de cinq minutes. A une. lieue et demie d'Es-
« clade , elle parut stalionnaire pendant cinq minutes, elle re-
» vint sur ses pas. Le bruit qu'elle faisoit ressembloit au rou-
» lement continuel du tonnerre. Elle fondit sur Esclade, oii il
w tomba une quantité de grêle épouvantable. A cette grêle suc-
» céda une pluie si abondante, que la campagne eu fut in-
» nondée. Elle dura trois quarts d heure. La foudre tomba en
« plusieurs endroits. Pendant ce temps, le thermomètre monta
>i à 32 degrés, et le baromètre à 28 pouces i ligne, par un vent
') d'est très-violent. Après que le météore eut disparu, le temps
» se refroidit et le mercure descendit à 37°. » {Mém. derrAcad.
de Toulouse, tome III.)
Thévenot, qui a vu plusieurs Trombes dans le golfe Persique ,
dit, « qu'à l'endroit de la Trombe , on voyoit l'eau qui bouil-
') lonnoit et étoit élevée, qu'on entendoil un fort sifflement,
» qu'un peu après ils virent comme une fumée qui montoit
)' aux nues en to'ûrnant avec beaucoup de vitesse. Le large
« bout qui tenoit à la nue avoit la figure du pavillon d'une
» trompette. Les carreaux qu'elle formoit éîoient fort inclinés.
» Depuis l'endroit oii ils liroient l'eau jusqu'aux nues, ils lais-
)' soient apercevoir l'eau qui montoit en serpentant, m {Fojaga
au Levant.^
Dans le Fojage autour du Monde ^ lonie I, pag. igi^Geulil
276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
a VU six Trombes qui faisoient beaucoup de bruit. Au-dessous
de chacune d'elles, la mer éloit ëlevëe d'un pied et demi. Il
paroissoit au-delà un brouillard ou fumée épaisse. Celle fumée
formoit une espèce de canal qui monloit à la nue. Elles finirent
en se délaciiant de la superficie de la mer.
Guellard croit que les Trombes de mer doivent être assimilées
aux Trombes de terre, et leur assigne pour cause une bourrasque.
Il croit que toutes enlèvent, soit de la poussière ou l'eau de
la mer suivant le lieu où elles se trouvent. Il pense qu'on ne
doit pas avoir recours pour leur explication aux éruptions des
volcans, ni à des élévations de matières électriques, cau:ie qiion
suppose bien gvatailemenl et dont on n'a point de preuves. (Mé-
moires sur différentes parties de la Physique, tome II.)
Sliaw a cru que toutes les Trombes qu'il avoit vues lom-
boienl des nues , « quoiqu'il semble quelquefois, ajoute-l-il , sur-
» tout quand on en est à quelque dislance, que l'eau s'élève de
» la mer en haut. »
Dans le Dictionn. encjclop., il est dit à l'article Trombe, qu'on
remarque des météores en mer dans un temps chaud et sec.
Buiïbn dit, 1°. qu'il y a plusieurs espèces de Trombes. La
première qui tombe sous une forme cylindrique, et la deuxième
qu'on appelle Typhon, qui s'élève de la mer vers le ciel avec
une grande violence , et que ces typhons ressemblent aux tour-
billons qui s'élèvent sur la terre en tournoyant; mais qu'ils ont
une autre origine; 2". et que le^ explications que l'on donne
des Trombes ne satisfont pas encore à tout , car on peut se
demander pourquoi l'on ne voit pas plus souvent sur la terre,
comme sur la mer, de ces espèces de Trombes qui tombent
perpendiculairement des nuages. {Histoire naturelle générale et
particulière, tome I.)
M. de Humboldt dit que dans les steppes de l'Amérique mé-
ridionale, la plaine oflre quelquefois un spectacle extraordinaire,
« pareil à une vapeur, dit ce savant, le sable s'élève au milieu
» d'un tourbillon raréfié et peut-être chargé d'électricité, tel
» qu'une nuée en forme d'entonnoir, dont, la pointe glisse sur
« la terre, et semblable à la Trombe bruyante redoutée du na-
)) vigateur expérimenté.
» En Europe, dans les chemins, nous voyons quelque chose
j> qui approche du phénomène singulier de ces Trombes de
i> sable; mais elles sont particulièrement observées dans le désert
» sablonneux situé au Pérou entre Coquimbo et Amotape. Ce
)) qui est digne de remarque, c'est que ces courans d'air partiels
» qui
(/ (I WAt^/>a
=177- ^^
ET d'histoire naturelle. 285
d'air supérieures froides, à remplacer les couches d'air infe'-
rieures moins froides; en conséquence , les divers points de la
région élevée de l'Etna doivent être environnés de coucbes
d'air plus froides que leur élévation ne le comporteroit ; c'est la
raison pour laquelle les glaces perpétuelles sont moins élevées^
relativement au degré de latitude. Dans celte région, la tempe,
rature change selon les vents qui y prédominent, et les ouragans
y éclatent avec impétuosité.
La nature du terrain sur lequel s'élève l'Etna, est calcaire,
mêlé avec des amas d'anciennes laves , lesquelles appartenoient
aux volcans éteints , qui brûloient peut-être même avant l'Etna,
Les amas de laves anciennes dans certains lieux, comme oa
l'observe dans le limbe de la montagne , sont couverts d'un
terrain calcaire, qui à son tour est quelquefois recouvert par
des laves anciennes ; et ce mélange de couches se répète plu-
sieurs fois. Ces laves anciennes se trouvent dans des endroits
très-peu étendus, et tout le reste est enseveli sous les laves
modernes. Toutes ces matières, qui ont été vomies par l'Etna,
forment une masse énorme , laquelle s'élève en cône, dont le
sommet tronqué forme une plaine de 8 milles de circonférence
parallèle à la base. C'est dans le milieu de celte plaine que
s'ouvre la bouche du volcan. Les matières vomies s'accumulent
autour de cette ouverture, et forment des amas qui changent
souvent de figure. A présent il y a sur le cratère un petit cône
de i320 pieds de hauteur; son sommet se termine en deux
pointes , dont celle qui est placée à l'est se trouve plus élevée
que celle qui est à l'ouest ; entre ces deux pointes existe un
gouflre immense , qui communique avec la cheminée du vol-
can. Les parois de cette cavité effrayante sont encroûtées par
des amas de lave qui, dans ces derniers temps, se sont ac-
cumulés , de manière à permettre à l'intrépide observateur une
descente facile dans les momens de calme où la fumée sort
en petite quantité. Les vomissemens ne se font pas toujours
au sommet du cratère ; souvent il s'ouvre dans le flanc de nou-
velles bouches qui , en s'éleignant entièrement après les érup-
tions, ont fini par laisser aujourd'hui plus de loo petites mon-
tagnes coniques, qui viennent couronner la montagne mère.
Dans tout autre temps la fumée sort du cratère , et c'est lui qui
annonce, par la force des explosions, s'il doit succéder quelque
nouvelle éruption. Sur une petite colline près du cratère, existe
une ancienne construction , qu'on appelle la Tour du philosophe;
notre auteur, qui est un des plus savans antiquaires de la Si-
Tome LXXXFIIL AVRIL au i8ig. Oo
2S6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CUIMIE
cile, pense que cet édifice ëloit ua autel consacré à Jupiter
Etiié.
Sur les bords de l'Etna, il y a un grand nombre de sources
d'eaux froides, limpides et acidulés; des eaux sulfureuses et
ferrugineuses, avec des sels magnésiens, et d'autres, où l'on
voit nager le naphte et le pétrole.
La fécondité règne dans les deux premières régions de l'Etna
jusqu'à la hauteur de 8000 pieds au-dessus du niveau de la mer.
Toute cette étendue étoit, sans doute, anciennement couverte
de forêts qui ont été détruites , soit par les torrens de feu ,
soit par les hommes. A présent les bords de l'Etna sont ornés
de villes et de villages habités par une population de 180,000
âmes environ. Un grand nombre de plantes y végètent avec vi-
gueur , et l'on cile comme le plus fameux, le châtaignier di
cenli cavalli , qui est d'une antiquité très - remarquable; au-
jourd'hui sa base, près du sol, est de lyS pieds de circonfé-
rence, et elle est divisée en cinq parties qui , à une certaine pro-
fondeur, se réunissent de manière à former un tout. On dit
que cet arbre renommé étoit si étendu dans le temps de sa vi-
gueur, que cent hommes à cheval pouvoient se mettre à l'ombre
de son feuillage.
Le contraste des différentes régions de l'Elna présente un ta-
bleau tout-à-fait pittoresque datis tous les points où l'observa-
teur se place. La sublime et majestueuse nudité du sommet;
les scènes riantes des régions fertiles, l'aridilé triste et hideuse
de la région où la mort règne éternellement, avec les endroits
où la végétation reprend tous ses bienfaits; le spectacle d'un
feu dévorant et inextinguible , et les ondes de la mer qui en
baignent les bords , et les glaces perpétuelles qui en couvrent
la haute région , sont des oppositions qui portent à l'àmc de
l'observateur des impressions aussi sublimes que durables. Mais
surtout si l'observateur se trouve sur le sommet de cette im-
posante montagne au lever du soleil, à ses regards étonnés
s'offre le tableau le plus varié, le plus merveilleux et le plus
étendu, puisqu'il peut contempler toute la Sicile, les lies en-
vironnantes , et une grande partie de la Calabre.
M. Ferrara complète celte partie , en donnant la description
des lieux les plus remarquables des environs de l'Etna. Les
laves sont distinguées en anciennes et en modernes. Les pre-
mières circonscrivent la base de l'énorme cône de l'Etna, et
sont couvertes presque partout par les laves modernes. Il semble,
selon l'opiuioa de l'auteur, qu'elles appartenoieat aux volcans
ET d'histoire naturelle. 287
anlérienrs à l'Etna. Les laves anciennes ont pour caracicre d'êlre
plus compactes et moins composées que les modernes. Ce qui
dislingue ces laves particulièrement, c'est d'èlre divisées en co-
lonnes prismatiques, qu'on appelle biualtes, contenant dans leurs
pores de heau.x cristaux de chaux carbonatée ; au lieu que les
laves du volcan qui brûle actuellement, sont d'une forme ir-
régulière , présentant un grand nombre de porosités et de ca-
vités toujours vides. Cependant on trouve quelquefois de gros
amas de laves anciennes , avec des pores vides dans lesquels ra-
rement on observe du fer oxidé , ou quelques incrustations cal-
caires; mais ces amas sont toujours détachés par les eaux du terraia
calcaire argileux qui les couvre. M. Ferrara prouve que c'est
une erreur de croire qu'il existe des basaltes dans diCférens en-
droits de la montagne, et même sur le cratère, formés par des
laves modernes. Des observations très-superficielles ont répandu
celle erreur, que noire auteur combat victorieusement par ses
propres observations faites avec plus de temps et d'attention.
Des formes peu irrégulières , des masses de laves modernes sé-
parées par l'efl'et du refroidissement, et dans certains lieux
par le contact froid des eaux de la mer, qui en ont poli ua
peu leur surface, en ont imposé même à des observateurs fort
estimables. Les lieux que je vais indiquer, sont ceux où l'oa
observe les laves d'ancienne formation, c'esl-à-dire produites par
les volcans éteints.
Aux environs de Catane, sur un terrain calcaire, se trouvent
des laves anciennes avec des pores vides, et d'autres avec des
pores remplis de beaux cristaux de chaux carbonatée. Sur le
même terrain s'élève la montagne de la Notta, qui étoit autre-
fois ensevelie sous le calcaire que les eaux ont détruit. Ce grand
amas de lave est divisé de tous côtés par de profondes fis-
sures; mais du côté du midi, oîi la destruction a porté plus
particulièrement ses ravages, son centre découvert, montre un.
magnifique ensemble de colonnes prismatiques hexagones; les
unes sont entières, les autres articulées vers le haut; toutes
se courbent et convergent dans une direction qui tend vers
le centre de la montagne. Dans la montagne de Paterno à l'oc-
cident de la précédente , il y a des morceaux de lave régulière
différemment distribués. Ces laves ont pour base la pierre cornée,
elles sont compactes et pesantes; les unes sont homogènes, ou ren-
ferme du feld-spath de même couleur que la lave; les autres con-
tiennent des cristaux de feld-spath blanc , des grains de chrysolite
jaune , et quelquefois du mica. Au pied de la dernière luou-
Oo 3
i88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
tagne au midi, il y a des amas de laves noires et très -dures
pénétrées de napbte , et dans certaines cavités ou voit de
beaux cristaux rayonnans de chaux carbonatée.
Les basaltes sont disposés d'une manière curieuse et va-
riée du côté occidental de l'Etna, près le village de Licodia,
et on peut les suivre sous Biancavilla , Aderno, et jusque tout
près de Bronle. Du côté du nord, les laves aacienues forment
Je lit de la rivière Onoboie. La pente de l'Etna étant plus dé-
clive vers l'orient, les laves modernes se sont précipitées avec
tant de force, qu'elles ont couvert les laves anciennes, sont
parvenues jusqu'à la mer, et en ont repoussé les eaux; en
effet, il y a peu d'endroits qui n'en soient recouverts. Au sud-
est, près de la ville d'Oci, on trouve des amas de laves an-
ciennes , et dans leurs cavités , on voit les plus beaux et les
plus brillans cristaux de cbaux carbonatée. Dans les environs
de celle ville, il y a des endroits formes par des amas de ter-
l'ain calcaire-argileux avec des coquilles bien conservées, et des
restes de dépôts marins; et le calcaire, dans d'autres lieux,
est pénétré de sel murialique.
Les écueils des Cyclopes sont sur le bord de la mer au sud-
esl; les amas de laves prismatiques réunies de différentes ma-
nières y sont très - abondans. Tout près le cbàteau d'Aci , les
endroits voisins du bord de la mer, et les espaces entre les
montagnes calcaires et les volcaniques , sont remplis de co-
lonnes basaltiques situées horizontalement , effet d'un renver-
sement causé par la destruction de leur base. La partie de la
mer qui leur coi'respond est parsemée de petites îles et d'écueils
formes par les mêmes laves. L'île la plus grande est couverte
par une couche calcaire-argileuse, d'une certaine épaisseur; elle
est fendue profondément dans la direction de l'est à l'ouest, et
la mer augmente l'ouverture par l'action de ses ondes impé-
tueuses. Celle fente est postérieure à la formation de l'île; car
les côtés opposés se correspondent parfaitement dans les couches.
L'écueil le plus grand est au midi de l'ile ; sa figure est conique,
sa partie supérieure est couverte aussi par la même couche
calcaire-argileuse. Du côté du sud-ouest, les prismes hexagones
de différentes grosseurs sont situés verticalement, unis ensemble
et disposés en rangées les uns derrière les autres, mais les pos-
térieurs plus élevés, de sorte que de loin ils ont l'apparence
de tuyaux d'orgue. Dans le côté méridional de l'île , il y a un
rocher où l'on trouve des boules de différens diamètres qui se
séparent en morceaux pyramidaux triangulaires très-réguJiers,
ET d'histoire naturelle. 2S9
quand on les frappe avec un marteau ; leurs bases sont à la su-
perficie de la boule, et les sommets à la partie centrale; on
trouve de plus , que souvent ces pyramides sont fendues en
d'autres pyramides plus petites et également Irièdres. Les sé-
parations régulières de la boule par l'impression du marteau ,
sont naturelles; car dans les intervalles des fissures, on voit
de la cbaux carbonalée confusément cristallisée. Les laves sonl
de la même composition que celles dont nous venons de parler,
mais outre le feld-spath, la chrysolite, le pyroxcne et les cristaux
de chaux carbonatée , il y a de la zéolite blanche , opaque et
d'une structure filamenteuse , et de la cyclopite ou pierre des
îles des Cyclopcs, lieu dans lequel cette pierre fut trouvée pour
la première fois. M. Ferrara appelle de ce nom ce que les mi-
néralogistes appeloient zéolite dure cubique, et que M. Haùy
a appelle analcime. Elle se rencontre dans les cavités et entra
les niasses de laves presque toujours homogènes d'un gris-bleuàtre
obscur. Il est digne de remarque que celte substance cristallisée
se trouve non-seulement dans les cavités et les pores des laves,
mais aussi dans les fentes , les couches et dans la masse même
du terrain qui les couvre, où l'on voit une union de cristaux
brillans. Enfin , l'espace qui est au sud-est est formé de laves
modernes, qui s'étendent jusqu'à la mer en recouvrant les an-
ciennes. Ces laves, que la mer baigne, sont divisées en masses
informes par des fentes irrégulières dirigées en divers sens ,
effet du refroidissement; et cette irrégularité de figure est ab-
solument la même, soit dans les laves refroidies par l'eau, soit
dans celles refroidies par l'air. Notre auteur fait remarquer
l'erreur où quelques grands naturalistes sont tombés. Le célèbre
Dolomieu, séduit par l'idée que les basaltes doivent leur for-
mation au refroidissement subit des coulées de lave produit
par l'eau, a cru observer dans ces lieux des masses régulières
et prismatiques submergées par les eaux. De plus, il dit que
ces laves sont le produit des éruptions qui ont eu lieu dans
les 1 5*, 16* et 1 7* siècles; mais M. Ferrara prétend que les époques
de l'éruption de ces laves ne sont point connues, excepté celle
de l'an 1669. Spallanzani est tombé dans la même erreur, en-
traîné peut-être par l'autorité de Dolomieu, car il le cite; M. Fer-
rara dit que si ces illustres naturalistes avoient eu l'occasion de
faire de nouvelles observations avec plus d'attention, ils se se-
roient détrompés, et ils auroient reconnu que les basaltes sont
produits seulement par des laves anciennes.
{La suite au Cahier prochain.)
OBSERVATtONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES
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+ 12,64
+ 10,451+
1,4°
3,17
5,08
3,22
RÉCAPITULATION
Baromètre ( î"!"^ S""^,'; ^'«v^t'O"
( IMoindre élévation.
Thermomètre.. |
'93 le 14
"■"'00 le 1
Plus grand degré de chaleur.
Moindre degré de chaleur. .
Nombre de jours beaux.. .
de couverts
de pluie
de vent
de brouillard ....
de gelée
de neige
de grêle ou grésil.
de tonnerre
. 766^
. 738-
. +i8°90 le iS
. — 1,00 le 5
. :S
. i5
. 12
. 3i
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. 12
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I
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A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS.
{Le Baromètre est réduit à la température de zéro.)
QUA^JTiTKnE PLLIF
loinlite
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la Cour.
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de rObscr-
vatoire.
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O.-S.-O.
S.-O.
Idem.
Idem.
Idem.
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ÉTAT pv cii:l.
LE M.4T1N.
Couvert , brouillard.
Idem.
Nuageux, brouillard.
Couvert, brouillard.
Légers nuages.
Pluieilne, brouillard.
Beau ciel, brouill.. gl,
iVuageu.x , brouill., gl.
Couvert, brouillard.
/</em., brouill., ép.
Idem.
Couvert, brouillard.
Idem .
Beau ciel, br., gel. bl
Idem.
i^uageux, br. , gel. bl,
Couvert , pluie à g*.
Très-nuageux.
Nuageux , gelée bl.
Pluie par intervalles.
Nuageux.
Très-nuageux , brouil
Idem.
Pluie fine, brouillard
Idem par interyal.
Nua:;eux.
Idem.
Couvert.
Nuageux.
Couvert.
Idem.
.k MIDI.
Moyennes
Moj'ennes
Moyennes
du i" au 1 1.
du 11 au 21.
du 21 au 20.
Couvert.
Nuageux.
Très-nuageux.
Couvert.
Beau ciel.
Quelques éclaircis.
Nuageux.
Légers nuages.
Couvert, brouillard.
Idem.
Idem.
Idem.
Couvert.
Brouillard.
Idem .
Ciel voilé.
Quelques éclaircis.
Très-nuageux.
Idem .
Pluie par intervalles.
Couvert.
Nuageux.
Couvert.
Pluie fine.
Idem,.
Nuageux.
Très -nuageux.
Couvert.
Nuageux.
Quelques éclaircis.
Co uvert.
Phasei
3à 8''4o's
LE SOIR.
P/ii/eabond. parinterv
Ciel en partie voilé.
Couvert.
Beau ciel.
Nuageux.
Beau ciel.
Idem .
Idem.
Nuageux,
Beau ciel.
Couvert, brouillard.
Idem .
Beau ciel.
Idem.
Idem.
Pluie.
Couvert.
Beau ciel.
Nuageux , pluie à B*.
Pluie par intei-vallcs.
Tres-nuag., pluie à 2''.
Quelques éclaircis.
Pluie.
P/uiepar intervalles.
Idem.
P/.,gr.à2*;,b.cielapr.
Nuageux.
Idem..
Idem, pluie à 3'.
Couvert.
Idem.
P.Q. le
P.L.leiià II'" II' s.
de la Lune.
D.Q.le 19a
4* 5û'm.
! N. L. lesBà 11*33
Moyennes du mois.
RECAPITULATION.
iN 2
N.-E 9
E •■ •
S — K 1
I S.-O. /..'''•■•• 7
/ 3
[ N.-O 4
Thermomètre des caves | |^ Jg' \%''^J?^ } centigrades.
^92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
MÉMOIRE
SUR LE SÉLÉNIUM5
Par m. BERZELIUS (i).
(EXTRAIT.)
Le soufre que l'on extrait de la mine de Falilun, en Suède,
contient un corps métallique particulier, qui a été découvert
par M. Berzelius de la manière suivante : on employoitce soufre
à faire de l'acide sulfurique par la combustion dans une chambre
de plomb; il se déposoit au fond de cette chambre un sédiment
d'une couleur légèrement rougeâlre, dont M. Berzelius chercha
a faire l'analyse pour découvrir la cause de sa couleur. 11 y
trouva du soufre mêlé avec une très-petite quantité d'une sub-
stance particulière, qu'il nomma Sélénium, du nom grec de la
lune, à cause de la grande analogie entre ce nouveau corps
et le métal tellurium , dont le nom est tiré de celui de la terre ,
tellus.
On retire le sélénium de ce soufre rougeâtre par les moyen*
smvans : on fait digérer le soufre avec de l'acide nitro-murla-
tique jusqu'à ce que la couleur rouge ait disparu. On décante
le liquide, et on lave le soufre. Les eaux de lavage mêlées à
1 acide décanté sont exposées à un courant de gaz hydrogène
sulfuré, qui précipite des sulfures de Sélénium, d'arsenic, d'étain,
de mercure et de cuivre. Ce précipité est redissous de nouveau
par l'acide nitro-muriatique. On verse dans la dissolution du
muriate de baryte, qui précipite l'acide sulfurique; on filtre et
(1) A mesure que de nouveaux faits nous sont parvenus sur l'histoire de
cette nouvelle substance , nous nous sommes empressés de les faire connoître
à nos lecteurs ; mais ils sont épars dans les deux volume.! de l'année dernière.
M. Berzelius ayant depuis publié son travail tout entier d'abord dans la langue
suédoise, et ensuite en François dans les Annales de Chimie , en a donné, dans le
Bulletin de la Société Philomatique , un excellent extrait que nous croyons
devoir reproduire, bien certains de ne pas être blâmés pour celte espèce de
double emptoi. (R,)
00
ET D IIISTOinï: NATURELLE. 205
on distille à siccité, dans une cornue, ce liquide filtre. La masse
est ensuite exposée à une plus forte chaleur, qui fait sublimer
de Tacide sélénique en cristaux aciculaires mêlés de séléniate
d'oxide de mercure. Au fond de la cornue restent des séléniales
de baryte et de cuivre, ainsi que de l'arséniate de baryte.
On neutralise l'acide sublimé mercurifère par de la potasse
caustique, qui précipite de l'oxide rouge de mercure; on filtre,
on évapore à sec et on chaufle le sel au rouge pour en sé-
parer les dernières portions de mercure. On pulvérise la masse
fondue, on la mêle avec un poids égal de muriate d'ammoniaque,
et on expose le mélange au feu dans une cornue. 11 se forme
du séléniate d'ammoniaque, qui se décompose par la chaleur,
et qui donne de l'eau, du gaz azote et du Sélénium réduit.
Une partie du dernier se sublime, mais la plus grande partie
reste mêlée avec le muriate de potasse. On traite le mélange
par l'eau, le sel est dissous, et le Sélénium ne l'est pas; on
sèche ce dernier, et on le distille dans une petite cornue de
verre à une température qui commence à devenir lumineuse.
Le produit de la dislillatiou est du Sélénium pur.
Le Sélénium a les propriétés suivantes : fondu et refroidi
brusquement , sa surface est polie et brillante , et sa couleur
est foncée tirant sur le brun. Sa cassure est vitreuse , d'un brillant
métallique et d'une couleur grise. Lentement refroidi, sa surface
prend une couleur de plomb foncée, devient raboteuse, et sa
cassure est grenue, d'un brillant mat et de la môme couleur
que 1.1 surface. Il se fond a une température un peu plus élevée
que loo", il se .'amollit long- temps avant de couler, et, dans
cet état, il a une telle viscosité, qu'on peut le tirer en longs
fils , précisément comme de la cire d'Espagne. Si ces lils sont
minces à un certain degré, ils sont transparens et d'une très-
belle couleur de rubis. A une chaleur presque rouge , il com-
mence à bouillir , donne des vapeurs jaunes , et se distille en gout-
telettes noires et brillantes. Chaufle dans un vaisseau d'une grande
capacité, il se sublime sans ébullition , et les vapeurs, con-
densées par le courant de l'air, se déposent en forme d'une
poudre rouge de cinabre. Le Sélénium est friable, moins ce-
pendant que le soufre; il donne une poudre ronge, mais qui
s'aglutine aisément, et prend alors une couleur grise et un as-
pect métallique. Le Sélénium est très-mauvais condurieur de
l'électricité et du calorique. Sa pesanteur spécifique est 4,52.
lin une foible aflînité pour l'oxigène, et conserve par consé-
quent sonbrillant métallique après être fondu. Chauffé par un corps
Tome LXXXFIU. AYRU. an 1819, Pp
294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
brûlant, par exemple, exposé au contact de la flamme d'une
chandelle, il donne une couleur Lieue d'azur aux bords de la
flamme, brûle et forme un oxide i,razéiforme , qui a l'odeur de
radis ou de rave. Cet oxide gazeux est un peu soluble dans
Teau, mais il ne se laisse point combiner ni avec les alcalis,
ni avec les acides. L'odeur de ce corps est précisément la même
que celle attribuée au tellure. M. Berzelius est de l'opinion que
le tellure ne donne point cette odeur , qu'autant qu'il contient
du Sélénium , et fonde cette opinion sur ce que le tellure au-
rifère et argentifère (or graphique) ne donne aucune trace d'odeur
de radis.
Si l'on chauffe le Sélénium dans du gaz oxigène jusqu'à ce
qu'il commence à entrer en ébullilion, il prend feu et brûle
avec une flamme foible, en donnant naissance à de l'acide sé-
lénique qui se condense en forme d'aiguilles cristallines. Le
Sélénium donne ce même acide, si on le traite par de l'acide
nitrique ou par de l'acide nitro-murîatique. L'acide sélénique
se sépare d'une solution très-rapprochée eu prismes striés, res-
semblans à ceux de nitrate de potasse. C'est de l'acide sélénique
avec de l'eau de combinaison. L'eau peut en être séparée par la
chaleur; l'acide anhydre se sublime ensuite en aiguilles longues,
qui sont des prismes tétraèdres; il est soluble, tant dans l'al-
cool que dans l'eau; 100 parties de Sélénium se combinent avec
4t),33 parties d'oxigèue.
L'acide sélénique, donne avecles alcalis les terres et les oxides
métalliques, des sels particuliers. Sa capacité de saturation est
de 14^37, et l'acide contient deux fois autant d'oxigène que
la base dont il est saturé. Les sels neutres à base d'alcali res-
tituent la couleur bleue au papier de tournesol , tout comme les
arséniates, phosphates et borates correspondans. L'acide sélé-
nique donne deux classes de sels à excès d'acide, dans lesquels
la base se combine avec deux et quatre fois autant d'acide que
dans les séléniates neutres. Les séléniates neutres à base d'alcali
sont très-solubles dans l'eau, mais tous les autres sont peu
Solubles ou insolubles. Les sursels, au contraire, sont tous so-
lubles. Les séléniates se décomposent par le carbone à la chaleur
rouge, mais le Sélénium reste en combinaison avec la base
ou avec le radical de la base , si cette dernière se laisse aussi
réduire.
L'acide sélétiique se combine avec l'acide murialique-anhydre.
Celle combinaison est produite par l'action du gaz oxi-muria-
tique sur le Sélénium. L'acide double est une masse blanche
ET d'iiistoihe naturelle. 2g5
cristalline , qui se laisse aisément sublimer. Elle a une très-
forte affinité pour l'eau , avec laquelle les deux acides se com-
binent , mais ils se séparent l'un de l'autre au moment où ils
s'unissent à l'eau. L'acide double anhydre , traité par un excès
de Sélénium, se combine avec lui, et donne une substance
huileuse brune, qui se laisse décomposer par l'eau et qui donne
les deux acides, en laissant le Sélénium isolé. -Si la solution
a été saturée de Sélénium , le résidu est trois fois la quantité
du Sélénium contenu dans l'acide sélénique que l'eau a dissous.
Il s'ensuit donc que dans l'oxide de Sélénium combiné avec
l'acide muriatique, le radical étoit combiné avec uu quart de
la quantité d'oxigène qui se trouve dans l'acide.
L'acide sélénique est aisément décomposé , si on le mêle
avec de l'acide muriatique, et si l'on y ajoute ensuite un mor-
ceau de zinc ou de fer. Une autre manière d'en précipiter le
Sélénium, c'est de mêler à la solution, d'abord de l'acide mu-
riatique, et ensuite du sulfite d'ammoniaque. Après quelques
momens, le Sélénium se dépose en flocons rouges de cinabre.
Cependant il ne se précipite pas entièrement à froid ; il faut
pour cela le -faire bouillir fortement, en y ajoutant de temps
en temps quelques gouttes de sulfite d'ammoniaque. Le pré-
cipité ainsi produit est noir et pesant.
Le Sélénium se combine avec l'hydrogène, et donne un gaz
qui a le goût, l'odeur, et en général les caractères du gaz
hydrogène sulfuré. Il se combine avec les alcalis , les terres et
quelques oxides métalliques, et forme des hydro-«séléniures. Les
hydro-séléniures alcalins ont le goût hépatique des hydro-sul-
fures. La meilleure manière de se procurer ce gaz , c'est de dis-
soudre du séléniure de fer dans de l'acide muriatique. Il est
soluble dans l'eau et dans l'alcool. Les solutions se troublent
en contact avec l'air, et déposent du séléniure en flocons rouges.
Si l'on fait passer du gaz hydrogène sélénié dans de l'ammoniaque
caustique , et si ensuite on laisse le liquide exposé à l'air, le
Sélénium se sépare de son oxigène, et se dépose, tant sur la
surface que sur les parois du vaisseau , avec des signes d'une
cristallisation en cubes , et avec une couleur grise.
Le gaz hydrogène sélénié est dangereux à respirer ; il est
absorbé par les humeurs de la membrane du nez , et s'y dé-
compose par le contact de l'air. Le Sélénium se dépose et s'at-
tache même à la membrane, et produit une sorte de catarrhe,
qui peut avoir des suites dangereuses, si le gaz a pénétré jusque
Pp 3
^96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
dans Jes poumons. Il fanl Irès-peu de ce gaz pour produire
d€s effets pernicieux sensibles.
Le Sélénium se combine avec le soufre en loules propor-
tions. L'acide sélénique est décomposé par le gaz iiydrogcne
sulfuré. Le précipité est d'abord d'un beau jaune de citron. Mais
si ^O" ajoute un excès d'acide, et si Ton chaufl'e le mélange,
te précipité s'agglutine, forme une masse élastique cohérente,
et sa couleur change en uu orangé foncé. Il durcit par le refroidis-
sement. Le Sélénium se combine aussi en toutes proportions
avec le phosphore.
Il se combine avec les métaux , et produit à cette occasion
une ignition avec la plupart d'entre eux. Les séléniures ont
beaucoup de ressemblance avec les sulfures correspondans. Le
Sélénium est difficile à en séparer complètement par le grillage;
il s'en dégage avec une odeur de radis.
Le Sélénium se laisse dissoudre dans une lessive de potasse
caustique par l'ébullilion. La solution est rouge de bière. Il se
combine aussi par la voie sèche, tant avec les alcalis caustiques
qu'avec leurs carbonates , en en chassant l'acide carbonique. Si
l'alcali en est parfaitement saturé , l'eau décompose la combi-
naison et précipite le Sélénium en flocons rouges, dont la quan-
tité augmente par des nouvelles additions d'eau. Le même phé-
nomène a lieu avec le tellure, qui donne une combinaison avec
la potasse d'une couleur rouge extrêmement belle , mais qui
ne souffre point d'addition d'eau sans que le tellure se pré-
cipite sous forme d'une poudre noire, et que la masse devienne
incolore. Le Sélénium se combine aussi avec les terres alca-
lines par la voie sèche , tant avec celles-ci qu'avec les autres
terres et avec tous les oxides métalliques; il se laisse combiner en
précipitant leurs dissolutions par une dissolution de séléniure
de potasse préparée par la voie humide. Les séléniures ont une
couleur de chair plus ou moins foncée.
Le Sélénium se dissout tout comme le soufre et le phosphore
dans les huiles grasses. Elles en prennent plus de consistance et
une couleur rouge, qui dispaioît lorsqu'après leur refroidissement
elles se congèlent. Les huiles n'en éprouvent aucune décom-
position , comme cela a lieu avec le soufre.
M. Berzelius a trouvé le Sélénium dans trois minéraux. Deux
viennent d'une mine abandonnée à Skrickerum en Smolande,
en Suède. Ceux-ci sont : Ça) un séléniure de cuivre. Cette mine
tient de la chaux carbonatée, qui, en plusieurs endroits, est
tachée de séléuiure. {b) L'autre est un séléniure double d'argent
ET d'histoire naturelle. 297
et de cuivre, qui forme des rognons disséminés dans la gangua
de celle mine. M. Berzelius l'a appelé Eukaeriic (d'un mol grec
qui veut dire : qui vient à temps), parce que le hasard lui fournit
ce minéral, lorsqu'il éloil sur le point.de finir son travail sur
le Sélénium. Comme on ne travaille plus cette mine, on n"a
point d'autres éclianlillons de cette substance, que ceux qui se
trouvenl déjà dans les collections, où ce minéral a été appelé
Bismuth natif àe Skrickerum. "SI. Afzelius, professeur de Miné-
ralogie et de Chimie à Upsal , trouva déjà, il y a long-temps,
que l'Eulvaerite ne contient point de bismuth, et rendit pro-
bable qu'il devoit contenir du tellure. A la demande de M. Ber-
zelius, il en fournit une quantité suffisante pour l'examen de
ce minéral.
Le troisième minéral, qui contient du Sélénium , a été trouvé
par M. Esmark à Tellemashen , en Norwcge. Il l'a considéré
comme une mine de tellure. Ce minéral est une combinaison
de Sélénium, de bismuth et de tellure; on n'en a pas encore
eu une quantité suffisante pour l'analyse exacte; et comme d'ail-
leurs le Sélénium et le tellure ont presque toutes les propriétés
communes, il est fort difficile de les séparer. M. Berzelius l'a
fait dans une expérience quantitative, où il n'eut à sa disposi-
tion qu'à peu près un cinquième de grain de la substance
pure, en faisant griller cette dernière dans un tube de verre
incliné; ce tube avoit les deux bouts ouverts, et on appliqua
la chaleur extérieurement au point où éloient les parcelles du
minéral. Eu inclinant le tube plus ou moins, il y détermina
un courant d'air suffisant pour oxider le tellure et le bismuth ,
et insuffisant pour oxider le Sélénium , qui par conséquent se
sublima avec sa couleur rouge, mêlé avec de l'oxide de tellure,
duquel il se laissa ensuite séparer par une douce chaleur, qui
le transporta à un endroit plus haut dans le tube. Malheureu-
sement tous ces minéraux sont d'une si grande rareté, qu'on
n'en peut procurer même des échantillons pour les minéralo-
gistes. Mais si la présupposilion de M. Berzelius est exacte ,
que l'odeur de rave, produite par plusieurs mines de tellure,
est due à la présence du Sélénium, il est à espérer que dans
les mines de la Transylvanie, où, à ce que ron prétend, on
a commencé à en séparer le tellure pour le besoin des chimistes,
on voudra bien essayer s'il ne s'y trouve point aussi de Sélé-
nium. M. Berzelius croit que la meilleure manière de les sé-
parer, sera de les oxider, de les combiner ensuite avec delà
potasse , qui doit extraire de l'acide sélénique en laissant une
298 JOUHNAI. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
grande partie du lellurale de potasse non dissoute, et ensuite
de distiller le mélange sec des deux sels avec de l'acide sul-
furique ; l'acide sélënique se sublimera, et dans la cornue res-
tera du sulfate acide de potasse et du sulfate d'oxide de tellure.
MEMOIRE
Sur les Phénomènes de la Sanguification et sTir le Sang
en général ;
Par m. W. PROUT, M. D.
L'objet du pre'sent essai , est de donner une idée sommaire
et liée de ce qu'on connoît sur les phénomènes et la nature
intime de la Sanguification. Je dois à d'autres une grande partie
des faits que j'emploie; mais je me flatte que mes lecteurs vou-
dront bien m'excuser sur cet emploi , en réfléchissant que le
secours de ce qui est connu est nécessaire pour l'extension
ultérieure de nos connoissances et pour pouvoir arriver à ce qui
est inconnu.
Peut-être faciliterai-je la lecture de ce travail, en rapportant
en termes généraux, l'opinion que mes observations m'ont con-
duit à me faire sur le développement et la nature du sang,
la disposition de mon sujet étant entièrement fondée sur cette
opinion. Mon idée est que le sang commence à être formé
ou développé de la nourriture, dans toutes ses parties, des le
premier moment de son entrée dans le duodénum , ou même
peut-être dès le premier moment de la digestion, et qu'il de-
vient graduellement de plus en plus parfait, à mesure qu'il
passe par les diflërens états auxquels il est soumis, jusqu'à ce
que sa formation soit complète dans les vaisseaux sanguins;
alors il représente une solution aqueuse des principaux tissus
et des autres parties du corps animal auquel il appartient.
Les principaux ingrédiens du sang sont l'albumine, la fibrine
et le principe colorant, que l'gn peut supposer représenter le
tissu cellulaire commun, le tissu musculaire et le tissu nerveux.
Ces diflérens principes sont si intimement liés les uns aux
autres dans leurs propriétés chimiques , que Berzelius leur a
donné le nom générique de composés albumineux du sang, terme
que j'adopterai dans le cours de cet essai.
ET d'hISTùIRE naturelle. 29g
Les principaux degrés dans la formation du sang chez les ani-
nlaux les plus parfaits sont la digestion, la cliyniification , la
chyliflcation et la sanguilication proprement dite; la première se
fait dans l'estomac, la seconde dans le duodénum, la troisième
dans les vaisseaux lactés , la quatrième dans les vaisseaux sanguins.
Les propriétés du chyme , du chyle et du sang , le résultat
de ces fonctions , semblent passer graduellement et impercepti-
blement de l'une à l'autre, d'où elles peuvent peut-être être à
peine regardées comme des degrés distincts et bien définis,
dans la fonction générale de la sanguification. Cependant comme
les vaisseaux ou organes dans lesquels elles ont lieu , sont bien
distincts, on peut aussi regarder les fonctions elles-mêmes comme
distinctes; je vais donc commencer par considérer l'importante
fonction de la digestion.
Phénomènes de la digestion dans un lapin. Un lapin h jeun
depuis 12 heures fut nourri d'un mélange de son et d'avoine;
lue deux heures après, et examiné pendant qu'il étoit encore
chaud, on trouva l'eslomac modérément distendu par une niasse
pultacée composée de la nourriture très - divisée, et si inti-
mement mêlée, que les difîérens articles dont elle étoit formée,
pouvoient à peine être reconnus. La fonction digestive cepen-
dant, ne paroissoit pas avoir eu également lieu dans toute la
masse, mais senibloit bornée .à sa superficie , ou à ce qui éloit
en contact avec l'estomac. L'odeur de cette masse étoit parti-
culière , elle peut être nommée fade et désagréable. En la
pressant modérément dans un morceau de linge , il en sortit
une demi-once d'un liquide opaque , d'un brun rougeâjrc , qui
rougit de suite fortement le papier de tournesol , mais qui
au bout de quelque temps d'exposition à l'air, revint à son
état naturel. Ce fluide coagula de suite le lait, et bien plus,
sembloit posséder la propriété de redissoudre le caillot, et de le
convertir en un fluide qui paroissoit lui être eulièrement semblable.
Il n'étoit coagulé ni par la chaleur, ni par les acides; en un mot,
il ne donnoit aucun indice d'un principe albumineux. Evaporé
à siccité et calciné, il donna des traces évidentes de muriate al-
calin, avec quelques traces de phosphate et de sulfate alcalins,
ainsi que de sels terreux de difi'érente nature, comme de sul-
fate, de phosphate et de carbonate de chaux.
Les mêmes phénomènes furent observés dans d'autres expé-
riences; le liquide contenu dans l'estomac rougissoil uniformément
le papier de tournesol, et coaguloit en général le lait, excepté
dans une occasion dans laquelle l'animal étoit mort, probable-
300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ment à cause de quelque maladie de l'eslomac, qui e'ioit bourré
de nourriture, où laclion sur le lait fut foible , et parut être
neutralisée ou détruite. Dans ce cas aussi, la couche interne
de l'eslomac , spécialemenl dans le voisinage du pylore , éloit
dissoute (i).
(i) Depuis que ces observations ont été publiées , le D' Wilson Philipp
a donné une histoire plus détaillée des phénomènes de la digestion dans un
animal ; en voici l'extrait. La première chose qu'on aperçoit , dit le D'
Philipp, en examinant l'estomac d'un cochon d'Inde qui a mangé depuis peu
de temps, est que la nouvelle nourriture n'est jamais mêlée avec l'ancienne.
La première est toujours dans le centre environnée par la seconde , excepté
à la partie supérieure entre le cardia et la petite couibure de l'estomac ,
où quelquefois il n'y a qu'une très-petite quantité de nourriture ancienne ,
ou pas du tout. Si les deux nourritures ont été d'espèce difFérenle, et si
l'animal a été tué quelque temps après l'ingestion de la dernière , la ligne de sé-
paration est évidente ; mais si elles ont été de niéiue nature, et que l'animal
soit tué un temps assez considérable après la prise de la seconde, le suc gastrique les
ayant traversé l'une et l'autre , rend la ligne de séparation moins apparente; ce-
pendant vers la petite courbure de l'estomac, et surtout dans le centre de la nou-
velle nourriture , on la trouve ( à moins qu'elle ne soit depuis long-temps
dans l'organe) comparativement plus fraîche et sans altération. Tout autour,
la substance la plus proche des parois de l'estomac, est la plus digérée. Cela
est vrai , même pour la petite courbure comparée avec la nourriture du centre;
celle qui touche la membrane interne de l'estomac, est toujours plus digérée
que celle qui se trouve dans cette même partie. Mais à moins que l'animal n'ait
point mangé depuis long-temps, il y a dilTérens degrés suivant les différentes
parties de l'estomac; la digestion est la moins avancée dans la petite cour-
bure , plus dans la grande , et encore plus dans le milieu de celle-ci.
Ces observations s'appliquent à la partie cardiaque de l'estomac; quant à
la portion pylorique , la nourriture y est toujours dans un état très-différent",
elle est plus également digérée, la partie centrale différant beaucoup moins
de la superficielle. Une des différences les plus remarquables entre l'état de
la substance alimentaire dans ces deux parties de l'estomac , c'est que dans
la pylorique elle est comparativement plus sèche, et dans l'autre, mêlée avec
\nie grande proportion de fluide, surtout quand la digestion est assez avancée ,
et que la sécrétion de l'estomac a eu le temps d'être considérable.
Ainsi, dit le D' Philipp, il paroit qu'à mesure que la matière alimentaire
se digère, elle se meut le long de la grande courbure , et qu'elle parvient à
la portion pylorique quand elle est parfaite. La couche externe ou qui touche
les parois de l'estomac, est la première digérée; à mesure qu'elle éprouve
des changemens , elle est poussée par l'action musculaire de l'estomac , et la
plus voisine prend sa place pour éprouver Jes mêmes changemens. Ainsi , il
y a Un continuel mouvement dans l'organe , la portion des substances alimen-
taires qui est contre les parois de l'estomac, ,'e portant vers le pylore, et
la plus centrale approchant de la surface.
Le D' Philipp a remarqué que la grande extrémité de l'estomac est la partie
la plus communément attaquée après la mort de l'animal.
Phénomène^
ET d'iiistoiue naturelle. Soi
Phénomènes de la digestion dans un pigeon. L'animal assez
jeune, mais parfaitement couvert de plumes, avoit été nourri
deux heures environ avant sa mort, avec un mélange d'orge
et de pois. Ouvert et examiné immédialement après la mort,
on trouva dans le jabot une portion de nourriture qui étoit
molle et gonflée ; mais elle ne paroissoit pas avoir éprouvé
d'autres changemens que ceux qu'on auroit pu attendre de son
exposition à la chaleur et à l'humidité. Cet organe ne donna
aucun signe d'acidité. Le gésier ou estomac contenoit de l'orge
en différens états de décomposition , les parties internes de quel-
ques grains étant réduites à l'état pulpeux, qui fluoit quand on
les pressoit; d'autres étoient réduits à l'enveloppe, tandis que
quelques-uns étoient dans un état intermédiaire. La substance con-
tenue dans l'estomac , donnoit des signes évidens d'acidité ;
mais le papier de tournesol recouvroit sa couleur bleue presque
aussitôt après son exposition à l'air. Ellecoaguloit complèlemenlle
lait, mais on n'y trouvoit même aucune trace de prindpe al-
bumineux.
Dans une Tanche et un Maquereau. On examina ce que conte-
noit l'estomac el la partie supérieure de l'intestin d'une tanche
immédiatement après sa mort; mais comme l'animal avoit été
long-temps dans un état peu naturel , on ne peut pas tirer des
phénomènes observés , autant d'avantages qu'on atlroit pu en
espérer. C'étoit un fluide glaireux , un peu plus que jaunâtre
et ressemblant à la bile, et la petite portion de matière ali-
mentaire qui s'y trouvoit, parut n'être pas naturelle, et peu
capable d'avoir reçu l'action du pouvoir digestif. On ne put
découvrir, et on devoit s'y attendre, aucune trace de principe
albumineux dans l'estomac non plus que dans la partie supé-
rieure de l'estomac.
Le maquereau , sujet de l'observation , avoit été pris le jour
d'avant. L'estomac étoit presque rempli par une masse grume-
leuse blanchâtre , dans laquelle on voyoit distinctement des restes
d'os de petits poissons. Elle rougissoit très-foiblement le papier
de tournesol, et cependant, aidée de la chaleur, elle coaguloit
le lait. On obtint par l'acide acétique, el les autres acides, une
espèce de coagulation partielle , spécialement quand on élevoit
la température ; mais on ne put y distinguer aucune trace de
matière albumineuse.
Phénomènes de la Chjmijîcation. L'examen du chyme n'a pas
encore été multiplié. Le D"" Marcet a publié une courte ana-
lyse de celui du dindon. J'ai moi-même examiné le chyme de
Tome LXXXFJII. AVRIL an 1819. Qq
3o2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
plusieurs animaux; je vais rapporler avec détails, les plus ini-
porlanles de ces expériences, me bornant à faire mention des
autres. Dans ces analyses, mon but principal a été d'examiner
si le chyme coulenoit quelque trace du principe albumiaeux
qu'on trouve dans le sang.
Examen comparatif des matières contenues dans le duodénum
de deux chiens, dont l'un avoit été nourri de substances vé-
gétales seulement , et l'autre de matières animales. La niasse
ciiymeuse dans le premier cas, étoit en partie semi- fluide,
opaque, d'un blanc-jauniktre, mêlée avec une autre portion de
même couleur, mais d'une plus ferme consistance. Sa pesanteur
spéciCque étoit de i,o56-, elle ne montra aucune trace d'acide
libre, ni d'alcali; mais elle coaguloil complètement le lait,
aidée d'une douce clialeur. Dans le dernier cas, la masse cliy-
meuse étoit plus épaisse, plus visqueuse, et sa couleur plus
inclinante au rouge; sa pesanteur spécifique, 1,022. Elle n indi-
quoit non plus ni acide, ni alcali, et ne coaguloil nullement
le lait, quoique dans les circonstances les plus favorables. Soumis
à l'analyse, ces deux chymes ont donné:
Chyme île nourrit. Chyme de nourrit.
végétale. aolaiale.
Eau 86,5
Principe gastrique uni à des matières
alimentaires et apparemment compo-
sant le chyme , mêlé avec des matières
excrémentitielles 6,0
Matière albumineuse, consistant en par-
tie en fibrine, provenant de la chair
dont l'animal s'étoil nourri 0,0
Principe biliaire 'j^
Gluten? végétal 5,o
Malière saline. .
Résidu insoluble.
0.7
0,2
80,0
i5,8
1,3
1,7
0,0
0,7
0,5
100,0
100,0
Ces résultats ont été obtenus de celte manière :
Eau. La quantité de ce fluide a été déterminée en faisant
évaporer jusqu'à siccité et au bain-marie, un poids donué de
chaque espèce de malière chymeuse.
Principe chymeux. La proportion de ce principe a été obtenue
eu ajoutant de l'acide acétique à une quantité déterminée, et
ET d'histoire naturelle. 3o3
en faisant bouillir le mélange pendant quelque temps. Le ré-
sultat obtenu bien séché, éloil formé en partie d'un préci-
pité composé de matière alimentaire digérée , apparemment
combinée avec le principe gastrique dont il sera parlé plus loin,
et en partie d'une matière alimentaire insoluble et excrémeii-
titielle ; en sorte que je le considère comme le chyme dans
lequel le principe albumineux n'étoit pas encore complètement
formé , ou développé assez pour être reconnu , mêlé avec une
matière excrémentitielle.
Matière albumineuse. Après avoir enlevé le précédent par le
filtre, du prussiate de potasse fut ajouté à la dissolution acé-
tique ; il ne se fit pas de précipité dans le chyme végétal, et
au contraire, il s'en fit un considérable dans le chyme animal ;
ce qui indique dans celui-ci beaucoup de malière albumineuse,
qui provient probablement en partie de la chair dont l'animal
avoit été nourri.
Principe biliaire. Les deux chymes en contiennent ; on l'a sé-
paré en traitant par l'alcool leur résidu desséché, et en éva-
porant. Il possède les propriétés connues de ce principe, il paroît
cependant moins aisément miscible avec l'eau dans son état
naturel , et se rapprochant davantage de la nature d'une résine
ou de l'adipocire, différences qui tiennent probablement, au
moins en partie, à l'action de l'alcool.
Gluten végétal. Le chyme de nourriture végétale qui con-
sistoil en pain , contenoit une portion d'un principe soluble
dans l'acide acétique, et non précipité par le prnssiale de po-
tasse, ni par l'ammoniaque; ainsi ce n'est pas de l'albumine.
11 étoit précipité par une dissolution de potasse, et possédoit
quelques antres propriétés analogues du gluten végétal.
Matières salines. Les sels ont été obtenus par incinération ,
et consistent principalement en muriate , sulfate et phosphate,
comme cela a ordinairement lieu dans les matières animales.
Résidu insoluble. Dans le chyme végétal , il consisloit prin-
cipalement en poils (kairs), cl dans le chyme animal, en fibres
tendineuses.
Pour mieux faire ressortir la différence de ces deux sortes
de chyme, je vais ajouter, par voie de contraste, un tableau
montrant les propriétés de ces matières alimentaires provenant
des différentes portions du canal alimentaire de deux autres chiens
qui ont été nourris de la même manière. Elles ont été traitées
par le mena» procédé l'une et l'autre, comme dans l'expérience
précédente.
3o4 JOURNAL DE PHVSIQUEJ DE CHIMIE.'
NOURRITURE VÉGÉTALE. NOURRITURE ANIMALE.
I. Matière chymeuse du duodemim. I. Matière cJiymeuseduduodéiium.
Composée d'une partie semi- Plus épaisse et plus \iscide
fluide, opaque, blanche-jaunàlre, qug celle provenue des matières
mêlée avec une autre partie de ■ '. \ , „„ i„ , „i.,=
, ■ y ^ ■ végétales , et sa couleur plus
même couleur, mais plus consis- s ' r
tante, coagulant complètemeut inclinant au rouge, ne coaguloit
le lait : composée de pas le lait: composée de
Eau. 86,5 80,0
Chyme 6,0 i5,8
Matière albumlneuse. . 0,0 i,5
Principe bilaire. . . . 1,6 1,7
Gluten végétal? . . . 5,o 0,0
Matières salines. . . . 0,7 0,7
Résidu insoluble. . . . 0,2 o,5
100,0 100,0
II. Du Cœcum. II. Du Ccecum.
D'un brun jaunâtre et d'une con- De couleur brune el de con-
sistance épaisse et un peu glai- sistance très-visqueuse. Odeur
reuse; ne coagulant pas le lait : particulière et très -agréable,
contenant Coagulant le lait.
1°. De l'eau en quantité non 1°. Idem.
appréciée.
2°. Une combinaison du prin- 2°. Idem.
cipe muqueux avec des matières
alimentaires altérées, insoluble
dans l'acide acétique, et consti-
tuant la partie principale de la
substance.
3°. Point de matière albumi- 5*. Des traces distinctes de
ueuse. matière albumineuse.
4°. Le principe biliaire un peu
altéré, mais en quantité presque
aussi considérable que dans le »
duodénum.
5°. Point de gluten végétal,
mais un principe soluble dans
l'acide acétique et précipitant
ET D lIISTOir.E NATURELLE.
fortement par l'oxalate d'ammo-
niaque.
6°. Des matières salines, pres-
que comme dans le duodénum.
7°. Un résidu insoluble en pe-
tite quantité.
III. Du Colon.
3o5
Couleur d'un Jaune brunâtre ,
de la consistance d'une moutarde
claire et plein de bulles d'air;
odeur foible et particulière , un
peu semblable à celle de la pâle
crue; ne coagulant pas le lait.
Composée de
1°. Ecorce en quantité non ap-
préciée.
2°. Une combinaison de ma-
tières alimentaires en excès avec
le principe muqueux, comme
dans le cœcum.
5". Point de matière albumi-
neuse.
4°. Principe biliaire comme
dans le cœcum.
5°. Gluten végétal; 6°. sels, et
7°. résidu insoluble comme dans
le cœcum.
''■ IV. Rectum.
J)'une consistance ferme et
d'une couleur brune olive incli-
nant au jaune. Odeur fétide et re-
poussante. Ne coagulant pas le
lait.
1°. Ecorce, non évaluée.
2°. Combinaison ou mélange
dematièresalimeiilaires altérées,
en beaucoup plus grand excès que
dans le colon, avec un peu de mu-
III. Du Colon.
Composée d'une partie fluide
muqueuse, brunâtre, tremblo-
tante, avec quelques flocons blan-
châtres suspendus, un peu sem-
blable à de l'albumine} odeur
foible et non particulière, fétide
comme la bile. Coagulant le lait;
composée de
1°. Idem.
2°. Idem.
5°. Idem,
4°. Idem.
5'., 6\ et 7°. Idem.
IV. Du Rectum.
Formé de scjbala de consi-
stance ferme, de couleur brua
foncé, inclinant à celle de cho-
colat; odeur très-fétide. Lait
coagulé par l'eau dans laquelle
elle avoit infusé.
1°. Idem.
2°. Idem,
5o6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
eus; insoluble dans l'acide acéti-
que, et formant la niasse princi-
pale des fœces.
3". Point de matière albumi- 3°. Idem.
neuse.
4°. Principe biliaire en partie 4°- Principe bilaire plus con-
changé en une résine parfaite. sidérable que dans les fœces vé-
gétaux, et presque entièrement
changé en une substance rési-
ni forme.
5°. Point de gluten végétal , 5°. Idem.
mais les mêmes substances que
dans le cœcum et le colon.
6°. Sels comme dans le précé- 6°. Idem.
dent.
7°. Résidu insoluble, en tout 7'. Résidu insoluble, cora-
composé de fibres végétales mê- posé entièrement de poils,
lées avec des poils (i).
Examen de la substance contenue dans le duodénum d'un bœuf.
Elle avoit été gardée quelque temps avant l'examen , et elle
paroissoit contenir une grande proportion de bile. Sa couleur
étoit verdàtre, et sa consistance glutineuse, paroissant contenir
suspendue quelque matière soluble qui quelque temps après se
déposa. Sa saveur étoit douce, son odeur foible, et un peu sem-
blable à celle de la bile. Pesanteur spécifique, 1,023 ; elle in-
diquoit de très-foibles traces d'un acide, et coaguloit le. lait
complètement aidée d'une douce chaleur. Par la même méthode
d'analyse indiquée plus haut, on a trouvé qu'elle contenoit:
1°. Eau 91,1
2°. Principe gastrique, uni à des matières alimen-
taires et constituant apparemment le chyme ,
mêlé avec des matières excrémentitielles. . 2,0
5°. Matière albumineuse o
4°. Principe biliaire 4)4
5°. Picromel? 1,4
6°. Gluten végétal ou extrait. o
7°. Matières salines ' . . . 0,8
8°. Résidu insoluble o,3
100,0
(1) Ces poils viennent sans doute de ce que l'animal »' étoit lécbé. (R.)
ET d'uistoire n'Aturei.i.e. Soy
La malière chymeuse éloil en plus pelile quanlilé, et le prin-
cipe hilaire, au conlrairc,en plus grande dans celle espèce que
dans aucune autre ; i! y avoit en outre une substance que j'ai
nommée Piaomel. Elle e'toil brune, de consistance gomnicuse;
sa saveur d'abord anière , puis douçàtre ; soluble dans l'eau ,
et entièrement insoluble dans l'alcooL On l'a obtenue en faisant
bouillir le résidu après l'action de l'alcool dans de l'eau dis-
tillée. Elle n'étoil pas précipitée par l'oxi-muriate de mercure ,
mais complètement par le sous-acétate de plomb. D'où il paroît
que c'est une sorte de mucus altéré, ou mieux, peut-être, une
combinaison de mucus avec un peu de principe bilaire, que
l'alcool n'a pu enlever. En eflet, le principe bilaire s'unit tel-
lement intimement avec la substance animale, avec laquelle il
est en contact, qu'il est presque entièrement impossible de l'en
séparer lout-à-fait. Le résidu insoluble n'étoit presque que des
fibres végétales.
Exatnen de la substance contenue dans le duodénum de Lapins.
Ces animaux éloient ceux sur lesquels les phénomènes de la
digestion que nous avons décrits plus haut, ont été observés,
€t les expériences faites pour connoître les propriétés des sub-
stances contenues dans leur duodénum, sont tout-à-fait sem-
blables à celles qui ont eu lieu pour le même but dans les chiens
et le bœuf. Le duodénum du lapin rempli d'un mélange de
son et d'avoine, comme il a été dit plus haut, contenoil, dans
sa partie supérieure surtout, un fluide glaireux de couleur jaune-
verdàtre plein de bulles d'air, avec une petite portion seule-
ment de la partie insoluble de l'aliment; ce qui doit faire aban-
donner l'évidence de l'existence tHan véritable chyme , ou d'un
principe albumineux. Un peu plus bas, le duodénum contenoit
un fluide glaireux semblable, mais il contenoit moins de bulles
d'air , el sembloit au contraire ofi'rir une plus grande propor-
tion de principe albumineux; en sorte que la quantité de malière
albumineuse augmenloit à la distance d'environ 6 poucesdu pylore
et diminuoil ensuite; à 24 pouces, elle éloit à peine sensible.
La matière contenue dans l'iléon étoit verdàtre et contenoit
une plus grande proportion de la malière cxcrémentitielle de
la substance alimentaire, que celle du duodénum. On n'a trouvé
aucunes traces de matière albumineuse dans cette portion du
canal intestinal. Le cœcum qui, dans cet animal, est exirêmement
grand, éloit entièrement rempli d'une masse pultacée d'un brun
foncé, d'une odeur fccale , et qui n'ofl'roit aucune trace d'al-
bumine. Le colon el le rectum cofttenoieat des scybales bruns
Û08 JOURNAL DE PlIVSIQUE, T)T. CHIMIE
et durs, apparemment formes seulement des parties insolubles
de l'aiiment , et d'un peu de matière bilaire. Aucune des sub-
stances contenues dans le canal intestinal , depuis le pylore,
n'ëloit sensiblement ni acide, ni alcaline, ni ne coaguloit
le lait.
Les mêmes phénomènes furent observés dans les autres in-
dividus; mais lorsque l'animal avoit été ouvert long-temps après
avoir mangé , j'ai généralement trouvé des traces plus évidentes
de matière albumineuse, non-seulement dans-le duodénum, mais
presque dans toute l'étendue du canal intestinal grêle. La quantité
en étoit cependant très-petite dans l'iléon; et à son entrée dans
le cœcum, on ne pouvoit apercevoir aucune trace de ce prin-
cipe. L^aspect général du contenu dans la partie supérieure de
l'intestin grêle, étoit toujours celui qui a été décrit plus haut-,
c'est-à-dire qu'il étoit de couleur jaunâtre et d'une consistance
glaireuse, et mêlé avec un peu de matière insoluble et excré-
menlilielle. Dans l'iléon, la couleur étoit généralement plus verte,
la consistance plus ferme et la proportion de matière excré-
mentitielle plus, grande. Dans le cœcum, c'étoit toujours une
réunion de matière fécale, qui étoit tout-à-fait semblable par ses
propriétés à celle que nous avons décrite plus haut. Le contenu
du colon et du rectum étoit aussi entièrement le même que
dans le premier cas.
Examen des matières contenues dans le duodénum du pigeon
et du dindon. Le pigeon étoit le même que celui employé pour
l'observation des phénomènes de la digestion. Dès le commence-
ment du duodénum, il y avoit un grand nombre de bulles d'air qui
avoient l'apparence de provenir de l'effervescence des matières
arrivées de l'estomac après leur première entrée dans l'intestin.
Leur couleur étoit d'un jaune verdâtre, leur consistance glai-
reuse et claire, avec un mélange, comme dans les autres ani-
maux, d'un peu de matière excrémenlitielle. Près du pylore
seulement, on observoit de foibles traces d'albumine; mais la
quantité en augmenta rapidement à la distance de 6 pouces,
pour diminuer ensuite promptement; aussi à i 5 pouces du pylore,
il n'y en avoit plus aucune trace , et la matière alimentaire avoit
une couleur plus brune, une consistance plus ferme, etparoissoit
être entièrement excrémentilielle.
Le coiiienu du duodénum du dindon a été examiné par le
Df Marcel; il le décrit comme lui ayant offert des traces abon-
dantes d'albumine , et comme donnant par l'incinération un
résidu
ET d'histoire naturelle. Sôq
résidu salin d'environ six pour cent , dans lequel il a reconnu
la présence du fer, de la chaux et d'un muriale alcalin.
Examen des substances contenues dans le duodénum d'une
Tanche et cTun Maquereau. Comme je n'ai pu me procurer
des poissons dans leur état naturel, mon examen sur ces ani-
maux n'a pas été aussi satisfaisant que je l'aurois désiré. Dans
la partie supérieure du canal intestinal d'une tanche qui avoit
été quelque temps hors de son élément naturel , comme il a
été observé ci-dessus, je n'ai pu apercevoir aucune trace de
principe albumineux, mais plus en arrière, oii la matière ali-
mentaire éloit plus abondante , je pense en avoir trouvé de
sensibles. Du reste, aucune des substances trouvées dans le ca-
nal intestinal, n'éloit sensiblement acide ou alcaline, et ne
coaguloit le lait.
Dans le maquereau , le contenu du duodénum et des parties
supérieures de l'inteslin, ressembloit exactement à celui de l'es-
tomac, sous le double rapport de l'aspect et des propriétés,
excepté qu'il éloit d'une consistance plus glaireuse, spéciale-
ment autour des appendices pyloriques et qu'il donnoit des
traces foibles de l'existence d'un principe que j'ai pu considérer
comme albumineux.
Des propriétés du Chjle. Je vais maintenant décrire, autant
3u'on les connoît jusqu'ici, les propriétés du chjle dans les trois
ifiérens degrés de son trajet dans le système sanguifère, c'est-
à-dire dans les vaisseaux absorbans ou lactés près des intestins,
dans les mêmes vaisseaux près le canal ihoracique, et dans le
canal thoracique lui-même.
L'extrême petitesse des vaisseaux lactés, et par conséquent
la grande difficulté d'en extraire une quantité suffisante du fluide
qu'ils contiennent , ont dû nécessairement faire que les pro-
priétés du chyle, tel qu'il existe après avoir été immédiatement
absorbé des intestins, sont fort imparfaitement connues. Dans
les mammifères, il est opaque et blanc comme du lait; dans
les oiseaux et les poissons, au contraire, il est presque trans-
parent et sans couleur. Les seules observations que l'on ait sur
le chyle dans le moment de sa formation, sont celles d'Enimert
et de Reuss (i) qui ont été faites sur le cheval. 11 diffère du
chyle parfait extrait du canal thoracique, parce qu'il est plus
blanc et plus opaque, qu'il se coagule spontanément d'une ma-
(j) Annales de Chimie, tome LXXX, pag. 8i.
Tome LXXXFUI. AVRIL an 1819. Rr
3lO JOURNAL DE PHYSIQUE, t)È CHIMIE
nière beaucoup plus lente et plus impaifulle, et qu'il ne prend
pas une couleur roiigeâire par son exposition à l'air; d'où il
paroit qu'il contient une très-petite proportion seulement d'un
principe analogue à la fibrine , ou au moins que ce principe existe
dans un ëtat encore fort imparfait el point de principe colorant.
Le cliyle des branches sous-lombaires du cheval a été exa-
miné parMlM. Emmert et Reuss, ainsi que par M. Vauquelin (i);
ces chimistes s'accordent à regarder ses propriétés comme
plus imparfaites, plus mal définies que celles du chyle du canal
ihoracique. D'après les deux premiers, sa coagulation spontanée
est également beaucoup plus imparfaite; sa couleur éloit blanche,
avec de petits globules jaunes nageant dans son intérieur. Mais
au bout de peu d'heures, on y observa une petite masse rou-
geâtre, nageant dans un fluide jaunâtre, laquelle, quelques jours
après, disparut et prit la forme de sédiment au fond du vase.
M. Vauquelin dit aussi que celui qu'il a examiné étoit blanc
et opaque comme du lait , et qu'il contenoit un caillot éga-
lement blanc et opaque. Ce caillot a été considéré comme
delà fibrine imparfaitement formée; et dans le chjle examiné
par Emmert et Reuss, il formoit environ un pour cent de tout
le fluide. Dans les deux expéiiences, on trouva que le chjle
conlerioit de l'alljumitie , les sels ordinaires du sang, ainsi qu'un
principe particulier, dont les propriétés seront rapportées plus
loin.
Le chyle du canal thoracique a été souvent examiné , et a
offert les mêmes résultais. Si l'on tue un animal peu d'heures
après qu'il a mangé , qu'on l'ouvre immédiatement et qu'on
perce le canal thoracique, le chyle alors sous forme de fluide
parfait, s'écoule promptement.Sa couleur estalors presque blanche,
sa saveur foihiement salée et douceâtre, son odeur particulière,
et comparable, suivant Emmert et Reuss, à celle de la liqueur
spermatique. Dans un espace de temps variable, mais géné-
ralement en peu de minutes, il commence à prendre une con-
sistance gélatineuse et à se coaguler; sa couleur, s'il est ex-
posé à l'air, devient d'un rouge foible ou oeillet. Le temps
nécessaire pour que ces chaugemens spoulanés aient lieu ,
est diff'éreiit; quelquefois une heure suflit; cependant générale-
ment il faut un temps plus considérable, C'est dans cet état de
coagulation , et souvent plusieurs heures ou même plusieurs
(i) Annales de Chimie, tome LXA'XI, pag. u3.
ET 1)"histoire naturelle. 3ll
jours après qu'il a été relire du corps de l'animal, que , dans tous
les cas que. je connois, il a été examiné par les chimistes; et
par conséquent les observations suivantes ne doivent être en-
tendues que pour ce cas seulement.
Ce seroit perdre son temps que de rapporter les opinions des
plus anciens physiologistes sur le chyle. Tous les modernes l'ont
considéré comme très-analogue au sang. Les expériences des
trois chimistes que nous avons cités ci-dessus , établissent ce
point de la manière la plus satisfaisante; il ne sera donc pas
nécessaire de rapporter celles d'autres chimistes qui ont le même
résultat; c'est pourquoi je ne donnerai de détails que sur ua
petit nombre. L'examen le plus récent du chyle a été fait par
le D'^ Marcet et par moi (i), sur le chyle de deux chiens, dont
l'un avoilété entièrement nourri de substances végétales et l'autre
de substances animales. Ces expériences furent faites il y a 4 ans
environ, à la demande de M. Astley Cooper, et sur les mêmes
animaux, si je ne me trompe, dont le contenu du duodénum
a été examiné plus haut.
(£rt suite au Cahier prochain.)
LETTRE DE M. CAVOLEAU
A M. DUBUISSON (2).
Monsieur, ^
Les pluies de pierres, s'il est premis de s'exprimer ainsi, ont
clé connues dans la plus haute antiquité; mais ce phénomène étoit
placé par les savans , au rang des contes populaires , fruit de
l'ignorance ou de la superstition. (Quelques-uns cependant, moins
Iranchans que le plus grand nombre , avoient conservé dos
doutes , et le problème pouvoit encore être considéré comme
non résolu. L'opinion est aujourd'hui irrévocablement fixée;
plusieurs faits bien observés depuis vingt ans, ne permettent
plus de douter qu'il ne tombe réellement des pierres, des hautes
(i) Medic. chirurg. Trans, tome Vl, pag. Gi8.
(2) C'està M. Léman que nous devons la communicatiou de ces deux Lettiei,
qui nous donnent l'histoire d'un aérolithe nouveau. (R.)
Rr 2
^'^ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
régions de l'alniospLère. Ce phénomène esl très-curieux, el en
allendant que l'on en explique la cause, je pense qu'il esl im-
porlanl de constater tous les faits qui en démontrent la réalité.
Il en est un, dont personne n'a encore parlé, el qui n'est pas
le moins curieux de tous ceux qui onl été connus jusqu'à ce
jour.
Le 5 août 1812, à 2 heures du malin , le temps calme cl
Je ciel clair, un météore éblouissant de lumière, frappa les
yeux de quelques voyageurs el de quelques paysans, aux en-
virons de Chantounay, dans le déparlement de la Vendée, sur
|a route de Nantes à la Rochelle. On assure même qu'il fut aperçu
a plusieurs lieues de distance. On n'a pas apprécié le temps
de sa durée; mais il se termina par une violente explosion,
que l'on a comparée au plus fort coup de tonnerre que l'on
ail enlendu dans le pays.
Au niiiieu du jour, le métayer de la métairie de la Haute-
Revélison, située à 4000 mètres de Chantonnay, aperçut dans
un champ voisin de sa maison, une grosse pierre qu'il n'y avoit
jamais vue, il la trouva enfoncée dans la terre, de deux pieds
et demi, répandant une forte odeur de soufre qu'elle a conservée
pendant six mois, mais qui s'est enfin totalement dissipée.
Ce ne fui qu'à la fin du mois de décembre iSi/|, que je fus
instruit de ce fait, el je conjecturai que la pierre dont il s'agit,
étoit réellement tombée à la suite de l'explosion; je crois ne
ni être point trompé. Son écorce, sa cassure, son action sur
le barreau aimanté, tous ses caractères extérieurs , qui ressemblent
beaucoup à ceux des échantillons que j'ai vus dans quelques
cabinets, m'ont persuadé que c'est un véritable aérolithe. H y a
cependant quelques difterences : sa cassure présente moinsl'aspect
du grès; il est beaucoup moins blanc dans son intérieur, ou, pour
mieux dire, il ne l'est presque pas du tout. On a jugé que son
poids devoil être de soixante à soixante-dix livres.
J'ai désiré avoir celte pierre entière, pour vous procurer le
plaisir d'en faire la description. On s'est empressé de la diviser,
parce que chacun a désiré posséder un fragment de la lune. Je
n'ai pu m'en procurer que trois fragmens pesant ensemble vingt-
deux livres, que je vous invile à venir voir chez moi.
J'ai l'honneur d'être, elc.
GAVOLEAU.
Nantes, le 24 février 1816.
ET DIIISTOIUE NATURELLE. Ol.
RÉPONSE DE M. DUBUISSON.
Monsieur,
J'ai observe les morceaux d'aérolithes que vous m'avez fait
remelire.
1°. La croûte, ou enveloppe, m'a para différer des autres
bolides de celle espèce, eu ce que celle croule ou enveloppe
passe de la couleur noire au jaune du fer oxidé rubigineux.
2'. Elle difl'ère encore des autres pierres de ce genre, en
ce que l'inlërieur de la masse donne des étincelles par le choc
du briquet; mais moindres que celles de la croûte.
3". L'intérieur de la masse raye le verre, comme la croûte.
4°. La forme de la masse, autant que j'ai pu en juger, étoit
arrondie et ofl'roil plusieurs cellules ou cavités. L'intérieur est
granuleux, avec un aspect terreux, à l'exception de quelques
points briilans de fer météorique , qui sont très-abondans , et
de quelques-uns de fer sulfuré, qui y sont assez rares.
Sa couleur est variable, elle passe du gris ordinaire à celle
substance, au jaune de fer oxidé rubigineux, puis au brun noi-
râtre, d'un aspect gras.
Un fragment de celte substance, exposé h l'aclion du cba-
lumeau, s'y est recouvert d'une croûte noirâtre et vernissée,
mélangée d'un peu d'oxide jaune , de fer.
D'après ces expériences, je ne doute nullement, Monsieur,
que les morceaux de roche que vous m'avez fait remettre, ne
soient réellement provenus d'un mctéorolithe , comme vous
me l'annoncez. Ce méléorolilhe me semble d'autant plus cu-
rieux, qu'il paroit offrir des caractères particuliers, qui n'avoient
point eucore été observés.
J'ai l'honneur d'être, etc.
F. L. A. DUBUISSON.
Nantes, le a6 février i8i6.
^'4 JOURNAL DE PIIYSKIUE, DE CHIMIE
NOTE
SUR LE GENRE ANTILOCHÈ VRE,
ANTILOCAPRA (ORD).
Dans le volume LVII, pag. 146, nous avons publie une
nolice inléiessante de M. Ord, sur quelques espèces d'animaux
ruminans du nord de l'Amérique, et entre autres, sur une es-
pèce fort remarquable, dont nous avions le premier fait con-
noître les armes frontales , dans l'extrait de notre Mémoire sur
quelques animaux ruminans observés en Angleterre , inséré dans
le Bulletin de la Société Plulomatique, sous le nom de Ceivus
hmnatitSj et qui a servi à l'établissement du genre que M. Ord
a nommé Jnlilocapra; mais par une inadvertance loul-à-fait
involontaire, le paragraphe du Mémoire de M. Ord, qui con-
teuoil les caractères qu'il assigne à ce genre, a été entièrement
omis. C'est à réparer celte omission que cet article est consacré.
Ordre. Les ruminans, Ruminnnlia. Section : cornes soutenues
par un axe osseux solide.
Genre. Antilochèyre, Jnlilocapra. Caractères. Corner for-
tement comprimées, et chacune dans sa partie antérieure, di-
latée en un fourchon ou espèce d'andouiller court, placé près
du centre; dans les deux sexes; (fueue très-courte; museau cou-
vert ; point de sinus lacrymaux , ni de brosses aux genoux ;
IJgrmcs et habitudes des Antilopes.
Espèce. A. AMÉRICAINE, Â. americana (Ord). Les cornes cou-
vertes de nombi-euses stries , un peu ridées transversalement et
verruqueuscs, sont un peu inclinées en dehors: la partie supé-
rieure est lisse, recourbée; le sommet pointu et recourbé en
dedans; le fourchon est subsagitté; les yeux sont grands et situés
fort haut à la base des cornes. Les oreilles pointues, -situées très-
haut et très en arrière , sontblanchâtres, bordées de rougeàtre; les
jambes sont grêles, déliées; la tète porte une touffede poils entre
les cornes ; la face et le nez sont châtain foncé; les parties supé-
rieures du corps, le cou, et la face externes des jambes sont
d'un fauve rougeàtre {jeddislihujf); le croupion, les parties infé-
rieures, les côtés, la poitrine, l'intérieur des membres, le som-
met de la tête, les côtés de la face et de la tête, ainsi que les
ET d'iiistoïbk naturelle. Su
lèvres, sont blancs. La partie antérieure du cou est aussi de celte
couleur; la queue d'un fauve rougeàtre en dessus etblanclie en des-
sous; le cou avec une crinière consi<lëral)le, est de couleur de
terre d'ombre roufje, marquée au-dessous des oreilles cl de chaque
côté, d'une laclie blanche. Les poils sont épais, grossiers, et
chacun d'eux comme moelleux, est aplati et ondulé. La lon-
gueur des cornes, mesurées suivant leur superficie antérieure,
est de 12 pouces; celle du fourchon, mesurée en haut, de 2
pouces; la longueur totale de l'animal, depuis la partie anté-
rieure des épaules jusqu'au croupion , est de 2 pieds 9 pouces ;
la hauteur au garrot, de 2 pieds 9 pouces également; longueur
de la queue, 4 pouces. L'individu qui a servi à celte description
éloit un mîde.
Le poil, dont M. Ord nous a envoyé un échantillon , ne peut
être mieux comparé qu'à celui de l'élan ; il a au moins un pouce
et demi de long, sur un cinquième de ligne de diamètre à sa
hase; il est conique, comme joncacé ou analogue a du jonc
séché, formé d'une sorte de moelle entourée d'un épidémie
fort mince, aussi est-il Irès-peu consistant; il est aplati el flexvieux
ou ondulé, comme le dit M. Ord, et comme celui de l'élan.
A sa base, il paroit qu'il se trouve une petite quantité de vé-
ritable laine très-fine, frisée et fauve, la nature de ce poilue
lendroit-elle pas encore à faire considérer cet animal comme
une espèce de cerf?
MEMOIRE
Relatif à la courbure des niiliciix de l'oeil dans différens
animauxj
Par m. CHOSSAT.
(EXTRAIT Par M. BIOT.)
Le mécanisme par lequel la vision s'opère dans l'homme el
dans les animaux, a depuis long-temps attiré l'admiration et
excité les recherches des naturalistes, des auatoinislus et des
physiciens. LTn grand nombre d'entre eux ont travaillé à déter-
miner la construction de cet organe, la disposition de ses parties,
et les propriétés physiques par lescjucUes elles pouvoient agir
^'D JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
sur les rayons lumineux. L'ensemble de ces travaux, aussi îm-
portans que difficiles, a donné une idée très-satisfaisante du mode
général par lequel la vision s'accomplit, c'est-à-dire qu'ils nous
ont fait considérer l'œil comme un instrument d'optique, con-
struit à la manière de nos lunettes et agissant de même; mais,
quant aux détails de sa construction , détails qui seuls peuvent
mettre en état d'apprécier ses efTets d'une manière précise, ou
na pas encore réussi à les déterminer assez exactement pour
les pouvoir soumettre au calcul , et pour pouvoir assigner ma-
thématiquement la route, les réfractions et l'exacte convergence
des rayons lumineux qui arrivent à la rétine en différens'sens.
lelle est cependant la seule épreuve par laquelle on puisse
être assuré d'avoir une explication complète de l'organe, et de
connoitre précisément le jeu de ses diverses parties; mais on
en est encore si loin, que pour quelques-unes, par exemple,
pour la membrane plissée qui existe dans l'humeur vitrée des
oiseaux, et que l'on appelle \ePeigriejOn ne sait pas même à quoi
elle sert , ou tout au plus peut-on se permettre à cet égard des con-
jectures; et, pour d'autres résultats qui dépendent des modifica-
tions que les parties subissent, par exemple, pour la canse
qui produit la netteté de la vision à des distances différentes,
et dans les oiseaux très-diverses, on n'est pas beaucoup plus
avancé. Il est évident que l'explication de ces propriétés, de
ces phénomènes, ne doit plus se tirer de simples aperçus, mais
d une détermination précise des formes des parties et de leurs
rapports entre elles. Cette précision, déjà si difficile à obtenir
par elle-même , combien ne le devient-elle pas davantage quand
il s agit de l'apliquer à la mesure d'un organe aussi délicat que
1 œil , et dont les parties peuvent si aisément s'oblitérer!
M. Chossat, qui a déjà publié des recherches très - bien
faites sur les pouvoirs réfringens des diverses matières solides
ou fluides dont l'œil se compose (i), a attaqué ce second
problème, beaucoup plus difficile, et il Ta fait par une mé-
thode qui , lorsqu'elle est employée avec adresse et avec les
précautions qu'il y a mises , nous paroît off'rir tous les degrés
d'exactitude que l'on peut désirer dans ce genre de déter-
mination.
11 n'a point, comme l'avoil fait autrefois Petit, appliqué sur
les diverses parties de l'œil des courbes découpées qui s'ac-
(i) /'oj'ez le Discours préliminaire de cette année, pag, io3.
conimodoient
ET u'itlSTOIKE NATURELLE. ' SlJ
commodoienl à leur confij^uralion , ce qui ne peut offrir qu'un
mode de coniparaisou très-peu exact ; il n'a pas non plus es-
sayé de juger de la courbure par la réflexion de la lumière,
comme le D"^ Young l'avoit tenté pour la cornée de l'homme j
car ce moyeu , très-délicat , n'auroit pas été applicable à toutes
sortes de surfaces; M. Chossat s'est borné à dessiner les parties
de l'œil , mais il les a dessinées non par aperçu ou par un
sentiment d'imitation toujours plus ou moins infidèle, il l'a tait
exactement, et de manière à avoir une copie rigoureuse, en
même temps qu'agrandie, des formes qu'il vouloit apprécier.
Il s'est servi pour cela, du mégascope imaginé par M. Charles.
Cet instrument, réduit à sa plus grande simplicité, consisteroit
en une lentille convergente, Cmée dans le volet d'une chambre
obscure. Si l'on place un objet hors de la chambre , sur l'axe
de la lentille, et au-delà de son foyer principal, il se formera ,
dans la chambre une image que vous pourrez recevoir sur un
verre dépoli; celle image sera d'autant plus grande que l'objet
aura été placé plus près du foyer principal de la lentille; si
l'objet est droit, l'image sera renversée, mais renversé, l'image
sera droite. Si vous variez la dislance de l'objet au foyer prin-
cipal, l'image variera en grandeur et en netteté, de manière
que vous pourrez choisir le degré de grossissement qui vous
paroilra le mieux accorder ces avantages. Vous améliorerez en-
core l'effet, en substituant , à la lentille simple, un système de
lentilles combiné de manière à diminuer les défauts d'achro-
matisme. Tel est le mégascope. L'image reçue sur le verre dé-
poli, s'observe par derrière ce verre. Lors({ue l'appareil est
construit avec le soin nécessaire, elle est très-belle, très-bril-
laule, et ses contours sont si fidèlement conformes à l'objet,
que les plus petits détails, par exemple, les traits d'une nii-
guature se reproduisent parfaitement ressemblans. Cette épreuve
de similitude est, pour la vue, aussi délicate, que l'est, pour
l'égale propagation des sons, la parfaite conservation du mou-
vement d'un air que l'on entend d'une grande distance.
D'après cela, pour dessiner les diverses parties de l'œil,
M. Chossat n'a eu qu'à les placer devant le mégascope, et eu
prendre le dessin sur le verre dépoli; il s'est borné à un gros-
sissement de huit ou dix fois, qui lui a paru accorder la netteté
de l'image avec une grandeur suffisante. L'œil du bœuf, par
exemple, occupoit ainsi sur le tableau un espace de plus de
quatre décimètres. Mais, pour pouvoir tirer des conséquences
géométriques de ces dessins, il falloit connoitre bien exacle-
Tome LXXXVllI. AVRIL an 18)9. Ss
3l8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ment quelle coupe de l'œil ou en gênerai de la partie observée
se peignoit sur le tableau; c'est à quoi M. Chossal est parvenu,
au moyen de précautions varices qu'il a rapportées dans son
Mémoire.
Pour suivre la marche des rayons depuis leur entrée dans
l'œil jusqu'à leur arrivée sur la rétine, il suffisoit, comme le
remarque M. Chossal, de connoître les courbures antérieures
et postérieures de la cornée, celles du cristallin, et euCn la
configuration de la rétine. En efl'et , l'humeur aqueuse étant
limitée par la cornée et par le cristallin , comme l'humeur vitrée
l'est par le cristallin et par la rétine, les surfaces de ces liquides
sont les mêmes que celles de ces corps. M. Chossal , dans son
Mémoire , ne s'est encore occupé que de la surface antérieure de
la cornée et des deux surfaces du cristallin.
Pour observer la cornée, il place l'œil entier dans un petit
godet fixé au fond d'une cuve remplie d'eau , dont les parois
sont des glaces parallèles. L'œil repose sur sa sclérotique ,
qui presse seulement avec l'excès de son poids sur celui de
l'eau environnante. Pour qu'il reste ainsi assujéti dans une po-
sition fixe, les dimensions du godet sont telles , que la partie
postérieure de l'œil eu soit complètement embrassée. Quant au
cristallin , beaucoup plus délicat que la cornée et infiniment
plus facile à altérer dans sa forme, M. Chossal le laisse reposer
sur une couche de mercure, au fond de la cuve toujours remplie
d'eau, par laquelle il se trouve presque entièrement soutenu.
Or, comme le cristallin surtout auroit pu êlre déformé par l'in-
troduction de l'eau qu'il absorbe Irès-sensiblemenl, M. Chossat
a déterminé, par des expériences très-soignées, quelle pro-
gression celte absorption suivoit, à quelle quantité elle s'élevoit,
et enfin comment elle se dislribuoil dans son intérieur : il s'est
assuré aussi que celle absorption ne produisoil dans les dessins,
et par conséquent dans les formes réelles, aucune altération qui
pût êlre sensible dans l'intervalle que duroient ses expériences,
surtout en ayant soin, comme il Ta toujours fait, de prendre
les yeux d'animaux tués depuis un petit nombre d'heures. Cet
examen minutieux, mais indispensable pour ses recherches, lui
a offert en outre l'occasion de soupçonner, comme une chose
très- vraisemblable, que la couche de liquide bombée qui paroît
quelque temps après la mort derrière la surface antérieure du
cristallin, et qui y forme comme une sorte de ménisque transpa-
rent, est produite par l'absorption cadavérique que le cristallin fait
des autres humeurs de l'oeil qui sont contiguës avec les surfaces.
ET d'histoire naturelle; îig
ou peut-être encore du liquide contenu dans la substance du
cristallin même, si, comme nous croyons nous le rappeler,
celte humeur se développe également dans les cristallins que
l'on a retirés de l'œil, et isolés immédiatement après la mort.
Au moyen des précautions que nous venons d'expliquer,
M. Chossat a obtenu, sur le verre dépoli du mégascope , des
dessins exacts; il s'est assuré que le transport de ces dessins
sur le papier, par l'action de calquer, ne pouvoit y introduire
que des ditFérences négligeables, car la répétition des calques
donnoit toujours les mêmes courbures. Il ne resloit donc qu'à
diriger les sections de manière à pouvoir déduire de leur en-
semble la forme des surfaces par une discussion géométrique.
C'est la marche qu'a suivie M. Chossat; mais, quoiqu'il l'ail
appliquée aux yeux de plusieurs animaux , il s'est borné à
choisir l'œil du bœuf pour l'exposition de sa méthode, dans
le Mémoire qu'il vient de publier.
11 a commencé par examiner la surface extérieure de la cornée ;
et, dans celle-ci, il a pris d'abord une coupe dirigée trans-
versalement, c'est-à-dire horizontale, si l'animal est supposé
dans la position de la station; il en est résulté une courbe
ovale. M. Chossat s'est assuré que l'on pouvoit mener à travers
celte courbe une ligne droite telle que les ordonnées perpen-
diculaires à sa direction fussent égales pour les mêmes abscisses.
La courbe étoit donc de nature à admettre un axe, dans le
Sens géométrique de ce mot; d'ailleurs, l'inspection seule indi-
quoil une courbe du second ordre. Or, dans une telle courbe,
lorsqu'on connoît la direction de l'axe et le sommet, deur
points donnés suffisent pour déterminer tous les autres. M. Chossat
a donc pris deux des points dont les coordonnées paroissent
devoir être les plus sûres, par leur position; et, en les intro-
duisant dans les équations des courbes du second ordre, il ea
est sorti les élémens d'une ellipse , qui en effet s'est trouvée
ensuite satisfaire parfaitement à tous les autres points dans toute
l'amplitude, d'ailleurs considérable, que le dessin a pu em-
brasser. Le grand axe de celle ellipse éloit dirigé d'avant en
arrière; mais, par une circonstance fort remarquable, queM.Som-
mering le fils vient d'indiquer aussi de son côté dans l'œ'il du
cheval , la direction de cet axe ne passe point par le milieu
apparent de la cornée, et n'est point perpendiculaire à la corde
que l'on mèneroit par ses extrémités; il s'écarte de celle per-
pendiculaire en dedans, d'environ io° dans tous les bœufs de
sept à neuf ans; ainsi, le soramel de l'ellipse n'est pas situé au
Ss 3
520 JOUr.NAl. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
milieu de la surface de la cornée, qui esl extërieuremenl visible;
il se rapproche de dix degrés vers les naseaux.
J^a section horizonlale de la cornée étant ainsi connue,
M. Chossat a étudié une section verticale; mais, d'après ce
qu'on vient de dire sur la position non symétrique du sommet
de l'ellipse par rapport à la surface apparente de la cornée, il
y avoit de la difliculté à diriger cette section suivant le grand
axe de l'ellipse horizonlale, ce qui étoit cependant nécessaire
pour avoir une seconde section principale de l'ellipsoïde, si
toutefois un ellipsoïde étoit la forme réelle de la cornée. M. Chossat
a cherché à remplir cette condition le mieux possible : il a
trouvé que, dans ce sens, la section de la cornée étoit encore
«ne elli[)se, dont le grand axe etoit horizontal, mais cette fois
il coïiicidoil avec Taxe apparent de la section; en outre, et
autant qu'on pouvoil les approcher par des moyens graphiques,
celle ellipse iui a paru identique avec l'ellipse horizontale. De
cette siiniiiiuuc il a conclu que la surface extérieure de la cornée
du Lunif est un ellipsoïde de révolution dont le grand axe,
qui est celui de révolution, esl dirigé d'avant en arrière, quoique
non pas parallèlement à l'axe apparent. En comparant les rap-
ports des axes de cette surf:ice avec les rapports de réfraction
qu'il avoit déterminés précédemment pour la substance de la
cornée , M. Chossat a trouvé entre ces nombres précisément
la relation indiquée par Dtscartes pour la destruction de l'aber-
ration de sphéricité, relativement aux pinceaux parallèles qui
arrivent dans le sens de l'axe, ce qui est un rapprochement
au moins curieux. M. Chossat ne s'est point occupé de la sur-
face postérieure de la cornée; on pourroit la supposer à peu
près parallèle à la surface antérieure; mais ce parallélisme même
est un fait nécessaire à établir par des mesures, et il est dou-
teux qu'il soit général.
En appliquant les mêmes principes au cristallin avec l'accrois-
sement de soins que la délicatesse de cet organe nécessite ,
M. Chossat a pareillement observé les courbures de ses deux
surfaces. Ce sont encore toutes deux des ellipsoïdes de révo-
lution engendrés aussi autour d'un axe qui va d'avant en ar-
rière; mais ici cet axe de révolution esl le plus petit des deux,
au lieu qu'il étoit le plus grand pour la cornée. En outre, les
deux ellipses du cristallin n'ont point les mêmes courbures,
la postérieure est plus convexe, ce qui est contraire à la con-
dition que l'on emploie ordinairement dans les grands objectifs
de nos lunettes, pour diminuer l'aberration de sphéricité; enfin
ET D HISTOIRE NAraRELLE. 52 1
les directions mêmes dtîs axes de ces ellipses sont diflcrcntes
entre elles, comme M. Cliossal s'en est assuré d'une manière
non douteuse par des coupes adroitement dirigées; et, pour les
deux ellipses, cette direction s'écarte de l'axe du corps de
l'animal, en sens contraire de l'écart que l'axe de la cornée
présentoit , précisément comme si cette oblic|uité opposée avoit
quelque efl'et pour compenser l'autre. Ce genre de coiidguralion
n'est pdinl particulier à quelques, individus ; il s'est otlcrt dans
tous les yeux de bœuf que M. Chossat a examinés.
Toutefois il ne faudroit pas conclure de ces observations que
chez d'autres animaux la surface de la cornée el du crislallia
fussent aussi elliptiques; l'étude de la nature, pour peu qu'on
la suive, détrompe bientôt de ces généralisations prématurées;
ici un seul point suffira pour suspendre tonte conclusion trop
étendue : c'est que la cornée de réleplianl dont M. Chossat a
rapporté aussi la mesure dans son Mémoire, lui a présenté une
courbure non plus elliptique, mais hyperbolique, comme il l'a
expressément remarqué.
Tels sont les principaux résultats contenus dans le Mémoire
de M. Chossat; ils sont Irès-curienx par eux-mêmes, importans
parleurs conséquences, el, ce qui est une condition essentielle
de leur valeur, ils sont établis avec une recherche d'exactitude
qui en assure la durée.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1. Coupe horizontale de la cornée. — E. Côté externe de
l'œil. — J. Côté interne de l'œil. — EBJ. Portion de la cir^
conférence de la cornée. — E.4I. Coupe horizontale de la sur-
face de la cornée. — CA. Axe vrai de l'ellipse incliné en dedans.
— CA'. Axe apparent.
Fig. 2. Coupe verticale de la même cornée. — SS'. Côtés supé-
rieur et inférieur de l'œil. — SBS'. Portion de la circonfé-
rence de la cornée. — SAS'. Coupe verticale de la surface
de la corné. — AB. Axe de la section.
Fig. 3. Section horizontale du cristallin. — J. Côté interne. — •
É. Côté externe. — .laE. Surface antérieure du cristallin. —
Ja'E. Surface postérieure du cristallin. — JE. Grand axe ap-
parent. — Jti. Grand axe vrai de la surface antérieure. —
Ca. Petit axe vrai de la surface antérieure. — Jci. Grand axe
- vrai de la surface postérieure. — C'a'. Petit axe vrai de la
322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
surface postérieure. — mm' . Porliou durcrislallin immèrge'e dans
le mercure pendant l'expérience.
Fig. 4. Section verticale du même crislalliti. — SS. Côtés su-
périeur el inférieur du cristallin. — SZ>S. Surface antérieure
du cristallin. — Sb'S. Surface postérieure. — SS. Grand axe
apparent. — w^. Grand axe vrai de la surface antérieure. —
a'a'. Grand axe vrai de la surface postérieure. — mm'. Portioa
immergée dans le mercure.
NOTICE
Sur le dépôt salifère de Villiczka en Galiciej
Par F. S. BEUDANT.
On a donné depuis long-temps diverses notices sur le dépôt
salifère qui fait le sujet des exploitations de Villiczka. Les su-
perbes travaux exécutés dans ces mines ont souvent excité
l'enthousiasme des voyageurs, et donné lieu à des descriptions
pompeuses, dans lesquelles l'amour du merveilleux a mêlé une
foule d'indications extraordinaires et toul-à-fail inexactes. Nous
ne nous proposons ni de réfuter sérieusement ces erreurs de
l'imagination , qui heureusement ne peuvent plus aujourd'hui
tromper personne, ni de donner une description détaillée de
tout ce qui est capable de fixer l'attention dans ces immenses
souterrains. N'ayant pour but que de faire connoître quelques
observations géologiques , nous nous bornerons à donner ici un
léger aperçu sur ce qui concerne l'exploitation, et sur ce qu'il
y a de plus remarquable dans la mine.
Tous les travaux sont exécutés à Villiczka sur une grande
échelle , avec une parfaite régularité et même avec luxe. De
belles galeries, larges el élevées, établissent une circulation
facile entre tous les travaux d'un même étage ; de superbes
escaliers taillés dans la masse saline, ou construits solidement
en charpente au milieu des diverses excavations, communiquent
depuis la surface du sol jusqu'aux travaux les plus profonds.
- Indépendamment de ces beaux ouvrages qui sont essentiels
à l'exploitation même, et qui contrastent déjà d'une manière
frappante avec ceux des mines en général, on a ajouté, en quel-
ques points, des décorations particulières; ici c'est une sale
spacieuse agréablement ornée, construite au milieu d'une des
ET d'histoire naturelle. 3-t3
caviles qui resulleni de l'exploilalion des amas de sel; là, c'est
une chapelle dont les colonnes, les statues, etc. sont taillées
dans le sel même. Ailleurs , ce sont des terrasses au bord des
excavations, des portes figurant l'eutrée d'un château fort, une
obélisque rappelant la visite de l'empereur François; toutes
construites régulièrement en pierre de sel. Dans d'autres points,
ce sont des inscriptions qui rappellent la présences des sou-
verains, des radeaux ornés sur lesquels ils ont parcouru les
amas d'eau ou lacs de la mine; des peintures sacrées dédiées
par la vénération des ouvriers aux patrons des travaux. Enfin,
on rencontre à chaque pas les traces des magnifiques illumi-
nations qui ont eu lieu à diverses époques au milieu de ces
profondeurs. Tels sont, en général, les faits réels qu'on a em-
bellis par mille fictions poétiques, et auxquels ou a ajouté des
rêveries de tous les genres.
Mais quoiqu'un trop grand nombre d'ouvrages aient présenté
à la curiosité des lecteurs, des faits exagérés et des indications
fausses sur l'ensemble de ces grandes excavations souterraines;
néanmoins plusieurs voyageurs nous ont donné des idées assez
exactes de la nature et de la disposition intérieure de ce grand
dépôt salifère. On les trouve consignées dans différens ouvrages
françois et étrangers ; nous les rapporterons d'abord brièvement
ici , et nous y ajouterons les observations que nous avons pu
faire, ainsi que les conséquences géologiques auxquelles nous
avons été conduit.
Ce dépôt est une immense masse d'argile (que les ouvriers
nomment halda), au milieu de laquelle se trouvent , non pas
des couches de sel (ni des débris de couches, comme quelques
auteurs l'ont prétendu), mais des amas extrêmement volumi-
neux, auxquels on a donné différens noms, d'après leurs po-
sitions respectives et le degré de pureté que présente le sel.
Après avoir traversé une couche de sables grossiers et mouvans ,
qui compose le sol de toute la plaine, on trouve presqu'aussilôt
dans l'argile des amas considérables irréguliers, isolés les uns
des autres, d'un sel extrêmement mélangé de parties argileuses
et sablonneuses. Ces amas sont l'objet des travaux du premier
étage de la mine, et leur ensemble constitue ce qu'on nomme
la première masse de sel ou le sel vert (grûnsalz). Au second
étage , des amas disposés de la même manière dans la masse
d'argile, présentent un sel plus pur qu'on nomme spiza, dont
on exploite une immense quantité pour l'exportalion à l'étranger.
Enfin, un sel plus pur encore, ordinairement Irès-lamelleux,
324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
qu'où nomme szihik^ forme d'aulres amas qui sont exploites par
un troisième étage de travaux : c'est à travers ces dernières
masses qu'on est parvenu, suivant les ofTiciers des mines, à la
profondeur de 170 loises, mesure de Vienne , qui correspondent
à environ 3i2 mètres.
Ces diffërens amas de sel, ainsi que la masse d'argile sali-
fère qui les renferme, sont d'une grande solidité. Chacun des
amas que l'on attaque est exploité presqu'en totalité, et il eu
résulte d'immenses excavations, dont les paroisse soutiennent
d'elles-mêmes (1). C'est la solidité de ces masses, jointe à la
facilité avec laquelle on peut les entamer , qui a permis de
tailler au milieu d'elles, ces beaux escaliers, ces larges galeries
et toutes les décorations d'architecture dont nous avons parlé.
La sécheresse que l'on remai'que généralement dans ces mines,
n'a pas échappé à l'attention des naturalistes; mais le même
phénomène se présente dans toutes les mines de sel, où il con-
traste souvent, d'une manière frappante, avec l'extrême humidité
des portions de galeries qui traversent un terrain d'une autre
nature, avant d'arriver au dépôt salifère.
On a aussi indiqué, mais d'une manière assez vague, les
débris organiques qui se trouvent dans ces mines. M. Schultes(2)
dit qu'il n'est pas rare de trouver des coquilles marines, des
ammonites, par exemple, au milieu même des bancs de sel;
que l'argile qui recouvre le sel renferme de la houille et des
pétrifications. Townson dit qu'on lui a donné des petites coquilles
bivalves qui se trouvent dans l'argile salifère qui enveloppe la
masse de sel nommée splza (5). Enfin, on a cité des dents
d'éléphans et des ossemens de quadrupèdes; mais, à cet égard,
j'observerai qu'on a confondu les dépôts d'atterrissement qui se
trouvent dans la plaine, avec le véritable dépôt salifère.
Sous les rapports géologiques , la seule conclusion que l'on
puisse tirer des diÛérens ouvrages parvenus à ma connolssance ,
même les plus récens (4), est que le dépôt salifère de Villiczka ,
se trouve au pied d'une grande chaîne de montagnes composée
de grès et d'argile, qui s'étend jusque dans le Bukoviue et dans
(1) On n'exploite dans les parties inférieures, que les amas dont la po^
sitiou relativement aux galeries et aux excavations supérieures , est telle ,
qu'une nouvelle cavité ne puisse nuire à la solidité des travaux.
(2) Journal des Mines, tome XXIII, pag. 82.
(3) Voyage en Hongrie, traduction Françoise, tome III , pag. 4.9-
(4) Schindeler. Bemerkungenuber die Karpatischen gebirge. "Vienne, 18 15-
les
ET u'uiSTOlRE NiTUREI.LE. ^^-^
les plaines de la Hongrie; que toutes les masses de sel, comme
aussi toutes Jes sources salées, soit de la Gallcie, soil de la
Hongrie, se trouvent exactement dans la même position; mais
je ne connois rien dans ces ouvrages qui puisse conduire a
de'terminer avec quelque prohabilité , ranclennelé relative de
ce dépôt, et établir positivement les diflerences ou les res-
semblances qu'il peut avoir avec les autres dépôts connus.
Il est vrai que la position du dépôt salifère de Villiczka au
pied septentrional des Rarpathes et au bord des immenses plaines
de la Pologne, est en général peu favorable à des recherches
qui puissent déterminer ses relations avec d'autres terrains. Tout
le sol des environs ne présente que des terrains d'alluvion , et
ce n'est qu'à une assez grande distance qu'on peut reconnoître
les roches qui avoisinenl ordinairement les masses de sel. Il
faut dès-lors combiner diverses observations pour parvenir a
déterminer les limites géologiques entre lesquelles ce dépôt se
trouve circonscrit.
D'après mes observations barométriques , Villiczka se trouve
à environ 260 mètres au-dessus du niveau de la mer; et comme
d'après l'indication des mineurs, le point le plus profond des
travaux se trouve à environ 3i2 mètres au-dessous du sol , il
en résulte qu'on est descendu dans ces mines à environ 5o
mètres au-dessous du niveau actuel de l'Océan. Auprès de la
ville, commencent des montagnes qui s'élèvent successivement
à mesure qu'on s'avance vers le sud. Toutes ces montagnes
sont composées de grès, à l'exception de quelques points isolés
où l'on trouve du calcaire alpin qui, dans la partie la plus rap-
prochée des plaines, ne se rencontre qu'à la hauteur d'environ
860 mètres (Goo mètres au-dessus de la ville); mais il disparoît
subitement sous les grès qui s'élèvent, vers ces mêmes points,
à environ 810 mètres. Ainsi , la masse salifère qui se trouve
d'une part fort loin du calcaire alpin, dans le voisinage duquel
sont ordinairement les dépôts du même genre, se trouve de
l'autre à une grande profondeur au-dessous des parties saillantes
de C€tte roche, au bord d'une plaine extrêmement étendue.
Cette première observation paroit peu favorable à l'idée d'un
dépôt Subordonné au calcaire alpin.
Cette immense formation degrés se trouve à Villiczka, im-
médiatement sur la masse salifère : mais partout ailleurs elle
repose immédiatement sur le calcaire alpin. En efl'et, les mon-
tagnes calcaires qui se trouvent sur les bords de la Vistule ,
paroissent s'enfoncer profondément sous les sables qui recouvrent"
Tome LXXXFIU. AVRIL an 1819. Tt
320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE C II I M I E
la plaine, cl sous les grès qui descendent des Rarpathes. Dans
la cliaine de niontsgnes qui forme la limite naturelle entre la
Hongrie et la Galicie, le même calcaire est encore visiblement
recouvert par le même grès, et en quelques points on reconnoît
la superposition immédiale. La conclusion à laquelle conduisent
naturellement ces faits, est que le de'pùt salifère se trouve placé
entre le calcaire alpin et celle formation de grès, dont il s'agit
maintenant de de'terminer le degré d'ancienneté. Je n'ai rien
vu autour de Villiczka qui puisse fournir quelques données à
cet égard; mais heureusement on poursuit celte masse de grès
sans discontinuité à travers la montagne, depuis les plaines de
la Pologne jusque dans les plaines de la Hongrie; là, on la voit
d'une part reposer sur un calcaire oolilique rempli de pétrifi-
cations particulières , et qui paroit appartenir à la formation du
calcaire du Jura: d'une autre part, ce grès est recouvert par
un calcaire coquillier postérieur au Jura et analogue an calcaire
parisien. D'après cela, il me semble que celte grande formation
de grès est très-probablement la même que celle à laquelle on
a donné en Thuringe le nom de grès bigarré ou grès argileux
(Bunier sandstein, ou Thoiiiger sandsleia), dont elle a en effet
aussi tous les autres caractères.
Lorsqu'on vient à étudier la nature même du dépôt salifère
de Villiczka, on y observe des circonstances qui semblent lui
donner un caractère particulier. En effet, dans tous les dépôts
de sel que nous connoissons, on n'a jamais trouvé aucun vestige
de corps organisé; à Villiczka, au contraire, les débris orga-
niques sont abondans; ce sont des bois épars au milieu du sel
et des coquilles marines qui se trouvent dans l'argile salifère.
Les bois sont extrêmement abondans dans la masse de sel
nommé spiza, dont il est presque impossible de casser un mor-
ceau qui en soit absolument privé. Les uns sont passés à l'état
de jayet, et on y reconnoit dillicilcment le tissu organique; les
autres sont simplement à l'état bitumineux, et conservent tout
leur tissu. 11 y a des troncs et des fragmens extrêmement gros,
comme aussi des branches très -minces. On m'a assuré qu'on
trouvoit quelquefois des feuilles cordiformes un peu alongées.
J'ai vu chez le Directeur, un fruit de forme sphérique assez
bien conservé, et de la grosseur d'une noix, plissé à l'extré-
mité saillante sur l'échantillon. Ce fossile m'a paru être d'une
nature ligneuse (comme l'enveloppe des noix que les botanistes
désignent sous le nom d'enveloppe osseuse^, et passé à l'étal bi-
ET d'hISTOIKE NATURELLEr ^27
tuniiueux; mais je ne saurois dire à quel génie de plante il
apparlieiit.
Ce qui ma le plus frappé dans ces bois bituminise's , est
l'odeur extrêmement forte et nauséabonde qu'ils répandent, et
qui est très-analogue à l'odeur de truffe exaltée au dernier point.
Cette odeur devient insupportable dans une chambreoùse trouvent
rassemblés quelques échantillons frais; mais dans la mine elle
est modifiée par quelques circonstances , peut-être par l'acide
muriatique, qui la rendent moins forte et moins désagréable;
on ne sauroit pas même la reconnoîtrc dans les travaux, où l'on
trouve plutôt une odeur fade analogue à celle qu'on observe
dans les endroits renfermés et mal propres.
Mais ce qui est surtout ici extrêmement remarquable, c'est
que cette odeur est précisément celle que répandent pendant
Jeur putréfaction une grande quantité d'animaux mous, comme
les Apljsies, les Holothuries, quelques espèces de Méduses, etc.
J'ai eu souvent l'occasion d'observer ce phénomène sur les côtes
où ces animaux sont journellement jetés par la vague; il a eu
lieu constamment dans le cours de diverses expériences que
j'ai faites sur les mollusques et d'autres animaux mous, et dont
j'ai consigné ailleurs les résultats. L'alcool dans lequel on con-
serve ces animaux , prend aussi la même odeur d'une manière
très-forte , surtout lorsque les bocaux sont mal bouchés. Ce
rapprochement me paroît d'autant plus digne d'attention, que
je ne connois aucune putréfaction végétale qui produise une
odeur semblable, et je suis porté à croire que celle que dé-
veloppent les masses de sel de Villiczka , peut être due, comme
sur nos côtes, à la décomposition des matières animales, peut-
c\.vc même à celle de quelques animaux du genre de ceux que
je viens de citer.
Les coquilles se trouvent particulièrement dans les argiles sa-
lifères, et je n'en ai pas observé dans la masse de sel. Les plus
grosses sont des coquilles bivalves de quatre à cinq lignes de
diamètre. Lorsque je les ai recueillies, elles m'ont paru appar-
tenir au genre Telline; mais elles sont tombées en poussière et
n'ont laissé que leurs empreintes, de sorte que je ne puis au-
jourd'hui vérifier ce rapprochement. Outre ces coquilles bivalves,
la masse argileuse est remplie de coquilles univalves micros-
copiques, chambrées, fort analogues à celles qu'on trouve en si
grande abondance dans les sables fins de nos mers, dans quel-
ques dépôts marins assez modernes, comme aux environs de
Paris, et qui font partie des genres RotalUej RénuUle, Ihs-
Tt 3
^20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
corbite, el<;. J'avois cru même y reconnoîlre des MillioUles,
mais je ne puis les retrouver sur les ëchanliilons que \'ûï
rapportés.
Si Je i)'ai pu trouver moi-même des débris d'animaux dans
la masse de sel pure, il existe à Paris, dans le cabinet du Roi,
un morceau de sel de Villiczka (de la variété que les mineurs
îipmnient sel vert j grunsalz), qui renferme un fragment bien
distinct de madrépore. C'est un corps pierreux de forme co-
nique, dont la surface est lisse, et dont l'intérieur est formé
de lamelles isolées, qui rayonnent du centre à la circonférence;
peut-être ce corps peut-il être regardé comme une espèce du
genre Turbinolitej mais tout au moins paroît-il appartenir à un
des genres voisins de celui-ci (i).
Le gypse m'a paru beaucoup moins abondant dans les mines
de sel de Viliiczla , que dans celles que j'ai visitées dans d'autres
contrées. 11 n'y forme pas de bancs ou de nids aussi considérables;
mais on y rencontre , comme on sait , du gypse anhydre ma-
meloné très-compacte, de couleur bleuâtre ou grisâtre , qui est
connu depuis long-temps sous le nom de Pierre de Trippes;
il est en rognons peu considérables ou en veines étendues ex-
Irêmement contournées. On prétend qu'il y a des masses de
gypse anliydre saccaroïde dans le fond des travaux , mais je n'ai
pu le voir, quoique je l'aie cherché. 11 y a aussi du gypse fibreux ,
mais également peu abondant à Villiezka; on le trouve en plus
grande quantité à Bochnia, surtout dans les masses d'argile qui
forment des collines au-dessus de la ville.
L'argile salifère me paroît présenter à Villiczka, toutes les va-
riétés que l'on c.onnoît ailleurs dans les mines de sel; mais dans
quelques points elle est plus sablonneuse et très-micacée. C'est
plus particulièrement alors qu'elle renferme des petites coquilles
microscopiques.
Les faits principaux que je viens d'établir, placent, comme
on le voit, le dépôt saliîère de Villiczka entre le calcaire alpin
et une formation de grès, que je crois être la même que le
grès bigarré ou grès argileux de laThuringe. Mais la présence du
gypse anhydre, quoique moins abondant ici que dans les salines
du Tyrol ou du Salzburg, la nature de l'argile salifère qu'on
y observe, annoncent une grande analogie entre ce dépôt et
(i) De Born a cité un fossile semblable dans les mines de sel de Gmiinden
en Autriche. Voyez Bonr's Briefe, pag. 184.
ET d'histoire naturelle. 329
ceux que nous connoissons ailleurs, et semblent lier plus \a~
lirnement sa formation au calcaire alpin qu'à celle du grès qui
le recouvre. On sait, en eflet, qu'on ne trouve pas ordinai-
rement de gypse anhydre dans le grès ])igarré même, et que
si l'on observe souvent dos argiles, elles difl'èrent essentielle-
ment de l'argile salifère par tous leurs caractères.
Mais quelle que soit l'analogie qu'on remarque entre la nature
du dépôt salifère de Villiczka, et ceux du Tyrol ou du Salzburg,
nous ne pouvons pourtant croire qu'il soit subordonne au calcaire
alpin. La position de ce dépôt, au bord d'une immense plaine ,
fort loin des montagnes de calcaire alpin, et à 600 mètres au-
dessous de celle qui en est le plus rapprochée, semble conduire
plutôt à admettre un dépôt dans un golfe, et dans les anses
que les montagnes laissoient entre elles. Telle est non-seulement
l'idée qu'on peut concevoir relativement au dépôt salifère de
Villiczka, mais encore à l'égard de tous ceux qui se trouvent
en différens endroits entre la Pologne et la Transylvanie; tous
sont également au pied des montagnes, au bord des plaines, et
toujours assez loin du calcaire alpin.
D'un autre côté, les coquilles bivalves que nous avons ci-
tées , et dont le genre nous paroit plus nouveau que ceux
qu'on trouve dans le calcaire alpin ; ces petites coquilles mi-
croscopiques chambrées que nous ne connoissons encore que
dans des dépôls assez modernes , enfin cette grande quantité
de bois dont la seconde masse de sel est pénétrée, donnent
au dépôt salifère de Villiczka un carr.clère fort remarquable.
En résumant nos observations, nous pensons que ce dépôt
repose sur le calcaire alpin, sans lui être subordonné, qu'il
est recouvert par une formation de grès Irès-probablement sem-
blable à celle qu'on a nommée grès argileux ou grès bigarré;
mais sa nature, à l'exception des dehris organiques qui lui
donnent toujours un caractère très-remarquable, le rapprochant
et même l'iilenliliant en quelque sorte avec les dépôts salifères
du Salzburg, nous serions conduit à désirer que ceux-ci fussent
examinés de nouveau pour savoir s'ils ne reposeroient pas aussi
sur le calcaire alpin, sans lui être subordonné comme ceux de
Hall en Tyrol; nous avons trop peu séjourne dans le Salzburg,
pour pouvoir rien dire à cet égard ; mais l'ingénit-ur des travaux,
M. Schenk, dont les connoissances en Géologie sont fort étendues,
ne croit pas que ce dépôt soit subordonné au calcaire; il le croit
simplement adossé. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à peine on
quille le calcaire dans celle contrée, qu'on trouve une forma-
55o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CniMIE
tion de grès fort analogue à celle des K'arpalhes, el que c'est
vers la limite des deux formations qu'on rencontre les mines
de sel. {f^ojez, à l'appui de ces observations, l'ouvrage de M. Hé-
ron de Villefosse sur les Richesses minérales, article des Mines
de sel du Salzburg.)
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
CHIMIE.
Sur un Acide nouveau formé par le Soufre et l'Oxigène; par
MM. Welter cl Gay-Lussac.
On obtient cet acide, auquel MM. Welter et Gay-Lussac
donnent provisoirement le nomd'acide hjpo-sulfunt/ue, en faisant
passer du gaz acide sulfureux dans de l'eau, tenant en disso-
lution du peroxide de manganèse, en traitant par la barjle en
excès la dissolution qu'on obtient et qui est enlièrement com-
posée de sulfate et d'hypo-sulfale de manganèse; faisant ensuite
passer un courant d'acide carbonique pour saturer l'excès de
baryte , chauflanl pour dégager l'acide cabonique , on a un hypo-
sulfate de baryte, qu'on 'fait cristalliser. On le décompose en-
suite par l'acide sulfurique , el l'on obtient l'acide hypo-sul-
furique libre, que Ton concentre au moyen de l'acide sulfurique
dans le vide de la machine pneumatique.
Cet acide est inodore; sa saveur extrêmement acide; il n'est
pas volatil; parvenu à la densité de i,547, '' commence à se
décomposer en acide sulfureux qui s'exhale el en acide-sul-
furique. Il est également décomposé à la chaleur du bain-marie;
il n'est pas altéré à froid par le chloie, l'acide nitrique, le
sulfate rouge de manganèse. 11 sature très-bien les bases , et
forme des sels solubles avec la baryte', la stronliane , la chaux,
l'oxide de plomb, etc. Il dissout le zinc avec dégagement d'hy-
drogène, sans se décomposer. Tous les hypo-suliales sont so-
lubles, leurs dissolutions sont inaltérables à l'air, ainsi qu'à une basse
température et même par les acides, mais elles se décomposent
aisément par l'action de la chaleur; aussi l'acide sulfurique con-
centré les décompose; mais par la chaleur qui se produit. L'hypo-
sulfate de baryte s'oflVe en crislaux éclatans, dont la forme est
ET d'histoike naturelle. 53 1
un prisme quadrangulaire terminé par un grand nombre de fa-
Cellcs; inaltérable a l'air, loo pouces d'eau à 8°,i4 en dissolvent
i5,94; il décrépite au feu très- forlemenl; se décompose aisé-
ment par la chaleur, perd 29,903 par la calcinalion , et est
composé d'une proportion de baryte, 90,008; d'une propor-
tion d'acide hypo-sulfurique, 90,000, et de deux proportions
d'eau, 22,04.
L'hypo-sulfate de strontiane donne des cristaux très-petits qui
paroisseut des lames hexaèdres, à bords alternativement inclinés
en sens contraires. Celui de chaux, des lames hexagonales ré-
gulières; celui de potasse, des prismes cylindroïdes, terminés
par un plan perpendiculaire à la longueur.
L'hypo - sulfate de manganèse est très-solublc et très-déli-
quescent.
De l'analyse de l'hydro-sulfate de baryte, MM. 'Welter et Gay-
Lussac ont conclu que l'acide hypo-sulfurique est composé de
deux proportions de soufre, de cinq proportions d'oxigène et
d'une certaine quantité d'eau, essentielle, à ce qu'il paroît, à
sa composition quand il est séparé des bases ; en sorte qu'en
le comparant avec les trois composés de soufre et d'oxigène qu'on
connoissoit déjà, on voit qu'il contient la même proporlioa
de soufre que l'acide hypo - sulfureux , et deux fois et demi
plus d'oxigène , et qu'il devra , suivant MM. Welter et Gay-
Lussac, former avec lui un groupe particulier, comme l'acide
sulfureux et l'acide sulfurique en formeront un autre.
11 est assez remarquable que MM. Welter et Gay-Lussac n'ont
pu produire cet acide en traitant le peroxide de baryum hy-
draté et l'oxide puce de plomb par l'acide sulfureux, quoique
ces deux oxides présentent une composition analogue à celle
du peroxide de manganèse.
PRIX PROPOSÉS
Par l'yicadémie des Sciences de Paris.
Chimie. L'Académie remet pour la troisième fois au concours,
la question suivante : Déterminer les changemens chimiques
qui s'opèrent dans les fruits pendant leur maturation et au-delà
de ce terme. On devra, pour la solution de celte question , 1°. faire
l'analyse des fruits aux principales époques de leur accroisse-
ment et de leur maturation , et même à l'époque de leur bles-
sissement et de leur pourriture; 2°. comparer entre elles la
nature el la quantité des substances que les fruits conlicudrout
552 JOl'RNAr, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elC.
à ces diverses époques; 3°. examiner avec soin l'influence des
agens extérieurs, surlout celle de l'air qui environne les fruils
et l'altëralion qu'il éprouve. On pourra borner ses observations
à quelques fruits d'espèces difl'érentes, pourvu qu'il soit possible
d'en tirer des conséquences assez générales.
Analomie. Donner une description comparative du cerveau dans
les quatre classes d'animaux vertébrés, et particulièrement dans
les reptiles et les poissons, en cherchant à reconnoître l'ana-
logie des diverses parties de cet organe, en marquant avec soin
les changemens de forme et de proportion qu'elles éprouvent,
et en suivant le plus profondément qu'il sera possible les racines
des nerfs cérébraux.
Il suffira de faire les observations sur un certain nombre de
genres choisis dans les principales familles naturelles de chaque
classe ; mais il sera nécessaire que les principales préparations
soient représentées par des dessins suffisamment détaillés pour
que l'on puisse les produire et en constater l'exactitude.
La valeur de chacun de ces prix est de 3ooo fr. ; ils seront
adjugés dans la séance publique du mois de mars 1821. Le terme
de rigueur de l'envoi des Mémoires, //■««« déport, avec les for-
malités d'usage, est le 1" janvier 1821.
Par V Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg.
1°. Répéter les expériences qui ont été faites sur la potasse
et la soude et les bases métalliques, et examiner avec précision
les résultats; 2". soumettre l'ammoniaque à un soigneux examen ,
dans le but de pouvoir juger avec précision le mérite relatif des
opinions qu'on a proposées sur sa nature et sa composition, et
sur la possibilité d'isoler le métal qu'on dit y être contenu;
5°. examiner avec un soin plus grand qu'on ne l'a fait jusqu'ici,
les substances métalliques fournies par les terres; s'assurer de
la possibilité de les obtenir pures et isolées; décrire leurs pro-
priétés dans cet état et en combinaison avec les autres sub-
stances , et montrer les relations variées et déterminées dans
lesquelles elles peuvent être placées.
Le prix est de 100 ducats de Hollande et 100 exemplaires
du Mémoire. Les manuscrits doivent être envoyés au secrétaire
pour le 1" janvier 1820.
Pe l'Imprimerie de M°" V* COURCIER, rue du Jardinet, b° 12.
. lou//ial t/f PAi/.natte, av/i/ i5n) .
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TRAITE
DE LA
GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE,
Par L. L. VALLÉE,
ANCIEN ÉLÈVE DE l'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, INGÉNIEUR DES PONTS ET CHAUSSÉES.
PROSPECTUS.
VJE Traité, actuellement souspresse, paraîtra au plus tard dans le cou-
rant du mois de Mai 1819, chez M°"= V"^ Courcier, Imprimeur-Libraire
pour les Malhématicjues , les Sciences et les Arts, rue du Jardinet, à
Paris ; il sera imprimé dans le même format et sur le même papier que ce
Prospectus : le texte sera du caractère de cette première page, et les
notes seront du caractère des pages 2, 3 et 4. L'Ouvrage , orné du por-
trait de M. Monge, sera composé d'un volume in-4° d'environ 56o pages,
et d'un allas de même format, contenant 60 planches , gravées en taille-
douce, avec une table qui renvoie des planches au texte. Le prix du tout
sera de 20 fr. pour Paris, et par la poste, franc de port , de 24 fr. Les
personnes qui désireraient l'Ouvrage aussitôt qu'il paraîtra, peuvent dès à
présent fldre inscrire leurs noms et leurs adresses chez M"»" V"^ Courcier.
{Les lettres et envois d'argent doivent être affranchis).
PLAN DE L'OUVRAGE.
L'Ouvrage est divisé en six livres, intitulés, Préliminaires, Surfaces
courbes. Plans tan gens , Intersections de suifaces , Questions di-
verses, et Complément.
Le LIVRE I. PRÉLiMrNAiRES, est divisé en quatre chapitres,
Chap. 1. Notions fondamentales. On s'occupe, dans ce ciiapitrc,
de la représentation d'un point, d'une courbe, d'une droite et d'un,
plan; de la disposition des parties antérieure, supérieure, postérieure
et inférieure des plans de projection; et efthn de l'application des prin-
cipes fondamentaux de la science , à la représentation d'une droite et
d'un plan , dans leurs positions les plus remarquables.
Chap. If. Résolution des principaux problèmes que l'on peut proposer sur h point,
la ligne droite et le plan , considérés par rapport aux plans de projection. Conven-
tions sur la manière de meltre au trait les hs^nes des épures , selon leur objet. On
construit dans re chapitre les traces d'une droite , la distance qu'elles comprenneut , et les
anj;les d'une droite et d'un plan avec les plans de projection. Les conventions que l'on
établit sur la mise au trait des lignes , sont strictement suivies dans tout l'Ouvrage , où ,
après l'explication de chaque épure , on traite de la manière de la faire , sous le titre d' exé-
cution de l'épure.
Chap. ni. Problèmes relatifs au point , à la ligne droite et au plan. Ces problèmes
a\ec quelques-uns de ceux du chap. II, sont ce qu'on appelle ordinairement les préliminaires.
Chap IV. /'es lignes courbes. Il a paru à l'Auteur que ce chapitre était indispensable
pour compléter les préliminaires. Il cherche les traces des lignes courbes , il détermine leurs
parties vues et leurs parties cachées ; il classe ces lignes en courbes planes et en courbes impro-
prement appelées corbes à double courbure. Il donne la théorie des tangentes, des nor-
males et des plans normaux ; et après avoir montré la nécessité de faire connaître au
lecteur , les di\erses courbes qu'il emploiera , il traite des développées et des développantes
ordinaires , et enfin des hélices.
Ce chapitre est terminé par la résolution de difFérens problèmes sur les tangentes et sur
les hgnes courbes et les plans.
Livre ii. surfaces courbîs.
Chap. I. De la repréientation des surfaces courbes. On expose dans ce chapitre la
théorie de la génération des surfaces par le mouvement des lignes , et on en déduit la ma-
nière de représenter toute surface , définie par une de ses générations. On donne sommai-
rement la théorie des plans tangens , des intersections de surfaces , des tangentes à ces in-
tersections , des contours, des traces , des parties vues et cachées, etc.
Chap. II. Des surfaces cylindriques , coniques et de révolution. Les générations de
ces surfaces , leur représentation , la construction de leurs élémens , de leurs traces , de
leurs contours , de leurs lignes remarquables , et la détermination des parties vues et ca-
chées , sont l'objet de ce chapitre.
Chap. III. Des surfaces gauches. On s'occupe d'abord des surfaces gauches , qui ont
un plan directeur et des directrices linéaires j on cherche leurs élémens et l'on démontre les
propriétés du paraboloïde hyperbolique. On passe ensuite aux surfaces gauches qui ont trois
directrices hnéaires : on construit leurs élémeus, et enfin on démontre quelques propriétés
générales des surfaces gauches.
Chap. IV. Des surfaces enveloppes. On expose ici la belle théorie de M. Monge , et
l'on fait connaître un genre d'enveloppes , que l'Auteur nomme héliçoides développables ,
et sur lequel on voit clairement , que l'arête de rebroussement justifie le nom qu'elle a reçu.
Le chapitre est terminé par l'application de la théorie des enveloppes aux surfaces de ré-
volution , et par les observatioDS intéressantes qui ont déterminé M. Monge à choisir le nom
de caractéristique.
LIVRE III. PLANS TANGENS.
Chap. I. Des plans tangens dont le point de contact est donné. On construit ces plans
dans le cas des cjhndres, des cônes , des surfaces de révolution , des paraboloides hyper-
boliques , des surfaces gauches générales qui ont un plan directeur et deux directrices li-
(3)
néaires , des h3rperbo!oïdes à une nappe, des surfaces gauches générales à trois directrices
linéaires, et enfin en s'occupe du cas d'une sur'ace quelconque.
Chap. II. Des plans tangens menés ou dehors d'une surface.
Chap. III. Des plans tangens menés parallèlement à une droits.
Comme les problèmes résolus dans ces deux chapitres , ont quelquefois un nombre infini
de solutions , on a indiqué le moyen d'avoir le lieu des points de contact de toutes les solu-
tions ; c'est-à-dire , la courbe de contact du cône ou du cylindre qui en\eloppe la surface
donnée et qui a son sommet au point donné , ou ses élémens parallèles à la droite donnée.
Chap. IV ■ Des plans tangens menés par une droite donnée.
Chap. V. Des plans tangens à plusieurs surfaces.
Les chapitres prérédens sont toujours terminés par la résolution du problème général ,
et dans chaque problème on a lâché que la surface prise pour exemple fût choisie de ma-
nière à éclaircir les difficultés et à e.xpliquer les cas singuhers.
Livre iv. intersections de surfaces.
Chap. I. Des intersections de plans et de surfaces courbes.
Chap. II. Des intersections de surfaces courbes. Dans ces deux chapitres , on cherche
à exposer tous les procédés usuels , on indique les moyens qui donnent les points singuliers ,
en définit clairement les courbes d'arrachement et de pénétration , on construit les rabat-
temens des sections planes , et lorsqu'une des surfaces données est développable , on cons-
truit sur son développement , la transformée de l'intersection demandée.
Chap. II f. Des tangentes aux intersections de surjaces. On détermine les asymptotes
et les tangentes des intersections obtenues dans les deux premiers chapitres.
Livre v. questions diverses.
Chap. I. Du développement des surfaces. On développe un cylindre quelconque, un cône
quelconque et une de ces surfaces que l'Auteur nomme htliçoides développables. Il indique
le moyen de l'aire avec la plus grande facilité un modèle d'héhçoïde , sur lequel on se rend
compte de la production d'une ligne de rebroussement , dans la génération d'une enveloppe.
Chap. II. Sur les sphères.
Chap. III. Problèmes de Trigonométrie sphérique.
Chap. IV. Construction d'un point donné de plusieurs manières dans l'espace.
Livre Vl. complément de la théorie des lignes courbes et des surfaces courbes.
Chap. I. Des surfaces gauches. On traite ici des surfaces gauches qui ont des surfaces
pour directrices ou dont la génératrice a une partie , de longueur invariable , comprise entre
deux directrices. On indique la construction des élémens , on donne les propriétés parti-
culières , et on construit les plans tangens. Ou résout aussi le problème du plan tangent a
une surface gauche quelconque , et l'on expose la théorie des surfaces des vis , que l'Au-
teur nomme heligoidts gauchei.
Chap. II. Des enveloppes et de leurs arêtes de rebroussement. Ici l'Auteur a voulu
éclaircir tout ce qui est relatif aux arêtes de rebroussement : il démontre que les lignes qui ont
reçu ce nom , sont bien effectivement des arêtes de rebroussement.
Chap. III. Des tangentes, des rayoïisde courbure et des (développées des lignes courbes.
Ce chapitre comprend la jolie solution de M. Hachette , de la tangente à une courbe quel-
conque , soumise ou non à la loi de continuité. L'Auteur traite ensuite des rayons de cour-
bure et des angles qu'on a appelés angles de flexion et angles de contingence ; il fait voir
que ces dénominations et celle de courbe à double courbure sont vicieuses , et il en propose
(4)
d'aulres. Il passe ensuite à la construction du rayon de courbure et à celle de la développée de
rinlersection d'une sphère et d'un cylindre droit ; enfin après avoir démontré que le lieu des
développées d'une hélice est un héhçoïde développable , il construit une de ces développées.
Chap. IV. Des rayons de courbure et des lignes de courbure d'une surface courbe.
La théorie sj'nthétique de M. Monge supposant que le cylindre circonscrit à une surface ,
peut toujours être incliné autour d'un de ses points de contact , de manière que son élément
correspondant à ce point et sa tangente au même point, soient perpendiculaires ; ce qu'il ne
démontre pas ; l'auteur donne une autre théorie. Le chapitre est terminé par la construction
des lignes de courbure de l'elUpsoïde , d'après les résultats analytiques de M. Monge.
Notes.
Ces Notes comprennent quelques théorèmes utiles ou intéressans , une description des
sections coniques , suffisante pour que les personnes qui n'ont vu que la Géométrie élémen-
taire , puissent lire tout l'Ouvrage , et une dissertation sur les constructions géométriques.
Le but de l'Auteur a été de compléter la science , d'en éclaircir les difficultés et de la
rendre accessible à tous ceux qui savent la Géométrie élémentaire.
Il a présenté son Ouvrage à l'Académie des Sciences , et le rapport dont les conclusions
ont été adoptées est ainsi terminé :
« Les 60 planches qui accompagnent le texte sont parfaitement dessinées , chaque épure
» oilre , dans les plus petits détails , toutes les constructions qu'il faut exécuter pour arriver
» a la solution du problème , et néanmoins on n'y remarque aucune confusion. En un mot ,
» il nous a paru que le nouveau Traité de M. Vallée est digne sous tous les rapports, de
>' l'approbation de l'Académie. 11 est à désirer que cet habile Ingénieur puisse trouver dang
" les encouragemens du Gouvernement, les moyens de livrer son Ouvrage à l'impression (*),
» et qu'il achève ceux dont il s'est déjà occupé , et qui doivent contenir les Applications de
>' la Géométrie descriptive à l'art du charpentier et à celui du tailleur de pierres (**).
■• Signé Prony , Fourier, Arrago rapporteur.
L'illustre Monge, dont M. Dupin , membre de l'Inslilut et Capitaine du Génie maritime ,
vient d'écrire une histoii^e , si vraie , si bien sentie , si éloquemment faite et si honorable pour
le disciple et pour le maître qu'il pleura; l'illustre Monge , disons-nous , a accueilli avec at-
tendrissement ,en i8ij , la dédicace du Traité que nous annonçons. Les amis de la Science,
les admirateurs du génie, et les élèves de cette École, que l'Europe entière honore , et
qui portent dans leurs cœurs la mémoire du créateur de la Géométrie descriptive , verront
avec plaisir son nom en tête de cet Ouvrage : c'est le sien , c'est celui de l'École dont la
fondation lui est due; et si l'Auteur a été assez heureux pour trouver encore à glaner dans
le champ qu'ils ont moissonné, il en a reçu la récompense en voyant couler les larmes du
maître àtteudi-i qui recevait son hommage.
C) LL. Exe. les Ministres de la Guerre, de l'inu'rieur et de la Maiine, et M. le Dii'ecleur ge'nc'ta! dei
Ponls cl Ctiausstcs, om suusciil pour 210 exemplaires. Le Ministre de la Guerre a souscrit eu outre pour
lou exemplaiies de cliacun des autres ouvrages tlout TAuicur s'ocrupc.
C *) L'application de la Gc'oméiric descriptive aux omljrcs , à la perspective linéaire, h la pcrspe:tive
aérienne et aux images d'Opli^e, paraîtra immédiatement après le Traité c^ue Ton annonce.
A Paris, de l'Imprimerie de M"" V COUKCIER, rue du Jardinet.
LIVRES NOUVEAUX.
De la Graisse des Vins, des phénomènes de cette maladie , de ses causes,
des moyens d'y remédier et de ceiir de la prévenir ; suivis de la comparaison
chimique des moyens proposés avec ceux qui sont indiqués par les œnolo-
gistes et les chimistes les plus habiles. Mémoire qui a remporté le prix pro-
posé par la Société d'Agriculture , Commerce , Sciences et Arts du département
de la Marne, dans sa séance publique du 26 août 1818; par J.-Ch. Herpin.
Seconde édition. A Châlons-sur-Marne , i8>9. A Paris, chez M"" lluzard.
Le titre de cet ouvrage peu étendu , mais véritablement important par la
grande utilité dont il peut être spécialement à notre patrie , indique d'une
manière complète, les matières dont il traite. On y trouvera ,en elFet , une bonne
dédnition de la maladie connue sous le nom de graisse des vins, une œtiologie
basée sur des connoissancea physiologiques et chimiques , et euQu un mode
de curation fort simple , et qui consiste à employer la crème de tartre dé-
layée avec du sucre brut dans un suffisante quantité de vin. 11 ne paroîtra
donc pas étonnant que ce Mémoire , couronné par la Société d'Agriculture
de la Marne , ait été imprimé à ses frais et soit déjà à sa seconde édition.
Rosa Candolteana , seu Descriptio novœ speciei generis Rosœ , dicata Pyr.
^ug. de Candolle , à Cl.-Ant. Tliory, in prima Parisiorum civitatis circum-
scriptione œdili vicario ; addito catalogo inedito Rosarum quas Andréas
Dupont, in horlo suo studiœ colebat, annn i8i3; cumjîgura œnea picta.
Parisiis, apud D'" Hérissant Ledoiix , 'lypographum Régis , via Sainte-Anne
n" 20, 1819.
Histoire naturelle générale et parluuliére des Mollusques terrestres et Jlu-
viatiles , tant des espèces que l'on trouve auioiirci'hui vivantes, que des dé-
pouilles fossiles de celles qui n'exi.4ent plus ; classées d'après les caractères
essentiels que présentent ces animaux et lei^rs coquilles. Oédiée à S. A. R.
Mgr le Duc d'Ângoulénie. (Euvre posthume de M le Bsron J. B. L. d'Aude-
bard de Férussac , Colonel d'Artillerie, costinut . mis en ordre et publié par
M. le Baron de Férussac, son Gis , Officier supérieur au Corps royal d'Etat-
Major , Membre Correspondant de la Société Philnmatique de Paris , etc.
Première livraison. Paris, chez Arthus-Bertrand, Libraire-Editeur, rue Haute-
feuille , n" s3. 181g.
Cette première livraison d'un ouvrage qui manquoit à la Science , et qui
ne peut être que d'un grand intérêt au moment où l'on s'occupe si généra-
lement de l'étude des corps organisés fossiles, ne contient nue la préface dans
laquelle les auteurs exposent les nombreux moyens que leur ont fourni leurs
voyages, leurs propres recherches, et l'empressement que toutes les personn(s
savantes ou puissantes qui s'intéressent à la propagation des connoissancea ,
ont mis à leur conmiuniquer ou à leur faire obtenir ce qui pouvoit leur e're
utile, le plan fort étendu et détaillé qu'ils se proposent de suivre dans leur
travail, et enfin , six planches qui sont réellement ce que nous counois-ins de
plus parfait dans ce genre , et qui montrent que les artistes qui coopèrent à
cette belle entrepiise, MM. Hiiet, Bessa, Coûtant et Langlois , y mettent
au moins autant d'intérêt d'amour-propre que d'intérêt pécuniaire. Nous avons
même remarqué que quoique cet ouvrage soit exécuté avec un luxe ua
moins suffisant; cependant les plancheajont bien remplies , et n'offrent pas cette
nudité mercantile que des ouvrages oe cette nature présentent malheureuse-
ment trop souvent.
Dans un de nos Cahiers prochains , et lorsque l'auteur, dans une livraison
prochaine, sera réellement entré en matière, nous nous proposons de faire
connoître, par quelques détails, l'importance, l'utilité et même l'agrément dont
cet ouvrage peut être pour ceux que leur fortune met en état de l'acquérir.
Narrative of a Journey in the interior of China, etc., ou Relation d'un
Voyage fait à la Chine et dans l'intérieur de ce pays, pendant les années 1816
et 1817 , contenant une histoire des transactions les plus intéressantes de l'em-
bassade de lord Amherst , avec la cour de Pékin, et des observations sur ces
contrées, etc.; par Clarke Abel, Médecin eu chef et naturaliste de l'embas-
sade; enrichie de cartes et gravures. Londres, 1818, in-8°.
Cet ouvrage, dont nous avons vu l'auteur dans ces derniers temps à Paris,
contient des observations d'un haut intérêt dont nous aurons l'occasion de
donner l'extrait dans notre Journal.
Principes élémentaires de Chimie philosophique , avec des applications gé-
nérales de la doctrine des proportions déterminées , par J.-B. Van-Mons ,
Professeur à l'Université de Louvain. In-12 de 38o paeces. Bruxelles, chez
deMat.^1818.
Thomson. Annals of Philosophy, etc.
Avril. Suite du Mémoire de MM. Dulong et Petit sur la mesure des Tem-
pératures , etc. — Sur la direction de la P»adicule et du Germe, par P. Keilh.
— Suite du Mémoire du D'' Prout sur les phénomènes de la Sanguilication. —
Histoire des Bateaux à vapeurs , et description de celui de Stevenson. — Suite
des expériences sur le Gaz acide muriatique, par J. Murray. — Sur les
Persulfates de fer, par M. Cooper. — Analyse de la seconde partie des Transac-
sactions philosophiques pour 1818. — Sur le Carbonate de morphine, l'iodine.
— Analyse de la Tourmaline. — Du Phosphate de fer. — La Néphrite maigre.
— Observations du professeur Moh sur le Cornewailles. — Sur la pierre que
les Chinois nomment Yu. — La Température de la surface de la mer. —
L'Ulmine du liège. — Une Pierre météorique. — Observations météorologies à
Drontheim en Worwège, de 1762 à 1783. — Sur la pesanteur spécifique du
Gaz hydrogène. — Observations météorologiques par le colonel Beaufoy.
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
ET DES ARTS,
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
Par m. H.-M. DUCROTAY de BLAINVILLE,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Professeur de Zoologie, d'Ana-
tomie et de Physiologie comparées , à la Faculté des Sciences et à l'Ecole
normale ; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi et au Collège de France,
Membre et Secrétaire de la Société Philoraathique , Membre de la Société
Yernérieime d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin , etc.
MAI AN 1819.
TOME LXXXVIII.
A PARIS,
CHEZ ]Vr= V^ COURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
me du Jardinet, quartier St.-André-des-Arcs.
TABLE
DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER.
Observations sur la structure et la régénération des Plumes ; avec des con-
sidérations générales sur la composition de la peau des animaux ver-
tébrés; par M. H. Dutrochet, pag. 333
Tableau météorologique; par M. Bouvard, 346
Catalogue des Bolides et des Aérolithes observés à la Chine et dans
les pays voisins , tiré des livres chinois ; par M. Abel-Rémusat, 348
Suite de la Description de l'Etna, avec l'histoire de ses Eruptions et le cata-
logue de leur produits ; par JM. l'abbé François Ferrara (Extrait par
M. le D'- Fodera), 364
Suite du Mémoire sur les Phénomènes de la SanguiEcation et sur le Sang
en général ; par M. W. Prout, SyS
Observations sur divers Fossiles de quadrupèdes vivipares nouvellement
découverts dans le sol des environs de Montpellier; par M. Marcel
de Serres , 382
NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
CHIMIE.
Analyse de plusieurs Minéraux; par M. J. Berzelius:
1°. De la Wawellite ,
Du Plomb-gomme ,
De la Craitonite,
De l'Euclase ,
De la Calamine de
Limbourg,
De rOxide d'urane d'Autun ,
Du Phosphate de manganèse de Limoges,
Lettre de M. Charles de Schrebers à M. Duméril, sur le Protée, et ob-
servations du Rédacteur à ce sujet,
Sur les Manuscrits d'Herculanum ,
PRIX PROPOSÉS.
Prix proposés par l'Académie royale d# Copenhague,
SgS
ibîd.
396
ibm
ibid.
398
402
404
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
MAI AN 1819.
OBSERVATIONS
Sur la structure et la régénération des Plumes ; avec des
considérations générales sur la composition de la Peau
des animaux vertébrésj
Par m. h. DUTROCHET, Correspondant de l'Académie des Sciences.
La nature n'a point de sujets futiles pour l'observateur phi-
losophe ; admirable jusque dans ses plus petits détails, elle nous
oflre partout des mystères qu'il nous importe de dévoiler, car
l'édifice de la science se compose de l'assemblage des faits. En
apparence peu dignes d'attention par eux-mêmes, certains faits
acquièrent de l'intérêt par leur rapprochement : les recherches
suivantes sur la structure et la régénération des plumes offriront
une preuve de cette vérité. C^ recherches , d'un intérêt assez
médiocre au premier coup-d'œil, semblent n'avoir été dirigées
que par cet attrait si vif qu'il y a à découvrir les choses cachées,
même sans but d'utilité. Cependant je pense qu'elles pourront
conduire à quelques cousidérations, en partie nouvelles, sur les
différentes couches dont est composée la peau des animaux.
Le sujet que j'entreprends de traiter ici n'est pas neuf, sans
doute; mais il n'a pas encore été approfondi. Poupart a donné
une histoire anssi incomplète que fautive, de la régénération
Tome LXXXVIII. MAI an 1819. Vv
^^4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
des plumes dans les Mémoires de V académie des Sciences , an-
née 1699. Le célèbre auteur des Leçons d\4naloinie comparée,
s est coiilenlé de jeter quelques regards sur cet objet, dont
l'examen détaille appartient plutùl à un Mémoire ex professa,
qu a un ouvrage desliué à exposer l'ensemble des connoissancts
anatomiques.
La plume est composée, comme chacun sait, d'un tuyau
corné formé de fibres longitudinales, lequel supporte une Xige dont
l'enveloppe , également cornée, contient une substance blanche
spongieuse , et sur les côtés de laquelle sont rangés les appendices
nommés barbes. Ces barbes sont elles-mêmes de petites plumes,
ou plutôt de petites tiges de plumes garnies de barbules. La tige de
la plume offre une face convexe que j'appellerai face postérieure
de la tige, et une face concave marquée d'un sillon dans son '
milieu : j'appellerai cette dernièrey^zce antérieure de la tige. Les
fibres longitudinales du tuyau se continuent avec celles qui cou-
vrent la face postérieure de la lige, mais elles ne se continuent
point avec celles qui enveloppent la face antérieure de cette même
tige; ici les fibres du tuyau se terminent en donnant naissance
a de petites barbes. L'intérieur du tuyau offre une suite de
godets enfilés les uns dans les autres, qu'on a nommés âme do
la plume.
L'observation des phénomènes qu'offre la plume dans son
développement, nous apprendra pourquoi ces différentes parties
ont la forme et la structure que nous lui voyons. Nous ferons
absiracliou, dans cette étude, du mécanisme de la formation
des barbes et de leurs barbules. Comme leur structure est la
même que celle de la tige de la plume considérée dans son
entier, comme ces barbes sont de petites tiges, il est évident
que ce qui sera dit de la tige de la plume, pourra être appli-
qué à ses barbes, trop petites d'ailleurs, pour que leur déve-
loppement puisse être observé directement.
La plume, considérée sur l'oiseau, est logée dans un' canal
plus ou moins profond formé par une dépression de la peau ;
l'épiderme de celle dernière se réfléchit dans ce canal et
le tapisse intérieurement. Au fond de ce canal , se trouve lui
petit bulbe, qui ne paroit être autre chose qu'une papille
de la peau, et qui est logé dans la petite ouverture que pré-
sente toujours le tuyau de la plume à sa pointe. C'est ce
bulbe qui sert à la régénération de la plume après son extrac-
tion. Ce bulbe, recouvert par lépidcrme, grossit peu à peu,
ç.l acquiert une grosseur et une longueur proportionnelles aus
TT d'histoire N ATUnELLE.' 535
dimensions de la plume qu'il est destiné à reproduire. Son
e'piderme s'épaissit par l'addition intérieure de plusieurs cou-
ches, et forme ainsi un tube blanchâtre fermé de toutes parts,
excepté à sa base où il existe une petite ouverture, une sorte
d'ombilic destiné au passage des vaisseaux du bulbe contenu
dans son intérieur. Si l'on ouvre ce tube épidermique dans les
premiers temps de son apparition, on trouve immédiatement
au-dessous les rudimens des barbes terminales de la plume ,
dans un état de mollesse qui les feroit prendre pour une couche
de matière colorée; il n'y a encore aucune apparence de la
tige de la plume; ces barbes rudimentaircs enveloppent le bulbe
ployées obliquement autour de lui; elles naissent à la circonfé-
rence de l'ombilic. Lorsque ces premières barbes ont acquis toute
leur longueur, on voit naître de leur partie inférieure les fibres
longitudinales et cornées de la face postérieure de la tige, ainsi
que les fibres de même nature qui occupent la face antérieure.
De nouvelles barbes naissent successivement ii droite et à gauche
de ces premières , et elles sont suivies par la production de
nouvelles fibres cornées, fibres dont l'adjonction à celles qui
exisloient déjà, augmente graduellement la largeur des deux
faces postérieure et antérieure de la tige.
Cependant la plume se développant de plus en plus, brise,
par sa pointe, le tube épidermique qui la renfermoil, et la por-
tion de sa tige qui est complètement formée, se montre au
dehors et déploie ses barbes qui , auparavant, étoient ployées
circulairement sous l'enveloppe du tube épidermique.
C'est lorsque la plume a acquis un certain développement,
qu'il est facile d'observer la manière dont se développent les
libres cornées qui occupent la face antérieure de la tige. Ces
fibres ne naissent point, comme celles delà partie postérieure,
à la circonférence de l'ombilic. Leur extrémité végétante, ou
leur racine, se trouve sur une partie de la surface du bulbe,
d'autant plus voisine du sommet de cet organe, que la plume
approche plus de sa perfection; voilà comment cela arrive:
les barbes, nées à la circonférence de l'ombilic, n'ont aucune
adhérence organique avec le corps du bulbe ; lorsqu'elles sont
entièremeul développées, elles sont suivies, comme je l'ai
dit, par des fibres cornées qui sont leur continuation. Les fibres
de la partie postérieure de la tige continuent à naître de la
circonférence de l'ombilic; mais les fiiires de la partie anté-
rieure adhérentes au bulbe , le suivent dans son accroissement
en longueur , de sorte que leur racine cesse d'être à l'ombilic,
Vv a
3^6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
et se transporte plus haut par l'effet de cette adhérence. Ap-
pliquée sur l'origine de ces fibres et collée sur elles, le bulbe
fournit à leur accroissemeal par les sucs dont il les abreute.
Ces Gbres se joignent au milieu de la face antérieure de la
tige, à celles du cùté opposé, et leur réunion forme le sillon,
ou raphê, que l'on observe dans cet endroit.
Les fibres cornées de la face postérieure de la tige , et celles
de la face antérieure existent avant la substance spongieuse
blanche qui les sépare; dans le principe, ces deux ordres de
fibres sont en contact à l'endroit où se trouve l'extrémité vé-
gétante des fibres de la face antérieure-, la matière spongieuse se
dépose dans l'inlervalle de ces deux ordres de fibres. D'abord dis-
posée en couche mince, elle acquiert graduellement l'épaisseur
qu elle doit avoir, et son interposition éloigne ainsi les fibres
cornées de la face antérieure , des fibres cornées de la face
postérieure. C'est cette augmentation graduelle de la matière
spongieuse qui paroit s'accroître par un véritable développe-
ment, qui donne à la tige de la plume la forme carrée qu'elle
11 avoil point d'abord, car elle avoit la forme d'une gouttière
pour loger le corps du bulbe.
Le Lulbe est appliqué, comme je l'ai dit, sur les fibres
cornées de la face antérieure de la tige ployées en forme de
gouttière. Il est aussi intimement collé sur ces fibres que
DOS ongles le sont sur la couche papillaire qu'elles recouvrent;
mais il est certain que les vaisseaux sanguins du bulbe n'en-
voient aucune ramification à la plume. Le bulbe verse par sa
surface, un fluide limphatique abondant qui fournit seul à l'ac-
croissement des fibres cornées, ainsi qu'à celui de la substance
spongieuse qui n'est, à ce qu'il me semble, qu'une manière
d'être particulière de la substance cornée. Toujours est-il vrai,
que la plume s'accroît par une véritable nutrition , et non par
une addition extérieure de matière, comme on pourroit le croire.
La matière colorante de la plume est sécrétée par le bulbe, sur
l'organisation duquel nous allons actuellement jeter quelques
regards.
Cet organe, éminemment vasculaire, a une forme conique ;
il se termine en pointe par sa partie supérieure, et sa base
élargie ne tient à la peau de l'oiseau que par un pédicule grêle
silué au milieu de celte base ; ce pédicule, qui traverse l'ou-
verture inférieure du tube épidermique (ouverture que j'ai dé-
signée sous le nom d'ombilic) , contient les vaisseaux et les
nerfs qui s'épanouissent dans le bulbe. Celui-ci est recouvert
ET d'histoire naturelle. 5j7
par une sorte d'epiderme d'autaul plus épais , qu'on l'examine
plus près du sommet, de sorte que la plume se trouve con-
tenue entre deux membranes épidermiqnes , savoir : le tube
('pidermique, qui est la continuation de l'epiderme de l'oiseau ,
et la membrane épidermique qui revêt immédiatement le bulbe.
I^e tube épidermique étaut de bonne heure ouvert à son sommet
par le développement de la plume, il en résulte que la pointe
du bulbe se trouve en contact immédiat avec l'air almosphé-
lique , dont l'action desséchante donne à la membrane épider-
mique de cette pointe, une épaisseur plus grande que partout;
ailleurs; c'est à celte cause que l'on doit en partie attribuer
le renouvellement fréquent de la membrane épidermique dans
cet endroit. En effet, le sommet du bulbe se défait de temps
en temps d'une calotte membraneuse qui tantôt reste isolée,
tantôt se colle en dedans de la calotte précédemment aban-
donnée, de manière à figurer une chaîne composée d'une suite
de petits godets. Cette suite de cônes membraneux se trouve
dans les premiers temps au-dessus du bulbe dans l'étui que
forment les barbes ployées circulairement sous l'enveloppe du
tube épidermique; plus tard ces même cônes se trouvent dans
l'intérieur du tuyau et forment ce qu'on nomme Vânie de la
plume; nous verrons plus bas la cause de ce déplacement.
Ainsi Poupart s'est trompé quand il a dit, que les entonnoirs
ou godets qui forment l'àme de la plume, jouoient un rôle dans
sa nutrition, lorsqu'il a cru que ces godets étoieul le résultat
du dessèchement du bulbe , et qu'ils donnoient ainsi une
idée de sa structure. Ils ne sont, dans le fait, que le résultat
des mues successives du sommet de cet organe ; ils ne jouent
aucun rôle dans le développement de la plume.
Nous avons vu que les barbes de la plume naissoient à la
circonférence de l'ombilic, non toutes à la fois, mais succes-
sivement à droite et à gauche de la barbe terminale qui est
née la première ; il en résulte qu'il arrive un temps oii la cir-
conférence entière de l'ombilic se trouve avoir donné naissance
à des barbes, et se trouve par conséquent occupée par les
fibres cornées de la face postérieure de la tige , fibres dont l'as-
semblage représente la continuation de la partie postérieure de
toutes les barbes. Ainsi la face postérieure de la lige, sans cesse
élargie dans un sens circulaire, finit par former un cylindre.
Ce cylindre est le tuyau de la plume, qui étant devenu com-
plet, continue de s'alonger par son extrémité inférieure, jusqu'à
ce qu'il ait acquis la longueur qu'il doit avoir. Pendant ce temps,
338
JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
le tube epidermicjue est devenu d'une minceur extrême; on
l'aperçoit à peine; sa parlie supérieure qui étoit fort épaisse,
comme de nature cornée, et qui enveloppoil la tige de la plume,
s'est desséchée et est tombée en morceaux.
L époque où les fibres cornées postérieures commencent à
former un cylindre complet, ou un tuyau, est celle où les
fibres cornées antérieures de la tige cessent de croître , et où
la substance spongieuse cesse de se déposer. La raison en est
fiicile à apercevoir; pour cela, reportons-nous un peu plus haut.
Avant la formation du tuyau, le bulbe éloil appliqué sur les
fibres antérieures de la lige auxquelles il fournissoit les fluides
nécessaires à leur végétation descendante. Loisque les fibres pos-
térieure de la lige tendent, par l'accroissement de leur nombre,
à former le tuyau, elles forcent le bulbe à quitter cette posi-
tion. Il cesse alors d'être appliqué sur le sillon que forment ces
fibres antérieures de la tige, dont l'extrémité végétante ou la
racine se trouve alors voisine du sommet du bulbe , en vertu
du déplacement de cette racine, dont j'ai exposé la cause plus
haut. Le bulbe entre dans l'intérieur du tuyau; le développe-
ment de la substance spongieuse pousse en avant les fibres an-
térieures de la lige, et bouche l'ouverture par laquelle le bulbe
est entré dans le tuyau. Dès -lors les fibres antérieures de la
tige, déracinées, pour ainsi dire, et privées d'aliment, cessent
de s'accroître en longueur; en même temps cesse de se déposer
la matière spongieuse qui devoit sa production à cette même
position du bulbe. Le tuyau acquiert peu à peu la longueur
convenable en végétant par sa partie inférieure; et le bulbe
contenu dans son intérieur, diminue graduellement de hauteur
par l'absorption de ses principes constituans. En diminuant de
hauteur, il abandonne les calottes de membrane épidermique
dont son sommet se décoiffe successivement. Ces calottes restent
collées aux parois du tuyau dans les plumes des gallinacées,
elles sont emboîtées les unes dans les autres dans les plumes d'oie.
Poupart, d'après des observations probablement faites sur les
plumes sèches de l'oie, a cru que l'âme de la plume se divisoit
supérieurement en deux branches , desquelles l'une sorloit par
l'ouverture de la parlie supérieure du tuyau , et l'autre s'en-
fotiçoit dans la substance spongieuse. Effectivement, cela a l'air
dêtre ainsi sur les plumes d'oie complètement développées;
mais si l'on étudie la plume de cet oiseau pendant qu'elle Se
développe, on reconr.oît facilement la cause de l'erreur. Le
bulbe placé comme à l'ordinaire sur le sillon de la partie an-
■ET d'histoire NATUnELLE. SSq
lérieure tle la lige, entre dans le tuyau avant qu'il soit com-
plèlemenl formé. Il eiïectue celte entrée par la fente dont le
sillon en question est l'indice et la trace. La substance spon-
gieuse se développe à droite et à gauche du bulbe qu'elle
comprime latéralement, de sorte qu'on trouve les caloUes épi-
dermiques de ce dernier, aplaties entre les deux productions
latérales de la substance spongieuse. Une portion de ces calottes ,
ainsi comprimées, déborde en arrière dans le prolongement
postérieur du tuyau; une autre portion déborde en avant. C'est
ce qui fait que dans la plume de l'oie , l'àme a l'air de se di-
"viser en deux branches, et que l'une d'elles paroît s'enfoncer
dans la substance spongieuse.
Ainsi la plume doit êtie considérée comme un tube corné,
dont les fibres se terminent supérieurement par des barbes.
L'ouverture supérieure de ce tube, marquée par l'origine des
barbes, au lieu d'être circulaire, représente une sorte de courbe
fort alongée et angulaire par l'une de ses extrémités; c'est une
section à peu près semblable à celle au moyen de laquelle on
fait un curedent. Cette ouverture est bouchée par la substance
spongieuse et par les fibres cornées de la partie antérieure de
la lige, fibres qui, comme il est facile de s'en assurer, ne
sont point continues avec les fibres cornées du tuyau.
Ja viens d'exposer la manière dont se développent les plumes
simples, mais il est des plumes qu'on pourroit appeler doubles,
lesquelles ont deux tiges supportées par un même tuyau, telles
sont les plumes du casoar, telles sont aussi la plupart des petites
plumes des poules de nos basses-cours. Ces plumes nous offrent
deux tiges différentes de grandeur, dont les faces concaves se
regardent et qui sont supportées par le même tuyau. La pro-
duction de ces deux tiges dépend de ce que le bulbe a com-
mencé à produire des barbes, et par conséquent des fibres
cornées par deux points de sa base diamétralement opposés ;
seulement un de ces points a eu sur l'autre une antériorité
de développement plus ou moins grande; d'où résulte la dif-
férence qui existe dans la grandeur relative de ces deux liges.
Si la plume eût élé simple, sa tige eût été plus longue et
plus grosse, son tuyau restant le même; car le nombre des
fibres cornées delà partie postérieure des deux tiges, corres-
pond au nombre des fibres du tuyau. La plus petite de ces
liges a sa face postérieure tournée du cùlé de la peau de l'oi-
seau. Quelquefois celle lige, ordinairement plus petite, devient
plus grande que celle qui lui est opposée; et comme sa cou-
j>40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
cavité est dirigée vers l'extérieur , elle donne à l'oiseau un
aspect hérissé. C'est ce que l'on observe dans la variété de la
poule que l'on nomme poule Jrisée (gallus pennis siusum re-
Jlexis) de Brisson.
La matière colorante des plumes est tout entière dans la
substance cornée; cependant l'observation prouve que ces deux
substances sont indépendantes l'une de l'autre, et peuvent exister
isolément. Souvent, chez les oiseaux à plumes noires, j'ai trouvé
cette substance colorante déposée par une sorte de surabondance
sur la face interne du tube épidermique, dans les endroits où
cette face n'éloit point en contact avec le corps de la plume,
ni avec ses barbes; ce qui prouve qu'elle éloit sécrétée par la
surface du bulbe. D'un autre côté , les fibres cornées des
plumes colorées offrent souvent des interruptions de coloration ;
celles du tuyau sont toujours privées de la matière colorante,
ce qui prouve que cette dernière leur est ajoutée, et qu'elle
leur est essentiellement étrangère. Il est clair que les fibres
cornées dont la végétation est alimentée par les matériaux que
sécrète la bulbe, doivent s'emparer des substances dans lesquelles
leur origine végétante est plongée. Or, cette origine est placée
à la surface et à la base du bulbe; par conséquent elle est
plongée dans la matière colorante que cette surface sécrète. Le
bulbe s'accroît jusqu'à son entier développemnet de la tige de
la plume; il ne commence à décroître que lorsqu'il est em-
prisonné dans le tuyau ; par conséquent les parties successives
de la tige de la plume , se trouvent en rapport avec les parties
successivement développées du bulbe. La plume, ou ses dif-
férentes parties, doit donc être colorée ou incolore, suivant
que la partie du bulbe qui correspond à son origine , lui
fournit ou ne lui fournit pas la matière colorante. Ceci ex-
plique pourquoi les plumes de beaucoup d'oiseaux sont mar-
quées de taches plus ou moins régulières; pourquoi les barbes
qiii n'ont entre elles que des rapports de proximité, forment
cependant par leur réunion ces taches ou ces figures qui semblent
les assujélir à une sorte de dépendance mutuelle. Elles ont vé-
gété ensemble, et se trouvant ensemble plongées par leur ori-
gine dans la même matière colorante, elles ont pris la même
couleur. Ainsi, la plume nous représente en grand et d'une
manière sensible , le genre de coloration que possède en très-
petit et d'une manière insensible, le bulbe , qui n'est autre chose
qu'une portion développée de la peau.
Quelle est cette portion de la peau dont le bulbe est le dé-
veloppement?
ET d'histoire naturelle. 54t
veloppemenl? La structure éminemment vasculaire de ce der-
nier, et son extrême sensibilité, me fout penser que c'est une
papille développée; il est un fait qui vient à l'appui de celte
opinion , c'est qu'à la surface de la couche papillaire de la
peau se trouve, chez tous les animaux, la couche de matière
colorée qui porte le nom de corps mucjueiix. Or, celte ma-
tière colwée se trouve à la surface de la bulbe; celte dernière est
donc une papille développée. Il résulte de là, que les enve-
loppes de la bulbe nous représentent dans un développement qui
les rend très-sensibles , les diverses enveloppes dont est recou-
verte la couche papillaire de la peau de l'oiseau. Ps'ousy voyons,
1°. à l'extérieur le tube épidermique, conlinualion de l'épiderme
de l'animal; 2°. au-dessous, une enveloppe cornée, quelque-
fois confondue avec la couche suivante; 3°. une substance co-
lorée ; 4°- une membrane fine, de nature épidermique, qui revêt
immédiatement le bulbe. De ces quatre enveloppes , l'épiderme
extérieur s'observe seul d'une manière distincte sur la plus grande
partie de la peau de l'oiseau ; mais on les trouve d'une manière
très-visible sur les jambes écailleuses de ces animaux. Les écailles
des jambes des oiseaux sont, pour ainsi dire, des plumes mo-
difiées; aussi se changent-elles souvent en plumes, comme on
le voit chez les variétés de nos oiseaux domestiques, que l'on
appelle pattus. L'épiderme recouvre en entier ces écailles or-
dinairement colorées; au-dessous de ces dernières , se voit très-
distinctement la membrane épidermique qui couvre immédia-
tement la couche papillaire. Celte analogie si évidente entre
les enveloppes de la couche papillaire sur les jambes des oi-
seaux et les enveloppes de la bulbe, achève de démontrer que
ce dernier est effeclivemeiit une papille développée.
Cette analyse, née de l'observation des plumes, est appli-
cable à tous les animaux vertébrés , qui nous ofTrent des poils
et des écailles comme analogues des plumes. Je me bornerai
ici à suivre cette analogie pour les poils, afin d'en déduire cette
conclusion, que la peau des mammifères eslcomposée des mêmes
couches que la peau des oiseaux.
L'analogie des plumes avec les piquans du porc-épic, n'est
pas douteuse. Ces derniers sont des plumes sans barbes, par-
faitement semblables à celles qui arment les ailes du casoar; ce
eu quoi ils diflèrent des plumes véritables, provient seulement
de la différence du mode de leur développement dans la plume:
les fibres cornées qui forment le tuyau et son prolongement,
ne sont point nées à la fois , mais successivement à droite et
Tome LXXXFIII. MAI an 1819. Xx
542 JOURNAL DE PUVSIQUE, DS CHIMIK
à gauche de celle d'entre elles qui est née la première; de sorte
que leur longueur est inégale. Dans les piquans du porc-épic et
du casoar , le bulbe d'abord très -petit, a produit des fibres
cornées par tous les points de sa base; en devenant plus grosse,
elle a produit de nouvelles fibres qui se sont intercalées aux
premières et qui ont augmenté le diamètre du luyau. Cet ac-
croissement continuant d'avoir lieu de la même manière, il en
est résulté un tuyau conique ou un piquant.
Des piquans du porc - épie aux poils des autres mammi-
fères, la transition est naturelle et l'analogie évidente. Les poils
sont des tubes cylindriques ou coniques , de nature cornée ,
qui naissent , comme les plumes , d'un bulbe enveloppé par
l'origine de leurs fibres. L'intérieur de ce tube est rempli par
une matière colorée qui est évidemmeut celle qui est sécrétée
par la surface du bulbe. Le bulbe des poils est situé profon-
dément , souvent on le trouve bien au - dessous de la peau
au milieu du tissu cellulaire; il n'est pas pour cela subjacent
au derme. Un prolongement de la peau bien aperçu par Bichal;
lui forme une gaine non interrompue jusqu'à sa sortie. Celte
gaine est donc formée par la peau déprimée depuis sa surface.
On conçoit facilement que tel doit être l'effet de l'accroissement
des poils qui, végétant par leur base appuyée sur le bulbe,
agissent sans cesse contre lui par l'effort qu'ils font pour pousser
au dehors leur partie développée, et tendent ainsi à l'enfoncer. H
n'en est pas moins vrai , que le bulbe apparlientà lapartiedela peau
qui est au-dessus du derme; c'est incontestablement une papille
déprimée. La matière colorée qu'elle produit, le prouveroit si
son analogie avec le bulbe des plumes n'étoit pas à cet égard
une preuve suflTisaute. Au reste, il en doit être en tout du poil
comme de la plume; l'épiderme doit s'enfoncer dans la gaîne
du poil et se réfléchir sur ce dernier, de manière à lui former
un tube épidermique qui tombe par écailles à mesure que le
poil se produit au dehors. Les poils difïerent cependant des
plumes, et même du piquant du porc-épic, en ce qu'ils n'ont
point de substance spongieuse, et en ce que leur substance
colorante, au lieu d'être mêlée intimement à la matière cornée,
est contenu dans l'intérieur du tube, qui lui-même est incolore.
L'origine des poils, comme l'origine des plumes, se trouve
donc immédiatement au-dessous de l'épiderme; ils sont les uns
et les autres le développement d'une couche de substance cornée
qui forme l'enveloppe spéciale des papilles. Il en est de même
des écailles qui couvrent en tout ou en partie , le corps de
ÎET D'iriSTOI*E NATURELLE. S45
beaucoup d'animaux de loules les classes. Il existe donc au-
dessous de l'epiderme, une matière qui tend à former aux pa-
pilles, une enveloppe solide. Ce n'est point une couche con-
tinue , mais un assemblage de petits lëgumens qui tantôt se
développent sous la forme de plumes , de poils ou d'écaillés ,
tantôt restent dans un étal de petitesse et de mollesse qui les
dérobe à la vue; mais ou ne peut guère douter de l'univer-
salité de leur existence. Ce qu'il y a de remarquable, c'est la
tendance qu'a cette matière cornée à s'accroître ou à végéter en
rayonnant circulairemenl à partir d'un point central. Celte rayon-
nance circulaire est fort remarquable dans les écailles de poissons;
elle ne l'est pas moins dans les plumes. L'ombilic situé au milieu
de la base du bulbe, est le point central duquel parlent en rayon-
nanties fibres du tuyau; ces fibres parvenues à la circonférence de
la base du bulbe, se courbent et changent de direction à angle
droit, et montent le long des parois du bulbe, entre lui et la
gaîue cylindrique du tube épidermique; de sorte que ces fibres,
disposées en cylindre creux , doivent cependant leur origine à
une rayonnance circulaire. 11 doit en être de même des poils.
En outre, la forme sjmétrique binaire des plumes est une dé-
génération de la forme circulaire; car si les fibres du tuyau se
fussent développées toutes à la fois, les barbes qui les terminent
supérieurement eussent été placées en cercle sur Touverture cir-
culaire du tuyau; c'est parce qu'elles ne sont nées que succes-
sivement à droite et à gauche du point d'origine , que la plume
est un être binaire symétrique , c'est-à-dire composé de parties
semblables placées des deux côtés d'un axe commun. Ici la
forme binaire symétrique est véritablement engendrée par la forme
circulaire.
Nous pourrons conclure de ces observations, que la peau des
animaux vertébrés offre de l'intérieur à l'extérieur les couches
suivantes :
1°. L'epiderme.
2°. Les téguraens cornés des papilles.
3°. La couche de matière colorée.
Ces deux dernières couches, quelquefois séparées, souvent con-
fondues, souvent aussi dans un état de mollesse qui ne permet
pas de les distinguer l'une de l'autre, forment ce qu'on appelle
le corps miujueujc.
4°. La membrane épidermique des papilles.
Cette membrane, absolument inapercevable dans la plupart des
circonstances, est très-facile à voir, ainsi que je l'ai déjà re-
Xx 2
344 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
marqué, sur le bulbe des plumes et sous les écailles des jambes
des oiseaux; on le voit de même au-dessous des écailles des
poissons; elle ressemble ea loul à l'épiderme extérieur.
5°. La couche papiliaire.
Je n'ai rien à ajouter à ce qu'en ont dit les auatomistes; on
sait que celte couclie, éminemment vasculaire et nerveuse, est
le siège principal de la vitalité de la peau. Les vaisseaux san-
guins qu'elle possède n'envoient aucune ramification aux quatre
couches qui la recouvrent.
6°. Le derme.
Je terminerai cet exposé par quelques observations relatives
à l'homme.
L'enveloppe Cornée reçoit ordinairement sa couleur de la ma-
tière colorée avec laquelle elle est en Contact; mais aussi, dans
bien des circonstances , elle reste incolore sans qu'il soit facile
d'en apercevoir la cause. Ainsi, les ongles qui, chez les animaux
sont ordinairement de la couleur de la couche colorée , sont ce-
pendant incolores chez les nègres. La substance cornée des
cheveux est également incolore chez eux comme chez les blancs.
Ces faits peuvent être ajoutés à ceux qui servent à prouver que
la substance cornée est parfaitement distincte de la matière co-
lorée, bien qu'elle soit souvent mêlée avec elle.
Les poils et les ongles ne sont pas les seules productions
qui attestent l'existence de l'enveloppe cornée dans la peau de
l'homme; il est des productions accidentelles qui prouvent qu'elle
existe même dans les endroits où elle ne se manifeste point
d'une manière sensible. Telles sont les productions cornées que
l'on a observées souvent à la surface de la peau de l'homme.
Oq lit dans le Journal des Safaris (août 1672), l'observation d'une
corne qui survint à la jambe d'un homme à la suite d'un ul-
cère. Schenkites rapporte qu'il poussa à une jeune fille de Pa-
lerme , une grande quantité de cornes à la tète et à toutes les
jointures des pieds et des bras : Ash rapporte une observation
toute pareille dans les transactions philosophiques., année 1678.
Zacharie Managelta, dans les Ephémérides des Curieux de la
Nature (1670), décrit une corne qui étoit poussée à un pré-
sident du parlement de Dijon. Bartholin, dans ses Histoires ana-
tomiques, et Olivier Jacobœus, dans les ^ctes de Copenhague
rapportent plusieurs faits analogues et plus ou moins singuliers
par la forme, la situation ou les dimensions.de ces cornes. Il
n'est point rare d'observer certaines productions cornées de la
surface de la peau auxquelles on donne, ainsi qu'à bien d'autre
ET lî'uiSTOIRE NATURELLE. Z^5
marques de naissance, le nom d'eniùes. Ces productions cornées
tombent et se renouvellenl de temps à autres. 11 est chez l'homme
une autre production dont personne , que je sache, n'a encore
éclairci la nature; je veux parler des cors aux pieds. Il me
paroît évident qu'ils sont dus au développement et à Tendur-
cissemenl de l'enveloppe cornée.
La membrane épidermique des papilles n'est point ordlnai-
remenl apercevable chez l'homme; elle existe cependant sous
les ongles, et elle s'épaissit lorsque ces organes sont décollés
de la couche papillaire qu'ils recouvrent comme cela a lieu ,
par exemple , lorsqu'un coup sur l'ongle fait extravaser du sang
au-dessous de lui; il est encore une circonstance où cette mem-
brane épidermique manifeste son existence chez l'iiomme; c'est
dans le tatouage, si communément pratiqué chez les sauvages,
et quelquefois mis en usage chez nous par les gens du peuple
et surtout par les soldats. Dans cette opération , une substance
colorée est introduite, par le moyen de piqûres multipliées au-
dessous de l'épiderme , et elle y reste sans allération tout le
temps de la vie. Or, cette matière étrangère, quoique subja-
cente à l'épiderme, n'est certainement point eu contact immédiat
avec la couche papillaire, sur laquelle elle occasionneroit des
accidens morbifiques en sa qualité de corps étranger. Il est in-
dubitable que cette substance colorée est contenue dans l'inter-
valle qui sépare l'épiderme extérieur de la membrane épider-
mique des papilles, et qu'elle est mêlée avec le corps muqueux.
Enfin les observations que je viens de rapporter touchant
l'origine des poils, me paroissent propres à jeter du jour sur
la nature de la maladie des cheveux connue sous le nom de
plique. Le bulbe des cheveux est contenu dans la cavité même
de ces poils; il n'occupe dans l'état de santé, que la partie de
cette cavité qui répond à l'origine du cheveu. Ce bulbe ac-
quiert probablement dans la plique un développement morbi-
fique qui lui fait envahir la cavité entière du cheveu, dont il
n'occupoit auparavant que la base. Si l'on pouvoit comparer
un phénomène morbide avec un phénomène qui est dans l'ordre
ordinaire de la nature, je comparerois cette maladie des cheveux
à l'état de la plume qui se régénère. Chez cette dernière le
bulbe extrêmement développé, s'étend bien au-delà de l'en-
droit oii la plume émerge de la peau; de sorte que si l'on coupe
cette dernière dans le voisinage de cet endroit, l'animal éprouve
de la douleur et la plaie verse du sang. C'est ainsi que les phé-
nomènes en apparence les plus éloignés, peuvent quelquefois
s'expliquer les uns par les autres.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES
Dans le mois d'Avril i8ig.
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+ 5,55
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Baromètre . . . .
Thermomètre.
f Plus grande élévation 764'""'25
\ Moindre élévation 739'""'33
RÉCAPITULATION.
" le 1
le 13
f Plus grand degré de chalem". . . . +2o°5o le 8
\ Moindre degré de chaleur + 1,00 le 3o
JNoiiibre de jours beaux 20
de couverts 10
de pluie 10
de vent 3o
de brouillard 4
de gelée 4
de neige o
de grêle ou grésil.. . . o
de tonnerre 2
A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS.
{Le Baromèlre est réduit à la te?npéralure de zéro.)
QUANTITÉ DF. PLU»:
toiiiUe
73 dans
la Cour.
2,65
4,10
4) "^
2,98
1 ,70
3,95
3,85
1,38
sur le haut
lif rObscr-
v.iloire.
II//.
21 ,46
5,23
26,69
2,20
1,77
3,80
3,55
2,55
1,40
4,25
3,55
1,35
VENTS.
N.-O.
O.
-E.
Idem.
S.-E.
Idem.
E.
-E.
-J\.-E.
S.-E.
O.
-E.
O.
Id. fort.
-O.
Idem.
Idem.
Idem..
-N.-O.
-S.-E.
-s.-o.
.-N.-E.
-E.
N.-E.
Idem.
ÉTAT DU CIEL.
LE MATIN.
Couvert.
Nuageux , brumeux.
Idem..
Nuageux.
Idem, brouillard.
Légères vapeurs.
Nuageux.
Légers nuages.
Nuageux.
Légers nuages.
Beau ciel.
Couvert.
Idem, pluie.
Nuageux,p/u/e à lo' j.
Nuageux.
Couvert.
Nuageux.
Idem, pluie à 9'.
Pluie fine, brouillard.
Couvert.
Nuageux.
Idem.
Couvert.
Très-nuageux.
Plaie à 4*.
Nuageux.
Beau ciel, gelée bl.
Idem.
Idem.
Idem.
A MIDI.
Couvert.
Très-nuageux.
Idem.
15eau ciel.
Ciel vaporeux.
Idem.
Légers nuage.s.
Idem .
Idem.
Beau ciel.
Nuageux.
Idem.
Pluie.
Couvert.
Nuageux.
Couvert.
Quelq.élc.àl'',p/.g')e.s,
Couvert.
Idem.
Idem .
Idem .
Quelques éclaircis.
Pluie continuelle.
Couv.,quelq. g. d'eau.
Idem.
Nuageux.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Nuageux.
Idem .
Idem.
Beau ciel.
Nuageux.
Idem.
Beau ciel.
Légers nuages.
Idem.
Idem.
Pluie, à 5'' i tonnerre.
Couvert.
Nuag.,p/uiepar interv
Pluie abondante à 7'.
PI., ab. depuis 8'',tonn,
Beau ciel.
Pluie par intervalles.
Nuageux , pluie à 6''.
Couv., ptute ab. à 7''.
Nuageux.
Idem.
Idem.
Beau ciel.
Beau ciel , pluie à 6*.
Couvert à 10''.
Beau ciel.
Idem.
Idem .
Idem.
Idem.
19,52
4,90
24,42
Moyennes du i^'au 11.
Moyennes du 1 1 au s 1 .
Moyennes du 21 an 3o.
Phases de la Lune.
P.O. le 2à 4''27's. ljD.Q.lei7à io''56'm.
P.L.leioà i''i5's. ||N. L. Ieg4àii''54ni.
Moj'ennes du moi.
RÉCAPITULATION.
N 4
N.-E 5
E 5
Jours dont le vent a soufflé du { s' ' 3
S.-o!.. 7
3
N.-O »
Thermomètre des caves | j^ |g_' \p°J^l } centigi-ades.
548 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
CATALOGUE
Des Bolides et des Aérolithes observés à la Chine et dans
les pays voisins, tiré des livides chinois j
Par m. ABEL-RÉMUSAT, D. M. P.
AVANT-PROPOS.
Les Chinois ont oliservé dès long-lemps ce pliënomène ex-
traordinaire, qui n'a commencé que depuis peu d'années à fixer,
d'une manière régulière, l'allenlion des Européens. La chute des
pierres méléoriques ne pouvoit manquer d'éveiller la curiosité,
dans un pays oii l'on est accoutumé à chercher au ciel les
causes et les types des évènemens du monde sublunaire, et à
considérer les phases des corps célestes, les comètes et jusqu'aux
nuages, comme des présages de la paix ou de la guerre, de la
félicité ou du malheur des peuples, de la vie ou de la mort
des souverains. Aussi les Chinois ont-ils tout observé, tenu
compte de tout, et dressé des tables météorologiques, dans
lesquelles la forme même des nuages est soigneusement décrite;
c'est-là une partie essentielle de leur Astrologie. Mais quelque
puérile que soit souvent le motif qui a guidé les observateurs,
leurs observations n'en sont pas moins bonnes à examiner.
Le nom le plus ordinaire par lequel les Chinois désignent
les pierres atmosphériques, est celui de suig jim tchhing chi,
étoiles tombantes et changées en pierres. On les range dans la
classe des météores, avec les lieou sing, c'est-à-dire avec les
étoiles coulantes^ et les globes de feu. il faut remarquer que
le mot de sing est plus générique que celui d'étoile , et qu'il
désigne aussi les planètes et les comètes; de sorte qu'on seroit
tenté de croire que la plus récente des hypothèses par lesquelles
on a cherclié à expliquer la chute des aérolithes, se seroit pré-
sentée la première aux astronomes chinois. Au reste , il y a
un auteur qui a rejeté cette opinion comme une erreur gros-
sière : rt Depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, dit-il, on ne
sauroit compter le nombre de ces étoiles qui sont tombées sur
la terre, et cependant on ne s'aperçoit pas que le nombre des
corps lumiueux qui soûl suspendus dans le ciel ait diminué le
moins
tT d'histoire natorëlt.c. 549
Tïioins du monde. Dira-l-on qu'à mesure qu'il en lombe, il
s'en reproduit de nouveaux , et que la génération des étoiles
est comme celle des hommes? » Un autre auteur remarque que
le nom d'étoiles tombantes vient uniquement de ce que ces corps
paroissent aux yeux comme des étoiles ; mais croire que ces
pierres sont des étoiles, est, suivant lui, une absurdité. » Des
pierres sont tombées, dit-il, le vulgaire les a prises pour des
étoiles, et voilà l'origine du nom qu'on leur a donné. ')
La description que les auteurs les plus exacts font des lieou-
sntg ou bolides, et des aérolithes (car dans leur opinion ces
deux phénomènes sont inséparables), s'accorde parfaitement avec
ce qui a été observé en Europe. Quelquefois les étoiles tom-
bantes n'ont été annoncées par aucun signe particulier. Le ciel
étant serein, sans nuages, soit de jour, soit de nuit, ou est
surpris tout à coup par un bruit semblable à celui du tonnerre,
ou d'un mur qui s'écroule, ou au mugissement d'un bœuf,
et qui se fait entendre à plusieurs dixaines de lieues. Le plus
souvent, pourtant, on a observé des globes de feu qui parcou-
roient le ciel dans différentes directions, et avec un mouve-
ment plus ou moins rapide. Si le phénomène a lieu pendant la
nuit, on remarque que la lumière qui part du globe éclaire
le ciel et la terre, et produit une clarté égale à celle du jour.
Au moment oii le globe éclate, on entend un sifflement qu'on
a coutume de comparer au bruissement des ailes des oies sau-
vages , ou d'une étoffe qu'on déchire. Il tombe une pierre, ou
deux, ou un plus grand nombre; quelquefois elles tombent
comme une pluie. Elles ont rarement plus d'un pied de long;
on en cite qui pesoient i5 et même 17 livres. Elles sont brû-
lantes au moment de leur chute, et de couleur noirâtre, sonores
quand on les frappe, mais quelquefois assez légères. A l'endroit
où le globe a fait explosion, on aperçoit une lueur d'une cer-
taine étendue, alongée et comparable à un serpent, et qui
persiste plus ou moins long-temps ; le ciel est plus pâle en cet en-
droit; d'autres fois il est de couleur rouge tirant sur le jaur.e;
ou verdàtre comme des touffes de bambou. Il est tombé des
aérolithes, ou, comme disent les Chinois, des étoiles, au mi-
lieu des champs, dans les camps, dans les villes, dans la ca-
pitale, sur le toit des maisons. On a remarqué que les animaux;
en éloient effrayés. Au reste, quoique les aérolithes soient fré-
quemment tombés au milieu des lieux habités , on ne cite, non
plus qu'en Europe, aucun exemple dhommes qui en aient été
atteints.
Tome LXXKFin. MAI an 18 19. Y7
350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Il n'esl pas' toujours fail menlion d'aérolithes à la suite des
explosions des bolides; mais cela n'enipêclie pas les Chinois de
léiiiiir ensemble ces deux sortes de phénomènes, dont l'un est,
suivant eux, la cause de l'autre; et en cela, leur opinion ne
s'écarte pas de celle qui paroit prévaloir à présent parmi les
hommes les plus instruits. « On a recueilli les pierres , dit un
ancien auteur, quand on a pu suivre des yeux leur chute, voir
ce qui a précédé et ce qui a suivi, et eu tenir note. Mais
quand les étoiles sont tombées dans des lieux très - éloignés ,
ou au milieu des montagnes, ou dans l'eau, il n'a pas été pos-
sible de les retrouver. »
Par une conséquence de cette idée, Ma-touan-lin qui a con-
sacré dix-huit livres de sa bibliothèque à tracer l'histoire des
éclipses, des comètes, des occultations d'étoiles par la lune et
les planètes, des incendies, des inondations, des tremblemens
de terre, des éboulemens et de tous les autres phénomènes du
domaine de la Météorologie, de l'Astronomie et de la Géographie
physique, Ma-touan-lin a rassemblé dans un même Catalogue
chronologique , les globes de feu et les pierres tombées du
ciel. J'ai pris cet auteur pour guide dans le Catalogue qu'on
va lire (i), avec cette ditrérence qu'en rapprochant, comme lui,
des aérolilhes les bolides qui ont fait une explosion semblable
au bruit du tonnerre, j'en ai écarté ceux dont la disparition
n'a pas été accompagnée de détonnation. On peut conserver des
doutes sur la nature de ceux-ci, et le nombre en est d'ailleurs
si considérable, qu'il y auroit de quoi en remplir un volume.
D'un autre côté , j'ai cru devoir assimiler aux aérolithes ,
certaines pierres de couleur noirâtre ou violette qui, à ce qu'on
prétend, tombent avec la foudre, et qu'on appelle pour cette raison
haches de foudre, lissoirs, marteaux , coins , vrilles, anneaux, perles
de foudre , ou, pour mieux dire , du Dieu du tonnerre. Leur forme
approche un peu de celle des objets dont on leur donne le nom.
Les marteaux çesenl quelquefois plusieurs livres; il y a des co/«5
de la longueur d'un pied. Tous ces objets ressemblent à du fer,
Ou à de l'acier. On raconte, à ce sujet, des histoires merveil-
leuses, que l'auteur même du livre japonnois où je les trouve,
traite de contes ridicules. Il en donne ensuite une explication
qui ne l'est guère moins; car elle est fondée sur les principes
(i) Les observations marquées d'une* ne sont pas prises dans l'ouvrage da
>Ia-touan-lin.
ET d'histoiiie naturelle. 35i
fantastiques de la Physique chinoise. Ce qu'il dit de plus judi-
cieux, c'est que ces prétendus outils du Dieu de la foudre sont
de la même nature que les étoiles tombantes; mais il va trop
loin, quand il ajoute que les uns et les autres doivent être
considérés comme les traces de phénomènes analogues aux pluies
de pierres, d'or, de millet, de riz , de poil, de sang, etc.,
dont il est fait mention dans les chroniques. 11 prétend encore
3ue la chute des pierres de foudre est beaucoup plus commune
ans les pays du Nor4; qu'elle est, au contraire, assez rare
au Japon, et il cite, en preuve de ce qu'il avance, un orage
des plus terribles qui eut lieu dans la capitale du Japon, le
vingtième jour de la sixième lune, en 17 lo. Le tonnerre tomba
dans un grand nombre d'endroits, et détruisit plusieurs cen-
taines de maisons; cependant on ne trouva pas une seule de
ces prétendues haches, ni de ces coins du Dieu de la foudre.
Sa preuve, comme on voit, n'en est pas une; et si ces pierres,
qui ne paroissent pas avoir d'analogie avec nos /7/(?/ve5 rZeybwrf/'e,
étoient reconnues pour de véritables aérolilhes, il seroit naturel
de penser que le tonnerre, auquel on en attribue la formation,
seroit ce même bruit qui accompagne l'explosion des bolides,
et qui se fait entendre après la chute des aérolilhes.
Je crois les observations qu'on va lire, faites avec exactitude,
et racontées fidèlement; je ne puis pourtant répondre que de
l'attention que j'ai mise ii les traduire. Les physiciens chinois
se trompent facilement, mais on ne sauroit croire qu'ils aient
jamais intention de tromper. Si l'on s'étonnoit du grand nombre
de faits semblables qui sont venus à leur connoissauce , il y a
un auteur chinois qui a le premier témoigné cet étonnement.
Biais on s'expliquera la chose en songeant à la vaste étendue
de la Chine, et aux préjugés qui en rendent les habitans at-
tentifs à remarquer tout ce qui se passe dans le ciel. Au reste,
en donnant ce Catalogue comme un premier échantillon des
extraits relatifs aux sciences naturelles que j'ai commencé à tirer
de V Encyclopédie chinoise, j'ai seulement en vue de contribuer
à compléter l'histoire d'un phénomène intéressant , et nullement
de chercher matière à de nouvelles théories pour l'expliquer.
Seulement je ferai observer que, d'après les récits des écrivains
chinois et japonois, le lieou-si/ig, ou gloiie igné, qui produit
les pierres tombantes, a été, dans le plus grand nombre de
cas, observé avant la chute, et semble en avoir été la cause
immédiate. Cette observation est d'accord avec l'opinion la plus
répandue aujourd'hui; mais comme elle a été révoquée en doute,
Yy 2
353 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
le témoignage des Cliiiiois qui la coiifirnie, peut n'élre pas en-
tièrement superflu.
CATALOGUE
Des Bolides et des Aêrolilhes observés à la Chine et dans les
pays voisins.
687 ans avant J.-C, en été, à la 4® lune, le jour Sin-mao
(5' de la lune), les étoiles ne paroissoient pas, quoique la nuit
fût claire, il tomba une étoile en forme de pluie. — On a beau-
coup discuté sur ce texte de Confucius , qu'on explique de
ililTérentes manières. Mais l'opinion la plus probable, est qu'il
a voulu parler du phénomène dont on a observé depuis tant
d'exemples,
644, au printemps, à la 1" lune , le jour Ou-chin , à la nou-
velle lune, cinq pierres tombèrent dans le royaume de Soung
(Ho-nan).
211. La planète Mars étant dans le voisinage à'Antarès, une
étoile tomba à Toung-Riun, et parvenue à terre elle se changea
en pierre. On grava sur celte pierre six caractères qui signi-
fîoient : r Empereur va mourir et son empire se/-a divisé. I/em-
pereur envoya sur les lieux des officiers pour arrêter et châtier
les auteurs de cette supercherie, et fit brûler la pierre.
192. Une pierre tomba à Mian-tchou.
89. A la 2^ lune, le jour Tiug-yeou, il tomba deux pierres
à Young. Le ciel étoit serein, sans nuage. Le bruit se fit en-
tendre à quarante lieues.
86 — 81. Un globe de feu tomba sur le toit du palais de Wan-
tsaï , dans le pays de Yan. Il venoit de l'orient.
74. A la 2' lune, le jour Kia-chin , au lever de l'aurore, il
y eut une étoile grande comme la lune qui paroissoit suivie
de beaucoup de petites étoiles et qui se dirigeoit vers l'ouest.
T- A la 5' lune, le jour Ping-siu, un globe de feu sortit de la
constellation du Corbeau , près de la Coupe , se dirigeau vers
le nord-est, entra dans le Thaï-weï (i). Quand il commença
à paroître, il étoit petit, mais il grossit, jeta une vive lumière,
et un peu après on entendit un bruit comme celui de trois coups
de tonnerre.
(1) Espace du ciel au nord de l'équateur, qui comprend une partie du
Lion , de la Yierge, etc.
ET ô'inSTOIRE NATURELLE. 553
58. A la i" lune, le jour Ou-lchin, il lomba six pierres dans
le royaume de Liang.
32. A la 9' lune, le jour Ou-tseu , un globe de feu sortit de la
grande Ourse ; sa couleur ëloit blanche , et sa lumière éclairoit la
terre. Elle étoit de forme alongée , de 4o pieds de long, ets'agi-
toit comme un serpent. Elle grandit jusqu'à la longueur de 5o ou
6o pieds, et forma des ondulations à l'ouest du cercle de per-
pétuelle apparition, au nord-ouest du Sagittaire. Elle se roula
ensuite comme un anneau qui ne se joignoit pas du côte du nord.
2g. A la i" lune , le jour Rouei-mao , il tomba quatre pierres à
Kao, et une à Feï-lo.
32. A la 2^ lune, le jour Jin-siu, il tomba huit pierres à
Pe-ma.
19. A la 5' lune, le jour Kouei-wei, il lomba trois pierres
à Tou-yan.
i5. A la 2' lune, le jour Roueï-weï, après minuit, il tomba
■une étoile en forme de pluie. Elle avoit d'un à 20 pieds de
longueur. Avant de toucher la terre, sa lumière, qui étoit de
différentes couleurs, s'éteignit.
12. A la 3° lune, une pierre tomba à Tou-kouan. A la 4"
lune, le jour Ting-yeou , entre 5 et 5 heures de l'après-midi , le
ciel étant clair et serein , on entendit à plusieurs reprises comme
les éclats du tonnerre. On vit un globe de feu dont la tête
étoit de la grosseur d'une urne, et long de plus de 100 pieds.
Sa lumière étoit éclatante et d'un blanc rongeàtre. Il passa au
sud -est du soleil, en jetant de tous côtés des étincelles qui
faisoient comme une pluie de feu, et qui durèrent jusqu'au soir.
Tout le monde dit que c'étoit une étoile tombée , comme celle
de l'an 687.
6. A la 1" lune, le jour Ting-weï , il lomba dix pierres à
Pe-ti. — A la 9' lune, le jour Ria-tchin, il en tomba deux autres
à lu.
2' année de l'ère chrétienne. A la G' lune , il lomba deux
pierres à Riu-lou. — Depuis le temps de Hoeï-ti, on compte
onze chutes de pierres, qui toutes furent accompagnées de lu-
mière et d'un bruit comme celui du tonnerre.
54. A la 5' lune, le jour Roueï-mao, un globe de feu sem-
Llable à la lune, sortit du Thaï-weï, entra dans le charriot,
près de Ç. Sa lumière étoit blanchàire, et on voyoit auprès
une dixaiue d'étoiles plus petites. Quand elle s'éteignit, on en-
lendit un bruit comme un coup de tonnerre. — A la 12' lune,
le jour I-hai, un grand globe de feu, semblable à une urne,
554 JOURIVAr, DE PHYSIQUE, DE CIIlJtlE
sortit du sud-ouest de l'H^'dre et entra dans le Corbeau, Au
moment où il s'éteignit, on en vit jaillir des jets de lumière
très-ddlie's, et on entendit un bruit ou roulement semblable au
tonnerre.
56. A la 10^ lune, le jour Ting-mao, une grande étoile
coula, en répandant une vive lumière , de l'orient des Gémeaux,
vers l'occident, en faisant un grand bruit.
go. A la 2° lune , le jour Ting-yeou, il y eut un globe de feu de
la grosseur d'une courge, qui prit naissance dans la grande Ourse,
vers le nord-est, et qui se dirigea au sud-ouest vers le petit
Lion , à l'ouest duquel il s'éteignit. Peu après on entendit un
bruit semblable à un coup de tonnerre. Il resta au nord-esl de
Régulus, une lueur de deux pieds de long.
102. A la II" lune, le jour Ting-lcheou, il y eut un globe
de feu , gros comme le poing, qui prit naissance dans le milieu du
Cliarriol ; il se dirigea au nord vers Cassiopée ; sa lumière éloit
d'un blanc-orangé. Il se détourna vers le nord-ouest et fil une
explosion accompagnée de tonnerre.
loG. A la g' lune, quatre pierres tombèrent à Tchin-lieou.
i58. A la 2^- lune, le jour Sin-tcheou, il y eut un globe de
feu grand comme un boisseau qui, du nord-ouest se dirigea
vers l'est. Sa longueur fut de 8 à g pieds; sa couleur, jaune-
rougeâlre. Il produisit un roulement.
154. A la 2' lune, le jour Roueï-haï, il tomba une pierre
à Yeou-fou-foung; il en tomba deux autres à Khian. Ces dif-
férentes chutes furent accompagnées de bruit de tonnerre.
263. A la 6' lune, il y eut deux globes de feu de la grosseur
d'un boisseau, qui parurent dans l'ouest, et se dirigèrent sé-
parément, l'un au nord et l'autre au sud, en jetant une grande
lumière, et produisant un bruit ou roulement.
268. A la 7' lune , une étoile tomba en pluie du côté de
l'ouest.
388. A la 8' lune, le jour Ji-tseu, nouvelle pluie d'étoiles.
5o5. A la ii« lune, le jour Sin-i, il y eut une étoile qui
tomba au nord du zénith; sa lumière devint blanche, et il y eut
vme explosion.
504. A la 7' lune, le jour I-tcbeou, une étoile tomba avec
bruit.
505. A la 10° lune, autre chute semblable, aussi avec ex-
plosion.
307. A la g" lune, le jourSin-mao, une étoile grande comme
le soleil partit du sud-ouest et se dirigea vers le nord-est; elle
ET d'histoire naturelle. 555
ëloîl suivie d'autres étoiles plus petites, de la grosseur d'un
boisseau; le ciel éloil tout rouge, et l'on entendoit le bruit du
tonnerre. — A la 12" lune, le jour Tiiig-haï , une étoile coula
et éclata avec bruit.
3 10. A la 10' lune, le jour Keng-lseu, une étoile de feu
tomba avec bruit dans la partie du nord-ouest ; on la fil cber-
clier, et l'empereur en reçut des fragmens à Phing-yang.
535. Une étoile tomba à 6 lieues au nord-est de Ye; elle
éloit d'abord d'un rouge -noirâtre. Un nuage jaune s'élendoit
comme un rideau , à plusieurs centaines de pieds. On entendit
un bruit comme celui du tonnerre. Quand elle tomba à terre,
elle étoit brûlante; la poussière s'éleva jusqu'au ciel. Des labou-
reurs qui la virent tomber, allèrent la chercber. La terre étoit
encore très-chaude. Ils virent une pierre large d'un pied, au
moins , de couleur noirâtre et assez légère, qui résonuoit quand
on la frappoit , comme l'instrument appelé khtiig.
344- A la 4° lune, le jour Ivoueï-Aveï, une éloile de la gros-
seur d'un boisseau , de couleur rouge-jaunàlre , sortit de la Lyre ,
et disparut avec e.vplosion près de la lèle de Cépbée.
369. A la 10' lune, le jour .lin-chin, grande éloile tombante,
du côté de l'ouest, avec un bruit de tonnerre.
58i. A la 10' lune, le jour I-mao , une étoile courut du
sud- est en passant près de l'Hydre et du Corbeau, et faisant
un grand bruil.
388. A la lune intercalaire, le Jour Ou-lchin, une étoile vul-
gairement appelée Chien du ciel, tomba avec bruit dans le
nord-est.
38g. A la 5^ lune, le jour Ting-wei, une grande étoile courut
du sud-est, la queue tournée vers la terre , et longue de 60 à 70
pieds , avec un grand bruit.
3g4. Une étoile tomba au nord du fleuve Jaune, avec beau-
coup de fracas, et en répandant une lumière qui éclaira le ciel
et la terre.
452. A la 5= lune, le jour Sin-ha'i , une étoile de la grosseur
de cinq boisseaux tomba dans le sud-ouest, avec un bruit qui
se répéta six à sept fois.
466. A la II' lune, le jour I-yeou , il y eut un globe de feu
qui éclaira la terre, et qui produisit un bruil copiposé de plu-
sieurs coups successifs.
5ii. A la 9° lune, le jour Phing-cbin , on entendit de grands
bruits de tonnerre dans la partie nord-ouest du ciel, et on vit
une vapeur rouge qui descendit jusqu'à terre.
3-J6 jounNAL de physique, de chimie
532. A la 7' liine,le jour Ria-lcliin,une étoile tomba en pluie.
54c. A la 9= luue, le jour Ting-weï, l'empereur Rao-lsou
étoit occupe à faire le siège de la ville de lu-pi. 11 y eut une
étoile qui tomba dans le camp : tous les àues qui s'y irouvoient
se mirent à braire.
552. A la 12' lune, une étoile tomba à 'Ou-kiun.
554. Au moment où les troupes de Tcheou assiégeoientKiang-
ling, il tomba une étoile dans la ville.
568. A la 2° lune, le jour Keng-'ou , il y eut un globe de
feu qui sortit du Bouvier, et se dirigea vers le Cygne, avec
nu bruit de tonnerre.
577. A la 12' lune, le jour Koueï-lcheou, un globe de feu,
de la grandeur de la lune, se dirigea vers l'occident, ea ser-
pentant, et fut accompagné d'un grand bruit.
578. A la 6° lune, le jour Ting-mao, il y eut un globe de
feu, de la grosseur d'un œuf, qui sortit de la Balance, se di-
rigea vers le nord-ouest; ayant une queue, et laissant une trace
de 10 pieds de long. A la 8" lune il s'éteignit.
579. A la 5' lune, le jour Kia-cbin, il y cul une étoile, grosse
comme trois boisseaux, qui sortit entre m et /3 de la Vierge,
entra dans THydre ; elle étoit d'une couleur blanc-bleuâlre , et
sa lumière éclairoit la terre. Le bruit qu'elle faisoil ressembloit
à celui du vent qui agite des drapeaux.
58i. A la II' lune, le jour Ki-i, il y eut un globe igné,
dont le bruit imita celui d'un mur qui s'écroule. La lumière
éclaira la terre.
585. A la 8" lune, le jour Ou-cbin , il parut plusieurs cen-
taines d'étoiles coulantes qui tombèrent en se dispersant de
tous côtés.
6i5. A la 12' lune, le jour Ou-yen , une étoile de la gran-
deur de dix boisseaux tomba à Tse-lou.
6i6. A la 5" luue, le jour Roueï-sse, un grand globe de feu
tomba à 'Ou-luun et se changea en pierres. — A la 8« lune, le
jour Jin-yeou, unglobe de feu de la grandeur d'un boisseau sortit
de Cassiopée, en produisant un bruit pareil à celui d'un mur
qui s'écroule.
617. A la 5° lune, le jour Sin-baï, une étoile de la grosseur
d'une cruche tomba à Kiang-lou.
620. A la 10' lune, le jour I-vveï, il y eut une étoile qui
tomba à ïoung-lou, avec un bruit qui eut lieu à plusieurs
reprises.
628.
ET d'histoike naturelle.' SSy
628. Uu chieji du ciel tomba à Hia-lcheou dans le milieu de
la \ille.
*637. A la 2' lune, le 11° jour, une grande étoile coula de
l'est à l'ouest, avec uu bruit semblable à celui du tonnerre.
(Histoire du Japon.')
640. A la 8' lune, une étoile tomba dans la ville capitale du
pays des Ouigours.
644- A la 5' lune, il y eut dans l'ouest un globe de feu
qui sortit de Pégase , avec un bruit semblable à celui du
tonnerre.
653. A la 10" lune, le 10° jour, une révolte éclata à Mou-
tcheoa ; il y eut uue étoile qui tomba dans le camp des ré-
voltés.
666. A la i" lune, le jour Koueï-yeou, une étoile sortit du
Thaï-wei, et coula vers l'orient, en imitant le bruit du tonnerre.
670. La même chose eut lieu dans l'Occident , à la 1 1' lune.
707. A la 3' lune, le jour Phing-tchin, il y eut un globe
de feu, qui fit un bruit semblable à celui d'un mur qui tombe,
et dont la lumière éclaira la terre.
708. A la 2' lune, le jour Rouei-weï, une grande toile tomba
dans le sud-ouest. Il y eut comme un coup de tonnerre, et
les oies sauvages s'envolèrent. — Au temps de la guerre du gé-
néral Sun-lhsiouan contre les Tartares orientaux, à la 6° lune,
le soir, il tomba une grande étoile dans le camp.
744- A la 2' lune intercalaire, le jour Sin-haï, il y eut une
étoile de la grosseur de la lune qui tomba dans la partie du
sud-est. Après qu'elle fut tombée, on entendit un grand bruit.
767. Des rebelles faisoient le siège de Nan-yang. A la 4' lune,
le jour Ria-tchin, au milieu de la nuit, il y eut une grande
étoile de couleur jaune -rougeâtre, longue de plusieurs cen-
taines de pieds, qui jetta une grande lumière sur la terre, et
tomba dans le camp des rebelles.
764. A la 6" lune, le jour Ting-mao, une étoile tomba à
Fen-tcheou.
785. A la 8" lune, le jour Keng-chin, une étoile tomba dans
la capitale.
798. A la 5' lune intercalaire, le jour Sin-haï, une étoile
tomba dans le nord-est; elle produisit une lumière semblable au
jour, et un bruit comme celui du tonnerre.
809. A la 8' lune, le jour Ting-tcheou, il y eut dans le nord-
ouest une grande étoile qui se dirigea vers le sud- est, elle
produisit un bruit comparable à celui des tambours et du tonnerre.
Tome LXXXFIII. MAI an 1819. Zz
558 JOURNAL DE PIIY.SIQUE, DE CIIIMTE
8ii. A la 5' lune, le jour Ou-siu , entre 3 et 5 heures de
l'après-midi, le ciel étant couvert et le temps froid, il y eut
une étoile de la grandeur de dix boisseaux , qui tomba entre
Jouan et Yun. Le bruit s'en fit entendre à plusieurs dixaines
de lieues. Les oies sauvages en furent épouvanlces et s'envo-
lèrent. Au-dessus de l'endroit où elle tomba, il resta une va-
peur rouge semblable à un serpent, et longue de plus de lo
pieds , laquelle ne s'éteignit que le soir.
817. A la 9= lune, le jour I-haï , pendant la nuit, il y eut
un globe de feu qui parut vers le zénith; sa tête étoit comme
une cruche, et sa queue comme une barque du port de deux
mille boisseaux, et longue de plus de loo pieds. Il faisoit un
bruit comme celui d'une troupe de grues qui volent. Il étoit
brillant comme une torche allumée. 11 passa au-dessous de la
lune, en se dirigeant vers l'ouest. Peu après, on entendit une
sorte de détonnation composée de plusieurs coups, et au mo-
ment oii le globe tomba à terre , un fracas trois fois plus fort
que ceini d'une maison qui s'écroule. Cela eut lieu dans le
Ho-nan.
821. A la 4° lune , il y eut ua globe de feu qui tomba à 'Ou,
en faisant un bruissement comme les ailes des oiseaux qui
volent.
822. A la 4° lune, le jour Sin-haï, un globe de feu sortit
de l'espace qui contient la constellation d'Hercule, la Couronne
boréale, etc. Sa lumière éclairoit la terre, et l'on eutendoit un
bruit sourd et continu. Il s'éteignit dans la chevelure de Bé-
rénice. — i A la 8° lune, le jour Ting-yeou, pendant la nuit il
y eut un grand globe de feu , de la grosseur de plusieurs bois-
seaux, qui parut dans le nord-ouest, traversa le Bélier et les
Poissons, se dirigeant au sud-est, passa très-près de la lune,
répandit une vive lumière et tomba en se dispersant. Quand
il tomba à terre, on entendit un grand bruit.
834. A la 6° lune, le jour Sin-sse, à minuit, il y eut un
globe de feu qui sortit de l'Aigle; il étoit de couleur rouge,
et laissoit en arrière une traînée de lumière qui éclairoit la terre»
Il jeloit aussi des parcelles qui se dispersoient comme des perles.
Il se dirigea vers le nord, passa près de n d'Antinous, et s'éteignit
avec un grand bruit.
837. A la g' lune, le jour Ting-yeou, il y eut une étoile
de la grosseur d'un boisseau, de 5o pieds de long, qui sortit
de Pégase, alla vers le nord-ouest, passa près de a. du Bouvier,
où elle s'éteignit. Plusieurs centaines de petites étoiles la sui-
ET d'histoire naturelle. Z5c)
voient. Oq eriteiidil un grand bruit au zcnilh. — A la ii' lune,
le jour Ting-tcheou , une grande étoile tomba à lu-hing, sur
le toit de la maison où le gouverneur ëloit endormi. La lu-
mière éclaira tout le palais.
839. A la 8' lune, le jour Sin-weï, un globe de feu parut
dans le Verseau. 11 avoit une queue de plus de 80 pieds de
long, et il fit un bruit comme le tonnerre.
""839. A la 8° lune, le 29° jour, dans la province d'Isoumo
(au Japon), dans un lieu où il n'y avoit naturellement pas de
pierres, il y eut du tonnerre et de la pluie pendant dix jours
consécutifs. Quand le ciel fut redevenu serein , on y trouva
des pierres semblables à des pointes de flèches et à de petites
bâches, les unes blanches, les autres de couleur rouge.
841. A la 7* lune, le jour Keng-'ou, il y eut dans le nord
une étoile dont la lumière éclaira la terre. Elle se dirigea vers
le nord-est, traversa Cassiopée, et fit entendre un bruit de ton-
nerre. — A la 11' lune, le jour Jin-yen, le même bruit accom-
pagna une grande étoile qui alloit vers le noi'd-est , en répan-
dant une grande clarté sur la terre.
884. A la 9' lune, il y eut une grande étoile qui tomba à
Yang-tcheou-fou, devant le tribunal du lieu, avec un bruit de
tonnerre, et une lumière qui éclaira la terre.
885. A la 5"^ lune, les troupes impériales étoient à Pian-tcbeou.
En plein jour, il y eut une grande étoile qui tomba avec ua
bruit comme celui du tonnerre.
*885. Le ai*^ jour de la 6" lune, dans la province de Dewa
(au Japon), dans la ville de Akiden, et dans une autre ville de
la même province, il tomba des pierres anguleuses comme la
pointe d'une flèche. La même chose eut lieu en 885 et 886.
896. A la 6' lune, le temps étant orageux, au milieu de
la pluie , du tonnerre et des éclairs , il y eut une étoile grande
comme une écuelle, qui parut dans le sud-ouest et tomba dans
le nord-est. Elle étoit de couleur grise, et faisoit un bruit sem-
blable à celui d'une troupe d'oies qui s'envolent.
903. A la 2= lune, il y eut un globe de la grosseur de la
lune, qui alla d'orient en occident, avec un bruit comme le
tonnerre. La trace de la queue traversoit le ciel en passant
par le zénith ; elle dura trois jours et puis elle s'éteignit.
go5. A la 5° lune, le jour I-tcheou , à minuit, il y eut un
grand globe de feu qui parut au zénith. 11 étoit de la grosseur
de cinq boisseaux. 11 courut vers le nord-ouest, à la distance dé
100 pieds, et s'arrêta. U y avoit au-dessus une multitude de
Zz 2
56o jouRNAt CE piiVsiqueJ de chimie."
petites e'ioiles qui étoient comme des ëliucelles d'un rouge
jaunâtre, et sa queue, longue de plus de 5o pieds, cloit comme
un serpent. Toutes les petites étoiles étoieiit en mouvement ,
et elles tombèrent en pluie du côté du sud-est. Peu après le
globe s'éteignit. Il y eut ensuite une vapeur verdàtre , comme
des touffes de bambou, qui s'ctendoit jusqu'au zénith, et dont
]a couleur alla toujours en s'affoiblissant.
gii. A la 11° lune, le jour Ria-tchin, pendant la nuit, il y
eut , du côté de l'orient , une étoile presqu'aussi grosse qu'un
hoisseau, qui sortit du Taureau, avec une vive lumière qui
s'élendoil à plus de 5o pieds, et fut accompagnée d'un bruit de
tonnerre.
926. A la g' lune, !e jour Ting-weï, nn chieji céleste tomba
avec un grand bruit. Les oies sauvages s'envolèrent.
954. A la i" lune, le jour Keng-yen, il y eut une grande
étoile qui tomba avec im grand bruit. Les' bœufs et les che-
vaux se sauvèrent. On crut dans la capitale que c'étoient des
tambours qui donnoient un signal j et les tambours du palais
y répondirent.
971. A la 8" lune, le jour Sin-mao, une étoile sortit de la
Lyre , se dirigeant vers le nord-ouest. La trace qu'elle laissoit
après elle avoit 5o pieds. Il y eut un grand bruit long-temps
après qu'elle fut éteinte.
972. A la 8° lune, le jour I-sse, une étoile sortit de Cas-
siopée, se dirigea vers le nord -ouest, l'espace de 4o pieds,
produisit un grand bruit et se dispersa.
974- A la 9' lune, le jour Ria-'ou, une étoile sortit de Pé-
gase, alla vers le nord-ouest, et tomba en se dispersant, avec
bruit et en jetant une lumière qui éclaira la terre.
987. A la G' lune, le jour Reng-siu, à 5 heures du soir, il
y eut une étoile qui sortit du nord-ouest; elle étoit d'un blanc
verdàtre, et se dirigea vers le Serpent. Entre 7 et 8 heures on
entendit im bruit semblable au tonnerre.
990. A la 11° lune, il y eut une étoile qui sortit du Taureau;
elle éloit comme une demi-lune, et se dirigeoit vers le midi.
Elle passa près des Gémeaux , de la chevelure de Bérénice et
du Bouvier, vint au nord -est de a de cette constellation, et
tomba sur la terre , en jetant de tous côt^s une vive lumière,
et en produisant un bruit comme un mur qui s'écroule.
996. A la 5° lune, le jour Sin-tcheou, une étoile sortit du nord
de l'espace qui répond au cercle de perpétuelle apparition. Sa
queue, c'est-à-dire la trace de lumière qu'elle laissoit après
ET DIIISTOIKE NATURELLE. àbl
«lie, avoit plus de lO pieds. Elle étoit rayonnée comme celle
d'une comète, el on enlendoit un grand bruit. Elle tomba entre
Pégase et Andromède.
1002. A la 9« lune, le jour Plnng-cLin, il y eut une étoile
qui sortit de l'Orient, el se dirigea vers le sud- ouest. Elle
tiloit de la grandeur d'un boisseau , et faisoil un bruit sem-
blable au mugissement d'un bœuf. Plusieurs dixaines de petites
étoiles la suivoient et tombèrent avec elle.
ioo5. A la 5° lune, le jour I-wei, il y eut une étoile qui
sortit entre Cassiopée et l'étoile Polaire, se dirigea vers le nord,
et s'éteignit avec un bruit pareil au tonnerre. — A la 7' lune,
le jour Jin-tcliin, une étoile sortit des Pléiades. Elle avoit une
queue ou traînée de plus de 10 pieds. Elle étoit blanche , el
l'on entendoit par intervalles des coups qui se succédoienl;
l'étoile disparut près de Syiius.
ioo5. A la 12» lune, le jour Jin-tseu , une étoile parut au midi
de la fleur du Lis. Un bruit semblable au tonnerre, el une
clarté qui se répandoil sur la terre, accompagnoient cette étoile.
1006. A la 7= lune, le jour Keng-chin, il eut une étoile qui
parut près du petit Cheval. Elle avoit une queue courte et
rayonnée , et imitoit le bruit du tonnerre. Elle alla vers le nord-
est où elle disparut. Une lumière rouge éclaira la terre. — A
la 11= lune, le jour Sin-tcheou , il eut une étoile qui sortit
au nord-est de A de la grande Ourse. Elle coula avec rapidité,
eu faisant un grand bruit et jetant une vive lumière.
loif). A la lu' lune, le jour Jin-yen, il sortit du Lion une
étoile grande comme une écuelle, avec une traînée de lumière
jaune; elle se dirigea lentement vers la limite du Thaï-weï;
long-temps après on entendit comme un coup de tonnerre.
1028. A la 4' lune, le jour Ria-chin , au moment où l'horloge
de nuit alloil s'arrêter , il y eut une étoile de la grosseur d'un
boisseau qui alla du nord au sud-est, en jetant sur la terre une
vive lumière. On entendit un bruit semblable au tonnerre. Elle
avoit une queue de plusieurs dixaines de pieds, el elle fut long-
temps à se disperser , et un nuage d'un blanc - verdàlre la
remplaça.
io52. A la 5^ lune, le jour Koue'i-sse , une étoile parut près
de A la grande Ourse, passa près des Gémeaux, et se perdit
dans cette constellation, en jetant une grande flamme, el faisant
un grand bruit. La clarlé se répandit jusqu'à terre.
1046. A la G' lune, le jour Ting-sse, une étoile sortit de
Pégase; elle étoit de la grandeur d'une écuelle, jetoit de la clarté
562 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
sur la terre et faisoit un grand l)ruit. Ellu se dirigea vers le nord,
et se perdit dans Cassiopëe.
*io5j. A Hoang-liei, on Corée, à la 1" lune, il tomba une
pierre avec un grand bruit de tonnerre. Celle pierre ayant élé
envoyée à la Cour, le président de la Cour des Rites dit qu'il
éloit tombé une pierre dès le temps des Thsin, et qu'on avoit
observé ce phénomène de temps en temps, sous les dynasties
de ïsin et de Thang; qu'ainsi ce n'éloit pas là une chose ex-
traordinaire et sans exemple, ni qui annonçât rien de fâcheux.
loSg. A la 5° lune, le jour Koueï-tchcou, une étoile sortit
de Pégase; elle étoit de la grandeur d'une écuelle , et d'un
rouge-jaunâtre. Elle se dirigea rapidement vers le sud -ouest,
du côté du Verseau , où elle disparut en jetant une grande
flamme et produisant un grand bruit.
io6o. A la 1" lune, le jour Sin-mao, une étoile de la gran-
deur d'une écuelle, et d'un jaune-rougeâîre, sortit du Taureau,
alla rapidement du côté de la Baleine, et disparut en produisant
une vive lumière qui se répandit à terre. La traînée de feu
qu^elle laissa étoit comme une flamme, et quand elle se dissipa
il y eut comme un coup de tonnerre.
1064. A la 2" lune, une étoile sortit du cercle de perpétuelle
apparition, à côté de Céphée. Elle alla au nord-ouest, du côté
du Serpent, et s'éteignit en jetant une vive lumière, et faisant
entendre un grand bruit. Sa queue paroissoit enflammée.
1067. A la 4' lune, le jour Ki-yeou , une étoile de la gros-
seur d'une coupe, sortit à l'orient de la tête du Scorpion, se
dirigea lentement vers le sud-ouest, et vint disparoîlre dans la
Vierge. Elle étoit d'un jaune -rougeàtre, avec une queue qui
jetoit une vive lumière; et elle fît un bruit connue celui d'un
drapeau qu'on agite.
1078. A la 6' lune, le jour Kia-tchin , dans la partie du sud-est,
il y eut une lumière qui éclaira la terre. Une étoile de la gran-
deur d'une coupe sortit du Dauphin et vint dans la grande
Ourse, oii elle éclata avec un fracas semblable au bruil du
tonnerre.
II02. A la 10" lune, le jour Jin-lseu, une étoile sortit de
Persée; elle éloit comme une coupe, et elle coula rapidement
jusqu'au Cocher. Elle éloit d'un bleu-noiràlre avec une queue.
Elle fit entendre plusieurs coups successifs.
1106. A la 12' lune, le jour Jin-slu, une étoile sorlit d'An-
dromède, passa rapidement vers le sud, entra dans la Baleine,
et s'y perdit. Elle étoit d'un blanc-verdàtre, avec une queue de
ET d'histoire naturelle. 563
3o pieds. Sa lumière éclairoit la lerre, et elle fît enlendre un
bruit comme celui d'une étoffe qui se déchire.
II 08. A la 2= luue, le jour Rouei-mao, une étoile sortit
d'Andromède. Elle étoit comme une coupe. Elle coula avec ra-
pidité vers le nord-ouest et entra dans Céplîée. Elle étoit d'un
hlanc-verdâtre, avec une queue qui jetoit une grande lumière,
et elle disparut avec un grand bruit. v
1120. A la 6' luue, le jour Kouei-lcheou, unÀ étoile de la
grosseur de cinq boisseaux, suivie de plusieurs points lumineux,
jela sur la terre une grande clarté. Elle naquit dans le sud-est
et tomba dans le nord-ouest, avec un bruit semblable au tonnerre.
ii85. A la 7*^ lune, le jour Phing-chia, il y eut un globe
de feu qui prit naissance près d'Hercule, se dirigea lentement
vers le nord-ouest jusqu'au Bouvier, à l'ouest duquel il s'éteignit.
Au moment où il tomba, une flamme parut, et une vingtaine
de petites étoiles en jaillirent; elles étoient rouges, et l'explosion
se Ot avec bruit.
11S4. A. la 4" lune, le jour I-lcheou, un globe de feu tra-
versa les nuages en allant lentement du zénith vers le nord-est.
Au moment où il s'éteignit, il avoit une queue, et jetoit une
grande lumière; il paroissoit suivi de petites étoiles d'un blanc
tirant sur le bleu. Il éclata avec bruit. Il étoit delà grosseur de la
planète Vénus.
I22I. A la II' lune, le jour Jin-siu, un glèbe de feu imita
le bruit du tonnerre.
(Ici finit le Catalogue de Ma-touan-lin, qui écrivoit vers celte
époque. Le supplément de son ouvrage, qui en conduit les
différentes parties jusqu'à nos jours, n'existe pas à la Bibliothèque
du Roi.)
*i5i6. A la 12° lune, le 25' jour, à Chun-khing-fou , dans
la province de Sse-tchhouan , il n'y avoit ni vent, ni nuages.
Tout à coup le tonnerre gronda, et il tomba six pierres; les
plus pesantes éloient de i5 livres, et même de 17 livres. Les
plus petites pesoient une livre , ou même seulement dix onces.
*Le Rocher dupôle, en mogol Khadasou tsilao, qui est à la source
du fleuve Jaune, sur le bord septentrional de la rivière d'Altan ,
ou d'Or, est une pierre debout d'environ 40 pieds de haut,
isolée au milieu d'une plaine, et conmie ceinte de parties d'une
couleur rouge, probablement d'oxide de fer. La tradition du
pays est que ce rocher est une étoile tombée. — C'est sans doute
une niasse de fer atmosphérique à ajouter à celles de Rrasnoyar,
d'Oiumpa, etc.
564 JOURNAL DE PII^'SIQUE, DE CHIMIE
tJ l i ' 1
SUITE DE LA DESCRIPTION DE L'ETNA,
Avec l'histoire de ses Eruptions et le catalogue de leurs
produits ;
Par m. l'abbé François FERRARA,
Professeur de Physique à l'Université de Catane , Intendant royal des Antiquités
de Sicile, etc., Docteur en Philosophie et en Médecine, et Membre de plusieurs
Académies. Palerme, 1818. Unvol. in-8°,
EXTRAIT Par m. le Docteur FODERA.
Seconde partie^ ou Histoire des éruptions.
Il y avoit déjà bien long-temps que l'Etna voniissoit des flammes,
avant que les hommes eussent la pensée de transmettre à la
poste'rilc l'histoire de ces terribles phénomènes. Aucun monu-
ment historique n'existe, qui fixe l'époque de sa première érup-
tion. Tout ce nous savons, selon Diodore, ne date que du temps
des Sicanes , où les éruptions furent si épouvantables, que ce
peuple abandonna le côté méridional de la Sicile. M. Ferrara,
dans son ouvrage, rapporte tout ce qu'on sait des éruptions du
temps des Grecs et des Romains, et parle aussi de celles qui
ont causé beaucoup de ravage dans la ville de Catane, et du
terrible tremblement de terre qui a détruit cette ville toute en-
tière vers le douzième siècle; il fait l'histoire des incendies des
années iSag, i536, et des époques intermédiaires. Dans la
dernière éruption, il est remarquable, comme le rapporte Sal-
vaggio, qui l'a observée , que la lave brûlante passant sur les
glaces adossées à la montagne, produisit un torrent impétueux
d'eau suivi par celui de la lave. Tout le monde connoît la fa-
meuse éruption de i6Gg, qui a présenté des phénomènes si ex-
traordinaires, qu'on voyoit encore couler la lave quatre mois
après l'éruption, et on a observé même qu'elle étoit chaude
après 8 ans.
Dans le XVIIP siècle, plusieurs éruptions ont eu lieu, parmi
lesquelles on a remarqué celle de l'an lySS, où la lave en sortant
du cratère, a fondu une énorme quantité de neige, et a produit
un torrent impétueux, qui, en se précipitant par les lieux es-
carpés
ET d'histoire naturelle.. 565
carpes du vallon Trifoglielo, a enlrainé tout; c'est le même
phénomène de l'éruption de l'an i536. Sur la cause de ce phé-
nomène, il y a eu différentes opinions. Le chanoine Recupero,
dans un Mémoire lu à l'Académie de Calane, a prétendu que
les eaux ont été vomies par l'Etna, et il avoit adopté la même
explication que Nollet avoit donnée de l'inondation qui eut lieu
en même temps que l'éruption du Vésuve de l'an i63i. Nollet
a imaginé, que les eaux de la mer avoient des communications
souterraines avec le Vésuve, et que le vomissement des eaux
s'est produit par un procédé semblable à celui de l'éolipyle.
Mais dans l'Histoire du Vésuve de lySy, faite par l'Académie
des Sciences de Naples, on a prouvé, que les eaux qui ont
produit l'inondation dans l'an i65i , ont été le résultat de pluies
très -abondantes. Gluliani dit la même chose, et le savarrt
Porpo assure que c'étoit une erreur de croire qu'on a trouve
des coquilles dans les matières entraînées par l'inondation. M. Fer-
rara a été assuré par des vieillards dignes de foi , qui se sont
transportés sur le lieu le lendemain de la descente des eaux, et qui
ont observé avec soin, que dans le haut de la montagne, le côté par
où a eu lieu l'inondation, étoit noirâtre sans neige au milieu
de tout le reste où la neige brilloit par sa blancheur. Les bases
sur lesquelles ces opinions se fondoient étant absolument
fausses, les explications par conséquent tombent d'elles-mêmes.
On n'a jamais observé, ni dans le Vésuve, ni dans l'Etna, des
éruptions avec vomissement d'eau , et cela doit montrer com-
bien sont gratuites les théories des volcanistes qui ont tiré parti
de ces faits mal observés.
Dans l'éruption de l'an 1792, vers le sud-est, sur le haut de
la montagne s'est ouvert un gouffre, quia lancé des morceaux
de lave ancienne, humide, et des masses d'argile imbibée d'eau,
de sorte qu'on pouvoit la pétrir , et les parois de cette cavité
étoient aussi baignées. Quand l'éruption eut cessé, on observa
différentes couches de matière, la plupart de couleurs variées
qui s'étoient superposées par les différentes éruptions. Dans la
même direction sud-est, se sont ouvertes d'autres bouches; de
la plus basse, qui étoit de 4 pieds de diamètre, dans les pre-
miers jours il sortoit très-lentement de la lave liquide, de sorte
que M. Ferrara a eu l'occasion d'observer cette coulée à son
aise, et d'en étudier les phénomènes dans le moment où l'é-
ruption se faisoit. Il n'a éprouvé aucune chaleur, même en re-
gardant dans l'ouverture; un bruit sourd annonçoit qu'il devoit
gortir de la lave; en effet, deux ou trois jets parurent au dehors
Tmie LXXXFUL MAI au 18.9. h^
Z66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÏCIIIMII!
des bords, et le reste tomba au fond comme si la forcG man-
quoit. Ces pliénomènes se reproduisoieiit par intermittence , et
M. Fcrrara, dans les intervalles, s'approchoit de l'ouverture. Après
quelques jours, cette lenteur de phénomène changea en une
scène horrible, et la suite de l'éruption a été terrible , comme
dans les éruptions ordinaires.
Eu 1800, dans le village de Malvagna, à .i5 lieuds du cra-
tère, une heure et demie avant le coutlier du soleil, le ciel
s'obscurcit subitement, et les paysans furent forcés d'allumer
lès' chandelles pour y voir. Dans cette position, ils se trou-
•voiédt tousallarmés, ils entendoienl dans l'air uu murmure , et i5
minutes après une pluie de scories uoires de difTérens poids ,
commença à tomber, et blessa plusieurs personnes. Ces ma-
tières échauffèrent tellement l'atmosphère, qu'une pluie d'eau
très-abondante, qui tomba quelques temps après, étoit tiède.
Dans le mois d'avril de la même année , une grande quantité
de scories brûlantes tomba vers l'orient sur la neige qui , en
se liquéfiant , produisit un torrent, et le vulgaire a cru que
le cratère avoit vomi de l'eau.
Toutes les époques dont nous n'avons point parlé, n'ont
présenté que des phénomènes connus par les naturalistes. Les
dernières éruptions ont été observées par l'auteur même, et il
les a décrites avec une grande exactitude.
Troisième partie^ ou Catalogue des produits volcaniques.
Dans les temps de calme, l'Etna exhale une fumée blanche,
qui est de la vapeur d'eau acidulée, avec laquelle se mêlent
des vapeurs sulfureuses et hydro-chloriques , qui lui donnent
la couleur blanche, l'odeur piquante et qui suffoquent. La vapeur
sulfureuse qui, eu s'exhalant, rencontre dti fer, donne aux masses
qui en contiennent , des couleurs jaune , rouge ou d'un beau
vert; avec l'alumine elle forme le sulfate d'alumine; avec la
chaux et la magnésie, le sulfate de chaux, et celui de ma-
gnésie; et du sulfate de potasse, avec la potasse. La vapeur
bydro-chlorique forme des .sels avec le fer, la chaux et Ta soude.
Le soufre en vapeur se dépose en stalactite sur le cratère. Les
vapeurs acides décomposent les laves, en réduisant les unes en
poudre, en faisant devenir les autres caverneuses, il ne reste
alors que la silice indécomposée seule base de la lave. Les cris-
taux qui sont mêlés avec la lave , quelquefois sont décomposés
et d'autrefois résistent à la décomposition. Les vapeurs qui pro-
duisent ces explosions terribles, sont, outre les vapeurs d'eau , les
ureuses et les Lydro-cliloriques ; el peul-êtie d'autres qui sont
jmiues, à cause de l'impossibilité [où l'on est de les analyser.
ET d'jiistûire naturelle. 307
sulfure
inco
Les pierres et les terres qui sont lancées par l'Etna, sont,
1°. tout ce qu'on appelle cendre volcanique , qui est composée
presque, toujours d'alumine, de silice, de chaux, de magiiésie
et de fer en diverses proportions; leurs couleurs varient ,. el
M. Ferrara en décrit sept variétés; 2". les scories, qui sont très-
légères, gonflées, caverneuses, arides, vitreuses el fragiles,
sont composées de beaucoup de silice, d'alumine, de fer,, de
magnésie et de chaux carbonatée, et on y trouve du feld-spatb,
du pyroxène et de la chrysolithe. Leur aspect varie beaucoup,
et l'auteur fait l'énumération des principales variétés; 3°. les
sables sont la même chose que les scories réduites en morceaux
très-petits, et il en décrit plusieurs variétés, dans lesquelles
on trouve abondamment des cristaux de pyroxène et ceux de
fcld-spalh et de chrysolithe; 4°- les pouzzolanes, qui se trouvent
sous et dans le milieu des couches de scories et de sable , son.t
des matières terreuses plus pesantes que les scories, plus terr*
reuses que les sables , brunâtres ou rougeàtres , et on les re-'
garde comme des tcrresargilo-ferrugineusescuites parle feu volca-
nique : il en fait connoître différentes variétés; 5°. des mdrceaux
de lave ancienne, qui se trouvent au milieu des scories et des
sables , et qui ont la vertu d'attirer l'aiguille aimantée.
Les torrens de lave sont de la même nature que la pierre
cornée; ils sont composés d'alumine, de sous-carbonate de ma-
gnésie et de chaux , de fer et de beaucoup de silice en diverses
proportions dans les différentes laves. La plupqrt de ces laves
contiennent du feld-spalh , de la cinysolilhe et du pyroxène.
La lave liquide et incandescente, semble avoir une espèce de
combustion , ce qui est l'effet des substances salines qui se mettent
en vapeur quand elle commence à se refroidir ; la partie ex-
térieure perd sa fluidité, mais l'intérieure étant liquide et cour
lanle , cherche à se faire jour par les endroits les moins ré-
sistans delà superficie refroidie , c'est-à-dire à la partie supérieure
delà lave, ou dans les fentes produites parles flnicles élastiques, ou
par le rétrécissement de volume, effet du refroidissemetn. La lave
est liquide, même après plusieurs mois, et cliaude après plu-
sieursannées, comme on l'a observé dans la lavede 166g. A peine
la partie supérieure commence à se refroidir, que la chaleur de la
lave inférieure a très-peu d'action sur la partie refroidie. Correra
~dit qu'en i636, ayant jeté vue pierre sur la lave coulante,
Aaa a
568 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIUMIE
celte pierre flolloit, et un liomme hardi, en mettant le pied dessus^
a passé de l'autre côte. Dans l'année i66g, les paysans de Ca-
lane faisoienl des routes sur la lave coulante, et des faits sem-
blables se sont présentés dans les années 1780 et 1792. I^alave,
dans le moment de se refroidir par le développement des gaz
et par l'effet de la condensation, prend des formes irrégulières
et différemment sillonnées. Beaucoup de masses de lave se sé-
parent par couches comme les schistes; et M. Ferrara , dans le
bas de la montage du Pilore , a observé des morceaux de schiste
argileux delà même couleur, de la même fissure, composés des
mèiiies principes rpie ceux de la lave, de sorte qu'ils éloient
Î)arfaitement semblables, tant par les caractères internes, que par
es formes externes; et il semble, selon l'opinion de l'auteur, que
cette tendance à se séparer par couche, soit si naturelle à cette
pierre, que la liquéfaction volcanique ne l'a point changée, et
qu'elle l'a reprise après le refroidissement. M. Ferrara , qui a par-
couru tout riLlna , n'a jamais rencontré dans les laves modernes,
des masses prismatiques, excepté deux petits prismes de 1 pied
de longueur et de demi -pied de diamètre dans le milieu de
beaucoup de masses informes aux environs de Monle-Finocchio.
Ce cas. singulier est une exception qui est due à des circon-
stances inconnues, qui ont permis à la lave de prendre la figure
à laquelle elle tend naturellement.
Dans les croûtes et les fentes de la lave refroidie, on trouve
de l'hydro-chlorate d'ammoniaque en grande abondance, et l'au-
teur décrit trois variétés de ce sel ; de l'hydro-chlorate de soude
en petite quantité, du fer oligiste et du sous-carbonate de soude.
Les laves ont une gradation progressive dans leur densité et
dans leur solidité, de sorte qu'on passe des laves compactes
aux poreuses et de celles-ci aux scories. Les laves compactes
forment la majeure partie de la masse de l'Etna , quoique Dolomieu
ail affirmé le contraire; et M. Ferrara en décrit 26 variétés; les
poreuses sont remplies de cavités plus ou moins grandes , et
il en compte cinq variétés; les scories enfin, sont gonflées,
remplies de vide, légères , et il en fait cinq autres variétés.
Toutes ces matières lancées par le volcan , se détruisent par
les causes décomposantes extérieures. Les premières qui subissent
ce changement sont les scories, qui sont très-fragiles dans leur
structure; car les causes de destruction y agissent avec plus
d'énergie. Les laves poreuses sont moins exposées h la destruc-
tion ; enfin les compactes y résistent plus long-temps. Les laves
qui se détruiseut les premières par conséqueat ne sont pas les
ET d'histoire naturelle. SGg
plus anciennes, mais les plus fragiles dans leur composition et
leur slruclure; en effet, une grande partie de laves détruites à
la superficie de la montagne sont des laves modernes; et au
contraire les laves des anciens volcans éteints existent encore
inlacles. Les laves qui sont très-compactes, denses et pesantes,
ont résiste' à la destruction , et elles résisteront encore long-
temps. Notre auteur fait la description de neuf variétés de laves
en décomposition.
Lorsque les laves sont décomposées, la première végétation
qu'on y aperçoit, est celle des lichens et autres plantes cryplogami-
ques; parmi les phénogames, le cactus opuntia y \é^è\.e même sav
les laves non décomposées. Les cendres volcaniques sont propres
à la végétation, an moiT,ent même qu'elles tombent; pour les
scories et les sables, il faut attendre un plus long-temps pro-
portionné à la grandeur de leurs petits fragmens , et à la fia-
gilité de leur structure; et à fur et mesure que la terre végétale
se forme, la végétation prend plus d'énergie et de vigueur.
Les usages de la lave compacte ne sont pas moins intéressans
que ceux de la lave décomposée. Toutes les villes et tous les
villages qui environnentl'Etna, sont construits de lave sur une base
délave; on en fait des ornemens, des temples, comme colonnes ,
statues, etc. ; on en fait aussi des meules , des tables, des boites,
des écritoires, etc., et on s'en sert dans les verreries pour fa-
briquer de belles bouteilles noires. Les pouzzolanes de l'Etnasont
un excellent ciment pour construire les édifices.
L'auteur termine cette troisième partie, en indiquant aux voya-
geurs la meilletu-e route à suivre pour monter à l'Etna, et pour
jouir le plus du spectacle sublime et ravissant que présente cetla
magnifique jmontagne.
Quatrième partie. Considérations géologiques et physiques.
Les anciens volcans de la Sicile, qui s'étendent dn cap Pa-
chioo jusqu'à l'Etna , sont couverts par un terrain calcaire ar-
gileux rempli de grandes et nombreuses coquilles. On remarqi'.e
que les couches du terrain et celles de la lave , sont le plus
souvent posées alternativement les unes sur les autres, comme
on l'observe encore dans les limbes de l'Etna, non couverts
par les laves modernes; en conséquence ces volcans brîiloient
dans un temps où la mer couvroit la Sicile; carie même terrain est
répandu dans tout le reste de celte lie. Il n'existe cependant aucun
moaumeat ni historique, ni physique, qui nous atteste si l'Etna
^JO JOUIINAL DE PHYSIQUE^ DE CHIMIE
Inîiloit dans le le'îîîps ou,'!? Jii.er. couvroil la Sicilç; ce qui est
c-<irtain, c'est' que ' les immenses coulées de laves modernes
ont enseveli le terrain qui avoit vu disparoîlrc la mer. Il semble
que l'Etna devroit s'élever en proportion da nombre d'éruptions
qui s'accumulent pour former son immense cône; mais les causes
do destruction en balancent les eiïets; car les eaux qui tombent
du cieltransportent vers les bords les cendres, les sables, les-
scories, etc., qui se trouvent sur le haut de la montagne, d,e._
sorte que l'élévation absolue du grand cône semble être restée
presque la même depuis les temps anciens jusqu'aujourd'hui ;
et s'il y a quelque changement de hauteur, cela est dû au petit
cône qui se superpose au grand; mais cette élévation est éphé-
mère, étant sujette à disparoître ou à s'élever par les diverses
éruptions.
Vers le côlç oriental, les eaux en transpoijtant, soit les débris
de destruction, soit les cendres, soit les sables volcaniques des
masses de lave, soit de la terre calcaire argileuse, qui forme
la base sur laquelle l'Etna s'élève, ont formé une plaine qu'on
appelle Plaine délie Giaire^ de 6 milles de longueur du nord
au sud , de 2 de largeur , et qui est baignée par la mer. Avec le
terrain d<3 cette plaine, qui est au même niveau que la mer,
se.l(Ouve mêlé du sable quartzeux d'un blanc jaunâtre, que la
nier.j dépose en la tirant de son fond; ce qui nous prouve
que la mer, par l'accumulation de ces matières, a été forcée
de reculer; que son niveau, dès le moment que cette plaine
a commencé à se former, n'a jamais changé; et que dans la
révolution qui a forcé les eaux d'abandonner le sol de la Sicile,
leur marche, a été subite, et leur rétrogradation n'a point été
progressive. Dans d'autres endroits de la Sicile, il existe d'autres
faits qui prouvent cette dernière conséquence.
M. Ferrara, pour concevoir les foyers de l'Etna , avance une
hypothèse très-ingénieuse. Il imagine un grand nombre de con-
duits et de cavités, qui tous en se dirigeant en, différens sens,
communiquent avec le centre du grand cône de l'Etna , où il
existe , selon lui, une cheminée non cylindrique, mais irré-
gulièrement contournée. U pense que la bosse du grand cône
n'est pas vide , mais que les matières qui ont alimenté les di-
verses éruptions, ont été fournies par les conduits qui, en dif-
férentes directions, sont répandus dans les souterrains envi-
ronnans ; c'est dans ces cavités que brûlent les matières qui
alimentent le volcan. Pour cela , il suppose qu'il y a des mines
de sel murialique, de soufre et de pyrites, qui sont décom-
poséeis par les ealix, non de la tiier, opinion q'ji'il cpmpal,, mais
par celle's des pluies qui s'iiifiltcciVt au-desslis delà lerVe. Alors
Je dëveloppemeivt du calorïqyè , effet de la décômpositiun des
pyrites , met en vapeur l'ëàu , décompose le sel murialigue , et
la pressent ne tout cote, ex la rorceiu a savaiitui^ >eij>_it:^
points les moins re.sistaus des' cavités lèt'dèi cçn'duîts; .et si la
lave leur fait obstacle, bile est 'cbasè'éè |ën" ayiiiït,' soulevée et
expulsée au dehors. 11 p'erisè que dans le' 'cas où les criipliohs ne
se font pas sur le cratère , mais sur les flancs de la monlai;ne>
lès matières ignées ne viennent point directement du fond de
ces gouflres nôuveaiix qui se fohil'ent, hials qu'elle'^ sont portées
dans le canal de l'axe du grand CL)'nè' jVa'r lès conduits souter-
rains, et que trouvant des fentes. produites , soit par les trem-
blemens, soit'par le, feu, soit par le peu de vésislance que pré-
sentent les parois. Celte matière y coule du liaut en bas jusqu'à
l'endroit où doit se former la nouvelle éruption. Nous n'insis-
terons pas davantage sur celte question, qui n'.est autre ebosç
qu'une hypothèse que chacun appréciera'., " . i /,.,-',;'
Les laves contiennent des cristaux de feld-spath , dépyroxène
fel de chrysolilhe. M. Ferrara â refroidi subitement dans l'eau ^
des morceaux délave coulante , et il a observé les mêmes 01,'is-
taux. De plus, en l'auiiée 1792, il a trouvé une masse de.pélro-
silex rougcâtre, altérée seulemeul d'une manière légère sur la
superficie,etdont toutlereste étoit parfaitementinlact, quoiqu'elle
fïit en contact avec la laVe brûlan(e , e( qui avait été voml^
par le volcan., Ces faits le portent à conclure , que.J'i ni enfile
du feu volcanique n'est pas aussi grande que rimaginatiou se le
représente h l'aspect des phénomènes (ei-i iij'é's des éruptions. Si
des laves ont élé observées brûlantes après plusieurs mois et
chaudes après des années, cela iuc^ique que les laves sont de
très-mauvais conducteurs du caloi;iq.u&.. ,', < ,<^.,',jr, aol , ; i', '';•
I En faisant l'analyse de la p>émH:re;'n!9;'4rè|j nous j^VOii^ décri^
tbus lès endroits où s'olïsèrvéVi' ^es'ni.TS.sè.s. dé laves _ai;!ii/:iuesj
tioùS avons vu que des colonnes prisii'.'jliqu'es liex-igones conif
posoienl qcs masses; que le rocher de' la 'Moiuij les écucils
des Cyclopes , étoienl compcsés de c- s lave^ antiques, dans
lesquelles ou trouve des cristaux de chaux carbonaee, de zéo-
lilhe et de cyclopite , substances qui tont les produits des eaux
jparines, qui les ont déposées etinfiltrées, et qui se sont cristal-
lisées, comme le prouve d'une manière évidente la cyclopite
^7^ JOURNAt nE PHYSIQUE, DE CHIMIE
qui se Irouvo dans les fentes de la marne argileuse qui couvre
les lies des Cjxlopes. M. Ferrara conçoit la formation des ba-
siiltes ainsi qu'il suit : il semble iucouleslable que les \olcans
anciens ont brûlé pendant que la mer couvroit les lieux sur
lesquels la lave se rëpandoit, comme le démontrent les couches
alternées de calcaire argileux et de lave ancienne; or, dans les
éruptions, les torrens de lave ne pouvoient pas s'étendre bien
au-deia de la bouche qui les vomissoit , étant refroidis par le
contact de l'eau de la mer; il s'ensuit qu'ils dévoient s'accu-
muler en grande quantité à côté du cône qui les lançoil. Alors
commela partie externe se condensoil, et quela laveintérne restoit
Jiquide, parce qu'elle est très-mauvais conducteur du calorique,
jes parties internes, liquides par conséquent, se refroidissoient
lentement, et le rapprochement naturel de la lave a donné aux
niasses la figure à laquelle elle tend naturellement. En effet ,
les basaltes de la Motta étoient couverts par une croûte de
lave irregnlière, et on observe encore les débris de celte croûte
aux environs de ce rocher.
L,et ouvrage est orné de cinq planches. La première donne
Je plan de l'étendue de l'Etna et de ses environs; la deuxième
lait voir 1 Etna vu du côté du midi; la troisième représente
1 iv^*^"^''^ ^t 'es îles des Cyclopes; la quatrième le rocher de
iTr "^' et dans la cinquième enfin, est représenté le spectacle
sublime et terrible de la nuit du i8 juin 1787.
L ouvrage dont nous venons de faire l'extrait, est le plus
complet de tous ceux qui ont paru jusqu'à présent sur l'Etna;
'1 est fondé sur des observations très-mullipliées et faites avec
la plus grande exactitude. M. Ferrara, par ses travaux estimés
sur la Minéralogie et la Géologie de la Sicile, s'est rendu cher
a la science et à la patrie des Empédocle et des Archimède.
son zèle et son amour pour l'observation sont les sûrs garans
des nouveaux progrès qu'il fera dans la carrière où il s'est déjà
SI bien signalé. 11 seroit à désirer qu'on cultivât avec la même
a.rdeur, les autres branches de l'Histoire naturelle, particulière-
nient la Zoologie. La mer de cette île fertile, non moins riche
en animaux que son sol en végétaux, est bien propre à exciter
la cunosjlé savante des naluralisles.
SUITE
ET d'histoire naturelle. SyS
SUITE DU MEMOIRE
Sur les Phénomènes de la Sanguification et sur le Sang
en général;
Par m. W. PROUT, M. D.
Chyle d'un chien nourri de suistances végétales. D'après la
description qu'en donne le D'' Marcel, il avoil, peu de temps
après avoir été recueilli , la forme d'un fluide demi-transpa-
rent, inodore, incolore, ou du moins avec une légère teinte
laiteuse, analogue à celle du petit lait étendu d'eau. Dans ce
fluide , étoit une masse globuleuse ou coagiduni, qui étoit aussi
semi-transparente, et presque incolore, et qui avoit l'apparence
ou la consistance du blanc d'œuf, ou de ces gros caillots trans-
parens et gélatineux de matière albumineuse qui sont quel-
quefois sécrétés par des surfaces euilammécs. Celte masse avoit
une légère teinte d'œillct, et l'on yoyoil quelques filamens très-
fins , rougeâtres à sa surface. Je n'ai à ajouter à cette descrip-
tion , rien autre chose sinon que ce chyle ix'altéroil en aucune ma-
nière la teinture de tournesol, et ne coaguloii pas le lait. Toutes
les autres observations du D' Pdarcet s'accoruent entièrement
avec les miennes. Il a trouvé que ie caillot, lorsqu'il a été sé-
paré du sérum, cédoit aisément sa sérosité , ou une portion
fluide, et étoit réduit à la longue à un très-petit volume. La
pesanteur spécifique du sérura a été trouvée par lui, être dans
différentes occasions 1,021 5 et 1,022. 11 paroît qu'il a pensé
que le. sérum, ainsi que le caillot, contiennent également de
l'albumine. La portion de matière solide, contenant des sels,
a varié dans les différentes expériences de 4^8 à 7,8 pour cent.
La proportion des matières salines étoit presque constamment
d'environ 0,92 pour cent.
Chj'le d'un chien nourri de substances animales. I^a descrip-
tion que le D"" Marcel a donnée de celte espèce de chyle, con-
corde entièrement avec la mienne. Il le décrit comme semblable
au précédent , excepté qu'au lieu d'être presque transparent et
sans couleur, il étoit blanc opaque , comme de la crème. Le
caillot étoit aussi blanc et opaque, et avoil une teinte d'œillet
plus marquée, avec une apparence semblablç de vaisseaux saa^
Tome LXXXVm, MAI aa 1819. Bbb
574 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
guins fort petits. Le caillot, comme dans le cas pre'ce'denl ,'
abandonna graduellement une certaine quantité de fluide sé-
reux, jusqu'à ce qu'il ne restât presque rien, si ce n'est une
petite quantité d'une substance opaque, pulpeuse, ayant quelque
ressemblance avec la crème épaisse, et contenant de petits
globules, outre les particules rouges citées plus haut. Le résida
du caillot devint, dans le cours de trois jours, entièrement pu-
tride, tandis que celui obtenu de la nourriture végétale, n'avoit
pas encore éprouvé ce chaugement. La partie séreuse par le
repos, a pris à sa surface une apparence de crème. Sa pesanteur
spécifique, et ses autres propriétés, étoient du reste semblables
à celles du cbjle végétal. Il a abandonné une quantité de ma-
tière solide contenant des sels, variables de 7,0 à g,5 pour cent.
La proportion des sels éloit comme dans le précédent.
Voici les résultats de l'analyse de ces deux espèces de chyle :
Noa'rit. Ti-get. Nourr. anini.
Eau. 93,6 . . . 89,2
Fibrine 0,6 . . . 0,8
Albumine commençante 4,6 . . . 4j7
Albumine avec un peu de matière co-
lorante rouge 0,4 • • • 4>^
Sucre de lait des traces . . id.
Matière huileuse des traces . . id.
Matière saline 0,8 . . . 0,7
100,0 100,0.
J'ai suivi , pour ces analyses , presque le même procédé que
pour celle du chyme; ainsi j'ai évalué la quantité d'eau en fai-
sant évaporer au bain-marie, une certaine quantité déterminée
de chyle jusqu'à siccilé. Le caillot a été lavé plusieurs fois
avec de l'eau chaude, jusqu'à ce qu'il cessât de donner quelque
chose au fluide; le résidu étoit une petite portion d'une sub-
stance ne différant que par de légères particularités de la fibrine
du sang. La différence la plus remarquable, étoit sa plus grande
difficulié d'être dissous dans de l'acide acétique étendu. C'est
pourquoi il a été considéré comme de la fibrine. En ajoutant de
l'acide acétique étendu à la portion séreuse, et en chauffant, il s'est
produit un précipité abondant, lequel, par conséquent, n'étoit
pas de l'albumine. 11 diffère aussi de la matière caseuse du lait,
parce qu'il étoit réellement et complètement précipité par l'oxi-
muriale de mercure. Je l'ai nommé Albumine commençante, et je
ET d'hISTOIRï NATUREtr.!:. %j5
considérerai pluscomplèlemenl sa nature par la suite. Après l'ex-
Iraction de ce principe par le filtre , en ajoutant duprussiate de po-
tasse à la solution acétique , il s'est fait un précipite abondant , que
j'ai considéré comme de l'albumine. Dans le sérum du chyle
végétal, j'ai aperçu des traces de sucre de lail qui n'ont pas
été vues dans le cbyle animal. Dans l'un et l'autre, mais surtout
dans le dernier, j'ai reconnu des traces évidentes de substances
huileuses. Les sels étoient surtout des muriates alcalins, avec
des traces de sulfate et peut-être de lactate, ce dont je ne
suis pas certain , surtout pour ce dernier.
Le chyle des oiseaux, des poissons et des animaux inférieurs
n'a point encore, que je sache, été examiné. Ses propriétés,
par conséquent, sont encore, jusqu'à présent, entièrement in-
connues, ce qui est très à l'egretter.
Sanguijïcatioti. Le chyle passé du canal ihoracique dans le
système sanguin, où il se mêle avec la masse générale de fluides
circulans, après avoir traversé immédialemenl les poumons
où il est exposé à l'air, paroit y arriver à son dernier perfec-
tionnement et y être converti en sang. Cette fonction est la res-
piration, dont nous allons rapporter brièvement les phénomènes
sous les cinq questions suivantes :
1°. Les phénomènes de la respiration sont-ils les mêmes dans
toutes les espèces d'animaux?
2°. Un autre gaz que l'oxigène peut- il être employé dans
la respiration ?
3°. Les phénomènes de la respiration sont-ils les mêmes en
degrés dans les différentes classes d'animaux comparées les unes
aux autres, ou dans différcns animaux de la même classe?
4'. Les phénomènes offrent-ils quelques différences en degrés
dans le même animal, dans des temps différens?
5°. Le sang peut-il être important comme un tout ou comme
une partie seulement dans ces phénomènes?
1°. Quant à la première question , il est généralement reçu
que, dans les animaux les plus parfaits, et qui ont les organes
delà respiration semblables à ceux de l'homme, les phénoniènes
paroissent être les mêmes. Mais dans les animaux inférieurs ,
il y a plusieurs différences que nous allons rapporter. Les pois-
sons, par exemple, n'ont pas de poumons et ne respirent pas
l'air en nature. On a cependant découvert anciennement , et
confirmé par des expériences récentes , que ces animaux ne
peuvent vivre dans de l'eau privée d'air, ou au moins d'oxigène,
ou mieux, qu'ils ont également besoin que l'oxigène soit mis
Bbb 2
\
876 ÏOURNAt t>ï PllVSIQUiE", dÈ ClîlMIï!
en conlact avec leur sang, pour qu'il soit converti en acide cai*-'
bonique, absolument comme cela a lieu dans les animaux qui
respirent de l'air. Cette opération se fait par leurs brancliies
qui sont en eflet leurs poumons. II paroît cependant qu'il y
a encore des différences assez importantes; ainsi, d'après les
expériences d'Ermann, le cohitu fossilis a une sorte de double
respiration. « Dans l'eau contenant de l'air, le poisson respire
comme à l'ordinaire, au moyen de ses branchies; mais si l'eau
a été privée d'une portion de gaz oxigène , le poisson vient à
sa surface , aspire de l'air par sa bouche et Tavale. Cet air pénètre
dans les intestins, dont les vaisseaux sanguins sont rougis, et
lorsqu'il a perdu sa portion de gaz oxigéné , l'air est rendu par
le rectum. « Il a aussi été démontré dernièrement par M. Biot,
et confirmé plus récemment par Configliachi et Delaroche, que
la vessie natatoire du poisson, contient du gaz oxigène qui est
ordinairement d'autant plus abondant, que l'animal habite des
eaux plus profondes , circonstance qui paroit indiquer que son
usage a quelque analogie avec celui des organes de la respi-
ration. Dans les animaux inférieurs aux poissons, on observe
les mêmes phénomènes. Ainsi il a été anciennement observé
par Ray, que les insectes dont on a obstrué avec de Iliuile ou
du miel les stigmates ou les ouvertures par lesquelles l'air entre
dans leur corps, meurent promptemenl. Derham a aussi trouvé
que les guêpes, les abeilles, les frelons, les limaçons et les
sangsues meurent aussitôt sous un récipient de la machine pneu-
matique vide d'air; et Scheele et Bergman ont montré que,
comme les autres animaux, ils convertissent l'air atmosphérique
en acide carbonique. M. Vauquelin est cependant le premier
qui ait fait des expériences soignées et satisfaisantes sur les in-
sectes , et qui ait prouvé ces assertions. Ce chimiste a étendu
ses expériences aux mollusques , et a obtenu absolument les
mêmes résultats, comme Tout fait Spallanzani, et plus récem-
ment Hausmann (i). Dernièrement M. H. Davy a trouvé que
les zoophytes mêmes , offrent des phénomènes analogues (2).
Ainsi il paroît que tous les animaux convertissent l'oxigène de
l'atmosplière en gaz acide carbonique ; et comme le sang est
le fluide qui semble agir dessus , et produire des changeniens
remarquables dans les animaux les plus parfaits, nous pouvons.
(i) Jonhson's, History of animal Chimisty, vol. III.
(a) Davy, on Respiration, dans les ContriButions médi
icales de Beddoë,
ET d'histoire NATUBELLE.' ^j^
Sans aucun doute , conclure qu'un fluide semblable, ou qui
remplit le même usage, est la cause de ce changement dans les
animaux inférieurs, quoique nous ne puissions pas en découvrir
l'existence.
2°. Un autre gaz peut-il être substitué à l'oxigène dans la
respiration ? On a répondu de bonne heure à celte question par
la négative. On a aussi trouvé que les animaux ne peuvent res-
pirer pendant un long-temps , même l'oxigène , à moins qu'il
ne soit étendu , et en outre qu'aucun composé , excepté l'air
atmosphérique , dans lequel l'oxigène n'est qu'un cinquième du
tout, ne peut entretenir la vie. De l'oxigène pur et un mélange
gazeux contenant une plus grande proportion de ce gaz que l'air,
paroit détruire la vie promptement par une excitation trop con-
sidérable. Au contraire, plusieurs gaz innocens et sans action,
comme l'hydrogène et l'azote , lorsqu'ils sont peu ou en trop
grande proportion, détruisent la vie par des moyens opposés,
ou par suffocation ; tous les autres, comme l'hydrogène carburé,
l'acide carbonique, etc., paroissent être nuisibles en vertu de
leurs propriétés délétères.
Quant aux effets que ces différens gaz non respirables pro-
duisent sur le sang hors du corps , aucun , si ce n'est l'oxigène
et les composés qui le renferment à l'étal libre, ne donne au
sang cette belle couleur vermeille qu'il possède dans les artères,
et qui semble essentielle pour le rendre capable de remplir ses
importans usages. Plusieurs agissent sur lui chimiquement et le
décomposent, tandis que d'autres, sans produire aucune action
chimique évidente, paroissent néanmoins lui donner une couleur
encore plus foncée que celle du sang veineux lui-même. Une
question s'est élevée parmi les physiologistes ; c'est de savoir si
l'azote de l'air atmosphérique est absorbé ou altéré d'une ma-
nière quelconque dans la respiration, et par conséquent si soa
usage, dans cette fonction, est autre que de servir h étendre
le gaz oxigène. L'opinion la plus généralement admise aujour-
d'hui, est que l'azote n'est pas absorbe dans la rcopir.ition. Quel-
ques physiologistes pensent cependant qu'il est absorbé en grande
quantité. C'est donc une question qui peut être considérée comme
étant encore sub jitdice (i).
3°. Les changemens qui ont lieu dans la respiration diffèrent-
(i) Au sujet des effets de différens gaz dans la respiration, voyez les Re-
cherches de M. H. Davy sur l'Oxide nilreux.
S78 JOURNAr. DE PHYSIQUÏ, DE CHIMIE
ils en degrés dans les diffërentes classes d'animaux comparées
les unes avec les autres, ou dans les diflërens individus de la
rnème classe? En re'ponse à cette question, nous avons un grand
Lesoin de bonnes expe'riences. Quant à la première considëra-
lion, nous pouvons seulement en parler d'une manière générale.
Aucun animal, parmi les plus parfaits, ne peut exister, même
pendant quelques minutes, sans oxigène; tandis que plusieurs
des classes inférieures peuvent vivre pendant un temps consi-
dérable avec une très-petite quantité de ce gaz. Les oiseaux, à
cause de la grandeur de leurs poumons et de plusieurs autres
pomls de leur organisation , sont regardés assez généralement
conime demandant plus d'oxigène, même que les mammifères;
mais je ne sache pas qu'aucune expérience comparative ait été
faite sur ce sujet, sur laquelle on puisse s'appuyer. Dans ces
deux classes d'animaux , cependant , la différence de couleur entre
le sang artériel et veineux est très -frappante. Les poissons,
à cause des circonstances de leur position, consomment beau-
coup moins d'oxigène qu'aucune de ces deux classes; et les
grenouilles, les crapauds et les animaux de cette classe peuvent
vivre beaucoup plus long-temps dans une quantité donnée d'air,
que les oiseaux et de petits quadrupèdes d'un égal volume. Aussi
les différences de coloration des deux sangs de ces animaux qui
demandent peu d'oxigène , sont extrêmement légères, et presque
imperceptibles. M. Vauquelin a trouvé que les insectes de la
famille des sauterelles, meurent généralement avant que tout
l'oxigène contenu dans le vaisseau où on les a renfermés, ait
été consommé, tandis que d'autres insectes, comme les abeilles,
consomment jusqu'à la dernière particule de ce gaz. D'après les
expériences de M. Vauquelin, il paroîl qu'il en est de même
des limaces et des autres mollusques, à un point tel, que ce
cliimisle recommande leur usage comme eudiomètre, ou pour
séparer tout l'oxigène d'un mélange dans lequel entre ce gaz(i).
Quant aux changcmens sur les fluides ou le sang de ces ani-
maux, ils sont inconnus.
Sur le second point de cette question, c'est-à-dire si les
individus d'une même classe diffèrent en degrés dans leur puis-
sance respiratrice, nous n'avons de même aucune bonne expé-
rience, et même celles que nous avons, faute d'une attention
suffisante aux circonstances qui influent matériellement sur les
(0 Annales de Chimie, vol. XII, pag. 273.
iÉT d'histoire NATTTREtt,EJ Z-jg
résullats, sur lesquels nous allons revenir dans l'arlicle suivant,
peuvent peut-être à peine être comparées de bonne-foi les unes
avec les autres. Dans un Mémoire que j'ai publié il y a quelque
temps sur la respiration (i), j'ai recueilli- les résultats de toutes
ces expériences principales , et je les ai arrangés sous la forme de
la table suivante; et quoiqu'elle ne nous montre pas le degré
exact dont diffèrent les individus les uns des autres, elle dé-
montre sans aucun doute l'existence de ces différences.
M. Jurine de Genève a imaginé que pour chaque pouce cu-
bique d'air atmosphérique respiré,
Pouces cubiqncs.
Il y a d'acide carbonique produit io,oo
Godwin estime celte quantité à 10,00 ou 11,0
Menzies, d'après des expériences faites avec
un très-grand soin 5,00 ou 5,i
Lavoisier et Séguin paroisscnt avoir fait les
leurs avecbeaucoup moins d'altenlion, sur-
tout les dernières. D'après les notes que je
possède , je ne puis assurer au juste la pro-
portion précise
Le D"" Murray a trouvé qu'elle varie de. • 6,20 à 6,5
M. H. Davy de 5,^5 à 4,5
MM. Allan et Pepys, de 3,5o à 9,5o , suivant
qu'ils ont essayé les premiers ou les der-
niers produits de l'expiration; d'où ils es-
timent que la moyenne est de 8,00
Moi-même, de/j,i à 5,3, moyeune de 24 h.
environ 3,45
Un ami, environ 4>6o
Le D'" Fyfe, environ (2) 8,5o
Je doismaintenant faire observer, qu'on a estimé que les poumons
d'un homme de taille ordinaire contiennent environ 280 pouces
cubiques , dont un septième , c'est-à-dire 4o pouces , est attiré et
expulsé dans chaque inspiration ou expiration , et que le nombre de
celles-ci, dans une minute, est de 20 environ (5); d'où il snil qu'un
homme inspire environ 28,800 fois en 24 heures, et fait entrer
(1) Annah of Philosophy, vol. II, pag. 333.
(2) Dissertalio inaugura/is de copia acidi carhoniei è pulmonibus inter
respirandum evohiti , pag. 1 1 .
(3) /- oyez, Bostuck 1 »ur I4 Respiration.
38o JOURNAL DE PHYSIQUE, Dï CHIMIE
dans ses poumons pendant le même temps, i,i52,ooo pouce*
Cubiques d'air almosphéi'ique; on voit, comme le dit M. Ber-
ielius, d'après les nombres de MM. Allan et Pepys, qui pa-
roissent être les plus exacts, que la quantité de carbone qui est
chassée des poumons, est de 1 1 onces. La quantité d'eau qui
sort des poumons pendant le même temps, a été estimée à en-
viron 20 onces. Quant aux animaux inférieurs , aous manquons
tout-à-fait d'expériences faites sur différens individus d'une même
classe, que nous puissions comparer les unes avec les autres.
4°. Nous avons à considérer si les phénomènes de la respi-
ration sont susceptibles d'offrir quelque différence en degrés dans
le même individu à différens temps ; personne ne s'est occupé
de ce sujet, si ce n'est moi et le D^^ Fyfe. Cependant nos ex-
périences nous ont conduit aux mêmes conclusions, savoir, que
la quantité de gaz acide carbonique trouvée dans les poumons,
est susceptible de varier en quantité dans le même individu
par différentes circonstances. Ces variations sont de deux sortes:
les unes générales ou diurnes, et les autres particulières. Quant
aux premières, mes expériences tendent à montrer, que la quan-
tité d'acide carbonique formé par les poumons, est plus grande
pendant le jour que pendant la nuit , et qu'elle commence à
s'accroître vers l'aube du jour, ce qui continue jusqu'à midi,
après quoi elle décroît. Pendant la nuit, elle paroît rester con-
stamment au minimum. La quantité maximum à midi étant donnée,
j'ai trouvé que généralement elle surpassoit le rninimum d'eni
viron | du tout. Les différens jours apportent cependant sous tous
ces rapports , des différences dont les causes nous sont jusqu'ici
tout-à-fait inconnues. M. Brande établi t qu'il a trouvé généralement
que la quantité produite pendant la nuit, étoit plus grande; mais
je ne l'ai jamais observé. Quant aux variations particulières,
il paroît qu'il y a beaucoup plus de circonstances qui tendent
à produire de la diminution que de l'augmentation, et que
pailoutoùla quantité a été augmentée ou diminuée, soit au-dessus,
soit au-dessous de l'état normal , elle a été subséquemment dans
un certain degré, diminuée ou augmentée au-dessus de l'état normal
en conservant ainsi sur le tout une quantité moyenne constante.
Les passions de l'âme semblent avoir une grande influence sur
la quantité; les passions tristes en la diminuant, et celles d'une
nature opposée en produisant le contraire. L'exercice, quand il
est modéré , paroît aussi l'augmenter de quelques degrés ; mais
quand il est violent et long-temps continué, il la diminue. La
plus grande diminutioa obtenue par expérience, a été par l'usage
de
ET d'hISTOIBE NATURELr.i;. "°I
de l'alcool et des liqueurs vineuses en général, spe'cialement
prises à jeun. Bref, loul ce qui diminue le pouvoir vital, comme
une forte diète, l'irritation raercuriclie, semble, d'après les
expériences du D"" Fifo et les miennes , produire une dinu-
nulion dans la quantité. Elle paroit encore beaucoup plus di-
minuée pendant le sommeil. Plusieurs personnes pensent qu il
y a une plus grande production d'acide carbonique quelques
heures après avoir mangé , et lorsqu'on peut supposer que le
chyle entre dans le système sanguin; mais je n'ai jamais observe
moi-même cette circonstance. Quant à ces observations en gé-
néral, je dois avouer qu'elles sont trop limitées et imparfaites,
pour qu'on puisse s'appuyer beaucoup sur elles, quoique je sois
persuadé que si cette partie du sujet étoit convenablement étudiée ,
on en lireroit beaucoup de lumière pour éclairer cette foncliOQ
si obscure. Quoique imparfaites, cependant, elles sont suffisantes
pour faire voir qu'il y a de très-grandes diflérences dans la quantité
de gaz acide carbonique produite dans les différens individus,
comme cela a été établi dans la section précédente. Autant que
je puisse le savoir, on n'a pas fait d'expériences analogues dans
les animaux inférieurs.
5°. Nous arrivons à considérer si le sang agit en totalité ou
seulement par quelqu'une de ses parties dans la production
de ces phénomènes. Cette question ne peut être aisément ré-
solue par expérience. Il paroît cependant , d'après quelques
observations de M. Berzelius, que la matière colorante du sang
est le principe dont le carbone dérive entièrement dans la res-
piration. « On pense généralement, dit cet exact observateur,
que toutes les parties du sang reçoivent l'influence de l^.''"»
c'est-a-dire qu'elles absorbent l'oxigéne et exhalent le gaz acide
carbonique, mais cela n'est pas exact. Le sang, dans lequel la
matière colorante est encore contenue, absorbe le gaz oxigène
Irès-promptement , lorsqu'il est hors du corps, et secoué dans
de l'air atmosphérique; il retient aussi en même temps quelques
parties d'acide carbonique produit ainsi ; d'autre part, le sérum,
lorsqu'il est privé de matière colorante, ne change point l'air
atmosphérique avant de commencer à se putréfier (i)- ■" La ma-
tière colorante paroît cependant avoir celle propriété dans son
état naturel seulement, et lorsqu'elle est en contact avec les autres
(i) Vue sur les progrès et l'état présent de la Chimie animale, par M. Ber-
zelius , pag. 3o.
Tome LXXXFIII. MAI an 1819. Ccc
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principes du sang; car si elle en est séparée et étendue d'eau,
elle paroil n'être plu